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the traitor behind the friend - avec Thracy.

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« the traitor behind the friend.»
An 302, lune 10, semaine 3

« Comment avait-elle pu ? »

Alana peinait toujours à réaliser ce qu’elle venait d’apprendre par sa belle-mère, la reine Alannys. Leeven Botley avait été une amie, une jeune femme des contrées vertes dont l’intégration sur les îles de fer paraissait idéale. En elle, Alana avait vu une fer-née d’adoption, soucieuse du peuple qu’elle s’était désormais mise à soigner, comme de l’avenir de celui-ci. Jamais, au grand jamais, la princesse des îles de fer n’aurait imaginé que l’épouse Botley les trahirait ainsi, s’enfuyant avec son précieux dragon et rompant ses promesses passées en des temps si incertains.

Leeven, envers qui elle était si reconnaissante depuis la naissance de son fils…Leeven, dont elle était devenue plus proche encore ces derniers temps…Comment était-ce possible ? Venant d’elle ? Et pourquoi ?

Ce dragon parti, le sentiment de sécurité qu’il conférait aux fer-nés s’était également envolé. L’arme secrète des îles de fer n’était plus, alors qu’à Pyk, nulle nouvelle ne leur parvenait de Balon, Asha et Theon, parti sur les traces d’Euron.

C’est tout naturellement que l’épouse de Theon Greyjoy ressentit alors le besoin de passer du temps avec Nagga, sa panthère des neiges, qui, contrairement à la Botley, ne troquerait pas sa loyauté. Ces derniers jours avaient pourtant été éprouvants pour la panthère, qui avait été amenée à remonter sur un navire pour la première fois depuis son arrivée, encore toute jeune, sur les îles de fer. En effet, Alana s’était absentée, emmenant avec elle sa fille Halena et son fils Qhored, afin d’assister aux fiançailles de son frère avec Lady Helga Harloi. C’était d’ailleurs en son absence que la reine Alannys avait appris la nouvelle au sujet de la fugue, tels des vagabonds, de Leeven et Harlon Botley, à dos de dragon. Où étaient-ils allés ? On l’ignorait toujours. Néanmoins, le simple fait de savoir cette créature revenue d’un autre temps hors des îles de fer était déjà inquiétant en soi. Si ce dragon tombait dans les mains de leur ennemis, et des ennemis, les fer-nés en avaient de nombreux, qu’adviendrait-il d’eux ?...

Alana traversait donc la cour intérieure du château avec Nagga, prête à se balader le long des falaises avec son animal nordien. La panthère perçut cependant une odeur qui lui plut tout de suite. Etait-ce des petits poissons frits, des anchois ou de la viande fumée ? Peu importe, ce qu’était en train de grignoter le serf infirme de Theon Greyjoy fit envie à l’animal qui s’avança rapidement et vint poser ses pattes sur l’accoudoir de la chaise à roulettes du jeune Thracy, se retrouvant donc nez à nez avec lui.

« Nagga ! », appela Alana, claquant des doigts pour appuyer son ordre. La panthère se retourna vers sa maîtresse et après avoir poussé un léger grognement de mécontentement, donna un rapide et insolent coup de pattes dans le bol de nourriture que portait le serf sur ses genoux pour en faire tomber une partie du contenu. Attrapant rapidement de quoi se sustenter, la panthère retourna alors auprès de sa maîtresse comme si rien ne s’était passé et qu’elle avait été tout à fait obéissante.

« Nagga ! », la gronda Alana. Mais, elle remit à plus tard la suite de la leçon d’éducation de son gros chat pour s’approcher du jeune Thracy. « Thracy. », le salua-t-elle. « J’espère que Nagga ne t’a pas fait trop peur...Ce comportement ne lui ressemble pas. » Etant donné qu’elle était une princesse et que Thracy était son serf, Alana n’allait tout de même pas prononcer un mot d’excuse en tant que tel. Cependant, sa dernière phrase se faisait la messagère d’une forme de regret concernant le comportement peu exemplaire et également peu habituel de son imposant animal. Attentif comme il l'était, le garçon d'Essos ne manquerait sûrement pas de remarquer l'absence de sourire sur le visage de la née-Volmark, dont le ton était également bien moins chaleureux qu'à son habitude...

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@Thracy
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The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy


An 302, lune 10, semaine 3



Quelle atmosphère tendue pesait à nouveau sur les Îles en ces semaines froides ! Rare éclaircie, moment de réjouissances : les récentes fiançailles du jeune Léviathan avec Helga Harloi avaient été longtemps sur les lèvres ornées de sourires, et venaient de réunir les familles Fer-Nées à la Tour des Moires. Lady Alana s'y était rendue en compagnie des deux enfants Greyjoy : Thracy avait participé à la préparation de leurs affaires. Pourvu que la fête ait été bonne, pourvu que la princesse y ait trouvé réconfort.
Le jeune serf le saurait bien vite, à son retour. Il lui était désormais plus aisé de déchiffrer, au visage du Léviathan, ce qui la pouvait réjouir ou troubler – depuis ces trois années qu'il la côtoyait et faisait au mieux pour lui plaire. Comment donc reviendrait-elle à Pyk ? Avec – espéra-t-il – un feu de joie au cœur, ce qui ne serait pas du luxe durant cette période trouble... Balon Greyjoy, Asha et Theon de nouveau en mer depuis plusieurs semaines, à la poursuite du traître. Le retour du roi grièvement blessé. Euron toujours en cavale... et une fois encore, la femme-roc qu'était Alana demeurant esseulée et sans nouvelle de l'époux, droite, toujours présente mais isolée telle un massif pierreux perdu au milieu des eaux... Toute la splendeur et toute la misère de sa condition de princesse – et de femme. Dignement elle l'acceptait et le petit infirme se voulait au mieux dans son service pour elle à son bien humble niveau.

Il avait eu beaucoup moins de travail en l'absence de Madame et des enfants. Oh, quelques corvées d'entretien routinières. Mais surtout du temps libre. Thracy l'avait passé à confectionner des bijoux, à tresser des colifichets dont il joua à orner sa couche, à dessiner parfois d'un bout de charbon de bois sur quelque rocher avant que la mer n'efface.
Le serf avait aussi tiré les cartes, un soir. Moitié jeu moitié refuge, il s'abandonnait à l'activité pour y créer des histoires ou y déceler de l'intuition. La combinaison que le garçon avait obtenue lors de la dernière séance lui resta à l'esprit durant les jours suivants. Pour ce tirage, Thracy avait fort tourné ses pensées vers Lady Alana. Les lames causeraient-elles de la princesse en attendant son retour ? Cinq figures, s'était-il fixé.

Les deux premières : venues ensemble, exactement en même temps entre ses doigts fins. Cela arrivait rarement tant il savait les manipuler à grande vitesse pour qu'une seule vint. Aussi l'invalide décida-t-il de le garder ainsi, ce couple de cartes. Elles seraient liées.
La Tour. Accompagnée du Chariot. Les deux ainsi mariés désignèrent à Thracy un couple connu. La Tour, avec cet homme en chute libre et au corps comme cassé en deux, lui représentait Messire Harlon. Et le Chariot, bien évidemment, par son personnage conduisant un attelage ailé, incarnait Dame Leeven. Cette paire d'arcanes venait en premier : les Botley semblèrent être le sujet de cette lecture. Un détail notable néanmoins : le Chariot était sorti à l'envers. Quelque chose de négatif se jouerait à son sujet. Pauvre Lady Leeven... lui serait-il arrivé quelque chose ?
Le Fol sortit ensuite du tas. Il allait en avant, besace à l'épaule, prenant une route dont seul lui connaissait le sens. Un chien agressif lui mordait le derrière. Froncement de sourcil... Thracy ne comprenait pas. Il devinait simplement une action en cours, quelque chemin inattendu. Vers quoi ?
Pour répondre vint la quatrième lame : Le Monde. Une femme blonde au milieu d'une couronne faisant un cercle d'infini. La figure avait elle aussi été piochée à l'envers. Mauvais signe. Cette femme... serait-ce Dame Leeven, ou Alana pour qui Thracy avait décidé d'effectuer le tirage à l'origine ? Peut-être les deux. À moins que les choses ne se brouillent. Ce Monde renversé esquissait un esprit qui ne se sentait pas à sa place. Parfois une fureur de fuir. Mais il pouvait aussi parler d'une dissonance entre ce que l'on donnait à voir et l'intériorité.
Carte de conclusion. Le Jugement. Et à l'envers. Décidément un sombre tableau que dessinait ce tirage. Le jeune serf avisa l'ultime lame avec autant de crainte que de circonspection. Des jugements négatifs et des rumeurs étaient en jeu – voire une fatalité à l'œuvre et déplaisante, à en croire la sortie de cette carte qui restait l'une des plus fortes du Tarot. Dans cette position négative qui plus était.

Cette mosaïque de mauvais augure revenait à l'esprit de Thracy, alors qu'il voyait se dessiner au loin les bateaux du retour : Lady Alana regagnait Pyk. Il vaqua à ses activités, tint les appartements de Madame et des enfants très propres, participa à la cuisine, puis alla se poser dans la cour intérieur du château avec son bol de poissons grillés. Ses grands yeux rivés sur la nourriture, il mangeait sans appétit, l'esprit ailleurs. Mauvais pressentiment. Ciel sans couleur et pluie au cœur.
Dans ses errements, il fut surpris par le museau de Nagga et les pattes immaculées que la panthère venait de porter aux accotoirs de sa chariote. Sursaut en arrière. Thracy aimait voir cette reine des neiges, l'approcher... Mais en l'occurrence elle l'avait surpris. Les harengs grillés avaient dû l'attirer. Une fois la brève frayeur passée, un sourire amusé fleurit à ses lèvres. Son fauteuil émit quelques couinements sous la pression de l'animal et le doux fumet des poissons lu agitait les moustaches.
La Dame Greyjoy claqua des doigts et la rappela. Nagga obéit – non sans donner un coup mutin contre le bol aux genoux de Thracy et faire valser à terre la nourriture dont elle ne manqua pas de s'emparer. Le serf haussa les épaules et laissa tinter un rire léger. Allez va, c'est ton cadeau de retour, reine des Neiges. Et puis lui-même n'était pas en manque : il irait grignoter autre chose en cuisines plus tard. La panthère quant à elle revenait innocemment dans le sillon de Lady Alana, avec l'entrain d'un enfant s'appliquant à faire croire à son parent que si, si, il avait été très sage. L'œil joueur, Thracy suivit le tout.
Son humeur amusée fondit cependant en voyant arriver la Princesse. Oh, quelque chose n'allait pas... Une contrariété bâillonnait tout sourire au visage neigeux. Le garçon s'employa à, lui, au moins, en offrir un à la Dame Greyjoy pour l'accueillir. D'autant qu'elle prenait soucis de l'infirme, à qui Nagga venait de jouer sa drôle de surprise. Une façon, même, de présenter des excuses déguisées : il ne lui fut pas difficile de le comprendre.

« Oh non Madame, vous inquiétez pas. J'vous remercie. » répondit-il aussitôt, avant de s'enquérir poliment des nouvelles : « J'espère que vot' voyage a été bon ? » Dans le même temps, sa main se tendit avec une légère hésitation vers Nagga et Thracy haussa un regard interrogateur vers Madame : est-ce qu'il pouvait la caresser ?

Froid retour. Visage sans chaleur, pourtant entouré de longs cheveux Soleil. Mauvais pressentiment... Il n'y avait pas que Nagga à adopter un comportement qui ne lui ressemblait guère. Thracy se rappela de sa carte Monde renversée.

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« the traitor behind the friend.»
An 302, lune 10, semaine 3

« J'espère que vot' voyage a été bon ? », s’enquit le jeune Thracy. La panthère ne semblait pas l’avoir trop effrayé, finalement.

La princesse, dont les pensées s’étaient faites vagabondes alors que pour l’heure, la nouvelle de la fugue de celle qu’elle pensait être une amie sincère et une fer-née de cœur paraissait toujours irréelle,  laissa malgré  tout apparaître un léger sourire sur son visage. Après tout, Alana avait bien montré, depuis son arrivée à Pyk, qu’elle était capable de faire bonne figure en publique, en toutes circonstances. Et puis, c’était d’une fer-née que l’on parlait. Et qui, mieux que ces femmes-là, élevées dans la rudesse des îles de fer et selon les exigences d’un Dieu intransigeant, pour masquer leurs émotions ?

« Il l’a été, oui. Le Noyé nous a offert une mer calme et bienveillante », répondit-elle. Malgré les conditions de navigation idéales, la panthère des neiges de la princesse s’était montrée anxieuse, à bord, surtout lors de l’aller. Nul doute que sa capture, et son départ d’Essos pour les îles de fer, avait laissé un traumatisme en elle. Alana était parvenue à la rassurer, toutefois, et avait bonne espoir qu’avec un peu de temps, les trajets en bateau ne seraient plus sources d’inquiétudes pour l’animal.

Ayant remarqué un peu tardivement que Thracy avait hésité à toucher l’animal, Alana ajouta. « Tu peux la toucher si tu veux. Mais, il faut que tu lui présentes ta main d’abord, qu’elle puisse te sentir et t’y autoriser, et qu’elle ne soit pas surprise. », expliqua gentiment Alana, qui en tant que « mère » de substitution de l’animal, était privilégiée, n’ayant guère besoin de se montrer excessivement prudente avec Nagga lorsqu’elle la touchait. Aux yeux de la panthère, elle représentait le plus solide de ses repères mais aussi une forme d’autorité. Ainsi, si Nagga pouvait râler en lui opposant un rugissement ou l’autre dans certaines circonstances, lorsqu’Alana faisait son éducation, mais la panthère n’avait jamais sorti les griffes ou les crois à son encontre.

Grâce à la présence de serfs venus de par-delà le Détroit, que ce soit à Volmark ou à Pyk, la princesse des îles de fer avait entendu parler des arènes de gladiateurs qui attiraient tant de monde sur l’autre continent et qui voyaient des gens se faire assassiner pour le simple divertissement de leurs pairs. Parfois, des lions étaient amenés dans l’arène, disait-on. Sans doute les possesseurs de gros félins devaient être nombreux en Essos…Du moins, plus nombreux qu’à Pyk, où Nagga était la seule et unique représentante de son espèce.

« Tes…anciens maîtres, en Essos, possédaient-ils des panthères, eux aussi ? Ou des lions ? », demanda Alana. « J’ai entendu dire qu’on amenait parfois des lions dans les arènes de gladiateurs, pour qu’ils affrontent des hommes... », ajouta-t-elle. Elle avait hésité une fraction de seconde sur le  terme à employer pour désigner ceux qui autrefois possédaient la personne de Thracy. La princesse ignorait toujours si le jeune garçon avait subi de mauvais traitement, ou non, de la part de ses précédents propriétaires. En tout cas, cela était chose courante en Essos, qu’on maltraite les esclaves, elle le savait bien. Sur les îles de fer, cela n’était pas tout à fait la même chose. Un serf n’était pas un esclave. Il ne pouvait quitter la seigneurie de ses maîtres, il ne pouvait posséder de biens, il n’avait guère de droit juridiques, certes. Mais, il demeurait sous la protection de ses maîtres. Et en dehors de l’obligation de travail qui était la sienne, il était libre de se marier, même avec une pure fer-née, et d’offrir un avenir meilleur aux libres fer-nés que seraient ses enfants. Autrement dit, mieux valait être serf sur les Iles de Fer, qu’esclave en Essos, à moins de vénérer au-delà de tous les climats tendres et ensoleillés de l’autre continent…

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The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy


An 302, lune 10, semaine 3



Quand Nagga fut repartie vers Alana de son innocent pas trottinant, Thracy se pencha pour ramasser au sol les résidus de poissons qu'elle avait mâchés. Il se frotta les mains au-dessus du bol pour y faire pleuvoir les petits déchets. Mais sans plus s'occuper de ces détails matériels, le jeune serf s'empressa de ramener son attention vers la princesse. Elle lui offrait un sourire qu'il sentait être de pure bienséance. C'en était touchant : elle faisait cet effort pour lui comme avec n'importe quel Fer-Né. Le garçon comprenait, dans ce genre de moments, combien il était légitime que Lady Greyjoy soit une femme-roc appréciée de son peuple.

« Oh, j'suis heureux pour vous. » réagit-il de sa voix douce, en ces termes qui ne dépassaient guère la pure convenance – de ceux que l'on usait pour une réponse de politesse à une question de politesse... lesquelles meublaient un malaise évident. Thracy ressentait le trouble latent.

Comme Nagga se tenait tranquille auprès de sa mère de substitution, l'invalide s'était laissé aller à tapoter un rythme sur un coin de son chariot en bois pour attirer son attention. Il entendit Madame l'autoriser à caresser la panthère, non sans assortir sa permission des recommandations nécessaires. Thracy hocha la tête avec un sourire attendri et reconnaissant : bien sûr qu'il serait prudent et ne brusquerait pas l'animal. Le garçon apprécierait tant d'apprendre, à son humble échelle, à l'apprivoiser !
Le travail qu'avait dû fournir Alana pour mettre en confiance la belle reine des neiges fascinait le serf. Une créature sauvage... La faire s'accoutumer à ces terres et à la présence d'humains dans son cercle quotidien, alors que ses congénères ne devaient pas avoir idée de ce qu'était l'obéissance ! Nagga n'avait pas l'air malheureuse du tout à Pyk. Thracy se serait senti peiné de la voir arrachée à sa liberté pour des dressages où seule sa propriétaire aurait été gagnante, cependant il n'en était rien. Nagga et Lady Greyjoy s'appréciaient, cela se voyait lorsqu'il surprenait leurs promenades, les attentions de l'une à l'autre.
En croisant le regard pétillant de la panthère, cerné de sa belle toison aux fines lignes noires comme autant d'ombres sur la neige, il s'amusa à se dire que lui aussi ne s'était finalement pas déplu en ces Îles. Que Madame savait apprivoiser et se rendre agréable autant que digne de son autorité. De toute façon, Thracy n'avait été arraché à rien ni personne en Essos... alors être vagabond en un lieu ou serviteur en un autre... Chacune des options présentait ses poids et ses réconforts. Travailler, tout le monde le faisait et il n'avait jamais été paresseux. Flouer et taquiner des badauds, en revanche, cela manquait à son esprit malicieux autant que d'être admiré dans ses danses qui transfiguraient son petit corps invalide.

Précautionneux, il tendit la main vers Nagga. Paume ouverte. Doigts immobiles. Ainsi pourrait-elle envisager comme elle le souhaitait ce contact proposé. En attendant sa réaction, les yeux tournés vers la mer, il se demanda comment une panthère sauvage avait vécu, la première fois, la cage ambulante qu'avait dû être pour elle un navire. La promiscuité. L'incessant bruit des corps humains. Les frappes des vagues contre la coque instable. Et le remuement d'une troupe de marins auxquels elle ne devait pas être habituée... Thracy imagina son propre voyage comme une partie de plaisir à côté ! Pour lui... et pour les Fer-Nés chargés de la commission : lui, il n'avait pas fallu le dresser parce qu'il rugissait, paniquait, trottinait en rond ou pissait sur un pont ! Il ne remuait pas la queue non plus.
Laissant là ses comparaisons farceuses et sa brève humeur potache – dont rien ne serait verbalisé – il guetta avec un sourire tendre les réactions de Nagga. La voir de si près était impressionnant et son âme esthète reprit le dessus, appréciant l'élégance de l'animal, les contrastes en arabesques de son pelage, les lignes d'une posture qui serait sûrement très agréable à dessiner pour un artiste.

La question qui suivit de la part d'Alana toucha beaucoup Thracy. Non seulement elle s'intéressait aux cultures d'Essos, aux jeux qu'on y pratiquait... mais aussi elle se souciait des animaux qu'on y faisait assassiner pour le divertissement. Le garçon n'avait jamais affectionné ces spectacles, encore moins depuis qu'il avait rencontré un jour, de près, l'une de ces marchandises humaines programmées pour combattre – en la personne de Cassandre, flamboyante Faiseuse de morts.

« Oh, non. Mes maîtres, c'étaient des nomades qu'avaient des caravanes mais pas d'place pour d'grands animaux comme ça. Y étaient plutôt colporteurs... et... bon, aussi arnaqueurs et voleurs faut bien l'dire. Comme ça, y filaient d'ville en ville quand y s'étaient suffisamment servis dans un endroit et juste pile poil avant que tous les curseurs pointent vers eux. » Il haussa les épaules avec un faux détachement, se souvenant combien il avait eu à participer, des années durant, à leurs activités malfrates... avait d'être considéré plus encombrant que rentable lors d'une mauvaise année et laissé sur une route. Parfois, Thracy se demandait combien une éducation pouvait déterminer quelqu'un et s'il avait pris – même inconsciemment – de mauvais penchants. Tel maître tel chien. Et tant qu'à parler d'animaux, il se garda de poursuivre le fil arborescent de ses associations d'idées pour reprendre le sujet qui intéressait Lady Greyjoy : « C'est vrai, y a des spectacles dans les arènes avec plein d'combinaisons possibles. Femme contre homme, enfants entre eux, humain contre humain, ou contre animal, ou animaux entre eux... Ou valide contre nain, ou contre rampant... tout c'qui peut susciter de la nouveauté, d'la joie et d'la bonne humeur, même si sur ces derniers cas y a moins d'suspens m'voyez » acheva-t-il sur un tour de voix plus grinçant de cynisme.

À propos de rampant – il ne l'avait même pas fait exprès... dans les sauts spontanés de son esprit d'une branche à l'autre – devait-il aborder la vision du couple Botley dans les cartes ? Après une courte hésitation, il préféra ne pas suivre cette option. Ce serait déplacé. Il finirait bien par entendre, au château ou de la bouche d'Alana, des remarques confirmant ou non ses ressentis quant à l'étrange tandem soigneur et manieur d'herbe. Et surtout, pourquoi eux deux lui étaient apparus dans un tirage pourtant consacré à Lady Greyjoy.

« Au moins, reprit-il pour enchaîner sur le sujet des arènes et masquer son suspend réflexif, j'ai jamais été utilisé pour ces trucs-là. Nagga non plus. » Un coup d’œil amical et malicieux alla à la panthère pour accompagner la remarque. « Ici on est exotiques mais pas si mal. » glissa-t-il avec en vérité beaucoup plus de sérieux qu'il n'y paraissait derrière l’euphémisme plaisantin. Leeven... elle aussi était... exotique, pensa Thracy, à nouveau préoccupé par son tirage.

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« the traitor behind the friend.»
An 302, lune 10, semaine 3

Alana aurait aimé que Nagga se montre plus amicale envers le jeune serf, qu’elle trouvait touchant par sa patience vis-à-vis de l’animal. Malheureusement, la panthère des neiges se détourna de l’exotique serviteur des Greyjoy et revint auprès de sa maîtresse, où elle s’allongea, paresseuse.

« Et bien, ma demoiselle du nord semble un peu sauvage aujourd’hui. », répondit alors Alana sur le ton léger de la plaisanterie. Ce n’était en tout cas point de la faute de Thracy si l’animal avait tourné les talons car il s’était bel et bien montré prudent dans son geste.

Alana interrogea alors Thracy sur Essos. Ses maîtres avaient-ils eux aussi posséder un animal aussi majestueux que Nagga ? La princesse des îles de fer avait entendu parler des combats de gladiateurs, dans les arènes, car les femme-sels et les serfs rapportés depuis de longues années sur les îles de fer s’étaient faits messagers de leur propre culture d’outre-détroit, transmettant aux fer-nés de nombreuses informations sur ce qui se faisaient par-delà Westeros…Sans compter que certains fer-nés, ayant effectués une collection de raids en Essos, avaient pu de leurs propres yeux, constater certaines différences culturelles bien réelles...

La née-Volmark écouta sans réagir l’évocation des vols que Thracy avait été contraint de réaliser. Elle n’avait pas d’opinion précise sur le sujet. Le garçon avait fait ce qu’il avait à faire pour survivre, c'était ce qu'elle pensait. Désormais, il était un serf, bénéficiait du gîte et du couvert, comme de la protection de ses maîtres. Il n’y donc plus de raison qu’il agisse à nouveau de la sorte. Pas de raison donc, pour qu'elle se méfie de lui sur ce point.

« C’est une pratique bien étrange que de faire s’affronter des gens pour en divertir d’autres. L’art de se battre n’est pas censé être une plaisanterie… », répondit la digne fer-née qu’était Alana. Se battre pour se donner en spectacle et même orchestrer des affrontements aussi inéquitables qu’entre un nain et un homme valide ou une femme et un homme….A moins que ces femmes soit entraînées comme l’étaient sa belle-sœur, quel honneur pouvait-il bien y avoir à remporter un affrontement contre une femme ? Ou contre un nain ? Quel honneur pouvait-il y avoir à se battre pour des applaudissements et non pour des conquêtes ou pour des possessions ? Voilà bien le genre de pratiques superficielles difficiles à comprendre pour un fer-né. « Et puis, je ne vois pas quelle gloire un combattant peut bien tirer à gagner contre un adversaire qui de toute évidence n’a pratiquement aucune chance de l’emporter. », ajouta-t-elle, faisant référence aux adversaires plus faibles décrit par Thracy.

« Au moins, j'ai jamais été utilisé pour ces trucs-là. Nagga non plus.  Ici on est exotiques mais pas si mal. », dit-il.

« Je suis contente de te l’entendre dire, Thracy », déclara Alana. La princesse des îles de fer pensait en effet que son jeune serf avait de la chance d’être arrivé sur les îles de fer. Il n’était pas maltraité ici, avait de quoi manger en suffisance et un toit au-dessus de la tête pour chacune de ses nuits. Le travail que l’on attendait de lui était raisonnable et il ne devait plus se battre pour survivre chaque jour. Ici, sur les îles de fer, il pouvait même rêver à un avenir différent pour ses propres enfants, si du moins il pouvait en avoir, car ceux-ci naîtraient de libre fer-nés.

Alana regarda la panthère à ses pieds, qui était occupée à tenter d’arracher un bouquet d’herbes ternes ayant sauvagement poussés entre deux pierres puis regarda à nouveau Thracy. « Certains semblent parfois incapable de se rendre compte de leur chance et du bon accueil qui leur a été fait… », ajouta-t-elle, sur un ton pensif qui laissit deviner son amertume. La fer-née pensait évidemment à Leeven Botley, devenue une noble dame des îles de fer et pourtant partie à dos de dragon, trahissant ainsi le peuple parmi lequel elle avait vécu ces dernières années et qu’elle semblait pourtant avoir épousé…

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The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy


An 302, lune 10, semaine 3



Thracy ne cacha pas sa déception devant le retour immédiat de Nagga auprès de la princesse, sans aucune envie d'être approchée par lui. Une petite moue de sa lèvre inférieure et un regard plongeant vers l'herbe à ses pieds répondirent au départ de la panthère. Cette expression disparut cependant aussi sec : il fallait croire qu'aujourd'hui n'était un jour de bonne humeur pour personne. La belle reine des neiges avait ses humeurs et le jeune serf ne la contrarierait pas. Un moment plus opportun viendrait, il l'espérait bien. Le garçon nota que sa déception était partagée par Alana, navrée du comportement de Nagga – aussi lui offrit-il un doux sourire comme une façon de lui dire qu'il n'y avait rien de grave, qu'il attendrait une meilleure atmosphère pour approcher l'animal, quand il le voudrait. Pour l'heure, la panthère avait surtout apprécié de se servir dans son bol, c'était ainsi !

« Le voyage lui est p'têt resté sur les pattes. » sourit Thracy avec une légèreté égale à celle perçue dans la réponse de sa maîtresse, alors que Nagga se lovait à ses pieds. « Repos pour Son Altesse. »

Quand la conversation reprit un tour plus sérieux, le serf observa avec soulagement l'absence de tout jugement sévère sur les traits de Lady Greyjoy tandis qu'il avouait les corvées auxquelles le forçait la vile troupe de ses premiers maîtres. Sans doute comprenait-elle que ce palmarès de délits, cette collection de larcins dont le petit infirme lui-même avait honte, appartenaient désormais à son passé : à Pyk, Thracy n'avait plus aucune raison de commettre ce genre d'infractions. Le garçon serait même trop honteux de décevoir Messire et Madame par des gestes de cette nature. L'attachement construit pour eux au fil de ces trois années était sincère.

« Je suis bien d'accord. Se battre, c'est à la fois un art et... ce qu'y faut faire quand c'est nécessaire... mais même là, le faire bien. Transformer ça en jeu c'est... j'sais pas... avoir l'impression que comme ça, on s'décharge du pire de c'qu'y a en nous. Encore que, c'est même pas vrai, parce que les gens y revenaient toujours et toujours boire à nouveau leur dose de ces spectacles. Est-c'qu'on a vraiment besoin de s'purger d'la violence comme ça ? » Si au moins lesdites représentations pouvaient n'être guère cruelles, plus esthétique et purement théâtrales, songea le jeune serf. Il paraissait cependant que le plaisir pris à une œuvre s'évanouit sitôt que l'on sait que c'est pour de faux. Une nouvelle fois Thracy se sentait à peine partir en divagation, le bout de ses pieds égaré à tapoter le sol rocailleux.

Le commentaire d'Alana quant aux combats inégaux lui fit cesser tout mouvement. « Là y a p'têtre aut' chose encore qui s'joue... On prend c'qui est différent et on le ridiculise. C'pour le dominer quand on est pas fichu de l'comprendre. C'est comme les surnoms sournois qu'on m'a eu donnés à la rue, y a quelque chose du costume de pitre. Ça rassure. »

Thracy appréciait la conversation. Et d'aucuns considéraient tous les Fer-Nés comme de grossiers barbares ! Alors que les tête de pioche qui exploitaient esclaves ou invalides en Essos n'entendraient guère le quart de ce Lady Greyjoy venaient de se dire. Les mœurs des Insulaires avaient de quoi paraître frustes, leurs territoires et leurs mines relevant pour certains de l'Enfer – néanmoins cela s’expliquait en partie par l'état aride de leurs terres – clairement pas l'idéal pour y bâtir à long terme. Et pourtant les Fer-Nés tenaient tels des rocs battus par les flots, grignotés par le sel. Les chiffes-molles qui se prélassaient dans certains palais et des couches de satin en sauraient-ils faire autant en pareilles conditions ?

La satisfaction d'Alana à l'entendre déclarer ouvertement qu'il ne se déplaisait pas ici suspendit un instant les gestes et le souffle de Thracy. Un coin de ses lèvres s'ourla dans une moue songeuse. Avait-elle donc besoin de cela ? D'une déclaration en bonne et due forme, après trois années de présence docile à ses côtés ? Le serf dut s'avouer surpris par la remarque – comme si Lady Greyjoy ressentait, en ce jour, la nécessité d'une telle confirmation verbalisée de la part d'un serviteur ou d'un étranger – et ce après une confiance fêlée. Pourquoi ? Doutait-elle de lui malgré tout ?

« J'ai espoir qu'mon comportement vous l'prouvait déjà depuis trois ans. » lui glissa-t-il d'une voix doucereuse. « Mais s'il faut parole donner, alors v'là qui est fait. »

À peine achevait-il, que la remarque lâchée un ton plus bas par sa maîtresse apporte à Thracy un autre élément de confirmation. Oui, en effet, il semblait bien que quelqu'un l'ait déçue. Quelqu'un qui n'avait pas trouvé en ces lieux ni le bonheur ni l'hospitalité promises – et que la princesse estimait donner. La Chariot ailé, celui que l'infirme avait vu dans ses arcanes, s'était envolé loin. Évanoui dans Le Monde, laissant derrière lui la pesanteur d'un Jugement.
Thracy hésita un instant. Ses prunelles timides dessinèrent d'indécis aller-retours entre Alana et ses mains croisées sur ses jambes. Enfin il la regarda de nouveau et murmura, d'une voix douce où perçait déjà toute sa tristesse, toute son empathie :

« Madame, j'ai vu... » Il n'osa pas nommer les Botley et préféra les désigner par ce qui les avait désigné sur les arcanes du Tarot : « J'ai vu en couple l'attelage ailé et l'homme brisé. Et qu'ils sont partis d'ici, c'est ça ? » L'infirme baissa aussitôt à nouveau les yeux, soucieux de la pudeur, précautionneux à ne pas avoir l'air de vouloir percer brutalement les émotions de la princesse.

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« the traitor behind the friend.»
An 302, lune 10, semaine 3

« Le voyage lui est p'têt resté sur les pattes. Repos pour Son Altesse. », avait répondu Thracy suite à la réaction de la panthère des neiges, qui ne semblait guère d’humeur sociable en ce jour. La princesse des îles de fer avait cependant deviné la déception du jeune garçon mais, c’était ainsi…Une autre fois, peut-être, si Nagga y consentisait.

Apparemment, le jeune serf partageait l’opinion de Lady Greyjoy au sujet de ces combats organisés en arène. Il émit cependant l’hypothèse que ce type de de représentations, où des hommes et des femmes se faisaient assassiner pour les applaudissements, permettaient aux gens de se décharger « du pire qu’il y avait en eux ». Et pourtant, cela n’avait qu’un effet à très courte durée, puisqu’ils revenaient encore et encore.

Observer des combats entre deux hommes, Alana l’avait déjà fait. Il était toujours assez intéressant de regarder des fer-nés s’entraîner entre eux, jouer à la danse du doigt, avec les risques que cela comportait. Le suspense était grand, l’adrénaline montait…Cependant, ce n’était pas tout à fait comparable à ces spectacles immenses organisés en arène dans le seul but d’amuser la galerie. Et jamais un fer-né ne se battrait contre un nain ou une jeune femme sans défense pour récolter la gloire car de toute évidence, cela ne lui en apporterait guère.

« Là y a p'têtre aut' chose encore qui s'joue... On prend c'qui est différent et on le ridiculise. C'pour le dominer quand on est pas fichu de l'comprendre. C'est comme les surnoms sournois qu'on m'a eu donnés à la rue, y a quelque chose du costume de pitre. Ça rassure. », commenta Thracy au sujet des combats inéquitables dont l’existence choquait Alana.

La née-Volmark se souvint des sobriquets qu’elle avait elle-même répété avant d’épouser Theon. Elle avait fait partie de la collection de personnes le désignant comme un loup plutôt que comme un kraken. A ce jour, Theon l’ignorait toujours car une fois devenue sa fiancée, Alana avait embrassé son rôle à venir de femme-roc et protégé la réputation de son futur époux avec autant de férocité qu’elle aurait protégé la sienne ou celle de son frère. Les lunes passant après leur union, elle avait petit à petit appris à connaître un véritable fer-né, désireux de faire ses preuves et de retrouver sa place parmi son peuple. Elle s’était donnée pour mission de l’y aider, se révélant le soutien idéal dont il avait sûrement bien besoin. Aujourd’hui, elle regrettait d’avoir ainsi jugé Theon par le passé. Mais, c’était là un réflexe naturel des êtres humains, sur les iles de fer comme ailleurs ; juger ce que l’on ne peut comprendre.

« J'ai espoir qu'mon comportement vous l'prouvait déjà depuis trois ans. Mais s'il faut parole donner, alors v'là qui est fait. », répliqua le jeune garçon quand Alana se dit contente de l’entendre dire qu’il n’était « pas si mal sur les îles de fer ». Elle trouva la phrase du jeune homme quelque peu impertinente. Aussi s’arrêta-t-elle un instant et le regardant, déclara avec une certaine fermeté : « La confiance est quelque chose qui s’entretient indéfiniment, Thracy. Ce n’est jamais pleinement acquis. »

En effet, jusqu’à aujourd’hui, le jeune garçon s’était toujours montré un serviteur loyal et travailleur. Néanmoins, en tant que serf surtout, il devrait constamment témoigner de sa loyauté. D’autant plus qu’il était extrêmement chanceux, aux yeux d’Alana, d’être arrivé à Pyk. Le jeune homme disposait d’un certain savoir faire, certes. Mais c’était aussi une faveur que Theon lui avait fait en le prenant à son service et il convenait qu’il en ait conscience. Bien d’autres fer-nés auraient estimés que dans l’état où il était, mieux valait qu’il rejoigne ses dieux le plus tôt possible, que le tuer serait lui faire grâce. Bien des fer-nés n’auraient pas non plus voulu d’un étrange serviteur comme lui. Alors, non seulement Thracy avait échappé à une vie bien difficile en Essos, mais en plus il était devenu serviteur dans un château, en dépit de sa condition qui lui limitait l’accès à une grande partie de la propriété. Les serfs dont l’emploi était celui de domestiques pouvaient bel et bien s’estimer des plus heureux car les longues heures de travail dans les mines de fer étaient autrement plus fatiguantes…

« Madame, j'ai vu... J'ai vu en couple l'attelage ailé et l'homme brisé. Et qu'ils sont partis d'ici, c'est ça ? », dit ensuite l’infirme jeune garçon, d’un air hésitant. Les sourcils d’Alana se froncèrent. Elle n’avait absolument rien compris au début de sa phrase, cependant en alliant le mot départ à celui d’homme brisé, ce fut tout naturellement qu’elle pensa à Leeven et Harlon.
« Tu as vu l’attelage ailé et l’homme brisé ? Qu’est ce que tu racontes, Thracy ? », interrogea-t-elle. C’était une bien étrange manière de s’exprimer. Voulait-il dire par là qu’il avait observé dans le ciel le départ du dragon ? Non, c’était impossible, car Leeven n’avait pas survolé Pyk en s’enfuyant. Cela aurait été bien idiot de sa part. Elle attendit qu’il explique sa pensée, n’ayant pas la moindre idée de ce qu’il entendait par l’usage de mots si poétiquement exprimés.

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The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy


An 302, lune 10, semaine 3



Le silence profond qui s'installa entre eux laissa deviner à Thracy les nombreuses pensées dans lesquelles naviguait Lady Greyjoy, tandis qu'ils évoquaient les combats d'arène. Le goût d'assassiner à répétition purgeait momentanément certaines passions, et pourtant toujours elles s'en revenaient. C'était à se demander si l'univers et la nature humaine n'étaient somme toute que des cycles absurdes. Le garçon aimait croire en quelque chose de transcendant, et dans la capacité des mortels à grandir, à se perfectionner, à apprivoiser leur violence – un peu comme Alana était devenue une mère pour cette sauvage reine des Neiges... Et cependant certains jours, le petit invalide se disait que ce ne restait qu'un vain idéal, que les pulsions dessinaient un éternel recommencement, et que l'Histoire était pleine de ces centaines de guerres qui se ressemblent – affrontements en troupe, vanité de qui semble être tout pendant quelques années, mais que le temps fera poussière et avalera comme les autres. Quel sens en restait ? Peut-être le dessin des aventures humaines dont la postérité pouvait tirer ses leçons et, à chaque génération, tenter de faire mieux – ou un peu moins pire.
Thracy errait à ce niveau de ses élucubration lorsque la mine préoccupée de Madame l'interpella : ce qu'il disait du ridicule semblait trouver écho en elle. Il n'aura pas la curiosité déplacée de demander quoi. Il pouvait néanmoins s'en faire une vague idée : chacun était le ridicule de quelqu'un d'autre... Les Fer-Nés aux yeux des continentaux prenant leurs îles pour un Enfer. Et réciproquement certains étrangers au milieu des Fer-Nés. Un pépiement de rire grinçant sabra les yeux ambrés du serf : les choses lui paraissaient prendre des airs d'absurde comédie, les uns reprochant aux autres leurs faux-pas, ceux-ci s'empanachant de vertus qui étaient des ridicules aux yeux de ceux-là, les amis d'un jour étant fugitifs du lendemain... et tous de tourner comme un ours dans sa grande roue.

Ce fut donc sur la lancée de cette humeur ironique, par laquelle pourtant Thracy se laissait rarement gagner, qu'il glissa à la princesse ses petits mots quant à son comportement qui, lui semblait-il, avait toujours été preuve de son sincère attachement. Plus que n'importe quelle parole. Les actes faisaient les meilleurs mots. Un suspend et la voix plus ferme de Lady Greyjoy suffirent à indiquer au garçon qu'il n'était pas question de pousser le bouchon plus avant. Et les récents événements semblaient lui donner raison sur ce point : la confiance en effet ne paraissait jamais acquise. Leeven l'avait brisée. « Avec une étrangère meilleure amie qui vient d'en abuser, un étranger serf sait maintenant à quoi s'en tenir. » songea Thracy, un peu aigre. Serait-il flanqué dans le même panier que Dame Botley ? Confusion pour tout le monde et méfiance en roue libre ? Se cachait-il là, le sens de l'ultime carte – ce fichu Jugement ? Le garçon s'apaisa et espéra que ce ne serait pas le cas ! Que l'arcane restait un simple avertissement et la description d'un état passager. La princesse n'était pas connue pour être injuste. Et comme il serait triste de ne faire confiance à personne. Le regard de Thracy redevint plus doux, conscient du temps qu'il faudrait à Alana pour se réparer de l'amitié brisée. Et si possible sans en tirer une loi générale. « Alors beaucoup d'gens ici sauront continuer d'mériter la vôtre. » choisit-il en manière d'apaisement – et de volonté de réconfort autant que cela pouvait être fait par un serf.

La cassure pour le moins circonspecte aux sourcils d'Alana annonça à Thracy ce à quoi il s'attendait bien en vérité : ses prédications lui avaient été obscures. Il fallait dire que jamais encore l'ancien vagabond tireur de tarot n'avait osé évoquer cette pratique devant Madame. Une pratique étrangère et occulte... quel bol ! Voilà qui ne tombait pas vraiment au meilleur moment, mais tant pis... Thracy se sentait le devoir de ne pas garder pour lui une lecture faite au sujet d'autrui. Ce serait un peu comme... une intrusion ? La question dont Lady Greyjoy le pressa confirma qu'il lui fallait s'expliquer. Calme et sans un tremblement, Thracy engagea :
« J'ai un tarot, Madame, et je lis les cartes parfois. Le dernier tirage que j'ai fait voulait... consulter c'qui arriverait pour vous, 'vec tous les événements qui se bousculent en c'moment. C'ma manière d'essayer d'aider, d'chercher des réponses, ou du moins des pistes, quand j'me fais soucis. C'qui est sorti, c'est deux lames qui représentent un homme brisé au pied d'une tour et un attelage ailé. J'ai pensé à Messire et Dame Botley. Ensuite y avait le Fol et le Monde : c'était clairement un départ... J'ai vu leur départ qui passe pour... fou... un départ qui ici n'se comprend pas en tout cas. Et enfin, en conclusion et comme c't'à vous qu'je pensais, y a eu le Jugement. C't'un moment de basculement irréversible dans l'idée qu'on a d'quelqu'un... ou d'un groupe de personnes... mais ça peut symboliser aussi la capacité d'un sage discernement une fois passée la blessure et la raideur d'une sentence. »
Tout en parlant, il fouilla ses hardes et en tira ledit jeu, dont il lui présenta les arcanes mentionnées. Les cartes étaient usées, cornées, fripées de longues années de voyages et qui semblaient en avoir déjà traversé autant que l'infirme. Un pli soucieux lui sabrait le front : comment Alana accueillerait-elle cette révélation et les pratiques de son serf ?

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« the traitor behind the friend.»
An 302, lune 10, semaine 3

Sourcils froncés, la princesse aux cheveux blonds écouta l’explication du jeune garçon. Il ne se trompait pas dans ce qu’il avançait ; Leeven était bel et bien partie, sans laisser derrière elle un messager capable d’expliquer la raison de sa fugue, abandonnant les Botley comme les Greyjoy à l’incompréhension et dépouillant les îles de fer de son avantage secret à un moment critique, où la perspective de devoir lever des troupes entières de fer-nés pour défendre les îles d’un vagabond usurpateur était du ressort de la possibilité. Oh, bien sûr, Thracy logeait à Pyk et il aurait pu entendre des bruits de couloirs durant l’absence d’Alana plutôt que d’apprendre la fugue de l’épouse Botley de manière si mystique. Mais néanmoins, les dires du jeune homme intriguèrent le leviathan.

Alana, en fervente croyante du Dieu-Noyé, savait qu’il arrivait que le Dieu envoie à ses fidèles des prédictions, sous forme de rêves ou d’intuitions. Elle-même en avait fait l’expérience dans ses moments de prières, à travers un ressenti particulièrement fort mais très difficile à expliquer. Le Dieu lui avait soufflé que son enfant serait un garçon et un garçon qui deviendrait un très vaillant fer-né. Theon avait pris les prédictions interprétées par son épouse avec des pincettes mais Alana ne s’était pas trompée et le premier mâle de la nouvelle génération de Greyjoy était né. Qhored était né.

De nouveaux signes s’étaient imposés à elle lorsqu’à la naissance de ce fils attendu, Theon s’était trouvé en possession d’un œuf de dragon. Si le Noyé avait permis à l’équipage du jeune kraken de voguer sans encombre jusqu’à découvrir un tel trésor, pour le rapporter au prince, au moment justement où il devenait père d’un très probable futur roi, cela ne pouvait être qu’un signe. Un signe du grand destin qui attendait Qhored.
Sa propre foi faisant que la princesse n’était par conséquent point hostile à l’idée de prédictions d’avenirs bien qu’elle n’ait jamais entendu parler de l’utilisation de mystérieuses cartes dans le but d’entrevoir l’avenir. Cependant,  elle supposa tout naturellement que cela devait être lié à la parole d’un Dieu.

« Est-ce ton Dieu de la Lumière qui te parle à travers ces cartes ? », demanda la princesse, intriguée. Alana avait déjà discuté de religion avec Thracy, qui s’était montré curieux après avoir assisté par hasard à un baptême par l’eau et le sel. La née-Volmark se souvenait lui avoir demandé si le Dieu que Thracy priait à Pentos ne mettait pas lui aussi ses fidèles à l’épreuve, mais le jeune garçon lui avait répondu en évoquant tout une collection de religion. Par conséquent, l’épouse de Theon Greyjoy avait supposé sans certitude que la religion du jeune homme était la première soit celle de R’hllor, le Maître de la Lumière. Beaucoup de gens d’Essos priait R’hllor, beaucoup de serfs arrivaient donc sur les îles imprégnés de cette foi. La princesse savait que le Dieu R’hllor envoyait lui aussi des signes à ses fidèles, à ces prêtres surtout. Contrairement à ces gens du continent, foncièrement intolérant, Alana n’était pas hostile aux religions d’ailleurs. Après tout, le Dieu Noyé était le dieu de son peuple. Cela n’excluait pas qu’il existe d’autres dieux ailleurs. C’était même plutôt évident qu’il en soit ainsi,  le Dieu-Noyé étant un Dieu de la mer. Après tout, il ne pouvait pas être le Dieu d’un peuple vivant à des lieues de l’océan et ne prenant jamais la mer.

Une étrangère avait brisé la confiance d’Alana, certes. Cependant, heureusement pour Thracy, et malgré la méfiance que cela pourrait peut-être engendrer chez elle face à l’inconnu d’autres contrées, le sujet était trop intriguant pour ne pas retenir sa curiosité. Sans compter que Thracy venait d’Essos et non des contrées vertes de Westeros qui suscitait naturellement plus de méfiance chez les fer-nés que le continent de l’est. Sans faire d’amalgamme donc, Alana posa une autre question. La femme de foi qu’elle était en avait de nombreuses. Theon peut-être aurait pu se détourner de cette pratique étrange avec un froncement de sourcils, sans chercher à en savoir plus. Mais pas Alana.

« Comment as-tu appris cela ? Et…De ton expérience, est-ce que cela te permet toujours d’entrevoir la vérité de ce qui va advenir ou...est-ce que parfois il y a des erreurs ? », demanda-t-elle. Certains étaient très bon pour intérpréter les messages de l’autre monde, d’autres moins. Quand un Dieu parle à son fidèle, encore faut-il que celui-ci puisse l’entendre et le comprendre.
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The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy


An 302, lune 10, semaine 3



Les sourcils ombrageux de la Princesse étaient pour Thracy le miroir des réflexions qui devaient lui traverser l'esprit. Il fallait dire que c'était la première fois que le serf osait lui parler de ses activités mystiques et lui faire une prédiction. Heureusement, elle ne sembla pas fâchée de cela : après tout, elle-même était d'une grande foi, sensible aux signes envoyés par le Noyé, notamment lors de la naissance des enfants. De tels moments charnière étaient le théâtre d'oracles recherchés. De bonnes étoiles auxquelles vouer l'héritier ou de sombres avertissements invitant à le protéger. Non, son trouble venait de ce que l'infirme avait deviné – et de la colère que lui laissait encore le départ de Dame Leeven, sans explication, sans considération pour les liens noués en ces Îles.
Thracy comprenait cette détresse – bien que, un instant, il se rappela aussi que personne jamais ne lirait dans la tête de Lady Botley et son époux. L'étrangère avait-elle fini par ressentir au fond d'elle le manque de ses origines ? Ne s'était-elle jamais vraiment sentie intégrée aux Insulaires, malgré son mariage et le bon accueil qu'on avait pu lui réserver ? Et puis... posséder un dragon... Si demain le garçon devait avoir accès à un tel trésor, il serait incapable de jurer qu'il n'aurait pas la tentation de partir lui aussi continuer de découvrir ce que recelait le vaste monde. Après tout, il avait toujours vécu d'un endroit à l'autre, sans attache profonde, improvisant au quotidien et vagabondant au gré des événements. Mais lui, sa vie serait définitivement aux Îles de Fer : Thracy avait intégré cette idée et, fort de sa résilience, désireux de s'adapter, elle ne lui déplaisait pas tant que cela. D'autres gens de sa condition avaient femmes et enfants. Lui, non. En revanche, il n'était pas un serviteur lambda aux yeux d'Alana qui l'appréciait. Aussi surprenant que cela soit, un des rares liens sincères et durables qu'il aurait noués au cours de sa drôle de petite vie aura donc été celui qui l'attachait à la Princesse Léviathan ! Il était loin d'imaginer cela en débarquant, trois ans en arrière, en présent de fiançailles auprès de Lady Greyjoy. S'était toutefois bien vite imposé à lui le bon pressentiment qu'il ne serait pas malheureux ici, malgré ce qu'on pouvait dire des Fer-Nés et malgré le voyage en bateau ardu au futur jouet, au singe à roulettes comme disaient les hommes d'équipage.

La question de la Princesse le laissa songeur. Son dieu de la Lumière ? C'est qu'il n'avait pas vraiment de dieu arrêté, en vérité. Il avait traversé tant de cités, s'était ouvert aux idées de tant de peuples croisés aux carrefours ou sur les chemins, qu'aucune de ces croyances n'était pleinement restée sienne. Chacune avait tant éveillé sa curiosité ! Chacune proposait un singulier système de lecture du monde... qu'il se voyait mal se vouer à un seul et exclure ce que les autres proposaient aussi de pertinent – ou du moins de symboles parlant à son imagination. Non, il ne s'était jamais arrêté sur une foi. De R'hllor cependant, il gardait l'idée de Lumière, de force à cultiver chaque jour dans un quotidien même ardu, d'égalité aux yeux du Seigneur. La rude section du monde en deux cependant lui posait problème. Noir, Blanc ; le Bien, le Mal. Qui avait instauré cela ? Comment prétendre trier d'aussi complexes créatures que les humains ? Les Fer-Nés par exemple, beaucoup les diraient mauvais, sauvages. Néanmoins leurs mœurs s'expliquaient. Plus Thracy avait évolué au sein de différents systèmes, plus il en était venu à se dire que la tumultueuse histoire humaine n'était jamais le Bien contre le Mal, mais le Bien de l'un... contre le Bien tel que l'estimait l'autre.

« Je sais pas. » avoua-t-il d'une petite voix. « J'me suis jamais voué en entier à un dieu, pour êt' honnête. Alors que des signes m'viennent d'un d'eux... j'oserai pas m'avancer à l'penser. Mais... des intuitions, ça oui, j'crois que j'en ai toujours eu. Un jour à Volantis, une prêtresse m'a dit que je s'rai destiné à ça. Que j'aurai un futur pas ordinaire et que j'verrai les choses... différemment. Elle était... si habitée ! » conta-t-il, le regard émerveillé au souvenir de la majestueuse silhouette de Neina et de ses yeux profonds, pleins de mystères à révéler. Et si quelque chose s'était transmis à lui ce jour-là ? « Après, d'la part de qui elles viennent, ces intuitions, l'avenir l'dira peut-être ? » Il tritura son jeu de cartes avant de le rempocher pour rencontrer pleinement le regard si intrigué de Lady Greyjoy. « Oh c'était avant même que j'ai les cartes. » précisa-t-il, se souvenant notamment de la gladiatrice auprès de laquelle il avait eu une si puissante vision quant à ce qui changerait son avenir. « Mais quand j'ai vu des devineresses faire avec ces jeux dans les rues, ça m'a plu, j'ai réussi à en dénicher un. C't'un simple support, j'suis sûr qu'y en a d'autres... mais cette collection de dessins qui invitent à c'qu'on les déchiffre, c'beau comme idée ! » Il se revit assister à des rituels de voyance, et plus récemment, aux démarches des prêtres des Îles de Fer officiant aux bords des eaux. « Dites, Madame, vous par exemple, les croyants du Noyé, z'avez des supports où c'est que vous essayez d'lire des signes ? Y a des gens qui font ce genre de choses ? » Thracy se plut à s'imaginer initié, apprenant de nouvelles pratiques, mettant pourquoi pas sa petite main à des rituels. L'accepterait-on ? Un élan de crainte se distilla dans ses idées et il ajouta : « Vous... croyez que faut vraiment choisir une foi, une seule, pour recevoir des signes ? Comment on sait qu'on s'trompe pas, qu'on se vouerait pas à cette divinité-ci alors qu'en vrai, ce s'rait cette divinité-là qui parle ? » Ou peut-être aucune. Juste une disposition de la Nature à donner ce genre de dons à certains esprits, par-delà toute scission exclusive de croyance.

Quant à savoir l'efficacité de ses intuitions, à envisager d'éventuelles erreurs... la question l'effraya. Et s'il se trompait ? S'il lui arrivait de proférer des approximations, voire de mauvaises pistes... Même si cela survenait peu, la perspective d'une seule mauvaise fois l'intimidait. Sans doute était-ce pour cela qu'il avait, longtemps, préféré ne pas en parler ? Souhaité parfois être dans le déni de sa propre disposition pour ne pas risquer d'essuyer la responsabilité d'une faute. Reléguer cela au rang de jeu, comme il arrivait à Thracy de se protéger de bien des choses en faisant d'elles des légèretés. Cette fois cependant, la vision avait été trop précise ; il s'était résolu à se confier à Lady Greyjoy. Sa voix hésitante et ses yeux baissés auront de quoi exprimer ses inquiétudes en lui répondant : « J'ai appris, euh... sur l'tas. J'ai r'gardé faire, à Pentos surtout. Un jour aussi, une vieille dame a voulu m'expliquer certains détails, alors qu'elle m'avait surpris à l'observer. » Un temps. « L... La vérité ? J'en sais rien. La plupart des gens à qui j'tirais les cartes, j'les revoyais jamais, du coup j'peux pas trop dire. C'est comme cette gladiatrice aussi, cette esclave à Meereen, j'ai vu pour elle une autre vie, des chaînes qui tombent, et derrière elle un dragon avec un prince ! J'me demande c'qu'elle est devenue ! Oh la la ! Pour elle, c'que j'aimerais savoir ! » s'enthousiasma-il au souvenir de Cassandre la flamboyante, la tranchante. Sa rencontre était de celles qui l'avaient marqué. « Mais oui, j'ai vu des fois des choses, que j'ai su ensuite qu'elles sont arrivées. » Il confessa, la mine légère : « Le mariage d'vot' frère, il était apparu dans les cartes. Y vous l'a p'têtre pas dit, mais la fois où il était venu voir vot' fils tout juste né, eh bien on s'est croisés et j'y avais fait un tirage. » Et dans le flot de son discours, Thracy finit par lâcher sa plus grande crainte : « J'voudrais pas m'tromper Madame. » Et le garçon d'ajouter avec un petit regard velours, compatissant et suivant sa façon bien à lui de l'exprimer : « Enfin pour Lady Leeven, si, j'aurais voulu m'tromper. »
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An 302, lune 10, semaine 3

A sa question, Thracy ne semblait point à même de répondre. Il lui avoua ne s’être jamais voué à un seul et unique dieu, contrairement à ce qu’Alana avait supposé.  

« Dites, Madame, vous par exemple, les croyants du Noyé, z'avez des supports où c'est que vous essayez d'lire des signes ? Y a des gens qui font ce genre de choses ? », lui demanda-t-il.

« Oui », répondit Alana. « Le Dieu-Noyé peut envoyer des signes à travers des intuitions, des ressentis ou des rêves. Mais, il faut être attentif pour percevoir sa parole. Se tenir à l’écoute. », expliqua Alana qui, pour sa part, priait beaucoup et déplorait que son époux ne soit pas « suffisamment à l’écoute » de leur Dieu. « C’est le Dieu-Noyé qui m’a fait comprendre que je portais un garçon, un vaillant garçon. Et Qhored est né. », ajouta-t-elle. Mentionner son fils tant attendu, son fils promis, avait dessiné un sourire sur son visage, malgré le goût très amer laissé par la trahison de Leeven, qui l’avait d’ailleurs aidée à mettre son enfant au monde. Elle ne parla pas du second signe qui l’avait confortée dans l’idée que Qhored serait un grand roi, car il s’agissait d’un secret ; l'œuf de dragon, ramené sur les îles presque simultanément à la naissance du petit prince du sel et du roc...

Pas de cartes ou de dessins, donc,  pour interpréter les messages du Dieu-Noyé. Mais, peut-être pouvait-il également envoyer des signes via ce moyen-là ? Après tout, on n’avait jamais vu de telles cartes sur les îles de fer, du moins pas à la connaissance d’Alana. Mais peut-être que le Noyé pouvait aussi s’exprimer ainsi ? Elle se demanda ce qu’en penserait un prêtre...

« Vous... croyez que faut vraiment choisir une foi, une seule, pour recevoir des signes ? Comment on sait qu'on s'trompe pas, qu'on se vouerait pas à cette divinité-ci alors qu'en vrai, ce s'rait cette divinité-là qui parle ? », demanda le jeune homme. C’était une bonne question. Thracy était aussi bavard qu’il était curieux, mais Alana y était bien habituée désormais.

La princesse haussa légèrement les épaules ; pour ce qui la concernait, la question ne se posait pas. « Il y a sûrement plusieurs dieux, cela me semble évident. Le Dieu-Noyé est un dieu de la mer et la mer est son élément. Il est le dieu du peuple fer-né. Mais il y a d’autres peuples et d’autres contrées, qui ont d’autres dieux, qui ne sont pas des dieux de la mer… », dit Alana. C’était logique, au fond. « Alors...J’imagine qu’on ne choisit pas vraiment. Qu’on se voue au dieu de notre peuple, à celui dont nous sommes les enfants et les protégés. », dit Alana. La princesse des îles de fer, habituée comme elle l’était à sa religion dualiste mais surtout très monothéiste, ne pouvait pas vraiment concevoir que l’on prie plusieurs dieux différents en même temps. Elle n’avait jamais réfléchi de la sorte...

Au vu du parcours nomade de Thracy, sans doute ne nourrissait-il pas de sentiment d’appartenance envers un seul peuple et un seul dieu. Alors, comment pouvait-il choisir ? Peut-être, un jour, prierait-il le Noyé. Certains étrangers s’intégraient bien sur les îles. Mais, elle avait pensé cela de Leeven aussi… « Tu devrais sans doute prier le Dieu de ton peuple…du peuple dont tu te sens le plus proche. »,  dit Alana. Elle ne lui demanda pas lequel c’était. Elle connaissait assez de déception vis-à-vis des étrangers pour l’instant, et sans doute serait-elle un peu déçue d’apprendre que le peuple dont il se sentait le plus proche, lui qui n’avait jamais vécu très longtemps au même endroit, n’était pas celui des îles de fer...

Savoir si dans ces étranges cartes se lisait la vérité ; c’était cela la plus grande curiosité d’Alana lors de cette conversation. Thracy lui expliqua qu’il avait rarement revu les gens à qui il avait fait des prédictions, même s’il aimerait savoir ce que certains étaient devenus, comme cette gladiatrice dont il lui parla.

« Mais oui, j'ai vu des fois des choses, que j'ai su ensuite qu'elles sont arrivées. »,
concéda-t-il cependant. « Le mariage d'vot' frère, il était apparu dans les cartes. Y vous l'a p'têtre pas dit, mais la fois où il était venu voir vot' fils tout juste né, eh bien on s'est croisés et j'y avais fait un tirage. »

En effet, Maron ne lui avait pas parlé de cela ; Alana l’apprenait seulement. Son frère aurait-il été moins subjugué et étonné par cette méthode qu’elle l’était elle-même en cet instant ? Connaître l’avenir, cela ne permettait-il pas de pouvoir anticiper bien des malheurs et de prendre les meilleures décisions ?

« J'voudrais pas m'tromper Madame. », dit Thracy. « Enfin pour Lady Leeven, si, j'aurais voulu m'tromper. » Et en effet, si on ajoutait ce que Thracy avait vu au sujet de Leeven, cela faisait donc deux prédictions justes, en ajoutant celle du mariage à venir de Maron.

Evidemment, Alana, comme la femme-roc sans nouvelles de son époux parti en mer qu’elle était, ne dut pas réfléchir pour trouver une question à poser. Mais était-ce comme cela que le tirage fonctionnait ?

« J’aimerais essayer. », déclara Alana. « Dois-je poser une question ? Penser à quelque chose ? Ou… ? », demanda-t-elle, laissant sa phrase en suspens, se sentant très inculte sur le sujet...

*

@Thracy the traitor behind the friend - avec Thracy. 3992757740
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The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy


An 302, lune 10, semaine 3



« Des rêves ? Oh ! » s'enthousiasma Thracy, intéressé d'apprendre que Lady Greyjoy se tenait dans l'attente de ce genre de signes et avait même pressenti de cette façon la naissance de Qhored. La mention du présage et l'évocation de son fils ramenèrent un peu de lumière à la Princesse, jusque là assombris par ses pensées contre Leeven. Par communication, un peu de joie dansota dans les prunelles ambrées du serf : comme il préférait voir Madame ainsi, les traits ornés d'un sourire.

Il acquiesça à la remarque d'Alana quant à l'existence d'autant de dieux que de contrées. C'était à se demander si, lorsque lesdites contrées s'affrontaient, ce n'étaient pas les dieux qui se battaient aussi par l'entremise des hommes. Et alors, il y aurait des deux plus ou moins puissants ? Ou bien ces divinités se désintéressaient totalement des affaires terrestres et se contentaient-elles d'envoyer de temps à autres des signes... Comment être certain de ne pas plaquer des passions humaines sur les êtres transcendants, de ne pas en faire les réceptacles – ou les responsables – des préoccupations des mortels et de leurs visions incomplètes ? Et puis un dieu, cela sous-entend tellement de puissance... que les imaginer avoir des frontières qui les limite fit quelques instants plisser l'arrête du nez à Thracy. Dans ses moments les plus embourbés en casse-tête, il se demandait ce qu'était vraiment la nature des dieux... et ce qui n'était que de l'idée humaine plaquée dessus. Et lui, étranger, pouvait-il se considérer comme possible récepteur de messages du Noyé ? Aussi rebondit-il :
« Si... si dorénavant ma vie, elle est ici sur les Îles de Fer... puisqu'on choisit pas vraiment et qu'on loue le dieu de l'endroit où on est, vous pensez qu'le Noyé peut m'avoir accepté aussi ? Que c'est p'têtre de lui que j'pourrais recevoir des signes ? » L'idée commençait à faire un bout de chemin dans son esprit. Le temps ne serait-il pas venu de prendre spirituellement racine en ces terres ? Thracy admettait désormais l'idée qu'il terminerait sans doute ses jours parmi les Insulaires. Il serait donc logique de se ranger à leur culte autant qu'à leurs mœurs. Ce dieu-là ou un autre, après tout. La Princesse du reste lui avait déjà enseigné bien des choses à son sujet. Thracy n'avait eu de cesse de témoigner son intérêt pour la croyance locale et pour les légendes qui entouraient le Noyé, imaginant volontiers sa Cour sous-marine, ses sirènes, les âmes des guerriers reposant à ses côtés.

Il sentit les précautions que mettait Lady Greyjoy dans ses conseils – à ne pas demander quel dieu occuperait le cœur du garçon. Oh sans doute était-ce là une protection, de nouvelles déceptions à éviter... mais le serf appréciait aussi l'ouverture d'esprit qu'il voyait en cette manière de présenter les choses. Là où d'autres peuples se plaisaient à convertir de force, à menacer, à exiger l'hégémonie spirituelle de ceux qui les servaient, Alana lui laissait la liberté de croire ou ne pas croire, d'en parler ou de se taire. « Dans c'cas... Je prends le pari que ce soit le Noyé. » Le pari... L'expression lui était venue naïvement et n'avait rien d'insolent dans sa bouche : après tout, avec une telle diversité de dieux et autant d'incertitudes qui ne trouveraient de réponse qu'après la mort – et encore – la foi relevait un peu du pari. « Oh... y voyez rien d'irrespectueux. C'est pas du tout un jeu pour moi, c'est juste que... eh bien on s'engage sur du mystère. Pas d'preuve, juste l'immensité et tout le sérieux de sa conviction. Et puisque j'suis là, eh bien, c'est l'Noyé que je vais écouter. » Pourquoi pas admettre, en fin de comptes, que ses prochaines intuitions seraient liées à ce dieu.

À peine avait-il formulé cet engagement longuement mûri que, revenant à ses visions, Alana parut subjuguée par ce qu'il tirait de ses arcanes. Les Insulaires ne connaissaient pas ces pratiques. Au moins Thracy aura-t-il amené cela avec lui – un petit bout d'Essos, dont faire profiter Lady Greyjoy. Il s'en sentit heureux et fier. Concentrée, la Princesse écoutait son récit et comptait comme autant de preuves les prédictions exactes déjà fournies. De quoi l'inciter à demander à essayer. Alors, comme devant les sœurs Bonfrère, comme devant Lord Volmark, le garçon fut à la fois honoré... et en proie à la pression que lui drainait la crainte de l'erreur. Il n'osait pas encore croire complètement à son don, redoutant un fourvoiement et, sur ses épaules, le poids de choses qui le dépasseraient. Thracy ne voulait pas décevoir une nouvelle fois.
Malgré tout, dans un sourire timide il expliqua : « Oui, il faut que vous pensiez à un sujet ou à une question. Vous pouvez la garder pour vous ou m'la dire. » D'un rapide coup d'yeux aux alentours, il chercha quelque roc, quelque support à peu près plat sur lequel s'installer pour pratiquer le tirage avec un peu plus d'espace que sur ses genoux. D'un haussement de menton, le garçon finit par désigner un poste qui lui parut adéquat. Puis il empoigna ses roues pour y diriger sa chariote. En achevant de s'installer, il posa le jeu en évidence et annonça : « Dès qu'vous êtes prête, vous pouvez tirer quatre cartes et les laisser r'tournées d'vant moi. »
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« the traitor behind the friend.»
An 302, lune 10, semaine 3

« Dans c'cas... Je prends le pari que ce soit le Noyé. », avait déclaré Thracy après qu’Alana lui ait répondu que selon elle, c’était le Dieu dont on se sentait le plus proche que l’on devait prier.
« Oh... y voyez rien d'irrespectueux. C'est pas du tout un jeu pour moi, c'est juste que... eh bien on s'engage sur du mystère. Pas d'preuve, juste l'immensité et tout le sérieux de sa conviction. Et puisque j'suis là, eh bien, c'est l'Noyé que je vais écouter. », précisa-t-il ensuite. Mais, la princesse n’y avait pas vu d’offenses. Un léger sourire se dessina d’ailleurs sur ses lèvres.

« C’est un bon pari. », répondit-elle simplement. Après avoir appris la trahison de Leeven Botley, entendre Thracy s’approcher d’une réelle intégration à la culture des îles, notamment sur le plan de la religion, ne pouvait que lui plaire. La née-Volmark n’avait pourtant jamais eu un comportement xénophobe à l’égard de Leeven Botley, au contraire. Elle s’était intéressée à son savoir venue de Dorne en matière de médecine et de soins. Elle avait gardé l’esprit ouvert. Et pourtant, la née-Waters l’avait trahie, s’enfuyant à dos de dragon à un moment critique pour leurs îles, donnant à Alana l’impression amère qu’on ne pouvait jamais vraiment faire confiance à un étranger qui ne s’était pas réellement intégré sur les îles.

Elle ne savait pourtant pas si le Dieu Noyé pouvait se cacher derrière les visions de Thracy. Après tout, le jeune serf n’avait jamais été baptisé par l’eau et le sel. Il n’avait jamais franchi le premier pas de la rencontre avec le Dieu. Mais, il avait vécu une grande partie de sa vie à Pentos, si elle se souvenait bien, et Pentos était une cité portuaire. S’ils existaient d’autres dieux et que le Noyé était surtout le protecteur des fers-nés, Alana pensait que là où il y avait la mer, il devait forcément avoir du pouvoir, puisqu’il était le roi des demeures aquatiques. Peut-être Thracy avait-il un pouvoir particulier. Peut-être avait-il fallu qu’il naisse en Essos pour qu’il soit mis en contact avec ce moyen de divination particulier mais que le Dieu avait toujours eu pour plan de l’emmener vers les îles de fer au moment venu. Peut-être avait il fait en sorte que ce soit Theon qui le capture et non un autre homme qui l’aurait tout bonnement exécuté. Et peut-être avait-il fait en sorte que Theon fasse cadeau de sa prise à sa fiancée pour sa foi fervente lui permette de réaliser l’importance du possible de don de Thracy, là où d’autres ne verraient qu’une simple étrangeté ou qu’un tas de coïncidences.

« Peut-être qu’il a fait en sorte que tu atterrisses ici. »,
dit-elle à Thracy, exprimant ainsi une partie de ses hypothèses à haute voix. Après tout, les chances qu'un infirme comme Thracy arrive vivant sur les îles de fer étaient miniscules. Cela relevait presque de la fiction. Le fait qu'il ait été épargné et intégré la maisonnée des Greyjoy, c'était inespéré..Alors, cela ne serait pas si étonnant qu'il y ait plus à voir, là derrière, qu'un simple hasard.

Si le don de Thracy était réel, et si grâce à ces étranges cartes il pouvait prédire l’avenir avec plus de précision que les rêves, alors peut-être pourrait-il même aider à combattre les plans du Dieu des Tempêtes. Aider les fer-nés à savoir quand le Dieu des Tempêtes prendrait l’ascendant sur le Dieu Noyé, quand les trajets en mer étaient conseillés et quand ils ne l’étaient pas.

Alana pensa qu’elle discuterait bien de cela avec Aeron, l’oncle de son mari, qu’elle respectait beaucoup par la fonction qu’il occupait. La princesse, dont la foi fervente ne faisait aucun doute, avait très vite noué un lien avec Aeron Greyjoy, écoutant avec attention sa parole et lui faisant suffisamment confiance que pour lui demander de baptiser Nagga, sa panthère, chose que d’autres, moins croyants, trouvaient peut-être ridicule. Elle voulut également faire elle-même l’expérience de ce don. Thracy lui expliqua alors qu’il fallait qu’elle pense à un sujet ou à une question et qu’elle pouvait la garder pour elle ou la lui dévoiler.

Il y avait tant de questions à poser, surtout en ce moment. Est-ce que Theon reviendrait sain et sauf ? Est-ce qu’Euron serait vaincu ? Est-ce que Theon serait celui qui le tuerait ?

Thracy avait installé son tirage de cartes et avait dit à Alana de tirer quatre cartes dès qu’elle serait prête. Alors que de nombreuses questions se bousculaient dans son esprit, la princesse mit un peu de temps à se lancer. Elle s’en excusa.
« Il y a tant de questions à poser. », dit-elle avec le sourire. « Mais, ça y est, je pense que j’ai choisi ma question. », ajouta-t-elle. Elle avait opté pour la première question qui avait traversé l’esprit de l’épouse sans nouvelle qu’elle était. Elle voulait savoir si Theon reviendrait sain et sauf. Dans son esprit, elle formula donc la question comme suit : Est ce que Theon reviendra sain et sauf et victorieux?
Victorieux signifiant que la traque d'Euron aurait été un succès. Que la menace serait derrière eux.

La princesse aux cheveux blonds préféra ne pas dévoiler sa pensée à Thracy. C’était un peu comme un test, évidemment. Elle voulait voir si cela marchait vraiment, si ce qu’il dirait aurait du sens vis-à-vis de la question à laquelle elle avait secrètement pensé. Ce n’était certes pas la question la plus difficile à deviner mais…Elle pourrait en poser d’autres ensuite, de toute façon. Après tout, Thracy était son serf.

Alana tira donc quatre cartes et attendit le verdict de Thracy vis-à-vis de ces dessins qu’elle n’était pas à même d’interpréter.
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The Traitor behind the friend. ¤ ft. @Alana Greyjoy


An 302, lune 10, semaine 3


Voici à quoi ressemble le tirage d'Alana:


Le sourire d'Alana rassura Thracy. Elle approuva aussitôt son pari et le jeune serf savait à quel point la transmission de sa foi tenait au cœur de la Princesse. Mais le choix du garçon était réfléchi, il ne répondait certainement pas à une envie de faire plaisir à Lady Greyjoy... encore moins d'aller dans son sens seulement en surface. Peut-être d'ailleurs que ç'avait été le bon jour, en fin de compte, pour annoncer son choix : la Dame revenait des fiançailles de son frère, elle était une nouvelle fois seule sans son époux et pleine d'incertitudes pour lui, elle venait d'apprendre la trahison des Botley. Le petit infirme pouvait s'imaginer les incertitudes et douleurs qui devaient être les siennes.
L'hypothèse qu'exprima ensuite Alana retint un temps l'attention de Thracy, suspendit brièvement ses gestes tandis qu'il préparait le terrain pour le tirage. Un choix des dieux, qu'il termine serf sur ces îles ? Le Destin avait de l'humour et prenait parfois des chemins de traverse pour le moins insoupçonnables. Après tout, pourquoi pas. La prêtresse de Volantis ne lui avait-elle pas prédit qu'il aurait un futur hors du commun, effectuerait un grand voyage, jouirait d'une façon bien à lui de voir le monde et de le déchiffrer pour autrui ? Certains jours, le garçon voulait y croire. D'autres fois cependant, il se sentait trop petit, trop poussière pour avoir la prétention d'un quelconque pouvoir à côté des Grands de ce Monde. Aujourd'hui en l'occurrence, il se plut à vouloir espérer l'hypothèse de Lady Greyjoy. « Ce s'rait une lecture optimiste et presque flatteuse d'ma présence ici. Comme ce s'rait rassurant, de savoir un peu plus le but de toute la chaîne infinie des causes et des effets qui fait qu'on est là, ici et maint'nant. Quoi que... j'sais pas... ça peut êt' terrible aussi d'se savoir déterminé à tel but. » Rêveur, puis glissant vers son ton joueur, il ajouta : « Ça oui, ça fait quand même plus chic d'voir une volonté d'une dieu... plutôt qu'une addition de p'tits effets hasardeux... Et si le jour des raids j'étais allé chaparder ici plutôt que là ? Et si tel soldat avait débarqué derrière et pas d'vant ? Et si à un instant T y avait eu un caillou sous ma chaise ? Et si Messire Theon avait pas dirigé ses yeux à droite sur moi mais à gauche ? » Il s'amusait à dessiner une roue du bout de son doigt dans l'air en énonçant la réaction en chaîne, le tourbillon de l'effet papillon où personne ne pouvait soupçonner quelle infime variable aurait pu bouleverser le tableau d'ensemble. Retrouvant son sérieux, il haussa les épaules et souffla : « On saura jamais vraiment. Mais z'avez bien raison, Madame : on peut croire. »

La Princesse et le serf s'étaient à présent installés face à face. Thracy venait de lui présenter le déroulement d'un tirage. Il la laissa prendre tout le temps qui lui était nécessaire pour se préparer à l'expérience, puis accueillit d'un sourire sa réaction pleine de bienveillance : elle n'avait pas à s'excuser et il avait pour elle tout son temps. Après avoir annoncé le choix de sa question – question qu'elle garda pour elle, ce qui n'étonna guère le garçon – la Dame tira les quatre cartes qu'elle disposa selon son instinct. L'infirme roula des épaules en avant, s'accouda et plongea son regard vers les arcanes qu'il allait commencer à observer. Toute sa concentration était maintenant sur elles.
« Voici d'abord la carte qui vous représente. 'Fin, vot' état d'esprit en ce moment, vot' posture et c'qui vous préoccupe. » dit-il en pointant la lame la plus à gauche, qu'il découvrit : Le Pendu, tiré en renversé. Thracy eut une attention pleine de compassion vers le dessin lourd de symbole, et dans lequel il décelait la part tragique que revêtait le rôle de Femme-Roc. « Piochée dans ce sens, ça esquisse un genre de temps suspendu – passez-moi l'expression. Une situation d'arrêt, de blocage dans l'attente, toujours et encore, de quelqu'un ou queque chose. Mais j'pense que c'est plutôt de quelqu'un. » nota-t-il avec un regard entendu et intonation douce, sans avoir besoin de préciser de qui il s'agissait. « Z'êtes soumise à une incertitude récurrente comme cette figure au dessus du vide, et dans l'expectative d'une situation. Y va falloir tirer des leçons de c'qui va advenir. » Combien de fois déjà avait-il vu Alana seule à Pyk, soucieuse du retour de son époux, inquiète de savoir si ses enfants auront un jour un père présent pour eux... Et le cycle des retours et absence de recommencer sans relâche.
Le serf ne voulut pas s’appesantir et passa à deuxième lame : « Voyons maint'nant pour un début d'réponse. » Il découvrit La Force, qu'il accueillit d'un large sourire, tout heureux et soulagé – comme si ç'avait été pour lui-même – d'expliciter pour Lady Greyjoy : « Il va rentrer. Et en bonne forme. V'là qui est l'arcane de l'énergie, de la réussite, de la réalisation d'un objectif de poids. Y semble que les obstacles vont êt' franchis et que la santé s'ra au rendez-vous. »
Glissant les doigts vers la troisième lame, le garçon souffla : « Les deux dernières peuvent pondérer, compléter, confirmer ou avertir de certains détails. » Il découvrit le Huit de Bâtons. Le visage de l'infirme restait détendu, devant cette lancée optimiste dans la droite ligne de la carte précédente. « Voici la lame de la récompense de ses efforts. D'une réussite réalisée. Et puis, le huit implique une recherche d'harmonie. Quant au Bâton, des quatre insignes – épée, denier, coupe, bâton – c'est c'ui de la capacité à la construction et à la transformation. Du désir, dans certains cas. Mais... » Il plissa un coin de lèvre et chercha les mots pour exprimer poliment ce qu'il avait parfois noté en Theon – et que venait représenter ici le Bâton : « Mais aussi la figuration d'un élément qui peut risquer d'être trop dans le changement et l'indécision s'il ne se prend pas en main. »
Thracy se tourna vers l'ultime arcane. Il la dévoila et annonça, d'abord surpris, puis craintif de ce que l'honnêteté l'obligeait à confier : « Enfin, la Dame d’Épée... tirée renversée. » Il inspira, réfléchit à ses paroles tandis qu'il consultait intensément le dessin et son intuition. Un élément quelque peu contrariant pondérait le motif positif dessiné jusqu'alors. « J'sens un'femme de pouvoir. Une personne qui a une grande influence sur les décisions à v'nir, mais aussi sur ce que va ramener Lord Theon et... Oui, le Prince s'ra de retour, victorieux, mais cette victoire... sera pas complètement la sienne. Cette femme y aura une grande place. Et dans la mémoire de cette victoire. Les figures d’Épée sont actives et douées de l'affirmation de soi. » Eu égard à l'humilité de sa position, Thracy n'alla pas plus avant. Il garda un silence de pudeur et de retrait, laissant à la Princesse le temps de réagir à ces informations, de s'exprimer. Quant à cette femme... le petit serf n'osera pas la nommer – mais il visualisait sans mal la sœur de Theon. Illustre Asha. Découvreuse des Nocturnes. Héritière.
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An 302, lune 10, semaine 3

Un simple élément différent et tout une vie pouvait être changée. Si Alana n’avait pas épousé Theon Greyjoy, quelle aurait été sa vie ? Et lui, qui aurait-il épousé à sa place ? Comme pour Thracy, qui réfléchissait à haute voix sur tous les éléments qui auraient pu faire qu’il se retrouve ailleurs sur les îles de fer, Alana n’aurait jamais de réponses à ces questions-là. Elle se contenta d’approuver en silence les réflexions du jeune homme, d’un signe de tête. Thracy était un garçon très bavard et Alana, si elle n’était pas non plus silencieuse, l’était tout de même un peu moins, surtout aujourd’hui, alors qu’elle venait d’apprendre la trahison d’une amie.

Les cartes une fois retournées, Alana put découvrir d’étranges dessins qu’elle n’était pour sa part pas à même de comprendre. Un homme suspendu par le pied à un arbre…Etait-ce mauvais présage ? Ca en avait tout l’air, en tout cas. Thracy lui expliqua la signification de cette carte, qui n’était pas aussi négative que la jeune femme aurait pu l’imaginer. L’attente…Oui, cela la représentait bien en ce moment. Lui désignant la deuxième carte, qui représentait une femme, il eut un large sourire.

« Il va rentrer. Et en bonne forme. V'là qui est l'arcane de l'énergie, de la réussite, de la réalisation d'un objectif de poids. Y semble que les obstacles vont êt' franchis et que la santé s'ra au rendez-vous. »


Alana n’avait pas explicité sa question à Thracy. Certes, celle-ci était plutôt aisée à deviner, mais le jeune homme l’avait fait sans difficulté, en tout cas. Si la jeune femme ne pouvait encore être à même de trancher, de savoir si oui ou non les talents de divination de Thracy étaient réels, l’entendre présager une bonne nouvelle la fit sourire également. Après tout, elle n’avait rien auquel se raccrocher. Pas de corbeau amenant une missive, pas de messager arrivant par bateau. Elle était dans l’incertitude la plus totale quant au sort de son époux et entendre une perspective positive à ce sujet nourrissait son espoir et lui faisait du bien.

La troisième carte, selon ce que Thracy lui expliqua, semblait indiquer la victoire de Balon sur Euron. L’harmonie retrouvée pour les îles de fer, préservée d’une guerre civile. Cependant, ce qu’il lui dit ensuite lui sembla plus obscur, plus abstrait. Il termina ensuite avec la dernière carte qui représentait une femme de pouvoir. Sans nulle doute, il s’agissait d’Asha. Ce dernier présage était plus négatif que les précédents pour la princesse. En effet, si le principal à ses yeux était évidemment qu’ils triomphent d’Euron et que Theon revienne sain et sauf, elle espérait aussi que son mari s’illustre, gagnant ainsi plus de soutien à sa cause en vue des Etats Generaux qui un jour, devrait désigner le successeur du roi. Si la victoire était surtout celle d’Asha, les prétentions de Theon s’amenuiseraient encore...

« Et bien...Je ne peux qu’espérer que tu aies vu juste Thracy. Que la victoire soit nôtre et que Theon revienne sain et sauf. », dit-elle, s’abstenant cependant de commentaire sur la dernière partie du tirage. Asha était l’héritière désignée par Balon. Malgré ce qu’elle pensait en réalité, Alana ne pouvait se permettre de soupirer à l’idée d’un nouveau triomphe de sa belle-sœur. Thracy servait Theon et son épouse, certes, mais la née-Volmark préférait ne le mêler à ses opinions politiques.

La princesse comptait bien poser d’autres questions à Thracy, à l’avenir, afin d’évaluer son don. S’il avait le pouvoir de prédire des choses, cela pourrait leur être précieux. Pour une fervente croyante, cela n’était pas à prendre à la légère. Le jeune garçon lui avait manifesté son intérêt pour la foi du Noyé, lui posant quelques questions à ce sujet, par le passé, et acceptant l’éventualité que le Noyé soit celui qui lui envoie des signes à travers ses dessins et ait guidé son chemin jusqu’à Pyk...Cependant, Alana n’était pas à même de trancher si en « faisant le pari qu’il s’agissait du Noyé », Thracy avait simplement cherché à lui faire plaisir ou si ces mots étaient réfléchis. Ne voulant pas le brusquer vers une conversion mais souhaitant tout de même lui rappeler que cela était envisageable, Alana lui dit alors :

« Si tu souhaites te rapprocher un peu plus du Noyé, je peux en parler à Aeron. Il n’a jamais refusé de baptiser quelqu’un qu’il soit serf ou fer-né. », dit-elle. « Cela n’est pas une obligation, bien sûr », ajouta-t-elle. Les fer-nés n’étaient pas de ceux qui forçaient leurs serviteurs à se plier à leurs coutumes. La foi n’était pas une affaire de contraintes. « Mais, sache que c’est possible. », conclut-elle avec un léger sourire. Et si son jeune serf se décidait à franchir ce pas, Alana viendrait bien sûr lui apporter son soutien.

*
@Thracy
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