[EVENT] La bataille de Trois Tours

La Bataille de Trois Tours

An 304, Lune 5, Semaine 1

Un soleil printanier se lève sur les côtes Bieffoises et une brise fraiche secoue l'herbe verte de la plaine. Pourtant, l'esprit général n'est guère à l'allégresse car cette plaine s'apprête à être la scène d'une terrible bataille.

Sur son versant Nord, des hommes en armes font face à ceux qui étaient, jusque là, des frères et des amis. A leur tête, le Galant de Hautjardin, Garlan Tyrell, dont la monture porte les couleurs vert et or de la maison Tyrell. Aux côtés de la Rose d'Or flottent les étendards de ses alliés : l'hermine des Varnier, les papillons des Mullendore, la Tour des Hightower. Tous sont venus soutenir l'inévitable combat de Lord Tommen Costayne pour récupérer son bien face aux félons qui ont trahi Hautjardin et le Roi. Deux lunes plus tôt, tandis que Lord Costayne et sa famille s'étaient rendus à Villevieille pour le mariage d'une des leurs, Trois Tours a été attaquée. A présent, voici l'heure de la riposte.

Face à eux, sur le versant Sud de la plaine, des hommes tout aussi honorables se battent pour une autre cause. La prise de Trois Tours n'est pas, pour eux, la trahison perçue par leurs compatriotes mais la première pierre posée dans la reconstruction d'un royaume courant à sa perte. Un royaume que seul le Dragon de l'Est peut encore sauver. Si tous n'ont pas d'aussi nobles ambitions, tel est le discours prononcé par cet homme qui galope le long de la rangée, sa voix portant jusqu'aussi loin qu'il le peut pour encourager les troupes. Le renard des Florent côtoie le taureau des Bulwer et la bannière argent et noire des Nègrebar flotte également au vent.

Sur cette plaine entre Villevieille et Trois-Tours se révèlent certaines allégeances. Des masques tombent mais le vent de la trahison n'a pas encore totalement frappé. Dans quelques instants s'élanceront les chevaux, les fantassins. Dans quelques secondes tinteront les épées et siffleront les flèches.

Et à ce moment, pas même les dieux ne pourraient deviner l'issue de la bataille.

La Bataille de Trois-Tours

An 304, Lune 5, Semaine 1

La chance avait souri aux Costayne dernièrement. Lord Tommen avait marié deux de ses filles. Meredyth, éprise de l’héritier Mullendore, avait célébré son mariage il y a quelques lunes de cela tandis qu’Helicent, bien décidée depuis toute petite à trouver un parti à la hauteur de ses exigences, avait épousé ser Humfrey Hightower. C’était là, la raison pour laquelle les Costayne avaient quitté Trois-Tours pour Villevieille. De son côté, Aladore avait laissé son épouse, alors enceinte, pour venir assister aux noces de sa chère sœur. Tout semblait sourire à la famille nombreuse mais une ombre noircit le tableau de leur réussite. Un message, presque à bout de souffle, venant de Trois Tours, leur annonçait peu de temps après les célébrations que le fief était tombé entre les mains de l’ennemi. La guerre était là. Elle s’était déjà faite sentir via les attaques dans l’Orage, qui n’avaient pas manqué de venir jusqu’à leurs oreilles. Désormais, c’était leur fief qui était touché. La colère de lord Tommen en avait surpris plus d’un dans la demeure des Hightower. Il désirait à tout prix engager des troupes pour reprendre son fief. Aladore avait immédiatement prévenu son épouse, espérant que le message arrive à temps si jamais les troupes pro-Viserys poursuivaient leur route jusqu’à Villevieille. Il n’en fut rien. Se préparant au pire, le jeune chevalier n’avait jamais connu la guerre. Le Bief avait été épargné, n’étant relégué qu’au rôle de protecteur des arrières lors de la bataille de Winterfell. Aujourd’hui, il en était tout autre. Il devrait combattre, d’autant plus pour les siens, pour son fief, celui qui l’avait vu naître, grandir et même devenir père. Il se battrait pour Trois-Tours, suivrait son père et ses frères, leur montrant au passage qu’il n’était pas simplement l’homme maladroit et gauche qu’ils rabrouaient constamment.

Le jour fatidique arriva. Les armées Hightower avaient été renforcées par l’arrivées de troupes Tyrell, Varnier et Tarly mais également celles envoyées par Melior réunissant les Vouivère, Cuy et Mullendore. Aladore était parmi les soldats dirigés par son père, lord Tommen. Il se trouvait d’ailleurs aux côtés de ses frères, ser Owen et ser Moribald. Peu à l’aise dans son armure, le jeune Bieffois se tenait malgré tout droit, fier, déterminé tandis que l’armée ennemie avançait à son tour. La plaine offrait une vue imprenable sur les adversaires et certaines bannières pouvaient être visibles. Des traitres. Tous des traitres à la botte d’un prince qui ne se trouvait pas à leurs côtés. Aladore avait prié pour que le frère du roi et surtout son dragon, dont les histoires racontaient sa grandeur et sa puissance durant la bataille de Winterfell, ne soient pas présents sur le champ de bataille. Tenant son épée fermement, il regardait son père du coin de l’œil. Le silence pesant. L’atmosphère lourde. Les deux armées se faisaient face. Elles ne se combattaient plus contre un ennemi commun mais bien l’une contre l’autre, un juste retour à la normale à Westeros où les hommes se déchiraient depuis des siècles et des siècles. Attentif à tout ce qui pouvait se passer à ses côtés, Aladore se posait tout un tas de questions, comme si c’était le moment pour ça. Il s’était même demandé si le palefrenier de Darkdell s’occupait bien de son cerf blanc. N’écoutant pas les mots quelques peu moqueurs de son frère Moribald, Aladore pensait alors à son épouse, sentant que l’heure était venue pour les soldats de s’élancer dans la bataille. Murmurant quelques mots à lui-même, Aladore ferma alors les yeux.

- Melior… Bertram… Rhea… Melessa… Gullian… Je vous aime.

Soudainement, alors qu’il s’en remettait aux Sept pour qu’ils le protègent, Aladore se retrouva à terre. Les hommes courraient droit devant eux, hurlaient, brandissaient leurs épées. L’un d’eux avait sans doute bousculé le chevalier. Se relevant, il attrapa son épée qu’il avait lâché et, sans grande conviction, suivit le mouvement. Il était apeuré mais en aucun cas il comptait faire demi-tour, se montrer lâche. Il voyait au loin son père et ses frères mener les hommes vers leurs adversaires et les combattre. Il devait en faire autant, pour Trois-Tours et pour les Costayne. Il marcha rapidement puis accéléra le mouvement pour finalement courir, épée brandie, vers l’ennemi qu’il ne tarda pas à trouver dans cette bataille qui ne ressemblait déjà plus à rien.

Lancé n°1

Les épées s’entrechoquaient, le sang coulait déjà. Aladore se retrouvait dans le tumulte de la bataille et se retrouva nez-à-nez avec…

- Mais… vous êtes un soldat Nègrebar !

Aladore reconnaissait les armoiries qu’arborait le jeune homme qui s’élançait vers lui et dont il avait paré le coup. Mais quelle horreur ! Aladore ne voulait pas tuer des hommes de la famille ou au service de la famille de sa belle-sœur ! Mais avait-il le choix ? Eux avaient fait le leur et il se rappela alors qu’ils avaient pris Trois-Tours, sa maison et qu’il essayait de le tuer, au nom de quoi ? D’un homme qui s’estimait plus légitime qu’un autre sur un trône. Jamais Aladore ne cautionnerait cela mais son instinct de survie le rappela à l’ordre et le combat se poursuivit entre eux. Il esquivait ses coups, remerciait son armure renforcée et saisit l’occasion pour frapper le jeune homme, bien plus jeune que lui, lui infligeant alors une sale blessure au niveau de la jambe le faisant tomber à terre.

- Ne m’obligez pas à vous tuer… Ne m’obligez pas à vous tuer…

Disait-il dans un murmure mais là encore, avait-il vraiment le choix ?

Il était à Trois-Tours depuis quelques jours, deux semaines tout au plus. Le compte des jours se perdaient dans tout ce qu'il y avait à faire pour sécuriser la prise des alliés et préparer l'inévitable riposte mais Parsifal était arrivé auréolé par le rôle que lui avait confié son maitre. Capitaine dans l'armée de Lord Randyll, Parsifal avait grimpé tous les échelons jusqu'à obtenir d'être remarqué par cet éminent chef de guerre qu'il estimait par dessus tout. A la tête des hommes dépêchés par le seigneur de Corcolline, il se trouvait sur le champ de bataille, dépourvus des couleurs d'une quelconque maison : le mot d'ordre était discrétion.

Parsifal inspira l'air frais de ce printemps sanglant qui s'annonçait : tout comme son maitre, il avait la guerre dans le sang et espérait que, par elle, il se fasse un nom. Qu'avec la montée de Viserys Targaryen sur le trône, de Randyll Tarly sur le Bief, il parviendrait à obtenir sa propre place dans l'histoire. Et cette histoire commençait ce jour. Il eut quelques mots pour les hommes venus avec lui, des mots reflétant son propre désir de gloire, ce monde pleins de possibilité qui les attendrait quand leurs adversaires auraient ployé ou se seraient brisés sur leurs épées.

Il s'élança au rythme des hommes de sa rangée et tomba rapidement sur son premier adversaire. Il ne fallut que quelques instant à Parsifal pour comprendre que l'armure neuve de son opposant n'avaient pas du beaucoup servir. L'emblème des Hightower brodés sur un brassard lui arracha un sourire mauvais : maudits Hightower si surs d'eux mêmes qu'ils pensaient qu'une armure brillante les protégerait de la mort. Le soldat n'était sans doute pas un noble mais Parsifal ne se posa aucune question et enfonça son arme dans la gorge de l'homme, pile entre son casque et le haut de sa cote de maille. Du sang jailli de la blessure. Il hoqueta en s'effondrant, laissant une trace rouge sur l'armure de Parsifal. Le premier sang.

1er lancer:

La Bataille de Trois-Tours

An 304, Lune 5, Semaine 1

Les bannières flottaient fièrement au vent, annonçant les préludes d'un carnage à venir. Nombre d'hommes assemblés là se battraient par conviction ou pour défendre leurs terres. L'homme à la tête des Bulwer de Noircouronne se battrait plutôt sous la contrainte. Partisan d'attendre l'ost coalisé des Tyrell et Hightower sur les murs de Trois-Tours, Durran s'était rangé derrière les Florent et les autres maisons retranchées chez les Costayne qu'avec une profonde appréhension. Il était peu probable que le nombre soit à leur avantage sitôt la forteresse quittée. Il n'eut cependant d'autre choix que de s'exécuter, laissant derrière une force toute symbolique pour tenir la place. Pas de quoi inquiéter leurs vainqueurs s'ils ne s'imposaient pas sur le champ de bataille. Mais cette option n'était pas envisageable. Pour leur survie immédiate comme l'avenir des maisons incriminées dans ce que les mestres qualifieraient de trahison. Dépêché aux premiers rangs sur la plaine, il veilla à ce que les hommes de Noircouronne se rangent en bon ordre sitôt le champ de bataille sous leurs yeux, prêt à recevoir un monceau de dépouilles qui feraient la joie des corbeaux et corneilles.

Alors que les premières volées de flèches furent décochées, le Taureau tira l'épée. Le tranchant vermeil de Mordeuse n'attendait que de faire parler de lui sur cette rive du Détroit. La lame forgée en Qohor ne lui avait jamais fait faux bon du temps où il chevauchait à l'Est. Ce devait encore être le cas aujourd'hui. Certes il ne se battait plus pour le seul gain pécunier, mais l'ambition et la promesse d'une récompense n'étaient pas étrangers à sa présence parmi les partisans du Dragon de l'Est. Pourtant, l'idée d'être trainé de la sorte sur un champ de bataille duquel il ne pressentait que de mauvaises ondes ne faisait que renforcer le malaise qui s'était emparé de lui une fois les portes de Trois-Tour derrière eux. Et pouvaient-ils seulement faire confiance à Randyll Tarly pour rejoindre son camp véritable lorsque le moment serait venu ? Le fait qu'il jouait sur les deux tableaux n'aidait en rien le mercenaire à prendre confiance dans le déroulement des hostilités. 

Il chargea tout de même, comme des milliers d'hommes autour et face à lui. Le heaume ancestral de sa maison fiché sur le crâne, l'ancien mercenaire renoua un instant avec l'euphorie du combat connue en Essos lorsqu'il s'élança vers l'ennemi. Le bouclier à tête taureau qu'il tenait en main gauche fut la première chose qui entra en contact avec l'ennemi, dans un choc qui manqua de lui faire perdre l'équilibre. L'homme en armes contre lequel il avait manqué de s'écraser dans la mêlée arborait la tour des Hightower sur son  plastron et son écu. Son adversaire - un chevalier au service de Villevieille - se jeta sur lui, tentant de le transpercer de son épée une première fois. Et s'il parvint à parer quelques coups de son épée et son bouclier, le Taureau eut la malchance de se retrouver déséquilibré par un homme qui le percuta dans le dos. Projeté vers son opposant, la garde ouverte, Durran ressentit la douleur déchirante de la lame du chevalier lui transperçant l'épaule gauche, l'arme se glissant à la jointure de sa spalière et du plastron.

Lâchant soudainement son bouclier, l'ancien mercenaire allait peut-être trépasser de la main d'un anonyme.

La Bataille de Trois-Tours

An 304, Lune 5, Semaine 1

Serait-ce le jour de gloire du jeune Léo, ou est-ce le jour où il rejoindrait Les Sept ? La veille du combat, il avait fait toutes les prières qu’il connaissait. Maintenant, sa destinée reposait dans les mains de ses dieux. Dans la fleur de l’âge, Léo n’était que le fils d’un pêcheur, arraché à sa famille pour aider à l’effort de guerre. Lui, ne s’en souciait pas de qui allait s’asseoir sur le Trône de Fer. Un siège si laid et repoussant, pourtant, pour lequel des milliers d'hommes sont décédés. Contrairement aux Hauts Seigneurs dans leurs belles armures étincelantes, la raison pour laquelle Léo participait à cette guerre était sa propre survie, et celle de sa famille. Pas d’ambitions démesurées, pas de désir de prestige ou de gain des titres et rangs. Non. Il voulait protéger les siens, et pouvoir subvenir à leurs besoins. Et en voyant les lignées de soldats à ses côtés, il se disait qu'il n’était pas le seul dans cette situation.

Son armure arborait des couleurs ivoire et rousses, ainsi que l’iconique renard des Florents. Sa famille habitait à côté d'un port, près de Rubriant. C’est d’ailleurs la première fois que le jeune homme quitte son village. Il aurait évidemment préféré le faire dans d’autres circonstances, peut-être pour découvrir le reste du continent ou pour voyager à travers celui-ci, découvrant les us et coutumes de chaque fief. Mais il n'avait pas le temps pour fantasmer sur ce qui aurait pu être, pour le moment. Les combats s'annonçaint

Rapidement, Léo se vit emporté aux côtés des soldats de son rang. Sa lame était dégainée, prête à servir son maître. C’était là son premier combat. Et ce, contre un homme qui semblait être du même âge que lui. Il arborait la rose dorée des Tyrells. Dans une autre vie, ils auraient pu devenir amis ; mais dans celle-ci, seul l’un d’eux allait survivre. Et Léo ne comptait pas faire partie des perdants de cette bataille. Pourtant, il était hésitant. Il n’était pas fait pour tuer, il ne voulait pas le faire. Mais lorsqu’il vit son adversaire lever son arme en sa direction, le soldat Florent rétorqua assez rapidement, envoyant sa lame vers les côtes apparentes de l’épéiste ennemi. Son coup n’étant pas puissant, celui-ci n’aurait infligé qu’une simple douleur au niveau de l’abdomen de son rival, donnant ainsi du temps à Léo pour se ressaisir.

Trois-Tours avait été prise.


Andrew était resté silencieux, en apprenant cette nouvelle. Sans doute n’y croyait-il pas, au commencement. Et pourtant, il n’y avait rien de plus véridique que ces quelques mots. Une nouvelle qui n’avait pu que l’atteindre. Costayne et Vouyvère étaient des alliés de longue date, combattant ensemble et unissant leurs maisons à de nombreuses reprises. Il devenait évident qu’une telle attaque ne pouvait rester sans réponse. Melior avait été prévenue au plus vite, parvenant avec les Cuy et les Mullendore, de leur faire parvenir d’autres hommes. Andrew se tenait à la tête d’une partie d’entre eu, juché sur sa monture, mêlant bannière à la Vouivre et bannière aux tournesols. Trois-Tours avait été prise, certes. Mais un tel affront ne resterait pas impuni.


Se tenant non loin des troupes commandées par les Costayne, le regard d’Andrew se posa finalement sur @Aladore Costayne. Sûre est notre protection. La devise des Vouyvère n’aurait pu être plus véridique qu’en cet instant. Il devrait veiller sur lui, sur eux. Car si Trois-Tours restait aux mains des troupes du prince félon, Darkdell serait en grand danger. Il ne s’agissait pas là de la première bataille, de la première guerre, qu’Andrew connaissait. Tout comme son défunt frère, il avait participé à celle ayant opposé le Roi Rhaegar Targaryen au Lord Robert Baratheon. Il n’était cependant plus temps d’y songer.


Déjà, les deux vagues humaines se rencontraient, se percutaient avec pertes et fracas. Menant toujours ses troupes, épée à la main et rênes dans l’autre, Andrew fut comme engloutit par ce ras-de-marée. Des premiers coups furent échangés. Le premier sang coulait déjà abondamment. Bientôt, l’Étranger compterait les premières victimes. Encaissant un premier choc à l’aide de son bouclier affichant une vouivre d’argent menaçante, Andrew répliqua sans mal. Les chevaliers avaient en cela un avantage, celui de surplomber en partie le champ de bataille.


Assénant un puissant coup de bouclier sur la tête du soldat qui l’avait pris pour cible, ce ne fut que quelques instants après son geste que le Vouyvère se rendit compte des couleurs portées par l’homme. Un crâne de taureau. Des Bulwer. La famille-même de son épouse, celle-là même qui se trouvait à Darkdell, craignait pour leur vie à tous et à toutes. Serrant les dents, laissant échapper dans un filet de voix le mot ‘’ Traître ‘’, Andrew brandit à nouveau son épée, resserrant sa prise sur la garde de son arme. Deux coups suffirent à cet homme pour rejoindre l’Étranger à son tour. Sa lame rendue vermeil par le sang, Andrew n’accorda pas un regard à l’homme qui s’effondrait sur le sol.


D’un mouvement de main, comptant sur son chef orné d’une vouivre pour être reconnu, Andrew fit signe aux hommes qui l’entouraient de le suivre, criant afin que sa voix couvre le tumulte des armes s’entrechoquant. Il leur fallait continuer. Trois-Tours ne pouvait rester entre les mains de ces traîtres !

Garlan avait la connaissance de la guerre. Il avait la connaissance du combat. Il avait la connaissance de la mort. Mais ces morts-ci semblaient bien inutiles tant la cause était si peu chevaleresque à défendre. Garlan arborait fièrement son armure flanquée d'une rose dorée immaculée qui ne resterait pas longtemps ainsi… Commandant des armées loyalistes, il observa ce champ de bataille, ce calme avant la tempête et commença à réfléchir à comment épargner ses hommes, à commenter remporter cette victoire et à submerger un ennemi qui semblait bien moins menaçant maintenant qu'il lui faisait face. La mâchoire saillante du Tyrell se contracta lorsqu'il reconnut les étendards de ceux qui avaient parjuré leur serment d’allégeance, crachant au visage de son frère et du roi Rhaegar, souillant les tombes de ses ancêtres et leur légitimité tout entière. Garlan ne ferait pas de procès, il n'était ni seigneur, ni juge. Il se contenterait de mener à bien les forces qui étaient acquises à cause, et leur donner la victoire qu'ils méritaient, que les dieux se devaient de leur accorder. Il rabattit son casque devant son visage, tira légèrement sur les rênes de son cheval et ordonna la cavalcade.

Durant sa course vers l'ennemi, il pensa à son épouse, il pensa à ses enfants, à sa mère, à son frère, à sa grand-mère, à sa sœur. Il pensa à l'honneur familial qu'il devait défendre. Il pensa à cette victoire qu'il se devait de rapporter à Hautjardin. Il pensa à Trois Tours qui attendait qu'on la délivre des envahisseurs et du mal qui s'était installé avec audace en ces lieux. Il pensa au sang qui allait gorger la terre. Il pensa aux traîtres. Un à un ils défilèrent, ces drapeaux de félons. Florent. Nègrebar. Bulwer. Il jura leur perte. Il jura qu'il n'oublierait pas ces fanions flottant dans le vent. Il jura jusqu'à que son destrier ne vienne rencontrer la foule compacte de combattants. Un regard rapide lui fit réaliser qu'ils n'étaient pas tous soldats. Leurs ennemis avaient recruté des vieillards, des enfants, des gens du commun. Son épée s’abattit sur un homme sans bannière dans un bruit de métal, fer contre fer, sa lame glissant contre son plastron et allant rencontrer une main libre dont il tailla le cuir. Du sang gicla sur sa selle. Il ne s'agissait ni du sien, ni de l'homme qu'il affrontait. Il s’agissait d'un pauvre inconnu qui agonisait quelque part avec indifférence. « Pour le roi Rhaegar ! » Hurla Garlan pour galvaniser des troupes qui sans aucun doute devaient se demander pourquoi des bieffois affrontaient d'autres bieffois. Garlan se posa la question aussi mais la réponse vint assez rapidement. Une majorité de seigneurs loyaux payaient la cupidité d'une minorité silencieuse en quête de gloire et de pouvoir.

1er lancé:

Alester Florent observait le champ de bataille, percher sur son cheval avec une mine un peu soucieuse. Les armées étaient en place, cette bataille allait être décisive pour l’avenir de sa maison. Il n’y avait aucune possibilité d’échec. Le Bief avait été promis à Tarly en échange de son commandement, mais le noble savait qu’il serait récompensé. Terre, richesse, peut-être même une position prestigieuse a la capitale parmi les plus puissants qui côtoieraient le roi.

Cette guerre serait sans doute sa dernière, et il ne comptait pas laisser sa maison stagner plus longtemps. Le monde changera et il sera acteur de ce changement avec les bénéfices et les avantages qu’il en tirerait.

Les armées des rebelles étaient hétéroclites, et de nombreux gens du commun n’ayant jamais tenue une lame était présent, jeune comme personne a l’age plus vénérable. Ils venaient se battre pour rétablir l’hégémonie des Septs, pour leur seigneur, pour leur propre gloire aussi, dans l’espoir de jour meilleur. Qui sait quel mensonge ou propagande chaque seigneur pro Viserys avait utiliser pour motiver leur troupe ? De sa voix, il s’adressa à ses propres hommes.

« Hommes de Rubriant, fils du Bief ! Si vous allez vous battre pour l’avenir, je me bats aussi parmi vous. Je veux vaincre ou mourir avec vous. Gardez bien vos rangs, je vous prie : si le tumulte de la bataille vous les fait quitter, pensez aussitôt au ralliement, c’est le gain de la bataille. Si vous vous perdez, si vous ne retrouvez pas vos frères d’armes, ne perdez pas de vue la bannière de votre maison… »

Alester pointa la bannière portée par l’un des cavaliers de son escorte.

« Vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur de la victoire ! Pour le roi Viserys, pour les Septs qui nous regarde ! Chargez ! »

Le seigneur lança sa monture après avoir rabaissé son casque et l’escorte le suivit ainsi que les piétons et hommes d’armes pour aller se battre face aux loyalistes. Peut-être par désir de retrouver la fougue de la jeunesse ou bien simplement pour en finir vite le seigneur florent chargeât frontalement avec bien trop de témérité. S’enfonçant dans les lignes ennemies avec son escorte, il ne fit pas attention à un jeune garçon, armée d’une pique qui planta celle-ci dans l’épaule enfonçant son arme profondément dans sa chair et laissant son précieux sang s’échapper de son corps agé.

1er lancer:

La Bataille de Trois-Tours

Quentyn Mullendore

Plusieurs papillons virevoltaient ensemble, une vision enchanteresse, une vision se brouilla rapidement pour laisser la place à des papillons ensanglantés, des papillons mourant sous le sillage d'ennemi. Quentyn vint à rapidement rouvrir les yeux pour faire face à l'inévitable, la bataille à venir. Il se devait d'aider à reprendre ce château celui où sa tendre épouse enceinte avait grandi. Meredyth, sa douce Meredyth. Pourquoi avait-il attendu aussi longtemps pour lui déclarer sa flamme ? La peur le terrassait de ne jamais revoir son regard, de ne jamais rencontrer son enfant à venir. C'était Mark, le guerrier de la famille, le séducteur, la fierté des papillons, mais il n'était pas là et sa présence lui manquait. Il aurait été rassuré de le savoir auprès de lui, de voir son sourire à toute épreuve. Soufflant un grand coup pour se donner du courage, il était prêt et à présent, il devait arrêter de penser pour pouvoir faire la fierté des siens et surtout de son épouse.

Le silence le gagna tandis qu'il avait élancé son destrier, puis ce fut comme un bruit sourd qui l'envahi quand le premier choc le percuta. Il frappait de son épée sans être certain d'atteindre quiconque, une simple défense à dos de son cheval puis d'un coup, il se retrouva face à un homme qui ornait l'emblème des Bulwer. Difficile d'imaginer affronter des personnes qui venaient eux-mêmes du Bief, mais c'était la réalité, ils ne se battaient pas pour la même cause ou tout simplement pour le même Roi.

Élançant son destrier, il ne subit aucune blessure lors de ce véritable premier affrontement en face-à-face, mais il remarqua quelques traces de sang sur son épée. Le soldat tenait toujours sur ses deux jambes et semblait aller bien, mais Quentyn se rassurait, il avait réussi à le toucher.

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