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[Flashback] L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux [Richard Morrigen]

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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Une fenêtre, de loin, celle-ci ne me semblait pas bien différente de la mienne, une pierre différente, mais une forme commune en somme. La pièce était une pièce, un lieu de vie dénué d’âme, et même si rien ne m’appartenais, il me suffisait d’y croire. Sans faire attention à ce qui se trouvait réellement dans la pièce, j’allais m’adosser à la fenêtre. Ne pas perdre les habitudes était un moyen de survie comme un autre. Le paysage y était très différent de tout ce que j’avais connu jusqu’alors. En soit, le climat pluvieux qui m’avait accueilli dans la région n’était pas bien différent de celui qui avait arrosé toute mon enfance. Un point positif pour l’Orage alors : il ne faisait pas beau. Pour sûr, si l’on m’avait exilé à Dorne, le débat aurait été tout autre. Point négatif, il manquait ce bruit incessant de vagues s’effondrant sur la côte. Ce remous incessant et apaisant. La mer allait me manquer. Et pourtant, ce lieu allait malgré tout devoir être ma nouvelle demeure pour les mois à venir. En soit, m’accommoder n’allait pas être le plus grand de mes soucis, l’aventure avait un goût plaisant de le Val, pourquoi aurait-il un goût âcre ici ? Non, le plus grand souci auquel j’allais devoir faire face était largement plus complexe : Nid de Corbeaux était une forteresse exclusivement… Masculine. N’importe qui aurait considéré cela comme un léger menu détail, mais pas moi, du moins plus moi. Mais cette pièce n’en comportait aucun depuis le départ de Lester Morrigen, et heureusement.

Peu importe l’endroit où j’avais posé mon regard en passant la porte, je m’étais constamment retrouvée épié par un nouveau visage d’un homme. Les visages demeuraient différents, mais les expressions de fond demeuraient les mêmes. Quelqu’un venait de jeter un oisillon blessé dans le nid des oiseaux noirs, et l’heure était au jeu. Et cet homme, ce joueur ambitieux n’était autre que mon propre père. Mon père… Cet être aimant en qui je puisais confiance, amour et par-dessus tout savoir, m’avait envoyé dans la gueule du loup, sans autre forme de procès. Je ne pouvais croire qu’il l’avait fait en connaissance de cause. Ou alors était-ce un simple défi de sa part ? M’apprendre par la pratique, plutôt que par la théorie comme il l’avait toujours fait, qu’il ne subsistait d’autre moyen plus efficace que de soigner le mal par l’affrontement. Cela lui ressemblait peu dans le fond… Être stratège à ce point appartenait au domaine de mon oncle, de mon cousin par lien de naissance, mais pas de mon propre père. La maladresse était un des traits prédominant de son caractère à lui, et je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir cherché à bien faire. Il s’était toujours préoccupé de mon bien, et je n’avais fait que contrecarrer tous ses plans.

Perdue dans mes pensées, puisqu’elles étaient les seules à dialoguer avec moi, je sentis quelque chose caresser ma jambe au-dessous de mon jupon. Une intrus dont je connaissais bien trop le toucher. Meraxès. Celle-ci ne semblait pas plus perturbée que cela par les changements de milieux, de température, ou encore de présence. À l’évidence, elle allait être la première à s’accommoder de l’atmosphère ambiante. La révélation n’avait pas ébranlé son caractère bien trempé et ses ronronnements saccadés. Avec un sourire apaisé, je quittais le rebord pour la chasser de sa cage de tissu et m’accroupir à son niveau. Dans un miaulement sourd, son crâne s’écrasait contre le dos de ma main, réclamant l’attention qu’elle pensait mériter. Avais-je alors le choix ? Je lui accordais le caprice, une fois de plus, tant qu’elle se laissait faire docilement, avec elle, cela ne durait jamais.

Il aurait été préférable que la pensée m’échappe d’ailleurs. À peine avais-je eu l’idée à l’esprit qu’elle s’en allait déjà loin de l’étreinte de mes doigts. Pourquoi cela ne durait jamais ? Ingrate. L’observant traversé la chambre, je soupirais, avant de retourner à mon observation du paysage. Quelques minutes de répit passèrent avant qu’elle ne décide de gratter la porte, dans l’espoir de passer à travers, sûrement. Comme toujours, elle choisissait très mal son moment. Très mal d’ailleurs. Dehors, le calme plat avait laissé place au bruissement incessant de sabots. De l’agitation, il fallait comprendre l’arrivée de nouvelles personnes… Et je n’avais pas envie de voir de nouvelles têtes, il y en avait assez eu pour la journée. Meraxès se mit à miauler en me regardant. J’approchais alors de la porte pour lui ouvrir, espérant ne pas rencontrer derrière cette dernière âme qui vive. Mais les Sept ne sont que rarement cléments avec mes désirs.

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La partie de chasse était terminée, bien entendu c’était Guyard qui avait récupéré le maximum des prises. Mais je ne m’en sortais pas si mal cette fois-ci. En effet, je marchais dans le couloir avec les plumes des deux faisants qui avaient succombé sous les flèches de mon arc tirées depuis Talion, mon destrier gris pommelé. Le temps de les envoyer en cuisine pour qu’ils soient préparés et dégustés le soir même. J’avais pris des plumes car j’en manquais pour écrire et rédiger des notes et missives.
Il se faisait entendre entre nos murs qu’une nouvelle présence était sur les lieux. Une présence féminine, ce qui n’était pas légion ici. Lady Baelish, venue après un accord entre son père et l’autorité en présence sur Nids-de-Corbeaux Seigneur notre père Damon Morrigen, qui devait être en plus secondé par Lester. Le bougre n’ayant pu nous accompagner à la chasse car évidemment bien trop occupé sûrement par les arcanes de la politique.

Je montais les marches jusqu’aux logements et pièces à vivre, dépassant des domestiques et des gardes. La tenue de chasse, de cuir sombre, les cheveux en bataille car une des proies de Guyard avait réussi à finir sa course par-dessus ma tête et se prendre dans mes cheveux. Des traces de griffures sur ma joue, laissées par les pattes dudit dîner de ce soir. La tenue et les bottes boueuses, ce qui causait des sifflements méprisants et agacés de la part des domestiques en charge du ménage.
Perdu dans mes pensées, j’avançais pour me rendre chez moi et soudain…

« MEOOOOOOOW ! »

Mon sourcil se leva tout seul. Lester avait déclenché une nouvelle politique de dératisation dans le château ? J’avançais doucement vers la source du bruit, jusqu’à une porte de bois d’où un grattement semblait venir. Soupirant, je me mettais accroupi, mes genoux craquant de mécontentement après la partie de chasse et posait la main sur la porte…

… Porte qui ne tarda pas à s’ouvrir. Je faillis tomber et me retrouver nez à nez avec une robe couleur pastel. J’eus le temps de me rattraper pour ne pas tomber sur mon séant devant la damoiselle. Le temps de lever les yeux et je rencontrais un visage de porcelaine qui me fixait d’une paire d’yeux étonnés. Le temps de déglutit, esquisser un sourire désolé, laisser passer le chat qui ne demandait qu’à filer.

« Milles excuses gente dame… »

La saluant comme le protocole le demandait, je m’empressais de retrouver une contenance.

« … J’ai cru à tout autre chose que vous, pardonnez-moi. Richard Morrigen, second fils de Damon Morrigen. »

Mes yeux la détaillèrent rapidement, assez rapidement pour qu’elle ne prenne pas la mouche. Une robe assez ouvragée, elle devait être d’un rang assez conséquent. Une peau diaphane, signe que la demoiselle préférait les intérieurs et ne sortait que très rarement. Une marque d’une certaine noblesse, il n’y avait que les vassaux qui se laissaient tanner par le soleil et buriner par les travaux. Ses cheveux d’un noir tirant sur un brun chaud encadraient son visage fin aux lèvres ourlées et délicates. Amusant, une mèche lui tombait au milieu du visage et n’était que soulevée par le ressac de sa respiration. Ses yeux possédaient la même couleur que les plumes de faisants que je tenais dans les mains.

Machinalement, je passais la main dans mes cheveux rajoutant un peu plus de chaos dans ce qui était déjà un magnifique fourbi.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
La porte était enflée par l’humidité ambiante, malgré tout, elle grinçait de façon sourde, dans un bruit qui stoppait quelque peu la féline tout en la rendant nerveuse, à voir ses oreilles plaquées sur son crâne. C’était une preuve que cette pièce n’avait été ouverte et préparée que pour ma venue. C’était certes un détail quelque peu inutile dans l’ensemble, mais il fallait avoir l’heure pour comprendre l’intérêt de la chose. Noter le plus menu élément qui brusquait le quotidien était à la fois nécessaire, mais distrayant lorsque l’on se sent si seule. Ainsi, il était aisé de comprendre que ne vivaient ici que les habitués et les différents personnel de maison. Au final, ici, ce n’était pas bien différent de la tour de silex, on ne recevait pas, ou très peu, ou encore à cours terme. Les Morrigen étaient-ils aussi solitaires que les Baelish ? La question resterait en suspens pour l’instant. La porte ouverte, Meraxès prit ses aises et se faufilait déjà dans les couloirs. Sortir ne me semblait pas une bonne idée.

Concentrée sur des pensées peu importantes - comme c’était bien souvent le cas, je ne compris pas immédiatement ce qu’il était en train de se passer au bas de l’ouverture de la chambre. Une chose se mouvait, s’exprimait par petits bruits. Mais il me fallut néanmoins un léger temps d’arrêt pour comprendre qu’il s’agissait plutôt d’un… Nouvel homme. Mauvaise pioche, moi qui espérait ne croiser personne, ou, à l’extrême limite rencontrer enfin une dame. Mais non, me voilà face à un nouvel homme, qui semblait rentrer d’une journée plus que mouvementée. Mais le fait qu’il se trouve en tenue de sortie n’était pas le souci imminent de sa présence. Sa présence elle-même était un souci, qu’il ai été habillé en chevalier ou en souillon ne changeait en rien le sexe auquel il appartenait. Alors qu’il tentait de se redresser, je ne vins pas lui tendre la main, même s’il aurait dû en être ainsi, cela m’était devenu interdit. Ne jamais instaurer le contact, c’est ainsi prouvé que l’on ne cherche pas à obtenir quoi que ce soit… Des réflexes difficiles, mais appris depuis peu.

Mon regard était néanmoins porté sur sa personne, et je fis tout mon possible pour ne pas le dévisager comme un monstre, il n’était pas un Fer-Né, il fallait le respecter au moins pour cette caractéristique. Ainsi, avais-je plutôt un regard apeuré. Le danger était potentiel, peut-être latent, et il m’était impossible de savoir s’il était possible qu’il soit un homme violent. Un homme rentrant dans un tel état pouvait-il l’être ? Des plumes dansaient entre ses doigts, un chasseur. Il était possible qu’il soit un noble étant venu chasser dans les environs.

Hé bien non, c’était pire. Les mauvaises nouvelles s’enchaînaient, comme si être un homme ne lui suffisait pas. Damon Morrigen n’avait pas engendré qu’un seul fils, mais bien deux. Avec la chance que j’avais, il devait sûrement être plus encore. Pourquoi avais-je occulté ses questions durant mes diverses conversations avec les chevaliers de mon escorte ? Ou alors n’y avais-je pas prêté attention, ce qui demeurait possible aussi. Le doute subsistait. Lâchant la porte quelques secondes, je saluais le nouvel arrivant avant de me présenter à mon tour, comme le demandait l’usage :

“Je… Talya. Talya Baelish, seconde héritière et fille de Quentyn Baelish.”

C’était plutôt seconde fille, mais seule vivante, mais je n’allais pas plomber l’ambiance dès le début. Un miaulement sourd me fit sursauter et me fit retourner contre ma porte, mal à l’aise. Il fallait que je passe récupérer l’odieuse féline, mais il me barrait la route, et lui demander de bouger n’était pas une très bonne idée, il était chez lui après tout. Baissant le regard, je poursuivais, la voix tremblante :

“D… Mera est sortie d’un coup… Enfin, mon chat… Vous n’avez… Rien ? Désolé, je ne savais pas que vous étiez… là.”

Et là, c’était l’endroit où j’avais le moins envie qu’il soit en réalité, il pouvait être partout, mais devant moi était sûrement le dernier lieu au monde où être en ce moment lorsqu’on était né de l’autre sexe. Je lui avais posé une question à laquelle je n’avais pas envie de connaître la réponse, s’il allait mal, je n’allais pas l’aider, et s’il allait bien, je ne saurais pas m’en réjouir, même faussement. Richard Morrigen subissait. Il n’y était pour rien pourtant, mais c’était ainsi, tout simplement. Il était logé à la même enseigne que tout homme.

electric bird.

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Etrange effet que celui que je produisis sur Lady Baelish, on aurait dit que je venais de débarquer dans lit avec mon cheval. Dans ces yeux je remarquais tout de suite quelque chose : elle ne voulait pas que je me trouvasse ici. Quel dommage, elle était plutôt jolie. Les rouages de mon esprit s’activèrent, ils me crièrent de désormais tout faire pour ne jamais la mettre mal à l’aise ou la déranger.

Elle me dit son nom, je ne le connaissais pas. Elle ne m’avait été signalée que par son patronyme. Quand elle me le dit, un léger sourire qui se voulait rassurant naquit sur mes lèvres alors que je penchais la tête.

« Je vous souhaite la bienvenue à Nid-de-Corbeaux Talya Baelish. »

Le ton de ma voix était comme à son habitude, posé, mais il se dotait désormais d’une coloration chaude et rassurante. Je sentais qu’elle suintait la peur par tous ses pores. Un petit oiseau qu’on venait de lâcher ici, dans une volière de corbeaux. Un miaulement agacé se fit entendre dans mon dos, le chat était là. Un regard vers elle, elle voulait aller récupérer son animal. Au vu de son état, prendre moi-même le chat pour lui donner n’aurait pas été opportun, aussi je préférais la solution de reculer de plusieurs pas pour lui laisser le confort de le faire elle-même.

La question sur mon état fut rapidement éludée d’un signe de tête sans équivoque. Il en allait de même pour son inquiétude quant à ma présence sur le pas de sa porte dans une position fort peu commune pour un fils de seigneur. J’eus un léger rire mes yeux allant vers elle.

« C’est plutôt moi qui devrait vous présenter mes excuses, je ne savais pas que vous résidiez dans cette pièce à vrai dire ! J’ai cru à quelque rongeur ou défaut dans la porte. Vous m’en voyez marri ma Dame, je souhaite nullement vous importuner. »

Mes yeux se posèrent sur le chat qu’elle avait dans les bras, ou plutôt la femelle après l’avoir observée correctement, elle semblait grognon ; le déracinement ne semblait pas être son fort. Sauf que contrairement à sa maîtresse qui semblait perdue et effrayée, elle venait en conquérante dans Nid-de-Corbeaux.

Une nouvelle fois, sûrement par réflexe, ma main alla dans mes cheveux. Avec son air et l’impression qu’elle diffusait autour d’elle, j’avais le sentiment que si je refermais la porte ; elle allait se faire avaler par les corbeaux ici. Le temps de réfléchir et ma bouche avait déjà parlé.

« Souhaitez-vous visiter quelque endroit dans le château ou les jardins ? Je me ferais un plaisir de vous servir de guide ma Dame... Ou pour quel qu'autre besoin que vous ayez. »

Je doutais qu’elle me réponde par une positive mais cela ne coûtait rien d’essayer. Je me demandais ce qui avait bien pu se passer chez elle pour qu’elle soit ici, dans la chambre de feue notre mère. C’était la dernière pièce qui avait un tant soit peu conservé ses attributs et une âme quelque peu féminine. Une autre chose qui me taraudait, pourquoi semblait-elle si apeurée par ma simple présence ? Etait-ce de par mon statut ? Non ce n’était pas cela, avant même de savoir j’avais senti l’inquiétude, la peur venir et monter graduellement.

Par un hasard plus que malencontreux, mes yeux rencontrèrent les siens. D’habitude, le contact aurait été rompu immédiatement ; mais pas cette fois-ci. Malgré moi, je me retrouvais le souffle coupé, les yeux dans ceux de cette jeune femme les lèvres s’entrouvrant incapable de dire un mot. Subjugué par cette jeune femme, celle qui était sur le pas de cette porte où il était accroupi quelques secondes avant.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Pourquoi était-il en train de rire ? Étais-je ridicule ? Se moquait-il de moi ou de lui-même ? Pouvait-on seulement tenter de se moquer du malaise des gens ? Difficile à dire en réalité. Je peinais à trouver une réponse valable tant les questions fusaient les unes après les autres, devenant de plus en plus tordues au fil des secondes qui s’écoulaient en silence. Pourquoi m’était-il devenu si difficile de réfléchir en présence d’autrui ? Moi qui m’accommodais de tous autant que tous par le passé… La réponse à cette question était évidemment claire comme de l’eau de roche, limpide et simple comme l’orientation du soleil au petit matin. Mais songer à la réponse ne m’était plus permis, c’était interdit à présent, prohibé par des principes et des préceptes, par de longues heures à délaisser cela au loin.
Je savais avoir effectué un hochement de tête à la fin d’une phrase dont je n’avais même pas pu entendre le sens, ne l’écoutant que d’une oreille distraite, je ne m’étais éveillée à nouveau que lorsqu’il s’était mis à rire.

Une ouverture s’offrait devant moi lorsque ses pas reculèrent, une aubaine. Passant rapidement dans cette maigre ouverture créée par le recul du jeune homme, je fis de mon mieux pour agir comme se devait le faire toute femme bien née. Pourtant, je longeais le mur, pire encore, je l’avais rasé sur le début de mon chemin. J’avais fait de mon mieux pourtant… Avoir l’air normal ne m’était donc plus permis non plus. Par pitié, il fallait que cela cesse. Mais cela prendrait du temps, assurément. La féline me narguait du regard alors que j’approchais enfin de son petit espace vital, m’y introduisant sans la moindre vergogne. Je m’étais mise en danger pour elle, rien qu’en sortant de cette chambre, de cet endroit qui m’étais réservé, de ce sanctuaire où personne ne pouvait aller sans mon accord. Le couloir appartenait à tous les êtres du château, c’était à dire beaucoup, beaucoup trop d’hommes. L’attrapant maladroitement, je la serrais presque à la façon d’une peluche, cherchant sa chaleur pour apaiser les battements violents de mon palpitant qui menaçait de retourner le premier dans ce périmètre sain si je ne me décidais pas à avancer de moi-même. Meraxès se débattait peu, mais parlait de trop en cas de contrariété. Alors se mit-elle à gindre sous la pression des bras de l’ombre de la maîtresse que j’étais devenu.

Des mouvements se firent dans mon champ de vision, mais je n’y prêtais pas grande attention, je n’écoutais que par devoir et par politesse. Le plaisir n’était plus permis quand il s’agissait d’étranger du “sexe fort”. Mais la peur ne devait pas empiéter sur son savoir-vivre, il fallait agir en Lady selon des principes strict, et agir en bonne invité, afin de faire honneur au royaume qui l’accueillait, mais aussi représenter dignement sa famille.

Mais, à la question du cadet des corbeaux, il eut un doute latent quant à ces soi-disant consignes de bien vivre en société. Devais-je agir comme le dictait l’étique ou comme le dictait le principe de survie ? Était-il raisonnable d’accepter l’offre d’un inconnu dont l’existence m’était encore étrangère quelques fractions de minutes auparavant ? Pour le coup, tout tentait à tendre vers le refus. Et cela pourrait m’être pardonné, mais pour cela, j’aurai eu à expliquer le pourquoi du comment de mon attitude si distante. Impossible d’assumer ces réalités-là devant l’œil d’autrui.
Alors que mes yeux se redressaient poliment pour lui exprimer une réponse, ces derniers furent happés par les siens, dévorés par la profondeur de ses iris noirs. Avais-je déjà vu regard pareil dans toute une vie ? Des pupilles si profondes que l’on ne pouvait en discerner le point de rupture. Il maintenait le contact, et je me retrouvais prisonnière de ce dernier, tétanisée et à la fois fascinée. Une proie guettée par son chasseur, l’expression ne pouvait être aussi bien illustrée. Allait-il voir si je lui mentais ? Et était-ce réellement un mensonge au moins ? Puis, contre toute attente, une idée brisa la barrière du silence, comme sortie de nul-part, salvatrice sans l’être :

“Les écuries.”


Je pus enfin cligner des yeux et laisser mon regard s’éclipser du sien, sentant le feu s’éteindre sur mes joues et mon esprit s’éclaircir. J’avais lancé une idée dans le vent, il fallait à présent que je trouve de quoi alimenter cette dernière, et vite, sans quoi aller me cacher comme une enfant serait le seul moyen de sauver la mise. Un nouvel éclair de folie illuminait mon esprit éteint.

“Il faut… que… j’aille m’occuper de ma jument… Elle doit être effrayée, seule aux écuries.”

Il m’était assurément possible de mieux faire, mais ce n’était pas trop mal. Et puis, Meleys devait être mille fois moins effrayée que je ne l’étais à cet instant précis. C’était une jument obéissante et qui n’aurait causé aucun problème à être entretenue par autrui. Mais cela demeurait important, ou plutôt l’était devenu, de me prouver à moi-même que la dépendance à l’homme n’était pas obligatoire. Enfin presque, puisque je ne pouvais me déplacer sans l’assistance de ce dernier, ou d’un tiers autre.

“P… Pouvez-vous m’y cond… m’indiquer le chemin à suivre pour m’y rendre. S’il vous plaît.. Messire Richard Morrigen.”

electric bird.

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Elle avait un problème. Il suffisait de la regarder pour le remarquer, j’avais reculé mais apparemment elle était désireuse de garder une certaine distance de sécurité. Même si pour cela il fallait qu’elle rase les murs comme un voleur sur les marchés. Je la regardais faire en croisant les bras, mon sourcil se soulevant malgré moi et ne comprenant pas trop pourquoi toutes ces simagrées. Elle finit par répondre à ma proposition en disant que les écuries lui siéraient bien. J’hochais la tête ne la quittant pas des yeux.

« Venez alors, il faut que je m’occupe de mon cheval moi aussi. Je m’éclipse le temps de déposer ces plumes dans la pièce à côté, ma chambre et mon bureau si vous vous demandez. Passez une tenue plus adaptée si vous le préférez sinon attendez moi à ma porte je n’en ai pas pour longtemps. »

Se faisant, j’entrais dans ma pièce laissant la porte ouverte. Comme les chambres de Lester et Guyard, les pièces étaient grandes et spacieuses. Dans la mienne, le lit était dans un renfoncement et défait de ce matin. Les domestiques ne semblaient ne pas avoir encore eu le courage de passer, cela me fit naître un soupir exaspéré. Le reste de la pièce était composé d’une cheminée attenante à deux fauteuils avec une petite table entre les deux. Un pan de mur, le plus grand, était entièrement couvert d’une bibliothèque dont les étagères croulaient sous les ouvrages et les objets divers. Cela allait des livres de stratégie militaire aux crânes et objets ayant une forme assez peu commune. Un bureau massif couvert de papiers, de notes rédigées et de livres ouverts annotés. Ma précieuse table de Cyvosse où les pions n’avaient pas bougés depuis une partie disputée dernièrement. Ainsi que tous les meubles d’usages qui se retrouvaient dans toutes les chambres : armoire pour les vêtements, une table pour déjeuner près d’une fenêtre un meuble verrouillé comportant les documents et les objets précieux et enfin une remise pour les bonnes bouteilles d’alcool. Au mur des cartes de batailles fixées de façon plus ou moins correcte avec des dagues parfois. Sur les murs, on pouvait remarquer de nombreux petits trous, résultat de nombreux couteaux de lancer et d’humeurs plus ou moins joyeuses ou totalement énervées.
Je déposais sur le bureau les plumes pour que je les taille par la suite. Le temps de me retourner et de la voir dans l’entrée. Un sourire rassurant passa mes lèvres.
« Je vous en prie. Par contre excusez-moi, les domestiques semblent ne pas être encore passés pour faire le rangement. Comme vous le voyez je suis votre voisin. »
J’en étais à me demander depuis combien de temps elle était arrivée car je croyais me souvenir avoir lancé quelques lames du côté de son mur mitoyen au mien. Cette pensée apporta une légère coloration rouge sur mes joues alors que je me raclais la gorge.

« Je vous amène aux écuries ? »

J’avançais vers elle, refermait la porte et m’inclinais pour lui indiquer le chemin à suivre.

« Après vous ma Dame. Comment se nomme votre jument ? »

Je la regardais, elle ne changeait pas tellement d’attitude par rapport à il y a quelques minutes. C’était étrange. Malgré moi je ne pus m’empêcher de poser des questions.

« Tout va bien Lady Baelish ? Quelque chose semble vous inquiéter au plus haut point. Si je puis faire quoi que ce soit pour rendre votre séjour ici agréable dites le moi surtout. »

Nous marchions quasiment côte à côte au vu de l’étroitesse de certains couloirs, je tâchais de tout faire pour ne pas la brusquer.

« J’estime être assez influent ici, sans être Seigneur mon Père, pour régler quelque souci qui vous taraude Milady. »
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
À cet instant précis, à dire vrai, je ne me posais aucune question. Du moins pas de questions concernant les détails, ce qui était rare dans le fond. La seule pensée qui occupait mon esprit était l’information principale apportée par l’homme en face de moi : quelqu’un vivait à côté de ma chambre, et ce, quelqu’un n’était autre qu’un homme. Mais ce n’était pas non plus un drame en soit, il me fallait juste un petit temps d’adaptation pour encaisser la nouvelle, et, à l’évidence, que cela soit surmontable ou non n’avait que peu d’importance, le choix n’était pas mien. Je n’allais sûrement pas demander à changer d’appartement sur la simple remarque que savoir un homme si proche m’étais insupportable. J’étais ici pour dépasser cela, pour aller mieux, il me suffisait de prendre cela comme un défi de plus et tout irait dans l’ordre rapidement.
Un nouveau hochement de tête de façon passive, avant de quitter sa compagnie pour retourner dans mes appartements. La robe que je portais n’était en réalité qu’un long manteau enfilé pour ne pas montrer ma tenue de monte que je n’avais quitté que de moitié. Cela allait être un avantage au final. En corset et pantalon équestre, je me dirigeais vers la veste d’équitation déposée sur le dossier d’une chaise. Un peu boueuse à cause de la montée jusqu’à la demeure des Morrigen, je la frottais du dos de la main pour en enlever une partie avant de l’enfiler de nouveau. C’était une longue veste, dans des tons très sombres, avec des reflets bleutés rappelant la région à laquelle j’appartenais : le Val. Une fois les différentes broches attachées, je pris soin de recoiffer mes cheveux pour l’occasion, les tressant rapidement pour ne pas être gênée durant mes activités à l’écurie. J’observais mon reflet dans l’eau se trouvant sur la coiffeuse, puis dans le miroir. Ce n’était pas divin, mais cela devrait suffire pour se rendre aux écuries et se salir les mains. Déposant Meraxès, je lui indiquais que j’allais voir Meleys, qui, malgré son tempérament doux et affectueux, ne tolérait la féline qu’à doses réduites, et avec le voyage, sa patience devait avoir était quelque peu ébranlée.

Les premiers pas furent difficiles, il est vrai, mais les suivants s’enchaînèrent plus facilement. Ainsi me présentais-je devant les appartements du cadet, qui semblaient ouverts. Frappant lentement le bois, ma main fut si peu assurée qu’il ne devait même pas avoir entendu le moindre bruit, il ne pouvait avoir entendu ma présence. D’une œillade, j’observais alors la pièce, furtivement. Elle possédait son caractère propre, contrairement à la chambre qui avait été mise à ma disposition, qui me semblait bien plus neutre. La vie émanait de l’air s’y déplaçant librement, c’était agréable. Du moins jusqu’à revoir Richard dans mon champ de vision. Il n’était pas laid, ni repoussant pourtant, mais il me rappelait la dure réalité de la chose : j’étais voisine d’une garçonnière. Intérieurement, j’en venais à me questionner si j’avais encore beaucoup de… voisins. Lorsqu’il s’adressait à moi, je fis un hochement de tête, un nouveau, le débat était clos.
Après quelques pas de reculs, lents et maladroits, je me retrouvais à nouveau dans le couloir, avant de répondre à son interrogation d’un ton monocorde :

“Meleys, nom d’un autre dragon de légende…”

Légende n’était pas le mot, c’était un nom historique, au même titre que Vhagar, ou Meraxès. C’était un peu une marque de fabrique personnelle, que de donner aux animaux des noms de dragons. Et, ayant obtenu Meraxès et Meleys à seulement quelques mois d’intervalles, j’avais jugé amusant de trouver des noms commençant par les mêmes syllabes. Je m’étais démené pour, d’ailleurs, mais cela avait occupé quelques heures de ma vie, et m’avait instruit plus encore sur cette race éteinte. À leurs attitudes respectives, les deux femelles n’avaient pourtant rien de dragonnesque, mais cela leur offrait une prestance qu’elle n’aurait pu atteindre par des noms plus communs. Et enfant, l’on devient fier d’un rien.

Nous marchions lentement, du moins il s’avançait avec lenteur et le suivre n’était pas chose complexe. Malgré toutes les tentatives de m’éloigner de lui, la disposition des murs ne semblait pas être de mon côté. Je l’effleurais parfois, et, même si cela ne durait que quelques fractions de secondes, je ne pouvais m’empêcher de le dévisager d’une œillade apeurée, le visage enclin à l’excuse à chaque fois que cela se passait. Mais, lorsqu’il se mit à me demander ce qui n’allait pas, je fis un temps d’arrêt. Un frisson glacial m’avait rappelé au sol, fixant mes pieds l’un contre l’autre, le regard dans le vague. Qu’allais-je pouvoir lui apporter comme réponse ? Un mensonge, évidemment. Mais lequel ?

“Je v… Ne vous préoccupez pas de mon état, Messire Richard Morrigen, je souffre simplement du… Mal du pays ?”

Les mots étaient sortis avec tant de difficultés que j’en vins à douter qu’il puisse ne serait-ce que penser à me croire, mes chances d’être crédible étaient plus que compromises. Tentant de lui adresser un sourire rassurant, je sentais les tourments refaire peu à peu surface, des images violentes, par flash devant mes yeux. Mon cœur se serrait au plus profond de ma poitrine, pour se cacher des douleurs, alors que je repris mes pas, le dépassant en lui faisant volte face.

“C’est… par là ?”


Un carrefour. J’y tournais rapidement, dans une direction complètement aléatoire, qu’importe s’il était possible que je m’y perde. Il ne fallait pas qu’il sache. Personne ne devrait savoir toute l’histoire. Et parfois, comme à cet instant précis, l’envie de se confier se fit plus forte, difficile à contenir. Garder cela, encore et toujours, enfouit en moi. Une torture.

electric bird.

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Touché. Il y avait quelque chose en effet. Si je n’avais pas de difficultés dans le discernement des esprits et des cœurs, celle-là était un livre ouvert. La raison qu’elle me donna ? Foutaises. C’était bien plus profond et ancré que ça. C’était incroyable de voir combien il en coûtait aux gens de refouler quelque chose d’un coup, comme avaler un médicament infect préparé par un Mestre. On aurait dit que Lady Baelish avait avalé un tonneau d’abats. Mon sourcil s’arqua en réponse de la raison qu’elle me donnait.

« Si vous le dites. »

Je sentais bien qu’elle commençait à devenir empressée, ses pas allèrent de plus en plus en plus vite. Elle finit par me dépasser, avançant de plus en plus vite dans les couloirs. Finalement, elle arriva à un croisement. A peine le temps de me poser la question de la direction pour la forme qu’elle était déjà partie, mais pas partie dans la bonne direction. Accélérant, j’attrapais son bras avant qu’elle pose sa main sur une poignée de porte. Doucement, avec autant de délicatesse qu’il m’était donné de faire, je la ramenais lentement vers moi.

« Doucement… Vous alliez passer par la porte de la salle de garde ma Dame. »

Et en effet, si on tendait l’oreille on pouvait entendre les rires gras des hommes et les bruits de fer qui s’entrechoque signe que l’ambiance était plus que bon enfant là-bas.

« Si ce sont les gens qui vous mettent mal à l’aise, je vous déconseille d’entrer ici. Ce n’est pas ce que l’humanité à produit de mieux que l’on peut voir à l’œuvre ici. »

Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je reculais, la main de Lady Baelish se trouvant juste posée avec légèreté sur mon coude.

« Venez, allons aux écuries. »

Je marchais doucement passant les salles et les couloirs avant de prendre une sortie et nous retrouver dans la cour arrière du château. L’air du soir commençait à se faire sentir alors que la lumière du soleil déclinait légèrement. Les écuries furent bientôt en vue, avec leurs odeurs et bruits caractéristiques. Entendant mon pas, Talion se mit à hennir, il était resté attaché à un anneau au mur attendant qu’on lui retire sa selle. Je m’approchais de lui, flattant son encolure.

« Voulez-vous amener votre jument ici ? Que nous puissions converser le temps que je le prépare ? »

L’étalon gris pommelé à la crinière noire et agrémentée de poils blancs piaffa légèrement. Je l’avais reçu comme présent de la part de notre mère dès sa prime jeunesse et au moment de mes dix ans. Tout comme mes frères qui en ont reçu un aussi, nous dûmes nous en occuper et les dresser selon les volontés de Seigneur notre Père. Je commençais à retirer son harnachement les laissant choir sur le sol dans un bruit sonore. Les écuyers allaient venir pour les nettoyer, généralement je le faisais moi-même mais depuis un moment je n’avais plus vraiment le temps.
Alors que je retirais la selle et son tapis, mes yeux se perdirent sur Lady Baelish qui était avec sa jument. Je me demandais ce qui s’était passé pour qu’elle soit ainsi. Je commençais même à caresser la possibilité de demander à Fern si des informateurs quelconques pouvaient être au courant de quelque chose. Oui, je le ferais quand nous allions rentrer au château.

Je saisis un linge mouillé pour nettoyer les jambes de Talion, je l’entendais s’occuper de sa jument. A part nous, il n’y avait personne dans l’écurie en ce début de soirée. Mes yeux se fixèrent sur le dos de la demoiselle.

« Lady Baelish… Étant donné que je suis votre voisin immédiat dans ce château. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, d’un quelconque service ou d’une oreille… Je répondrais présent. »
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Un contact, un simple contact pouvait briser tous les efforts que j’avais mis en place, tout le sang-froid que je gardais pour ne pas fondre en larmes au moindre regard. Sa main s’était posée sur mon bras, ce n’était pas une chose malsaine, ce n’était pas mal, mais cela m’ébranlait malgré tout. Ma main était prête à ouvrir cette fiche porte, et je ne comprenais pas qu’on m’en empêche. J’avais été tellement perdue dans mes propres tourments que je ne m’étais même pas rendu compte des bruits qui émanaient de la pièce dissimulée derrière ce rempart. Des voix bourrues, des mots dignes des plus bas étages de la société. Un frisson me glaçait le sang. Qu’aurait-il pu arriver si j’avais tourné cette fichue poignée ? Des gardes, à bien peu de chose près, c’était comme des Fer-Nés, l’odeur de marée basse en moins, avec une armure et payés grassement pour agir en rustres. Rien qu’à l’idée, ma main s’était pressée contre son derme, tirant sur son haut, dans l’espoir qu’il m’emmène vite loin de tout cela. Ainsi, le bourreau devenait le sauveur. Un retournement de situation étonnant au premier abord, mais à choisir entre l’humiliation à huit clos ou en public… Il était des choix qui s’imposaient d’eux-mêmes.

Malgré tout, le chemin s’était poursuivi dans le même mutisme latent de ma part, et ceci dura jusqu’aux écuries, et même après. Même lorsqu’il m’avait proposé d’aller chercher Meleys pour lui tenir compagnie afin qu’il défasse l’attelage de son étalon, je m’étais contenté de hocher docilement la tête, et d’aller à tâtons dans les écuries pour retrouver ma jument. Je ne cherchais pourtant pas à le mettre mal à l’aise, sa compagnie n’était pas désagréable, mais qu’avais-je d’intéressant à lui dire ? Rien en soit. Rien qui ne puisse être entendu par une oreille non avertie du moins. Passant devant plusieurs montures, je pus entendre la mienne, dans un soufflement nasal caractéristique. M’approchant d’elle, je remarquais qu’elle était encore en partie sanglée, cela me ferait une activité. Attrapant la bride entre les mains, je la fis sortir de l’endroit où elle avait été mise pour l’amener dehors, menant une discussion à sens unique avec cette dernière, jusqu’à arriver devant le Morrigen. Attachant la longe à l’anneau de fer, je caressais son garot calmement. L’animal n’était pas apeuré, épuisé par contre.

Glissant à son ventre, je vins défaire les nacelles placées sur son dos avant de les faire glisser au sol et laisser la bande de cuir glisser de ses reins. Le tapis suivi le même trajet alors que j’allais silencieusement chercher une brosse pour défaire la poussière qui entaché sa robe noir de jais. Nous n’avions pas besoin de nous parler pour nous comprendre, c’était l’avantage des animaux. Le premier côté terminé, je fis lentement le tour, me trouvant dos au jeune corbeau, plus à même de l’écouter sans avoir l’air terrorisé par ses paroles. Effectuant un nouveau hochement de tête, je devais me retenir par politesse, de lui répondre le fond de ma pensée. Il en avait largement assez fait, sans s’en rendre compte, et je lui étais redevable bien plus que je n’étais en possibilité de le montrer. Terminant le second côté ou du moins la première couche de ce dernier, je vins saisir le licol de Meleys avant de venir caresser son chanfrein du bout des doigts. Mes yeux blottis dans les siens, je puisais la force de parler, et ceci semblait marcher, mon ton m’avait l’air bien plus calme :

“Je… tenez à vous remercier, de m’avoir empêché d’entrer dans cette pièce toute à l’heure. Depuis quelque temps… être en compagnie d’un homme est une chose qui m’est devenue presque impossible, alors je n’ose pas tenter d’imaginer de la terreur que j’aurais eue en entrant de cette fosse aux lions…”

Malgré tout, je ne pouvais qu’imaginer la situation, mon front allant se coller au-dessus des naseaux de la dame en noir, je retenais tant bien que mal les images... Des remarques obscènes, des mains prêtes à bondir sur la moindre parcelle visible d’un corps, même recouvert. Déglutissant, je chassais tout cela de mon esprit avant d’ouvrir à nouveau les yeux. Mes doigts filèrent sur le menton doux et chaud de Meleys alors que je portais mon regard sur Richard Morrigen, lui offrant un sourire doux, presque tendre, assumant quelques secondes de soutenir son regard.

“Merci encore.”


Je sentis le rouge me montait aux joues quelques secondes, avant de retourner m'occuper sagement de la jument, allant chercher le tissu mouillé pour m'occuper des bombes salis de la demoiselle.

electric bird.

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Quand je l’entendis aligner plus que deux mots à mon égard, je compris. C’était donc ce qui s’était passé. Elle n’en avait pas en substance dit énormément, mais il suffisait de voir la façon dont elle en avait parlé. Je saisissais un des sabots de Talion pour vérifier les fers et le curer avec un de mes couteaux de lancer. La manœuvre était délicate mais je l’avais déjà fait de nombreuses fois.

Ainsi donc, c’était dans les hommes que résidait sa crainte. Le reste ne pouvait que se déduire de lui-même. Ça sentait l’abus et le viol à plein nez. Le temps de déglutir, faire mine d’être concentré sur ce que j’étais en train de faire. C’était à mon tour de devenir muet et pensif.

« Je suis désolé. »

Les mots avaient été à peine murmurés alors que j’étais penché, concentré sur une nouvelle jambe de Talion. Quand je me redressais, mon regard croisa le sien. Les mots qu’elle prononça firent se déclencher une réaction de chaleur sur mes pommettes. Ma lèvre s’entrouvrit alors qu’elle me remerciait. Elle m’avait coupé la chique là.
Elle continuait le nettoyage de sa jument alors que je n’avais pas encore bougé, ce fut un coup des crins de la queue de Talion qui me sortit de ma torpeur.

« A votre service ma Dame. »

Nettoyant le couteau de lancer, je pris une poignée de foin pour bouchonner mon cheval. Mes yeux la regardaient toujours, elle qui s’affairait autour de sa jument. Tout comme une partie de Cyvosse, la défense avait été brisée. Toutefois là, j’avais l’impression qu’il allait me falloir nettement plus de doigté que devant le plateau de jeu. La demoiselle était complexe et, qui plus est, très jolie.

Au moment où cette pensée effleura mon esprit, je sentis une chaleur beaucoup plus franche s’abattre sur mes joues. Bien entendu ce fut le moment où le sort choisit de nous mettre en présence visuelle. J’eus un raclement de gorge, continuant à bouchonner Talion avec les joues de plus en plus rouges.

« Ma proposition reste valable Lady Baelish. Je me doute que vous vous sentez seule ici. Permettez-moi de vous dire que vous êtes une femme de toute beauté. »

Je ne reconnaissais plus tellement le ton de ma voix, une tonalité chaude et rassurante. Le temps de déglutir et la seconde phrase était déjà partie de ma bouche vers ses oreilles. Le temps que je m’en rende compte, mes yeux étaient écarquillés. Aussi, la phrase qui suivit fut on ne peut plus bafouillée et dite rapidement.

« Pardon ! Je vous présente mes excuses pour cette marque de goujaterie ! »

Le temps d’injurier mon cerveau qui, pour une fois, s’était débarrassé de toutes ces prérogatives et verrous de réflexion. Si avec ça je ne passais pas la soirée dans la salle de garde à boire et raconter des blagues salaces, c’était que les Sept avaient pitié de moi. Je passais pour un maniaque pervers qui ne pensait qu'à passer ses soirées avec des jeunes femmes apeurées.

Talion renâcla alors que je le couvrais d’une peau de renards afin qu’il n’attrape pas froid pendant la nuit. Le soir tombait doucement sur le château et les lumières dans la cour commençaient à briller. Je caressais doucement sa joue, mes yeux plongés dans ceux de l’animal distinguant Lady Baelish dans son reflet. Mon esprit tournait à plein régime, il semblerait que la jeune Lady avait le talent requis pour me troubler…
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Un léger rire. Ce n’était rien. De sa plus plate définition, ce n’était qu’un réflexe. Et c’était en cela que résidait le miracle, il n’était pas forcé. Depuis combien de temps n’avais-je plus réussi à rire devant une telle maladresse ? Longtemps. Mais même s’il ne s’agissait que d’un rire retenu à huit clos derrière mes lèvres, cela me réchauffait le cœur de voir qu’il m’était encore autorisé d’avoir quelques infimes parcelles de gaieté. En même temps, il était si rare d’entendre des hommes prêts à s’excuser de s’exprimer avant d’avoir réfléchi, c’était plaisant, il fallait l’avouer. Le montrer clairement n’était pas encore une chose permise, à mon échelle, mais le bonheur égoïste me semblait être un pas raisonnable vers une guérison envisageable.

L’une des petites malles était encore fermée. Venant près de cette dernière, je l’ouvrais calmement avant d’en sortir un petit ustensile aux allures très rustiques, que j’avais appris à utiliser pour curer les sabots de Meleys. Cela ne demandait pas grande expérience, mais lorsque, comme moi, vous aviez deux énormes pattes grouillantes de doigts enclins à la maladresse, cela pouvait demander plusieurs semaines d’apprentissage. Par habitude, ou plutôt par un léger contrat établit entre la jument et moi-même, je l’appelais calmement avant de pousser sur son épaule pour lui faire lever le sabot. Une fois cela fait, je n’avais plus qu’à suivre lentement des lignes apprises par cœur, prodiguant le geste minutieusement, et avec le plus de douceur possible, et, lorsqu’un quelconque caillou était trop difficile à retirer à l’aide de la “broche”, j’y allais simplement au doigt, délogeant l’intrus en me salissant les mains, logée à la même enseigne qu’un chacun. La fourchette se dessinait enfin alors que je laissais s’échapper un petit soupire de satisfaction, déposant le sabot au sol avant d’avoir à répéter le même refrain pour chaque sabot. C’était fastidieux, ennuyant, et comme je ne parlais pas, j’étais sûre de ne pas être la seule à me lasser de l’instant.
Cela fait, je repris lentement la brosse d’une main, avant de venir défaire le licol pour l’enlever, la jument étant plus que docile, elle n’allait sûrement pas partir. Bouchonnant calmement ses joues et son encolure, je me retrouvais bientôt pleine de la poussière que je retirais à sa robe, si elle devenait brillante, j’en devenais une vraie souillon. Tant pis. Une fois le geste achevé, je tendais ma main devant ses naseaux avant d’y recevoir un coup de langue visqueux.

“Parfais ma belle. Je te le remets.”

Lui tendant lentement le licol, je la laissais approcher d’elle-même avant de glisser la mord entre ses dents pour venir fermer le tout. Obligée d’aller dans son encolure pour régler le tout, je l’entourais affectueusement, profitant de ce petit instant de tendresse, le regard lumineux, alors qu’elle me repoussait avec insistance. Redressant mon regard, je hochais simplement la tête, tel un petit “je sais”. La lâchant calmement, j’allais pour partir aux écuries avant de me tourner vers le jeune homme, qui m’était presque sorti de l’esprit pour le coup. Gênée, je balbutiais simplement :

“Je… Je reviens.”


Qu’il se rassure, je comptais revenir, au moins cette fois. Je ne mis pas longtemps à revenir des écuries avec une énorme peau qui me tombait de l’épaule, elle pesait bien plus que celle que j’avais. Le climat était-il si frais ici ? Haussant les épaules, je me hissais légèrement sur la pointe des pieds, pour déposer la première moitié de la peau à son flanc, et laisser la seconde rouler du second côté. La jument se mit à gronder de nouveau, tournant son regard vers moi avec une impatience non dissimulée.

“Je sais, attends…”

Meleys tentait de voler quelque chose dissimulé à l’intérieur de la veste, soufflant encore. D’un regard froid, je lui intimais de se retirer avant de subir une punition bien cruelle. Finissant enfin d’installer la peau, je fouillais dans la dite veste avant de lui tendre mon poing, le retourner et laisser se dessiner l’ombre d’une petite boule ambrée et dure. Ne se faisant pas prier, elle vint la dévorer.

“Contente ? Voleuse.”


Quittant son agréable compagnie, j’approchais de l’étalon avant de déposer dans ma main une seconde petite boule acidulée, le sourire aux lèvres et le regard confiant, sans avoir la moindre crainte aux visages. Oui, les hommes comptaient, les mâles d’origine animale n’étaient pas des dangers, et heureusement. Penchant la tête, je soufflais calmement :

“Pas de jaloux avec moi, prends-en.”


Le laissant le récupérer, avant de venir déposer une caresse tendre sur son chanfrein. Sans un mot à présent. Alors que je terminais de gâter les deux équidés, je portais mon regard sur son maître, une œillade plus mal à l’aise qu’avec la monture néanmoins. Je venais encore de m’enfermer dans un monde solitaire, l’ayant laissé admirer le spectacle… Soudain, je baissais la tête avant de présenter mes excuses, peut-être était-il interdit à son cheval de manger des choses si sucrées…

“V… Veuillez accepter mes excuses Messire Richard Morrigen. J’aurai dû vous demander avant…”

C’était tellement devenu un petit rituel que je n’y avais pas spécialement prêt attention. Lui faisant volte face pour éviter un quelconque reproche, je reprenais la longe avant de la défaire, initiant quelques pas vers les écuries. Je me stoppais alors, tournant mon visage vers l’enfant corbeau, lui adressant un regard, signe que j’étais dans l’attente de sa venue. Que je l’attendais.

electric bird.

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Je la regardais faire silencieux, chercher à précipiter ses paroles ne ferait qu’empirer les choses. Le ballet qu’elle faisait avec sa jument était presque touchant, les habitudes des gestes transpiraient dans chaque parole. Lady Baelish sortit de sa poche une petite boule ambrée qu’elle tendit à sa jument, celle-ci la dévora sans se faire prier. Je fronçais les sourcils ne comprenant pas trop ce que cette boule était. A vrai dire, les seules friandises ici provenaient des jardins de nos terres.

Elle s’approcha de Talion et lui donna a lui aussi une petite boule. Je laissais faire, un peu dubitatif. L’étalon fit crisser la boule entre ses molaires la réduisant en bouillie. Lady Baelish se tourna vers moi et soudain se confondit en excuses de son geste. Je tâchais de demeurer toujours aussi rassurant.

« Écoutez. J’ai confiance en vous, vous l’avez donnée à votre cheval cette boule. Au vu de vos largesses envers cet animal, je sais qu’il compte plus que tout à vos yeux. Je ne pense pas que vous chercheriez à empoisonner Talion. »

Ma main alla flatter le flanc de l’étalon.

« Toutefois, je vais tâcher qu’il ne prenne pas de mauvaises habitudes. Merci pour votre geste Milady. »

La jeune femme se saisit de sa longe et m’enjoignais à faire de même. Je m’exécutais, les sabots ferrés des animaux claquaient sur les pavés. Je dépassais le box de la jument hôte chez nous pour conduire Talion à son foyer. Là on pouvait voir les boxes des chevaux de mes frères, celui de Guyard était là, déjà propre et couvert pour la nuit. Mon jeune frère aimait autant son cheval, outil utile pour le combat si il en était, que ses lames. Le box du fond, celui du cheval de Lester était vide, les palefreniers l’avaient ils amené au pré ou étaient-ils en train de le ferrer ? Je ne savais pas. Le temps de déverrouiller le loquet, laisser Talion rentrer de lui-même dans le petit espace. L’animal revint me saluer avec son museau sur mon torse. Je répondis par une caresse avant de lui souhaiter la bonne nuit.
Sortant du box, je retrouvais Lady Baelish dans celui de sa jument. L’observant, je m’accoudais à la porte du petit enclos. En peu de temps, son attitude à mon égard avait quelque peu évolué. Elle semblait commencer à se détendre un peu.

Je secouais mes cheveux pour en constater l’abondante poussière qui en tombait. Mes yeux la détaillaient de pied en cape. La tenue de cavalière lui allait fort bien. C’était une belle femme. Rien d’étonnant à ce que des gorets mal intentionnés aient décidé d’en faire leur repas d’un soir. Chassant ses noires pensées de mon esprit, je me décidais à ouvrir la bouche.

« Que diriez-vous d’une visite nocturne de nos jardins ? Ne vous inquiétez pas, tout est éclairé dans l’enceinte du château. A moins que vous ne préféreriez rentrer, suite à quoi je vous propose de partager mon repas ce soir dans ma chambre ou dans la vôtre. »

Elle était donc vraiment un petit oiseau, un oiseau dont on avait tordu une aile, lâché dans un monde grouillant de prédateurs qui n’avaient que faire de la pitié. C’était assez triste à voir… Cette pensée fit naître dans mon esprit quelques réflexions, réflexions qui s’entrelacèrent entre elles. Un léger rire passa mes lèvres. J’étais d’une humeur forte guillerette aujourd’hui. D’habitude je ne laissais pas entendre un rire sincère aussi souvent en une seule heure.

« Je ne vous laisserais pas subir cette douloureuse épreuve du dîner avec moi sans vous être lavée et rafraîchie de tout votre saoul ma Dame. »

Et bien entendu je ferais de même.
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L'Oiselle apeurée et le cadet des Corbeaux.
Richard Morrigen & Talya Baelish
Mes pas emboîtèrent rapidement les siens, sans le suivre de trop près non plus. L’avantage d’un cheval résidait alors dans son volume qui empêchait quelque peu un quelconque rapprochement même non désiré. Les différents boxes étaient tantôt vides, tantôt pleins, ce qui signifiait que certaines personnes n’étaient pas encore là, point qui n’était pas pour me rassurer évidemment. Le boxe de Meleys ne portait pas de nom, ce qui semblait logique, personne n’allait graver le nom d’un invité, peu importe la durée de son séjour. Tout en déverrouillant le portillon de ce qui allait être ses quartiers, je caressais sa croupe calmement, la poussant quelque peu dans l’endroit qui lui était encore inconnu. Dans un chuintement rassurant, je lui enlevais à nouveau son licol, faisant des gestes plus lents pour lui prouver qu’elle n’allait rien risquer ici. Ses yeux perdirent cette lueur d’inquiétude, et, alors que je jouais dans son encolure, elle poussa un léger hennissement à l’arrivée du Corbeau, tout en me repoussant. Traîtresse.

J’étais priée donc de m’en aller de son espace vital, pour aller rejoindre celui de l’inconnu qui commençait à ne plus l’être tant, du moins dans son attitude. Mais, au lieu de retomber dans la mer éteinte de ses yeux, je me retrouvais plutôt face à une pluie poussiéreuse et éparse, ce n’était qu’au derrière de cela que se dessinait la silhouette de Richard Morrigen. Même s’il donnait des airs de s’être débarrassé de la plus grosse partie des poussières, il n’en demeurait pas moins encore sale. Mais je n’allais sûrement pas tendre la main pour lui venir en aide, ou encore lui signifier simplement. Premièrement, parce que, peu importe le geste, il se serrait trouvé embarrassant, mais aussi parce que je ne devais pas être bien mieux. Je n’osais même pas toucher mes cheveux de peur que ceux-ci se transforment en une nuée de copeaux sales et brumeux. Rien qu’à observer les manches crasseuses de ma veste, et mes mains boueuses, je pouvais déjà esquisser un portrait peu élogieux de ma personne.

Le nuage s’écrasait alors au sol, et j’arrivais à ressentir l’oppression de son regard. Ou alors était-ce mon imagination ? Je n’aurais su dire s’il portait son regard sur la crasse de ma tenue, ou alors sur le fantasme qu’il se faisait de la personne en dessous. Sonder un homme n’était pas chose aisée. Alors, je bougeais lentement en sa direction, le bousculant quelque peu afin de tirer le portillon branlant de maladresse, et d’abaisser le loquet pour emprisonner la jument à l’intérieur. Alors que je me redressais, il se trouvait encore si proche de moi, que je sentis mon cœur rompre dans mon poitrail, je pouvais ressentir son odeur malgré celle des écuries, et ceci prouvait que nous ne respections plus l’espace de chacun. La porte solidement fermée, je pouvais enfin me reculer de quelque pas. Situation bien plus profitable.

Une balade, ou un dîner ? À réellement y réfléchir, tout en pesant le pour, mais aussi le contre, aucun des deux ne me semblait être raisonnablement envisageable. Mais je ne pouvais décemment le laisser ici alors qu’il m’avait emmené où je le souhaitais sans siller. Si la bonne éducation que j’avais reçue ne me le permettait pas, il en était de même pour mon sens moral. Les différences entre les deux propositions étaient moindres tant la seule chose qui me revenait en boucle à la figure était : seule avec un homme ? Ma conscience me hurlait qu’il fallait être folle pour tenter cette expérience-là, qu’il était bien trop tôt. Que se passerait-il s’il tentait quelque chose ? Mais n’avait-il pas prouvé qu’il était un minimum digne de confiance de par son geste chevaleresque alors que je m’étais emportée ? Il ne me restait plus qu’à choisir entre le domaine plus public des jardins, ou encore celui d’une des chambres. Je n’avais pas l’envie qu’on vienne violer cet univers qui ne m’appartenait pas encore, mais entrer dans le sien restait une idée dangereuse… N’arrivant pas à me décider, je répondis néanmoins :

“Un… une balade… Non, je voulais dire un di… non… Je..”


Il n’y avait plus trop d’issues possibles à présent, c’était un dilemme complexe, pour moi plus que pour lui à l’évidence. Coupable comme l’enfant qui a fauté, je me grattais le cou nerveusement, la poussière créant une démangeaison, je peinais à arrêter cela, malgré toutes les envies du monde. Je n’osais plus le regarder tant je me savais ridicule, le regard blottit dans le vide qui était en train de m’aspirer, je m’inclinais alors face au second héritier de la maison du Corbeau, déclarant d’une voix désolée :

“Je ne sais pas, je suis confuse. Veuillez bien vouloir accepter mes excuses Messire Richard Morrigen.. Je suis encore épuisée par le voyage et…”


Et… Jusqu’à le dire, je n’avais pas réellement envisagé d’autres issues que celle-ci pour le coup. Il ne m’était plus possible de dissimuler mon embarras à présent. Me raclant la gorge, je posais une œillade furtive sur son visage avant de souffler dans la panique :

“D… Reportons cela à demain, si vous le voulez bien.”


electric bird.

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« Fort bien. Mais sachez une chose, il n’y a pas que les Lannister qui doivent payer leur dette. »

J’avais utilisé le ton de la plaisanterie, rien de dramatique ici. Elle semblait être la sorte de personne qui s’émouvait d’un rien. Il fallait que je l’assure que rien n’était dramatique ici. J’eus un rire franc avec un coup d’œil sur le ciel noir de la nuit.

« Ne vous inquiétez pas, je comprends entièrement votre fatigue. Qui plus est, il est déjà tard. Me permettez-vous de vous raccompagner à vos appartements ? »

Je lui tendais le bras pour qu’elle le prenne. Disons plutôt que j’aurais préféré qu’elle le prenne. Je ne l’imaginais pas rentrer seule alors qu’il faisait nuit noire. De plus, à une certaine heure, les domestiques baissaient les lumières de la cour. Si cela devait arriver, je n’arrivais pas à quantifier mon embarras, surtout si elle venait à choir sur quelque obstacle présent sur sa route.

Les chevaux s’installaient déjà tous pour s’endormir. Certains debout et d’autres se laissaient tomber plus ou moins mollement sur la paille. J’entendais les pas des derniers palefreniers s’agiter de l’autre côté de l’écurie, arrangeant sûrement les rations de picotin pour le lendemain. Bientôt il irait dormir dans le foin, en haut de l’échelle, dans la réserve.

Une idée enfantine germait dans mon esprit.

« Dame Baelish, pouvez-vous me promettre de m’ouvrir la porte si je viens frapper demain matin ? »

Certes c’était un peu puéril mais c’était venu tout seul. Aucun plan, aucune machination, aucune réflexion ; contrairement à mon habitude. Sauf que dans mon esprit, germait la graine de la décision impulsive, la décision plus connue sous le nom de « désir amoureux ». Lester aurait vu ça qu’il se serait bien gaussé de moi. Guyard lui aurait été moins subtil.

Si Talya Baelish était un point qui venait à obscurcir mon esprit. Alors elle en serait le seul. J’en faisais le serment à moi-même. Mes yeux se posèrent sur elle, désormais mon regard envers elle serait toujours différent et à jamais inchangé. Elle pourrait ainsi y voir une lueur rassurante dans ce qui était souvent décrit comme « des abîmes sans fond où on se retrouvait avalé ». L’oiseau avait besoin de protection, elle avait besoin de quelqu’un en qui avoir confiance.

L’air de la nuit était frais, agréable à mes narines, c’était quelque chose que j’aimais par-dessus tout. Mes sens étaient en éveil durant ce moment de la journée. C’en était presque dommage de ne pas s’être offert une visite des jardins. Enfin la demoiselle avait dit demain. Restait à savoir si elle allait accepter la promesse.

« A notre arrivée aux appartements, ne vous inquiétez pas, je ferais mander une domestique femme pour qu’elle vous apporte de quoi vous restaurer et vous laver. »

Mes yeux se reportèrent vers le château où toutes les lumières étaient allumées désormais. On pouvait sentir la vie grouiller et s’activer pour préparer le repas du soir pour tout le monde. Cette observation fit naître une nouvelle idée.

« Quand nous allons rentrer, mémorisez bien le chemin que nous allons emprunter. Ce sont les couloirs les moins fréquentés dans le château. Vous ne serez pas dérangée… De plus, la domestique que je ferais envoyer, elle vous sera affiliée personnellement et promue au rang de Dame de chambre ou camériste selon votre choix. Comme ça vous ne serez plus dans la crainte d’être dérangée. »

J’estimais qu’il était légitime que j’use du peu de pouvoir que je possédasse pour lui rendre la vie plus facile et plus légère.
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Richard Morrigen & Talya Baelish
Un bras tendu… Le sien en l’occurrence. À une heure pareille, il semblait aussi inquiétant et irraisonné de l’accepter que de le refuser catégoriquement. L’accepter, c’était prouver avoir une once de confiance naïve et aveugle en l’inconnu qui se trouvait être juste devant mes yeux, mais refuser l’offre, c’était aussi courir le risque de se perdre honteusement et de se retrouver obligé de demander son chemin à une personne bien plus inconnue encore et potentiellement bien moins galante que le cadet de la maison des Corbeaux. Pour une rare fois, le dilemme s’avérait ne pas en être un. Il y avait d’un côté une inquiétude amoindrie avec un visage, et de l’autre, un torrent de tourments recouvert d’un masque immonde. La plus sage décision fut donc d’accepter la proposition de Richard Morrigen, sans autre forme de procès. Ma main quelque peu poussiéreuse, voir plutôt crasseuse dans le fond, s’enroulait autour du creux de son coude, agrippant la manche de veste salie, mes pas commençant déjà à prendre le rythme des siennes. Une habitude que j’avais prise par nécessité, tant j’étais vite éprise de mère maladresse.

Sans en prendre réellement conscience, j’acceptais pour la première fois, une de ses propositions, sans détour aucun.

Néanmoins, je ne pouvais devenir sociable d’une proposition à l’autre. Ainsi, mon regard était bien plus concentré sur le paysage, et mon esprit à compter les pas, qu’à imaginer ce quels desseins pouvaient bien se construire dans l’esprit du Corbeau. Un pas en amenant un autre, et ceci à un rythme somme tout agréable, je ne l’écoutais que d’une oreille constamment distraire. La conversation était ponctuée de temps morts, le monologue se composait de mots plus percutants que d’autre, ce qui arrivait malgré tout à créer un écho portant un sens à mon esprit. Promesse. Ce mot éveillait en moi des réflexes bien enfantins. Mon petit doigt s’était relevé sans consentement aucun de ma part dès que le terme avait effleuré mon ouïe, dessinant au même instant un rictus rêveur sur mon visage où les émotions semblaient s’évanouir à chaque seconde que le temps grappillait à mon existence. Une infime parcelle de contact s’envola. Lier une promesse par un entrecroisement de petits doigts, une habitude enfantine que n’avait pas étouffée les malheurs de ma vie. Mais ici, ce n’était pas le Val, alors se replait-il naturellement sur le bras auquel il s’était lié.

Un homme de parole, ou alors un homme cherchant à rassurer une âme meurtrie. Je peinais à savoir réellement son but. Piètre idée, mais belle tentative, il ne pouvait se douter que ceci ne provoquât qu’un effet minime sur l’oiselle que j’étais. Mais minime, dans le fond, n’était-ce pas déjà beaucoup ? Largement mieux que ce rien omniprésent qui avait fait loi jusqu’alors. J’attendais patiemment un temps de parole qui puisse m’être propre, sachant par avance qu’il me serait largement trop long, puisque je bégayais bien plus que je ne m’exprimais réellement. Nous avancions encore, du moins jusqu’à ce que mes propres pas se stoppent, mes doigts serrant maladroitement son bras, avant de le regarder de biais.
Fallait-il lui dire qu’à trop bien faire, il allait finir par m’angoisser plus que me rassurer ? Ou le laisser agir par son côté touchant et presque maladroit. Il avait ce petit côté “moi” qui me donnais envie de lui permettre de poursuivre dans cette direction, en connaissant de cause malgré tout. Comment ne pas être touchée par tant d’attention portée à l’égard de l’inconnue que j’étais à ses yeux ? Bien évidemment, flottait encore derrière tout ceci, l’idée qu’il ne pouvait agir de la sorte que par profit. Mais lequel alors ?

“Je ne peux que vous remercier pour l’attention que vous me portez… Messire Richard Morrigen. Mais il est inutile d’en offrir autant à une simple invitée… C’est à moi à m’accommoder au plus possible au lieu qui m’accueille, et non le contraire…”


Un sourire doux vint illuminait mon visage. Même s’il donnait des airs factices, je le savais vraisemblable dans sa façon d’être ponctuel. Bien que je demeurerais la seule à le savoir franc. Mon corps pivotait un peu plus vers le sien, sans l’approcher de trop, évidemment. Ce n’était même pas pour lui parler. De mon bras libre, vint se tendre un petit doigt maladroit, en attente d’un comparse, peut-être plus assuré, pour l’apaiser qui sait. Le geste devait paraître ridicule, mais je l’avais fait à présent, il était trop tard pour reculer :

“Néanmoins, je vous promets d’être derrière ma porte au petit matin, et d’essayer de trouver le courage de vous ouvrir en temps voulu.”

Tout en gardant ce petit dextre tendu vers l’espoir et innocence.

electric bird.

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