[MINI-EVENT] Deuil à Lonlac

La fin semblait de plus en plus proche pour les habitants de Lonlac. La porte de la demeure des Lake avait cédé dans un horrible fracas et le meneur des Lake était tombé dans les minutes qui avaient suivies. Ferny s'était rarement sentie aussi impuissante, même au-delà du Mur, même en ayant eu affaire à d'autres tribus que les siennes, même lorsqu'il y avait ces histoires évoquant le retour des marcheurs blancs. Elle avait réussi à passer le Mur, mais elle périrait là ce soir, pour les folies d'un seigneur qui n'avait aucune conscience de la chance qu'il avait de se trouver là. La sauvageonne essayait de se consoler en se disant que les Autres sauraient les cueillir et qu'ils l'auraient bien mérité, lui et tous ses hommes.

Remotivée par les cris de la femme à la masse, Ferny donna de la voix à son tour, ses couteaux levés vers le ciel, s'élançant vers les troupes d'écorchés qui pénétraient dans la cour. Elle sauta sur le premier qui fut à sa portée et planta ses lames aiguisés aux jonctions de son cou, sectionnant ses larges veines pour le laisser se vider de son sang. Alors qu'il s’effondrait, elle retomba sur ses pieds et chercha sa cible suivante en poussant un nouveau cri de rage. Les hommes Lake semblaient s'animer un peu derrière elle, la mort de leur meneur avait au moins eu cet effet positif sur eux que de les secouer, mais elle ne les voyait pas. La fumée qui s'échappait des dépendances en feu n'arrangeait pas la perception de son environnement. Elle se contentait de foncer sur ceux qui courraient vers elle, l'écorché sur leur poitrail. Et lorsqu'elle avait planté son couteau suffisamment de fois dans leurs zones de faiblesse, elle passait au suivant comme une furie.

Il s'agissait d'en faire tomber le plus possible avant de chuter elle-même. Elle reçut d'ailleurs quelques blessures au passage, une estafilade au bras gauche, une entaille qui avait mordu son mollet droit, un coup qui lui avait cassé le nez, elle en était persuadée, mais elle n'avait pas le temps de s'arrêter pour la douleur. Tout ceci n'était que superficiel et probablement indolore quant à ce qui les attendait. Elle était même parvenue à échapper aux quelques flèches qui continuaient de pleuvoir en leur direction. L'une d'entre elle la sauva même d'un ennemi qui faisait deux fois sa taille et semblait décidé à en finir avec elle. D'où elle était, dans la cour du château, elle ne vit pas que de l'autre côté, la défense avait été percée et qu'un groupe d'hommes de l'écorché pénétrait les lieux.

Alors que plusieurs flèches atterrirent tout proche d'elle, Ferny quitta enfin sa transe et se rendit compte qu'à l'arrière des rangs Bolton, une femme la visait tout particulièrement. A peine avait-elle eu le temps de voir à quoi elle ressemblait, qu'elle avait disparu derrière les boucliers de ses collègues. Le sang de la Court-la-nuit ne fit qu'un tour et elle fut prête à s'élancer vers sa cible. Ce n'est qu'à ce moment là que son regard tomba sur l'Écorché en personne, épée dégainée à la main, toujours sur son cheval à donner des directives. Elle saisit alors une lance abandonnée au sol et l'envoya en sa direction de toutes ses forces. Il lui sembla entendre un cri, pourtant le Bolton semblait toujours perché sur sa monture. Ferny n'attendit pas pour autant son reste et disparut à son tour dans l'ombre des remparts. L'avantage qu'elle avait à présent, c'était celui de son peuple, celui de se mouvoir en toute discrétion dans ce milieu qui lui était si familier. Elle n'avait pas pu avoir l'Écorché, cela ne voulait pas dire qu'elle ne pourrait pas avoir la blonde qui l'avait prise pour cible. Elle progressa donc, à pas de loups, se camouflant derrière des combattants, des bouts de remparts, des morts, des boucliers, tout ce qui pouvait la maintenir dans l'ombre et dans l'ignorance commune alors qu'elle avançait dans les rangs ennemis à la recherche de sa cible.