These are dark times there is no denying - ft. Rhaegar

These are dark times there is no denying

What the King

saw in the North – Part 2

Alyria s’était allée à la confidence. Elle avait sorti des mots que jamais elle n’aurait pensé réussir à sortir, pas devant le roi, pas en cet instant où c’était lui qui avait plus besoin d’elle qu’elle de lui. Elle pleurait son frère depuis une lune déjà. N’en avait-elle pas assez ? N’avait-elle pas pu ou voulu mettre cela de côté alors que le roi venait tout juste de rentrer ? Tout se mélangeait en elle et son regard perdu dans l’horizon rencontra alors le jeune Aerion. Le roi l’avait sur ses genoux. Il était si grand déjà, si mignon et se tenait parfaitement. Il gigotait quelque peu le sourire aux lèvres regardant parfois sa mère qui, le visage fermé, tentait un sourire, parfois son père, le roi dont l’enfant semblait heureux de voir et sentir la présence. Après quoi, la voix grave du Dragon fit tourner le regard de la née-Farring vers lui. Quelle épreuve avait-il dû endurer dans cette lointaine contrée ? Qu’avait-il vu ? Qu’avait-il vécu ? Elle ne pouvait l’imaginer. Elle ne pouvait le comprendre. La seule chose qu’elle pouvait faire c’était de l’écouter, d’être là pour lui, d’être une bonne épouse. Là était sa fonction. Là était son devoir. Ses mots lui réchauffèrent le cœur. Ses condoléances vinrent panser son cœur. Son frère, un héros ? Bien sûr qu’il l’était. Il avait été le héros de son enfance et le demeurait encore aujourd’hui. Sa mort n’était pas vaine. Loin de là. Elle ne fit alors pas attention aux excuses du roi. À quoi bon ? Il avait dû gérer tant de chose à Winterfell. Jamais elle n’aurait pu lui en vouloir de ne pas lui avoir fait passer la nouvelle. Sa main dans la sienne, elle sentit son baiser déclencher une vague de sensation en elle. Elle sourit à son tour, reprenant alors le dessus sur le chagrin, se montrant forte, telle une Dragonne, telle une Targaryen quand bien même elle n’en était pas réellement une.

Alyria ne demandait jamais rien au roi. Cette requête était l’une des rares et encore, le roi l’avait anticipé. Bien sûr qu’elle voulait se rendre à Castel-Farring mais le pouvait-elle ? Lui autoriserait-il à partir ? Elle pouvait aisément comprendre que non, sa place demeurant à ses côtés, sur le trône. Les affaires reprenaient. Des choses étaient à gérer. Les dragons. Viserys. Dorne. Tellement de sujets auxquels Alyria ne s’était pas attendue il y a quelque temps. Regardant son fils gambader de nouveau à terre, tenant mieux sur ses jambes qu’il y a quelques semaines, la reine fut touchée par les mots de Rhaegar. Elle l’apaisait. Sa présence l’apaisait. C’était là l’objectif qu’elle se fixait depuis que sa santé se dégradait. Mais après cette bataille à Winterfell, le pourrait-elle encore ? Après avoir vu les Spectres, les avoir combattus même, pourrait-elle apaiser Sa Majesté ? Il sentait lui-même que parfois il pouvait perdre le contrôle. Elle l’avait bien remarqué tout à l’heure. La Main du Roi avait franchi une limite. La fatigue harassait le roi. Puis vint l’heure de la supplication. Il voulait qu’elle demeure à ses côtés le temps que le sommeil l’emporte. Elle acquiesça de la tête, lui assurant qu’elle resterait à ses côtés aussi souvent qu’il le souhaiterait. S’excusant néanmoins quelques secondes, elle fit appeler lady Aemma pour prendre soin du jeune prince. Il était temps de le coucher et surtout de demeurer seul avec le roi. Elle revint aussitôt qu’elle fut partie, rapprocha le siège de celui du roi et s’assied de nouveau, se risquant alors à lui prendre de nouveau la main. Le moment qu’ils avaient partagé avant son départ lui revint soudainement en tête. C’était un moment qu’elle n’oublierait pas de sitôt. La tendresse dont il avait fait preuve. L’affection qui les liait. Le baiser qu’il lui avait donné. Le sentiment de légèreté qu’elle avait senti. Affichant un large sourire, Alyria se disait soulagée de le savoir en vie, d’enfin l’avoir de retour à Port-Réal.

- Vous savez que vous pouvez compter sur moi, Votre Majesté. Je serai toujours là pour vous.

Ces mots, elle les avait déjà prononcés, pensé d’innombrables fois. Cette promesse, elle la lui faisait souvent, lui rappelant l’engagement qu’elle avait pris en l’épousant il y a trois ans déjà. Elle le savait de plus en plus fragile, en proie parfois à ses démons ou des fantômes du passé. Elle savait le Targaryen dans le mal ces derniers temps et la guerre contre les Marcheurs Blancs n’avait sensiblement rien arrangé. Se passant en revue tous les problèmes qui s’accumulaient alors qu’ils devraient tous et toutes fêter la victoire fit comprendre à Alyria que la paix n’était pas pour tout de suite. La paix qu’elle désirait tant, le calme après la tempête n’était pas possible car une tempête en cachait parfois une autre. Voudrait-il lui confier certains maux ce soir ou préférait-il qu’ils aillent dans leur lit, qu’elle l’accompagne, qu’elle lui tienne compagnie jusqu’à ce que le sommeil l’emporte. Dormir ne lui ferait sûrement pas de mal en espérant que le rêve se manifeste et non le cauchemar. Elle le voyait dans son regard. L’inquiétude, le doute, plein de sentiments se mélangeaient en lui. Cela créerait à n’en pas douter quelque chose d’explosif. Mais Alyria ne souhaitait pas voir cela arriver. Il était hors de question que son mari se laisse consumer par tout ça. Alors que sa main tenait encore la sienne, elle vint déposer l’autre – celle où désormais se trouvait quelques petites cicatrices suite à sa blessure de la lune passée – sur la joue de Rhaegar pour que leur regard se croise de nouveau. Là, d’une voix douce et posée, elle interrompit cet inlassable silence qui s’était installé entre eux depuis son retour à ses côtés.

- Souhaitez-vous me parler ? Me parler de tout ce qui vous tracasse ? Vous savez que vous pouvez tout me dire. Rien ne sortira d’ici.

Elle marqua une faible pause puis lui proposa.

- Ou bien désirez-vous vous mettre au lit ? Vous devez être exténué. Dormir serait également une bonne chose.

Alyria faisait ce qu’elle savait faire de mieux : s’occuper d’autrui. Pendant treize ans, elle s’était occupée de Rhaenys, d’Aegon. Encore avant, elle s’était occupée de sa jeune sœur Annara avant qu’elle n’aille se perdre aux Jumeaux. Depuis plus de deux ans maintenant, elle s’occupait de son fils Aerion. C’était ce qu’elle savait faire de mieux et là, Rhaegar avait clairement besoin d’elle, alors elle lui était – comme depuis trois qu’ils étaient mariés – complètement dévouée.

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saw in the North – Part 3

Reprenant le dessus sur ses émotions, Alyria, qui avait confié son fils à lady Aemma, revint près du roi plus sereine, plus enclin à l’écouter, l’épauler, l’aider. Elle lui proposa même de venir se coucher pour qu’il dorme. Après les voyages d’aller et retour en plus de la bataille, le roi devait être exténué. Alyria ne voulait que son bien. Quoiqu’il décide, elle serait là, à ses côtés. Elle avait par ailleurs rapproché son siège du sien, pour être à porter de main, pour attirer son attention sur elle, pour qu’il sente sa présence. Bien sûr, la reine n’était guère la première concernée ni intéressée par les récits de guerre. Seulement, le roi pouvait compter sur son oreille attentive, son épaule consolatrice, sa main aidante. Elle ne bougerait pas. Elle resterait à la place qui lui revient. Les phrases du roi se firent dures et Alyria tentait d’assimiler chacune d’elles. Elle non plus n’imaginait pas ce qu’il avait pu vivre, voir. Les Marcheurs Blancs. C’était un concept bien lointain de la culture couronnienne, de la culture des régions du Sud même. Pourtant, c’est bien l’ennemi qu’avait affronté les troupes ouestriennes. Pour le plus grand bonheur de celles et ceux qui restaient, ils avaient remporté la victoire. Mais à quel prix ? Elle sentit alors sa main contre la sienne, la serrant. Elle plongea son regard dans son visage, lui assurant, en mettant son autre main par-dessus la sienne, qu’elle ne bougeait pas, qu’elle l’écoutait, qu’elle était là et que tout irait bien. Viserys. Le prince déchu. Le prince de retour. Voilà une affaire des plus délicates. Les rumeurs racontent qu’il avait aidé à combattre les Marcheurs Blancs. Les mots de Rhaegar confirmaient cela. Son frère était bel et bien de retour malgré les décisions prises lors de l’ordalie qui, selon Alyria, aurait dû lui coûter bien plus que l’exil. Maintenant qu’il était de retour, il y aurait des représailles. Malgré son aide contre l’ennemi d’au-delà du Mur, Viserys allait apporter une nouvelle guerre à Westeros.

- Une guerre… Encore...

Les mots d’Alyria avaient été lâchés dans un murmure. Elle ne savait pas si Sa Majesté avait entendu cela mais il poursuivait, prenant alors le visage de son épouse dans ses mains. Leurs regards se croisèrent et les mots qui suivirent furent durs à accepter. « … ma mort ou la sienne. » Trop tard. Voilà qu’elle imaginait la mort de Rhaegar, comme dans ses cauchemars lors de son séjour à Peyredragon. Si ceux-ci mettaient en scène la mort de Rhaegar sur le champ de bataille enneigé contre des Marcheurs Blancs, cette fois elle imaginait le prince Viserys comme ennemi. Jamais, jamais elle ne pourrait supporter que le roi meure. Pendant des années, elle l’avait côtoyé, était devenue une amie de la famille puis avait été hissée au rang de reine en acceptant sa proposition. Elle ne voulait désormais pas le perdre, pas maintenant, pas alors qu’ils avaient un fils ensemble et que leur relation d’époux et épouse prenait une nouvelle tournure. Elle posa alors une main sur son visage tandis qu’il vint déposer délicatement un baiser sur son front. Il était si attentionné, si gentil, si bienveillant à son égard. Jamais elle n’aurait pu espérer meilleur époux que Rhaegar Targaryen. Affichant un sourire bien léger, elle savait, prenait conscience que la guerre à venir serait finalement encore plus décisif que celle qui venait de se terminer. Elle le regarda tandis qu’il déclarait n’avoir pas prévu ce genre de retrouvailles. Elle garda sa main sur sa joue et avant qu’il ne se lève, lui adressa ces quelques mots.

- Peu m’importe, Rhaegar du moment que ce sont bien des retrouvailles. Je suis… si heureuse de votre retour.

Alyria avait tellement prié, à Peyredragon et à Port-Réal. De longues nuits s’étaient passées pendant lesquelles elle l’avait vu mourir ou bien ne pas revenir. Cela aurait été une catastrophe pour le royaume mais également pour elle. Derrière le roi, elle voyait l’homme. Derrière le Dragon, elle voyait un cœur. Pendant trois ans de mariage et seize ans à la capitale, elle a au fur et à mesure appris à la connaître et plus encore ces dernières années où ils devinrent de plus en plus intimes. Elle connaissait la plupart de ses tourments, de ses doutes, ses inquiétudes. À chaque instant, elle avait été présente, l’est encore et le sera jusqu’à sa mort ou bien celle du roi. Elle était une épouse dévouée qui savait l’apaiser et espérait, malgré la guerre à venir, qu’elle réussirait encore à l’apaiser quelque peu. Maintenant que les Marcheurs Blancs étaient définitivement vaincus, plusieurs affaires laissées en suspens refaisaient surface tandis que d’autres arrivaient. C’était le cas de l’affaire Margaery ou les prises de position de Dorne qui faisaient jaser dans tout le Donjon Rouge. S’ajoutaient à cela, le retour des dragons – qui n’étaient par ailleurs plus une exclusivité réservée aux Targaryen – et surtout le retour de Viserys. Mais sur le moment, Alyria préféra laisser cela de côté, rangeant ces vilaines affaires dans un tiroir de sa mémoire. Elle espérait que le roi ferait de même, qu’il puisse trouver un peu de repos avant de reprendre les affaires du royaume.

- Bien sûr que je vous aiderai. Je serai toujours là pour vous, Votre Majesté. Soyez-en assuré.

Alyria se leva alors à son tour, prépara le lit puis aida le roi à se coucher. La nuit n’était pas encore tombée mais l’heure avançait. Le roi avait de toute façon besoin de repos après ce voyage éreintant. S’asseyant à ses côtés après l’avoir bordé, elle passa une main sur son visage. La reine avait toujours su se montrer bienveillante envers Sa Majesté. Elle voyait bien sa fatigue physique et morale. Il était temps pour elle de prendre congé. Elle le laissa alors quitter ce monde pour le monde des rêves, qu’elle espérait tranquille et calme pour lui. Quittant leurs appartements, elle donna les ordres du roi aux gardes qui étaient dans le couloir. Personne ne devait déranger le roi. Personne. Le roi ne voulait voir personne jusqu’au lendemain. Seuls ses enfants – et elle bien sûr – pouvaient outrepasser cet ordre. Une fois qu’elle se fit bien comprendre des deux gardes qui se postèrent de chaque côté de la porte, Alyria se dirigea alors vers ses appartements, non loin de ceux du roi afin d’y retrouver son fils Aerion et ses dames de compagnie. Fatiguée émotionnellement, elle ne tarda pas non plus à mettre son petit prince au lit et elle-même aller se coucher. Qui sait de quoi sera fait demain ? Qui sait quelles épreuves les Sept leur soumettront ? Les Targaryen vivaient là encore de sombres heures. Non content que la guerre contre les Marcheurs Blancs soit finie, il fallait déjà penser à la prochaine guerre qui opposait alors Rhaegar Targaryen et son frère, Viserys Targaryen. Dès ce jour, la reine commença à faire de nouveaux rêves – cauchemar même serait plus approprié – où elle voyait l’affrontement des Dragons dans une guerre fratricide des plus meurtrières. Le lendemain, elle se réveilla en sursaut et en sueur. Elle était seule jusqu’à ce que lady Taena vienne l’aider à se préparer. Le roi était déjà parti, probablement travailler, reprendre ce qu’il avait laissé avant de partir pour la guerre. Ainsi, la vie reprenait son cours.


@Rhaegar Targaryen