[EVENT] Bataille de Winterfell : les flancs

   Arys n'était pas peu fier de l'exploit: autour de lui, les hommes de toutes régions, de toutes couleurs se battaient pour leur vie autant que pour la victoire. Personne ne semblait avoir remarqué ce qu'il venait de faire. A ses pieds, les restes, poussiéreux, du spectre formaient un petit tas dans la neige que le vent venait déjà mettre à mal. Il tremblait encore de l'affrontement qu'il venait de subir: pouvait-il réellement songer que la chance était de son côté ? Les Sept l'avaient-ils bénis de leurs grâces ? Le Guerrier savait qu'il combattait pour une juste cause, qu'ils l'avaient tous prier avant la bataille pour obtenir sa protection. Le regard noisette du chevalier se posa sur la petite dague qu'il avait, précédemment, considéré avec humour. Etait-ce cela ? Réellement ? Arys était en plein doute, à ses côté Ryman avait employé une torche, fiché dans la gueule béante du mort-vivant, et était également parvenu à ses fins. « Bien joué !  » dit-il à son cousin avec un grand sourire. Si le reste de la bataille se déroulait aussi bien, sans doute n'aurait-il pas à craindre de laisser une Jyana veuve à la tête de Noirport !

Mais déjà venaient de nouveaux spectres, aussi laids que les précédents: décharnés et édenté, la rapière sur le côté, le regard d'un bleu perçant braqué sur eux. Arys se détacha de Ryman, laissant le poignard d'obsidienne retourner à sa ceinture, il reprit son épée en main. Fort de sa précédente victoire, Arys se laissa approcher et les deux adversaires alternèrent tour à tour attaque et esquive. Finalement, après quelques minutes de ce cinéma Arys donna un grand coup vers l'avant, espérant toucher une zone vitale chez son ennemi mais ne parvint qu'à toucher une protection métallique qui lui protégeait l'avant bras. Un ancien soldat sans doute: nordien ou sauvageon, il était trop débraillé pour qu'il puisse le dire.  « On dirait que ça se complique.  » se fit-il constater à lui même. Regardant avec dépit son épée, il regrettait d'avoir rangé le poignard alors que le spectre se jetait sur lui à nouveau.

   

   La créature le regardait de ses pupilles bleutés, vide de tout. A l'instant, les années de vie de Corlys semblaient s'évanouir pour ne laisser place qu'à la terreur, primitive, de l'être humain. Il se revoyait jeune homme, plus jeune que Godric aujourd'hui, dans sa première bataille. Il revivait toutes les autres, l'incertitude qui disparaissait avec l'expérience sans jamais se volatiliser totalement. Face à cet ennemi là, que pouvait-il faire ? Pouvait-on réellement gagner ? Revenant à lui il observa son entourage proche, rencontrant la chevelure argenté du Roi qui mettait un terme à la non-vie, d'un des spectres. Il fallait qu'il se montre digne ! Son épée frappa celle de son ennemi en un ballet rythmé et Corlys retrouva contenance autant que sa fougue initiale. Il ignorait ce qu'il advenait de son fils, de son neveu, un peu plus loin. Il espérait qu'ils n'aient pas été emporté par la marée de ces créatures venues des enfers. Admirant l'un des soldats de @Rhaegar Targaryen agir avec une torche, il en chercha une du regard, finissant par la trouver entre les mains d'un gamin terrifié qui se trouvait à quelques mètres. D'un coup de pied, il éjecta le spectre vers le sol, et courut vers le jeune pour attraper la torche. Il se retourna vers l'ennemi et plongea la flamme dans le trou béant qu'il arborait à la gorge, d'un coup ferme. Son cri de victoire s'étouffa dans sa gorge tandis que, malgré la disparition de l'assaillant, demeurait la rapière du spectre. Corlys baissa les yeux vers son abdomen dans lequel se trouvait la lame, encore fermement enfoncée.
 

   Le jeune homme laissa échapper un rire aux félicitations de son cousin, passant son poignet sur son front pour en essuyer la sueur qui s'y trouvait déjà. Il n'était pas peu satisfait de lui, de sa performance. Sans cette torche, il n'aurait pas réduit à l'état de poussière son adversaire et à présent, il pouvait se sentir réellement chevalier. Il n'y avait pas que la présence d'Arys, toujours là depuis le début, qui le rassurait, mais l'ensemble de l'armée. Le fait d'appartenir à un groupe, grand, fort, se battant pour des convictions, pour rester en vie. Il ne pensa dès lors plus à la maison, plus à sa mère retrouvant à peine le sourire depuis la mort de son père, à sa soeur et ses talents de guérisseuse, restée à Noirport. Si ce jour devait être le dernier, il voulait rendre hommage à son nom, à son père, à sa maison en se montrant digne. Il se colla dans le dos de son cousin alors que, déjà, arrivaient de nouveaux spectres. Il reprit son épée bien en main, sa torche dans la seconde, défiant du regard l'ennemi de l'attaque. Le spectre ne sembla pas en être plus bouleversé puisqu'il s'élança vers lui malgré les mouvements de torche que Ryman faisait devant lui pour le maintenir à distance. Le mort-vivant lui donna un coup sur le bras, frappant contre le renforcement métallique de son armure, le faisant lâcher sa torche, l'obligeant à répliquer de son épée qui ne découpa qu'un bout de chair sans parvenir à réitérer son exploit précédent.


   

Saisi de tremblements incontrôlable, à cause de l'enfant qu'il venait d'assassiner, la voix d'un homme le sortit de son immobilité horrifiée. Relevant la tête, il tomba nez à nez avec le soldat qui accompagnait son beau-frère. Beren, qu'il s'appelait. Alors qu'il se sentait sur le point de rendre le contenu du bol qui lui avait été servi pour son dernier repas, le dornien semblait au contraire très à l'aise, comme s'il était trouvé sur un terrain d'entrainement et non en train d'affronter la mort elle-même. Bizarrement, sa réplique le réconforta quelque peu. Oui, il avait raison, il n'était pas mort. Malgré tout, un regard alentour lui arracha un commentaire, dont il ne savait pas lui-même à qui il était destinait:

« Quel enfer !  »

Partout autour, le bruit des lames s'entrechoquant. Les grognements des hommes, mais surtout celui des cadavres. Des cadavres qui bougeaient. Qui aurait cru cela possible ? Les troupes Oustriennes n'étaient pas prête pour cela. Dans un monde qui lui semblait  idéal, où les morts demeuraient morts, personne ne l'était ! Les morts ne se relevaient pas. Les morts restaient à terre. Car ils étaient morts, voilà tout. Et pourtant ...

Ils n’eurent pas le temps de disserter à ce sujet, car déjà ils étaient de nouveau assaillis. Instinctivement, oubliant une seconde la douleur qui irradiait dans son bras, Podrick para le coup d'un spectre sur sa droite. Le choc se répercuta dans tout son corps et il gémit, la douleur se rappelant soudainement à lui. La créature ré-attaqua et il l'esquiva, gardant son bras gauche replié sur son ventre. La lame de son adversaire lui frôla le flanc et il retint son souffle, lui faisant face de nouveau. Se rappelant à ses entraînements, il positionna ses pieds convenablement pour asseoir son équilibre et prévoir le prochain coup. Son oncle ne cessait jamais de le qualifier d'idiot paresseux, mais cela ne faisait pas de lui l'un d'eux néanmoins, car il avait apprit de ses heures passées sur le terrain, à essuyer les coups du chevalier.

Sentant ses réflexes lui revenir, mais malgré tout mal à l'aise d'être privée d'une main, il échangea quelques coups avec son adversaire, constatant toutefois avec espoir qu'il ne possédait aucune ruse. Il pourrait jouer de cela. Il l'envoya valser dans l'herbe recouverte de neige à plusieurs reprises, mais la créature revenait toujours à la charge et il dut faire preuve d'adresse pour se déplacer de façon à ne point être touché sans s'éloigner de la torche qu'il avait abandonné dans la cadavre du gamin aux yeux perçants. Bientôt, il fut assez prêt pour s'en saisir mais il comprit qu'il ne pourrait le faire à nouveau de sa main gauche, son épaule le faisant trop souffrir. Envoyant valser son adversaire plus loin d'un habile coup d'épée, il la rengaina et s'empara de la torche qu'il brandit comme d'une arme. La créature voulu se stopper net, apeurée, mais elle était désormais trop proche pour parer le coup et se prit les flammes en plein visage. Tout son corps s'embrasa rapidement, le faisant reculer de quelques pas.

Il se cogna alors à quelque chose et, se retournant, constata qu'il venait de rentrer dans Beren. Un spectre se ruait sur le dornien alors qu'il était en proie à son propre adversaire et il cria un avertissement « Attention !  », tandis que d'un revers de torche, il parvint à le maintenir à distance.