[EVENT] Siège de Bandallon

Malgré leurs efforts, la porte s'acharnait à leur résister. Cependant, il en faudrait davantage à Gris Acier pour se déperdre de sa volonté. Avec une énergie retrouvée, il faisait en sorte de trouver une utilité à chacun, de former une nouvelle stratégie dans son esprit. Il fallait qu'ils entrent à tout prix, ou tout du moins qu'ils puissent ménager une retraite digne de ce nom à leurs alliés désormais enfermés dans cet enfer. Un nouvel assaut pourrait toujours avoir lieu s'ils ne perdaient pas les hommes qui commandaient les groupes présents à l'intérieur. Tel était le plus important pour le moment et l'homme ne comptait pas laisser une telle opportunité leur glisser entre les doigts ! Le plus important était de ne pas laisser leurs adversaires prendre un quelconque avantage, bien qu'ils aient déjà celui du terrain et eux celui de la panique qu'ils avaient du provoquer en pénétrant leurs défenses de la sorte.

Du temps. Il leur fallait du temps et que les Sept entendent leurs prières semblaient-ils. Garth savait les châteaux et les places fortes du Bief résistantes. Plus encore sur les côtes où les assauts des Fer-Nés avaient causé bien du tort et que s'en protéger devenait une réelle nécessité. En cela, Bandallon faisait honneur à leur réputation, bien qu'elle n'était pas à leur avantage dans le cas présent. Mais s'il ne leur restait ne serait-ce qu'un petit espoir de l'emporter d'une manière ou d'une autre, Garth se devait de tenter sa chance. Il ne pouvait laisser des hommes aussi vaillants entre les griffes de l'ennemi de cette manière. Ce siège ne pouvait s'achever de cette manière. Et dire que la seule chose qui le séparait des combats n'était que cette porte et celles qui permettaient d'entrer d'une manière plus ample derrière ces murailles...

Une porte, une porte, une porte. La seule idée de pousser ces deux vantaux, de s’imaginer les ouvrir et de laisser passer le flot de l’armée, commandée par le camarade Garth, lui paraissait l’une des plus satisfaisante de sa vie. A quoi tient le sort, la destinée, se dit brièvement Tyrell, qui ne pensait pas en arriver là un jour. Il aurait fallu démolir le château pierre par pierre, de l’extérieur, au trébuchet, ou foutre le feu à tout ça. Il n’est pas trop tard pour cela, se dit-il encore. Quand ils seraient sortis, qu’ils auraient pris Négrebar et les siens, quand il aurait sauvé Olenne, il ordonnerait de raser cette saloperie de forteresse, juste pour montrer qu’on ne pouvait pas s’opposer aux Tyrell et au roi ainsi – qu’il y avait un prix à payer, en somme.

Pour cela, encore fallait-il sortir ! Et pour l’instant, ce n’était pas gagné du tout. Theodore déboucha un étage plus bas et il lui sembla qu’être au niveau de la mer était plutôt bon signe, ce qu’il voyait par les fenêtres. Au moins était-il au même niveau que cette fichue porte. Mais immédiatement – et cela commençait à ne plus être très drôle, voire même prévisible – un nouveau garde déboula dans sa direction. « J’espère au moins que les autres n’en rencontrent aucun et que vous êtes tous pour moi ! » Gronda-t-il,sachant bien qu'ils n'auraient même pas cette maigre satisfaction. « Allez, viens ! » Celui là était plus vieux que le précédent, mais finirait comme les trois premiers, cela, Theodore se le promettait. L’autre esquissa une attaque, mais sans succès et Tyrell le frappa du plat de sa lame au visage, dessinant une estafilade sur sa joue. « Ah non, pas question ! Arrière ! Vas-t-en ! » Il agitait torche et épée à tour de rôle – Thoros de Myr, qu’il avait vu à Port-Réal une fois, lui aurait dit d’enflammer l’épée en question. Un bon coup de feu grégeois, aurait dit Tarly, et on n’en parle plus. Ouais, sans doute. Theodore commençait à voir l’intérêt d’être expéditif, mais en attendant, il n’en avait pas le loisir et il devait continuer le combat.

Lancers de dés:

Jory n'aimait pas être qualifié de traitre. A ses yeux, la cause qui se jouait le dépassait mais sa loyauté au Negrebar était inchangée : comment, en respectant son serment, pouvait-il être qualifié de félon ? Lord Addam faisait ce qu'il pensait être le mieux pour tous, c'était tout ce que Jory avait besoin de savoir. « Désolé mon gars, mais j'ai pas le temps pour ça. » grogna le soldat face à son opposant. Aucun d'eux ne voulaient se trouver là : ils partageaient tous une même loyauté envers les terres vertes du Bief mais dans deux camps opposés. Jory n'avait pas combattu à Winterfell mais il se souvenait des récits qu'il avait pu entendre : une même union de toutes les forces pour combattre le spectre de la mort. Et voici que, quelques années plus tard, on venait reprendre les combats fratricides entre anciens alliés comme si aucune leçon n'avait été apprise. Le jeune homme tenta de ne pas songer à l'homme qui s'interposait entre lui et les appartements seigneuriaux : s'il pensait à sa famille dehors, à son serment, à ses amis ici à Bandallon, il risquait de flancher. Il laissa la possibilité à l'homme de s'écarter mais le regard résolu de son adversaire ne lui laissa pas le choix. Levant son épée, le combat s'engagea entre les deux hommes dans des éclats d'acier qui ne s'achevèrent qu'avec le bruit humide de sa lame pénétrant la chair de son ennemi. L'homme tomba dans un bruit sourd, inerte sur le sol.

Jory s'arrêta un instant, recommandant son âme au guerrier avant d'avancer. Dans les couloirs la bataille faisait rage : si certains de ses camarades étaient à terre, Jory constatait que les victimes de la coalition loyaliste teintaient aussi la pierre de leur sang.

Lancer de dé

Garth s'en était retourné quelques instants au poste de commandement provisoire. En l'absence de ses comparses, il répondait aux questions aux quelques capitaines qui l'avait accompagné dans cette entreprise, tentant de les rassurer, d'apaiser leurs craintes. Les hommes devaient rester mobilisés, une bonne nouvelle ne devrait pas tarder à arriver. Ils devaient avoir toute confiance dans les deux équipes parties sur les pas de Ser Theodore, Ser Emmon, Ser Andrew et d'Agramore. Lui préférait se montrer optimiste à ce sujet. Ils avaient l'avantage de la surprise, les Sept ne pouvaient qu'être de leur côté.

C'est alors qu'un homme de l'escouade revint au pas de course. Naturellement, les autres hommes présents s'écartèrent, le laissant s'approcher du Hightower. Ce dernier l'accueillit bien volontiers, bien que l'air grave. Son humeur changea cependant du tout au tout en voyant le soulagement qui semblait parcourir le soldat. La nouvelle tomba alors bien vite. Son équipe était parvenue à rouvrir la porte découverte par Agramore, ménageant ainsi une possible retraite à leurs camarades et une nouvelle possibilité pour eux d'entrer par cet endroit en attendant que les portes principales s'ouvrent plus largement !

« En voilà une formidable nouvelle ! Messieurs, il est grand temps de prendre une part plus active à tout cela ! Envoyez-moi une partie de vos hommes par cette porte, ils ne seront pas de trop pour nous ouvrir un plus large passage ! Rompez ! »

Les différents capitaines détalèrent, préparant la prochaine équipe qui devait se rendre à la suite des deux premières. Deux d'entre eux restèrent cependant avec Gris-Acier, ce dernier leur ayant fait signe de s'approcher. Ils devaient porter secours aux autres commandants et les portes principales devaient être leur prochaine cible. Tout était bon pour cela, que cela soit de fragiliser sa structure ou d'entrer en force de manière plus frontale à présent que la panique s'était répandue dans tout Bandallon.

Des ennemis, des ennemis, des ennemis. Cette alternance pénible se faisait sentir sur le moral de Theodore. Son armure était lourde même s’il restait alerte et en forme. Mais c’était surtout le découragement qui le guettait, venu avec l’impression de tourner en rond et de ne pas avancer, de ne rien pouvoir faire. Encore une fois, son adversaire tourna autour de lui et encore une fois ils croisèrent le faire. Ce garde là se défendait correctement, mais ne parvint pas à le toucher immédiatement. Celui là aussi, Tyrell aurait aimé qu’il fuit. Son but n’était pas de faire une boucherie, même si sa route commençait à y ressembler, à l’origine, malgré sa colère et son idée même de supprimer ce château si résistant, de le rayer de la carte pour bien montrer sa victoire. Il n’était pas inutilement cruel, juste très agacé et très emporté, donc prompt à la colère et à l’excès.

Mais il n’avait pas le luxe de faire autrement. Il fallait qu’il passe, il fallait qu’il ouvre la porte, quoiqu’il en coute. Plus vite les hommes de Hightower entreraient et plus vite ils pourraient enfin envahir le château et donc le prendre avec le moins de dégâts et de blessés possible. Aussi tuer ce garde était une perte acceptable. Et puis de toute façon c’était comme ça. C’est lui ou moi, autant que ce soit lui. La clémence n’avait pas sa place ici. Theodore ne voulait pas mourir comme Emmon Cuy. Il ne pouvait pas mourir comme Emmon Cuy non plus. Il fallait gagner, c’était la seule option. Pour sa famille, pour Olenne, pour Willos et le roi.

Alors le combat continua encore. De nouveau, il réussit à passer la garde du soldat, le touchant au cou. Theodore visait la jugulaire pour trancher dans le vif, mais manqua de peu son objectif. Le garde s’en sortait, pour cette fois, avec une estafilade et une chance qui ne durerait peut être pas.

Lancers de dés:

Le bougre était coriace, il devait le reconnaître. Mais au-delà de cela, son adversaire était plus jeune que lui et donc, plus rapide, plus vigoureux et moins vite épuisé que lui. L’âge se rappelait soudaine cruellement à lui et ce constat lui donna la force nécessaire pour acculer son adversaire contre un mur sur lequel il se heurta violemment. Andrew le vit glisser lentement jusqu’au sol mais il savait qu’il n’était pas mort. Tout au plus l’avait-il assommé, mais au moins, cela lui permettrait de se replier et, dans le même temps, espérait-il, de tomber sur celle qu’il cherchait.

Malheureusement, son optimise vola en éclat lorsqu’il entendit venir de l’extérieur une clameur telle qu’il ne pouvait y avoir qu’une seule chose pour la justifier. L’assaut avait été enfin donné. S’il avait été parmi les hommes donnant l’assaut, assurément, il aurait agi différemment. Mais là, seul, en plein territoire ennemi, il ne pouvait faire qu’une seule chose : tenter de rejoindre les troupes loyalistes coûte que coûte.

Il se fraya un chemin parmi les décombres et les cadavres qui commençaient à s’entasser les uns sur les autres. Mais en parvenait dans la cour intérieure, il retrouva le cœur du conflit et dût, cette fois, faire appel aux dernières forces qu’il lui restait pour défendre son honneur et sa vie quand soudain, il sentit l’acier froid d’une épée lui transpercer sa cotte de maille au niveau des côtes. Une lance s’était enfoncée profondément dans sa chair sur son côté droit. Celui lui coupa le souffle et il sentit ses œufs craquer sous l’intrusion de ce corps étranger. Chancelant sous le poids de la fatigue et de la lance, il tomba à genoux et crut bien que sa dernière heure était arrivée lorsque quelque arracha d’un coup sec la lance de sa chair. Andrew ne put retenir un hurlement de douleur avant de sentir ses dernières forces l’abandonner. Toutefois, juste avant de perdre connaissance, il avait vu deux hommes, l’un portant la livrée de sa maison, l’autre portant la rose d’or des Tyrell, le retenir avant que son corps n’aille s’étendre sur le sol. Il sentit juste encore des bras le saisir sous les épaules et le traîner hors de la zone de combat, puis les ténèbres l’enveloppèrent pour de bon.