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[Flashback] L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux [Richard Morrigen]

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Alors que je baissais les yeux, je voyais son petit doigt se tendre vers moi. Moi qui pensais avoir fait une proposition enfantine, une réponse du même acabit me ravissait. Ce fut donc une main toute aussi caresseuse qui vint lier son petit doigt au sien. Mes yeux restaient accrochés à elle alors que je murmurais.

« Promesse tenue donc ? »

Il commençait à se faire tard et froid. Le temps que la promesse soit scellée, j’étais déjà en train de lui ouvrir la porte pour la reconduire à ses appartements.

« Vous estimez que je n’ai pas à faire ça mais vous êtes notre hôte et ce par la volonté de votre père. Je suppose être le seul au courant des certaines ‘contraintes’ qui vous habitent et rende votre existence difficile. S’il vous plait ne me reprochez pas de chercher à rendre votre séjour ici meilleur. Les Morrigens respectent les lois immuables des hôtes. Vous avez rompu le pain avec nous, désormais vous possédez un statut spécial. »

Nous marchions dans des couloirs qui étaient pas ou peu fréquentés et ce seulement par des domestiques. D’ailleurs, une femme d’une trentaine d’années passait à ce moment même à côté de nous. Elle nous salua mais je lui intimais de rester le temps de discuter.


« Keira s’il vous plait, pouvez-vous rester quelques secondes. J’ai des demandes particulières à vous faire part. »

La dénommée Keira s’arrêta, elle était d’une constitution assez robuste, portait les vêtements de service qui étaient propres et bien entretenus malgré quelques taches çà et là. Ses cheveux étaient blonds, ses yeux verts et d’ailleurs ceux-ci nous regardaient d’un air étonné.


« Keira, je vous présente Lady Baelish, ne sachant pas si vous vous êtes déjà croisées. Désormais vous serez au service de Milady, je vous retire des autres services que vous aviez. Je ferais venir quelqu’un d’autre pour vous remplacer. »

Keira semblait surprise, agréablement surprise. Elle s’inclina précipitamment vers la Lady, tentant une ébauche de révérence ; pas parfaite certes mais qui était un gage de réelle bonne volonté.

« Vous serez donc désormais sa femme de chambre. Je ne doute pas que vous saurez remplir vos tâches. Votre premier travail va être de monter sous peu de temps de quoi permettre à Lady Baelish de prendre un bain et se restaurer convenablement avant la nuit. »

Keira hocha la tête, les joues encore rosées de fierté et fila vers la cuisine et la réserve d’eau. Je la regardais partir me disant que le hasard avait bien fait les choses de la mettre sur mon chemin ce soir. Je posais mes yeux sur la jeune femme à mes côtés.

« Soit chose faite. Venez, nous sommes presque arrivés. »

Le temps de monter une nouvelle volée de marche et nous arrivions dans le couloir où nos deux portes étaient mitoyennes. Sur le mur d’en face, juste un tableau représentant une vanité peinte par je ne sais quel membre de la famille qui avait la fibre artistique. Je m’arrêtais devant la porte des appartements de Lady Baelish. Une pause, un léger silence, le temps de reprendre son souffle à cause des marches. Le temps de la regarder une dernière fois avant la nuit.

« Ma Dame, ne cherchez pas quelconque machine dans mes différents gestes. Voyez-y les gestes d’un hôte qui se veut attentionné. »

Mes yeux rencontrèrent les siens, il était dur de nier le fait qu’elle était belle. Cette pensée réussit à faire monter le rouge à mes joues et me rendre muet, dans ma posture caractéristique des lèvres entrouvertes. Mes bras se retrouvaient ballants et je ne savais plus quoi faire de mes mains. Nous étions dans une bulle, très fragile.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Un visage féminin, non pas efféminé, comme j’avais pu en croiser sur le visage de Jouvenceaux sur le trajet, mais bien un faciès féminin, des traits plus doux, des cheveux plus souples, une vraie femme en somme, possédant physiquement tout l’attirail qui pouvait prouver qu’elle appartenait au même sexe que le mien. Pour sûr, si le jeune homme ne s’était pas encore trouvé dans ce couloir, il y aurait eut fort à parier que la demoiselle au doux non de Keira se retrouve avec une oiselle mourante et en larmes sur les bras. C’était le premier visage familier que je rencontrais depuis mon arrivée. Et par familier, j’entendais : qui ne porte pas de barbe, pour le coup. Jamais, jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pensé aimer autant la gent féminine. J’en venais presque à comprendre les hommes de pouvoir les aimer autant. Mais j’étais sûre de ne jamais assimiler ce qui pouvait les pousser à tant de violence. Peu importe, le sujet n’était pas là, n’était plus là et ne serait plus. Toute cette joie immense qui m’envahissait ne se traduisit pourtant que par un sourire agréable et chaleureux à son encore, mes doigts dansant d’excitation contre le muscle du bras de mon guide. Guide dont la présence ne m’importait à présent que pour les nouvelles directives qu’il offrait à la femme qui allait être ma sauveuse dans cette garçonnière géante qu’était ce château.

La voir si enjouer ne pouvait m’apporter qu’un plaisir infini. Quand était-ce, la dernière fois que l’on avait éprouvé du plaisir à être en ma compagnie ? Du moins de cette façon. Dans le Val, on peinait même à venir me servir, tant j’étais devenue maussade et fade. Cela finirait par arriver ici aussi, si je n’apprenais pas à me reprendre. Même, si, en allant au fond des choses, avoir si tôt sa propre femme de chambre me mettait quelque peu mal à l’aise. Cela ne faisait pas une journée que j’étais arrivée à la demeure Morrigen qu’on me déroulait déjà un tapis brodé de soie, se déroulant à chaque nouveau pas que je faisais. Tout le monde cherchait à me prendre avec des pincettes rembourrées et molletonnées, afin que je ne m’abîme pas. Pour sûr, l’on ne tarderait pas à faire courir des rumeurs selon lesquelles je n’étais qu’une enfant capricieuse mise à l’écart parce qu’elle était gênante. Mais dans le fond, n’était ce pas mieux ? Et puis.. Une femme. C’était un peu devenu le rêve banal de ma journée, et voilà qu’il se réalisait d’un simple claquement de doigts.
Ce fut donc tout naturellement que cette fois-ci, à défaut d’être angoissé ou apeurée, j’étais excitée. À tel point que l’excitation elle-même me coupa le sifflet, m’empêchant de parler par d’autres manières que de petits bruits et quelques hochements de tête, ayant le droit de lui sourire, aussi, pour lui paraître amicale, ou tout du moins chaleureuse et non une mauvaise diva sur le retour.

Une fois l’échange passé, les marches s’enchaînèrent avec une étrange rapidité, alors que l’allure ne semblait pas avoir augmenté pourtant. S’il m’avait lâché pour que je retrouve mon chemin, à coup sûr, plus personne ne m’aurai retrouvé avant plusieurs jours. Se repérer… Comment ? Tous les couloirs se ressemblaient ! Mais vraiment tous, des ongles, des pierres, des gens, parfois des gens qui fusionnent avec les pierres tant ils passent rapidement, mais rien de bien significatif pour indiquer un quelconque chemin. Mais l’apprentissage demandait du temps, après tout. Pourquoi les mestres étaient-ils tous si vieux sinon ? Sans raison ?
C’était pour dire… Si cette porte en avait était une autre, j’aurai sûrement été convaincue qu’il s’agissait de la mienne malgré tout, puisqu’elle n’avait pas l’air bien différente des autres portes dans ce couloir, qui, au passage, semblaient plus nombreuses que toute à l’heure. Soit des pièces avaient miraculeusement apparue, soit j’étais réellement dans une situation plus qu’embarassante à ce moment-ci. Jetant un vif coup d’oeil au corbeau devant moi, je n’avais aucun mal à me remémorer le dit embarras ayant causé notre rencontre.

D’ailleurs, je lâchais son bras, pour aller blottir ma main contre la poignée fraîche de l’immense planche de bois qui servait de limite à mon sanctuaire. Alors que j’étais déjà largement partie pour la tourner, je vis son visage se tinter lentement de rouge. Étaie-ce dû au manque d’air dans les escaliers ? Difficile de le savoir en réalité. Mais il portait sur ma personne un regard plus brûlant qu’appaisant. Et plus les secondes s’écoulaient, plus j’avais l’impression de me faire dévorer par ce corbeau au regard noir. Il guettait à nouveau une proie, et ne semblait pas prêt à en changer. Intimidant. Pourtant, à y penser… Ce n’était pas un noir courant, ces yeux qui m’épiaient n’avaient plus rien d’humain. C’était à se damner rien que de chercher à y trouver une quelconque logique, de vouloir connaître le stratagème par lequel il avait pu voler ses yeux... au corbeau de son blason. Voilà ce qu’il me rappelait. Lorsqu’il affichait ce regard, humain et oiseau ne semblaient plus pouvoir se différencier.

Un détail chagrinait l’ensemble. Lester avait des yeux bien plus communs pour le coup, et à l’exacte opposée de ceux de son frère cadet. Comment Damon Morrigen pouvait être le père de deux êtres diamétralement différent physiquement ? Peut-être Richard tenait-il plus de sa mère, cette dernière n’étant plus de ce monde, je n’aurais jamais de réponse fiable sans poser de question. Secouant calmement la tête pour chasser ces idées futiles de mon esprit, j’entre-ouvrais les lèvres pour enfin réagir à sa remarque :

“Y croire aveuglément m’est encore difficile, mais je tends à penser que vous êtes sincères dans vos paroles.”

Première phrase que je pouvais lui décocher sans me mettre à bégayer comme un enfant prêt à recevoir la volée de sa vie. Même si mon ton avait pu paraître froid, je ne pouvais que me féliciter de ce nouveau pas-de-géant. Et puis, j’étais aussi sincère que lui pouvait, ou plutôt semblait l’être à mes yeux.

Le cliquetis de la porte retentit lentement, alors que je poussais le pan de bois lentement, afin de ne pas le faire grincer dans le couloir qui se trouvait vide, et enclin à créer un écho assourdissant au moindre bruit s’échappant d’une tierce pièce. Si j’avais fait de mon mieux pour ne pas être la plus bruyante, il en était une qui ne s’était pas gênée pour brayer toute sa haine contre l’humanité : Meraxès. La féline devait être vexée d’avoir été laissée à l’écart d’aventures trépidantes - à son échelle. Le grognement félin qu’elle offrait à son assemblée était digne d’un nouveau caprice de sa majesté des contrariétés. À cet instant, je priais juste qu’elle ne cherche pas à faire sa crise de jalousie des heures durant, j’étais bien trop épuisée pour cela. Alors, malgré moi, j’écourtais cet échange silencieux en une révérence furtive.

“Je vous souhaite de passer une bonne fin de soirée, ainsi qu’une agréable nuit, Messire Richard Morrigen.”

electric bird.

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Elle semblait tout de même plus en paix avec elle-même. La vision de Keira était, d’après ce que j’avais pu en voir, le plus beau cadeau que j’eusse pu lui faire en ce bas monde. Ce qui était appréciable, c’était de voir que les deux femmes semblaient très heureuses de leur nouvelle situation. C’était à n’en point douter, car au moment où elle me souhaitait la bonne nuit, j’entendais la domestique qui apportait déjà tout le nécessaire pour Lady Baelish. La servante semblait bien trop enjouée de servir un des fils Morrigen et surtout une jeune femme qui en avait grand besoin.

« Je vous renvoie ce souhait, puissiez-vous passer une nuit qui ne soit pas trop agitée.»

Se souvenait-elle de la promesse pour demain matin ? Je ne savais guère, mais de toute façon je n’allais pas insister demain. Inclinant la tête sur un sourire, je la laissais retourner dans son précieux havre de paix. J’entrais dans mes appartements, pour trouver le bain déjà versé et le diner servi sur la table proche de la cheminée.
Sans plus attendre, je me débarrassais de mes vêtements avant de plonger dans l’eau juste tempérée avec un soupir plaisant. L’eau devint sale quasiment immédiatement. Signe que je devais vraiment avoir besoin de me laver. Évidemment, ça s’était passé quand j’avais décidé de venir en aide à une jeune fille. Mouillant mes cheveux, je me passais du savon pensif.

Elle avait grand besoin de reprendre confiance en elle. Au moins la présence de sa nouvellement nommée femme de chambre allait lui faire de la compagnie. Mes yeux allèrent vers le plafond alors que la soirée était plus qu’avancée. Je ne savais pas tellement quoi penser de ce qui venait de se passer à vrai dire. Peut-être avais-je visé trop franchement pour une jeune femme qui, c’était à ne plus en douter, avait été abusée par un ou plusieurs hommes. Des Fer Nés, le stéréotype ambiant faisait que directement, les esprits se tournaient vers eux quand il était question de rafler les femmes et les détruire de l’intérieur.

Ma tête se glissa dans l’eau, même si celle-ci prenait une couleur qui ne la rendait que guère enviable, j’aimais à entrer dans le monde du silence et y rester pour réfléchir. Je ne voyais pas en quoi je pouvais être puni pour mes gestes. Traiter cette Dame de la bonne façon, cela ne pouvait que nous rapprocher et nous renforcer avec la maison Baelish. Un nouveau pion dans cette partie ne nous ferait pas de mal. Surtout en ces temps complexes où Père semblait n’en faire que selon son bon vouloir, majoritairement au détriment de la maison donc.

Bientôt j’eus terminé mes ablutions et sortais de la baignoire. Le temps de passer de nouveaux vêtements convenables et propres et je m’installais pour déguster le repas qu’on m’avait amené, accompagnant cela avec force vins. J’espérais que Keira allait être comme elle l’était avec nous, voire plus quand elle comprendra la détresse de la jeune femme. Je mâchais réfléchissant, il semblerait que jamais mon cerveau ne décide de s’arrêter… Un sourire naquit sur mes lèvres. Sauf à ce moment précis où elle était là à l’entrée de ses appartements, me laissant pantois et muet.

Je me demandais quand est ce que cette soirée qui venait de se passer allait être abordée avec Seigneur notre Père. Il trouverait forcément à redire sur mes gestes, il ne comprendrait pas la potentialité d’une nouvelle relation avec les gens dans le Val. Lester lui comprendrait. C’était toujours Lester qui comprenait ce que j’avais en tête à vrai dire…

Le temps de contempler le paysage à la fenêtre, tirer le rideau et me mettre au lit dans le plus simple appareil. Les domestiques avaient tout débarrassé le temps que je contemple le paysage. Mes yeux se posèrent sur le mur mitoyen à ma chambre et à la sienne. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle puisse dormir. Malgré moi je ne puis m’empêcher de chuchoter quelques mots.

« A demain Lady Baelish. Du moins si vous le voulez. »
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Une nuit trop agitée ? Je n’étais malheureusement plus grandement maîtresse de ce genre de choix. Les nuits se déroulaient sans mon consentement la plupart du temps. Il était fort probable que cette nuit ne déroge pas à cette épuisante et lassante règle. Déjà, avant de partir de chez-moi, je n’arrivais plus à trouver un sommeil stable, et m’offrant plus que le simple réconfort de ne pas être épuisée continuellement. Ainsi rien ne s’annoncer en mesure de changer cette tendance dans ce lieu qui m’était totalement étranger. Mais, à me remémorer la journée passée, j’étais au moins sûre de pouvoir trouver le sommeil grâce à l’épuisement physique que j’avais subi dans ma journée. La fin de mon voyage jusqu’à l’Orage, l’entrée à la demeure des Morrigen, la rencontre avec Lester, la prise en possession bien courte de mes appartements, puis la rencontre de Richard, où j’avais découvert que la portée ne comptait pas un seul, mais bien plusieurs enfants à la lignée de Damon Morrigen, seigneur de la maison de Nid-de-Corbeaux. Je devais avouer avoir subi l’ennuie un mois durant, mais cette journée avait largement rattrapé la mise, en quelques heures seulement. Un retard rattrapé en si peu de temps, du jamais-vu.

Alors que je fermais lentement ma porte, la demoiselle dénommée Keira s’y était présentée. La laissant entrer, je me délaissais lentement de mes bottes pour pouvoir être plus à l’aise. En sa compagnie, je recouvrais petit à petit un sourire plus doux, une façon d’être plus naturelle à celle que j’étais d’antan. Me redressant, j’allais faire taire le hideux chant de l’odieuse féline. Même si l’échange avec la demoiselle aux cheveux blonds était d’une banalité sans nom, et qu’il ne fut pas extrêmement long, il n’en demeurait pas moins agréable. Son air enjoué ne quittait pas son visage, et je m’interdisais de penser que ce n’était que par politesse qu’elle était douce et polie à mon égard. Alors qu’elle s’était mise en tête de préparer mon bain, je vins à sa rencontre pour l’aider, n’appréciant pas être servie de la sorte avec tant de facilité. C’était une habitude que j’avais prise et que je ne comptais pas perdre de si tôt : tout était en mesure d’être plus appréciable lorsque l’on réalisait les choses par soi-même. Et même si lui faire accepter l’idée fut difficile, je ne me laissais pas démonter pour autant. Têtue comme je pouvais l’être, si elle continuait seule, l’on me retrouverait simplement dans le même état au réveil.
Le bain prêt, Keira quittait ma compagnie, et je la remerciais une nouvelle fois d’avoir pris son temps et de l’avoir accordé à ma personne, espérant avoir fait preuve d’un peu plus d’humanité que lors de notre première rencontre.

La vapeur s’échappait de la cuve brûlante, se faisant honteusement attirante. L’heure d’un bon bain amplement mérité était arrivée. Mes vêtements furent bientôt expédiés aux oubliettes, alors que je le laissais tomber dans un coin de la baignoire, repliée sur moi-même dans un premier temps, pour ne pas abuser de l’espace accordé à ma personne, mais aussi pour ne pas la salir de trop. Mon corps s’enfonçait dans l’eau, appelé par le fond pour noyer la plus grande partie de mon corps. Retenant ma respiration, je pouvais enfin me recroqueviller dans un monde qui n’appartenait qu’à mes pensées, analyser les événements et faire le tri pour entamer ma journée suivante. Cet homme embrumé mes pensées, lui et son regard intimidant. Secouant la tête, j’ouvrais lentement les yeux sous l’eau, observant avec stupeur que la couleur de cette dernière avait virée à l’horreur. Même des heures ne viendraient pas à bout de toute cette crasse…
Saisissant le savon, je me savonnais rapidement, profitant de l’eau restante pour me rincer, et ainsi retrouver un semblant de féminité. C’était un mieux. Me posant sur le rebord de la baignoire, en équilibre, j’observais le mur mitoyen, le caressant du regard sans même en prendre conscience. Ce n’était pas une obsession, mais j’étais curieuse de savoir ce qu’il pouvait se passer de l’autre côté de ce dernier. Quand la température du bain devint fraîche, je vins y extirper mes jambes pour aller m’enfouir dans une immense chemise blanche, je nouais par un cordon installé par mes soins.

L’heure du repas, mais je n’avais pas faim, pourtant l’odeur était délicieuse. Approchant de la fenêtre, je laissais s’évanouir mes cheveux dans le vent frais, me penchant au rebord de cette dernière pour observer au loin, les lumières s’éteindre les unes après les autres. L’heure était passée si vite. Seule une petite lumière s’échappait encore de la pièce adjacente à la mienne, ou alors cette dernière m'obsédait tellement que je ne savais plus en détourner le regard. Curiosité maladive quand tu nous tiens.

M’extirpant de l’endroit frais, je tombais devant mon repas, n’en picorant que certains morceaux, c’était doux et bien préparé, l’assaisonnement n’avait rien à envier à de grands plats, mais il n’était plus l’heure, et même lorsque l’heure était propice, la sensation de faim ne l’était pas. Je ne me nourrissais que par nécessité, pour ne pas être faible aux yeux du monde, mais la gourmandise d’avant n’était plus.
L’on vint desservir mon repas sans un mot, car je n’en avais prononcé aucun de mon côté. Tirant la chaise sur laquelle je m’étais restauré, je la coinçais contre l’ouverture de la fenêtre avant d’aller chercher la peau placée sur mon lit pour m’enrouler dedans. Tombant lascivement sur ma chaise, je portais une main en quête de réconfort vers l’ingrate boule rousse qui ronronnait à s’en rompre les poumons. Par habitude, je me mis à chantonner discrètement, de petites mélodies lascives jusqu’à m’endormir, priant pour ne pas sombrer dans les cauchemars cette nuit encore. Et me réveiller en larmes, une fois de plus.

electric bird.

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Le matin arrivait déjà, le temps de me réveiller d’une nuit qui avait été tout de même assez courte. Alors que je me grattais la tête, les cheveux en bataille dignes des plus grandes épopées qui étaient racontées dans les chansons. Le temps de voir que le plateau du repas avait été déposé à mon intention. C’était le signe qu’on estimait que je ne me levais pas assez tôt ce matin. Je sortais du lit, passant juste un pantalon baillant encore, je me dirigeais vers la petite table et le plateau chargé de nourriture. Le temps de porter un morceau de viande séchée à ma bouche.

Mes idées se remettaient en place alors que mes yeux parcouraient toute la pièce, ils restèrent accrochés sur le mur mitoyen et soudain je me souvenais… Je me souvenais que j’avais fait une promesse hier soir, j’attrapais une chemise en lin noir et la passait, ne prenant même pas le temps de me coiffer un tantinet. Pieds nus, je fis quelques pas dans le couloir.

La fameuse porte devant moi, je déglutis puis pris la décision de frapper légèrement à la porte. Il ne restait plus qu’à attendre pour savoir si elle allait se présenter. Mes pensées allaient et venaient entre hier et l’instant présent. La rencontre en elle-même me semblait encore quelque peu irréelle.

J’espérais que sa nuit n’avait pas été trop agitée, pour être honnête je ne l’avais pas vraiment entendue faire quelques bruits que ce soient. Keira passa dans le couloir, l’arrêtant et lui intimant de ne pas faire trop de bruits, je la questionnais.

« Tout s’est bien passé ? »

La domestique hocha la tête et esquissa un sourire franc. Elle venait dans ma chambre pour desservir le plateau et surtout me remercier pour mon geste à son égard.

« Tout va bien, c’est une charmante jeune femme ! Dois-je en déduire que vous Messire, si je puis me permettre, faites la cour à une Dame ? »

Le temps qu’elle dise cela que mes joues avaient pris une légère teinte et que je fronçais un sourcil. Là, de suite, elle prit un air apeuré sentant qu’elle avait peut-être vexé un des seigneurs du château. Je tâchais de dissiper ses doutes d’un geste de la main.

« Non Keira, cette jeune femme est notre hôte ici car nos parents ont passé un accord. J’estime que c’est le rôle de l’hôte de se préoccuper de ses invités. »

Si j’avais voulu semer la contradiction, j’aurais ajouté que si tous les hôtes étaient aussi charmants que celle-ci, je serais devenu un modèle de vertu hôtelière. Mais je m’en gardais bien. Keira hocha la tête. J’eus un sourire rassurant.

« Continuez ainsi Keira. Je ne doute pas de vos capacités. »

La domestique s’inclina en me remerciant pour aller effectuer ses tâches dans ma chambre. Le temps de reporter mon regard à nouveau vers la porte. Pas un bruit, je ne savais que faire, après une réflexion et un haussement d’épaules, je frappais à la porte à nouveau.

Si elle ouvrait la porte, elle pourrait avoir la vision du second fils de Damon Morrigen. Les cheveux emmêlés comme du lierre accroché à un vieil autel des Sept sur le bord d’une route, le pantalon d’escrime de cuir tanné et la chemise de lin ballant. Si Seigneur mon Père ou un de mes frères passait, j’étais bon pour les remontrances d’usage avec la corvée prévisible de nettoyage des écuries sous le regard du personnel pendant un mois. Un Morrigen devait garder sa dignité en toutes circonstances.

Soudain je tiquais, j’avais cru entendre un bruit de l’autre côté de la porte, je déglutis et attendais pour voir si elle allait ouvrir.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Pour une première nuit, cette dernière eut été étrangement calme, je ne m’étais pas réveillée en pleurs, et même si les cauchemars avaient accompagné mon sommeil, je me sentais un peu mieux. Peut-être était-ce dû à l’absence du roulis des vagues qui berçaient mes nuits dans le Val, me rappelant qu’au loin, s'amassaient des boutres remplis de manants, et qu’ici, seul le chant de nombreux corbeaux donnait à la nuit, une mélodie unique. Je m’étais assoupie sur ma chaise, repliée sur moi-même dans mon duvet épais, et la fraîcheur du petit matin, alliée à la dureté de la pierre sur laquelle reposait mon visage avaient réussi à me réveiller, ce dernier avait dû glisser dans la nuit et s’était tout simplement blottit à l’endroit le plus proche. Endolorie, je massais cette dernière. Aux vues des couleurs du ciel, il était encore tôt, mais je n’avais jamais été habituée à me réveiller tard. Non pas par mon éducation, puisqu’on me laissait abuser de tout sans trop m’en tenir rigueur, mais parce qu’il y avait tant de choses à vivre, que le sommeil était une activité obsolète, surtout aux vues des songes horrifiques qu’il amenait. Plus les jours passaient, et plus j’avais appris à me caler sur des horaires plus simples, vivant au rythme des personnel de maison.

Après une séance intensive d’étirements pour défaire les nombreuses courbatures de la nuit, je faufilais mes doigts dans les poils frais de la féline, lui offrant son instant de bonheur, afin que celle-ci ne vienne pas à chanter ses rancœurs à coup de miaulements stridents dans mes oreilles toute la journée durant. Une fois cela fait, je délaissais mon duvet, puis ma chaise, pour faire quelques pas. Ces derniers me menèrent au lit que j’avais délesté de sa fonction première. Venant m’y asseoir, j’eus fini par m’y allonger calmement, il fallait l’avouer, il était de bonne facture, épousant mon corps bien plus harmonieusement que ne l’avait fait la chaise. Qu’elle heure pouvait-il bien être à présent ? Impossible de le savoir avec précision. D’un soupir, je me retournais, me retrouvant face à ce mur qui séparait ma chambre, de celle du cadet des Corbeaux. Étranges pensées que de songer à ce qu’il pouvait bien se passer au-delà de ces pierres entassées. La promesse faite me revint à l’esprit, et je jetais un bref coup d’œil à la porte, quand cette dernière vint à s’ouvrir. Mon cœur ne fit qu’un tour.

Une frimousse blonde vint à se montrer, alors que je me levais pour venir l’aider, par chance, ce n’était pas la personne que j’attendais, lui prenant un plateau, je la regardais faire, maladroite, ses bras étant chargés plus que de raison. Elle aussi, avait tendance à trop en faire à vouloir bien faire, mais qu’importe. Déposant le plateau sur la petite table, je vins saisir le pichet dans sa main pour aller le déposer sur la coiffeuse. La voyant s’approcher du lit, je secouais la tête :

“Ce n’est pas la peine de refaire le lit, je n’y ai point dormi.”



Devant sa stupeur, je me mis à rougir violemment, alors qu’elle entrouvrait les lèvres, me regardant avec des yeux ronds comme des billes avec lesquelles les enfants jouent. Secouant la tête en tentant de calmer mon esprit, j’ajoutais à mes premières paroles :

“N… Ce n’est pas ce à quoi vous pensez Keira ! N’imaginez pas pareilles choses… Je me suis simplement assoupie sur ma chaise.”



De la main, je désignais cette dernière, toujours proche de la fenêtre, sur laquelle trônait fièrement le duvet. D’un air maladroit, elle s’enfonçait en de nombreuses excuses alors que je vins la rassurer. Mes paroles avaient porté à confusion sans que je n’en prenne conscience. Après quelques minutes de discussions mondaines, elle s’en alla de la chambre. Soulevant la chaise pour la replacer devant la table, je picorais calmement mon déjeuner, les yeux rivés sur la malle dans laquelle étaient disposés mes affaires, songeant à la tenue qui allait être mienne pour cette nouvelle journée. Délaissant le repas, qui pour une fois était entamé de plus de la moitié, j’ouvrais lentement le coffre.

De là, s’en extirpait un corset tiré à la volée, puis une robe, choisie tant par son confort, que par sa beauté. Ce n’était pas la plus belle de mes œuvres, assurément, mais c’était une de celles qui me plaisait le plus, et qui se trouvait être douce et rassurante, un point non-négligeable en somme. Je quittais mes vêtements de nuit pour les déposer au bout de ce dernier, pliés par avance pour que personne n’est à la faire pour moi. Ondulant dans le corset pour l’enfiler, je me plaçais de dos à la coiffeuse, observant les lacets avant d’en saisir deux boucles et de tirer d’un coup sec. Une taille bien plus fine se dessinait alors, convenable sans être étouffante. Soudain, alors que je n’étais pas encore habillée, je retournais dans la malle, ayant oublié la ceinture de la tenue, ainsi qu’un coffret de taille moyenne, que je déposais à côté du pichet d’eau fraîche. Je vidais une partie du contenu de ce dernier dans un petit bol, afin de me rafraîchir le visage avant de continuer.

La robe¹ enfilée, je pouvais enfin m’asseoir sur le petit tabouret disposé devant la coiffeuse, ouvrant le coffret pour en sortir une brosse, qui eut appartenu à ma mère avait de m’appartenir. Mes cheveux avaient souffert de l’air humide, et avaient pris un pli des plus désagréable. Le souci, lorsque l’on a les cheveux ondulés, c’est qu’on ne sait jamais ce que cela va pouvoir donner une fois brossé. Séparant les mèches pour les reformer, je vins agrémenter l’ensemble de quelques tresses perlées, par habitude. Je maquillais peu mon visage, ce n’était pas une bonne chose de se placarder la peau. J’étais prête, au détail prêt qu’il me manquait mon pendentif. Ce dernier placé autour de mon coup, je pouvais enfin me laisser tenter par voir le résultat dans son entièreté. Et, même si le résultat n’était pas répugnant, je ne savais me trouver belle. J’avais perdu ma beauté d’âme, comment me trouver belle d’apparence à présent ?

L’on avait frappé à ma porte alors que je me démenais avait la ceinture de cuir, bataillant avec le lacet qui peinait à se positionner dans l’inclinaison que je lui imposais. Je m’étais redressée par réflexe, mais, la porte ne s’ouvrant pas, il ne pouvait pas s’agir de la jeune femme aux cheveux ensoleillés. Approchant lentement de la porte, je déglutissais en posant mes doigts sur la poignée. De l’autre côté de la porte, un échange semblait en cours, et cela me laissait une longueur d’avance pour trouver le courage de venir ouvrir à la personne se trouvant de l’autre côté. D’une oreille distraite, j’écoutais les paroles sans les entendre réellement. Finissant par me concentrer sur ces derniers, je sursautais alors que l’on frappait de nouveau contre la porte.

Mes doigts se crispèrent sur la poignée, avant de la presser. Le vent s'engouffrait alors dans un minuscule interstice, envahissant légèrement le couloir. Prenant le peu de courage qu’il subsistait en ma personne, je tirais lentement sur le panneau de bois, derrière lequel se dessinait progressivement la silhouette de Richard Morrigen. Mes joues se tintèrent avant même que je ne puisse en cerner la raison, qui, après quelques battements de paupières, devint limpide.

“B… Bonjour Messire Richard Morrigen.”



Qu’il vienne se présenter à moi dans cette tenue me semblais plus que surprenant, et déroutant aussi. Pour la première fois, il me paraissait plus facile de plonger mon regard dans le sien, que de détailler sa tenue. Il me faisait odieusement penser à Kyle², qui venait souvent me chercher dans ce genre de tenue inadaptée à la vie mondaine. C’était plus qu’intimidant, lorsque les souvenirs de ce nous que faisions par la suite me revinrent à l’esprit.

1. La robe en question ici
2. Kyle était l'échanson avec lequel Talya partageait bien plus qu'une relation banale.


electric bird.

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Elle ouvrit la porte. Au moins les promesses étaient tenues et je pouvais voir au rouge de ses joues que ma tenue bâclée au possible était une légère offense au protocole. Tant pis. J’étais le fils du Seigneur. Fern qui passait dans le couloir à ce moment pour rejoindre les appartements de Lester me regarda avec les yeux ronds et l’air courroucé avant de continuer son chemin. Ça sentait les remontrances. J’haussais les épaules le sourire aux lèvres. Mes yeux se tournèrent vers la jeune femme.

« Bonjour Lady Baelish. »

J’inclinais la tête, elle avait choisi une robe qui retenait toute mon attention. Cela changeait certes de la tenue de cavalerie mais cela n’en était pas moins déplaisant pour autant. Mes yeux remontèrent vers son visage, ses traits étaient moins tirés. Elle semblait se sentir un peu mieux tout de même. L’usage voulait que je fasse un compliment.

« Vous êtes ravissante ce matin Ma Dame. Votre robe vous va à ravir. »

Évidemment, dire quelque chose, même dans les usages et au demeurant (ou plutôt demeuré pour moi) bénin fit que le rouge me monta aux joues et ce contre ma volonté. Je raclais ma gorge.

« Souhaitez-vous que nous visitions les jardins aujourd’hui ? »

Si j’avais d’autres obligations elles attendraient, de toutes façons pour le moment, Père ne pouvait se passer de Lester et n’avait qu’une seule distraction : regarder les passes de Guyard. C’en était magnifique de voir que la seule personne qui se préoccupait de moi c’était Fern qui allait sûrement chercher à me courir après pour me sermonner de ma tenue ce matin. Je lui adressais un franc sourire, histoire de me montrer quelques peu engageant.

« Ou quoi que ce soit d’autre que vous auriez en tête bien entendu. »

Un corbeau croassa derrière la fenêtre, un cheval hennit dans les écuries et on entendait des hommes croiser le fer dans la cour. Des bruits de tous les jours, mais qui aujourd’hui semblaient être nouveaux, nouveaux par la présence d’une jeune fille ici dans le château.

« Keira est à votre convenance ? Sachez qu’elle m’a confié qu’elle est très heureuse d’être à votre service. »

Il était vrai que la domestique était venue jusque dans ses appartements pour me remercier encore et me faire part de sa bonne humeur relative. J’étais heureux de voir que la décision que j’avais prise, sur un coup de tête il fallait l’avouer, était une assez bonne décision.

Quelques hommes passaient dans le couloir, j’essuyais donc des œillades amusées des gardes ou des serviteurs qui avaient le plus d’affinités avec moi. Les autres c’était plutôt des regards assez étonnés, sûrement de voir que j’étais capable d’autre chose que des interactions froides et calculées. Il fallait dire que je n’étais pas une partie de plaisir pour les gens que je ne pouvais encadrer. Ceux que je ne portais pas dans mon cœur le savaient immédiatement.

« Je peux aussi vous proposer d’aller en cheval dans les bois attenants avec de quoi nous restaurer quand nous aurons l’envie. Pour pouvoir profiter d’espace et de solitude quelque peu. »

Je pensais à cela car le souvenir d’hier soir, elle qui n’était pas rassurée en présence d’autres personnes d’obédience masculine, me revenait à l’esprit. Quoiqu’il en fût, je lui adressais un sourire, un vrai sourire que je savais être agréable à l’œil, un sourire faisant ressortir les fossettes de mes joues.

« Dites et je serais votre serviteur. »
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Par habitude, je n’avais cure des compliments, parce qu’ils étaient des mots, et que ma philosophie m’avait apprise que les actes étaient plus éloquents que les mots, mais depuis, mon expérience m’avait insufflé que les actes étaient largement plus en mesure de nous blesser. De plus, les hommes savaient aussi bien user des compliments que de leur membre viril, ce qui était honteusement dangereux. Celui-ci eut néanmoins l’audace de venir ébranler ma carapace, y créant un infime éclat, qui menaçait de pouvoir céder. Il me suffirait alors de le cacher assez longtemps pour que celui-ci cicatrice, tout simplement. Je ne su y répondre que par une révérence polie, bien réalisée, mais dénuée de sentiments, qu’importe, s’il ne pouvait comprendre que cela m’était interdit, ce n’était point mon affaire. Pour le coup, j’en avais presque oublié l’affaire qui nous incombait tout deux, ce qui l’avait amené à venir si… Précipitamment, devant sa porte. Il était vrai que la veille, il m’avait laissé le choix entre une balade dans les jardins, ou un repas en tête-à-tête, si l’autorisation m’était permise. Mais, le premier repas de la journée étant à peine achevé, le second se trouvant loin, il ne subsistait plus qu’une issue à tout ceci.

Évoquant Keira, il me laissait au moins le temps de réfléchir quelque peu, non pas à un échappatoire, puisque je ne revenais jamais sur une promesse, mais à un moyen de d’agir convenablement. Je fis un hochement de tête, rapide, simple, efficace. Impossible de nier qu’elle était une très bonne dame de chambre, une femme honorable et efficace. De plus, elle se trouvait être adorable à mon encontre, avenante et plus que patiente à mon égard. Ainsi, d’un sourire aimable, je n’eus qu’à énoncer la pure vérité, d’un ton néanmoins très, voire trop détaché :

“Je n’aurai pu rêver meilleure dame de chambre, Keira est un ange.”


Malgré cet air peut-être dédaigneux que je devais donner l’air de porter, je pensais réellement ce que je disais. Mais… Gérer mes émotions et la façon dont je me comportais ne semblait encore à ma totale portée, ainsi la confusion était vite probable. Je le savais, mais entre savoir et changer le souci, le pas est immense.

Des gens se mirent à défiler dans le dos du cadet Morrigen, parfois des hommes, parfois des femmes, une fois cet homme dont le nom m’échappait, mais qui semblait être important aux yeux des deux rejetons de Damon Morrigen. Je sentis mon attitude tantôt évoluer vers une “normalisation” et un retour à la normale de mon état, tantôt rechuter vers un mutisme persistant, et une envie de m’enfermer de nouveau dans mon sanctuaire. Évidemment, cela variait en fonction du sexe de l’individu qui se trouvait à l’arrière-plan. Des yeux suspects se dirigeaient parfois vers nous, parfois des sourires gênés, et plus occasionnellement de la surprise. Pourquoi ? Soudain, je crus comprendre ce qui s’étirait dans ces nombreuses œillades. Avions nous l’air de… deux amants se quittant après une nuit plaisante ? S’il en donnait l’air, je n’accompagnais pourtant pas cela par un refrain. Je sentis la chaleur s’installer sur mes joues, alors que je vins maladroitement recoiffer une mèche n’étant même pas retombée sur mon visage. Mais qu’importe, si cela était ridicule, au moins cela permettrait de dissimuler cette gêne, et de chasser cette idée qui surpassait l’entendement.

De la solitude ? M’avait-il déjà cerné, ou étais-je simplement déjà devenue un être plus que prévisible, au fonctionnement à la portée de tous ? Certes, la solitude était un état qui était devenu courant, et au deçà de tout, plaisant et réconfortant. Mais la solitude qu’il évoquait, sans me paraître suspecte, succombait à d’autres significations. La solitude à deux avait quelque chose de … Dérangeant ? Ce n’était pas le bon terme, mais elle comprenait la différence : une personne seule se trouvait dans un état de solitude privé, dans un cocon certain et clos sur lui uniquement, mais, si la solitude était vécue à deux, alors elle devenait intime, et s’ouvrait sensiblement pour s’élargir, tout en étant assez restreinte pour ne pouvoir être qu’à “eux”.
Mais je lui avais fait une promesse, et je n’étais pas pour revenir dessus, je gardais certains principes immuables. Promesse faite, promesse à tenir. De plus, mon goût pour l’aventure me poussait à aller vers cette idée d’escapade interdite en forêt. Cela revenait, persistait, et je ne pouvais aller contre, mes envies s’inclinaient forcément faire tout ce qui était dangereux ou à défaut, impossible à imaginer.

Soudain, je me rappelais d’un détail qui jusqu’ici ne m’avait pas frappé l’esprit : ma tenue. Cette dernière n’était pas du tout adaptée à un tel projet, et, d’un vif coup d’œil, j’observais la tenue d’équitation salie, qui donnait l’air de refuser rien qu’à l’œillade. Une journée de plus, ce n’était pas viable. Mais c’était trop tard à présent, l’envie naissait, l’envie devait être assouvie. Je subissais peu de caprices internes, alors m’y refuser n’était pas viable.

“C’est… C’est d’accord. Mais, je n’ai plus de quoi m’habiller pour monter convenablement et ne pas ralentir l’allure…”


Bien sûr, je savais monter comme une dame, évidemment, cela faisait partie de mon éducation, mais je l’avais appris par obligation et non par plaisir. Rien ne valait la joie de galoper en pantalon. Mais après tout, entre cela et devoir se présenter devant lui dans la même tenue que la veille, alors que je m’étais présentée à lui sous un jour bien meilleur. Avoir l’air d’une souillon devant un homme de son rang, une fois oui, plusieurs fois, cela tirait de l’affront, et je ne voulais surtout pas le blesser, alors qu’il était si prévenant, lui aussi.

“V… Vous n’avez pas à me servir, là n’est pas le rôle accordé à votre rang.”

J’avais prononcé cela sans même prendre le temps de réfléchir, c’était sorti très instinctivement, naturellement. N’importe quelle femme se serait émue qu’un homme aussi noble, et de sa carrure, se propose de lui-même dans cette fonction épuisante, mais je savais ne pas appartenir à cette trempe. Cela devait être un défaut pour l’œil non averti, mais c’était une conviction plutôt encrée. Alors, dans un accès de folie, je lui tendais une main tremblante et maladroite, invitant la sienne avant de déclarer.

“Considérons-nous d’égal à égal, plutôt. Comme si je n’étais pas une femme apeurée, et que n’étiez pas un homme. Justes… Deux aventuriers ?”


Peut-être était-ce juste cela la solution, se défaire des notions de différences..

electric bird.

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« J’ai ce statut pour pouvoir dire confortablement que je suis votre serviteur Ma Dame. »

Bien sûr que je me serais damné pour être son serviteur. Au fil de nos échanges, j’avais compris une chose… elle était la femme que je désirais avoir pour compagne. Elle eut un geste qui me décocha un sourire. Je regardais sa main tendue vers moi, signe qu’elle acceptait ma proposition de sortie dans la forêt. Ma main vint se lier à la sienne et je la serrais dans la mienne, calleuse et déjà burinée par les coups et les journées de cheval. Sa main était fine et frêle mais elle avait une certaine poigne. Mes yeux se fixèrent aux siens.

« Aventuriers. Entendu Lady Baelish. »

Elle avait accepté, j’étais plutôt content de mon coup à vrai dire.

« Je vous laisse vous changer, je vais me mettre en tenue, mander qu’on nous donne de quoi nous restaurer et je viens frapper ensuite à votre porte pour que nous prenions nos montures. »

Je m’inclinais doucement avant de repasser vers mes appartements. Appartements où je découvris que Fern était déjà là, l’index moralisateur brandi et les sourcils froncés. Il choisit de m’invectiver en chuchotant, sachant pertinemment que la Demoiselle était de l’autre côté du mur. Il réussit à me montrer qu'on pouvait hurler tout en produisant ma foi, un volume très acceptable voire quasiment inaudible.

« MAIS A QUOI PENSEZ VOUS RICHARD ?! JE NE VOUS PENSAIS PAS SI FLAGORNEUR ! »

Je répondis sur le même ton, une conversation animée en gestes mais silencieuse en bruit commença.

« Allons Fern ! Je ne fais que ce qui est normalement d’usage quand nous avons des invités ! C’eût été n’importe qui d’autre que j’aurais fait pareil ! »

« Ne me dites pas ça, je sais que la demoiselle est belle ! A quoi pensez-vous ? Répondez ! »

Se faisant, je commençais sans plus de cérémonies à me changer, retirant mes affaires pour finir en sous-vêtements et choisissant des vêtements…

« Cette lady est notre invitée, vous ne pouvez pas faire comme si elle était la dernière fille à la mode dans… »

Une chemise en tissu enduit pour la résistance, avec juste des lanières au niveau du col et un pantalon de cuir noir, idéal pour chevaucher et enfin des bottes arrivant sous le genou portant de nombreuses lanières.

« …Imaginez si Seigneur votre Père l’apprend que va-t-il se passer hein Richard ? Je vous le demande ?! Vous savez ? »

Le temps de nouer chaque boucle.

« Il n’en saura rien Fern car vous ne direz rien n’est-ce pas ? »

« RICHARD VOYONS ! Comment pouvez-vous penser que ? Vous vous méprenez à mon sujet, sachez que je suis prêt à… »

Ma main alla trouver mes dagues et mes couteaux de lancer, le temps de les ranger dans toutes les loges qui étaient prévues dans toutes mes tenues. Une dague alla se ranger dans les lanières de mes bottes, le temps de me redresser et Fern semblait avoir fini. Il semblait un immense débat interne venait de se passer tout en étant chuchoté. Je ne cessais pas de baisser le ton pour autant et désignais un point derrière le Mestre.

« Voulez-vous bien me passer mon épée s’il vous plait ? »

J’ai cru que Fern allait avoir une crise d’apoplexie pour la peine je me fendais d’un léger sourire désolé. Il fulmina et me tendit ma lame dans son fourreau. Je la pris le remerciant d’un signe de tête, nous passâmes la porte de sortie et il pointa son index sous mon menton chuchotant une dernière fois.

« Faites très attention à vous Richard. Je vous ai à l’œil. »

Il s’en alla, maugréant dans le couloir. J’eus un haussement d’épaules avant de me redonner une contenance et frapper à la porte de Lady Baelish.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Ma main dans la sienne, si la vision pouvait paraître plaisante, la sensation que ce geste m’offrait alors était plus qu’étonnante. Un malaise étrange se créait alors, j’en vins à regretter quelque peu d’avoir voulu être si audacieuse. Je n’étais pas préparée à refaire ce genre de chose, et avoir pu penser être prête était une grave erreur. Me croire si forte en était une de plus. Comment avais-je pu être idiote au point de penser qu’une journée pouvait sauver la détresse qui s’était écoulée ces dernières semaines ? Respirant calmement, je tentais de calmer les tremblements de mes mains, avant de venir déposer mon regard dans le sien. Malgré la noirceur de ses yeux, son œillade m’offrait une sensation apaisante, et malgré que le contact ne fut pas long, j’eus pris le temps de pouvoir l’apprécier, sans arrières-pensées aucune.
Je le laissais alors repartir dans ses propres appartements, non sans un regard vers sa personne, un léger sourire aux lèvres en le regardant dans son ensemble. Il ne me semblait plus si étonnant qu’on ait pu penser qu’il sortait tout juste de ma couche. Un léger rire fendit le silence, avant de déposer mes doigts sur la porte et de venir m’enfermer dans les miens, quelque peu abasourdie par ces événements. Néanmoins, il me semblait avoir été plus agréable durant cet échange, la nuance était légère, et même si j’étais la seule à l’avoir remarqué, j’étais bien assez fière pour m’en féliciter seule.

Une fois la porte close, mon regard se déposait immédiatement sur la tenue d’équitation, autant froissée que boueuse, et dégageant une odeur forte d’écuries. Une grimace s’était alors dessinait sur mon visage, impossible de pouvoir la reporter en l’état, et le temps manquait largement pour pouvoir demander à la faire nettoyer. Qu’allais-je pouvoir mettre alors ? Je n’avais jamais eu un milliard de tenues susceptibles d’être portée pendant mes sorties avec Meleys, et celle-ci se trouvait être la seule que j’avais mise dans la malle pour me rendre à Nid-de-Corbeaux, encore une ânerie de plus à ajouter sur la liste de mes erreurs classiques. Pas faute de m’avoir rabâché d’en prendre plus que prévu, que cela importait peu que j’y emporte toute mon armoire. Et puis, le jeune homme n’aurait-il pas pu me prévenir dès le début qu’il préférait une balade en forêt plutôt qu’une balade dans les jardins ? J’aurais pu espérer sauver ma tenue, ou réussir à m’en faire parvenir une d’on ne sait où…
Mes doigts vinrent défaire la ceinture de cuir m’entravant quelque peu la taille, la déposant sur la coiffeuse furtivement avant de me laisser tomber en tailleur devant la malle, la dévisageant, comme si cela allait pouvoir changer quelque chose à mon infortune. Si seulement la vie était si simple.

Mon front vint à la rencontre de l’attache de cette dernière, la sensation froide eut au moins l’effet de faire cesser les voix irritantes de mon esprit. Ces dernières m’imploraient presque d’aller simplement voir Richard et de lui annoncer que notre petite escapade n’était plus envisageable, ou peut-être était-ce plus simple de la reporter de nouveau. Simple, mais pas sans danger, effectivement. Malgré toute la gentillesse qu’il usait à mon égard, il demeurait un homme, sûrement dans l’âge des envies les plus improbables, et se laissait tourner en bourrique par une jeune femme sortie de nul part… Une fois devait déjà lui être de trop. Jouer avec ses limites ne me paraissait donc pas être une bonne idée. Alors, dans un claquement sourd, je soulevais l’immense couvercle pour le laissait danser dans le vide, en un bruit sourd. L’heure des fouilles pouvait débuter.

Mon palpitant battait à tout rompre, je cherchais pour rien, mais je le faisais malgré tout, c’était horriblement frustrant, il fallait l’avouer. Pourtant, en arrivant vers le fond de la malle, je découvrais des tenues qui ne devaient s’y trouver. Nombreuses d’ailleurs. Des robes, des tenues plus légères, même un manteau dont j’avais oublié l’existence. Pour une rare fois, je bénissais le fait d’être couvée à outrance. Je détestais que l’on me considère encore comme une enfant, à l’âge où certaines portaient déjà descendance et où d’autres portaient la robe jusqu’au septuaire. Mais cette fois-ci, l’extravagance de Sara me fit plaisir. Je notais alors dans un coin de mon esprit, de lui faire envoyer un corbeau au plus petit des Quatre Doigts, pour la remercier de me sauver la vie. Peut-être lui expliquerais-je par le même message, les changements qui étaient en train de s’opérer dans mon existence. Peut-être. Tirant alors le manteau, je pus apercevoir une tenue, qui, m’étant déplaisante, se trouvait être salvatrice, pour une rare fois.
Cette tenue n’était pas confortable, elle se trouvait être féminine, et il devenait rare que les deux soient de paires. De plus, le vert qu’arborait le tissu m’était déplaisant, non pas pour sa teinte, mais pour le blason qu’il représentait. Ce vert était celui de notre nouveau blason, de celui qu’eut choisi mon cousin. Chassant cette idée de mon esprit, je pus me faire la remarque qu’il s’agissait tout autant de celle qu’arborait la maison m’accueillant. Une remarque bien plus plaisante à l’évidence. Je l’enfilais alors, gardant néanmoins le pendentif noir aux reflets rouges, héritage de mon grand-père, issu de Braavos. Le passé n’était pas douloureux lorsque je songeais à lui.

Je m’étais alors assise sur le bout de mon lit, caressant nerveusement Meraxès, alors que celle-ci se contentait de me mordiller le pouce pour m’exprimer son refus. Ingrate, comme toujours. Mes yeux s’étalaient en regards persistants, ratissant le périmètre entre la porte et le mur mitoyen qui séparait ma chambre de celle de l’homme avec qui j’allais partager quelques heures de ma journée. Même si cette pensée me fit rougir, je ne pouvais m’empêcher de me demander dans quelle tenue il allait bien pouvoir me revenir… Revenir tout court plutôt.
Curieuse comme l’enfant qui vient de naître, je me levais pour aller déposer mes doigts sur le mur, puis y accoler mon oreille, afin d’écouter les bruits qui pouvaient surpasser l’épaisseur des pierres gelées. Bien peu de bruits en somme. Je détestais ne pouvoir satisfaire mes envies maladives, alors mes doigts dansèrent contre l’une des pierres, en une petite mélodie entraînante.

C’est à cet instant qu’on vint à nouveau frapper à ma porte. Tirant quelque peu sur le pan de bois, je fis sortir mon visage avant de reconnaître le sien. En un hochement de tête, je sortis de l’ouverture avant de refermer la porte derrière moi. Dans la précipitation, je n’eus pas le temps de calculer un léger détail. Une fois la porte close, je me retrouvais quasiment contre lui. Mes joues affichèrent dès lors une teinte cramoisie, mon cœur s’emballant jusqu’à rompre quelques secondes. Une longue respiration, le temps de quitter son regard, et je m’esquivais de son oppressante présence. Une leçon de plus : agir avec précipitation n’est jamais une bonne idée.
Je le devançais alors de quelques pas, marchant dans le couloir sans trop chercher à réfléchir au prochain croisement. Mes pas étaient lents, signe que je l’attendais au lieu de le fuir. Profitant qu’il soit encore loin, j’ouvrais les lèvres pour lui déclarer la remarque suivante :

“Cette tenue vous sied mieux, Messire Richard Morrigen.”



Non pas que la précédente ne lui allait pas, il aurait été un grave mensonge que de dire que le voir ainsi était déplaisant à ma vue, mais ce n’était point une tenue faite pour se rencontrer… Je me pinçais alors la lèvre, espérant ne pas l’avoir blessé par mes paroles, ou ne pas avoir attisé un désir naissant en sa personne. Leçon seconde : ne pas non plus parler avec précipitation. Je tournais mon regard vers lui, pour juger de son état. Ma main s’était portée à mon pendentif, qui dansait le long de la chaîne en un bruissement doux et rassurant.

N.B > La nouvelle tenue ici
electric bird.

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Elle sortit de sa chambre, se faisant elle semblait assez empressée et donc elle se précipita contre moi. Il y eut un léger choc mais rien de bien méchant, le temps que je lève les bras et nous avions déjà reculé d’un pas tous les deux. Nous étions donc maintenant tous les deux les joues rouges dans le couloir. Mes yeux descendirent vers sa nouvelle tenue, je me demandais combien de robes et des vêtements différents elle pouvait avoir amené dans Nid-de-Corbeau. Toutefois, ma voix se fit murmure.

« Vous êtes ravissante Ma Dame. »

Elle avait commencé à marcher dans le couloir, elle suivait bien le chemin que je lui avais montré le jour d’avant ; celui pour ne croiser personne. Cela me fit sourire. Le temps de la rattraper et de lui offrir mon bras que j’avais entendu son compliment sur ma tenue. Elle porta sa main autour de son cou, ses doigts fins caressant un pendentif.

« Vous êtes charmante Lady Baelish. Si je puis me permettre, ce pendentif à une signification précise ? Excusez mon outrecuidance si vous estimez que cela est mal placé. »

La pierre ne semblait pas venir d’ici, un souvenir exotique sans doute. Nous marchâmes dans les couloirs jusqu’à arriver à la cour. L’air frais emplit mes poumons avec plaisir, la journée s’annonçait pour être un peu fraîche et couverte, mais rien qui ne serait insurmontable. Après être entrés dans le bâtiment des écuries, je la laissais aller chercher sa jument alors qu’un palefrenier arrivait pour me donner les sacs contenant les provisions pour notre repas. Je le remerciais d’un hochement de tête et d’une pièce en argent avant de me diriger vers le box de Talion.
L’étalon me reconnut immédiatement, levant les oreilles et renâclant. Cela me fit sourire alors que je lui flattais l’encolure.

« Je suis là mon vieux, ne t’en fais pas, aujourd’hui nous sommes en charmante compagnie toi et moi. »

Je commençais à l’harnacher, poser sa selle sur son dos avant de charger les provisions. Le temps d’en avoir fini et de le laisser venir à l’entrée des écuries en le tenant par la bride. J’attendais maintenant la Demoiselle, flattant le chanfrein de Talion. Un coup d’œil vers le château et vers une fenêtre.

« HUMPF ! »

Mon regard venait de croiser celui de Fern à une fenêtre. Le temps de voir l’air outré du Mestre qu’il avait déjà fermé le rideau et détourné le regard. Cela m’avait arraché un sourire goguenard. Il en fallait peu pour le faire tourner en bourrique dans ses robes. J’entendais les sabots de la jument de Lady Baelish arriver. Talion releva la tête et les oreilles, curieux de savoir ce qui arrivait dans son dos.

Mes yeux allèrent vers la forêt de notre domaine, celle qui n’était pas encore au Connington. Seigneur mon père nous avait un jour fermement interdit à moi et mes frères d’aller « traîner dans les terres de ces paltoquets de Connington ». Je réfléchissais à où nous pouvions aller et puis, pour une fois, de ne pas réfléchir à l’avance et me laisser aller. Je crois que Lady Baelish me faisait beaucoup cet effet du « lâcher prise ». Le temps qu’elle arrive à mon niveau.

« Talion a toutes nos provisions pour que nous ayons la journée pour nous Ma Dame. Souhaitez-vous mon aide pour vous mettre en selle ? »

Je posais un genou à terre laissant l’autre pour qu’elle puisse s’en servir comme marchepied et soit confortable pour se mettre en selle. Le pantalon de cuir grinça un peu certes mais cela ne m’empêcha pas de la gratifier d’un sourire sincère.

« Je vous en prie. »
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
J’ai toujours souffert de nombreux tics, ce n’était pas quelque chose que je découvrais, contrairement aux différents réflexes qui m’étaient apparus après mon retour. Celui-ci était nerveux, et avait néanmoins cet étrange don de pouvoir m’apaiser. À chaque fois que je portais ce pendentif, je répétais ce mouvement banal. De ma main droite, je faisais danser le médaillon le long de la chaîne, faisant attention de ne jamais louper un maillon de cette dernière, de peur de modifier la mélodie produite par ce geste. C’était une mélodie éreintante au fil des minutes, mais par sessions brèves, c’était un moyen de faire taire les chants torturés de mon esprit. Par moment, il m’arrivait aussi de saisir le petit joyau entre mes doigts, et d’en lisser la surface pour faire partir les traces de mes doigts, ou pour simplement l’admirer, sans un mot. À chaque fois que mon regard se portait dessus, il arborait une teinte nostalgique, et un sourire doux s’affichait sur cette dernière, comme lorsque le Corbeau m’avait questionné à son propos. Malgré les souvenirs qui brouillaient ma vue, je pus lui répondre, d’une voix douce et heureuse :

“Il appartenait à mon Grand-père, du moins la pierre. Puis a été montée pour moi lorsque je suis née. Étant la seule fille née depuis la fondation de la famille en Westeros, je suppose avoir eu droit à une attention toute particulière.”


À la vérité vraie, je ne possédais que très peu de souvenirs de l’homme qui avait été mon grand-père. Petyr devait assurément le connaître plus que moi, mais nous n’avions jamais eu le temps de partager ce souvenir commun, et pour sûr que nous ne l’aurions jamais. Je gardais néanmoins ce souvenir - sûrement erroné - de la personne qu’il fut : un homme heureux, mais épuisé par de longues années à servir, puis de longues années à se sacrifier pour le salut des siens. Ce souvenir me donnait au moins une direction à suivre, ma propre étoile à suivre pour les moments de doute. Ces pensées m’occupèrent tout le long du chemin jusqu’aux écuries. Jusqu’à ce qu’une nouvelle préoccupation se présente à ma personne : l’agitation de Meleys.

Un palefrenier semblait plus qu’en difficulté pour la nourrir. Têtue la canaille. Même si cela m’était difficile, je m’approchais de ce bout d’homme en tapotant sur son épaule, le rassurant avant de me présenter à la dame en noire pour l’appeler calmement.

“Meleys, viens ici ma belle.”


Cette dernière poussait un hennissement nerveux avant de lover ses nasaux contre mon cœur. D’une douce étreinte sur son chanfrein, je remontais jusqu’à sa crinière avant de venir embrasser le chaleureux duvet qui recouvrait son crâne. La solitude était quelque chose qui dépassait de loin l’humanité, et cela, il suffisait de lire dans les yeux de Meleys pour le comprendre. Les minutes passèrent avant qu’elle ne défasse d’elle-même l’étreinte, poussant son épaule avec impatience en voyant l’étalon du Corbeau se pavanait devant elle. Fouillant dans ses poches par habitude, elle lui tendait un petit sucre avant de secouer la tête, les sacrifices étaient nombreux pour pouvoir satisfaire pareil entêtée.
Ouvrant calmement le loquet du portillon, j’entrais à l’intérieur alors qu’elle vint chercher une nouvelle friandise. Sans lui refuser, je la laissais fouiller encore quelques minutes avant de lui en tendre un nouveau, épuisée et malmenée par ses coups incessants sur ma taille. J’étais frêle et la vile dame était puissante, le combat n’aurait jamais pu être égal. Le tapis déposait sur son dos, elle se fit enfin plus douce, rendue plus sage par l’odeur de ses propres affaires. Ici, c’était un peu son sanctuaire à elle, et tout comme moi, rien ne lui appartenait.

Nous étions enfin sortis du box, même si cela avait été plus long que prévu. La bride dansait entre mes doigts, persuadée que Meleys ne tenterait pas de s’enfuir maintenant qu’elle avait retrouvé son tempérament de pouliche têtue, mais aux failles aussi nombreuses que les miennes. D’un bref coup d’œil, il me semblait avoir vu Richard Morrigen portait son regard sur le château, mais, lorsque le mien vint se déposer dans cette même direction que je pensais rien, je ne fis face qu’à une nuée de rideaux. Je me ravisais à le questionner, parce que cela serait impoli, d’une part, mais aussi parce que cela aurait été une intrusion dans son esprit, et que je ne pouvais lui permettre de faire de même dans le mien. Je demeurais néanmoins curieuse de savoir ce qui avait pu lui décocher un tel soupir. Ainsi, je fis une liste non-exhaustive de ce qui avait pu se passer durant cette brève absence de ma part.
1. Il devait y avoir eu quelqu’un à cette fenêtre, ce pouvait être bien des personnes, son frère, son père, cet étrange homme qui suivait les Morrigen dans tous leurs déplacements…
2. Il lui était juste venu une réflexion amusante, ou distrayante, ou quand bien même déplaisante.
3. J’avais peut-être juste été trop longue et il patientait en observant le paysage…

Je cherchais de nouvelles idées, elles étaient nombreuses mais dénuées de logique, donc ceci ne comptait pas. Lorsque mon regard se déposait à nouveau sur le cadet de la maison des Corbeaux, je me retrouvais face à une scène qui me fit comme un électrochoc. Mes joues devinrent brûlantes alors que je ne pouvais quitter mon regard de sa personne. Personne n’avait jamais fait cela pour moi, et cela me semblait être normal, qu’on me pose une marche eue été une chose envisageable, qu’on se propose comme marche… C’était à la fois intimidant et totalement… Fou ? D’un mouvement de tête furtif, je tentais de me reprendre.

Comment lui faire comprendre sans le blesser outre mesure que je ne voulais pas l’utiliser comme un objet ? Il était déjà installé, prêt à l’utilisation, et moi, je m’apprêtais à le ridiculiser en lui refusant cette folie. Difficile et complexe dilemme pour le coup. Lui expliquer de but en blanc n’était pas une solution, surtout avec cette maladresse décuplée par ce traumatisme qui me pourrissait l’existence.
Inspirant calmement, je glissais accroupie, me retrouvant comme une enfant prête à jouer avec l’un des siens. Une douce époque où les sexes n’avaient aucune importance d’ailleurs. Me retrouvant à sa hauteur, légèrement plus basse de par ma taille amputée d’une bonne vingtaine de centimètre. Je tentais de trouver un équilibre, affichant le visage le plus doux que j’avais en réserve, avant de lui rappeler d’une voix maladroite :

“Deux aventuriers… Hein ?”


Je me redressais alors, espérant qu’il suive le mouvement sans se vexer. Une fois cela fait, je grimpais par mes propres moyens sur Meleys, je n’allais pas lui annoncer que je ne l’avais pas attendu pour apprendre à grimper sur une selle. Personne ne m’aidait lorsque je m’enfuyais des heures durant pour parcourir le Val. Une fois installée, je faufilais mes doigts dans la crinière noir de jais, avant de murmurer :

“Cessez de me voir uniquement comme une femme ayant besoin d'aide, s’il vous plaît… Je ne suis pas... que ça. Je savais être... tellement plus avant.”


electric bird.

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« Aventuriers Talya. »

Oui, j’avais choisi de l’appeler par son prénom, après tout si elle désirait que nous soyons égaux alors cela me semblait d’usage également. Une fois en selle, elle appuya de nouveau ces propos, j’hochais la tête mais tiquais sur le fait qu’elle parle d’un « avant ». Je ne me permis certes pas de lui demander plus en détail ce qu’elle voulait dire par là, il y avait sûrement un rapport avec cette histoire d’hommes légèrement pressants. Les chevaux avançaient d’un bon pas et nous entrâmes dans les bois. Se faisant, je lui proposais un léger galop accompagné d’obstacles constitués de rondins et d’arbres abattus par les paysans. C’était un plaisir que je m’offrais souvent lors des promenades en solitaire ou pendant les parties de chasse.

L’air frais m’arrivant au visage me fit du bien alors que Talion lui aussi prenait grand plaisir à pouvoir montrer à un autre cheval, en l’occurrence une jument, ses capacités. J’entendais toujours les sabots de la jument de Lady Baelish mais je n’arrivais plus à en estimer la distance de moi. Finalement, au bout d’une course effrénée, une clairière fut bientôt en vue. Je tirais sur les rênes pour demander à Talion de ralentir l’allure.

« Je propose que nous nous arrêtions ici, qu’en pensez-vous ? »

L’endroit était très agréable, la lumière éclairait juste une platebande d’herbes alors qu’un morceau de lac, entouré par les arbres se trouvait juste à côté. Le lac coulait ensuite en un ruisseau qui venait alimenter le château. L’endroit était calme et caché par les arbres. Je descendis de cheval et l’avais regardé descendre également, aux aguets pour savoir si tout de même elle n’allait pas tomber.

« Je venais souvent ici dans mes plus jeunes années. Je pense que je suis le seul à le fréquenter. »

Mes yeux se levèrent vers la canopée et j’esquissais un sourire, les nuages n’avaient pas bougés, nous étions encore au sec du moins pour le moment. Après avoir attaché Talion confortablement et retiré selle et provisions je regardais la jeune femme. C’était un endroit qui était rempli de mes souvenirs, souvent je partais ici quand la situation au château ne me déplaisait que trop.

Me mettant à genoux, je jetais un œil sur les paquetages que le palefrenier m’avait remis, nous avions de la viande et des fruits pour nous restaurer. Bien, Keira faisait bien les choses. Il fallait que je pense à lui laisser une pièce pour ce geste. Me redressant et sans plus de ménagements, je m’étirais. La cavalcade m’avait donné quelques suées et j’étais désireux de m’en débarrasser. Aussi, sans mot dire, j’avançais vers le morceau de lac et entrait dans l’eau en plongeant totalement. Je n’avais cure du fait que j’étais encore habillé, le pantalon de cuir correspondait parfaitement à ma morphologie et ce parce que je lui appliquais souvent ce procédé.

Après un long moment dans l’eau et quand le souffle avait fini par me manquer, je me décidais à sortir du lac. Évidemment, c’était accompagné de tombes d’eau que je revins sur la berge la bouche crachant un peu d’eau.

« Pardonnez-moi, j’en avais grand besoin. »

L’eau ruisselait partout mais je n’allais pas m’ébattre comme un chien. Mes yeux rencontrèrent ceux de Lady Baelish et j’eus un léger rire.

« Excusez ma spontanéité. »

Au moins tous mes vêtements dégoulinaient d’eau, je ne risquais pas du tout de regard totalement effaré des domestiques et surtout de Fern à mon retour. Egalement les remontrances de mon père si jamais celui-ci s’en retrouvait au courant et les quolibets de mes deux frères. Du moins les moqueries ouvertes de Guyard et le sourire moqueur de Lester…

Quelle était ma devise déjà? Agir en primitif et prévoir en stratège. Pour le moment, je montrais plutôt mon côté primitif.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
D’un petit bond peu assuré mais adroit, je me laissais glisser de la selle pour tomber au sol, les pieds naturellement attirés par le sol, comme le voulait la logique de ce monde. Mes doigts s’étaient entichés de la bride de Meleys, s’y agrippant alors que je cherchais mon souffle, peinant à réussir dans la tâche. Je ne pensais pas pouvoir trouver de chemins plus sinueux que ceux du Val, mais l’Orage venait à me prouver le contraire. À l’évidence, suivre un cavalier connaissant parfaitement son terrain, n’était pas chose aussi aisée que d’apparence. Mais la consolation qu’offrait le paysage environnant en valait la chandelle. Je n’aurais pu imaginer dans tel paisible sanctuaire lorsque nous nous étions fourrés entre les cimes des arbres.
Le lieu était plus que bucolique, idéal et à la fois idyllique, malgré le ciel ombragé, l’aura qui émanait de lieu et envahissait l’air ambiant était follement chaleureuse. Un délicieux melting pot d’informations plus appréciables les unes que les autres.

Était-ce donc son jardin secret ? Son petit lieu de calme à l’orée des difficiles choix qu’imposaient sa vie d’enfant de vassal ? Cette douce pensée me volait un sourire presque mielleux, avant de ressentir une légère gêne, mes joues tintées d’un voile doux. Pourquoi faire le choix de partager ce petit bout de lui avec moi ? Alors que je ne comptais lui en offrir aucun. Pour son bien assurément. J’eus l’impression de lui subtiliser un petit fragment de vie pour le faire mien, me l’accaparer avec une joie difficile à dissimuler. C’était là un sentiment oublié qui me revenait droit dans le faciès. Le partage. Il ne s’agissait pourtant pas de nos premiers instants partagés en sa compagnie, mais dans la liste de ces instants volés, celui-ci allait sûrement figurer en très bonne position dans un classement qui ne se composait que de peu de clichés. Pour l’instant… Cette pensée me fit frémir, je ne visualisais pas l’avenir, j’avais préféré oublier cette idée. Et pourtant… Cet instant simple, dénué de superflus, me donnait l'irrépressible envie d’en vivre encore moult autres.

J’étais encore dos à lui, flattant le ventre de la jument d’une caresse avant de venir crocheter la languette pour sentir son ventre se remplir d’air et chasser la selle qui l’entravait malgré tout. Une fois redressée, la selle glissait à mon encontre, par un jeu de contrepoids me permettant de le faire seule, la saisissant avant d’aller la déposer sur un rondin de bois, elle n’allait pas servir pour l’instant, alors la demoiselle en noire serait-elle sûrement plus à l’aise ainsi. Une fois cela fait, j’allais déposer une caresse sur son chanfrein avant de venir saisir un pan du tapis, prévoyant de m’en servir pour de le déposer au sol, afin de ne pas salir plus que cela ma tenue. Sara m’aurait tué de l’avoir abîmé pour une “simple escapade en compagnie d’un inconnu”. Je l’imaginais déjà me réprimander dans un sermon maternisant, tout en rendant à l’ensemble un visuel plus agréable. Cette pensée me fit sourire alors que le cuir glissait d’un coin entre mes mains. L’ouvrage en suspens, j’entendis un bruit sourd.

Mes doigts s’enfermèrent autour du tissu épais alors que je tournais mon regard. Si l’étalon était ici, le Corbeau lui, ne me semblait plus l’être. Je clignais des yeux, faisant moult mises au point sur les différents plans de la clairière, n’arrivant à le distinguer nul part. Je sentis alors la panique s’éprendre de chaque pore de ma peau, d’ébranler l’équilibre de mon palpitant. Où était-il maintenant ? Son absence, même légère, vint à me bouleverser comme une vague violente sur le visage d’un bambin. Pourquoi n’était-il plus là ? Près de moi… Cette pensée m’arrachait un pincement qui étouffait encore plus ma respiration. Hier encore, je n’aurais pu imaginer telle situation, mais je me retrouvais là, tétanisée par un manque de cette aura bienfaitrice. Étais-je en train de devenir dépendante de cette sécurité qu’il m’apportait ?

Il fallait que ce tourment cesse. Je tirais alors sur le tapis qui menaçait d’atteindre le sol avant que je ne le souhaite. Non sans un regard détaillant l’horizon en cas de retour de Richard, je déposais cette nappe d’infortune sur l’herbe. Cela fait, je tirais sur la bride de Meleys, pour l’attirer à mon côté, puis à celui de l’étalon à la robe tachetée, dans le but de lui offrir un petit cocon de confort, dont je me trouvais privé de façon inattendue. Cela fait, je fis un premier nœud sur la bride, avant de commencer le second, coupé en cours de route par un bruit humide raisonnant au travers des feuillages avoisinant.

Les doigts emmêlés nerveusement dans le cuir mou, je déposais mon regard en direction du bruit. Richard Morrigen, fils de Damon Morrigen, lui-même Lord de la maison de Nid-de-Corbeaux était de retour. Sortant du lac avec un naturel totalement désinvolte, comme s’il m’eut prévenu par avance et qu’il se contentait simplement de refaire surface. Ma première envie fut de hurler, de le frapper même, pour m’avoir chamboulé à ce point, mais mieux valait-il que cela reste secret. Mon second réflexe s’inclinait vers l’inquiétude, me demandait s’il n’était pas plutôt tombé sans que je ne le voie, mais il semblait plus qu’en pleine possession de ses forces, alors cela n’était pas l’hypothèse la plus plausible.

D’un mouvement rapide et maladroit à cause du bouleversement, je fis le second nœud avant de me défaire de la jument, de quelques pas pour pouvoir observer le galant qui faisait son retour en scène. L’eau ruisselait de son corps pour se faner au sol et repartir à la terre, laissant ses vêtements délaissés de toutes résistances. Ces derniers étaient fermement collés à sa peau. Malgré les nombreuses réticences et avertissements violents de mon esprit, je déposais une œillade sur ce corps détrempé. Des milliers de préjugés sur ce genre de situation n’eurent rien pu changer au fait suivant : Richard Morrigen était un homme magnifique, d’une stature plaisante et entretenue. Chacun de ses muscles se dessinait orgueilleux sous sa tenue devenue “transparente”. Sa constitution devait forcément faire tourner les têtes de bien des femmes, et il n’en manquait que peu pour que je cède à mon tour.

En d’autres conditions, j’aurai pu ressentir un désir, grandissant en flèche, une sensation étouffante et euphorisante, je me sentis presque coupable pour lui de ne pas ressentir cela. C’était une insulte à sa beauté. Un affront de plus à sa personne. D’une main maladroite, je défis quelques boutons de ma manche, avant de m’approcher à son côté. Ma main, enfouit sous le tissu, vint se déposer sur les contours de son visage, avec audace, épongeant les nombreuses gouttes qui ruisselaient dangereusement de ses cheveux. Cela n’était que dû par l’hypothèse naissante qu’il puisse avoir froid, n’arrivant à trouver le mal dans ce geste, qui auraient pu porter à moult confusions pourtant.
Je détournais alors mon regard, pour ne pas croiser le sien, de peur d’y voir un reproche face à ce geste. J’épongeais à l’aveugle, par le simple souvenir s’étouffant dans les pensées tumultueuses qui secouaient mon esprit.

“La… La spontanéité vous sied bien Mes… Richard. Mais veillez à ne point tomber malade. Je m’en sentirai coupable autrement.”


D’un geste tendre, j’amenais la seconde manche éponger le port de son cou, pressant le tissu qui s’imbibait déjà d’eau, sans un mot de plus.


electric bird.

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Elle s’occupait à éponger mon visage, amusant, elle se préoccupait de détails amusants. Je me laissais faire le sourire aux lèvres, ce n’était pas son geste qui changerait grand-chose à un plongeon entier dans le lac. Alors comme ça elle aimait la spontanéité hein… Bien. Riant doucement, je la pris dans mes bras comme une jeune mariée au sortir du Septuaire. Quelques pas rapides et soudain…

*PLOUF !*

Pour la peine nous étions dans l’eau, je pouvais paraître renfermé mais pour certaines choses… Les bonnes habitudes de l’enfance et de l’agitateur ne s’oubliaient pas. Toutefois, je la portais toujours dans mes bras, mes avant-bras étaient sous ses fesses et contre ses omoplates. L’eau était agréable juste tempérée comme il le fallait. Un coup d’œil à sa tenue verte qui s’étendait dans l’eau comme un nénuphar au milieu du lac. Les gouttes roulaient sur notre peau, une tombant de mon nez alla se loger sur la clavicule de Dame Baelish et rouler doucement la gravité aidant. Je secouais mes cheveux avant de les ramener en arrière.

« Ma foi beau temps pour une baignade Lady Baelish ! »

J’espérais surtout ne pas l’avoir définitivement apeurée en faisant ce geste imprévu. Mon visage redevint sérieux alors que je murmurais doucement.

« J’espère ne pas avoir gâté votre tenue… Je demanderai dès notre retour à ce qu’elle reçoive un nettoyage de premier ordre. »

Mon visage était proche du sien, les gouttes pleuvaient de notre peau et je ne pouvais m’empêcher de la dévorer des yeux. Instinctivement, mes lèvres s’approchaient des siennes. Je déglutis malgré moi, je pouvais sentir son souffle caresser mon visage.

« Talya… »

Mes lèvres vinrent effleurer les siennes puis se lier dans un baiser. Un baiser différent de tous ceux que j’avais pu donner avant. Après une poignée de secondes, ma tête recula doucement. Je n’avais aucune idée de la façon dont elle allait réagir désormais. Mes joues étaient rouges, c’était incroyable que la vapeur ne s’élève pas de mes joues du reste. Les chevaux étaient en train de faire connaissance ensembles apparemment et ne s’occupaient pas de nous. Le clapotis des gouttes s’était arrêté et le seul bruit était le vent soufflant dans les feuilles.

Elle était la première femme que je faisais venir ici, je crois que même mes frères n’étaient pas venus par ici. C’était un endroit à moi et je venais d’y amener la première femme avec laquelle je souhaitais envisager quelque chose dans l’avenir. Nos respirations marchaient à l’unisson et le temps semblait s’être arrêté.

Dans ma tête tournait toutes les situations possibles, allant de la classique claque sur la joue à quelque chose de pire ; un silence glaçant et horrible pour les prochaines années à venir. Toutefois, je n’en démordais pas, non je n’allais pas présenter mes excuses pour ce geste. Je ressentais quelques inclinations pour elle et je ne voulais pas m’en cacher. Si il devait y avoir quelqu’un pour qui je devais me dévouer autre que ma famille… Cela devait être elle.
Raclant la gorge, j’eus le courage de lui parler d’une voix ferme mais douce ; mes yeux étaient campés dans les siens.

« Talya… J’ai une proposition à vous faire. »

Oui j’avais une proposition à lui faire, ici, en plein lac, trempés et tous habillés. Une proposition de la plus haute importance. Maintenant que j’avais eu la poussée d’adrénaline pour la mettre dans l’eau, je pouvais bien lui demander autre chose…
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