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[Flashback] L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux [Richard Morrigen]

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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Impossible, non, il n’avait pas pu faire cela, c’était impensable, irréel. Pour sûre, j’étais donc en train de rêver, voilà pourquoi ce lieu semblait si majestueux, voilà pourquoi tout se passait si bien. Voilà donc pourquoi le cadre était si bon enfant, si simple et sans attaches avec les difficultés du monde. Les Sept me pardonnent, mais le réveil serait malgré tout bien difficile aujourd’hui. Tout me paraissait si réel, la sensation de l’eau, le vent qui s’engouffrait dans mes cheveux humides, la chaleur de ce corps contre lequel je me trouvais blottie. Bientôt, l’on viendrait me réveiller, bientôt, cet autre Richard Morrigen frappera à ma porte, dans ce monde que je cherchais à fuir, nous irons dans les jardins, nous ne parlerons que de peu de chose, et il se lassera de ma présence avant que je n’avoue apprécier la sienne. J’étais alors apeurée, et si cela venait à virer au cauchemar ? Si ce répit n’était que factice et de courte durée ? Rien ne présageait une fin tragique, mais il était si peu aisé de croire à une éclaircie joyeuse à présent.
L’envie de me pincer violemment le poignet se fit présente et tout aussi pressante, mais s’il ne s’agissait pas d’un rêve, alors, en plus d’être trempée, je serais ridicule, et s’il se trouvait que je sois bloquée dans un rêve, il serait malheureux de l’interrompre en si bon chemin. J’avais l’assurance hypothétique de me réveiller en pleure si cela venait à tourner au mauvais songe.

L’eau s'engouffrait dans mes vêtements, n’épargnant aucune parcelle de tissus, s’y infiltrant avec force, jusqu’à faire se mouvoir les baleines du corset. La tenue devint lourde, m’entraînant vers le fond, progressivement. J’étais alors obligée de m’agripper au cou du galant, avec toute la maladresse du monde, homme qui continuait d’ailleurs de me tenir comme si j’étais le plus précieux des présents. Comme si j’eus été son épouse. Que l’idée était plaisante, une robe, des visages heureux… Le mien radieux. Un second rêve éveillé. Mais qu’elle fut aussi irréaliste cette même idée. Pourtant, lac figé ou mer impétueuse, les dangers des eaux étaient toujours bien là, et je ne pouvais me laisser couler. Mes doigts se figèrent dans sa nuque, serrant quelques éparses mèches de cheveux humides, par un réflexe que j’aurais préféré oublier, alors que celles des couches supérieures tambourinaient mon derme de gouttes légères et fraîches.
J’attendais sagement qu’il me remonte, trop apeurée pour pouvoir le faire par mes propres moyens. Me noyer n’était pas une solution viable. Évidemment que ma tenue allait en souffrir, comment pouvait-il en être autrement ? J’étais trempée jusqu’aux os et à chaque nouveau coup de vent, je manquais m'enrhumer, mon corps séchant, coincé entre ciel et mer.

Mon regard se portait dans le sien, il me dévorait, de ses serres, il déchiquetait cette immonde mais rassurante carapace. Et, sans m’en être rendu compte avant, il se trouvait si proche. Son visage avait violé l’espace privé du mien, et il serait mentir que de dire que le mien n’avait pas fait le même chemin. Comment le repousser maintenant ? Alors qu’il murmurait mon prénom d’une voix si douce et rassurante, d’un ton qui me suppliait de le laisser agir, qu’il me serrait comme l’oiselle innocente et naïve que j’étais ? Naïve, mais pas au point de ne pas pouvoir imaginer ce qui allait suivre pour autant. Fallait-il que cela cesse maintenant ? Que je me réveille. Ce Richard Morrigen bravait un à un les interdits que je m’étais fixé, déverrouillant mes inhibitions, et je le laissais faire, pire encore, je saluais son audace. Si cela continuait, j’allais même finir par l’encourager à poursuivre toutes ces folies. Si tout ceci n’était qu’un songe, il pouvait bien me dévorer vivante.

Mais si tout ceci n’en était pas un ? Je reprenais conscience du danger, j’étais même horriblement consciente de celui qui planait à cet instant. J’étais imprudente, une fois de plus. Et ce sont ces mêmes imprudences à l’égard des hommes qui avaient délié ma langue ce jour-là auprès des mauvaises personnes. Si je ne souhaitais à personne de vivre ce que j’avais vécu, ce n’était certainement pas pour en faire une seconde fois l’expérience.
Pourtant, dès l’instant où ses lèvres vinrent caresser les miennes, je n’eus plus l’envie de faire marche arrière. Plus l’envie de résister non plus. C’était horrible de se refuser à telle caresse. Il était trop tard maintenant, il fallait que je goûte à ce fruit tendu à mes lèvres frêles et blessées. Je n’aurai pu dire qui avait réellement pris les lèvres de l’autre, mais j’étais sûre de la véracité de ce baiser. Je lui avais cédé, une fois de plus.

Mon esprit m’insultait, m’incendier de noms d’oiseaux que mon éducation m’interdisait d’employer. Qu’allais-je faire à présent ? Son visage s’éloignait déjà du mien, non, il s’éloignait enfin du mien. Plus rien n’avait de sens réel à mon esprit, il était en train de tout chambouler, de briser cette stabilité fragile, avec une telle aisance…

Vint alors s’ajouter à l’équation un silence pesant, mais probablement nécessaire, du moins était-ce l’idée que j’en avais jusqu’à ce qu’il ne prenne la décision de le briser. Je tournais mon regard vers le sien, j’étais rouge comme si je venais d’être giflée, je devais fuir, mais je demeurais à son côté pour l’écouter. Ses paroles me brisèrent. La fin du rêve. Une proposition ? C’était un terme bien trop vague pour être honnête, bien trop évasif pour me permettre d’accepter cela. Je devais le couper dans sa lancée. À cet instant précis, j’implorais une dernière fois les Sept de venir me sortir de mon sommeil, de m’éloigner de ce songe qui s’était joué de moi.

Mes réflexes refirent surface, la carapace se mouvait autour de moi pour me protéger à nouveau. Si je ne cherchais pas à me débattre, ce n’était alors que pour ma propre survie : s’il venait à me lâcher, j’allais me noyer. Si je ne hurlais pas, ce n’était que par la simple crainte qu’on ne me fasse taire de force. Mon cœur vint à s’isoler au fond de ma poitrine, douloureusement, enfermant en lui le peu de dignité qu’il me restait. Sans pouvoir les contrôler, des larmes déchirèrent mes joues en sillons, se mêlant aux infimes couches d’eau qui refusaient d’être absorbé tant par ma peau que par l’air. Terrifiée, je balbutiais :

“P… Par pitié.. Si mon attitude a pu… porter à confusion… J’en… j’en suis désolée. Je ne voulais pas… V… N’allez pas croire que vous êtes un homme déplaisant, mais… ce n’est pas possible, je suis désolée Messire Richard Morrigen, fils de Damon Morrigen…”


Je sentais mon âme s’enfouir tout au fond de ma personne, je perdais des couleurs et je me sentais devenir blême. Si j’étais née avec une peau diaphane, je n’osais imaginer la teinte que j’arborais maintenant. Ma voix s’étouffait en des sanglots torturés, et, ne trouvant la force de le repousser, je vins me cacher contre son torse, avant d’une voix malade :

“S’il vous plaît… Je ne veux plus jamais avoir à vivre cela…”


electric bird.

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Je ne compris pas trop ce qui se passa ensuite, tout ce que je pouvais attester c’est que maintenant je me retrouvais avec une jeune femme en pleurs dans mes bras et sûrement pas parce qu’elle estimait que le lac allait être bientôt à sec. Son ton haché réussit à me faire parvenir quelques mots à mes oreilles, des mots qui m’arrachèrent un froncement de sourcils. Doucement, délicatement, je posais mon index sur ses lèvres puis mon pouce vint chasser les gouttes qui perlaient sur ses joues.

« Doucement, doucement Talya. Calmez-vous, attendez que j’aie terminé de parler. »

Mes yeux rencontrèrent les siens alors que le soleil nous réchauffait doucement.

« Je me doute fortement de ce à quoi vous faites référence, je ne connais pas certes les détails mais je saisis la majorité de ce que vous avez pu traverser. »

Mon regard se fit plus dur, les yeux redevenant deux abîmes noires sans fond, prêtes à dévorer. Ma mâchoire se serra alors que j’articulais d’un ton sans aucune équivoque.

« Cela n’arrivera plus jamais. Soyez en sûre, quand je déclare quelque chose, il faut prendre cela comme parole de Septon. »

Mon visage se détendit alors que mon regard s’adoucit, mes yeux revinrent retrouver les siens. J’ajustais sa position dans mes bras alors qu’elle était blottie contre mon torse.

« Ce qui fait que nous arrivons à ce que je souhaitais vous dire avant que vous vous emballiez telle une jeune jument devant un serpent… Ma Dame… Talya… Je souhaite devenir votre Lord Protecteur. Jamais plus quelqu’un ne vous fera ce que vous avez subi…. Vous méritez une Protection… Et je désire être à vos côtés… Laissez-moi occuper cette place. »

J’étais on ne peut plus sérieux. Il m’était impensable de la laisser errer seule dans un monde comme Westeros, un monde qui dévorait tout de go les jeunes femmes comme elles. Doucement, je fis quelque pas dans le lac avant de gravir la berge avec Talya dans ses bras. L’eau coula doucement sur le sol alors que j’allais la déposer doucement sur la peau de bête qui servait de couverture pour Talion parfois. Je lui tendais un morceau de tissu pour qu’elle sèche sa peau.

« Je ne veux plus que vous ayez peur, nous nous connaissons depuis peu mais sachez que c’est ce que je désire pour vous comme pour moi. »

Avançant le bras, je ramenais vers nous les provisions tirant les fruits du paquetage pour lui tendre une orange venant des contrées du sud. Se faisant, je prenais mon épée et posais le genou à terre lui tendant mon fourreau portant le blason du corbeau en argent, un peu passé. Il avait appartenu à Seigneur Notre Père. Je baissais la tête.

« Lady Talya Baelish, acceptez moi à vos côtés en tant que Lord Protecteur. Que je sois votre lame quand le danger se fait sentir et votre bouclier quand vous avez besoin de protection. »

Je n’osais pas relever la tête, pas tant qu’elle n’avait pas répondu. Mes yeux fixaient l’herbe humide, même les chevaux nous regardaient les oreilles levées aux aguets. J’avais encore la pensée de ce qui s’était passé dans le lac, elle avait pleuré. Plus ça allait plus les phantasmes de ce qui lui était arrivé se précisaient prenant des formes de plus en plus diverses avec une proposition qui revenait le plus souvent : Les Fer Nés qui s’étaient bien agréablement servi dans le giron de Talya Baelish.

Je fermais les yeux, histoire de chasser les pensées on ne peut plus belliqueuses et écœurées qui naissaient dans mon esprit ainsi que ma mâchoire qui venait de se serrer violemment, laissant entendre un craquement plus ou moins sonore.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Pourquoi avais-je agi de la sorte ? Je me trouvais la première être dans l’incapacité de me comprendre à cet instant. Tout aurait été mieux que de lui déclarer ça. Pourquoi m’être renfermée pour lui faire part de façon si énigmatique de cet horrible secret qui entravait ma liberté d’agir ? J’étais pourtant d’accord avec moi-même à ce sujet : personne ne devait savoir. Mais maintenant, il pouvait comprendre, je ne pouvais faire marche arrière, et au fond de moi, j’avais cet étrange sentiment de ne pas le vouloir. D’assumer d’avoir enfin pu le confier, c’était une délivrance minime mais douce. Mais pourquoi à lui ? Comment cet homme dont j’ignorais l’existence la veille pouvait avoir ce don de me chambouler avec tant de facilité ? Je n’arrivais plus à reconnaître la jeune femme que j’avais forgée ces dernières semaines, il était en train de la détruire au profit de celle qui s’était enfoui pour ne plus être blessé. L’unique Talya en somme.
Perdue dans les méandres de mon âme en peine, je sentais les sanglots se calmer, la douleur se muant en honte d’avoir pu être si faible devant ses yeux bienveillants.

Je devins passive, regrettant amèrement le peu d’actions que j’avais pu entreprendre jusqu’alors. La seule qui ne me semblait pas être regrettable eut été d’avoir répondu à son baiser. Étrangement. Je recouvrais lentement contenance en m’apaisant de ses paroles, qui me parurent emplies d’une honnêteté indéniable. Malgré tout ce que je lui faisais subir, le galant Corbeau se trouvait toujours doux à mon égard. À chaque fois que j’avais pu fauter à son encontre, il n’eut jamais semblé m’en tenir rigueur. J’avais agi si instinctivement face à ses propos que je n’avais même pas pris la peine de réfléchir avant de le repousser. Si seulement cela s’était passé autrement. Comment avais-je pu le confondre avec un Fer-Né à soif de chairs ? Pire encore, comment avais-je pu douter de ses bons sentiments ? Lui qui faisait preuve de tant de bienveillance et de recul sans savoir les maux qui blessaient mon âme. Je ne pouvais que m’en vouloir maintenant. Le temps des regrets, voilà bien longtemps qu’il n’était venu me rencontrer.
Dans le fond, n’était-ce pas simplement parce qu’il ébranlait ma protection, que je me sentais si démunie et enclin à agir si primitivement ? Qui fallait-il réellement protéger ? Moi de lui ? Ou lui de moi ?

“Sa Dame”, contre toute attente, ces mots me réchauffèrent le cœur plus qu’ils ne vinrent me causer du tort. Jamais un homme qui manquait de respect à une femme ne pouvait l’appeler de la sorte, avec une voix si déterminée. Jamais un homme qui voulait avoir le con d’une dame ne se serait proposé en tant que protecteur. Plus il parlait, et plus je me rendais compte d’avoir été idiote. Chacun de ses mots trouvèrent écho dans mon esprit malade, alors que toutes larmes disparurent, ayant été plus qu'illégitimes dans la présente situation. Ou alors devais-je pleurer de joie ? N’était-ce pas tout ce que je demandais en silence ? Que l’on me protège. Mais de quoi ? Alors qu’il se mouvait, je demeurais blottie contre lui, le regard égaré dans le tissu humide de son haut, allant me replier sur moi-même lorsqu’il déposait mon corps trempé sur la peau de bête. Les genoux contre la poitrine, une protection de plus.

Faim ? S’il était une chose dont j’étais sûre de ne pas avoir, c’était bien une sensation de faim. Mon estomac était serré, tant par les bouleversements causés par ma propre attitude, que par la proposition que venait de me faire Richard. Un Lord Protecteur ? Y avais-je seulement droit ? En soit, non, mais lui refuser cela, après tout ce que je lui avais fait subir, après tout ce qu’il avait encaissé en gardant ce même sourire, alors qu’il endurait tantôt énigmes, tantôt ton détaché, lorsque je n’évitais pas de le regarder tout simplement. Plus je m’étais enfermé, et plus il avait su faire preuve de douceur.

Le fourreau de son épée dansait alors devant mes yeux, semblant n’attendre que ma main. Celle-ci ne se fit pas plus prier pour venir s’y déposer, le caressant alors que je déposais un regard perdu sur ce dernier.
N’était pas finalement le meilleur moyen d’exorciser le mal ? Ici, je ne pouvais décemment être mon propre bouclier sans devenir une personne détestable. À chaque fois que je cherchais à me protéger, je finissais dans un odieux état d’instabilité. Pourquoi eut-il fallu que je le blesse pour m’en rendre compte ?

Basculant sur mes genoux calmement, je laissais ma main quitter le fourreau pour venir s’aventurer contre son menton encore humide. Ainsi, je pouvais exercer une légère pression sur son visage et lui permettre de le redresser. Mes traits s’étaient apaisés, en dépit des sillons sales qui recouvraient mes joues, j’arrivais à sourire, mon regard le suppliant d’accepter mille excuses, avant de lui déclarer :

“Il vous faut alors savoir que je suis le premier danger qui me menace.”


Mes doigts vinrent à la rencontre de sa joue, caressant son derme perdu sous sa barbe. Il était plus que temps d’arrêter ce jeu, de retirer mon masque. Pour lui du moins.

“Et… Même si cela n’est pas raisonnable, ou protocolaire… J’accepte.”



electric bird.

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Elle avait accepté, ses doigts courant sur mon menton m’intimaient gentiment de me relever. Chose que j’accomplis immédiatement. Mes genoux craquèrent légèrement en faisant cela, signe que vraiment je n’étais pas assez entrainé, Guyard allait devoir s’occuper de moi séance tenante. Il fallait que je lui en touche un mot. Mon épée retrouva mes hanches ballotant légèrement et mes mains vinrent prendre les siennes.

« Sachez que si un jour vous vous sentez apte et que l’envie vous vient de vous confier, vous trouverez toujours une oreille attentive en ma personne, j’ai une petite idée de ce que vous avez pu affronter. De ce fait, votre comportement en ma présence me parait plus qu’adapté ne vous en faites pas. »

Oui elle était très fragile et moi j’avais agi sans réfléchir, poussé par mes sentiments, telle un lourdaud sans cervelle. Un sourire rassurant naquit sur mon visage, il fallait qu’elle comprenne que de moi ne pouvait émaner que des attentions et des sentiments positifs à son égard. Mon ton se fit plus dur alors que ma main se crispait sur la garde de mon épée.

« Quant à ceux qui vous ont ça… Ils vont payer, sachez que je ne romps jamais un serment. »

Elle avait besoin de protection et je ne voulais pas laisser cette tâche à quelqu’un d’autre. Je m’installais à mes côtés sur l’herbe, sans grande vergogne je retirais ma chemise pour l’essorer dans un soupir.

« Ne vous en faites pas, quand il s’agit de servir et protéger je suis bien moins… spontané. Du moins spontané dans ce genre. »

Je lui décrochais un léger sourire doublé d’un clin d’œil avant de prendre de la viande séchée et en dévorer un morceau. Ma chemise alla se loger sur une branche d’arbre attenante. Me souvenant du regard de la jeune femme à mes côtés, j’eus un déclic, juste le temps de me couvrir d’une peau pour qu’elle ne soit pas dérangée.

« Parlez-moi de vous Talya… Quand vous êtes arrivée ici, c’est à peine si Seigneur Mon Père nous a parlé de vous, tout du moins à moi… Vous venez du Val donc et vous êtes de famille avec Lord Petyr ? »

Je mastiquais la viande tâchant de ne pas faire trop de bruit. Mon attitude paraissait sûrement très curieuse et donc carrément déplacée envers une jeune femme comme elle. Pour minimiser les choses, j’ajoutais la bouche semi pleine, quelques mots rassurants.

« Ne vous en faites pas, à chaque question que je pose ; vous êtes totalement libre de m’en poser une vous aussi. »

J’eus un léger rire, cela sonnait un peu comme un jeu d’enfants mais pourquoi pas après tout. Sans plus de cérémonies, je m’allongeais dans l’herbe profitant du doux contact de la peau de bête sur mon dos. Mon ventre se retrouva un tantinet découvert.

« Ne vous en faites pas, ici personne ne vient nous déranger à moins qu’on vienne m’annoncer quelque chose de très urgent. »

Je poussais un soupir de soulagement, les bruits de la nature qui nous entouraient me faisaient le plus grand bien, cela changeait des cris et soupirs énervés du château. Je me redressais sur mes coudes et la regardait intensément. Le rouge me montait à nouveau aux joues.

« Pardonnez ma témérité… Mais je souhaiterais vous embrasser à nouveau Talya. Vos lèvres sont un délice… »

Je me raclais la gorge, visiblement gêné de ma dernière assertion.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Ce qui est mort ne saurait mourir, telle était la devise des gens qui m’avaient enlevé. Même si cette pensée m’arrachait un sourire amer, les faits étaient bien là. Ce qui était fait ne saurait être changé, il allait falloir que je vive avec ce fardeau jusqu’au jour du repos éternel. Même si je souffrais d’avoir vécu de tels événements, je n’avais nullement soif de vengeance, persuadée qu’il me suffirait d’apprendre à tourner la page, au moment voulu. Accéder à un autre chapitre pour délaisser celui-ci, simplement. Je secouais alors la tête, amenant mes mains à son poignet pour l’entourer avec douceur, tentant de défaire ses doigts solidement agrippés sur la garde de son épée.

“Ce qui est fait est fait. Je ne vous demanderais jamais d’aller me venger, ou de gravir des montagnes et braver des mers pour ce qui est déjà perdu.”


Mon regard appuyait mes paroles. Difficile de percer la noirceur des yeux du corbeau pour atteindre son âme. Je secouais à nouveau la tête pour le convaincre de chasser cette idée. Plus l’on pensait au passé, et plus l’on avait du mal à aller de l’avant. C’était un fait. Je retombais lentement au sol en délaissant son poignet, venant me placer en tailleur. C’était une position dans laquelle j’adorais être, malgré les nombreux coups de baguettes sur les genoux que j’avais pris étant plus jeune. “Ce n’est point la posture d’une dame” me répétait ma Septa, mais c’était la posture dans laquelle j’étais la plus à même d’être bien. Et c’était ce que je souhaitais être à cet instant. Retrouver cette sensation de plénitude, profiter des petits instants, sortir enfin de cette coquille dans laquelle je m’étais enfermée. Je m’en fis la promesse, je devais m’apprendre à être de nouveau Talya. C’était un objectif plus intéressant que ceux que je m’étais fixé jusqu’alors.
Alors qu’il se déplaçait, je me mis à le suivre du regard sagement, l’épiant presque au final, de peur qu’il ne décide de se volatiliser de nouveau. Après tout, s’il était prompt à se jeter dans le premier lac à sa portée, qui sait quelle folie allait pouvoir l’animer proche des forêts. Mes yeux détaillèrent alors son dos, couvert de nombreuses marques, j’en détaillais chacune jusqu’à ce qu’il ne se retourne, mon regard se faisant bien moins inquisiteur, sans se détacher de son derme. De nombreuses cicatrices, j’eus toujours pensé que cela donnait un charme non-négligeable à la peau d’un homme.

Je vins alors attraper l’orange qu’il m’avait tendu précédemment, avant de dénicher un petit couteau pour pouvoir l’éplucher sans avoir l’air d’une enfant affamée, et surtout pour ne pas m’en mettre dans les yeux, ce qui arrivait bien trop souvent quand je jouais les aventurières. Minutieusement, la peau se mit à former un rouleau avant de tomber au sol, teintant la peau d’une couleur rafraîchissante. Je coupais alors le premier quartier, sans grand espoir. Les oranges du Val étaient souvent fades, ayant perdu toute leur saveur avant d’arriver. Pourtant, croquant dans un quartier, j’affichais une mine réjouie. Le fruit était gorgé de sucre, juteux sans inonder le palet. Alors, dans un excès de gourmandise, j’en préparé un autre, avant de le dévorer, et plusieurs suivirent le même chemin.

Attrapant un nouveau quartier entre mes lèvres, je tournais ma tête en sa direction, avant de la hocher simplement. Trouver quelques informations intéressantes sur ma personne. De façon stratégique, j’aurai sûrement dû donner celles qui me permettraient d’avoir la réciproque, mais je n’avais pas la tête à ça. Bien peu me semblèrent intéressantes, mais, dans le fond, n’était-ce justement pas là que se formait l’originalité de chacun ? Ces petits détails insignifiants mais pourtant uniques.

“Petyr et moi sommes cousins. Mais je n’ai que peur de souvenirs le concernant. J’étais la cadette de ma famille et je suis la seconde héritière de la maison Baelish… Je suis née sous le premier blason qu’avait donné notre grand père, auquel je tiens énormément… On ne me prédestine pas à un grand avenir mais…”


Il était en train de se redresser. Peut-être se lassait-il de mon discours. En soit, je ne pouvais lui en vouloir, il n’était pas fort intéressant. Après tout, une femme avait rarement une vie trépidante. À sa demande, je ne pipais mots, me contentant de me pincer la lèvre inférieure, avant de déposer le restant de mon orange du côté libre de la peau déposée au sol. Je sentis mes joues devenir rouges, alors que je cherchais à faire le vide dans ma tête. Le vide total.

Une fois celui-ci fait, je me mis à pivoter quelque peu, avant de déposer ma main pour me stabiliser. Cette dernière rencontra malencontreusement la sienne, la déplaçant quelque peu tout en restant assez proche pour pouvoir ressentir sa chaleur rassurante. Mon regard dans le sien, j’approchais mon visage sans ajouter mots, cela semblait clair comme de l’eau. Mon cœur dansait au fond de ma poitrine au fur et à mesure que j’approchais de ses lippes, et, contre celle-ci, je vins à murmurer pour le faire languir :

“Quelle femme n’oserait se damner pour goûter à nouveau les vôtres ? Laissez-moi plutôt... vous embrasser, cette fois.”


Je me surprenais, mais je l’avais dit si bas, qu’il était possible qu’il ne m’ait qu’à peine entendu. Fermant les yeux, je vins l’embrasser avec tendresse, manquant faillir contre son corps qui semblait appeler le mien, ressentant ardemment le vent qui s’effondrait contre ma tenue, la gelant à chaque nouvelle rafale - du moins était-ce l’impression que j’en avais.

electric bird.

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Ses lèvres rejoignirent les miennes doucement, un vrai moment de pur délice… Je savourais cet instant sans chercher à devenir trop demandeur. Bientôt nos lèvres se détachèrent alors que mes yeux plongeaient dans les siens, malgré moi je pris une inspiration forte. Ma gorge se noua alors que je cherchais à ouvrir la bouche.

« Talya je… Je vous aime. »

Je l’avais dit. Un moment de silence nous tomba dessus comme une chape de plomb. Mes yeux croisèrent les siens alors qu’il n’y avait plus un bruit hormis celui du vent dans les feuilles. Mes yeux parcouraient sa personne, je décelais d’un coup un léger frisson, me râclant la gorge je me précipitais pour la couvrir de la peau de renards. Je n’osais lui suggérer de se découvrir, pas après ce que j’avais dit, j’aurais passé pour le prince des rustres ou un Fer Né dégueulasse… Au choix.

Un pendentif à mon cou s’agitait doucement au rythme de ma respiration. Il était en argent, un peu passé, représentant un arbre entouré d’un cercle. L’arbre de la vie qui m’a été offert par ma défunte mère, du moins par la main de Fern qui lisait la dernière lettre d’Elaine Morrigen porteuse de ses dernières volontés. Il restait là pendu sur mon torse. Mes yeux restaient fixés sur le petit arbre alors que mes joues restaient rouges de ma déclaration.

Je ne savais même pas si elle avait quelqu’un dans sa vie, si cela se trouve elle était promise à quelqu’un voire même déjà mariée. Peut-être pas encore avec des enfants tout de même… Il était incroyable que je ne réfléchisse plus quand elle était à mes côtés… Du moins le côté prévoyant et calculateur.

Les chevaux broutaient museau contre museau, ils semblaient bien s’entendre eux aussi. Mais j’avais l’impression que Talion avait réussi à aller plus vite pour séduire la damoiselle à quatre pattes que moi… Mon regard revient vers Talya. Elle était donc la cousine de Petyr, sa réputation de maniganceur dans Westeros était venue jusqu’à mes oreilles. En voilà un qui donnerait sûrement du fil à retordre au duo Lester et moi-même.

Mes yeux caressaient toute sa personne, allant de ses cheveux bruns, ses yeux couleur noisette qui me rendaient toute chose quand ils me regardaient, ses lèvres ourlées et satinées qui ne demandaient qu’à ce que je les dévore à nouveau de baisers. Sa peau diaphane et son cou ne demandaient eux aussi pas mieux à mon humble avis.

Et si elle se refusait ? Je venais tout de même de passer l’après-midi à défoncer à coup de bélier toutes les murailles qu’elle s’était bâties autour de ce trauma qui lui était arrivé. Je ne préférais pas avoir à affronter une nouvelle déconvenue. Je déglutis bruyamment avant de la regarder, prenant le temps le plus sérieux que je n’avais jamais pris, ma main vint chercher la sienne alors que mes yeux s’ancrèrent dans les siens. La gorge était nouée et le souffle me manquait. Avant de commencer à parler, je déposais un baiser sur le dos de sa main.

« Talya… Je vous aime. Je vous aime depuis la première fois que je vous ai vue et même avant cela. Je vous aimais avant même que nous existions, avant même que ce monde se forme. Chaque mouvement d’aiguilles de toutes les horloges de la création n’était qu’un prélude à notre rencontre. Chaque mouvement d'étoiles, chaque jours et nuits que les Sept ont faits, ils étaient là pour notre rencontre. Je ne suis peut-être pas un riche Seigneur qui vous donnera la vie de Princesse que vous pouvez espérer, mais à vous voir j’ai l’impression que vous en avez soupé de cette vie. Restez avec moi et vous aurez la vie dont vous avez toujours rêvé. »

Je restais là, ma main dans la sienne, mes yeux dans les siens, mon souffle s’amenuisait alors que j’étais suspendu à ses lèvres dans l’attente de sa réponse. Mes yeux qui étaient des abîmes noirs commençaient à se réchauffer, embrasés par tous les sentiments qui me traversaient à son égard.
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Richard Morrigen & Talya Baelish
Nouveau, ce sentiment de vide. Inconnu cette envie de retourner contre ses lèvres. Une douleur éparse s’éprit de mon palpitant lorsque ses lèvres vinrent à quitter les siennes, ou plutôt était-ce les siennes qui s’en étaient allé au loin. Pour sûr, il fallait se damner pour se refuser à tel délice. Voilà que j’embrassais un homme, pire encore, voilà que j’aimais embrasser un homme. Kyle n’en paraissait pas un, non, je le connaissais depuis bien trop longtemps. Mais Richard était un homme, c’était indéniable. Progressivement, mon cœur s’emballait, bien avant qu’il n’entre ouvre ses lèvres. Celles que je désirais maintenant, sans comprendre pourquoi. Non, je me mentais à moi-même, je savais pourquoi. Plus personne n’avait pu m’approcher depuis mon retour, et découvrir à nouveau ce que pouvait être l’affection... Les mots me manquaient pour exprimer cette sensation de plénitude qui s’entichait alors de mon âme.

Pourtant, il parlait à nouveau. Sa voix résonnait dans l’air. Venant rompre ce silence de mots doux que je n’avais pu entendre auparavant. Oui. De mémoire, jamais des sentiments n’avaient été énoncés à mon égard avec tant de simplicité. Aimer, voilà un verbe qui ne s’était jamais conjugué avec mon prénom. Avec tant de désinvolture, il l’avait néanmoins fait et pourtant, il donnait l’air d’être si sincère…
Mes yeux se mirent alors à trembler, à le dévisager, puis maintenant à le sonder. Se riait-il de moi ? Cherchait-il à me mener à bout, en m’embrassant, puis en m'énonçant posséder des sentiments à mon encontre ? Le temps semblait alors s’arrêter, tournant au ralenti autour de nous. Richard Morrigen venait d’ébranler l’ordre du temps. Alors, l’idée que tout ceci n’était qu’un doux rêve me revint à l’esprit. Tout était si soudain pour être logique. Depuis hier… Nous ne nous connaissions que depuis hier. Comment pouvait-il être si sûr de lui si cela n’était pas un songe ? Comment pouvait-il déclarer cela avec tout le mal que j’avais été capable de lui faire, alors que mon attitude n’exprimait que la peur à son encontre ? Était-il tout simplement fou ? Aimait-il jouer avec le feu ? Sûrement.

Et si, au final, tout ceci n’était qu’un coup de foudre ? Pouvais-je dire qu’il ne s’agissait “ni plus ni moins” que d’un coup de foudre ? Je m’étais toujours interdite de croire que ce genre de chose pouvait exister. Évidemment, dans un monde où les mariages ne se font que pour des raisons politiques… Comment croire qu’il était encore possible que deux individus, liés par un lien indescriptible ne dépendant réellement deux, puissent se rencontrer, par le plus grand des hasards ? Impensable.
Mais tout tendait à approuver cette hypothèse. Même ma propre attitude. Je ne pouvais pas nier, il était le seul à avoir fissuré la carapace. Personne jusqu’ici n’avait su avec tant d’aisance, briser les barrières de protection que je m’étais imposée vis-à-vis du monde. Comment pouvoir dire que tout ceci n’était pas prévu par une quelconque divinité omnipotente ? Et si tout ceci était réellement un coup de foutre ? Et si c’était lui alors ? Et personne d’autre après. Et si… Et si… Ils étaient nombreux à germer dans ma tête ces “et si”, ces suppositions plus alambiquées les unes que les autres, nombreuses, à venir chambouler encore l’équilibre.

Et malgré tout, je n’avais de réponse à lui apporter. Rien de concret, rien qui ne puisse satisfaire son élan sentimental.

Le souffle court, je prenais le risque de déposer mon front contre le sien. Le regard bas, ma main vint se déposer sur son pendentif. Il m’appelait, pour une raison inconnue. Je reprenais alors ce même mouvement nerveux, faisant balancer le médaillon de gauche à droite, pour faire chanter la chaîne contre son coeur. Je cherchais mes mots. Il ne fallait pas que cela soit mal interprété. Tout sauf ça. Une fois ceux-ci trouvés, je reculais mon visage, les joues brûlantes. Mes doigts vinrent à enfermer le pendentif au creux de ma main, alors que mon regard retournait chercher le sien, prenant enfin la parole, d’une voix maladroite :

“Aurez-vous seulement… le courage de m’apprendre à aimer à nouveau ? À vous aimer vous.”


C’était maladroit… Je m’étais loupée. Merde, je m’étais loupée. Ça portait à confusion. Pire que ça, c’était l’exact opposé de ce que j’avais voulu lui faire comprendre. Du moins, à sa place, je l’aurais compris de cette façon. J’avais la sensation de ne plus savoir aimer, mais j’étais dans la possibilité de l’apprendre à nouveau. J’avais cette envie irrépressible qu’il m’apprenne, et tout ce que j’avais pu dire, c’était : à vous aimer vous. Comme si aucun sentiment n’était possible. J’avais l’envie de me flageller. Je pouvais l’aimer, j’étais en capacité d’éprouver des sentiments, mais plus de le montrer, pas de lui montrer. Qu’il allait devoir en baver et qu’il fallait qu’il s’y prépare. Que même s’il n’était pas responsable de ça, il allait devoir en pâtir.
Soudain, je vins à penser à ce léger menu détail. Allait-il réellement vouloir m’aimer, s’il apprenait ça ?

“Accepterez-vous seulement… d’aimer une femme salie ?”


Je n’aspirais pas à mentir en lui disant que j’étais une femme pure avant que cela n’arrive. Mais je n’étais plus une femme respectable pour autant.

electric bird.

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Une femme salie. Cela concordait avec tout ce que je pensais. Son regard n’avait pas quitté le mien, ses mains ne se détachaient pas des miennes. Le ton de ma voix se fit rassurant, la chaleur de mes mains protégeait les siennes. Une nouvelle fois mon ton devint ferme et déterminé.

« Sachez que je ne prends pas cela à la légère et que j’estime pouvoir effleurer tout ce que cela implique. Sachez aussi que ce que vous avez entendu là de suite, ce sont des vœux et des vœux que je ne vais pas lâcher de sitôt. Pas de chance pour vous, je suis assez vieux jeu pour avoir envie de me marier avec vous. »

Rien n’allait me rebuter de sa part, le chemin serait peut-être dur mais les défis j’aimais cela. Ma main serra la sienne.

« Vous en valez la peine, vous valez tellement à mes yeux. Qu’importe que nous nous connaissions que depuis peu. Vous apprendre à aimer à nouveau est une attention de tous les jours et je suis prêt à me damner pour vous Talya. »

Il était temps qu’elle comprenne que non malgré tout ce qu’elle avait pu vivre, malgré ses peurs, malgré tout en somme… Jamais je ne la repousserai.

« Désormais je suis là pour vous reconstruire, pour rendre chaque jour de votre vie plus doux à vos oreilles que le son le plus délicieux que vous n’ayez jamais entendu. »

Prenant ses mains je les posais sur mon torse, toujours aussi dénudé de vêtements, ses doigts sur ses cicatrices Mon cœur battait à tout rompre, faisant bouger dans un mouvement de balancier le pendentif. Je déglutis doucement.

« Je vous aime. J’accepte tout de vous, je prends tout de vous, votre passé et votre présent pour que nous soyons ensembles pour le futur. »

Je l’attirais doucement dans mes bras, lui prodiguant de manière physique, ce cocon, ce bouclier qu’elle recherchait tant. La chaleur de mon corps, ayant toujours eu une température corporelle assez élevée et encore plus dans ces circonstances, la berçait doucement et réchauffait ses vêtements humides. Les chevaux nous regardaient parfois, c’était à se demander si ils comprenaient la situation ou non. Mes mains vinrent doucement caresser sa nuque alors que sa tête était dans mon cou.

« Plus jamais nous ne parlerons de ce qui vous est arrivé, ceci est terminé. »

J’inspirais et desserrait légèrement mon étreinte, si jamais elle trouvait cela un peu trop envahissant. Depuis que je l’avais rencontrée, il m’avait semblé que tout ce qui s’était passé depuis avait été écrit depuis longtemps sur le grand livre du destin que les Sept devaient posséder. Cela ne pouvait être autrement. Malgré avoir desserré mon étreinte, elle était toujours proche. Ma voix ne se fit qu’un souffle, un souffle doux à ses oreilles.

« Désormais tu peux te reposer sur moi Talya. »

A ces nouvelles paroles, mon cœur recommença à battre un peu plus fort. Oui, je devais trouver le moyen de m’unir de façon officielle avec cette femme. Au risque de voir le Mestre et Seigneur mon Père tous deux décéder d’une crise cardiaque. Le temps de dénicher un Septon lors d’un voyage sûrement… Ils aiment tous les escarcelles pleines de dragons ces gens plein de foi…

Je déposais un baiser sur son crâne doucement, collant à nouveau mon torse contre sa peau. J’avais brisé sa carapace certes mais désormais sa carapace était installée dans un endroit beaucoup plus solide et un endroit qui était largement capable de se défendre… Moi.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Au bord du précipice, un oiseau épuisé jouait les équilibristes, il avait hésité bien longtemps, les serres crochetées entre la terre et le vide. L’oiseau ne voit pas le fond, peine tout autant à le concevoir dans son intégralité. Il n’a plus d’ailes, elles ont brûlé, sont calcinées de souffrances, mais néanmoins, il saute, avec confiance et quiétude. L’image me semblait douce, je me visualisais l’oiseau, ou plutôt l’oiselle, et malgré ce trou béant, je n’eus plus peur de ce vide, j’étais prête à tomber maintenant. En bas, l’on me promettait bien des douceurs, que la chaleur étouffante du lieu dans lequel j’étais confiné ne me faisait même pas miroiter. À quoi bon rester, alors ? Étrangement, j’eus l’assurance que, s’il se trouvait en bas, et qu’il ne me rattrapait pas, j’étais malgré tout prête. C’était insensé, mais tout ce qui en avait eu jusqu’ici n’avait fait que me blesser.
Mon cœur jouait au yo-yo dans ma poitrine, s’animant tantôt du toucher, tantôt de l’ouïe, lorsqu’il n’osait pas se stopper net à la combinaison des deux. Parfois, je manquais de souffle, et c’est à ces étranges instants qu’il m’en offrait un nouveau. J’eus la sensation de souffrir d’hallucinations par moment, je vivais à travers des fantasmes allégoriques.
Et tout à coup, une douleur fantôme s’éprit de ma personne, puis le bruit d’un craquement. C’était comme… Mourir sans passer de l’autre côté. Un long frisson fit tressaillir mon corps, encore pourtant blotti contre celui du Corbeau, qui dégageait une chaleur plus que rassurante. Non, ce ne fut pas le froid, ce fut un frisson d’âme. Au loin, le bruit d’un morceau d’argile qui se brise au sol, suivi de nombreux fracas, de morcellements qui s’entrechoquent dans leurs chutes respectives. Une crevasse s’était ouverte, un trou béant dans lequel résidait une petite étincelle mourante. Un petit être chétif tournait son regard vers moi, ce petit être pourtant, ce n’était que le reflet de ce qui me restait.
Brutalement, je prenais conscience de ce qu’il était en train de se passer. Au-delà de briser la carapace, il l’avait complètement détruire, me laissant à nue face à lui, dans son monde inconnu.

Et j’étais là, enfouie contre son torse, bercée comme l’enfant qui vient de naître, à abuser sans gêne aucune de toutes les choses qu’il savait m’offrir. De ses paroles, de sa chaleur et de ses promesses, je n’en perdis pas une miette, les dévorant pour y puiser la force dont j’avais besoin. Je demeurais toujours silencieuse, avide de cette aura brûlante mais néanmoins rassurante qui entourait toute sa personne. Ma vision devint progressivement trouble, recouverte d’un voile qui semblait prendre en opacité au fil des secondes qui s’écoulaient. Mes yeux étaient gorgés de larmes, non pas de tristesse, mais de délivrance, de perdre enfin ce poids qui encombrait mon cœur. C’était égoïste, mais qu’est-ce que cela me faisait du bien.
Pourtant, je n’osais fermer les yeux pour les laisser s’échapper, de peur qu’avec elles ne s’en aillent le jeune Corbeau. De peur que le rêve ne prenne fin ici, qu’il me laisse seule avec un fantasme dans l’âme. Si tout ceci n’était qu’un rêve, comment pourrais-je l’affronter dans un monde différent que celui-ci ? Impossible. Je tanguais entre de nombreuses émotions, parfois liées, parfois contraires, des flots tumultueux qui bouleversaient tout et tous sur leur passage. Où donner de la tête maintenant ?

Dans un réflexe plus que primaire, ma main se portait à son pendentif, le faisant chanter à nouveau, et quand sa mélodie pouvait devenir lassante, je reprenais en canon l’air avec le mien. Ils ne s’accordaient pas, mais semblaient être prompts à se compléter. C’était une mélodie apaisante, parfois tremblante, mais la maladresse offrait un son unique à cet événement-ci. J’espérais, sans trop de convictions, qu’ils ne vivent pas trop mal le silence dans lequel je me retrouvais terrée. S’il savait le brouhaha qui étouffait ma conscience, s’il pouvait imaginer. Toute cette absence de parole n’était que le fruit de la peur de l’étrangler dans une logorrhée sans fin.
Maladroitement, mes doigts vinrent à courir sur quelques cicatrices, les dessinant comme un aveugle déchiffre les visages, comme un enfant s’éduque à la reconnaissance des êtres qui lui sont chers. Je vins à me concentrer sur certaines, plus imposantes ou plus significatives que les autres, déposant à leur encontre moult hypothèses sur les origines et les histoires qu’elles pouvaient renfermer.

De nouvelles minutes passèrent, avec elles, quelques larmes dissimulées, se noyant dans l’humidité de la peau de Richard, trempée par mes vêtements qui me collaient à la peau comme s’ils étaient prêts à fusionner avec cette dernière. Ainsi peut-être, ne s’inquiéterait-il pas d’y ressentir quelques gouttes de plus. Je vins enfin à me décoller de son cou, dans lequel j’eus déposé quelques baisers chastes pour ne pas le laisser de reste. Je me laissais renaître, avec moi, un sourire maladroit sur le visage, les doigts encore tremblants et le regard épris automatiquement par le sien. Il m’était difficile de comprendre qu’un homme puisse être d’une nature si douce et prévenante. C’était nouveau, tellement que j’eus peur de tout gâcher, en agissant avec précipitation, ou encore en prenant plus de temps que nécessaire.
Mes doigts glissèrent alors de son médaillon, pour venir se blottir contre son derme que je crispais sans le vouloir, en quête d’une stabilité primaire. J’approchais mon visage du sien, emprisonnant ses lèvres des miennes, mordillant même l’inférieure sous un excès de folie. Tout ceci fut trop beau, et, comme à mon habitude, je venais tout gâcher en parlant d’une voix coupable et quelque peu attristée :

“J’aimerai tant pouvoir t’en promettre autant, Richard.”


Mais tout ceci me semblait encore impossible, et j’en étais profondément désolée pour le Corbeau. Combien de temps allait-il devoir m'attendre de la sorte ?

electric bird.

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Elle aimerait m’en promettre autant, mais cela ne tenait qu’à elle. Je la sentais là dans mes bras, contre mon torse ; elle avait encore des airs d’oiseau apeuré. Je déposais mon visage contre sa nuque avant de murmurer d’une voix plutôt calme.

« Pourquoi dis-tu cela ? Quelque chose t'en empêche ? »

Evidemment que je ne savais rien d’elle, du moins rien de plus que ce que les autres dans Nid-de-Corbeau savaient. Une femme comme elle était très sûrement promise à un seigneur de haut rang, voire même à Port-Réal. Et moi qui étais-je ? Le second dans la lignée d’une maison des terres de l’orage, une maison qui, tant que Damon Morrigen était là, n’était sûrement pas prédestinée à faire de grandes choses. Lester s’en plaignait souvent mais c’était le cas. Seigneur notre Père n’avait pas de grandes ambitions à part bouter sec tous ceux qui se présentaient sur ses terres et encore plus quand ils portaient le nom de Connington.

Les rouages de mon cerveau tournaient alors que j’étais perdu dans mes réflexions et absorbé par la douceur de sa peau contre la mienne. Une idée me vint, une petite idée qui allait devenir une obsession.

« Je sais ce que nous allons faire… Du moins si tu es d’accord. »

Mes yeux rencontrèrent les siens.

« Si tu souhaites que nous soyons liés et ce hormis la distance et le temps, alors viens ici demain soir. Viens avec quelque chose de toi pour moi. Je serais là à attendre. Si tu ne le veux pas et bien je comprendrais, mais tu me trouveras ici sois en sûre. »

Oui, je lui proposais une sorte d’union, du moins quelque chose qui y ressemblait, sans en mettre vraiment les formes. Si elle voulait de moi, elle viendrait, sinon et bien cela voulait dire que mon heure n’était pas encore arrivée.
Dans l’attente de sa réponse, je la gardais contre moi. Elle avait certes toujours cet aspect d’oiseau apeuré mais quelque chose semblait s’être libéré en elle, un verrou était tombé ; désormais elle pouvait étendre ses ailes pur voler. La question était de savoir si elle allait voler vers moi ou non.

Fort de toutes ces pensées qui traversaient mon esprit, je ne pus m’empêcher de rajouter.

« Ça sera toi et aucune autre Talya. Sache-le. »

Un léger frisson passa sur mon épiderme alors qu’il ne faisait pas froid, alors à quoi était-il dû ? Sûrement à la pensée de ne peut-être trouver personne demain soir, ou pire tomber sur mon père ou Fern, avec des remarques déplaisantes plein leur gosier et prêts à me faire comprendre que quand on était l’héritier, même le second en lignée, on ne se comportait pas ainsi.

Mon cœur battait plus fort que ce que je pensais alors que je la serrais contre moi, la laissant jouer du bout des doigts avec mon pendentif. J’eus un léger regard vers le ciel plus ou moins nuageux et, malgré mon statut d’homme d’assez peu de foi, leur adressais une prière silencieuse pour que je puisse échapper à la déconvenue ou tout de moins aux brimades de l’autorité familiale.

Inspirant doucement, mon regard se porta à nouveau sur la jeune femme dans mes bras. Je pouvais comprendre combien elle était perdue, j’étais passé dans son univers en faisant au moins autant de dégâts qu’un dragon Targaryen lâché en pleine bataille.

« Prends ton temps pour me répondre si tu le souhaites. Egalement, si tu souhaites rentrer à Nid-de-Corbeaux, je n’attends qu’un mot de toi et un seul. »
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
“Je ne veux pas rentrer.”

J’eus murmuré cela d’une voix très calme et très sûre des mots que j’employais alors. Ils n’étaient certes pas nombreux, ce n’était point une tirade forte intéressant, mais chacun des termes portait un sens tout particulier. Dans mon esprit, cela sonnait presque comme une évidence, une lueur lumineuse et éblouissante, une vérité limpide au travers de cette obscurité de pensées changeantes et éparses.
Une autre évidence se dessinait alors en une esquisse grasse et grossière : à Nid-de-Corbeaux, personne n’était en train de m’attendre, ni même de nous attendre. Le château de la maison des Corbeaux me semblait bien loin à présent, à l’autre bout d’un monde, à mille lieux de ce calme serein qui régnait ici en maître, dans ce sanctuaire qui n’appartenait qu’à “nous”, puisqu’il s’était laissé tenter à m’y laisser entrer. Non, je ne voulais pas y retourner, plutôt ne voulais-je plus à présent. Je ne souhaitais plus affronter cette réalité violente et blessante, lorsqu’un monde si doux s’offrait à moi, à porté de doigts. Était-ce lâche ? Je n’aurais trop su en juger par moi-même, j’étais bien trop perdue pour cela, bien trop chamboulée. Trouverait-il cela lâche de ma part ? J’eus inconsciemment prié les Sept que cela ne puisse arriver.

Trop tard. Oui. Il était maintenant trop tard pour revenir en arrière, et je ne le souhaitais pas. C’était absurde, presque inquiétant, cette façon dont tout se mouvait à l’opposé des événements précédents. Je songeais alors à la proposition qu’il venait de me faire. Une bien étrange proposition. Chacun de ses mots frappaient dans ma tête, chaque morcellement de sa phrase se répétait, à l’infini, s’alliant à un nouvel éclat de paroles, comme si je ne pouvais m’empêcher d’y chercher une faille quelconque, ou alors un sens caché.
Je buvais les paroles de cet homme, je cherchais la trahison dans son honnêteté. Je vins à m’en vouloir. Un sens caché ? Y en avait-il seulement un ? Non. Même après mures réflexions, tout ceci ne pouvait qu’être on ne peut plus clair, c’était même limpide, et pourtant presque impensable. Tout se précipitait, tout échappait à mon contrôle, peut-être même au sien. Mais… si tout allait si vite, n’était-ce pas simplement parce que le destin nous avait tout deux menés ici ? Si tout était écrit, pourquoi chercher à comprendre une quelconque logique inébranlable ?

Je ne possédais presque rien, ainsi, la liste de mes biens n’était pas faite pour s’étaler en dizaines de parchemins, contrairement à des familles plus nobles - la sienne peut-être en l’occurrence, et la liste de ceux que je possédais en ces lieux, se trouvait écourtée de plus de la moitié, amputée même d’une large bande de papier griffonné. Cet objet devait tout autant m’être cher, mais ne pas l’être non plus démesurément pour ma famille, puisque j’allais le placer entre ses mains, ce qui n’arrangeait rien à la manœuvre. Ma vie n’était en rien constitué d’objets de valeur, premièrement parce que ma famille n’eut amassé de trésors, pour sa naissance récente en Westeros, mais aussi pour son manque d’ambition, qui n’était résolu que par mon cousin, et qu’ainsi nos biens se trouvaient limités, mais aussi parce que je ne me sentais pas de convictions matérialistes, et que, de ce fait, je ne tenais qu’à bien peu de chose.

Une maigre liste non-exhaustive se construisit alors dans mon esprit, l’un de ces objets se démarquait alors du lot. Ce serait celui-ci, assurément, celui-ci et aucun autre. De la même façon qu’il m’exprimait être celle qu’il lui fallait. Il m’était cher, assez pour que son absence soit remarquée, mais aussi assez pour pouvoir le placer entre ses mains en toute confiance, et ne pas oublier qu’il se trouverait à son côté. Mes yeux s’étaient perdus dans l’immensité du monde, ou plutôt dans l’étendue du sien. Un frisson parcourait mon corps, le déplaçant de quelques millimètres à l’échelle de son envergure. Quelques instants, son visage se dessinait dans le paysage, ses yeux noirs dans les miens, cette âme sondait la mienne, et je n’y opposais aucune résistance. Comment avait-il pu fendre le masque avec tant de facilité ? Il me semblait impossible d’être en mesure d’expliquer cela, plus improbable encore d’y songer lorsque je me trouvais là, contre lui, avec cette chaleur qui pouvait être étouffante au premier abord, mais qui ne cessait de me rendre “heureuse”. Et j’aimais être heureuse, oui, je redécouvrais ce plaisir-là. Alors, même si sa présence ôtait toutes formes de raisons, de réflexions convenables, je me contentais de cesser de chercher logique et raison.

Une petite mimique s’était alors étirée sur mon visage, quelques instants plus tard, un bruit s’était échappé de la main que j’avais pu placer devant ma bouche, juste à temps. Un éternuement. Le premier d’une série de plusieurs autres. Le froid avait eu raison de mon envie de rester ici. Assurément, nous allions devoir rentrer. Plusieurs nouveaux éternuements ébranlèrent le silence alors que quelques grelottements vinrent secouer mon derme. À contre cœur, j’eus à déclarer des mots bien moins plaisant à ma propre ouïe :

“Nous allons pourtant devoir rentrer…”

Ou peut-être allait-il rester ici ? Pouvait-il alors ressentir la peine qui envahissait mon Coeur ? Seuls les Sept connaissaient la réponse à cette interrogation. Je me redressais, difficilement, avec une maladresse certaine. Je conservais une œillade sur sa personne. Allait-il disparaître si nous partions d’ici ? Les promesses faites allaient-elles s’évanouir à l’orée des bois ?
Je demeurais néanmoins consciente d’un détail : je n’avais apporté aucune réponse à sa proposition. Était-ce chose sensée ? Ou avait-il déjà compris dans mon regard que nous allions nous revoir en ce lieu ?

electric bird.

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Elle ne m’avait pas répondu, peut-être avait-elle décidé d’éluder purement et simplement ma demande de peur de me répondre par la négative. Je décidais de ne pas en faire cas et passer sous silence ce fait. Elle avait froid, cela se voyait même si elle tentait de le cacher : le bout de ses doigts avait légèrement bleui ainsi que ses lèvres qui étaient d’habitude d’un rosé tirant sur le vermeil. Mes mains, chaudes par habitude, vinrent trouver les siennes pour prendre sa température corporelle.

« En effet, tu as dû attraper froid parce que j’ai décidé de nous faire prendre un bain. »

Le temps de me pencher derrière moi, d’attraper une couverture qui ; certes sentait le cheval, vint se placer sur ses épaules. Lui couvrir les mains et les épaules.

« Nous allons rentrer oui. »

Rentrer. Il le fallait pourtant, nous n’avions pas vraiment le choix ; ils allaient bien finir par nous chercher de toutes façons. C’en était regrettable mais inévitable. Mes yeux vinrent rencontrer les siens, je ne pouvais décemment pas faire abstraction de ma proposition.

« Toutefois, je tiens à te rappeler que tu ne m’as pas dit si nous allions nous revoir ou pas. »

Au moins je verrais à son expression si cela la dérangeait ou pas. Mais une chose était sûre, ça sera elle et personne d’autre, même si le sort venait à nous séparer et que des décisions soient prises ; je préférais aller au Mur ou être abstinent… Une chose équivalente en somme. Chassant ses sombres pensées de ma tête, je reportais mon regard sur elle. Mes doigts vinrent de nouveau prendre les siens, histoire de lui réchauffer les mains. Cela risquait de la mettre mal à l’aise mais tant pis.

« Si tu souhaites me revoir et ce pour faire ce dont j’ai parlé, alors dis juste un mot et je m’arrangerai pour le lieu et le jour… »

Le temps de murmurer doucement.

« … Et ce le plus rapidement possible. »

Mon cœur battait un peu plus fort en attendant sa réponse. Tout ce qui venait de se passer et tout ce qui allait peut-être encore se passer ensuite, tout cela personne ne le saurait. Je n’allais pas en parler à mes frères et sûrement pas à Fern… On ne parlait pas de troupeaux de moutons à un loup enragé.

Mes yeux allèrent de sa main qui reprenait des couleurs à son visage, le temps de déglutir doucement et de murmurer d’une voix qui se voulait légère.

« Une chose est sûre… Quoiqu’il arrive tu repartiras avec… »

Mes lèvres rencontrèrent les siennes, sentant immédiatement la chair rosée un peu plus froide sous les miennes. Mes bras vinrent entourer son corps, serrant la couverture qui était autour d’elle. Plusieurs secondes s’écoulèrent alors que le calme plat ne faisait aucun remous dans la clairière, à part un léger vrombissement d’abeilles près d’un bosquet de ronces et de mûres. Doucement, je me détachais d’elle sentant qu’elle avait repris chaleur et couleurs, mais à regrets.

« … ceci. »

Ma main n’avait pas lâché la sienne. Comment cela pouvait-il être possible qu’un jour elle quitte Nid-de-Corbeaux ? C’eût été comme si on m’enlevait un morceau de moi désormais. J’en conviens que tout cela était d’une vitesse impressionnante, ridicule sans aucun doute aux yeux de certains, mais que pouvaient-ils savoir ? Certaines choses ne se décidaient pas et surtout ne pouvaient pas se prévoir, même pour quelqu’un comme moi. Je crois que j’en avais lu des choses sur des livres et que cela revenait dans les histoires que notre mère nous racontait… L’amour.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
L’odeur de la couverture n’eut rien de dérangeante. Bien évidemment, pour les novices en écuries et autres activités équestres, il en aurait sûrement été autrement. Je me laissais alors emmitoufler dans celle que me proposait le cadet des Corbeaux, serrant les doigts qu’il offrait aux miens, abusant de cette chaleur qu’ils dégageaient. Je me mis alors à les caresser, espérant ainsi les garder plus longuement, ne pas rompre le contact qui nous lier tout deux, plutôt sombrer que de me défaire de cette étrange aura que dégageait l’entrelac de nos doigts.
Les minutes défilèrent, et plus elles s’échappaient à mon contrôle, et plus l’idée de devoir retourner à la demeure des Morrigen devint irritante. Là-bas n’était pas un lieu de sentiments, en ces murs vivaient un ours stratège dont le simple regard suffisait à m’horrifier, comment réagirait ce dernier en voyant revenir son invitée trempée, en compagnie de son cadet de fils alors que tout indiquait dans sa façon d’être qu’il me souhaitait voir épouser son aîné ? Je n’osais le concevoir. Je préférais de loin rester ici, quitte à y choper la mort. Après tout, ce n’eut été ni la première et sûrement pas la dernière fois où ma santé serait passée avant mes envies. La négliger quelques heures de plus ne serait pas grave, cela ne pouvait être plus grave que l’idée de me retrouver à nouveau seule. C’est comme s’il m’eut donné de l’air pour enfin respirer, mais pour mieux me le retirer par la suite.
Alors, profitais-je tant bien que mal de ce qui allait être nos derniers instants, me blottissant contre son corps comme jamais je ne m’étais enfouie contre un homme, fermant les yeux, faisant abstraction de l’odeur équestre pour me délecter de la sienne. Celle qui chamboulait tous mes sens et toutes mes pensées.

Le froid mordant ne pu bientôt plus m’atteindre, tant je m’étais serrée contre sa personne. La couverture sur mes épaules me parut presque de trop, me sentant comme une enfant au coin du feu, écoutant des histoires de géants et d’enfants des forêts. Mais là, en cet instant, tout existait réellement, cette situation, ses mots, les miens, sa douceur, celle que je tentais de lui rendre, tout était bien réel.
Une de mes mains vint pourtant à lâcher l’une des siennes, la faisant remonter calmement, de son torse à sa joue, ne délaissant jamais son derme de peur qu’il disparaisse pour cet affront. Je caressais alors son visage, son derme était doux, accueillant, et pourtant si masculin. Il n’émanait pourtant aucune violence de ce dernier, au contraire, je me sentais en sécurité, protégée, et même aimée, bien que les mots puissent paraître plus que prématurés. Tout ceci était nouveau, et comme toute nouveauté, elle possédait une aura fascinante, plaisante, mais aussi inquiétante. Inquiétant pour un futur auquel il était préférable de ne pas songer pour l’instant. Mon départ n’était pas pour maintenant, je venais tout juste d’arriver. Hier, hier était le jour de mon arrivée après ce long mois de voyage, et me voilà ici, dans les bras de Richard Morrigen. Tout ceci était totalement fou et impensable. Le monde perdait sa logique, et moi, je perdais toutes formes de résistances à sa personne.

Pour ne rien arranger, mes yeux vinrent rencontrer les siens, à nouveau, se laissant dévorer par l’abysse de son regard. Lorsque je le regardais, j’en venais presque à me dire que toutes les douleurs avaient un sens nouveau, qu’il importait peu les mois de souffrances et ce sentiment de dégoût pour moi-même, puisque tout ceci m’avait mené jusqu’ici.
Convenir d’un lieu et d’une date ? Ne l’avait-il pourtant pas déjà quelques minutes auparavant ? Ou n’était-ce alors qu’une proposition vouée à s’approfondir par mon approbation ? Mes lèvres vinrent alors s’ouvrir quelque peu pour lui faire la remarque. J’eus encore à chercher mes mots, longuement, comme une enfant découvrant l’amour. Lorsque ceux-ci furent alors trouvés, je me laissais aller à lui déclarer d’une voix douce :

“N’avions-nous pourtant pas convenu de demain soir, ici même ? Si cela te convient toujours, je serais présente.”


“Nous” semblait peut-être un bien grand mot, pour l’instant du moins, mais j’espérais ainsi qu’il comprenne mon enthousiasme, qui, s’en s’illustrer par une euphorie d’émotions, était tout de même bien réel. Oui, je ne souhaitais me contenter de ce baiser, oui, pour une raison qui m’échappait, je ne voulais déjà plus le perdre. Oui, j’étais prête, prête à prêter tous les serments du monde.
Mes lèvres vinrent caresser les siennes, en un baiser chaste et maladroit, alors que je me redressais, pour retourner auprès de Meleys. Retourner mes appartements pour retrouver cet objet qui n’appartiendrait qu’à lui n’allait pas être de tout repos.

electric bird.

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« Bien. C’est entendu donc. »

Le temps de me redresser, à regret, pour tendre l’oreille et entendre des pas de gens qui battaient la campagne alentours. On nous cherchait désormais, l’attente avait duré un moment tout de même. Lui prenant la main je la relevais, mes yeux ne quittaient pas son visage. Le mien par contre était devenu le masque d’une neutralité à toute épreuve.

« Nous allons devoir rentrer, je te dis donc à très bientôt. »

La prenant dans mes bras, je l’installais sur sa jument, quitte à paraître un peu brusque dans mes gestes mais j’étais redevenu le fils de mon père. Le temps de prendre les brides des deux chevaux et passer de nouveau la barrière de végétation qui nous dissimulait du regard importun.

Dès qu’il y eut plus qu’un feulement de feuillages, les gardes accoururent. Je me gardais de faire un quelconque commentaire sur l’acuité de leur audition. Ils s’épanchèrent en excuses et remarques sur l’état présentement du Lord Morrigen et de Fern qui était on ne peut plus effaré de mon escapade.

Après m’être tourné vers Talya, laissant une once rassurante traverser mes yeux, je me décidais à avancer vers le château. A peine arrivés dans la cour que, comme prévu, Fern se précipitait vers nous en nous bassinant de remontrances et de semonces et qui laissait présager d’un sort encore plus enviable de la part de Seigneur mon père.
La femme de chambre dévouée à Talya depuis que je lui en avais fait la demande avança elle aussi dans la cour. Les gardes ayant aidé Lady Baelish à descendre, elle se précipitait pour l’encourager à venir se réchauffer et prendre un bon bain chaud.

Alors que les gardes et Fern m’attiraient dans une direction et que Talya était tirée dans une autre. J’eus juste le temps de la regarder une dernière fois et d’articuler silencieusement.

*A bientôt*

Et déjà j’étais en train de monter les marches, de retourner vers ma chambre et me retrouver pensif dans la vasque qui me servait de baignoire. La journée semblait s’être déroulée comme un rêve éveillé. J’avais fait monter une carafe et une coupe de vin, Père n’avait rien contre les boissons alcoolisées qui étaient censées « nous endurcir »… Sauf qu’à part endormir nos sens et nous rendre au moins aussi rustres et braillards que lui…

Mes pensées filaient alors que la nuit tombait doucement sur le château. Une fois habillé et préparé, le diner avalé, je commençais à inspecter ma chambre. J’étais à la recherche de quelque chose de bien précis. Après avoir retourné les placards et les caches, je finis par trouver ce que je cherchais.

Une petite bourse en soie vint doucement prendre sa place au milieu de mon bureau. Poussant un léger soupir, je pris la décision d’ouvrir un de ces nombreux livres d’histoire de Westeros et empli de grands faits de stratèges dont Lord Morrigen m’avait dit de m’inspirer.

Sauf que mes pensées déviaient doucement vers le mur et ce qu’il y avait de l’autre côté… Le temps de m’autoriser quelques petites pensées impures en l’imaginant dans son bain. Assez pour faire naître un léger sourire évocateur sur ses lèvres. Qu’allait-il se passer si nous étions découverts ? Personne ne m’avait parlé de quelconques projets pour mon avenir, autant pour Lester et Guyard cela semblait décidé… Autant... pour moi.

Le temps de boire une nouvelle gorgée de vin et de tenter de me concentrer, mes doigts effleurant la petite poche de soie qui contenait quelque chose qui venait de prendre encore plus de valeurs à mes yeux…
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