the traitor behind the friend - avec Thracy.

The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy

An 302, lune 10, semaine 3

La cascade des associations d'idées qui emportait Thracy finit vite par se tarir : Lady Greyjoy n'était guère d'humeur pour une conversation en ces tristes circonstances. Le jeune serf n'insista donc pas et prit rapidement position pour effectuer le tirage divinatoire.
L'annonce du retour de Theon mit du baume au cœur du garçon, autant que de voir un léger sourire fleurir aux lèvres de la princesse comme sur les siennes. Partageant son quotidien depuis maintenant trois ans, l'infirme ressentait directement ses joies, ses peines, ses angoisses. L'attente. Lui qui ne s'était jamais attaché à grand monde des années durant, bringuebalé d'une route à l'autre, pris par les uns, puis abandonné, puis vagabondant à ne se faire que des amis éphémères par fatalité... Même si son actuel statut était celui du service, Thracy avait rapidement senti s'établir des connexions entre la Dame de Pyk et lui. Elle le considérait fort bien : cela n'avait que stimulé son penchant naturel à la grande curiosité pour sa culture et à l'empathie. D'autres serfs à sa place auraient sans doute considéré que ces affaires n'étaient pas les leurs, mais lui bénéficiait de la chance de vivre au plus près des Greyjoy. Les ignorer, ne pas porter d'intérêt à leur aléas, se contenter d'effectuer son travail lui semblait impossible. Surtout dans la mesure où il avait parfois veillé et distrait la petite Halena.

« Je l'espère aussi de tout cœur. » glissa Thracy après le commentaire de la Lady quant à son tirage. Véritable divination, ou simplement de bonnes intuitions de sa part, sens de l'observation... voire de la pure chance, le garçon lui-même ne savait le dire tandis qu'il s'abandonnait tout entier à cette pratique qui le fascinait. Autant que ses tours de passe-passe et ses activités de sculpture.
Il se douta bien cependant – et l'attitude d'Alana le lui confirma – qu'elle n'allait pas se lancer devant lui dans des commentaires au sujet de sa belle-sœur. Et le serf fit comme si de rien n'était : il n'avait rien à lui demander non plus, quand bien même il s'imaginait que, sous les costumes des bonnes manières, les tensions devaient être à vif entre les deux femmes... À plus forte raison en cette période de grands questionnements quant à la succession. Cette dernière allait échapper à Theon, cela semblait de plus en plus clair. Thracy se demandait souvenir quelles répercussions cela aurait au long terme sur la famille. Sur la Princesse, sur ses enfants...

« Alors si c'est possible... Oui, j'aimerais beaucoup rencontrer Aeron. L'entendre parler du Noyé, voire lui demander ce baptême. » confirma le serf, une grande reconnaissance dans la voix envers la possibilité que lui offrait Alana. Entendre que le prêtre n'aurait aucune répugnance à s'entretenir avec quelqu'un de sa caste pour le baptiser fut un grand soulagement pour le garçon. Quant à son infirmité... La crainte d’essuyer du mépris effleura une seconde l'esprit de Thracy mais le quitta aussitôt. Après tout, les Îles comptaient leur lot d'invalides. Le seigneur Botley à présent disparu, un certain capitaine Kenning dont le serf avait vaguement entendu parler... ou encore, d'une certaine façon, ce Dagmer – compagnon de navigation de Theon et que l'on surnommait Gueule-en-deux. Autant de signes prompts à rendre le jeune serf plutôt confiant en cette option.
L'idée avait sérieusement mûri. Depuis son plus jeune âge, l'errant s'était fait aux us, aux coutumes, aux nombreux dieux des cités qu'il traversait – sans vraiment en embrasser un seul officiellement. Mais puisque sa vie devait à présent se dérouler sur les Îles de Fer, pourquoi pas prendre ce pari et se mettre clairement sous l'égide de la divinité locale ? Une telle décision suivait le penchant naturel du garçon à l'adaptabilité. Les Fer-Nés étaient rudes, austères, parfois même brutaux... bien des fois, Thracy avait eu peur, durant ses premiers mois à leur contact. Et contre toute attente, auprès d'Alana il lui semblait avoir trouvé une attache durable et bienveillante en ces lieux. Sans compter les sympathiques conversations qu'il avait aussi commencé à nouer avec les sœurs Bonfrère. Telle était donc une énième surprise comme lui en réservait la vie farceuse : la petite curiosité roulante d'Essos trouvait sa place discrète au milieux de cette culture si particulière qui faisait la fierté des Insulaires.

Taiseux, Thracy attendit de voir si Lady Grayjoy allait souhaiter encore l'entretenir de quelque autre sujet ou bien lui demander de s'en retourner. Du travail de rangement puis de cuisine l'attendait. Dans les circonstances du jour, il préférait ne pas relancer lui-même de nouvelles paroles. L'humeur de la Princesse se prêtait au silence. Aussi le garçon se tint-il, simplement, à la disposition de ses prochaines directives.

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