[EVENT] Tournoi de Port Réal : les joutes

La princesse Targaryen était faible, son accouchement avait été un véritable enfer. La mort avait failli venir la cueillir et pour le mestre et les sages-femmes, cela leur avait rappelé les accouchements difficiles de feu Elia Martell. Mais ce sombre moment avait été contrasté par le petit garçon qui était venu au monde. Un moment de bonheur, quelques jours avant le début du tournoi, auquel Rhaenys désirait assister malgré la désapprobation de du mestre. Mais elle était plus que têtue. Promettant de rentrer si elle ne se sentait pas bien, Aerion fut ravie de la voir arriver. Elle était heureuse de pouvoir revoir sa tante, Daenerys. Les années avaient changé la princesse argentée qui avait murit, Rhaenys en était contente de la voir s’épanouir dans le Conflans auprès de son époux. Sa fille était aussi présente et regardait le spectacle avec des yeux intriguées bien que timide.

Le tournoi commença sur des chapeaux de roue avec Aurane qui demanda les faveurs d’Alyria. Rhaenys fut surprise de ce geste et regarda son ami interloqué. Pourquoi ne prenait-il pas les couleurs de son épouse ? Son manège avec le Lannister en revanche ne l’étonna pas, il avait toujours été comme ça. Malheureusement pour lui, il mordit la poussière et sa jument fut blessée, l’empêchant de continuer.

Puis ce fut au tour de Durran, la nervosité monta d’un cran. Son époux arriva à sa hauteur pour demander ses faveurs. Incapable de se lever et de marcher seule pour mettre ses rubans autour de la lance de son chevalier, la princesse les tendit à sa fille.

D’une main dans le dos, elle encouragea la petite fille à s’approcher de la barrière. Quelqu’un l’aida en la soulevant du sol pour qu’elle puisse glisser les rubans à son père. Elle revint aussitôt vers sa mère, excitée et ayant les joues tout roses. Le combat fut vite expédié, un seul assaut fut nécessaire pour que Durran désarçonne son adversaire qui tomba en douleur. La princesse souffla de soulagement, applaudissant son époux.

Les autres joutes n’intéressaient que peu la princesse jusqu’à ce que son frère entre en lice. Il était contre un chevalier de la couronne, le doyen de la compétition. Rhaenys devait être aussi angoissée que sa belle-sœur. Mais rapidement, les choses tournèrent. Le Gaunt visa le plastron d’Aegon et non son bouclier. La princesse se redressa, les mains agrippées à son fauteuil. Une vive douleur la prit dans le bas ventre, mais elle n’en avait que faire. Le deuxième assaut fut pareil, Aegon résistait comme il pouvait mais le connaissant l’agacement devait le gagner. Il n’était pas connu pour être patient.
« Qu’est ce que Gaunt cherche à faire ?! »

Le troisième assaut fut violent. La tête fut visée et Aegon chuta. Même Aerion fut inquiet il se redressa sur sa chaise. Qu’allait fait Aegon ? Défier en duel le vieux chevalier ? Il en était parfaitement capable. Mais il prit sur lui, retirant son heaume pour saluer la tribune royale. Il était indemne mais Rhaenys.
« Ser Lyle ! »

Le capitaine de la garde royal s’approcha.
« Que pouvez vous faire face à cela ?
- Rien avant la fin des joutes et qu’il soit éliminé, nous l’interpellerons dès qu’il sera hors compétition, votre Altesse.
- Envoyez un de vos gardes près de mon frère, que Gaunt ne puisse rien tenter de plus contre lui. »

D’un claquement de doigt, le sanglier envoya un de ses hommes vers Aegon. Rhaenys alla chercher le regard de Margaery. Elle ne s’appréciait pas spécialement, mais leur affection pour Aegon pouvait les faire se rejoindre.

Le duel fut vite expédié. Dans son orgueil et impétuosité, Durran avait pressenti, en voyant le bieffois qui lui tiendrait lieu d’adversaire, qu’il ne ferait pas long feu sur la lice. Pourtant, il dut faire appel à toute sa concentration car, avant de rejoindre son point de départ, son coeur se serra d’émotion en voyant sa petite fille venir honorer sa lance des rubans qu’il avait confié à sa mère, trop faible pour se lever vu son état. Sa fierté de père fut visible de tous les nobles de la tribune royale mais à peine eut-il fait tourner bride à son étalon que son visage revêtit le masque de la concentration. Et ainsi, en une seule charge, un coup de lance bien placé envoya son adversaire manger le sable, à grands renforts d’exclamations et d’applaudissements en provenance des tribunes. Un dernier tour d’honneur et Durran quitta la lice pour laisser la place aux suivants. Le jeune garçon d’écurie qui lui servait d’écuyer pour l’occasion se précipita pour se saisir des rênes de son étalon.

— Quelle joute ! Bravo messire ! s’exclama-t-il, les yeux brillants d’admiration.

Durran ne répondit rien à cela mais lui tapa sur l’épaule et lui sourit.

— Occupes-toi bien de Bucéphal, ordonna-t-il en flattant l’encolure sombre de son destrier. Le tournoi n’est pas encore terminé.

Pendant un peu plus d’une heure, Durran discutait avec ses potentiels adversaires. Il félicita, malgré sa cuisante défaite, Ser Hereward Graceford (@Clifford Swann), et l’encouragea à poursuivre les joutes car, comme il le lui conseilla: « Ce n’est qu’en chutant qu’on apprend. » Mais en retournant vers sa propre tente et Bucéphal, qui piaffait d’impatience, il croisa la route de Ser Patrek Mallister (@Myrielle Lannister) et tous deux échangèrent longuement sur leurs vies respectives depuis le départ de Durran pour sa nouvelle vie d’homme marié et de père à Port-Réal. Ils se promirent de dîner ensemble avant que le Seigneur de Salvemer ne rentre, accompagné de son épouse, pour son domaine conflanais et ce fut tout car son deuxième passage sur la lice approchait à grands pas.

— Sais-tu qui sera mon prochain adversaire jeune homme? lança-t-il tandis qu’il s’en revenait vers sa tente, après avoir pris congé du Mallister.

— Ser Jacaerys Velaryon, messire.

« La compétition se corse », songea Durran en mettant le pied à l’étrier. Jacaerys Velaryon était un adversaire bien différent et plus expérimenté que le jeune Graceford.

— Prenez garde messire. Ser Jacaerys monte également un étalon, l’avertit son aide de camp. Durran hocha sèchement la tête pour montrer qu’il avait bien comprit puis revêtit son heaume et s’élança vers la lice au petit galop. Il fit son entrée presque en même temps que son adversaire (@Waldon Wynch). Tous deux se saluèrent respectueusement en arrivant devant la tribune royale, qui fut ensuite l’objet de leurs saluts. Confiant, Durran envoyant un clin d’oeil discret à sa petite Eleana (@Rhaenys Targaryen) et un regard plus appuyé à son épouse puis se rendit sur son point de départ, luttant contre son étalon qui semblait d’humeur belliqueuse à devoir partager la lice avec un autre étalon. En cela, beaucoup avait noté que seuls deux chevaliers expérimentés étaient à même de jouter en montant de tels destriers. Le duel s’annonçait donc des plus intéressants.

Dé + nombre de mots:

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Tournoi de Port-Réal

An 310, lune 1, semaine 2

Les deux chevaliers s’élancèrent l’un contre l’autre sous l’acclamation du public qui était en effervescence. Après le scandale entourant le légitimé de Lamarck, ce sont les blessures du Graceford et du Rowan qui avaient laissé le public en émoi. Les deux chevaliers ne pourraient poursuivre les joutes dans leur état. Après deux affrontements, le résultat était sans appel. Le jeune Podrick Payne ( @Melleah Yarwyck ) remportait la manche sous le regard fier de son beau-frère qui n’en tenait aucune rancœur. Bien au contraire. Les deux chevaliers quittèrent la piste tout sourire, rejoignant leur tente respective. Ashter avait perdu mais rien n’était encore perdu. Il pouvait espérer une bonne place dans le classement en affrontement un autre perdant. Le chevalier put se reposer le temps que les joutes suivantes se poursuivent. C’est alors qu’on lui annonça qu’il jouterait contre ser Alyn des Essaims ( @Naerys Des Essaims ). Les deux hommes se saluèrent et allèrent présenter, à nouveau, leurs hommages à la famille royale. Après quoi, Ashter se dirigea une nouvelle fois vers la tribune où se trouvait son épouse afin de recueillir ses faveurs. Il n’avait d’yeux que pour elle et leurs trois petites filles, fières de leur père. Ce fut d’ailleurs l’aînée de celles-ci qui vint apposer le ruban sur la lance de son père.

- Je vous ferai honneur, ma Dame, en espérant ne pas apparaître trop bas dans le classement.

Il lui adressa un large sourire suivi d’un clin d’œil autant adressé à son héritière qu’à son épouse. Ashter repartit se mettre en place, tenant position, attendant le signal. Il avait en face de lui ser Alyn Des Essaims qui s’était opposé à ser Aryn Lydden. Leur joute avait été longue, trois affrontements et un score serré avant que l’Ouestien ne remporte finalement la victoire. Il pouvait espérer compter sur la fatigue de son adversaire mais ne devait aucunement négliger la sienne. Contrôlant sa respiration, tenant fermement sa lance d’une main, les rênes de l’autre, il vit le héraut s’approcher du milieu de la piste avec son drapeau pour donner le signal. C’était parti, Ashter lança son cheval à tout allure, pointant sa lance vers son adversaire, gardant l’équilibre sur sa monture, se préparant au choc imminent.

Le dernier tournoi auquel Alyria assista fut celui de Lestival. Elle admettait volontiers que le divertissement était appréciable mais ce dernier tournoi était trop associé à la renonciation au trône d’Aegon pour qu’elle en ait un très bon souvenir. Le temps a passé depuis et l’eau a coulé sous les ponts. La guerre est passée par là et aujourd’hui, la paix semblait vouloir revenir en Westeros le temps d’un instant. Il fallait donc en profiter. Les célébrations des dix ans de son fils étaient importantes à ses yeux et elle avait énormément contribué à l’organisation de celles-ci. Cela marquait également les cinq ans de son règne. Dix ans et déjà cinq ans de règne. Le jeune roi ne pourrait pas dire qu’il ait eu une enfance si tranquille. Très bien entouré par la Garde Royale, le petit homme ne quittait les yeux de personne, ni de sa mère, ni de son protecteur, ni de sa famille, ni de son conseil toujours présidé par lord Tywin. Le royaume se portait plutôt bien, retrouvait ses aléas habituels, ses querelles insignifiantes, ses mondanités qui manquaient au monde. Le Grand Tournoi de Port-Réal marquait, comme tout événement de cette envergure, le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de Westeros.

- Ser Harlan ? Ser Harlan ?

Installés dans la tribune royale, les Targaryen étaient acclamés par les nombreux invités et spectateurs venus des Six Royaumes. Le jeune roi venait de tirer les paires qui s’affronteraient pour les joutes. Alyria se retourna alors vers ser Harlan qui semblait perdu dans ses pensées. Celui-ci réagit finalement, s’excusant de cette absence, remerciant le roi de sa prévenance. Il venait de lui annoncer le nom de son adversaire. Lord Bryce Caron. Alyria avait peur pour les participants. Les tournois n’étaient pas un sport tranquille. Des morts pouvaient arriver. Des blessures graves pouvaient laisser les jouteurs handicapés. Mais la peur qu’elle ressentait pour Harlan, elle ne pouvait pas l’exprimer. Leur relation devait demeurer secrète, pour le bien de la Couronne, pour l’honneur de la Dame, pour le serment du Garde. La première joute opposa ser @Aurane Velaryon à ser @Daven Lannister, une paire pour le moins intéressante. Alors que la reine adressait un regard à son amie au loin, elle fut bien surprise d’entendre les mots d’Aurane à son encontre, soulevant çà et là des étonnements dans la foule. Il lui demandait ses couleurs. Alyria ne savait que faire mais était dans l’obligation de se lever quoiqu’il arrive.

- Vous m'honorez, ser Aurane mais je ne peux accéder à votre requête. Que les Sept vous accompagnent tous les deux, chevaliers.

La reine-mère retourna s’asseoir, posant une main sur celle de son fils qui se demandait bien ce qu’il venait de se passer. « Rien, mon chéri », lui dit-elle dans un murmure. Elle jeta un rapide regard vers Harlan qui ne laissait rien paraître. Mais au fil des années, ils savaient se lire, se comprendre sans un mot. Que les Sept soient loués, son amant secret n’est pas en joute contre cet inconscient.

Passé l’énervement quant à l’audace du légitimé de Lamarck, Harlan s’était préparé avec minutie. Il savait que son adversaire était redoutable. Lord Bryce était un bon jouteur. Il l’avait déjà montré dix ans auparavant en se classant second à Lestival, battu par le prince Oberyn. Aujourd’hui, le prince n’était pas là, peut-être espérait-il prendre la première place. Il était en bonne voie en tout cas puisqu’il remporta la joute contre le garde royal en deux affrontements. Comme il ne restait que deux joutes après eux, Harlan demeura tout ce temps dans sa tente où le jeune écuyer mis à son service le débarrassa de son armure. Regardant de là les joutes suivantes, opposant le suzerain du Conflans à lord Wendwater puis le frère Baratheon à un de ses vassaux, Harlan espérait, comme tout perdant, ne pas finir tout en bas du classement. Une nouvelle chance lui était donné lorsque les résultats furent annoncés. Il jouterait à nouveau, contre ser Duncan Mossegonde ( @William Mossegonde ) cette fois. Avec humour, il balança à l’écuyer qui l’aida, plus tard, à remettre son armure.

- Si j’avais su, j’aurai demandé au jeune roi de me donner ser Duncan en première joute. J’aurai pu espérer un meilleur classement. Lord Bryce s’y est peut-être repris à deux fois pour me vaincre mais il était un adversaire de taille.

Armure complète, monture prête, Harlan se hissa sur celle-ci, prenant la lance que lui tendit l’écuyer. La fatigue n’était pas encore trop présente mais il se méfiait quand même. Harlan se savait quelque peu orgueilleux. Il devait se mesurer et ne pas trop prendre la confiance, même face à un adversaire qu’il pensait plus faible que lui. Saluant à nouveau la famille royale, Harlan passa devant les Velaryon qu’il salua également, son regard se posant sur cette pauvre lady Serra. Cet épisode marquant le début du Grand Tournoi ne restera pas oublié, en témoignait les réactions du public et la réponse de la reine-mère. Il se positionna ensuite face à son adversaire, calibrant sa lance, tenant l’équilibre, ajustant son heaume, prêt à s’élancer sur la piste et à mettre à terre l’Orageois. Le signal fut donné et la monture d’Harlan s’élança avec force sur la piste. Lance tendue, le choc ne serait pas sans conséquence. Au jeu, il y avait toujours un gagnant et un perdant.

Le premier affrontement contre ser Jacaerys resta sans résultat probant, les deux chevaliers n’ayant pas chuté. Par contre, le second donna la victoire au Couronnien. Maegor tomba lourdement de sa monture, sans gravité néanmoins. Un jeune garçon, sûrement un écuyer, voulut l’aider à le relever mais Maegor le repoussa violemment. Énervé, il en balança son heaume en direction de sa tente, et disparut dans celle-ci pour s’y calmer. Voilà pourquoi Arwen ne voulait plus qu’il tente sa chance aux tournois. Il devenait trop caractériel. Il s’énervait à chaque chute, à chaque coup de l’adversaire, à chaque défaite. Il en maudissait son père, ce vieux traitre qui retenait encore son épouse. Qui sait maintenant ce qu’il était advenu de la maison Wydman depuis ces cinq dernières années. L’héritier déchu n’écrivait rien pour son épouse. Il ne voulait aucun contact avec son ancienne demeure. Il savait que le courrier venant de lui serait lu et il en serait sûrement de même si c’était Arwen qui lui écrivait. Il y a cinq ans, il avait fait un choix, un choix qu’aujourd’hui, il ne regrettait aucunement. Si c’était à refaire, il le referait. Maegor demeurait loyal envers son roi, Aerion Targaryen, et avait désormais une dette envers la Couronne qui l’accepta dans sa région.

- Père !!!

Rhaenys avait une nouvelle fois quitté la surveillance de sa septa pour rejoindre son père qu’elle avait vu chuter. Elle voulait évidemment savoir s’il n’était pas blessé. Elle ne lui laissa pas le temps de la chasser et se blottit contre lui. Après quelques secondes, elle porta son regard dans le sien, passa une main sur son visage. La jeune enfant était devenue une jeune femme. Maegor ne pouvait rien lui cacher, pas même ses sentiments.

- Ne capitulez pas, père. Il vous reste encore une chance de vous classer convenablement.

- Oui… parmi les perdants… comme toujours…

Ne poursuivant pas le fond de sa pensée, Maegor raccompagna sa fille jusqu’à la septa et lui ordonna de ne plus la quitter. Il lança également un regard noir à la septa dont le rôle était de protéger Rhaenys et de la suivre comme son ombre. La jeune dame n’en menait pas large et baissa les yeux, se confondant en excuse auprès du chevalier qui partit sans un mot. Il fallait qu’il se prépare pour une nouvelle joute. Le premier tour était fini. Les résultats avaient été annoncés et s’il avait perdu contre ser Jacaerys, il pouvait effectivement retenter sa chance. Cette fois, il affrontera ser @Humfrey Swyft, un Ouestien. Droit sur sa monture, Maegor se tenait prêt bien qu’il ait du mal à calmer son énervement. Sa monture le ressentait quelque peu et elle était agitée. Maegor tenait les rênes fermement, sa lance avec force. Le signal donné, il donna un grand coup d’étriers et le cheval partit au galop sur la piste. Il fut un peu surpris sur le coup mais réussit à positionner sa lance avant que le choc ne retentisse.

Le premier impact lui rappela la violence de ce sport dans lequel tout le royaume s'affrontait volontiers pour l'honneur et la gloire. La dernière fois qu'il avait jouté, Arys avait finit par être blessé, la lance de son opposant se brisant sur son bouclier, les fragment de bois s'envolant autour d'eux tandis que le choc l'avait projeté à terre : il en avait gardé une cicatrice presque invisible à présent et une vive douleur à la jambe tandis que sa réception sur le sol dur de la lice laissait à désirer. Il ne comptait pas recommencer. Si les opposants tremblèrent après le premier coup, leurs montures furent rapidement repositionnées, dans un demi-tour serré, de l'autre côté de la lice. Arys fronça les sourcils sous son casque, il sentait bien que sa jument n'était pas son plus grand avantage dans cet affrontement et il se devait d'en finir rapidement. L'animal reprit sa course, Arys ajusta sa lance, visant la fraise au centre du bouclier de Ser Lambert ( @Vaelle Velaryon ) : il entendit le choc de l'armure de Ser Lambert sur le sol malgré le son des sabots de la jument. Descendant de sa monture, Arys s'en alla auprès de son opposant et eut un rire à sa remarque. « Vous avez été un très bon adversaire, ser Lambert, j'ai juste eu plus de chance cette fois. » lui répondit-il en lui serrant la main avant de quitter le terrain, dégageant la piste pour la prochaine joute.

Hugo lui tendit une petite bassine d'eau dans laquelle il puisa pour se rafraichir un peu, passant sa main humide dans ses cheveux et sur son front. Son regard fut attiré par des mouvements non loin de l'entrée de la lice et la rumeur parvint à ses oreilles : le prince Aegon avait été malmené par Duncan Gaunt et déjà, on parlait d'un comportement malhonnête. Le chevalier eut un échange de regard avec son écuyer, lequel haussa les épaules, guère capable de donner plus d'information à son maitre. Un premier classement parut, annonçant la sortie de trois participants : deux jeunes bieffois et son allié Wendwater qui s'était incliné douloureusement face à Lord Nerbosc. Hugo revint, en trottinant. « Lord Bryce Caron, messire. Vous êtes face à Lord Caron. » Merde, songea Arys. Lord Bryce était un excellent jouteur et s'était toujours très bien positionné dans les classements. Des quelques retours qui lui étaient parvenus, il avait désarçonné Ser Veneur, membre de la garde royale, assez rapidement. Ne restait plus qu'à s'accrocher autant que possible à sa monture et espérer que, tout comme pour Ser Lambert, la chance soit de son côté. Ce ne fut pas sans une pointe d'appréhension -comment ne pas en ressentir lorsque l'on tombait face à l'un des meilleurs participants du tournoi- qu'Arys se positionna, saluant Lord Caron ( @Bethany Selmy ) et cherchant du regard, dans les gradins, le regard de son épouse. Bien en peine de ne pouvoir trouver Jyana, Arys se reconcentra sur la joute qui allait démarrer, remettant son casque, ajustant sa lance, le regard braqué sur le bouclier jaune et noir à l'effigie du rossignol de Serena. Quelques secondes plus tard, sa jument repartait sur l'étendue sableuse, prête pour la rencontre.

Le premier assaut ne donna rien. Si la foule fut déçu, Bryce n’en fut pas surpris. Après tout, il aurait été surprenant que l’un des deux chevaliers tombent dès le premier impacte. Il joutait face à un garde royal, si ce dernier se retrouvait dans le sable dès le début, cela laisserait à redire sur ses capacités martiales et donc ses capacités à protéger le Roi et sa mère.  L’orangé ne se laissa pas déstabiliser et déconcentré. Il attrapa la seconde et repartit avec la même puissance, restant parfaitement concentré sur sa visée. Cette fois-ci ce fut bon, d’un coup précis, l’orageois désarçonna le Veneur. Il se retourna à peine sur sa selle pour voir ce qu’il venait de se passer. Les cris de la foule lui indiquaient qu’il avait gagné ce tour. Il quitta rapidement les lieux, rejoignant Erich qui l’attendait.

Il mit pied à terre et donna quelques instructions à son fils.
« Fais le marcher qu’il ne se refroidisse pas, propose-lui à boire mais fait attention qu’il ne boive pas trop non plus. Ne le laisse pas manger. »

Le garçon obéit sans rechigner, probablement car il était impressionné par l’étalon qu’il tenait par les rênes. Imposant, le destrier était un animal tempétueux conçu pour la guerre et le spectacle.  Sanguin et fier, il pouvait faire peur à bien des gens. Bryce n’aidait en rien en entretenant ce caractère chez sa monture.

Le Caron rentra sous sa tente et retira son heaume, le posant sur la table. Il se servit un gobelet d’eau mais ne but guère plus malgré l’envie. Il ne voulait pas être plein et sentir l’eau bouger dans son estomac. Et cela lui éviterait des crampes en ne buvant pas trop. Il attrapa un linge et absorba la sueur qui avait collé ses cheveux bruns contre sa nuque et son front. Il faisait toujours aussi chaud sous l’armure, il dégoulinait et transpirait à grande gouttes. Quand il ressortit, Erich était revenu.
« J’ai entendu dire que vous affronterez ser Arys Manning au deuxième tour. »

Un visage connu, un nom connu. Leur relation restait superficielle, le Manning était l’époux de la belle-sœur de Bethany. Et Bryce avait déjà échangé quelques fois avec Lady Jyana et donc avec ser Manning. S’il abîmait le couronnien, il aurait probablement le droit à une remontrance de la part de sa sœur. Mais dans la compétition, la famille n’importait pas ou peu. Il jouterait comme avec n’importe qui et donnerait un spectacle propre et honorable. Sur le papier il avait l’avantage, mais il restait méfiant. Les surprises pouvaient surgir de tous les côtes et l’Orangé n’aimait pas les surprises. Alors il ne prendrait pas pas cette joute à la légère.
« Aide moi à me remettre en selle. »

Le garçon obéit et avant que son père ne parte, il lui glissa que son adversaire chevauchait une jument. Voilà le genre de surprise qui faisait monter la méfiance chez l’orageois. Et quand les deux chevaliers entrèrent en piste sous les viva de la foule, Bryce raffermit son contact sur les rênes afin de demander à sa monture de se concentrer également et d’ignorer la jolie jument du Manning. Les deux chevaliers se saluèrent, ainsi que la tribune royale. Tous deux concentrés, tous deux prêts à en découdre. Il se positionna de son côté et recommença à titiller l’étalon comme la première fois pour le laisser bondir en avant quand le départ fut donné. Il resta attentif à chaque foulée de l’animal qui avait les oreilles droites vers l’avant en direction de la monture d’Arys.

Tire de dé : 9

Brynden eut du mal à stopper sa monture, emportée par la vitesse autant que par le poids de son cavalier. L'obstacle naturel que formait le bout de la lice lui apparut de plus en plus proche mais l'animal s'arrêta dans un frottement de sabot sur le sable du terrain. Jetant un regard en arrière, il finit par retirer son casque pour constater les dégats que son coup avait causé : conscient que sa lance avait touché le bouclier de son adversaire et que ce dernier avait basculé vers le sol. Le pied coincé, le Wendwater avait été trainé sur plusieurs mètre avant qu'on ne parvienne à arrêter la course de son cheval et un petit groupe s'était formé autour de lui tandis que les spectateurs semblaient partagé entre horreur et inquiétude d'un côté et une forme d'excitation morbide de l'autre.  Quelques cris de demoiselles, des halètements choqués et un bourdonnement de discussion, d'un côté de la lice, rejoignait le sentiment du suzerain : l'accident de Lord Wendwater n'était pas volontaire, mais il restait de son fait. Pourtant, à travers l'inquiètude qui pointait tandis que le couronnien était emmené en dehors de l'arène, Brynden perçu un agacement. Celui qui réagissait aux quelques sourires, aux encouragements déplacés d'un peuple qui frétillait à la vue du sang.

Bien que vainqueur, Brynden quitta le terrain avec une humeur en demi-teinte, retrouvant son frère et  @Brandon Stark dans les coulisses de la compétition. Il régnait tout de même une étrange ambiance, songea Brynden qui, laissant le nordien procéder aux rafraîchissements d'usage, constata l'humeur sombre du jeune Nerbosc à ses côtés. Craignant une quelconque jalousie de son frère, Brynden remercia Bran d'un geste de la tête accompagné d'un rictus qui était ce qui se rapprochait le plus d'un sourire, et se tourna vers son cadet. Emund sembla vouloir dire quelque chose mais se ravisa et secoua la tête avant de quitter les lieux. Les yeux ronds, Brynden échangea un regard avec Brandon. « Tu sais ce qu'il a, toi ? » lui demanda le conflanais, laissant ses yeux faire des allers-retours entre le petit Stark -qui n'était plus si petit- et la direction que son cadet avait prit.

Une demi-heure passait vite lorsque vous portiez une armure lourde de plusieurs kilos, renforcée pour supporter le choc d'une lance à pleine vitesse, et que chaque mouvement réclamait l'aide d'une ou plusieurs personnes. Aussi impatient eut-il été de remettre le couvert sur la lice des joutes, aussi impatient l'était-il de retirer ce carcan de métal. Edmund n'était pas reparu lorsque Brynden dut remonter en selle, non sans avoir consulté le tableau des défaits et le nom de son opposant, toujours inconscient lui avait-on dit, en dernière ligne. Mais le temps n'était pas aux remords : on vint lui annoncer son prochain opposant. Renly Baratheon, une rencontre qui laissait Brynden dans un mélange d'attente et d'interrogation tandis que Brandon lui faisait le récit de la rencontre qui avait suivit celle du Nerbosc et où Ser Renly était venu à bout de Ser Mossegonde après trois affrontements. On ôta les couleurs de Noirport et Serena pour installer le cerf des Baratheon et le barral des Nerbosc tandis que les deux adversaires s'installait l'un face l'autre. Tel un ballet bien rythmé, on sonna le coup d'envoi et Brynden éperonna sa monture, la lançant à pleine vitesse tandis qu'une flèche de jaune et de noir se dirigeait vers lui.

Lancer de dé (9)

Le Jeune Loup de Winterfell et ses frères étaient installés dans les gradins de l’arène à une place de choix, qui leur offrait une vue étendue sur les joutes qui avaient lieu aujourd’hui et qui lançaient les festivités d’anniversaire au Roi Aerion. Une véritable meute était installée-là, composée de Robb, Rickon et Jon, ainsi que du pupille du suzerain, Ned Omble. Brandon était dans les coulisses, pour préparer le suzerain du Conflans à concourir en bon écuyer qu'il était désormais. Tous bien vêtus et d’allure fière, seul Jon participerait à ce tournoi en descendant dans l’arène, quelques jours plus tard dans la mêlée. C’est que les tournois, et en particulier les joutes, n’étaient pas une luxure que s’offraient souvent les Nordiens, déjà trop occupés à guerroyer avec les peuples d’Au-delà-du-Mur pour s’offrir des affrontements factices pour telle ou telle occasion.

Robb Stark, toutefois, n’avait pas grandi dans le Nord, et avait profité, maintes et maintes fois, du spectacle qu’étaient ces tournois réalais pendant son enfance au Donjon Rouge. Il avait appris à les apprécier, à les attendre même, et avait promis un véritable divertissement à ses frères, qui participaient pour la première fois à une telle fête. Le spectacle avait ainsi intérêt à être à la hauteur de ce qui leur avait été promis, Robb espérait donc de beaux affrontements.

Un autre enjeu s’ajoutait toutefois pour le Seigneur Stark, qui devait voir dans l’arène s’affronter des hommes qu’il comptait parmi ses plus proches alliés hors du Nord, et voir dans les gradins pâlir ces épouses qu’il ne connaissait que trop bien. Quand Durran Cressey par exemple envoya valser dans le sable le jeune Hereward Graceford, Robb ne put qu’aller chercher le regard de la princesse Rhaenys, avec qui il avait grandi et qui était assise non loin de lui. Robb avait assisté à leur mariage, quelques années plus tôt, et avait rencontré, pendant ce séjour à Port-Réal, pour la première fois leurs enfants. Il n’était que trop soulagé pour elle que Cressey se montre particulièrement adroit sur son magnifique étalon. Le deuxième tour se révèlerait toutefois plus compliqué, puisqu’il devait l’opposer à Jacaerys Velaryon, un adversaire plus expérimenté que ne l’était le jeune premier.

Le regard du Nordien alla aussi retrouver celui de la princesse quand son frère Aegon se retrouva salement malmené par Duncan Gaunt. Le couronnien avait visé le plastron  du Prince puis son casque, jusqu’à lui faire manger le sable complètement. Le suzerain du Nord laissa lui échapper une exclamation de rage quand il vit le Targaryen aux côtés duquel il avait été élevé s’écrouler au sol, un cri comme on en pousse quand un des nôtres est touché. Il s’était levé, s’était agrippé à la rambarde du gradin et maugréait des reproches de jeu déloyal à Duncan Gaunt en le regardant furieusement. Derrière lui se tenaient Rickon et Ned, qui avaient dû percevoir l’émotion de leur frère et s’étaient levés d’un même geste avec lui. Aegon, franc-joueur, entreprit de rassurer la foule en retirant son casque, pour prouver sa bonne forme. Il devrait toutefois concourir désormais parmi les perdants, au désespoir de son épouse, sans doute, dont il portait les couleurs.

Non sans un autre regard  pour Margaery, le Seigneur Stark glissa en se rasseyant à sa meute : « N’était-ce pas du spectacle, que je vous avais promis ? » Les jeunes loups ne purent que lui donner raison quand, quelque tours plus tard, les gradins sifflèrent de voir le bouclier-lige Harlan Veneur demander à sa reine ses faveurs. Sans doute ne regretteraient-ils pas leur séjour à Port-Réal.

Trois passages. Il fallut au Jeune Cerf trois passages avant d’envoyer Ser Duncan Mossegonde (@William Mossegonde) valdinguer au sol. Sa chute fit grand bruit, autant par l’acier de son armure que par les exclamations des spectateurs. Pourtant, Renly n’était pas satisfait. L’égo du Baratheon ne trouvait, dans ce passage et cette victoire, aucune gloire, là où d’autres chevaliers étaient parvenus à bout de leur adversaire en beaucoup moins de temps que lui. C’est pourquoi il ne salua la foule que très brièvement, son air grave dissimulé pour moitié sous son heaume surmonté des bois du Cerf Baratheon dont il avait remonté la visière. Il sortit de la lice et se dirigea vers sa tente, pestant contre lui-même et n’entendant que d’une oreille les félicitations de ses partisans. Il mit pied à terre et ne retira que son heaume, fort désagréable à porter du fait de son poids. Il tendit celui-ci à un jeune garçon qui travaillait en temps normal pour les écuries royales et porta une gourde d’eau à ses lèvres. Puis il s’assit près de son cheval et observa l’animation autour de lui du coin de l’oeil.

Certains chevaliers conversaient entre eux sur un ton désinvolte, presque amical. Bien sûr, Renly aussi aurait pu se mêler aux autres car il connaissait parmi eux plus d’un visage. Mais il préférait rester seul et tout à sa concentration - et à sa bouderie, il fallait bien l’admettre - guettant de près le moment où le tableau d’affichage lui apprendrait le nom de son prochain adversaire. Dix minutes plus tard tout au plus, il entendit des exclamations et une sorte de mouvements de foule sur sa droite. S’appuyant sur ses cuisses, il se leva et suivit les autres d’un pas lourd. Le tableau affichait les noms des gagnants et des perdants du premier tour, ainsi que les noms de leurs adversaires pour les départager, tant chez ceux pour qui la joute s’arrêtait là que ceux pour qui, comme lui, le tournoi continuait. Plissant les yeux, il finit par se trouver dans le tableau, son nom affiché aux côtés de celui d’une autre maison suzeraine et de son seigneur, Lord @Brynden Nerbosc .

« L’adversité monte d’un cran », songea-t-il. Ser Duncan Mossegonde était déjà un concurrent honorable, mais le Nerbosc était un adversaire bien plus redoutable que le premier. Du moins c’est ce que Renly estimait pour l’avoir déjà vu sur la lice par le passé. Son tour finit par arriver une demi-heure plus tard. Les bannières des Maisons Baratheon et Nerbosc se levèrent pour afficher à tous les couleurs des jouteurs présents sur la lice. Renly entra au galop sur la lice, son heaume affichant les bois du Jeune Cerf brillant à chaque fois qu’il passait dans l’axe des rayons du soleil. Avant qu’il n’entre, le jeune garçon d’écurie qui lui avait été confié avait voulu l’informer sur les performances de Brynden Nerbosc lors de sa joute précédente. Mais Renly l’avait fait taire d’un geste, lançant par-dessus son épaule:

— Je ne veux rien savoir. Je sais de quoi lui et moi sommes capables.

Attitude très présomptueuse qui pourrait jouer contre lui, selon comment le duel allait se passer. Il salua son adversaire dans les règles puis, à nouveau, la tribune royale, avant d’aller se poster sur la ligne de départ, dans l’attente du cor qui annoncerait le début de ce nouveau duel.

Dé + nombre de mots:

 | dialogue : gras | pensées : italique

Le premier impact fut déstabilisant pour Aegon, Gaunt n’avait pas visé son bouclier mais son plastron. Fort heureusement la bonne facture de son équipement encaissa le choc et le prince n’eut qu’à se cramponner pour ne pas tomber. Cependant la colère gronda aussitôt, son impulsivité l’emporta. Il jeta rageusement au sol la lance cassée et attrapa la seconde qu’on lui tendit. Il talonna plus violemment sa monture pour écraser son adversaire. Mais voyant un deuxième coup en traite ‘arriver, il dut esquiver la lance de son adversaire afin de ne pas se retrouver gravement blessé. A quoi jouait-il ? Les joutes étaient en l’honneur d’un enfant, il fallait du spectacle, du beau spectacle non traumatisant et Gaunt ne semblait pas avoir compris cela. La colère du Targaryen faisait rage. Il charga une troisième fois, aveuglé par la colère il ne réussit pas à esquiver la lance du couronnien qui va sa tête. Sonner, il chuta. Son matériel le protégea mais il était à deux doigts de dégainer son épée et de défier en duel le vassal de la maison Targaryen. Mais lorsque ses yeux améthyste croisèrent ceux d’Aerion, Aegon se ravisa. Il retira son heaume et salua son petit frère pour le rassurer avec un sourire forcé.

Il salua la foule et sortie de la piste. Aussitôt, il prit la direction de son adversaire.
« GAUNT ! » rugit-il

Au moment où l’homme se retourna, Aegon écrasa son poing dans la figure de son adversaire qui cracha du sang sous l’impact sous l’impacte du gantelet du dragon. L’ancien héritier au trône eut envie de continuer mais des personnes s’interposèrent entre les deux, empêchant le prince d’abimer plus encore l’homme mais évitant également une réponse du couronnien. Un garde royal arrive rapidement, mettant définitivement un terme au possible affrontement. Il raccompagna Aegon jusqu’à sa tente où un Monterys inquiet l’attendait. Il allait falloir que le prince se calme avant la prochaine joute, sinon il serait bon à rien.

Son écuyer lui annonça que le prochain adversaire serait Lambert Tournebaie. Ce dernier avait jouté contre Arys Manning au premier tour. Il ne connaissait absolument pas le ouestien et s’en méfierait comme la peste car malgré la présence de Tywin Lannister, cela n’avait pas empêcher Gaunt d’essayer de le tuer. Il retourna près de sa monture et se remit en selle, le regard sombre, il était d’une humeur massacrante. Retournant sur la lice, Aegon ne salua pas la foule, il eut juste un léger mouvement de tête en direction de la tribune royale. Son adversaire fit le pitre pour faire rire la foule mais cela ne dérida pas Aegon. Ce fut à peine s’il releva les yeux quand le Tournebaie lui promis d’être fair play dans l’affrontement à venir. Aegon grommela entre ses dents, pas assez fort pour quelqu’un l’entende cependant.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine. Une pointe de nervosité mélangé à la colère. Il ne rigolait plus. Les images des affrontements contre Gaunt lui revinrent en mémoire, cette lance s’approchant de son visage. Il tenta de chasser cela de sa tête, pour se concentrer sur son adversaire. Quel serait la probabilité pour que deux chevaliers tentent une manœuvre déloyale et dangereuse à son encontre ? Proche de zéro. Mais le mal avait été fait.

Le signal fut donné, Aegon serra ses jambes contre le ventre de sa monture qui prit le galop pour charger. Il abaissa sa lance et chercha à se concentrer et à ne laisser ses yeux que sur son adversaire et non sur la lance de ce dernier.

Tire de dé : 10

Les Dieux avaient souri et Symon sortait vainqueur de son affrontement contre lord Swyft. D’un mouvement du bras, il retira son heaume pour offrir un sourire radieux au public qui l’applaudissait.

“Nous leur avons offert du beau spectacle, lord Swyft,” félicita-t-il son adversaire une fois parvenu à sa hauteur. “Bien meilleur que l’affrontement précédent !” Il remarqua le sang encore frais de la jument d’Aurane Velaryon qui poissait le sable. “Moins sanglant, aussi. Enfin, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bon courage pour la suite !”

Escorté par son écuyer du jour, le chevalier regagna sa tente tandis que les duels se poursuivaient. Lorsque le public faisait preuve d’humeur, il se précipitait pour voir quel drame était à l'œuvre. Et il n’en manquait décidément pas puisqu’après l’affaire des couleurs de la Reine Mère, le Prince Aegon avait manqué de se faire éborgner et ce pauvre Thorren Wendwater s’était fait traîner à l’arrière de sa monture comme un vulgaire sac de noix.
Symon ne put contenir une grimace.

“Pauvre gars,” le plaignit-il. “Espérons qu’il ne s’en tire pas trop mal. Tu n’es pas bien bavard, toi, pas vrai ?”

Le garçon, qui resserrait les plaques de métal sur son armure grâce aux armatures de cuir, sursauta. Il s’empourpra en balbutiant quelques paroles inaudibles.

“Allons, calme-toi !” rit Symon en buvant dans sa gourde. “Voilà le secret, un sang-froid à toute épreuve.”

Un conseil qu’il peinait lui-même à suivre, mais qu’il se plaisait à évoquer sous des allures de grand sage.
Du revers de la main, il essuya ses lèvres trempées d’eau et de sueur.

“Je cuis comme une caille au feu moi, là-dedans.” Dehors, le public s’était calmé et le choc des lances qui se brisaient également. “Ah, les prochaines joutes vont être annoncées. Tu as terminé ?”

Le jeune homme acquiesça. D’un bond, Symon se redressa pour s’étirer et tester les ajustements.

“C’est parfait. Merci.”

Il se souvenait de lui au même âge. À la même place. Ni ser Bartimos, ni lord Celtigar ne s’étaient montrés particulièrement prévenants à son égard.

Près des annonces, Mallister, Lannister, Nerbosc et Cressey se congratulaient. Un sourire jovial trancha le visage du protecteur de Monterys.

“Alors, que nous dit le Destin ? Ser Daven ? Ah ! Voyons si vous n’êtes pas venu d’aussi loin pour rien car, je vous l’assure, je ne vais pas vous faciliter l’affaire !”

Il donna une tape amicale dans l’épaule du lion avant de retourner vers Robert dont la selle était ressanglée par son aide de camp. “Le voilà, le bel affrontement !” pensa-t-il, ravi du tirage. “Gagnant, me voilà à l’origine d’un exploit !” Il ne songeait pas à l’autre option qui pouvait découler d’un tel duel.

Symon grimpa sur le dos de Robert et salua à nouveau les spectateurs et la loge royale. Il embrassa les couleurs Velaryon, accrochées à sa nouvelle lance.

“Mon porte-bonheur !” s’égaya-t-il avant de prendre place.

À l’autre bout de la piste, la silhouette de Daven Lannister se découpait, plus imposante que la sienne. “Je suis plus rapide.” Il raffermit la prise sur sa lance. Les rubans auraient pu caresser sa main si elle n’était pas gantée. Sa vision périphérique tronquée, il ne voyait que le bouclier coloré du lion. Et sa lance qui, bientôt, l’enfoncerait dans son centre. Il était prêt.

Au coup de trompette, Robert s’élança.  

Lancé de dé et nombre de mots:

@Daven Lannister

La défaite était courue d’avance, sans doute. Mais on a beau se préparer au choc, ça ne le rend pas moins douloureux : Hereward sentit ses dents s’entrechoquer lorsque la lance de Durran Cressey percuta son écu à pleine vitesse. Il perdit le contrôle des rênes et de Flammèche et fut projeté en arrière sans pouvoir se retenir à rien. Au moins eut-il la chance de vider proprement les étriers et tomba lourdement au sol, faisant un roulé-boulé sur lui-même dans un grand cliquetis métallique. Il avait l’impression de heurter de toute part les parois métalliques de son heaume. Le choc fut brutal et la rencontre avec le sol lui coupa le souffle. S’il n’eut pas le temps ni le réflexe d’accompagner la chute en détendant ses muscles, Hery se rappela ses entrainements à la quintaine et de son apprentissage de l’équitation et roula sur lui-même pour s’éloigner de Flamèche, qui continuait sa course.

Ce fut Arthur qui rattrapa le hongre et qui vint ensuite l’aider à se relever une fois le cheval mis en sécurité. Chancelant, Hereward se laissa faire. « Mon heaume, aide-moi à l’enlever. » La tête lui tournait et il avait besoin de s’assoir. Arthur ne put que relever sa visière ; Graceford aperçut l’inquiétude sur son visage : « Tout le monde nous regarde, fais un signe, dis. Ca va ? Tu veux que j’aille te chercher un mestre ? » Oui, de fait, tout le monde le regardait, y compris Mère et Aemma, là-bas, dans les gradins. Lentement, le jeune chevalier leva la main pour leur faire signe avec un sourire qui se voulait rassurant, ce qui parut plaire au public. « Ca va, je suis juste sonné, je crois. » Pour son plus grand plaisir – il voulait juste qu’on lui fiche la paix – les spectateurs se détournèrent bien vite de lui pour acclamer le vainqueur, qui effectuait un dernier tour de piste. Arrivé au bord de celle-ci, Hereward put enfin s’assoir. Il rêvait d’enlever son armure, qui lui pesait à présent affreusement lourd. Il ne pensait pas être sérieusement blessé, mais bientôt il verrait les bleus et les ecchymoses parcourant son bras et son épaule, qui avaient encaissé l’impact de la lance de Cressey, et puis les autres, dans son dos, témoignant de sa chute. Rien qui ne l’empêcherait de participer au tir à l’arc, mais assez pour le faire renoncer à la mêlée.

Hereward, pour le moment, estimait qu’il s’en tirait à bon compte. Il n'irait pas plus loin, ne se sentant pas assez solide sur ses jambes pour remonter en selle, mais ce n’était rien comparé à Rubriant, qui le hantait encore. Et la mésaventure de Wendwater, apprise elle aussi plus tard, ne ferait que le conforter dans cette conviction. C’était une victoire propre, un très joli coup ; lui-même était admiratif de Cressey et estimait qu’il avait à en apprendre. Alors qu’il vidait avidement une cruche d’eau par son frère, toujours assis au bord des lices, l’apparition du mari de la princesse Rhaenys et ses compliments le touchèrent. « Merci, ser Durran, je vais m’y employer. J’espère avoir l’occasion de vous recroiser une prochaine fois et de faire un peu mieux. » Il sourit un peu timidement, se sentant gauche face à son ainé. « Bonne chance pour vos prochaines joutes. » Hery espérait malgré tout en voir quelques unes – une fois qu’il aurait retiré ce fichu attirail et qu’il se serait un peu reposé. Il fallait d’ailleurs qu’ils débarrassent les lieux : c’était au tour de deux chevaliers ouestiens de s’affronter.

« Je vais revenir pour voir le deuxième tour. Tu as vu le coup de Cressey ? Je te parie un dragon qu'il gagne. Tu me diras comment ça s’est passé ? J’espère que cette fois, je serai mieux placé que Rowan, même si ce n’est pas très haut. Tu diras à Mère et aux autres que je suis là ? » Lança-t-il à son frère, alors que Arthur, une fois revenu à leur tente, alors que celui-ci l’aidait à enlever son plastron. Bon, ce n’était pas une bien grande gloire. Mais au moins, constata-t-il lorsqu’il eut l’occasion de voir le classement provisoire, il n’était pas dernier. Ni même avant dernier, et ça lui faisait plaisir d’être devant ce connard de Rowan et son épouse hypocrite – au final, c’était bien l’idée d’ennuyer Rhoane, même s’il n’en était pas très fier, qui le motivait. Même si c’était seulement d’une courte place.

Le tournoi démarrait sous les meilleurs auspices pour l'héritier d'Antrecombe. Loin des scandales provoqués par les plus sulfureux des concurrents, pour certains éliminés dès le premier tour, Aryn avait créer la surprise en venant à bout d'Alyn des Essaims. Loin d'être volée, sa victoire avait certainement éveillé l'intérêt des parieurs. Son épouse et son beau-frère ne purent qu'en être ravis en ce qui les concerne. Pour Ellena, ce fut l'occasion de voir son époux briller devant tout le royaume. Pour le seigneur de Kayce, ce tournoi était un vitrine. L'occasion de nouer de nouveaux partenariats commerciaux avec les maisons les plus influentes. La superbe bête que montait son beau-frère, issue des haras de sa maison, se débrouillait à merveille malgré l'effervescence et la tension des joutes. Pour eux trois, cet évènement pourrait se montrer plein de promesses.

« Une performance des plus remarquable, cher beau-frère. »

Affublé de ses atours les plus raffinés, bien loin de l'armure et des mailles qu'on pouvait lui connaitre, Darren avait fait le déplacement depuis la lice pour saluer l'époux de sa sœur. Sans s'en douter, le jeune chevalier représentait les intérêts de leurs deux maisons, si bien que le chef des Kenning ne se refusait à aucun effort pour le voir briller. Lui qui autrefois n'était guère un animal social avait foncièrement changé depuis la trêve entre le Trône de Fer et le Dragon de l'Est. La nouvelle place de sa maison dans l'Ouest et les multiples accords qu'il avait conclut l'y avait rapidement contraint.

« Ellena ne vous accompagne pas ? », questionna le vainqueur avec un certain regret dans le ton.

« La grossesse ne sied guère à ma chère sœur. Elle est très enthousiaste suite à votre victoire. Peut-être trop. Croyez-moi, il vaut mieux pour nous tous qu'elle s'en tienne à assister aux épreuves. Pour votre propre quiétude. Votre prochain adversaire sera Lord Patrek Mallister, seigneur de Salvemer. », énonça t-il finalement comme pour justifier cette mise en retrait. Face à un adversaire de cet acabit et de ce prestige, Aryn se devait de rester concentré. Il avait beau être débutant dans l'art de la joute, certains noms avaient de quoi susciter l'intérêt et le respect chez les concurrents. Ils conversèrent donc un moment à propos de la nouvelle épreuve qui attendait le Lydden, Darren l'enjoignant à se montrer prudent à bien des égards. Tant face à l'expérience de son adversaire, que dans la joute elle-même. Risquer de blesser le seigneur de Salvemer n'était en rien compatible avec ses intérêts...

Lorsqu'on appela à nouveau son nom, Aryn était déjà en selle. Son écuyer tenant fermement la bride du fier animal, il guida son maitre en direction de la lice. Saluant également son adversaire, et après un nouveau regard en direction de son épouse, le chevalier flatta l'encolure de sa monture pour la préparer à un galop qui risquait de se montrer des plus intense. Lance en main, écu dans l'autre, il lutta pendant quelques secondes contre l'enthousiasme de l'étalon. Maitrisé pour le moment, l'animal s'élança en avant avec une fougue presque surnaturelle sitôt lâché par son cavalier au signal du héraut. A nouveau lancé à pleine vitesse, lance en avant contre un adversaire plus expérimenté, il ne pourrait compter que sur deux choses: la fougue de la jeunesse et la chance.

Restait à voir si l'une ou l'autre n'allait pas lui faire défaut dans ce duel...

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