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The eyes see true {Shoren}

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« Bourgfaon | 302, lune 8, semaine 4 »

Depuis leur arrivée la veille au soir à Bourgfaon, Melara n’avait eu qu’une hâte, pouvoir se retrouver un moment en tête à tête avec son amie. Elle ne l’avait pas vu depuis si longtemps ! N’ayant pas pu la voir au tournoi de Lestival, elle avait dû faire ses aveux par corbeaux et c’était la première fois qu’elle allait lui faire face avec sa véritable identité. Tant de choses avait changées depuis, au-delà de son secret. Elle avait cessé de vivre à Havrenoir et n’avait guère revu les Dondarrion. Elle avait retrouvé son père qui lui avait rapidement trouvé un fiancé. Elle s’était installée à Lestival en compagnie du couple princier, rien que ça. Et elle avait finalement voyagé jusqu’à Noirport pour découvrir son futur lieu de vie. De son côté la Mertyns n’avait pas chômé non plus puisque ses propres fiançailles avec Tavish n’avaient guère tarder à suivre, mais nul voyage d’observation pour la chevêchette, le mariage était arrivé sans entendre, faisant d’elle une Cafferen à présent, jusqu’à ce que l’Étranger ou R’hllor ne se décide à la libérer. Il y avait donc tant de choses dont elle avait envie de parler avec elle. Mais elle voulait particulièrement s’assurer que son amie allait bien, que le bâtard se montrait un tant soit peu aimable avec elle et ne l’importunait pas trop. Mais il s’agissait de questions et de sujets qu’elle ne pouvait décemment pas aborder à table entre le potage et la viande, devant tout le monde. Elle ne se sentait pas plus à l’aise d’en parler dans les appartements de la née Mertyns ou dans ceux qu’on lui avait alloué comme à son voyage aller. C’est pourquoi elle avait proposé à son amie de sortir quelques heures pour se promener sur les terres Cafferen à cheval, loin des oreilles indiscrètes.

La matinée était bien avancée lorsque Melara quitta ses appartements après avoir déposé un baiser sur la tempe de sa mère. “N’en profite pas pour faire de Lord Arstan ou de Shyra tes meilleurs amis…” lui avait-elle dit avec un sourire légèrement moqueur avant de s’éclipser dans un mouvement de cape fourrée, bien consciente de l’affection qui avait commencé à naître chez elle pour eux lors de leur passage aller. Le ciel se dégageait tout juste comme si l’aurore pointait à peine le bout de son nez. Décidément, cet hiver ne semblait pas connaître de fin. Elle avait entendu dire certaines personnes à la cour qu’on n’apercevrait bientôt plus le soleil du tout et que cela signifierait que les spectres s’étaient levés. Mais elle n’avait pas bien compris ce qu’il racontait. La Cole espérait simplement et naïvement qu’il resterait assez de lumière et de soleil le jour de son mariage pour en faire une belle journée. C’est sur cette pensée qu’elle franchit les portes de l’étable, retrouvant Scarlet toute prête à être montée et un autre destrier qu’un jeune homme terminait de préparer pour Shoren vraisemblablement. “Merci.” dit-elle simplement, sans chaleur particulière à son adresse, avant de concentrer son attention sur sa jument la robe baie chatoyante. Elle en fit rapidement le tour pour voir si tout était bien en place, non sans flatter l’encolure de sa jument et lui glisser quelques mots d’encouragement. Melara avait déjà mal au fessier, rien que de regarder la selle qui n’attendait qu’elle. Il fallait dire qu’elle ne manquait pas de monter ces dernières semaines de voyage depuis Noirport. S’il en avait été possible autrement, elle se serait bien épargnée la montée ce jour là, mais elle ne voyait guère comment parler tranquillement à Shoren d’une autre façon, ça n’était pas comme si elle pouvait s’installer dans le temple de R’hllor !

Melara n’eut guère à attendre avant de voir sa jeune amie arriver dans l’étable. Elle lui offrit un large sourire sincère et bienveillant. “Mon amie ! Avez-vous passé une bonne nuit ?” commença-t-elle à la saluer en allant à sa rencontre, bras ouverts pour l’enlacer. “Prête ?” demanda-t-elle simplement avec un hochement de tête positif, se retenant de qualifier les lieux de cage pour la chevêchette. “Vous-êtes vous déjà promenée dans les environs ou devrons-nous les explorer ensemble ?” La promenade serait différente si elle se contentait de la suivre, où si elle devait faire attention aux pistes qu’elles emprunteraient. Le temps que Shoren ne lui réponde, elle en profita pour resserrer l’attache de sa cape autour de son cou et enfiler ses gants de cuir fourrés. La promenade serait fraiche, mais vivifiante. Et libératrice pour Shoren, elle l’espérait sincèrement.
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Bourgfaon, 302, lune 8, semaine 4
@Melara Cole et @Shoren Cafferen

Un sourire dessiné sur son visage, elle avance, la chevêchette. Et aujourd'hui plus que jamais dernièrement, elle semble faire à son surnom, la plus petites des chouettes, avançant de pas légers comme si de véritables ailes lui ont soudainement poussées, la portant vers l'avant. Bien sûr, une telle pensée est ridicule, et pourtant, il n'y a point à nier qu'aujourd'hui du moins, son coeur est plus léger, pourra-t-elle dans peu de temps retrouver cette vie qu'a été la sienne autrefois, lorsqu'elle était encore une chouette de nom et non seulement de coeur. Un mois qu'elle se revêt d'un autre nom, auquel elle cherche toujours à s'habituer. Un mois qu'une partie de son esprit espère, à chaque fois qu'elle regarde de part la fenêtre, y apercevoir les forêts brumeuse qui l'ont vu grandir. Sa famille et ce château qu'elle a exploré si souvent jusqu'à en connaître le moindre recoins, lui manquent et face aux souvenirs de ces lieux, les paysages enneigés qu'entourent Bourgfaon bien rapidement perdent leurs charmes. Pourtant, ne peut-elle point se plaindre du traitement reçu, la chevêchette, se montre-t-on avenant à son égard - et pourtant, toute politesse, toute attention à son égard ne peut voiler la différence existant entre les valeurs des habitants de ce lieu et ceux ayant régi sa vie depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvienne. A commencer par cette folie rouge dont sont atteints les habitants du château, et que la chevêchette ne peut ni respecter, ni tolérer - et pourtant à chaque fois que son regard vague de part la fenêtre de sa chambre conjugal, qu'elle est obligé de supporter la vue de ce temple en honneur au charlatan rouge. Et puis, ce n'est point mentionner là qu'à Bourgfaon, les bâtardes ne sont non seulement autorisées à tables, mais traitées en véritables princesses - chose que jamais n'aurait toléré la Grande Chouette. Mais hélas, cette dernière a pris son dernier envol il y a quelques années déjà, privant le dernier oisillon de sa lignée de ses si judicieux conseils - et en résultat, ce dernier bat des ailes, tentant tant bien que mal de se maintenir dans les airs lors de ce premier envol si loin de ces terres qui ornent toujours ses rêves. Mais aujourd'hui, elle a comme l'impression qu'une fraîche brise la porte, et cela, elle ne le doit uniquement au passage sur ces terres dont elle est désormais la Dame, de Melara. Une amitié forgée il y a quelques temps déjà, lorsque c'était encore du nom de Dondarrion qu'elle se vêtissait - une superchérie, dont la révélation a à l'époque tant chamboulée la bien trop droite chevêchette. Et pourtant, à la fin, Eleyna - ou plutôt, Melara, de son véritable nom - a su jucher sur le papier les mots pour attendir le coeur de la fière petite chouette et lui ont aidé à surmonter principes et amertûme d'une telle déception. Si bien qu'aujourd'hui, c'est d'impatience de pouvoir enfin échanger avec son amie sans n'avoir besoin de jucher chaque mot sur papier que la chevêchette vers les écuries.

« Je souhaite me promener avec Lady Cole aujourd'hui, prépare donc ma jument, tu veux bien. » commence-t-elle, à peine un palefrenier se trouve dans sa vue. Et alors que ce dernier semble pressé de s'éloigner après un rapide 'Bien sûr, my lady', la chevêchette l'arrête d'un léger signe de main : « La monture de Lady Cole, comment se porte-t-elle ? S'est-elle assez remise pour une promenade, ou est-il plus sage que de lui préparer une autre monture ? »
« C'est une bonne jument, fine mais robuste. Nous avons bien pris soin d'elle. Je ne pense pas qu'une promande sera de trop pour elle.  »
Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la chevêchette, alors qu'elle abaisse légèrement la tête, signalant que jamais elle n'a douté du soin apporté aux montures dans les étables de Bourfaon - suffit-il de voir que sa propre ponette semble s'y sentir parfaitement à son aise. Et alors qu'elle entend la voix de sa propriétaire, la petite jument au pelage pomelé passe sa tête par dessus la porte de son box, donnant un léger coup de museau à cette dernière. D'un geste tendre, la chevêchette passe sa main sur le museau de cette dernière, demeurant un instant là, dans cette osmose si particulière existante entre cheval et cavalière, avant de finalement rompre ce complice contact.
« Nous partons dans une heure. » ajoute-t-elle, et après une dernière caresse à la ponette, elle tourne ses talons.

Cette tache, de prévenir les écuries de la petite excursion que Lady Melara et elle entendent faire, voilà bien une chose que Janyce aurait pu faire pour elle - mais à quoi bon que d'envoyer la servante dans le froid, alors qu'elle même compte de toute manière s'y rendre, dans l'espoir qu'un autre tête à tête avec ces Sept qu'elle vénère ? Epouse de l'héritier, et pourtant déjà Dame de ces lieux, elle sait, la chevêchette, que tous les serviteurs de ce lieu sont également à sa commande - et pourtant, est-ce là encore un autre aspect auquel elle peine à s'y habituer. A Bosquebrume, elle n'était que la cadette des chouettes, et si les serviteurs lui venaient aussi en aide, il a toujours été des plus clairs qu'elle n'est point la priorité. Que certaines taches, elle devait les faire elle-même. Ici, elle est la Dame de la maison, celle qui doit veiller au bon fonctionnement de la maison, et gérer les serviteurs - et en plus de cela, elle a également une domestique attitrée. Un changement des plus grands dans la vie de la chevêchette, que pourtant elle n'apprécie point encore dans son entiereté.

Lorsqu'une heure plus tard, les pas de la chevêchette marquent de nouveau la neige voilant le sol de la cour, deux montures se tiennent déjà là, un peu plus loin, dont cette petite jument à la robe gris pommelé qu'elle ne connait que trop bien. Mais ce n'est point la vue de ces deux équidés qui parvient à illuminer le visage de la chevêtte, mais bien celle de la silhouette qui se tient non loin d'elles.

« Melara. » Avec tendresse, la chevêchette enlace son amie, ignorant un petit instant durant la question de cette dernière. « Vous ne pouvez certainement pas vous imaginer à quel point cela me fait plaisir de vous revoir enfin ! Il y a tant de choses, tant de questions que je veux vous poser,  mais ce n'est point pareil de les jucher sur papier. » Tant de questions, notemment au sujet de la belle étrangère accompagnant son amie dans ses déplacements. Lady Cole. Lady Lanna Cole pour être exact, sa mère. Une personne que Melara n'a point du revoir durant tant d'années - et la chevêchette brûle de lui demander comment ces retrouvailles, si délicates certainement, ont bien pu se passer. Mais pour l'instant, doit-elle peut-être déjà se souvenir de ses  devoirs d'hôtesse, les discussions, elles, peuvent attendre jusqu'à ce qu'elles soient loin des oreilles indiscrètes, là où elles pourraient de nouveau être ces deux jeunes filles dont les chemins se sont croisés il y a quelque temps déjà. « Bien, je vous remercie.» finit-elle par répondre à la question de son amie. Après cette lune entière en tant que femme mariée, commence-t-elle doucement à s'habituer à dormir aux côtés du faon. «  Mais dites-moi, avez-vous pu vous reposer de votre long périple et que votre mère et vous avez tout ce que vous nécessitez ? Si je puisse faire quoique ce soit pour vous, ou Lady Lanna, j'espère que vous n'hésiterez point à me le faire savoir. » Et alors que le palefrenier croise ses mains pour lui aider à se hisser en selle, la chevêchette à peine prend le temps de murmurer un « Merci », et une fois installée en selle, se tourne vers la future Mannings. « J'admire votre courage » laisse-t-elle échapper, un léger sourire en coin. « Après mon bien trop long voyage de Bosquebrume jusqu'ici, la seule vue d'une selle suffisait pour m'inspirer des cauchemars. Jamais n'aurais-je pu imaginer le lendemain remonter en selle pour une promenade. Mais sans doute devrais-je point m'étonner, de nous deux, vous avez toujours été la plus brave. » Encore aujourd'hui, la chevêchette ne se souvient que trop bien de ces regards admiratifs dont elle a couvert celle qu'elle croyait alors être une Dondarrion lors de la première rencontre: cette dernière à peine plus âgée qu'elle a déjà eu à l'époque une grâce et préstance qui ont impressionnée la chevêchette lors de cette première grande sortie de ses forêts embrûmées. Et même aujourd'hui, malgré la fatigue certaine d'un long voyage, Melara posséde toujours cette élégance si particulière, cette élégance innée qui ne peut s'apprendre, et qui fait paraître terne chaque personne de son entourage. « Je connais un peu les environs du château, bien que je ne les ai sans doute point encore exploré autant que je ne le voudrais ou devrais - mais je dois dire que je suis bien plus à mon aise dans les forêts embrûmés que sur ces terres bien plus plates et plus monotomes, maintenant qu'un voile blanc les recouvre. Pour me repérer, cela est. » Un ajout rapide, dans l'espoir que ces paroles ne soient point prises pour une description de sa vie à Bourgfaon - bien que cette dernière serait sans nul doute adéquate. Mais voilà point une confession à faire devant des oreilles indiscrètes.

Une fois son amie également installée dans sa selle, la chevêchette claque de la langue, et la jument sur laquelle est juchée s'empresse d'entamer un pas dynamique, visiblement heureuse de sortir des étables. Mais ce n'est qu'une fois qu'elles ont laissé la cour du chateau derrière elles, et qu'elles pénètrent les plaines enneigées entourant le château, que la voix de la chevêchette se fait de nouveau entendre. « Comment vous portez-vous ? » demande-t-elle d'une voix douce, alors que son visage scrute le visage de son  amie. Mais, ne souhaitant point demander trop directement comment cette dernière vit ces si nombreux changements qui se sont produit dans sa vie depuis qu'elle a retrouvé son nom de naissance, la chevêchette tente une approche plus douce. « Cela doit vous être agréable d'enfin revoir votre famille. Je n'ai pu entrevoir que brièvement votre mère, et je n'ai point encore eu l'occasion de m'entretenir avec elle, mais elle semble être une femme douce et honorable. » Un compliment qui sans doute est bien moins flatteur qu'elle n'a souhaité l'émettre, mais depuis les aveux de Melara, la chevêchette ne peut s'empêcher de se demander quelle famille - et en occurence, quelle mère - peut bien ainsi abandonner sa fille de la sorte. Et d'une certaine manière, elle s'inquiète pour son amie, ignorant si ce retour des siens dans la vie de cette dernière est réellement une bonne chose. « Mais je n'ai point de doutes que bientôt j'aurais ce plaisir, quand Lady Lanna aura eu l'occasion de se reposer du voyage. En tout cas, il n'y a point de doutes sur le fait de qui vous avez hérité votre grâce.  » ajoute-t-elle en souriant. « Mais - ne prenez pas mal ma question, je vous en prie - n'est-ce point là difficile que d'être à nouveau réuni avec une famille que vous n'avez point vue depuis si longtemps déjà ? Et déjà, vous devez vous apprêter à les quitter de nouveau... » Après tout, comme elle, son amie va devoir quitter les siens pour joindre sa vie à celle d'un homme qu'elle ne connait qu'à peine...

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« Bourgfaon | 302, lune 8, semaine 4 »

Il n’existait que peu de raison de voir Melara se fendre d’un aussi large sourire dans un lieu tel que Bourgfaon. Il s’agissait évidemment de l’arrivée de Shoren qui lui faisait redécouvrir de tels élans de joie. Outre la joie, il y avait également une part de soulagement, de la revoir vivante, pas trop amincie ou grossie par son récent mariage. Souriante malgré le mensonge qu’elle avait été obligée de lui servir, comme à tout le monde avant son entretien libérateur avec le Roi. Tout le monde dans son petit entourage n’avait pas bien réagit. Il lui semblait que Shoren avait eu besoin d’un petit temps pour encaisser la nouvelle, mais elles s’étaient retrouvées, éventuellement, et c’était tout ce qui comptait. Et pour la première fois, ces retrouvailles amicales ne se cantonnaient plus au papier. “Oh je crois pourtant deviner, ma très chère Shoren, puisque je vous assure que je partage un enthousiasme tout à fait similaire en cet instant.” lui révéla-t-elle avec un petit hochement de visage. Oui, ses questions à elle non plus ne pouvaient être couchées sur le papier, comme elle se doutait que même si elle le pouvait, ce serait Shoren qui ne pourrait écrire ses réponses. Elle fit un petit pas en arrière pour mieux observer son amie alors qu’elle se confiait sur son état de santé, la rassurant sur la nuit qu’elle venait de passer. Elle ne put retenir un sourire amusé, néanmoins sans aucun trace de moquerie, alors que Shoren endossait son rôle de Dame des lieux à la perfection. Elle posa une main rassurante sur son bras en lui répondant. “J’ai très bien dormi. Nous ne manquons de rien, rassurez-vous. Notre accueil est bien plus sympathique au retour qu’à l’aller.” Elle regarda à droite et à gauche d’un air suspect avant de s’approcher. “Déjà, personne ne m’a proposé de me recueillir dans le temple rouge.” souffla-t-elle d’un air complice sachant que son amie partageait son désamour du Dieu Rouge, songeant à l’invitation de Lord Arstan lors de son passage plusieurs semaines auparavant.

La confidence faite, Melara s’écarta pour laisser Shoren se reposer sur le palefrenier afin de se hisser sur sa poneytte. En temps normal, elle aurait profité de ce temps pour grimper seule sur sa jument, toujours fière de sa son aise en selle, mais les dernières semaines de voyage avaient fatigué ses jambes, alors elle préféra attendre son tour, écoutant simplement la remarque de son amie chevêchette avec un sourire complice, alors qu’elle inclinait le visage en sa direction. “Vous devez voir là tout le témoignage de mon amour pour vous Lady Shoren.” répondit-elle avec un sourire amusé, alors que le palefrenier lui tendait la main pour l’aider. Une fois de retour en selle, non sans une modeste grimace le temps de trouver une position qui ne lui était pas trop douloureuse, elle se tourna vers la nouvelle Cafferen pour compléter sa réponse, pouvant se permettre de parler un peu plus bas, sans que le palefrenier ne comprenne l’entièreté de son propos. “Allons, nous savons toutes deux à quel point vous êtes brave ma dame. Vous vous tenez si digne, si forte aujourd’hui… si les rôles avaient été inversés je ne sais pas… Je peux bien supporter ma selle quelques heures de plus pour vous permettre de sortir, et nous permettre de discuter en toute sincérité.” finit-elle par conclure non sans un mouvement de tête de haut en bas pour confirmer sa motivation. Melara affirma sa prise sur les rênes au travers de ses gants, puis d’un léger mouvement de talons contre les flans de sa monture, lui intima de se lancer, pour suivre Shoren qui progressait déjà au dehors de l’écurie. Elle lança un regard aux terres environnantes, comprenant le manque d’enthousiasme de son amie. Elle ne connaissait pas Bosquebrume, mais elle avait déjà lu de multiples descriptions du Bois-la-Pluie par Shoren ou Lady Alyssa. Une région qui semblait avoir plus de caractère que cette fausse ville bieffoise. “Vous avez encore le temps. Nous découvrirons ensemble aujourd’hui.” dit-elle simplement pour la rassurer face à son aveu. “Et sachez que même si malgré cela ces terres ne résonnent toujours pas en vous, vous serez toujours la bienvenue pour nous rendre visite à Lestival, ou même plus tard à Noirport, lors de la dernière semaine de l’année par exemple. Je ne vous priverais jamais d’une occasion de vous échapper.” ajouta-t-elle avec un bref clin d’oeil. Elle voulait que Shoren sache qu’elle serait là pour l’aider, même par des gestes aussi modestes qu’une invitation à son mariage.

Le silence cotonneux de l’hiver reprit ses droits un instant, leur promenade n’étant rythmée que par le grincement des sabots dans la neige fraîche et la respiration des deux montures et de leur cavalière. Il était vrai que Melara ne retrouvait pas le charme des terres de Havrenoir ou de Lestival qu’elle avait maintes fois parcouru sur le dos de Scarlet. Tout semblait si plat, la neige ne faisant qu’accentuer ce manque de relief. Le bord du fleuve semblait un peu plus charmant cependant, ainsi que l’orée du Bois du Roi. C’était perdue dans ces réflexions sur le paysage que Melara revint à elle, interpellée par la question de la chevêchette. “Je dois reconnaître que je suis un poil fatiguée, mais plus émotionnellement que physiquement. Mes quotidiens ont tellement étaient semblables pendant des années, mais depuis que j’ai eu cet entretien avec le Roi à Lestival, ma vie n’a eu de cesse de changer à une vitesse folle, à m’en donner le tourni… Mais je crois que vous voyez parfaitement de quoi je veux parler ?” conclut-elle en tournant son visage en sa direction. Leur chemin était assez différent, mais comportait également des similitudes non négligeables, avec ce mariage imposé par un membre de la famille, sur lequel pesait une ombre déroutante et redoutable, bien que leur nature soit différente pour les deux amies. Melara retrouva un sourire ému à l’évocation de sa mère. Elle aimait découvrir l’effet que faisait Lanna sur les gens et tirait un plaisir et une fierté égoïste d’entendre ses éloges. Ses joues déjà rougies par le froid, comme le bout de son nez, ne trahirent pas son plaisir cette fois ci, loin de se douter des réelles méfiances de l’ancienne Mertyns. “Je ne vous mentirais pas en ne vous disant pas que j’ai rêvé de ces moments pendant des années. Lord Parton puis Lord Béric ont toujours été très bons pour moi, Lady Ilyana plus encore, mais c’est différent. J’ai enfin ma famille, qui ne dépend pas d’un échange d’influences, d’accords ou de mensonges au contraire. Et qu’il est agréable de ne plus avoir à vivre cachée. J’ai l’impression d’avoir enfin trouvé ma place.” conclut-elle avec enthousiasme. Néanmoins, la dernière question de la nouvelle Cafferen vint à obscurcir son ciel et serrer légèrement son coeur. C’était quelque chose à laquelle elle essayait de ne pas songer, pour profiter pleinement des moments qu’elle partageait avec Lanna, mais aussi Tylan, Lester et Landor dès qu’elles seraient rentrées à Lestival la semaine prochaine. Melara déglutit difficilement. “Si bien sûr. J’aurais préféré pouvoir profiter d’eux plus longtemps, mais je dois vivre avec ce que les Sept acceptent de me donner. Je ne suis plus toute jeune, il était temps de rattraper le retard imposé par Béric, c’était également une occasion pour ma famille d’avoir une alliance pour sécuriser leur retour. Au moins, mon changement de nom cette fois ci n’aura rien d’une supercherie, et je pourrais les revoir quand bon me semblera, sans océan entre nous. Juste Bourgfaon à traverser.” tenta-t-elle finalement de relativiser en retrouvant un sourire encourageant, se rappelant de ce que sa mère lui avait dit lors de leurs retrouvailles en début d’année. “Permettez-moi de profiter de l’occasion pour renouveler mes remerciements de vive voix Lady Shoren. Vous ne savez pas à quel point je suis heureuse que vous ayez accepté mes excuses et de me conserver dans votre cercle d’amies malgré cette histoire.” confia-t-elle sincèrement.
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Bourgfaon, 302, lune 8, semaine 4
@Melara Cole et @Shoren Cafferen

Et si la simple idée d'être une fois de plus en présence d'une amie, bien trop longtemps perdue de vue suffit pour d'illuminer de par un sourire le visage de la chevêchette, bien trop rapidement celui-ci ne s'estompe, et son nez se fronce à la seule mention de la folie rouge qui, ici à Bourgfaon, fait ravage. Dire que, pour un bref instant lors de l'annonce de ses fiançailles, a-t-elle espéré de pouvoir échapper à tout cela, à cette constante présence de fous rouges, qui voyaient dans les hallucinations induites par les fumées un message divin, ou même que, constamment, on l'urge à se détourner du droit chemin dicté par les Sept pour se laisser sombrer à cette folie venue d'outre-mer. Bien sûr, sur ce dernier point semble-t-elle gagné un peu de répit, car ici, à Bourgfaon, personne ne constamment la pousse vers l'adoration des flammes, pas directement du moins - et pourtant, l'ombre de cet horrible temple oppresse les cœurs des véritables croyants. Ou du moins, semble-t-il oppresser celui de la chevêchette. Et pourtant, aujourd'hui trouve-t-elle consolation en imaginant la piquante réponse de son amie à une telle proposition.

« Je suis certaine que vous n'avez point souhaité décevoir vos hôtes et n'avez pas manqué de complimenter magnificence du bâtiment, possède-t-il la subtile grâce d'un de ces éléphants légendaires d'Essos. »

Un bâtiment qui, aux yeux de la chevêchette du moins, est des plus balourds, ainsi construit pour imposer, et sans la moindre finesse - et elle devait bien le savoir, après tout cela fait-il une lune entière déjà que chaque jour elle soit obligée de tolérer cette horrible vue, y compris depuis la fenêtre même des appartements qu'elle partage avec le faon. Plus encore, compte-t-on les semaines passées à Bourgfaon avant que cette mascarade de mariage ne soit célébrée. Et heureusement, celui-ci s'est tenu en bien petit comité, épargnant ainsi à la chevêchette la dégradation de prendre part à un tel ridicule de cérémonie devant ses amies ! Quatre semaines se sont écoulées depuis, quatre semaines durant lesquelles elle a du suivre cette nouvelle vie d'épouse; mais si, à cette dernière, doucement elle commence à s'y habituer, le souvenir de la cérémonie en elle-même reste un souvenir des plus dégradants. Mais sans doute n'est-ce point le moment de se laisser sombrer dans de telles réminiscences peu plaisantes, pas maintenant que la présence de son amie lui permet une douce échappatoire de son quotidien. Et une seule remarque de l'élégante orageoise suffit d'ailleurs pour une fois de plus faire s'illuminer le visage de la chevêchette d'un sourire, et même laisser résonner dans les airs hivernales un rire amusé.

« Et je ne risque pas de l'oublier, mon amie. » commente-t-elle la remarque de son amie, alors que d'un geste habille, elle dirige sa monture vers cette dernière jusqu'à se trouver en botte à botte, avant de pour un bref instant serrer la main de Melara. Un contact qui pourtant ne dure qu'un court instant, et qui pourtant exprime soulagement et gratitude de la petite chouette bien mieux que n'auraient pu le faire les paroles. « Il est aisé d'afficher brave mine lorsqu'on agit par manque de choix, ou par devoir - mais beaucoup moins lorsqu'il s'agit de remonter en selle après un déjà si long voyage. » Une plaisanterie, qui finalement ne l'est qu'à moitié: aux yeux de la chevêchette, il est bien aisé de garder tête haute lorsque le seul choix s'offrant à soi est de comment affronter une situation à laquelle on ne peut échapper. En revanche, c'est sortir de sa zone de confort, par choix et non pas par obligation, qui souvent est bien plus délicat à faire. « Alors tachons de vous faire oublier l'inconfort qui doit être votre ma chère Lady Melara, puisque nous ne pouvons malheureusement point compter sur un un paysage époustouflant pour nous distraire. Mais y a tant de choses à se dire, tant de confidences à rattraper. »

Au nid des chouettes, aurait-elle connu bien des lieux dont la beauté était à couper le souffle, là-bas où la terre rencontre les toujours si bas nuages de cette région, et où petits ruisseaux et cascades sillonnent les collines escarpées. Ici, dans la pleine de Bourgfaon, tout se ressemble, ainsi couvert d'un blanc manteau - mais aujourd'hui, ce n'est point le paysage qui les intéresse, pas maintenant qu'elle se retrouvent pour la première fois depuis si longtemps. Et surtout, pour la première fois que depuis de si grands changements dans leurs vies respectives. La chevêchette, elle, s'est envolée du nid familial et est désormais épouse. Quand à Melara, non seulement a-t-elle repris le nom qu'a été le sien lors de sa naissance, avant que cette supercherie momentanément lui a conféré une autre identité sous laquelle elle a d'ailleurs rencontré la petite chouette. Et comme si cela n'est point assez, elle a également retrouvé ses parents quittés il y a bien des années déjà - un événement dont la chevêchette ne sait point quoi penser. D'un côté s'inquiète-t-elle de savoir une fois de plus son amie sous l'emprises de ces personnes qui, autrefois, l'ont ainsi envoyée au loin alors qu'elle n'était qu'une enfant. Et même aujourd'hui, si peu de temps après leur retour, se servent-ils de nouveau d'elle pour forger une alliance. Mais de l'autre, Lady Lanna semble-t-elle des plus douces et agréables, et le regret qu'exprime Melara a ne point avoir à passer beaucoup plus de temps au sein de sa famille semble réel... alors, pour la chevêchette ravale-t-elle pour l'instant du moins ses propres pensées et doutes à ce sujet.

« J'espère que vous savez que lorsque vous serez de passage à Bourgfaon pour vous rendre auprès de votre famille, les portes du château vous seront toujours grandes ouvertes. » Puis, un sourire en coin, la chevêchette ajoute : « Pour vous, je veillerais même à ce que vous n'ayez point à souffrir la vue de cette monstruosité - » d'un signe de tête, la chevêchette désigne le temple, qui même maintenant, alors qu'elle sont déjà en dehors des murs de la petite ville, est toujours des plus visibles « - de la fenêtre de vos appartements. Et qui sait, peut-être pourrais-je également venir vous rendre visite un jour. Cela me plairait grandement de passer plus de temps en votre compagnie que ces quelques heures volées avant que vous ne repartiez.» Mais c'est également du faon que dépend ce dernier point, et les Sept seuls savent s'il lui autoriserait un tel voyage. Certes, lui laisse-t-il bien des libertés, mais celles-ci concernent avant tout leur vie à Bourgfaon. Comment réagirait-il si elle lui annoncerait son désir d'entreprendre un tel voyage en hiver pour visiter son amie ? Elle ne saurait le dire... mais une fois de plus, ce n'est certainement point le temps de penser à cela. Pour aujourd'hui du moins, son amie et ici, à Bourgfaon, alors s'agit-il de profiter de cette agréable compagnie. « Mais je comprends ce que vous voulez dire. Ma vie a été chamboulée deux fois déjà cette année, d'abord par l'annonce de mes fiançailles  - fiançailles à un homme dont les armes brisées ont été si récemment reforgées, et qui de plus à la véritable foi a renoncé au profit de cette folie venue d'outremer Et la deuxième fois quand j'ai du quitter ma famille et cette région que j'aime tant, pour épouser un inconnu. Et si je commence à m'habituer à mon quotidien ici, ce serait mentir que je me sois déjà fait à tous ces changements. Ou que ma famille et ma maison ne me manquent guère. » Au réveil, parfois se croit-elle encore être dans ces forêts embrumées qui ont bercées son enfance, uniquement pour réaliser en ouvrant ses yeux que ce n'est là qu'un rêve. Une illusion de l'esprit. « Alors je n'ose point imaginer ce que cela doit être pour vous, qui durant la même période ou presque, ayez eu à vivre. Entre la pétition devant notre Roi qui a du être aussi stressante qu'intimidante, le retour à votre véritable nom. Votre véritable famille. Et l'annonce de vos fiançailles.  » Et, tentant de redonner une allure plus légère à leur conversation, elle ajoute, un sourire au coin: « Je n'oublie rien au moins ? Déjà dit comme cela, cela semble bien pour emplir plusieurs années, et non pas lunes. » Pour quelques secondes durant, les hululements de la chevêchette cessent, avant de rompre de nouveau le silence. « Mais parlez-moi de ce fiancé que vous venez tout juste de rencontrer, car j'ignore encore tout de lui, si ce n'est son nom. Est-il beau garçon du moins ? » Une caractéristique qui certainement n'est point la plus importante, mais tout de même - et puis, sans doute cela est-il plus simple à demander que le 'vous mérite-t-il qui pourtant pèse sur la langue de la chevêchette. « Et agréable ? Et avez-vous également eu l'occasion de rencontrer d'autres membres de  votre future belle-famille ? » Puis, un sourire amusé dessiné sur ses lèvres, elle ajoute: « En fait, je vous en prie, contez-moi, si cela ne vous dérange point. Je veux tous les détails. » Aussi la chevêchette se souvient-elle de sa première rencontre avec le faon, et le soulagement ressenti en confiant impressions et doutes à sa sœur - du moins avant que les confidences de cette dernière ne fassent naître dans son cœur des doutes qui ont assombris les mois à suivre. Alors si elle peut servir de confidente à Melara, dans sa joie ou ses doutes suite à cette première rencontre avec son futur époux, alors elle ferait de son mieux pour l'épauler. Une fois dans le passé déjà a-t-elle abandonné Melaraà cause de sa fierté blessée lorsque certainement elle a le plus eu besoin d'une amie - et s'il lui a fallu du temps pour accepter cette supercherie, aujourd'hui s'en veut-elle de ne point avoir plus rapidement pris sa plume pour répondre à celle qu'elle considère comme amie, que ce soit sous le nom d'Eleyna ou encore de Melara. Et elle ne referait point la même erreur. Cette fois, elle est là pour son amie si celle-ci a besoin d'elle.
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« Bourgfaon | 302, lune 8, semaine 4 »

Voyant le sourire disparaître sur les traits de Shoren, Melara craint un instant d’avoir commis un impair en mentionnant le temps de R’hllor visible dans la cour. Mais heureusement, elle fut assez rapidement rassurée lorsque complice, son amie rétorquait déjà qu’elle imaginait les compliments qu’elle avait pu réserver à un tel édifice. Melara laissa échapper un léger rire. Malheureusement, on en venait au point assez sensible pour elle. Si elle était une fervente prieuse des Sept, si elle avait pris plaisir à souligner le mauvais choix de religion à Tavish face au Roi Dragon, le fait que sa mère soit aussi une adepte de la Lumière la rendait plus prudente sur ses remarques. Il ne fallait pas non plus oublier toutes ces années passées aux côtés de Béric dans sa recherche de vérité et de lumière. C’était bien à Havrenoir que Neina avait déposé ses bagages à l’origine et non pas à Accalmie. Alors la jeune Cole tentait de se montrer la moins hypocrite possible. “Oh, je crains de vous décevoir finalement. J’ai… aimablement… décliné la visite.” Elle avait pris son temps pour choisir la meilleure façon de désigner son refus. “Ma mère ayant accepté de visiter les lieux, je ne parvenais pas à m’imaginer survivre dans un lieu aussi étriqué, avec Lord Arstan et ses bâtards à côté…” Alors que le mot lui était venu de manière si évidente aux lèvres, à peine les avait-il franchis qu’elle le regretta. Melara se pinça les lèvres, comme si cela lui permettait de revenir en arrière, cependant il était trop tard. Elle posa un regard navré sur Shôren et souffla un “Désolée.” Si elle n’avait aucun difficulté à se montrer désobligeante vis à vis du “chevalier” elle n’avait aucune envie d’insulter la née Mertyns par association et elle craignait d’avoir finalement mis les pieds dans le plat de ce côté là. Malgré sa bourde et la réaction redoutée de son amie, Melara tint tout de même à certifier son amitié à la chevêchette. Et elle ne put d’ailleurs retenir un nouvel éclat de rire à la remarque de Shoren. “Et bien vous venez de voir par vous même, j’ai échoué.” confia-t-elle avec un nouvel éclat de rire, faisant référence à la grimace qu’elle n’avait pu retenir alors que son fessier et ses cuisses retrouvaient le contact bien trop familier du cuir. Au moins l’enthousiasme de son amie orageoise était réel et elle ne comptait pas s’en défaire tout de suite. C’est tout sourire que Melara lui répondit. “Je n’aurais pas mieux dit ma chère.” Il y avait effectivement tant de choses dont elle voulait lui parler, dès qu’elles auraient laissés l’ombre du Dieu de la Lumière derrière elles. Elle voulait savoir comment se passait le mariage de Shoren, parce qu’elle était sincèrement soucieuse pour son amie dans cette épreuve. Et puis il y avait une partie d’elle naïve et extrêmement curieuse sur ce qui l’attendait elle dans quelques lunes. Des questions qu’elle n’osait formuler à sa mère et d’autres dont les réponses ne trouveraient probablement pas d’équivalence dans les Sept Couronnes. Noirport n’était pas Myr, il ne fallait pas se leurrer à ce sujet.

Melara se laissa ensuite guider par Shoren. Les deux jeunes femmes tinrent leur langue un instant, le temps pour elles de laisser les murailles de Bourgfaon derrière elles alors qu’elles s’aventuraient sur le chemin blanc immaculé. Curieuse sur tant de points, la Cole ne s’était pas attendue à être celle soumise à l’interrogatoire en premier lieu et encore moins sur son rapport à sa famille. La jolie brune fit donc de son mieux pour résumer son état d’esprit sans détour et sans mensonge. Il y avait eu du positif essentiellement à retrouver son nom et le reste des Cole, mais il lui avait également fallu faire quelques concessions. Néanmoins, malgré ces futures privations, Melara ne cachait pas tous ses efforts pour relativiser, évoquant la proximité relative et Noirport et Lestival, avec Bourgfaon sur son chemin. Et le discours de Shoren à ce sujet ne fit que réchauffer un peu plus son coeur, toujours naïf quant à l’orientation de ses questions sur les Cole. Elle ne put réprimer un petit rire amusé alors que le temple se trouvait à nouveau évoqué. Elle offrit un sourire chaleureux à son amie avant de lui répondre. “Tant que je vous saurais en ces murs, je ne vivrais jamais un passage à Bourgfaon comme une épreuve. Je me suis moi-même surprise à avoir hâte d’arriver hier soir, parce que je savais que cela signifiait vous revoir mon amie. Et puis…” elle laissa planer le suspens une seconde, ses yeux se remplissant d’une lueur malicieuse, alors qu’elle reprenait avec un sourire satisfait en coin. “J’ai laissé entendre à votre époux, lors du voyage aller, que je comptais bien m’assurer qu’il vous traitait correctement, il faudra bien que je vienne m’en assurer par moi-même. Si ma présence l’effraie et ou l’agace, alors cela ne sera que des points positifs supplémentaires.” conclut-elle avec un pouffement. Tavish et Shyra prenaient un malin plaisir à la provoquer, pourquoi devrait-elle se garder de lui rendre la monnaie de sa pièce lorsque cela pouvait en plus aider son amie ? Le visage de Melara finit par reprendre son sérieux alors que la nouvelle Dame des lieux trouvaient certains échos dans les événements récents de sa propre histoire. L’inquiétude et la concentration de Melara se trahissaient par son visage penché en direction de la chevêchette. Elle lui offrit un sourire compatissant, avant de finalement jeter un regard par dessus son épaule pour s’assurer que les dernières traces de vies étaient assez loin et qu’on ne les suivait pas. “Est-ce qu’il vous traite correctement Shoren ?” Le terme de “bien” semblait déjà trop ambitieux dans la bouche de la Cole. “Ma famille a les faveurs du Roi à l’heure actuelle, je crois pouvoir prétendre à l’amitié de la Princesse Margaery et mon père à celle du Prince son époux. Sans compter que je peux toujours obliger Lord Béric à intercéder en ma faveur auprès de Lord Stannis. S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, si vous vous sentez en danger un jour, promettez-moi de m’alerter mon amie. J’ai les moyens de vous aider, même à distance !” Elle s’était rapprochée de Shoren pour lui serrer la main en guise de soutien.

A nouveau Shoren se détourna de son histoire pour évoquer tout ce que Melara venait de vivre en l’espace de quelques lunes, sans compter que l’année était loin d’être terminée. Elle ne put retenir un rire sarcastique à la dernière question de l’épouse Cafferen. “Oui, vous oubliez que je me retrouve à partager éternellement le toit de mon ennemie mortelle, puisqu’il s’agit de nulle autre que de ma future belle-sœur.” Finalement, Melara n’avait parlé de ses appréhensions qu’à sa mère, bien qu’elle ait rapidement évoqué le sujet avec Lady Aelinor par corbeau. Elle avait brièvement évoqué cette ancienne amitié et ses trahisons à Shoren lorsqu’elles avaient commencé à elles-même tisser des liens, mais sans jamais nommer ladite amie. Melara devait cependant reconnaître que les choses semblaient avoir pris un léger tournant avec l’accouchement de Jyana, mais il s’agissait de deux semaines, juste après un accouchement traumatisant, rien ne garantissait que leur relation s’était véritablement améliorée et que la Dame de Noirport ne retrouverait pas son comportement sec et pinçant à son égard une fois complètement remise de la naissance de son héritier. “Oh, je suis peut-être un peu trop mauvaise langue, nous avons réussi à nous séparer à Noirport avec nos gorges indemnes, j’imagine que c’est bon signe. Mais à vrai dire, c’est elle que je redoute à Noirport et son époux bien plus que mon fiancé.” Le rouge retrouva vite sa place habituelle sur les joues de la Cole dès qu’elle mentionnait son fiancé. “Ser Godric est un très beau garçon, pas aussi grand que son frère, mais c’est déjà suffisant pour me dépasser. Ses cheveux sont aussi sombres que les miens, mais ses yeux ont la couleur de l’océan lorsque l’orage se prépare. Il est toujours soucieux de mon bien-être et de ma bonne humeur. Il est parfois maladroit, je crois qu’il n’a pas beaucoup d’expérience en la matière, mais ça n’était pas enfermée à Havrenoir que j’ai pu en gagner plus que lui… Ses gestes pour moi sont toujours délicats et protecteurs. Il a le même désir de plaire et servir la Couronne que moi… Son esprit ne s’arrête pas simplement à Noirport, ce qui me laisse penser que nous aurons tout le loisir de voyager une fois mariés, pour mon plus grand plaisir.” Melara ne regardait plus Shoren, son regard s’était perdu dans le vide devant elle alors qu’elle songeait à son futur époux et tout ce que les Sept pouvaient bien leur réserver pour l’avenir. Puis se rendant compte qu’elle venait de monopoliser la parole un bon moment, elle se ressaisit, non sans secouer légèrement son visage sous son épaisse capuche. “Je suis navrée de déblatérer de la sorte…” ajouta-t-elle la bouche pincée, elle avait l’impression d’agiter son bonheur sous le nez de son amie et ça n’était pas son désir. “Mais tout n’a pas été tout rose tout de suite évidemment. Et ça ne l’est toujours pas, même si je l’apprécie. Mais c’est bien parce que dès le début, j’ai fait attention à faire tout ce qu’il fallait en tant que Lady pour avoir Godric de mon côté. Vous comprenez, je redoutais que lady Jyana ne l’ai déjà monté contre moi, il a donc fallu que je redouble de minauderies pour l’attendrir. Je ne sais pas si c’est quelque chose que vous pouvez utiliser sur Tavish ? Je reconnais que j’ai peu d’expérience, mais cela, je l’ai entendu de plusieurs bouches expérimentées et même vu de mes propres yeux. Les hommes sont sensibles à la flatterie, ils aiment se sentir utile et cela peut donner du pouvoir à une épouse, même si ça n’est pas sincère, ils ne sont pas obligés de le savoir…” La jeune femme laissa son sous-entendu en suspens peu certaine de savoir comment formuler sa pensée précisément. Après tout elle ne savait pas bien où en était leur couple, si Tavish cherchait l’approbation de son épouse ou non. Et puis s’il était facile de faire des minauderies à un noble chevalier, Melara pouvait comprendre sa réticence à agir ainsi avec un bâtard de R’hllor. “Nul doute que Lady Shyra a déjà du chercher à gagner votre amitié ? Que lui avez-vous répondu ?” Elle avait accentué le faux titre de Lady que Lord Arstan imaginait réel pour sa fille. Peut-être Shoren pouvait-elle rendre son quotidien plus sympathique en se faisant bien voir des bâtards, il serait ensuite plus simple pour elle de demander du temps libre, loin d’eux à Noirport par exemple, s’ils lui mangeaient dans la main.
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Bourgfaon, 302, lune 8, semaine 4
@Melara Cole et @Shoren Cafferen

Un rire amusé franchit les lèvres de la chevêchette, et celui-ci n'est point du à l'évocation de cette mascarade rouge, ni de son refus d'y prendre part, mais bien plus à l'insistance que son amie porte sur le 'aimablement'. Evidemment n'est-elle que trop consciente de la langue aiguisée de son amie, et ne peut que trop bien imaginer que Lord Arstan certainement n'aurait point recours à la même description pour le refus de son amie. Mais ce n'est point cela qui lui rend son sourire - étrange, ces paroles se dirigeant pourtant contre cette folie rouge qu'elle méprise tant - mais bien la manière dont son amie lui fait part de cela... ainsi que le fait qu'elle ait toujours admiré son amie pour son don d'être des plus piquantes alors qu'en parfait respect de toute bienséance. La chevêchette, elle, est bien plus directe, moins piquante, plus platte d'une certaine manière même. Mais si à cette première phrase de son amie, un sourire illumine encore son visage, par la suite, rapidement celui-ci s'estompe et ses lèvres se pincent à la simple mention du terme de bâtard. Certes, dans son esprit peut-être est-ce là également une notion utilisée pour décrire le nouveau héritier des faons, mais encore est-ce autre chose que de l'entendre des lèvres d'une autre personne. Cela rend encore plus réelle cette vérité avec qu'elle a tant eu du mal à accepter depuis l'officialisation de ces fiançailles - les origines si peu flatteuses de son désormais époux. Le fait que ce dernier appelle ‘grand-père’ un simple maître de chénil encore employé par les Cafferen, et que ce soit ce sang également qui circulerait également dans les veines de ses enfants à elle, si un jour les Dieux décidaient de bénir cette alliance. Et pourtant, l’entendre des lèvres d’une autre personne paraît si étrange. Et si déjà elle a du mal à entendre une amie dire ces mots, que cela serait-il que de les entendre formulés par une autre personne, qui, contrairement à Melara, s’en servirait pour tenter de la rabaisser ou même blesser ? Qu’a été le conseil de Tavish ? Qu’elle devrait accepter cette simple vérité ? Et si pour elle est bien incapable d’une telle chose, peut-être peut-elle au moins prétendre le faire ?

« Ne vous excusez point pour dire la vérité : il est vrai qu’il est né hors mariage. » réplique-t-elle, tentant de ne point laisser transparaître son propre jugement dans ses paroles tout en rappelant à Melara l’actuel statut de Tavish. « Tout comme il est vrai que le Roi dans sa générosité a décidé de resouder ses armes brisées. De faire de lui un Cafferen, et l’héritier de Bourgfaon. »

Certes, ce point d’ombre dans les origines de son désormais époux est loin de ravir la chevêchette, qui que trop volontairement se serait joint au jugement de Melara sur les enfants nés hors mariage des Cafferen – mais la loyauté envers les siens qui lui a été inculquée depuis son plus jeune âge l’empêche de dire une telle chose de son époux du moins. Certes, pour l’instant, ce dernier semble-t-il être à ses yeux un étranger encore, mais ne reste-t-il pas moins ce lien sacré qui depuis quelques lunes les lie – enfin, un lien qui serait sacré aurait-il été forgé devant de véritables Dieux, et non pas devant un charlatan. Et ce simple fait l’obligeait à prendre la défense au moins du faon, car elle ne pourrait le faire en bonne conscience pour cette insolente menteuse qu’est Shyra. Mais, strictement parlant, cette dernière ne fait pas entièrement partie de sa famille, n’est-ce pas, car si le sang de Cafferen coule peut-être dilué dans ses veines, elle n’en porte point le nom. Sauf que ce n’est finalement point là un point dont elle désire discuter aujourd’hui, pas lorsqu’il y a tant de sujets plus passionnants qu’elle désire évoquer avec son amie. Mais pas ici, pas à l’ombre de cet immonde temple.

« Vous êtes remontée en selle, c’est là le premier geste de bravoure. » réplique-t-elle sur le ton de l’humour, tentant de maintenir des sujets plus légers jusqu’à ce qu’elles soient loin des oreilles indiscrètes. Encore se souvient-elle qu’à son arrivée à Bourgfaon, il lui était déjà une épreuve que de marcher sans qu’une grimace ne déforme son visage, alors remonter en selle… cela a été juste inimaginable quelques jours durant.

Et comme pour s’accrocher à ce ton léger tout juste retrouvé, les deux jeunes femmes restèrent silencieuses, et ce n’est qu’une fois les murailles de Bourgfaon laissées derrières elles que la chevêchette tente d’évoquer ce sujet qui l’inquiète : ces changements dans la vie de son amie, et surtout, la relation que cette dernière entretient avec ces parents qui l’ont abandonnée enfant. Eux qui ont utilisé leur fille depuis son plus jeune âge, vont-ils bien la traiter maintenant que cette dernière a œuvré avec succès pour leur cause? Ou ne continueront à voir en elle uniquement un moyen pour parvenir à leurs fins ? Mais bien sûr, c’est là une question qu’elle ne peut point poser si ouvertement à son amie, au risque de la vexer par une telle insinuation envers sa famille. Alors tente-t-elle de faire preuve de diplomatie, de se concentrer d’avantage sur les sentiments de son amie plutôt que de son point de vue à elle. Et si ses doutes à ce sujet ne sont peut-être point apaisés aussi facilement, un point positif en ressort pourtant, et celui-ci concerne bien la localisation de Bourgfaon, situé sur le trajet entre Lestival et Noirport, ce qui assure qu’à chaque fois que son amie retournera voir sa famille, elle rendrait également visite à la chevêchette. Et à la remarque de Melara à ce sujet, la chevêchette ne peut s’empêcher de pouffer elle- aussi.

« Je n’ai pas de doutes qu’avec vous pour défenseur, il n’y point de peur à voir. » Et pourtant, dans l’esprit de l’honnêteté, doit-elle ajouter autre chose, en réponse à la question de son amie. « Mais vous n’avez point de soucis à vous faire. Tavish est des plus avenants à mon égard. » Peut-être leur relation n’est-elle point des plus chaleureuses, notamment à cause des a priori que la chevêchette a porté dans son mariage et de ces rumeurs concernant une relation entre faon et lionne, mais doit-elle bien avouer que Tavish est des plus corrects à son égard. Et si Lord Arstan parfois impressionne la chevêchette de par son côté austère, voir même autoritaire, elle doit avouer que malgré les différences de religion et de valeurs, il n’a point donné raison à la chevêchette de se plaindre. « Cela paraît parfois difficile de m’adapter à cette nouvelle vie, si loin de Bosquebrume et des miens, mais Lord Arstan et mon époux tentent de me rendre cette transition plus… facile. » Pendant un instant, a-t-elle hésité avant de prononcer ce dernier mot, mais cela n’est nullement du au manque de sincérité de ces paroles, mais bien plus au fait qu’elle a encore du mal à imaginer qu’un jour, elle se sentirait réellement à son aise ici. « Mais c’est rassurant de savoir quelles longueurs vous seriez prêtes à prendre pour me venir en aide. Vous êtes une amie extraordinaire, Lady Melara, et je m’en veux de l’avoir momentanément oublié.  » ajoute-t-elle, alors que ses doigts se resserrent autour de la main de son amie. « J’espère que vous savez que, si jamais vous pouvez avez besoin de soutien, ou d’une amie à qui vous confier, vous pouvez toujours compter sur moi. Je ne peux peut-être pas compter sur l’aide d’une princesse ou de notre Suzerain – mais vous avez déjà assuré cette partie-là  » Un sourire se dessine sur les lèvres de la chevêchette, alors qu’elle tente de donner à nouveau une tournure plus légère à leur conversation, malgré ce sujet des plus sérieux. « Mais je ferais toujours de mon mieux pour vous venir en aide si besoin est, cela je vous le promet. »

Malgré toute la sincérité de ces paroles, ces dernières lui paraissent quelques peu ridicules face à la confidence que lui fait alors son amie. Elle connait une part de cette histoire, la chevêchette, ayant entendu des récits de cette ancienne amie de Melara qui désormais a pris le rang d’ennemie – et pourtant, a-t-elle ignoré jusqu’à ce moment précis que ces deux jeunes femmes deviendront d’ici peu belles-sœurs.  

« Quoi ? » laisse-t-elle échapper, trop surprise par cet effet pour contenir cete exclamation. « Elle aussi est l’épouse d’un Manning ? »

Tout ce que la chevêchette savait à ce sujet avant cette nouvelle confession de Melara, était que cette ennemie en question était orageoise – comme quoi, les frères Mannings semblent bien décidés à forger des alliances avec les terres de l’Orage. Mais ce n’est finalement point cela le plus important, du moins pour l’instant. Le point, c’est que Melara devra supporter la présence de cette femme qu’elle ne peut supporter, peut-être même durant tout son mariage.  

« Pensez-vous que votre fiancé est proche de sa belle-soeur ? »

Ah, la malédiction d'une belle-soeur que l'on n'apprécie point, elle en est touchée. Mais contrairement à Melara a-t-elle du moins la chance de ne point considérer cette dernière comme ennemie. Certes, elle n'apprécie point cette petite bâtarde bien trop gâtée des Cafferen, et régulièrement les piques sont échangées entre les deux jeunes femmes, mais cela s'arrête là - pour l'instant du moins.

« Et qu'est responsable de ce miracle, que vous soyez toutes deux parvenues à vous en sortir, gorge indemne ? » tente-t-elle de plaisanter, espérant ainsi rendre le sujet plus facile à aborder pour son amie - tout en essayant de comprendre comment elle pourrait espérer soutenir son amie à distance. « Son époux, est-il... » '...comme elle' souhaite-t-elle demander, souhaitant là faire allusion au manque d'honneur que Melara a parfois évoqué au sujet de cette fameuse ennemie. « Son époux comment est-il ? Et pourquoi le craignez-vous ? Pensez-vous qu'il prenne nécessairement part à cela, et se rangera nécessairement du côté dans son épouse ? »

Et si l'aîné des Manning se rangera du côté de son épouse, le cadet l'imitera-t-il, ou se rangera-t-il de son épouse à lui ? Dans tous les cas, ce seraient des mois des plus délicats qui se dresseront devant son amie lorsque cette dernière reprendra la route de Noirport, et  la chevêchette aimerait pouvoir assurer soutient ou du moins conseil à son amie - mais la vérité est qu'elle est bien mal placée pour faire cela. Son propre mariage est-il loin d'être rose, alors comment peut-elle être bon conseil pour une autre femme, qui d'ici quelques mois risque bien de s'embarquer dans une situation bien plus difficile encore ? La seule bonne nouvelle dans cette histoire, est que durant les courts moments passés à Noirport, Melara semble déjà avoir appris à apprécier son fiancé - du moins un peu, jugeant de par sa manière à parler de ce mystérieux Ser Godric.

« Ne vous excusez surtout pas, ma chère. Vous ne vous imaginez pas à quel point je suis heureuse pour vous de vous entendre parler ainsi de votre fiancé. Que vous semblez déjà avoir appris à l'apprécier du moins un peu. »

Avec délicatesse, les doigts de la chevêchette se serrent autour de la main de son amie, tentant de lui communiquer silencieusement joie et soulagement - mais en même temps ne peut-elle s'empêcher de comparer la description que Melara a fait de son fiancé à celle qu'elle-même a faite de Tavish seulement quelques minutes plus tôt. Comment se fait-il qu'après une relativement courte rencontre, Melara trouve déjà plus de points dignes d'être complimentés à Ser Godric, que la chevêchette à son époux ?

« Bien que cela ne m'étonne guère qu'il se montre aussi attentif et protecteur que vous le décrivez, car à moins d'être aveugle, doit-il être conscient d'être extrêmement chanceux d'avoir une fiancée telle que vous. »

Non seulement Melara a-t-elle cette grâce si peu commune, cette grâce que même la chevêchette parfois lui envie, mais de plus est-elle intelligente et à la conversation si facile - alors comment Godric Manning pourrait-il ne point faire de son mieux pour chérir cette femme que les Dieux ont jugés bon de lui donner ? Oh, est-ce là une vision bien idyllique, de ça la chevêchette en est bien consciente, mais peut-être a-t-elle besoin de croire qu'au moins certaines aient la chance d'avoir des mariages heureux. Et pourtant dans la suite de leur conversation, bien rapidement Melara parvient-elle sans le vouloir à mettre la jeune mariée dans l'embaras : qu'aime le faon ? Ou plus exactement, quel type de minauderie fonctionne sur le nouvellement créé héritier de Bourgfaon ? Une question à laquelle, en tant qu'épouse, sans doute devrait-elle connaître la réponse. Mais la vérité, elle, est que la chevêchette est sans nul doute bien trop candide pour se laisser aller à de telles pratiques - et à quel but, justement ? Le faon peut-être se montre avenant à son égard, mais jamais n'a-t-il caché le fait qu'il ne la trouve point belle - certes est-il trop poli pour lui dire une telle chose en face, mais le long silence ayant précédé le premier compliment qu'il a adressé à son égard en a dit long.

« Je... » Aux joues de la chevêchette, le rouge monte à cet aveu. « Je l'ignore. » souffle-t-elle gênée. « Je doute que Ser Tavish ne soit sensible à de telles flatteries venant de moi - après tout ne m'a-t-il point laissé de doutes sur le fait qu'il ne me trouve point belle. Oh, bien sûr n'a-t-il jamais dit ouvertement une telle chose, est-il bien trop poli et respectueux de mes sentiments pour cela. Mais lorsqu'il m'adresse des compliments, ces derniers sont-ils généralement précédés de silence, comme s'il devait réfléchir à quoi dire... Enfin, cela n'a pas d'importance, et en dehors de cela se montre-t-il avenant et même doux à mon égard, si bien que je n'ai pas de raisons de me plaindre - mais je suis désolée de ne point pouvoir vous aider, j'aurais aimé pouvoir vous donner conseils. »

Oh, son époux est attentif à son égard, cela elle ne tentera point de le nier - tout comme jamais elle niera qu'il a certainement tenté de lui rendre l'intimité existante entre mari et femme plus facile - ou du moins, moins difficile. Et pour ce dernier point, elle lui est reconnaissable - sauf que cela ne change point le fait qu'elle ne se sent pas forcement à sa place ici, à Bourgfaon. Et celle que Melara vien d'évoquer n'y est point étrangère. Cette petite bâtarde qui, à l'intérieur de ce château, est traitée telle une princesse, ne soulignant là que trop clairement cette différence de valeurs existantes entre la chevêchette et la famille dont depuis peu elle porte le nom.

« Que mes oeuvres de charité sont reservées à ceux priant les Sept. » Sans doute ne devrait-elle point parler ainsi de celle qui, technicalement parlant, est désormais sa belle-soeur - mais ne saurait-elle point feindre la politesse pour cette dernière. « Vous ai-je conté qu'elle a prétendu être des notres lors de notre première rencontre? Cela remonte à bien des années déjà, lors du mariage de notre Suzerain, mais je ne saurais oublier une telle arogance. »


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« Bourgfaon | 302, lune 8, semaine 4 »

Si Melara n’avait jamais rechigné à employer le terme de bâtard en parlant de Tavish, puisque finalement c’était bien ce qu’il avait été pour la majeure partie de sa vie, né Storm et non pas Cafferen, la jeune femme s’était retrouvée prise à son propre piège en se rendant compte à présent, que critiquait son statut à lui, éclaboussait son amie par la même occasion. Et ça elle s’y refusait. Elle se fit donc la promesse mentale d’être plus vigilante à l’avenir tout en espérant ne pas avoir vexée la chevêchette par son choix de mot trop rapide. C’est donc un regard inquiet qu’elle posa sur elle, voyant le visage de Shoren se refermer puis se tendre. Néanmoins, la réponse de la née Mertyns se fit une fois de plus avec beaucoup de hauteur et de dignité, nourrissant un peu plus le respect de l’ancienne Dondarrion à son égard. Puis vint la mention du Roi qui faisait que Melara ne pouvait jamais argumenter dans le sens inverse. Il n’y avait guère que son père qui dépassait Rhaegar Targaryen dans son estime. Il s’était montré si aimable et d’une si grande aide pour sa famille que sa loyauté était sans faille pour lui. “Tout à fait, tout à fait. Il n’est jamais appréciable de voir une famille s’éteindre…” répondit-elle, cherchant à trouver un compromis sans pour autant bafouer ses principes. Nul doute que si Arstan avait pu avoir un héritier mâle de son mariage officiel, Tavish serait toujours un Storm. Il n’avait sauvé personne d’un destin tragique pour se couvrir de gloire. Il était simplement le dernier espoir de Bourgfaon et entraînait Shoren avec lui dans cette histoire désespérée.

Un peu plus tard, seules dans la campagne enneigée, les deux jeunes femmes reprirent le cours de leur discussion, abordant des sujets plus personnels, heureuses de n’avoir aucune oreilles qui trainaient pour les espionner. Melara rit un peu plus à la réponse de son amie, bien loin du portrait idéal du chevalier protecteur. Pourtant, elle ne releva pas l’ironie et prit le compliment pour ce qu’il était. Le reste de la réponse, plus sérieux, rendit son sérieux à la cavalière expérimentée. Elle se demanda l’espace d’une seconde si Tavish pouvait avoir un fond de sincérité dans ses engagements vis à vis de son épouse. Elle se souvenait nettement de son état de vexation, son désarroi et sa colère lorsqu’elle lui avait dit être au courant de ses agissements avec Lady Walda Lannister. Au moins, lui et son père faisaient des efforts, c’était toujours ça. Si Melara ne les appréciait pas, parce que trop différents d’elle, avec des valeurs bien loin des siennes, elle n’avait nullement envie que Shoren se sente mal en leur compagnie, elle ne souhaitait ce lourd fardeau quotidien à aucune de ses amies. “Bien.” dit-elle sur un ton ferme, trahissant le côté autoritaire de sa personnalité. “Peut-être serez-vous bientôt autorisée à rendre visite aux votres ? A l’occasion d’une union ou d’un anniversaire ? Ou simplement parce que vous en avez envie ? S’ils se soucient vraiment de votre bien-être, ils accepteront.” ajouta-t-elle d’un air convaincue. Et puis comme Shoren lui retournait la remerciait et lui retournait le gage de son amitié, elle sentit ses yeux briller d’émotions alors que son coeur redoublait de battements. “Je ne vous en veux pas, je regrette d’avoir eu à mentir et je comprends que vous ayez pu douter de ma sincérité à votre égard. Nous ne nous connaissions pas depuis si longtemps…” l’excusa-t-elle. “Mais votre amitié m’est plus que précieuse et j’en prends encore plus conscience en entendant cela. Merci Shoren.”

Puis ce fut plus fort qu’elle et la Cole ne résista pas à l’envie d’avouer à Shoren une partie de l’affaire qui la liait aux Manning et ce qui créait réellement son appréhension dans le mariage, au-delà du fait qu’il avait été décidé très rapidement après l’arrivée de son père à Westeros. Elle ne put réprimer un petit sourire de fierté face à l’effet provoqué par son histoire. Elle hocha la tête par la positive pour toute réponse à la surprise de Shoren. “Elle a épousé l’héritier Manning oui, ser Arys.” Elle n’avait pu s’empêcher de lever brièvement les yeux au ciel à l’évocation de son nom, se rappelant des efforts qu’il l’avait forcé à faire elle, pour contenter son épouse. “C’est ce que je craignais plus que tout oui, et que ce mariage que j’attendais tant ne soit que signe d’une prison à vie ! Mais de ce que j’ai vu non, ils ne sont pas si proches que cela, même si leurs rapports sont cordiaux…” Elle n’avait pas pu interroger Godric ouvertement au risque de le mettre sur la piste, alors elle avait dû se fier au peu qu’elle en avait vu. La question suivante de la née Mertyns lui tira un petit rire amusé. “Je ne voulais qu’en aucun cas mon fiancé puisse me juger agressive… Alors j’ai pris sur moi. Et assez miraculeusement, ma mère a réussi à tirer le meilleur de moi. Je crois même que Lady Jyana en a parlé à son époux, puisqu’il a cherché à me pousser vers elle. Il doit donc ignorer que c’est elle qui a décidé de ne jamais me pardonner pour ses erreurs à elle. Enfin...” Elle échappa un sourire avant de reprendre. “Elle a aussi accouché avec plus de deux lunes d’avance sur son terme, cela a inquiété tout le monde et fait relativiser certaines choses. Et ça laisse moins de temps pour tenter de m’égorger.” conclut-elle finalement avec un léger haussement d’épaules avant de rire à nouveau. Elle retrouva néanmoins son sérieux lorsqu’elle fut amener à développer plus sérieusement le sujet d’Arys. “Parce que si à l’heure actuelle Lord Corlys ne sait rien de la situation, et ne peut donc ni avantager Jyana, ni moi… le jour où il sera rappelé par les Sept, c’est bien ser Arys qui fera ce qu’il voudra des Manning et donc de moi… S’il a accepté le déshonneur de son épouse, cela en dit long sur les sentiments qu’il nourrit pour elle et ce qu’il serait prêt à faire pour s’assurer qu’elle soit heureuse. Comme vous l’imaginez, cela me fait de bien belles jambes…” expliqua-t-elle, la gorge un peu plus nouée.

Contrairement à Shoren, Melara avait eu la chance d’avoir un an devant elle entre l’annonce des fiançailles et son mariage. Cela avait laissé une réelle opportunités aux jeunes fiancés de se rencontrer et de passer du temps ensemble. D’abord lorsque Godric était venu séjourner à Lestival l’espace de deux lunes, puis à nouveau lorsque cela avait été le tour pour Melara de découvrir Noirport jusqu’à il y a quelques jours de cela. La Cole savait parfaitement que tout avait été bien plus précipité pour Shoren et que le temps qu’elle avait passé avec son fiancé ne s’était compté qu’en heures avant de devoir prononcer des voeux devant un Dieu qu’elle abhorrer. Oui, au moins Godric était la partie plaisante de son mariage et qui la nourrissait d’espoir quant à l’avenir. “Vous êtes trop aimable. Et sachez que j’ai tenu exactement le même discours à votre époux lors de mon voyage aller…” Elle se retint de préciser qu’elle avait ajouté qu’il ne la méritait pas. Cela semblait assez évident pour tout le monde. Toujours soucieuse de voir son amie à ses aises dans cette nouvelle demeure, Melara n’avait pu s’empêcher d’évoquer minauderies et flatteries pour tenter d’amadouer le jeune faon. Elle n’était pas obligée de l’apprécier pour de vrai, mais si de son côté le né Storm cherchait à lui plaire, Shoren pourrait en tirer un certain pouvoir et un certain confort, ce qui n’était pas négligeable aux yeux de l’ancienne exilée. Elle ne s’était cependant pas attendu à mettre son amie dans l’embarras. Melara eut ensuite le souffle coupée par les révélations de son amie et ne se rendit même pas compte qu’elle avait arrêté Scarlet dans sa marche, tant qu’elle ne revenait pas de ce qu’elle entendait. Sa langue la démangeait tant qu’elle avait envie de maudire Tavish pour ce qu’elle entendait là. Ce dernier s’était évertué à lui faire entendre qu’un bâtard n’était pas différent d’un autre homme et que les Sept mentaient lorsqu’on disait qu’ils avaient le mal dans leur sang. Pourtant, Melara ne voyait pas comment expliquer autrement le fait que le nouveau Cafferen n’apprécie pas l’épouse qu’on lui avait donnée. “Je… Quoi ?!” laissa-t-elle échapper alors que son sang commençait déjà à bouillonner. “Quel genre d’idiot est-il pour ne pas apprécier une épouse comme vous ?” continua-t-elle avec un soupire. Elle fit néanmoins une pause pour inspirée, fermant les yeux. “Je suis navrée, je ne cherche pas à remuer le couteau dans la plaie. Mais Shoren, vous êtes une jeune femme ravissante, il n’y a qu’un aveugle qui ne pourrait pas vous complimenter sur votre apparence… et encore, je suis certaine que d’une façon ou d’une autre, ses autres sens lui permettraient de le savoir ! Je n’ai aucune envie de passer du temps en sa compagnie, pourtant avec ce que vous me dites là, ça me démange d’aller le secouer l’ingrat !” Melara fut obligée de faire une nouvelle pause pour ne pas se laisser à nouveau emporter par l’agacement de l’ingratitude du né-bâtard. “Je suis désolée, mais je n’en crois tout simplement pas mes oreilles.” Était-ce là la preuve qu’il y avait une part de vérité sur son affaire avec la Lionne ? Etait-il assez idiot pour s’être épris d’elle en plus de l’avoir déshonorée, au point de ne pouvoir que se forcer à complimenter sa propre épouse ? Lady Walda ou sa chambrière, comme il s’était défendu d’avoir fait quoi que ce soit avec la première… mais peut importait la nature de cette femme, clairement, si Tavish ne se montrait ni violent ni impatient, Melara pouvait voir que son amie était dérangée par cela. “C’est moi qui suis désolée de ne pas pouvoir vous aider d’une quelconque façon à mieux vivre cette union que vous ne réclamiez point… A part lui donner cet héritier qu’ils attendent tous…” Elle fit une pause en secouant le visage. “Si une autre idée me vient, je vous la partagerais, promis.” Mais à l’heure actuelle, son expertise s’arrêtait bien là.

Alors Melara avait abordé un nouveau sujet, celui de l’autre Storm d’Arstan, celle dont les armes brisées étaient restées intactes, mais qui ne se comportait pas moins comme une lady à Bourgfaon. Cette dernière avait par le passé chercher à se montrer aimable avec Melara pour gagner son amitié. Cette dernière lui avait simplement répondu qu’elle n’en avait nul besoin, ce qui avait eu le don de vexer la sotte. Elle imaginait que Shyra aurait cherché à reproduire le schéma ici aussi, à moins qu’une certaine jalousie n’ait envahi son coeur de bâtarde suite au mariage de son frère, après tout, rien était à exclure. Et même s’il était possible que Shoren n’en ait rien à faire de l’amitié de Shyra dans le fond, nul doute que la jeune femme était sensible aux amabilités. Néanmoins la réponse de la chevêchette fut claire et tira un pouffement amusé à la Cole, après une fraction de seconde dédiée à la surprise. “J’imagine qu’elle a dû grandement apprécier… Madame a ses susceptibilités…” ajouta-t-elle avec un regard complice pour son amie. “La honte est donc inexistante chez Lord Arstan ? N’en a-t-il donc rien à faire de l’avis de notre suzerain sur… les naissance hors-mariage ?” Elle était fière d’avoir réussi à prononcer autre chose que bâtard. Même si le seigneur de Bourgfaon était un hôte plutôt agréable, elle ne parvenait jamais à le comprendre. “Au moins, on comprend d’où sa fille tient son audace.” ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel. “A quelle famille a-t-elle prétendue appartenir alors ? Elle se disait pleinement Cafferen ?” Certains auraient pu s’amuser à faire un parallèle entre le mensonge de Shyra et le sien, mais Melara n’y songea même pas, tant il était évident à ses yeux à quel point les situations étaient différentes, et surtout les motivations des deux parties.
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Bourgfaon, 302, lune 8, semaine 4
@Melara Cole et @Shoren Cafferen

Bien trop perceptible est-il, ce malaise de son amie lorsque'il est employé, ce terme si peu élogieux et pourtant si réel pour désigner le faon. Ce terme auquel même aujourd'hui, elle a encore bien du mal à s'y faire, et encore plus à l'accepter - pourtant, a-t-elle déjà eu bien plus de lunes pour chercher à y parvenir que ne l'a son amie. Et pourtant, peu importent son propre ressenti à ce sujet, peu importe son opinion pour ces enfants nés hors mariage, ces incarnations en chair et en os de la faiblesse et des péchés de certains. Après tout, de sa position à son sujet, tout le monde s'en fiche. Non, désormais, faut-il qu'elle pare les attaques portées sur cette tache ineffaçable accolée au nom de son époux. Au nom que, un jour, porteront également ses enfants, si les Sept décideront de bénir cette union - et autant dire, les chances sont-elles faibles, car nul et inexistant est à leur yeux ce lien maritial qui l'unit au faon. Mais voilà des réflexions qu'elle préfère garder pour elle, ne souhaitant nullement encombrer l'esprit de son amie de par ses inquiétudes. Non, à la place, se contente-t-elle d'adresser un sourire à cette dernière, un si faible étirement de ses fines lèvres, et dont pourtant, elle espère que son amie en saississe le message. Que si peut-être elle n'apprécie point cette éclabousse des origines si peu flatteuses qui, depuis leur mariage, se sont également greffés à son nom, elle ne peut pourtant point en vouloir à Melara d'utiliser ces mêmes mots que, il y a quelques lunes à peine - non, semaines même - elle utilisait encore elle-même au sujet du faon. Avant que l'on ne l'a forcé à abandonner son plumage pour endosser le pelage éclaboussé des faons. Mais si son nom inéluctablement la lie à Bourgfaon et aux faons y habitant, ce n'est point au lieux en lui-même qu'elle se trouve enchaînée, la chevêchette, mais bien plus à l'héritier nouvellement nommé des faons, comme l'a si adroitement souligné Melara. Alors oui, elle peut parfaitement demander à rendre visite aux siens - mais si elle imagine déjà qu'une telle demande nullement ne ravira les faons tant qu'un nouveau faon ne grandit point en son ventre, sur un point plus pratique, veut-elle réellement revoir Michael et son sourire satisfait, attendant sans doute même qu'elle le remercie pour une telle alliance ? Cela, jamais ne le fera-t-elle, et déjà sait-elle que sur tout retour à Bosquebrume l'ombre de cette alliance pronera - la vie, décidemment, à un bien étrange sens de l'ironie, si une union faite dans la lumière des flammes est en mesure d'ainsi tant assombrir bien des relations! Certes, Bosquebrume n'est-elle point la seule destination si elle souhaite voir les siens.

« Il est vrai qu'il me plairait de revoir ma famille. De revoir Mary... »
avoue-t-elle, songeuse, avant de se mordiller les lèvres face à une telle confession. Ne s'est-elle point promise de ne pas montrer toutes ces difficultés qu'elle éprouve à s'adapter à cette nouvelle vie qu'est la sienne ? Et pourtant, c'est bel et bien ce qu'elle est en train de faire à ce moment précis. Tentant d'au moins voiler toute l'étendue de ce mal de pays qu'est le sien, elle s'ajoute, un sourire quelque peu mélancholique de dessiné sur ses lèvres: « Mais sans doute est-ce mieux de retarder un tel voyage de quelques lunes encore - Mary attend-elle son second enfant, et mieux vaut-il ne point rester trop longtemps dans une même pièce qu'elle: ses humeurs, lorsqu'elle est enceinte, sont des plus changeantes, et risque à chaque instant de devenir une cible. » Un léger rire franchit les lèvres de la chevêchette, alors que son esprit lui peigne la réponse que serait celle de la chouette aînée à une telle insinuation. Et pourtant, malgré cet amusement momentané, de tristesse son regard se voile, pensant à cette famille de laquelle, pour la première fois de sa vie, elle en est séparée. Oh, certes, Mary a-t-elle quitté le nid il y a quelques années déjà, et pourtant, la savoir chez elle dans un domaine si proche du leur a aidé à la petite chouette de supporter la séparation. Mais maintenant… maintenant, la retrouver n’est plus uniquement une affaire d’une journée, mais bien de semaines. Pinçant ses lèvres pour empêcher qu’elles ne tremblent à une telle pensée, la chevêchette s’empresse de prendre de nouveau paroles, comme pour ainsi mieux camouffler ses véritables émotions. « Il y a également le mariage de l’ainée des jumelles Rogers auquel je pourrais certainement revoir bon nombre des membres de ma famille, épouse-t-elle le frère de mon beau-frère – mais je ne saurais pourrais à une autre de ces masquarades de charlatan que certains se plaisent à appeler cérémonie. Une seule de ces farces a bien été suffisante pour une vie entière. » Non, lors d’une telle cérémonie, mieux vaut-il qu’elle figure parmi les absents, plutôt que de ruiner tout lien qui l’unissait aux Rogers de part une crise de rire en pleine cérémonie – après tout, a-t-elle déjà eu échoué à garder son calme lors de cette farce de cérémonie qu’a été son mariage, alors comment peut-on s’attendre à ce qu’elle puisse rester là, lèvres closes et mine sérieuse, à écouter un tel délire une seconde fois ? « Peut-être pourrais-je rendre visite aux miens d’ici une lune ou deux, afin de rencontrer mon neveu ou nièce à naître. » ajoute-t-elle, songeuse et pourtant bien décidée d’aborder ce même sujet avec le faon lorsque l’occasion se présenterait. S’il accepterait la voir entreprendre un tel voyage si peu de temps seulement après leurs noces, elle l’ignore – et pourtant, est-elle persuadée déjà que le jeune faon serait plus facile à convaincre que l’austère tête de la maisonnée. Ser Arstan ne pouvait apprécier la voir partir, représente-t-elle l’espoir de voir cette lignée presque éteinte se poursuivre. Pas tant qu’elle n’aura su donner un héritier du faon – ce qui, sans aucun doute, ne se produira jamais. Après tout, pourquoi les Sept béniraient une union qui, à leurs yeux, n’existait point ? Au moins, Melara n’aura point à partager de telles craintes, son union à elle se déroulant devant les véritables Dieux. Dans un vrai septuaire, avec dignité - et non pas exposée aux éléments, à devoir craindre de voir sa robe prendre feu dans une rite barbare. « Je doute mériter de tels éloges de votre part – vous ne pouvez vous imaginer à quel point je vous envie, en ce moment même, du fait que vous allez célébrer votre union devant les véritables Dieux, lors une cérémonie digne de votre rang, et non pas exposée au froid, lors d’une cérémonie tout au mieux adaptée pour des barbares… » Et si elle parvient à prononcer ces paroles accompagnées d’un sourire, l’amertûme que toujours ressent la chevêchette face à cette dégradante cérémonie, elle, n’est pas moins présente.

Mais ont-elles déjà bien assez parlé d’elle, et l’humiliante masquarade qu’a été son union avec le faon est loin d’être un sujet sur lequelle elle souhaite s’étendre, la chevêchette. Non, l’union future de Melara, et surtout le promis de cette dernière, sont un sujet bien plus intéressant aux yeux de la chevêchette – bien que certainement moins joyeux qu’elle n’eut pu le croire suite à la première description faire par la jeune Cole, la présence de la némesys de cette dernière à Noirport jettant une ombre non négligeable sur tout espoir qu’elle ait pu avoir pour son avenir.   « Peut-être Ser.. Un court instant hésite-t-elle, la chevêchette, sur le nom de l’héritier des Manning. … Arys intercédera-t-il pour maintenair la paix sur ce toit qui un jour sera sien ? Tous les époux ne prennent point nécessairement le parti de leur épouse dans de telles situations. continue-t-elle, étalant là le savoir accumulé au cours des dernières semaines. Le faon, lui, semble bien décidé à se tenir en dehors de toute tension existant entre la chevêchette et sa ‘belle-soeur’ – alors peut-être Ser Arys ferait-il de même ? Peut-être Ser Arys fait-il parti de ces hommes là ?  Bien que cela peut-être est-ce trop optimiste, s’il accepte son déshonneur…» Bien difficile est-il, pour la cadette des chouettes, de conseiller ou du moins, rassurer, son amie, les divers membres de la famille Manning lui étant encore inconnus. « Mais vous avez évoqué ce désir de voyager que vous partagez avec votre fiancé, sans parler même de votre amitié avec la princesse – peut-être une vie à la Cour, ou auprès de cette dernière serait une option ? Ainsi, vous n’auriez guère besoin de voir votre belle-soeur au jour le jour. » Une option qui, en vue de la confession de Melara, devait certainement lui sembler des plus enviables – du moins, semble-t-elle l’être pour la chevêchette, qui, elle, apprécierait bien ne point devoir voir au jour le jour cette batarde se promener à Bourgfaon telle une princesse dans son royaume. « Après tout, rien ne retient votre époux au domaine familial, si la descendance de son frère est assurée. » Et cela semble bel et bien être le cas, Melara ayant évoque l’accouchement de l’épouse Manning… « Peut-être se plaira-t-il au service d’un suzerain ?  » Elle tente, la chevêchette, tente de dessiner un avenir différent pour Melara que celui d’être enfermée sous le même toit que sa némesys. Et en vue de l’éloquence de son amie, nulle doute ne persiste que cette dernière parviendra à convaincre son futur époux de quitter avec elle la demeuse des Mannings – si tel est son désir.

Mais se lancer dans de telles supositions, dans de telles descriptions d’un avenir différent, cela est facile pour la chevêchette – bien plus difficile est-il pour elle que de donner conseil à son amie sur les meilleures manières de séduire son époux. Malgré plusieurs semaines de mariage déjà, n’est-elle encore que trop novice dans ce domaine, se contentant d’accepter les avances de son époux – et ce déjà avec bien plus de grâce que durant les premiers jours de leur union, commençant même à les trouver agréables. Mais pour ce qui est de la séduction, ou même le simple fait d’amadouer le faon de par quelques minauderies… en cela, elle n’a que trop peu d’espoir. Son ignorance dans ce domaine ne lui aidant point – et même dans le cas contraire, aurait-elle certainement eu bien peu d’espoir à y parvenir, les hésitations du faon avant de trouver un compliment à lui faire n’étaient que trop profondement inscrits dans l’esprit de la chevêchette pour qu’elle ne les oublie. « Vous êtes trop gentille. » L’indignation de son amie face à l’aveu qu’elle vient de lui faire au sujet du faon dessine un léger sourire sur les lèvres de la chevêchette. Si cela lui est douloureux d’ainsi savoir que son physique semble tant déplaire à son époux que ce dernier devait se forcer pour trouver un compliment à lui faire ? Bien sûr que oui, elle est assez femme, et assez coquette pour que cela ne la laisse point indifférente. « Je suis consciente de ne point avoir la beauté de ma cousine, ou la vôtre. Ni le charisme de ma soeur. » Elle est jolie, certes, ou du moins est-ce là ce que d’autres lui ont dit, possédant cette attraction que confère la jeunesse – mais elle n’est point assez narcissique pour croire qu’elle pourrait rivaliser en beauté avec son amie. « Ce ne serait point la première union dans laquelle les époux ne se plaisent guère. Je finirais par m’y faire - ajoute-t-elle du ton du plus neutre qu’elle ne puisse, tentant de ne point révéler une autre de ses craintes : dans ses circonstances, combien de temps s’écoulera-t-il avant que le faon ne cherche distraction dans d’autres bras, auprès d’une femme attisant d’avantage ses désirs ? Après tout, l’inconstance des hommes point n’est un secret – et épouse bafouée, l’est-elle déjà aux yeux du monde, en vue des rumeurs circulant au sujet du faon et de Lady Walda. Et si elle cherche à croire le faon lorsqu’il dément tout fondement de cette rumeur, ne peut-elle s’empêcher de se demander combien de temps s’écoulera-t-il avant que de telles rumeurs ne deviendront réalité ? D’une voix bien plus saracstique finit-elle par ajouter : - et puis, pour ce qui est des compliments, il s’améliore : désormais les dit-il sans hésitations révélatrices. »

Et pourtant, alors que Melara tente de rassurer son amie sur son avenir à Bourgfaon et aux côtés du faon, la jeune orageoise une fois de plus met un pied dans le plats, évoquant là un autre sujet des plus sensibles aux yeux de la chevêchette : celui d’un héritier pour la famille Cafferen. A cette simple mention déjà, les lèvres de la cadette des chouettes se pincent, et cette fois, elle ne peut retenir ses craintes. « Encore faut-il que les Sept décident de bénir cette union – mais comment le pourraient-ils, puisqu’à leurs yeux, elle n’existe point ? » Certes, l’existance même du faon, et de ses armoiries brisées désormais ressoutes, est-elle preuve que la Mère point uniquement bénie les mariages célébrés à la lumière des Sept – mais l’existence des bâtards n’est-elle pas une punition également pour les péchés de chair commis par certains ? Péchés que, d’une certaine manière, elle comment également, partageant le lit d’un homme qui point est son époux aux yeux des seuls véritables Dieux…

Un péché don’t est d’ailleurs issue cette batarde aux caractère si intolérable aux yeux des deux jeunes amies, et qui, que trop rapidement, se trouve évoquée par ces dernières. « Que m’importe qu’elle apprécie ou non. Un jour, se devra-t-elle bien faire à sa condition – mais aussi honorable que soit Lord Arstan, il a tendance à traiter telle une princesse celle qui pourtant est née batarde… alors n’est-il point étonnant que l’humilité est inconnue à elle. » Sans doute aurait-elle pu tolérer la présence de cette dernière, si celle-ci ne se comporterait point en Dame de ces lieux. « Mais le seul fait de se prétendre être une dame au mariage de notre Suzerain en dit déjà si long sur son caractère. » Après tout, de Dame, Shyra n’en avait uniquement le désir de l’être, point plus. « Mais oublions ce facheux sujet, la Storm ne mérite point tant d’attention de notre part, et ce sujet ne ferait que gâcher notre sortie. Parlons plutôt de votre mariage. Une date a-t-elle déjà été fixée, maintenant que vous avez rencontré votre fiancé ? Et avez-vous déjà songé à la robe que vous porterez ? »

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HRP: désolée pour l'immense retard The eyes see true {Shoren} 3663664295
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« Bourgfaon | 302, lune 8, semaine 4 »

Un doux sourire s’affiche sur le visage de Melara à l’évocation du nom de Mary. Bien qu’elle n’ait jamais été proche de la sœur aînée de Shoren, elle la sait surtout mariée à Blurd Mervault. Un homme qu’elle aurait pu avoir en horreur justement à cause de ses origines et qu’elle avait d’ailleurs passé plusieurs années à maltraiter en public, mais qui avait su gagner son coeur et devenir synonyme de famille et d’espoir chaque fois qu’il débarquait à Havrenoir. Elle ne l’avait pas revu depuis le tournoi de Lestival, cela ferait un an dans quelques semaines. Elle aurait aimé pouvoir le revoir avant son mariage et son départ pour Noirport puisqu’une fois nommée Manning, la possibilité de le revoir serait encore plus amoindrie. “J’ai invité votre soeur et son époux à mon mariage. Je n’ai pas encore reçu de réponse de leur part, mais j’espère qu’ils seront des nôtres pour l’heureux événement. Cependant, si vous vous aventurez vers Grain-la-Pluie d’ici là, ou bien qu’ils vous rendent visite à Bourgfaon, est-ce trop vous demander que de me le faire savoir ? Il me serait plaisant de les revoir aussi.” avoua-t-elle doucement. Blurd avait été une partie de sa famille pendant toutes ces années, au même titre que Béric ou Ilyana et elle ne le reniait plus. Mais Shoren semblait dire que cela n’arriverait pas compte tenu de la grossesse actuelle de l’épouse Mervault. Le sourire de Melara se fit plus franc encore alors que son amie évoquait ensuite les Rogers. Elle avait également était invitée par Alyssa, mais avec son voyage jusqu’à Noirport, il lui semblait qu’elle ne pourrait être dans les temps pour y assister. D’autant plus que comme le précisait Shoren, ce mariage serait célébré devant R’hllor et non pas les Sept. Le sourire devint contrit et le regard sur son amie peiné alors qu’elle ne lui souhaitait pas de revivre la mascarade dont elle avait déjà tant souffert. “Il est probablement trop tard pour vous y rendre maintenant, de toute manière ?” Elle savait que l’union avait lieu la prochaine lune mais ne se rappelait plus de la date initialement prévue. “Mais ne vous en faites pas, il y aura d’autres occasions, j’en suis certaine.” reprit-elle d’un ton qui se voulait confiant. Après tout, comme elle l’avait évoqué, la grossesse de Mary connaîtrait un terme et elle aurait alors tous les droits de prétendre à une visite à son aînée. Elle ne put cependant soutenir son regard lorsque Shoren la qualifia de chanceuse de connaître une union célébrée devant les Sept. La chevêchette avait raison sur ce point, mais quel bien cela faisait-il de confirmer la chose ? Et elle ne pouvait décemment pas trouver du positif à prier le Dieu Rouge pour apaiser la peine de son amie. Elle fut tentée l’espace de quelques secondes d’évoquer une mort prochaine pour Tavish, libérant alors Shoren de sa promesse, lui permettant de briguer une meilleure union pour elle-même, mais même elle savait à quel point cette remarque aurait résonnée de manière lugubre. “Je suis désolée.” souffla-t-elle seulement, les yeux toujours rivés sur les rênes fermement coincés entre ses gants de cuir.

Cependant, même bénie des Sept, son union n’en avait pas moins quelques désagréments et Melara accepta de les livrer à son amie. Outre la cohabitation avec Jyana, elle craignait vraiment que le jour où son époux prendrait la suite de son père, les choses n’en deviennent que plus compliquées à Noirport pour elle. Shoren tenta de dédramatiser la chose en soufflant un peu d’espoir sur la situation. L’épouse Cafferen parlait probablement d’expérience, avec ce qu’elle vivait actuellement entre les murs de Bourgfaon, mais elle n’était pas le sang d’Arys comme Shyra était celui de Tavish. Et les rapports entre Jyana et lui était bien différent de ce que lui avait décrit Shoren avec son époux. Elle secoua le visage avec vigueur. Elle savait que les intentions de Shoren étaient nobles, mais elle ne connaissait pas Arys comme elle. “Malheureusement la chute de Ser Arys lors du tournoi n’a pas dû vous laisser beaucoup l’occasion de le regarder ou suffisamment longtemps pour que vous puissiez voir de vos propres yeux les regards transis d’amour qu’il a constamment pour son épouse. Même après plusieurs années de mariage, même lorsqu’elle a commencé par lui donner une fille plutôt qu’un fils. Avant même que ce fils ne naisse. Non, Arys sera toujours du côté de Jyana, j’en suis persuadée.” Son regard s’était perdu sur l’horizon, alors qu’elle se remémorait toutes les scènes où elle avait pu les voir ensemble, se rappelant même du regard noir que Jyana avait eu pour lui lors de l’annonce de ses fiançailles avec Godric. Il était celui qui lui était soumis et non l’inverse. “C’est pourquoi il est important que je fasse le nécessaire pour faire naître et entretenir un tel amour, une telle loyauté chez mon propre fiancé…” expliqua-t-elle finalement. Cependant son commentaire suivant trouva tout de suite plus de résonance chez elle et enfin son regard retrouva la direction de la nouvelle Cafferen. “Il est vrai que cela serait l’arrangement idéal ! Je ne m’en cache pas. Mais je ne sais pas si c’est quelque chose que Godric voudrait réellement, il semble plus discret, moins à l’aise que son frère, bien que le désir ne semble pas lui manquer. Mais j’imagine que je pourrais probablement le convaincre progressivement.” dit-elle d’un air décidé. La cour pourrait être son refuge, et quel refuge ! Amplement à la hauteur de ses ambitions et de ses passions. Oui, Melara s’y voyait déjà ! Les plus influents seigneurs et dames, les personnes les plus intéressantes et fascinantes du Royaume, le tout sous le regard de sa très chère princesse. La situation là-bas serait idéale, Godric ne serait qu’à quatre jours de son fief… “Si cela se fait, je serais ravie de n’inviter que toi pour profiter du cadre…” ajouta-t-elle avec un sourire mesquin. Si certains avaient du mal à connaître leur place, cela serait un bon moyen de la leur rappeler.

Encore tendue par les révélations de Shoren quant à la difficulté qu’avait son époux à la complimenter, Melara ne put s’empêcher de faire claquer sa langue contre son palais en signe de réprobation alors que la chevêchette diminuait ses qualités physiques. “Allons, allons. Ne vous dénigrez pas de la sorte. Vous ne partagez pas mes origines myriennes, mais vous n’en êtes pas moins jolie comme un coeur. Et je vous assure que ce n’est pas mon amitié à votre égard qui me fait parler de la sorte.” Ses yeux d’onyx fixèrent un instant la jeune femme pour qu’elle ait bien conscience de sa franchise en cet instant. Il devait cependant reconnaître que différents goûts se trouvaient dans la nature et peut-être Shoren n’était pas ce dont Tavish rêvait, eut-il le droit de le faire, mais il n’était qu’un sale hypocrite s’il ne s’en trouvait pas tout de même heureux. “Quand bien même vous aurait-il préféré rousse avec un nez retroussé ! Il n’y a pas que sur votre physique qu’il peut vous complimenter. Il y a tant de choses à apprécier chez vous.” La voix de la Cole était un étrange mélange de bienveillance à l’égard de son amie et d’une colère qui trahissait son envie de bousculer le né-illégitime une fois de plus. Et une nouvelle fois sa langue claqua sur son palais tant sa désapprobation ne connaissait pas de fin.

La jolie brune se rendit compte ensuite qu’en évoquant une simple attente des jeunes femmes mariées, elle venait de causer une nouvelle fois de la peine à son amie. “Oh non, Shoren.” tenta-t-elle de se rattraper précipitamment. “Je ne disais pas cela pour vous spécialement. Votre mariage est tout frais, vous ne devez pas vous inquiéter de la sorte !” Il était vrai qu’il ne devait pas être rassurant de ne pas se savoir protégé par les Sept. De la même façon que, très probablement, lorsque l’enfant tant attendu serait là, il serait placé sous la protection de ce fameux Dieu de la Lumière et non pas des Sept encore une fois. “Lord Arstan et sa servante n’étaient pas non plus bénis par les Sept, pas même devant de Faux Dieux… Elle a tout de même reussi à lui donner deux enfants en bonne santé…” Pour une fois que leur naissance illégitime pouvait lui servir à défendre quelque chose d’un tant soit peu positif. “Accordez-vous un peu de temps. L’enfant prendra racine quand vous serez prête.” dit-elle encourageante, se rappelant alors des conseils prodigués par Ilyana à Victaria, quelques semaines après son mariage aux Dondarrion, alors qu’elle désespérait déjà de voir son ventre gonfler. “Les Sept savent que vous n’y êtes pour rien dans tout cela.” Elle s’approcha une nouvelle fois pour poser sa main sur celle de Shoren, avec un dernier sourire encourageant.

Heureusement, le discours se fit un peu plus léger et unificateur alors qu’elles évoquaient ensemble Shyra Storm, la bâtarde haute en couleurs qui vivaient à Bourgfaon comme une véritable princesse de l’Orage, avant même la conquête des Targaryen et des Durrandon. Encore des valeurs de vies qu’elle ne partageaient pas avec Lord Arstan. “Dommage que l’envoyer chez les Septa ne soient plus une possibilité…” répondit alors Melara avec humour. Evidemment, elle n’imaginait ni le père, ni le frère transis d’amour pour leur soeur en venir à une telle décision, qu’il s’agisse d’une entité pour les Sept ou le Dieu de la Lumière d’ailleurs, bien que l’idée méritait d’être évoquée à son sens. “Peut-être peut-elle être envoyée à Asshaï-lès-Ombres pour y suivre un apprentissage de prêtresse sinon ?” proposa-t-elle toujours sur la même intonation moqueuse. Il n’y aurait plus personne là-bas pour la traiter comme une princesse ! Malheureusement, elle ne voyait pas d’autres possibilités qui auraient pu emmener Shyra loin de Bourgfaon. A moins que Arstan ne soit complètement tombé sur la tête, elle n’épouserait jamais un noble d’une autre région, elle ferait probablement sa vie avec le cordonnier du bourg, restant à Bourgfaon jusqu’à la fin de ses jours. De quoi angoisser Shoren, Melara en convenait aisément. Mais elle ne dit rien de plus, accédant à la requête de son amie de ne pas lui consacrer plus de temps qu’elle n’en méritait dans leur conversation. Le rouge revint légèrement sur les joues de la jeune Cole alors que le sujet de son mariage revenait au coeur de leurs échanges. “Oui ! Le voyage a aussi servi à préciser la date exacte. Le mariage aura lieu la dernière semaine de l’année, pour conclure l’année sur un événement festif et commencer la nouvelle année déjà mariée. Nos pères ont appréciés la symbolique.” précisa-t-elle en levant les yeux légèrement au ciel en repensant à l’étrange amitié qui s’était forgée à une vitesse folle entre les deux hommes. “Quant à ma robe, je dois reconnaître que je n’y ai pas passé le temps qu’une future mariée devrait habituellement y consacrer. J’ai tellement voulu que ce jour arrive pendant des années à Havrenoir, avant de me faire à l’idée que Béric ne m’engagerait auprès d’aucune famille sous mon autre identité… J’avais renoncé à ce que ce jour arrive. Même si je rêverais qu’elle soit splendide et fasse oublier celle de ma future belle-sœur par exemple, je crains que nous n’en ayons pas les moyens. Il y a déjà ma dot à payer et il faut penser à la construction de Neucarmin dès que l’hiver s’en sera allé. Je demanderais à ma mère si elle possède une robe myrienne blanche, sur laquelle nous pourrions retravailler pour la rendre un peu plus westerosi…” réfléchit-elle à voix haute. Melara aurait aimé pouvoir interroger Shoren sur sa propre robe, mais elle craignait de mettre à nouveau les pieds dans le plat si elle le faisait.
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Bourgfaon, 302, lune 8, semaine 4
@Melara Cole et @Shoren Cafferen

« Ô, mais j'ignorais que Mary et Blurd font également partis de vos invités. » laisse-t-elle échapper, la chevêchette, et point besoin y a-t-il d'ajouter à quel point cette nouvelle lui plait. La perspective seule de pouvoir laisser derrière elle ce lieu où elle ne se sent que trop peu à la place pour rejoindre son amie et d'autre nobles de leur rang déjà est des plus satisfaisante, mais si de plus, cela lui permettrait également de voir sa chère sœur, alors là, ce ne serait que meilleur encore. « Bien sûr que je vous en informerais si j'en apprends d'avantage ! J'avais d'ailleurs prévu de lui écrire aujourd'hui même, car je n'ai toujours point reçu de nouvelles de la part de ma sœur depuis son départ d'ici, il y a quelques semaines déjà - et j'avoue m'inquiéter pour elle. Sa grossesse est déjà si avancée, et un tel voyage en plein hiver... » La fin de sa phrase reste en suspens, mais elle sait parfaitement qu'elle n'a point besoin de formuler cette pensée à voix haute. Presque trois semaines dure le trajet de Bourgfaon à Bosquebrume - un peu moins celui jusqu'à Graine-de-Pluie si la chevêchette se souvient bien des dires de son beau-frère, qui ont fait une partie de ce trajet du moins en bateau. Dans tous les cas, devraient-ils déjà être rentrés au domaine des Mervaults - alors pourquoi ce silence ? « Enfin, certainement n'est-ce rien et je m'inquiète bien trop facilement. » finit-elle par ajouter, la petite chevêchette, voulant se montrer forte. « Si ce n'est point trop indiscret, quels seront vos autres convives pour votre mariage ? » Est-ce là un rapide changement de sujet, destiné à la fois à faire taire ses inquiétudes tout en assouvissant sa curiosité.

De toute évidence, la discussion sur les mariages aujourd'hui s'éternise: du mariage futur de Melara, c'est vers une toute autre union que leur conversation se dirige. Une union célébrée devant le maudit feu auquel les égarés adressent leurs prières. « Peut-être bien, oui. » avoue-t-elle. Peut-être est-il en effet trop tard déjà pour se rendre au mariage de ancienne voisine. « Je dois avouer que j'ai encore bien du mal à me représenter les distances - dans mon esprit, Amberly semble toujours être qu'a quelques journées de cheval. » Peut-être est-ce là une preuve que toujours le cœur de la chevêchette demeure toujours dans le nid des chouettes - qui, contradictoirement, alors qu'Amberly lui semble toujours plus proche, lui semble tellement loin. Et pourtant, si courtes ont été, aux yeux de la chevêchette, ces trois semaines qu'il a fallu aux Mertyns pour venir jusqu'à Bourgfaon. A cet époque, chaque heure, chaque jour, qui d'avantage la rapprochait du faon et de ce lieu qu'elle devrait appeler 'maison' filait bien trop rapidement aux yeux de la chevêchette. Mais dans l'autre sens... sur ce point, la petite chouette préfère ne point y songer. Certainement la naissance à venir d'un petit neveu ou d'une petite nièce lui donne une raison tangible pour entreprendre de nouveau un tel voyage - et pourtant, n'est-elle que trop consciente que les faons point ne seraient ravi face à une telle demande. Une lune à peine s'est-elle écoulé depuis son mariage, alors n'est-il point approprié de déjà demander à s'absenter de son époux et du domaine dont elle est désormais la Dame pour au moins deux lunes, comme l'aller et le retour déjà lui prendraient six semaines. Non, ce souhait, il va falloir l'enfuir dans son esprit pour quelque temps encore.

La remarque de son amie rapidement fait sortir la chevêchette de sa légère mélancolie dont la seule mention de la famille des chouettes et leur nid les a plongé. Et face à ces mots aussi peu nombreux qu'ils sont lourds en sens, elle ne peut rester de marbre. Doucement, approche-t-elle sa monture de son amie, et lorsqu'elle se trouvent en botte-à-botte, pose-t-elle pour un court moment sa main sur celle de cette dernière. « Ne vous excusez pas, mon amie. Il est vrai que cela me peine d'avoir du me marier devant un de ces charlatans - mais cela ne change rien au fait que je suis heureuse pour vous. Vôtre époux semble tout à fait charmant selon votre récit, et qu'en plus, il partage également votre foi. Vous plus que quiconque méritez bien cela. » Encore aujourd'hui, y a-t-il dans les yeux de Shoren une pointe de cette admiration qui a marquée leur première rencontre, cette admiration pour cette amie bien plus raffinée et plus belle qu'elle ne le serait jamais.

Mais rapidement, les paroles de son amie bien vite lui rappellent deux choses: premièrement, que même une telle union, célébrée devant les Sept avec un fiancé jugé plaisant n'est point toujours sans complications. Et deuxièmement, que ce n'est apparemment que trop souvent c'est l'ombre des belles-soeurs qui vient ternir les débuts d'un. « Hélas, je n'ai pas pu le voir au tournois, ma famille ne s'y étant pas rendu. » Une autre décision à laquelle elle a si mal réagit à l'époque, sans se rendre compte à ce moment précis que le libre cours qu'elle a laissé à sa colère ce jour là n'a certainement fait que précipiter la décision de son oncle de la marier rapidement - après tout, à peine quelques lunes plus tard lui a-t-il annoncé ses fiançailles avec le faon aux armes reforgées. « Mais même s'il est aussi amoureux de son épouse que vous le dites, peut-être ne prendra-t-il point parti ? Même si la situation ici est certainement des plus différentes, Tavish semble s'efforcer de se tenir en dehors de tout touchant à ma relation avec sa sœur. Et pourtant, il semble aimer la bâtarde. » Aimer la bâtarde, mais pas elle - mais que peut-elle espérer d'autre d'un mariage arrangé par la raison et non du cœur ? Et puis, n'est-elle point non plus amoureuse du faon, bien que depuis cette dispute ayant rythmée la première semaine de leur mariage, doucement elle commence à lui trouver des points positif aussi. Même si elle doit avouer que, parfois, elle apprécierait bien une intervention de Tavish ou même Ser Arstan pour remettre la bâtarde à sa place - car il n'est que trop clair que cette dernière point ne reconnait son rang, tout comme la chevêchette est consciente qu'elle n'a elle-même qu'une infime marge de manœuvre face à sa belle-sœur insupportable. Du moins, si elle ne souhaite point se mettre à dos son  époux ainsi que son beau-père.  « Ce que je cherche bien maladroitement à dire est : gardez espoir. Peut-être Ser Arys ne souhaitera-t-il pas prendre de parti, encore moins si cela implique également de risquer de trouver dans le camps opposé de son frère. » Sur ce point, elle ne peux qu'essayer de rassurer son amie, car trop connait-elle de ce Ser Arys ou même de son épouse pour réellement être en mesure de parler en connaissance de cause. Du moins, Melara n'aura-t-elle point de mal à gagner le soutien de son époux, de ça, elle en est persuadée, la petite chouette.  « Et tu peux également compter sur moi pour venir te soutenir si cela te semble trop pénible. » ajoute-t-elle, la chevêchette, un léger sourire dessiné sur ses lèvres. Certes, Melara a-t-elle certainement la langue bien plus acérée qu'elle, et certainement nullement besoin de son aide, mais tout de même, elle souhaite lui rappeler qu'elle a en elle toujours une amie sur laquelle elle pourrait compter en cas de besoin.

Tout comme, de toute évidence, elle peut toujours compter sur Melara pour chercher à la rassurer sur son mariage à elle - et même si cette dernière n'apprécie point le faon, ou justement parce qu'elle ne l'apprécie pas, prouve-t-elle être une excellente amie, à rassurer la petite chouette de la sorte. « Oh, parfois il s'efforce de me faire des compliments... » avoue-t-elle, pensant notamment à leur nuit de noce, ou le faon certes lui a fait des compliment, mais que, dans son angoisse, elle n'ait point cru en ces derniers. « ... mais lorsque nous nous sommes revus ici, pour la première fois après l'annonce de nos fiançailles, il a tant hésité avant de trouver chose à me complimenter que depuis, je peine à croire en sa sincérité lorsqu'il m'adresse de telles paroles. » Non, certainement ne doit-elle point plaire à son époux, et si cela la peine, c'est pourtant là bien une chose à laquelle elle devra se faire - et puis, ne peut-on point dire qu'elle est absolument ravi de cet époux que lui a imposé son oncle. Certes, possède-t-il un certain charme, mais ce dernier ne saurait effacer la tache qui prône sur son nom, ou même le fait qu'il est de ceux plaçant leur confiance dans ces charlatans rouges. « Mais qui sait, peut-être devriez-vous lui donner une liste des points sur lesquels vous pensez que je mériterais d'être complimenté - peut-être alors ses compliments sembleront-ils moins forcés. » ajoute-t-elle sur le ton de plaisanterie, dans l'unique espoir de dédramatiser un peu la situation. Après tout, n'est-ce point là chose courante, que les mariés ne se plaisent guère ? Certes est-ce une chose que l'on ne souhaite point voir se produire dans son propre mariage, mais sur ce point il n'y a pourtant rien qu'elle puisse faire, la chevêchette.  Si ce n'est accepter ce que les Sept semblent avoir choisi pour elle. Tout comme elle a du subir cette humiliante cérémonie de mariage, et qu'elle doit toujours subir ces doutes au sujet de leur union. « Mais n'est-ce point là différent ? Dans une telle... relation... n'est-ce point la chose que l'on préférerait généralement éviter, l'arrivée d'enfants - alors que cette fois-ci, les Cafferen attendent désespérément un héritier... » Ne serait-ce point là une sorte de punition des Sept, ce ventre rebondit qui dévoile le pêché au monde entier ? Mais dans son cas à elle, où le besoin d'enfants et héritiers sont la seule raison pour cette union - une union n'existant point d'ailleurs aux yeux des Sept - ne serait-ce point logique que la Mère refuse de bénir cette cohabitation ? Ces questions ne cessent de préoccuper l'esprit de la petite chouette, et certainement continueront à en faire ainsi jusqu'à ce que son ventre s'arrondisse- si cela devrait un jour se faire. Ce n'est pas pourtant qu'elle rêve désespérément d'avoir elle-même des enfants, mais bien plus qu'elle craint l'opposé, ce qui arriverait si elle ne parviendrait point à en avoir.  Sauf que ce ne sont point là des craintes dont elle souhaite accabler l'esprit de son amie.

Surtout que l'éventualité d'un mariage sans enfants n'est pas la seule chose qui pèse sur l'esprit de la chevêchette, comme son amie ne l'a que trop bien remarqué déjà. Il y a également cette arrogante "belle-soeur", cette bâtarde pourrie gâtée se prenant pour véritable une princesse. « L'envoyer chez ces fanatiques ? Pour qu'en revenant un jour, tout le monde ici n'est que plus encore à ses pieds ? Je ne crois pas, non. » Oh non, voilà ce qui est bien hors de question ! « Peut-être se trouvera-t-il un chevalier qui n'est point issu de la noblesse et ne sera donc point trop regardant sur ses origines - du moins si la dot lui permettrait d'acquérir une parcelle de terre. Préférablement loin d'ici. » Oui, peut-être est-ce là la meilleure solution ? Ainsi, la chevêchette n'aura-t-elle point à subir au jour le jour l'arrogance de la bâtarde... mais déjà faudrait-il trouver un tel homme, sans même parler de convaincre le faon et son père de laisser partir l’ingrate. Mais sur ce point, le pouvoir de Shoren n'est que trop peu limité: car même si elle parvient à trouver un tel homme, faudrait-il encore qu'elle parvienne à convaincre le faon des avantages d'une telle union - et autant dire que sur ce dernier point, elle ne pense point être en position de réussir, le faon écoutant bien plus encore aux dires de sa sœur qu'à ceux de son épouse, et cela ne semble point prêt de changer.

Mais déjà ont-elles consacré bien plus de temps et de pensée à Shyra que cette dernière le mériterait, alors s'empresse-t-elle, la chevêchette, de ramener leur conversation vers de bien plus palpitants sujets - même si ces derniers font monter le rouge aux joues de son amie. « Une nouvelle année pour débuter une nouvelle vie - c'est en effet une belle symbolique. » confirme-t-elle, un sourire dessiné sur son visage. Comme quoi, contrairement au Rapace, son oncle, certains semblent accorder attention à bien plus de détails qu'à simplement se défaire de la présence d'une nièce gênante. Et pourtant, ce court moment où remonte l’amertume que toujours elle ressent vis-à-vis de son oncle, est rapidement oublié lorsque la chevêchette réalise que, de part sa question certainement trop naïve, elle a sans doute mis dans l'embarras son amie. Après tout, qui apprécie devoir parler, même devant une présence amicale, du manque de moyens de sa famille ? « Je suis certaine que, peu importe ce que vous porterez, vous allez être une mariée absolument sublime. » Et sur ce point, n'a-t-elle point le moindre doute. « Peut-être votre mère possède-t-elle encore sa propre robe de mariée, que vous pourriez retravailler et y broder les couleurs de votre maison ? Cela doit avoir quelque chose de rassurant également de porter les vêtements d'une personne à laquelle on tient. Pas que je pense que vous allez avoir besoin d'être rassurée, je vous assure. Vous êtes certainement une des personnes les plus sûres d'elles que je connaisse. » ajoute-t-elle, un sourire en coin, car c'est bien là un trait qu'elle admire chez son amie. Son assurance - là où la chevêchette souvent ne peut que feindre d'être à ses aises en se voilant d'un masque de fierté, Melara, elle, semble toujours être parfaitement à sa place.
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Melara ne put retenir un sourire particulièrement fière à la surprise de Shôren lorsqu’elle appris l’invitation également parvenue à sa sœur et son beau-frère. Si Jyana avait épousé Arys rapidement et en toute discrétion pour être certaine que personne ne vienne dévoiler son manque de vertu avant qu’il soit trop tard, la jeune Cole prenait un grand plaisir à savoir que son mariage serait plus somptueux que le sien et que les invités viendraient nombreux, d’un peu partout. Et surtout, que plusieurs membres de la famille royale seraient là si leurs obligations ne les retenaient pas ailleurs à la dernière minute. Elle hocha donc la tête avec vigueur pour confirmer son propos. “Capitaine Mervault est un ancien ami, même si je conçois que cela peut surprendre compte tenu de son statut… j’ai fini par m’y habituer.” conclut-elle, extrêmement satisfaite d’elle-même. “Les Mervault ont la peau dures, je suis sûre qu’il ne lui arrivera rien. Veillez à lui transmettre mes hommages en tout cas.” La frivolité s’était envolée et elle cherchait à présent à se montrer rassurante et encourageante. Son sourire revint cependant à la question de son amie. “Bien d’autres personnes ont reçu leur invitation mais je ne suis pas certaine de vouloir vous gâcher la surprise avant le jour j. Votre belle-sœur n’est pas sur la liste si cela peut vous rassurer… Sa tête n’est pas assez adaptée à la couronne si vous voyez ce que je veux dire.” Elle termina son propos avec un petit clin d’oeil complice à l’égard de Shoren.

Une nouvelle fois, la remarque de la jolie brune n’avait fait que piquer un peu plus la chevêchette là où elle souffrait déjà. Coupable, Melara pinça ses lèvres un instant, prête à se promettre de ne plus ouvrir la bouche si cela lui permettait d’éviter que cela se reproduise encore. “Je suis tellement désolée Shoren. Décidément, je ne sais pas comment vous souffrez de m’avoir pour amie. J’espère que vous savez au fond de vous que je ne cherche nullement à vous faire souffrir…” Il était vrai que c’était un de ses talents, évoquer des sujets l’air de rien mais en sachant parfaitement là où elle piquait. Elle ne s’était pas sentie aussi gourde et maladroite depuis son entrevue avec le Roi, ça n’était pas peu dire.

Shoren continuait de nourrir l’espoir que ser Arys ne puisse pas prendre partie entre Jyana et Melara, comme Tavish semblait faire des efforts pour ne pas prendre partie entre sa soeur et sa nouvelle épouse. La Cole grimaça à nouveau, puisque malgré les bons espoirs de la nouvelle épouse Cafferen, la comparaison ne tenait pas pour sa situation. “Shyra est sa sœur, quoi qu’il puisse dire ou faire, ils partageront toujours le même sang. Mais c’est vous qu’il a épousé, c’est avec vous que son avenir et celui de Bourgfaon doit se tracer. Je suis sincèrement heureuse d’entendre qu’au moins sur ce sujet là, son attitude ne manque pas complètement de discernement. Dans mon cas, Jyana a bel et bien le coeur de son époux, avec lequel je ne partage pas de sang… Je ne serais que sa belle-soeur. Peut-être par amour pour son frère sera-t-il capable de faire un effort dans la neutralité… mais même cela j’en doute. Les deux frères ne m’ont pas paru si complices que cela. Je crois qu’ils sont trop différents pour cela et qu’une certaine compétition est venue à naître entre eux. Cependant, j’espère avoir tort et un jour pouvoir vous dire que vous aviez raison sur ce sujet.” conclut-elle avec un triste sourire. Mais l’ombre de mélancolie s’évapora dès que Shoren eut de nouveaux mots encourageants, promettant de lui être un soutien indéfectible si besoin sur cette affaire. Melara tendit une main vers elle brièvement pour la serrer en remerciement. “Nos maris et belles-familles n’ont décidément qu’à bien se tenir.” ajouta-t-elle avec un léger éclat de rire, alors qu’elle cherchait à positiver, faisant référence à sa propre promesse faite un peu plus tôt.

La cavalière écouta attentivement toutes les remarques de son amie sur son mariage et le manque de confiance qu’elle avait vis à vis de son époux. Il en coûtait à Melara d’évoquer ce sujet, mais Shoren était son amie et il lui semblait important qu’elle soit au courant. Elle avait peiné à trouver le bon moment pour en parler, mais à présent, les mots de la née Mertyns ressemblaient à une perche tendue. L’occasion ne se représenterait peut-être pas alors Melara saisit l’instant. “Shoren. Nulle volonté de ma part de vous embarrasser, j’espère que vous me faites confiance sur ce point là mais…” Elle détourna le visage un instant, cherchant ses prochains mots avec soin mais ne pouvant s’empêcher de soupirer tant la tâche lui était inconfortable. “Je ne sais pas si vous êtes au courant et je déteste devoir être celle qui vous l’apprendra probablement mais… Il y a des bruits qui courent sur votre époux. Ils sont antérieurs à votre mariage et même à vos fiançailles  !” Elle se surprit à prendre la défense du Faon de la sorte, mais ça n’était finalement pas lui qu’elle défendait mais l’honneur de son amie. “Sa vertu n’est pas des plus exemplaires…” annonça-t-elle finalement la mine dépitée. Elle savait que ça n’était pas ce que la jeune femme avait envie d’entendre, mais si cela permettait de lui expliquer pourquoi elle ne pouvait pas le trouver sincère, peut-être ? Ne vallait-il pas mieux l’entendre d’une amie bienveillante plutôt que de bouches moqueuses finalement ? Elle se renfrogna néanmoins légèrement à l’idée de devoir s’entretenir en tête à tête avec le fameux époux dont il était question, même sur le ton de l’humour, mais elle répondit dignement. “Sa compagnie ne m’est pas des plus agréables et nul doute qu’il détestera entendre cela venant de ma part mais… Si vous me dites que cela vous permettrez de retrouver le sourire, alors j’irais !” Peut-être finalement était-ce le fait que Tavish détesterait qu’elle se mêle de leur couple qui rendrait cette entrevue si savoureuse. Puis la discussion se reporta sur la naissance d’un héritier et la bénédiction que les Sept avaient bien voulu accorder à Lord Arstan malgré l’absence d’union officielle. Melara haussa les épaules et secoua une main d’un air dépité. “Voilà bien longtemps que j’ai arrêté de chercher à comprendre votre beau-père. Lui et moi avons probablement la vision la plus opposée de ce que l’on est destiné à faire pour sa famille et ce qu’on sacrifierait pour elle … Alors quant à savoir ce qu’il avait à l’esprit en forniquant la fille du chenil…” Elle soupira pour illustrer à quel point elle ne pouvait répondre réellement au questionnement de Shoren. “Je vous assure mon amie que rare sont les femmes à porter la vie si rapidement après leur mariage, même devant les Sept et même lorsqu’ils s’aiment. J’aurais bien plus de deux petits-frères sinon, je peux vous l’assurer.” ajouta-t-elle avec un sourire complice.

Les échanges se firent plus légers et plus piquants alors que Shyra devint le centre de l’attention pendant quelques minutes seulement. La proposition de Melara ne trouva pas grâce aux yeux de Shoren qui exprima bien vite sa crainte si elle venait à servir complètement le Dieu Rouge, faisant éclater Melara de rire. Elle n’avait pas songé à la possibilité qu’un petit chevalier de rien du tout puisse voler son coeur et l’emmener loin d’ici. C’était finalement la solution la plus probable. Que le chevalier soit sincère ou non d’ailleurs. “Je vais commencer à me renseigner sur de tels prospects. Le plus vite pourront-ils croiser la route de la bâtarde, le plus vite pourra-t-elle être sortie de vos pattes !” dit-elle avec engouement. Les deux amies avaient beau plaisanter aux dépends de la bâtarde, il y avait une part de sérieux dans la réflexion de Melara. Peut-être que la princesse Margaery ou une de ses cousines connaissaient l’homme parfait pour cela. Tout le prestige extérieur du Bief et les bonnes manières pour faire chavirer le coeur de la bâtarde, mais sans noblesse, sans terre, une simple vie loin des Terres de l’Orage et de Bourgfaon. Arstan et Tavish s’y opposeraient très probablement sur le principe, mais si Shyra était vraiment conquise et aveuglée par un tel jeune homme, père et frère ne pourraient à nouveau rien refuser à la bâtarde ?

Melara commença légèrement à se dandiner sur sa selle alors que son coccyx se réveillait progressivement et lui rappelait qu’elle devait se ménager pour la fin du voyage retour jusqu’à Lestival. Après une grimace d’incofort, elle retrouva son sourire à la proposition de Shoren quant à utiliser la propre robe de mariée de sa mère. “Il est vrai que je ne lui ai pas posée la question, mais c’est une excellente idée Shoren ! Il faudra évidemment reprendre la longueur…” ajouta-t-elle avec un rire, faisant référence à la longue silhouette svelte de sa mère alors qu’elle faisait une demi-tête de moins qu’elle. “D’autant plus que les couleurs sur le blason des Manning sont similaires à nos couleurs, je pourrais les marier aisément…” se mit-elle à réfléchir à haute voix. “Merci Shoren, vous m’avez pris au dépourvu, mais vous m’avez finalement été d’une grande aide.” ajouta-t-elle avec un éclat de rire satisfait. Cela faisait des questions en moins pour la suite. Les compliments de la chevêchette la touchèrent sincèrement. Il était vrai que grandir avec toutes ces certitudes sur sa famille, sur leur place à Westeros, sa mission à elle, tout cela ne lui avait guère laissé le choix que de cultiver toute l’assurance dont elle était capable afin de survivre chez les Dondarrion. “Oh, vous dites cela parce que vous ne m’avez pas vue face au Roi…” ajouta-t-elle sur un ton plaisantin, faussement modeste. Mais il était vrai qu’elle n’avait jamais été plus impressionnée et moins assurée que lorsqu’il avait fallu s’entretenir avec lui, par deux fois, parce qu’il était le seul, ou un des seuls, dont elle redoutait le jugement.
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« Vous savez jouer sur l'élément de surprise, ma chère. »Un amusé sourire étire les lèvres de la chevêchette: une promenade, quelques heures passées avec son amie, voilà ce qui suffit pour assassiner ces ténèbres qui envahissent son esprit depuis quelques temps déjà. Passée semble-t-elle, cette mélancolie qui estompe l'habituel sourire de la petite chouette depuis bien des semaines déjà, la plongeant chaque jour dans cette collection de souvenirs si particulier, dont chacun semble profondément ancré dans cette brumeuse forêt qui l'a vu naître il y a bien des années déjà. « Blurd n'est peut-être point noble de naissance, mais il est d'une compagnie bien plus agréable que bon nombre de Lords. » Elle qui pourtant tant estime la noblesse ancienne du sang est pourtant bien obligé à avouer que celui qui désormais est son beau-frère, elle l'apprécie déjà depuis bien avant son mariage avec l'aînée des chouettes. Certes, influencée à l'époque par cette dernière n'a-t-elle point vu en lui l'époux idéal pour sa bien-aimée soeur, mais cette époque là, elle est semble déjà bien loin derrière elle désormais, et Blurd semble-t-il désormais faire parti depuis toujours de la famille des chouettes - bien qu'en réalité, c'est bien plus Mary qui désormais fait parti de la famille des Oignons que l'inverse. Mais ce n'est finalement là qu'un détail. « J'ignorais que vous étiez aussi proche de lui - il est si éloigné en statut de la famille qui vous a... accueilli. Certes,  il l'est également de ma famille d'une certaine manière, mais les Mervault sont nos voisins... enfin, leur résidence est proche de Bosquebrume, je veux dire... » Pendant un bref instant, sert-elle le bec, la chevêchette, lorsqu'elle réalise qu'en quelques innocents mots,  seulement, est-elle parvenue à trahir le fait que, pour l'instant encore, Bourgfaon n'est point sa maison. De nom, peut-être, mais point de coeur. « Et ma grand-mère a toujours porté une certaine affection à Blurd, bien avant qu'il n'épouse Mary. » continue-t-elle, alors qu'une part de son esprit espère que son amie point n'a remarqué ces traitres paroles, messagers d'un malaise bien plus marqué qu'elle ne désire l'avouer, la chevêchette. Parce qu'elle est gênée: après tout, point ne lui fait-il vivre un enfer le faon - l'insolente bâtarde peut-être, mais pas Tavish - alors pourquoi a-t-elle tant de mal à accepter sa condition nouvelle? Mais alors que les ténèbres de son esprit tapotent de nouveau à la porte, la voix de son esprit la tire de ses pensées. D'un léger 'oh', arrête-t-elle sa jument, la chevêchette, avant de se tourner vers son amie et, avec délicatesse, poser sa main sur celle de son amie. « Me faire souffrir ? Ne dites donc pas de telles sottises, Melara! Vous présence seule est déjà une bouffée d'air frais. » Un léger tremblement de sa voix trahit-il les trop fortes émotions qui l'habitent à ce moment précis. « Si seulement, vous saviez à quel point je suis heureuse de vous voir, et d'enfin pouvoir de nouveau échanger avec vous face à face, alors jamais vous ne diriez ça. Certes, j'aurais aimé moi aussi pouvoir prononcer mes voeux devant les Sept, et non devant un charlatan vagabond à l'esprit si embrumé par les fumées de je-ne-sais quelles herbes pour croire à ces paroles incensées qu'ils répandent. » Décidément, après Melara, c'est la chevêchette qui semble mettre ses pieds dans chaque plat se dressant sur son chemin. « Je ne voulais pas paraître juger votre mère, je suis désolée. Je sais qu'elle semble également croire à cette ... religion rouge. » Pendant un court instant, hésite-t-elle, finissant non pas par se forcer à prononcer 'religion' à la place de ce mot qui tant lui pèse sur le bout de la langue. Ce lui de folie. « Ce que je veux dire, c'est que vous n'avez nullement besoin de m'excuser. Au contraire, je suis heureuse de savoir que vous aurez une véritable cérémonie.  » Pour souligner l'efficacité de ses paroles, c'est avec délicatesse qu'elle sert la main de son amie dans la sienne, avant d'encourager d'un claquement de langue sa paresseuse jument à s'empiffrer de ces buissons en bord de chemin pour se remettre en route.

En revanche, le sujet qui bien rapidement vient troubler d'avantage la bonne humeur des deux amies est bien plus délicats. Et puis, qui est-elle, la chevêchette, pour donner opinion et conseil sur comment se comporter face à la belle-soeur ? Après tout, n'est-ce point le grand amour qui règne entre la bâtarde et elle, ni peut-on dire qu'elle fait particulièrement d'efforts, la chevêchette. Et pourquoi le ferait-elle, si faire des efforts signifierait passer d'avantage encore en compagnie d'une menteuse ? « Hélas, il continue pourtant de la traiter telle une princesse, cette insolente. Ce n'est point étonnant qu'elle ignore sa place, ou ne possède aucune de bonnes manières d'une Lady - bien qu'elle aime prétendre en être une. » ajoute-t-elle d'un ton amer. Ces étranges valeurs des deux faons, jamais elle ne les comprendra - tout comme jamais elle ne comprendra ce que ces derniers peuvent bien trouver à cette insolente, de cela, elle en est sûre. Mais ce n'est point Shyra et elle qui sont le sujet de la discussion à ce moment précis. « Même si votre fiancé et son aîné ne sont peut-être pas proches, peut-être souhaiteront-ils tout de même éviter les tensions - après tout, la famille est-elle ce qu'il y a de plus important. » tente-t-elle de rassurer son amie. « Ou si cela peut parfois vous paraître insupportable que de devoir vivre sous le même toit que votre némesys, alors je suis sûre que vous parviendrez à convaincre votre époux pour vous laisser me rendre visite - je vous promets, je ferais même de mon mieux pour vous éviter une visite de ce si charmant temple dont mon beau-père est si fier, pour une raison qui m'échappe. » Le malice pétille dans ses yeux à ce moment précis. Le temple a été construit pour impressionner, ainsi est-il plus pompeux qu'élégant et ses cornes d'abaque sont bien plus pitoyables qu'autre chose. « Après tout, si quelqu'un est en mesure de convaincre son époux ou fiancé, c'est bien vous. » La Manning est-il conscient du bol qu'il a d'avoir une pareille fiancée ? Non seulement Melara est-elle magnifique, avec cet élégance naturelle qui la caractérise tant, mais surtout, possède-t-elle un esprit des plus vifs... au point que parfois, la petite chevêchette se sent-elle telle une enfant face à son amie. Comme ses doutes face à la possible réticente de la Mère à lui accorder cet héritier que tant désirent les faons. Tant paraissent-elles logiques, les paroles de Melara, pleines de sagesse même. Et pourtant... pourtant cette petite voix dans son esprit ne cesse-t-elle de faire persister ces doutes qui troublent son esprit. « Vous n'avez point à vous inquiéter - il m'a lui-même fait part des rumeurs circulant sur lui et une certaine Dame de l'Ouest. » Un sujet sur lequel la chevêchette s'efforce de lui croire. « Tout comme il assure que cela ne sont là que mensonges. Ne me pensez point naïve, mais sur ce point, je lui crois. Ser Tavish est bien des choses, et je ne le connais nullement assez bien pour connaître toutes les facettes de son caractère. Mais une telle relation lui nuirait bien plus qu'elle ne lui servirait. Et il n'est point assez sot pour ainsi mettre en péril la réputation déjà entachée des Cafferen.  » Une étrange ironie que celle-ci, à désormais devoir, en tant qu'épouse, chercher à défendre le faon, alors que quelques semaines auparavant seulement, lui a-t-elle reproché exactement cela. La folie de penser d'avantage avec son entre-jambes que sa tête pour avoir commencé une relation avec Lady Walda. « Mais surtout, Lord Tyrion n'y croit-il point lui-même: malgré ces rumeurs, porte-t-il toujours le faon dans son estime, au point même de s'être déplacé jusqu'à Bourgfaon pour notre mariage. Ne me méprenez pas, je ne suis point aussi naïve que de croire que de telles... affaires... ne puisent se produire, où que les yeux du faon ne vont point vagabonder à un moment où l'autre, après tout, l'inconstance est-elle synonyme des hommes - mais pour l'instant, je veux encore croire qu'il ne serait point aussi insensé que de risquer la colère d'un aussi grand Seigneur uniquement pour assouvir un désir passager. » Non, elle n'est point une de ces sottes rêveuses, croyant à la dévotion de son époux - et maintenant que sa colère face à cette rumeur s'est calmée, tente-t-elle de voir les choses sous un angle bien plus rationnel. Tente. Car face à la beauté de Lady Walda, comment peut-on ne point être tentée de croire que le faon puisse se sentir attirée par cette dernière? Après tout, son hésitation passée lui a-t-elle bien souligné qu'il n'est point attiré par elle, la chevêchette... mais ce n'est finalement là qu'un des si nombreux doutes qu'à la chevêchette face à cette nouveauté qu'est pour elle le mariage. « Je sais que ces doutes doivent paraître si... exagérés. » ajoute-t-elle, faute de trouver de meilleurs mots. « Et je sais que parfois la bénédiction d'une union se fait attendre. Ma mère est tombée enceinte bien peu de temps après son mariage, puis a du attendre douze ans avant de nouveau porter une grossesse à son terme. Ce n'est point l'attente qui m'inquiète.  » 'surtout que je ne suis point sûre d'être prête pour cela' ajoute-t-elle dans ses pensées. « Mais une partie de moi continue à craindre la colère divine. Après tout, je suis une femme mariée au yeux du monde... » et dans tous les sens du terme, partage-t-elle une couche avec le faon. « ... mais pas aux yeux des Sept. » Et ainsi vit-elle un pêché, soir après soir... et comment la Mère pourrait-elle bénir cette union. Certes, Melara a-t-elle raison en évoquant Lord Arstan et sa roturière  - après tout, bien que vivant dans le pêché, la Mère les a-t-elle béni de deux enfants... ou justement, maudits, exposant leur honteuse relation au monde entier ? Là est bien la question. Car si cela n'a été qu'une punition pour leurs pêchés, alors l'argument de Melara ne tient plus. Et qui sait, peut-être la chevêchette pourrait-elle d'avantage croire aux paroles de son amie, si ses doutes ne se verraient point confirmés dans les paroles du septon lorsqu'ils s'entretiennent en tête-à-tête... « Mais sans doute avez-vous raison, et faut-il prendre son mal en patience jusqu'à ce que les Sept dévoilent les plans qu'ils ont pour nous.  » conclut-elle, un léger sourire dessiné sur ses lèvres. Se montrer patiente, voilà la seule chose qu'elle peut faire, mais est-ce là une exercice auquel jamais elle n'a excellé. « Peut-être est-ce même mieux ainsi. Si peu de temps s'est écoulé entre les annonces des fiançailles et le mariage qui est encore tout frais - je ne suis pas certaine d'être prête à déjà assumer le rôle de mère en plus de celui d'épouse.  » Après tout, n'est-ce point le fait de ne pas être enceinte maintenant qui la tracasse, mais bien plus ce qui serait si ses craintes se révèlent fondées. Si les Sept leur refusent cet héritier tant nécessité par les faons. Mais certainement n'est-ce point là un sujet pour aujourd'hui, ne veut-elle point gâcher cette promenade qui fait du plus grand bien à son moral.

Alors le prochain sujet, tout aussi important qu'il est, apaise l'esprit de la chevêchette, et redessine même un sourire véritable sur ses lèvres. « Je ne sais point si cela est possible, bien sûr, mais  la symbolique certainement serait belle.  » Encore faut-il que la robe en question ait survécu aux effets du temps. « Je vous aurez bien proposé mon aide pour la broderie, mais hélas, une telle promesse risque d'être compliqué à tenir. Pour ma propre robe, je n'ai pu m'empêcher d'en plus du symbole de ma maison d'y broder également une étoile à Sept branches, une rébellion sans doute un peu enfantine face à cette ridicule cérémonie. » ajoute-t-elle, un amusé sourire éclairant son visage, alors que son regard lui, se perd au loin, suivant une troupe de paysans se diriger vers la ville entourant le château. « Pas que quelqu'un ne m'ait donné la satisfaction de le remarquer ou d'y porter une attention particulière. » Mais une fois de plus, s'égare-t-elle certainement bien plus qu'elle ne le devrait. « Mais si vous souhaitez me confier un accessoire à orner, cela me ferait le plus grand plaisir de pouvoir vous aider - après, vous avez déjà tant de choses auxquelles penser, je parie. »

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« Bourgfaon | 302, lune 8, semaine 4 »

Melara sentit la curiosité de son amie vis à vis de Blurd, alors l’ancienne Dondarrion s’empressa de lui donner les réponses que Shoren recherchaient. “Havrenoir n’est certes pas la porte à côté, mais Blurd a eu l’occasion de faire plusieurs courses pour Lord Béric. Je ne vous apprends pas l’amour de mon cousin pour tout ce qui vient de l’autre côté du Détroit ni les bonnes relations que votre beau-frère possède là-bas.” expliqua-t-elle gracieusement. Non, elle n’était pas prête à évoquer le rôle de messager qu’il avait joué pour elle, ce secret ne concernait qu’eux, elle refusait de mettre Blurd en porte-à-faux vis à vis des Mertyns ou de quiconque d’autres. Eleyna Dondarrion appartenait au passé à présent, il était plus que nécessaire de l’y laisser. “Si sa présence m’horripilait au début, il a su me dérider au fil de ses visites et je dois dire que j’étais toujours curieuse d’entendre parler des Cités Libres, cela me permettait d’imaginer la vie que ma famille continuait de mener…” Son sourire prit une inflexion plus triste, avant que son regard d’onyx de se tourne dans le vide pour empêcher que sa gorge ne se serre trop en resongeant ces quinze années de sa vie à se questionner. C’était toute l’étendue de ce qu’elle pouvait révéler. Et le propre embarras de la Cole la fit passer outre la gêne de Shoren qui venait de rappeler qu’elle considérait encore Bosquebrume comme sa maison plutôt que Bourgfaon.

Si Melara craignait d’être allée trop loin dans ses questions et ses remarques, remuant un couteau invisible dans la plaie pourtant fraîche de la récente épouse Cafferen, cette dernière s’empressa de la rassurer sur les bienfaits de sa compagnie. Touchée en plein coeur par ce geste, la Cole resta silencieuse, offrant un sourire reconnaissant en retour des paroles offertes par la chevêchette. Encore très dissociée de la religion de R’hllor, elle ne fit même pas attention aux propos qui pouvaient aussi atteindre sa mère de par son choix de culte. Et ce fut donc au tour de la jolie brune de chercher à la rassurer. Elle haussa les épaules d’un air dégagé. “Oh, personne n’est parfait. Heureusement que nous sommes originaires des Terres de l’Orage, voilà tout.” Son ton s’était voulu détaché, comme si elle en plaisantait. Mais elle n’était ni capable de défendre sa mère sur ce sujet, ni de l’en tenir responsable. Cela faisait encore partie des zones d’ombre de son histoire. “En tout cas me voilà rassurée, merci.” dit-elle en serrant la main de son amie en retour avant de relancer sa jument sur la route enneigée.

Melara ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel alors que Shoren lui rappelait les attentions toutes particulières dont bénéficiait Shyra. Ca n’était pas elle qui allait contredire son amie sur ce qu’elle pensait du comportement des uns et des autres en la matière. Elle soupira finalement de désarroi. “Peut-être viendra-t-il un jour où vous vous sentirez suffisamment à votre place en tant que dame de Bourgfaon pour être celle qui lui rappellera sa position à elle.” C’était ça ou prier pour qu’une peste ou un bâtarde ne la prenne. Parce que les réprimandes ne viendraient jamais d’Arstan où de Tavish, sur ce sujet, la Cole était prête à parier. A côté de cela, elle sentait bien les efforts de son amie qui tentait de la rassurer sur la propre atmosphère familiale qu’elle allait devoir subir à partir de la fin de l’année. “Nous verrons. Mais je ne peux que prier les Sept pour qu’il en soit ainsi effectivement, sinon l’une de nous deux ne pourras pas y survivre.” ajouta-t-elle avec une touche d’humour dramatique. La proposition de Shoren l’amusa. Elle lui retournait la même faveur qu’elle lui avait faite précédemment, lui offrant la possibilité de s’enfuir. Seulement, elle ne savait pas quelle compagnie la rendrait plus folle, celle de Jyana ou celle de Tavish. Au moins à Bourgfaon, elle pourrait avoir et Godric, et Shoren pour elle. “Je ne sais pas si vous avez conscience que votre époux vous maudira pendant des années pour m’avoir fait cette invitation.” continua-t-elle d’humeur taquine. Qu’il était plaisant d’imaginer Tavish s'étouffer de colère et de gêne alors que Shoren lui dévoilerait sa proposition amicale.

Cependant, le ton de la Cole se fit bien plus sérieux alors qu’elle prit à coeur de dévoiler ce qu’elle savait de la réputation de Tavish à son amie pour que cela ne puisse pas être utilisée contre elle. Elle fut étonnée de voir que l’ancien bâtard avait cherché à la devancer en la matière. Ses sourcils se froncèrent et sa mine se fit bien plus concentrée alors qu’elle écoutait attentivement les détails de cette révélation. Sa bouche se pinça ostensiblement alors que Shoren avouait avoir fait le choix de le croire. Mais pouvait-elle vraiment la blâmer de préférer être naïve pour mieux vivre son mariage ? N’était-ce pas ce qu’elle faisait en se convaincant que Godric ne savait rien de son histoire avec Jyana ? Pour mieux parvenir à imaginer un futur heureux à ses côtés ? Non, elle ne pouvait blâmer sa jeune amie pour agir de la même façon. Ses mâchoires se serrèrent, son visage en disait long sur ce qu’elle en pensait vraiment. Elle avait déjà des arguments contraire à cette idée que Tavish ne ferait rien pour abîmer sa réputation, après tout provoquer une fille de la maison Dondarrion n’était-il pas déjà le parfait exemple ? N’était-il pas celui qui défendait les sentiments amoureux, sans retenue pour le statut de noblesse ? Elle voulut lui faire une réponse amicale, mais déjà Shoren reprit en évoquant le nom du Lannister, époux de la fameuse Walda. Les Sept n’avaient-ils jamais été témoins d’un mari idiot ignorant les tromperies de son épouse et continuant d’offrir un toit et du vin à l’amant en question ? “De Messire Tyrion, je ne connais que son nom de Lannister et sa situation de nain.” évoqua-t-elle d’un air détaché, ne faisant que des constatations évidentes. “Mais mon amie, je ne souhaite guère mieux que de vous voir avoir raison sur ce sujet.” répondit-elle avec un sourire poli mais sans chaleur. Elle était sincère, c’était ce qu’elle souhaitait pour son amie, mais ça n’était simplement pas ses convictions pour le Cafferen.

Les mots de Melara s’étaient faits bien plus impliqués et forts de conviction lorsqu’il s’était agit de rassurer la chevêchette quant à son ventre encore plat seulement quelques semaines après son mariage, très certainement discutable, avec Tavish. La crainte de Shoren fendit le coeur de la Cole qui s’approcha pour lui serrer à nouveau la main. “La Mère est miséricorde. Je suis certaine qu’elle ne vous tournerait pas le dos de la sorte.” Elle se mordit la lèvre, se demandant si elle ne risquait pas elle-même quelque chose en parlant ainsi au nom de la Mère d’en Haut, elle simple mortelle. Mais elle espérait qu’elle verrait au moins que tout cela n’était que bonnes intentions et ne lui en tiendrait pas trop rigueur. “Est-ce que… est-ce que vous avez tout de même la possibilité d’avoir une Septa dans votre entourage ? Après tout vous n’êtes pas forcée de prier le Dieu Rouge comme eux, si ? Ne pourrait-elle pas vous offrir une bénédiction ? A défaut d’un mariage devant les Sept ? Cela ne pourrait-il pas soulager votre âme ?” Si Tavish voulait vivre dans le péché, il ne pouvait décemment pas obligée le même chemin à son innocente épouse. Elle lui offrit finalement un sourire encourageant alors que Shoren révélait qu’une grossesse à l’heure actuelle serait de toute manière probablement précipité pour elle et sa vie qui n’avait eu de cesse de changer en l’espace de quelques semaines.

La discussion bascula finalement à nouveau sur le mariage à venir de Melara et les deux jeunes femmes évoquèrent la future robe de mariée de la Cole. Cette dernière ne put retenir un éclat de rire alors que Shoren révélait avoir tenu à broder une Étoile à Sept Branches sur sa tenue le jour de la cérémonie. Elle s’apprêter à lui demander qui s’était étouffé en la découvrant mais elle eut bien vite sa réponse alors que Shoren reprenait. “Je ne savais pas que c’était une religion qui rendait aveugle… méfiez-vous à l’avenir.” reprit-elle sur un ton de plaisanterie. “Ou peut-être est-ce une astuce. Vous pourrez vous enfuir sans qu’ils ne le sachent. Ou peut-être faut-il que vous portiez une tenue avec une Étoile à Sept Branches à nouveau pour qu’ils ne vous voient pas !” Elle rit à nouveau. L’orageoise à la chevelure sombre retrouva son sérieux pour répondre à son amie. “Il est vrai, je me rends compte, qu’il va me falloir penser à un certain nombre de choses pour l’avenir. J’en discuterais avec son altesse Lady Margaery. Si elle n’est pas trop occupée, elle pourra probablement m’orienter dans un sens ou dans un autre et je n’hésiterais pas à faire appel à votre aide ensuite.” conclut-elle d’un air ravi. “Je dois cependant vous avouer que mon fessier commence à redevenir douloureux… pas que je sois pressée de retrouver Bourgfaon, mais pouvons-nous amorcer doucement le chemin retour ?”
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Bourgfaon, 302, lune 8, semaine 4
@Melara Cole et @Shoren Cafferen

« En effet, l'amour de Lord Béric pour... l'exotisme n'est point un secret. » répond la chevêchette, et si un sourire toujours orne son visage, le jugement dans sa voix n'en est pas moins perceptible. En tant que Seigneur et membre d'une importante famille orageoise, Le Lord d'Havrenoir possède le respect de la chevêchette - et pourtant, ne peut-elle point oublier cette... cette ... chose qui trop souvent rampe dans son ombre. Car finalement, n'est-ce point que des objects que le Seigneur des Dondarrion a ramené d'outre-mer - mais également une part de cette plaie rouge qui aujourd'hui ravage les Terres de l'Orage, sous la forme d'une femme que certains disent fort belle. Et pourtant, cette dernière n'est-elle que la première d'une bien trop longue ligne de charlatans répandant mensonges et déchirement sur les terres orageoises. Un déchirement même au sein de certaines familles, telles la sienne. Ces vagabonds de rouge vêtus, et surtout cette ancienne compagne de route du Lord Dondarion, ont vu en la peste une occasion, et ont su la saisir par les cornes - chose qu'aujourd'hui encore, la chevêchette a bien du mal à accepter. Point point de vue qui, de toute évidence, ne lui aide point à accepter à accepter ce mariage qu'est le sien depuis quelques semaines déjà. Et pourtant, sur ce dernier point du moins, la seule présence de son amie semble en mesure de l'en distraire. « Mon beau-frère semble avoir cet effet sur bien des personnes. » ajoute-t-elle, un sourire illuminant son visage lorsque la conversation se tourne vers sa propre famille. « Après tout, a-t-il même réussi le miracle d'adoucir l'opinion de ma sœur à son sujet. » Et en vue de l'enfer qu'a fait vivre Mary à ses anciens prétendants, prenant bien des pincettes pour ne point froisser apparences ou ego, sans pour autant manquer d'assassiner tout espoir que ces derniers ont pu se faire à son sujet. Et même Blurd, loin de correspondre à l'idéal de la chouette, n'a point manqué de faire face au même traitement - mais sans succès de la part de l'aînée des chouettes, cette fois-ci. Sauf qu'à ce moment précis, ce n'est point vraiment sa famille à elle qui est au centre de leur conversation, mais face au malaise de son amie, la petite chouette ne veut-elle point insister sous l'autre sujet. A la place, se contente-t-elle de, une fois de plus, doucement poser sa main sur celle de son amie: parfois, n'y a-t-il point besoin de mots. Parfois, les gestes, surtout les plus simples, peuvent avoir une portée bien plus importante que les paroles. Et est-ce là bien un de ces moments-ci, où chacun des mots qu'elle pourrait prononcer à ce sujet ne ferait certainement qu'aggraver le malaise de Melara - tout comme tout commentaire au sujet de cette confidence involontaire que vient de faire la petite chouette ne ferait qu'agrandir celui de cette dernière. Non, parfois mieux vaut-il montrer en silence le soutien qu'on porte à un proche, plutôt que de ne le mettre que dans un embarras plus grand encore en le couvrant de mots que l'on pourtant pense réconfortant.

Et pourtant, peut-être est-ce à cause du temps demeuré loin l'une de l'autre, mais aujourd'hui semble-t-il que leur conversation est semée d'embûches. Trop souvent, reviennent-elles en s'excusant sur leurs paroles, craignant offenser l'autre de par une remarque faite sans auparavant considérer l'effet de cette dernière auprès de l'autre. Telle l'avis de Melara librement donné sur l'époux de la chevêchette au préalable, ou encore celui de la chevêchette au sujet de la folie rouge à laquelle pourtant a succombé également la mère de son amie. Mais sur certains sujets, leurs opinions ne sont-elles que trop similaires, leur permettant là sans le moindre mal de retrouver leur complicité passée - et un de ces sujets est justement la bâtarde de Bourgfaon. « Pour cela, je crains qu'il vaudrait déjà qu'elle ait un jour appris quelle est sa place - et je doute avoir besoin de vous dire pourquoi je doute que cela soit le cas. » Après tout, Lord Arstan a tendance à voir une princesse là où tous les autres ne voient qu'une insolente bâtarde. « Alors avant de pouvoir entreprendre quoique ce soit à son sujet, dois-je déjà gagner du moins une part de respect de mon beau-père, si je souhaite éviter de le voir tourner contre moi pour avoir osé critiquer sa fille. » Respect duquel pour l'instant du moins, elle est encore loin. Certes, Lord Arstan est-il poli à son regard, mais ne sait-elle que trop bien à quel point sa marche de manoeuvre envers son insolente belle-soeur est fine : le moindre faux-pas, et le Seigneur des faons n'hésiterait point une seconde avant de prendre la défense de sa si précieuse bâtarde, de cela, elle en est sûre. « Mais j'espère que votre mère et vous ne prenez point trop offense de sa présence. Même à table. Je crains que l'amour paternel aveugle mon beau-père au point de lui faire oublier toute bienséance là où Shyra est concernée. » Bienséance qui voudrait qu'une bâtarde ne soit point autorisée à dîner à la même table que de nobles invités. 'Ou même à la table familiale lors d'un mariage.' ajoute-t-elle dans ses pensées, la chevêchette qui tant tient à l'étiquette. « Cela n'en arrivera point là. Vous êtes bien trop intelligente pour ainsi vous laisser démotiver. Je suis sûre qu'avec le temps, vous parviendrez à la vaincre. » Certes, alors que semblent sonner les cornes d'une guerre future au sein de la maison Manning, la future belle-soeur de Melara semble-t-elle partir avec un avantage certain, de part son mariage avec l'héritier de la maison - mais depuis quand la fille Cole se laisse-t-elle intimider aussi facilement ? « Vous êtes parvenues à convaincre le Roi de révoquer l'edit de votre famille - et vous n'avez été qu'une enfant lorsqu'on vous a confié cette tache. Alors je crains pour ceux qui tenteront dans le futur de se mettre en votre chemin. » Un réconfortant sourire illumine déjà le visage de la petite chouette, et pourtant, n'a point fini encore de parler : « Et si vous avez besoin de calme pour reprendre vos forces, vous serez toujours la bienvenue ici - et si mon époux souhaite me maudire uniquement pour soutenir une amie ou me réjouir de son séjour ici, alors ne mérite-t-il certainement pas que je lui accorde tant de considération. » Que les choses soient claires, sur ce point du moins: après tout, n'a-t-elle point souhaité épouser le faon, et jusqu'à peu encore, n'a-t-elle point su si c'est le galant chevalier qui lui a rendu visite à Bosquebrume ou l'ambitieux manipulateur que lui a décrit la chouette aînée qu'elle a épousé. Certes, depuis leur récente dispute, cherche-t-elle à d'avantage faire confiance au faon, et espère-t-elle que c'est bien le premier visage du faon qu'est le véritable. Mais c'est là encore qu'un espoir - et seul le temps pourra lui montrer si ce premier est fondé. D'ici là, elle ne peut que continuer à espérer, et du moins en apparence être une digne épouse des faons.

Et ce dernier point, justement inclut-il que de défendre son époux face aux viles rumeurs circulant à son sujet - peu importe son ressenti à elle, tout comme peu importe que c'est face à son amie qu'elle se doit d'agir de la sorte. Après tout, Melara n'est-elle qu'une des nombreuses messagères de ces humiliantes rumeurs qu'elle risque de croiser au cours du temps. « Je l'espère aussi. » ajoute-t-elle aux paroles de son amie - car oui, elle espère ne point avoir été sujette à un mensonge de son époux à ce sujet, tout comme elle espère que ce ridicule auquel elle a de part la rumeur été exposée au travers du moins les Terres de l'Orage et certainement de l'Ouest, n'est pas fondé. Et plus important encore, espère-t-elle que l'homme auquel elle est lié pour le restant de ses jours n'est point assez stupide pour commettre une telle folie. « Au moins n'a-t-il pas une collection de bâtards me courant entre les pattes - sans doute devrais-je déjà me réjouir de cela. » Une plaisanterie qui n'en est une qu'à moitié, n'est-elle que trop consciente que la précédente Dame de Bourgfaon n'a point eu ce même bol - raison pour laquelle peut-être elle a fini par perdre la raison, et a cherché à prendre la situation en main à l'aide d'une poignée d'herbes. Mais est-ce bien là une chose dont elle ne peut en parler à son amie.

En revanche, ce dont elle peut parler, ce sont de ses craintes concernant la vision que doivent avoir les Sept de cette union. Après tout, n'est-ce point là pour eux qu'une relation interdite, bien plus basée sur les plaisirs de la chairs (bien plus pour l'un des deux concernés, d'ailleurs) qu'autre chose ? Après tout, jamais n'a-t-elle été bénie sous les Sept Lumières des Sept, cette relation - un sujet auquel la chevêchette ne peut s'empêcher de penser, et d'enfin pouvoir en parler à une amie qui de plus partage sa foi lui fait du plus grand bien. « Vous ne vous imaginez certainement pas à quel point cela soulage que de pouvoir en parler à une personne partageant votre foi. Ou bien mieux, une amie partageant votre foi. » Un léger sourire vient adoucir les sourcils au préalables froncés de la chevêchette. Peut-être Melara n'a-t-elle point su entièrement effacer ses craintes, mais du mais a-t-elle su en estomper certaines. « Non, il n'y a pas de septa à Bourgfaon - j'ignore ce qui est devenue d'elle après la conversion de ma belle-famille. Mais le septon de ces lieux m'a été d'un grand réconfort depuis mon arrivée ici. » D'un geste inconscient, ses doigts tapotent-ils contre son pendentif en forme d'Etoile à Sept Branches que fièrement elle porte autour de son cou, symbolisant, outre une certaine provocation, sa détermination de rester sur le droit chemin, et de ne point rompre le plus sacré des serments. « Je sais que le sujet semble estompé par la fierté de mon beau-père pour son temple, mais pour l'heure, il y a toujours à Bourgfaon une septe pour ceux souhaitant prier les véritables Dieux. Je ne doute point que ma religion déplaise aussi bien à mon époux qu'à mon beau-père, mais n'ont-ils pour l'instant pas encore cherché à m'empêcher de me recueillir auprès des Sept, ou donné raison de croire qu'ils le feront dans le futur. Alors n'est-ce finalement pas si différent de ce que j'ai pu avoir l'habitude à Bosquebrume. » Un tremblement d'effroi parcourt la chêvechette à la seule pensée qu'on puisse, dans un futur plus ou moins proche, la priver de cette source de réconfort... mais le faon a promis de respecter sa croyance - alors ne lui reste qu'à espérer qu'il tiendra d'avantage cette promesse là que la promesse faite aux Sept...

« Peut-être ne rend-elle pas aveugle, mais... » Un malicieux sourire soudainement illumine le visage de la petite chouette. « ... mais si seulement vous auriez vu la fureur dans les yeux de mon oncle en l'apercevant - cela en valait largement le risque. » Si le faon ou son père également ont aperçu le symbole d'une autre religion ornant la tenue de mariage de la chevêchette, alors n'ont-ils point pipé mot à ce sujet. Mais après tout, devant cette petite troupe d'invités à leur mariage, qu'auraient-ils bien plus faire ? Rien. Et, comme aux yeux de la chevêchette, son oncle n'a que cherché à la marier au faon dans l'espoir de la voir convertir elle aussi, ou du moins briser petit à petit toute résistance à la folie rouge à Bosquebrume, est-ce si surprenant que cette dernière se soit servie de cette occasion pour montrer que cela n'arrivera jamais ? « Je ne doute pas que son Altesse sera d'un excellent conseil - je n'ai jusqu'ici entendu que bien des louanges au sujet de son apparence. »  Un léger sourire toujours orne le visage de la petite chouette, mais ce dernier est-il  désormais marqué par la curiosité bien plus que par le malice. « Comment est-elle, la Princesse ? On entend tant à son sujet et à celui de son princier époux, mais rarement des récits d'une personne les ayant réellement cotoyé. » Oh, ne s'attend-elle point à de bien palpitantes confidences, et pourtant, ne peut-elle s'empêcher d'éprouver une certaine curiosité face à cette princesse autrefois promise à un jour être Reine, et qui désormais fait face à un futur des plus incertains. « Oh, mais pardonnez-moi, vous pourrez bien sûr répondre à cela sur le chemin de retour! Je crois avoir pris bien trop de plaisir à pouvoir de nouveau parler à une amie que je n'ai pas vu le temps passer - et surtout, oublié à quel point cela doit être désagréable pour vous que de devoir à nouveau passer du temps en selle! Rentrons, pour que vous -puissiez vous reposer un peu. »

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« Bourgfaon | 302, lune 8, semaine 4 »

Melara ne put retenir un sourire compréhensif pour Shoren alors que cette dernière commentait les attraits de celui qui avait été son cousin pendant tant d’années. Oui, nul doute que les goûts et les lubies de Béric devaient pour le moins sembler étranges à ses voisins des Terres de l’Orage, surtout lorsque celles ci remontaient à bien avant la peste déjà. Mais l’ancienne Dondarrion s’y était habituée avec le temps parce qu’elle n’avait jamais connu le seigneur d’Havrenoir autrement de toute manière. Oh, elle ne s’était jamais privée de lui offrir une réflexion cinglante de temps à autre. Mais c’était grâce à ces lubies là qu’elle avait pu assurer son soutien pour sa famille, qu’elle avait pu entretenir quelques échanges épistolaires avec son père. Alors non, elle ne pouvait pas vraiment le lui reprocher. Son sourire se fit plus amusé lorsqu’il fut question de Blurd et de l’affection que même Mary Mertyns avait réussi à nourrir pour lui, jusqu’à ce que le rapprochement soit fait entre sa mère et la religion qu’elles abhorraient tant. Heureusement, vive d’esprit, Shoren le perçut tout de suite et s’en arrêta là, se contentant de prendre la main de son amie dans la sienne en guise de réconfort. Melara releva ce visage qu’elle avait précédemment baissé pour remercier la nouvelle épouse Cafferen d’un sourire aimable.

La discussion sur la place de la bâtarde de Bourgfaon eut au moins le mérite de mettre les deux amies d’accord, laissant derrière elles les paroles maladroites qui n’avaient pourtant nullement eut pour but de blesser l’autre. Les yeux d’onyx de la Cole roulèrent à nouveau comme ils savaient si bien le faire alors qu’un soupir, élégant et non vulgaire, s’échappait de ses lèvres pincées. “Décidément, les Sept ne semblent pas décidé à vouloir nous aider dans cette entreprise.” commença-t-elle par se désoler. Pourquoi celles qui fautaient et ne respectaient rien comme Shyra ou Jyana se voyaient si facilement récompensées ? Alors que Shoren et elles, qui avaient simplement respecté les préceptes qu’on leur avait inculqué, se retrouvait avec autant d’obstacles sur leur route pour un semblant de vie heureuse ? “Mais vous avez raison, il ne faudra pas vous précipiter et vous ne parviendrez effectivement à rien si Lord Arstan et votre époux n’ont pas respect et affection pour vous.” Cela confortait simplement Melara dans son idée que rien de tout cela n’était juste. “Malheureusement pour moi, avec mes allers-retours vers la Couronne ces derniers temps, je n’ai eu d’autres choix que de m’habituer à sa présence… j’essaie de ne pas la regarder et de l’écouter le moins possible, mais elle n’aide pas dans ce sens avec ses déblatérations incessantes. Quant à ma mère, elle doit être une sainte parce qu’elle ne semble avoir que patience et bienveillance pour toutes les créatures de ce monde sans distinction…” ajouta-t-elle alors que son regard se perdait dans le vide, pensive. Et une partie d’elle l’admirait pour cela, l’abnégation dont elle était capable, à toutes épreuves, elle en avait eu la preuve évidente lorsqu’elle avait fait le choix d’aider Jyana dans son accouchement. Mais une partie d’elle demeurait surtout très curieuse et interdite. Elle ne parvenait pas à comprendre comment cela était possible.

Et lorsque Melara s’amusa à dire à parler de manière dramatique de sa relation avec Jyana, Shoren s’empressa d’abonder en son sens, lui rappelant ce dont elle avait été capable jusque là. La Cole fut surprise de tant de déférence à son égard. Elle avait parfois tendance à oublier d’où elle venait et ce qu’elle avait fait, considérant sa coupe à moitié vide plutôt qu’à moitié pleine. Shoren avait raison. Certes les Sept avaient semblé tout pardonner à Jyana et lui offrir une vie parfaite à présent, mais cela n’enlevait rien au caractère de la Cole qui était pour le moins tenace. “Il est vrai que je ne suis pas une pauvre biche sans défense.” répondit-elle alors avec une mine sérieuse alors qu’elle se redressait sur sa jument pour retrouver son aplomb. Puis d’un mouvement bref du visage, elle offrit un sourire à son amie. “Merci Shoren, j’en avais besoin.” Elle ne pouvait pas passer son temps à se plaindre, ça n’était pas ainsi qu’elle avait obtenu l’accord du Roi, il ne fallait pas qu’elle l’oubli. Ca n’était pas en priant les Sept pour plus de justice dans ce monde qu’elle l’avait obtenue, mais bien parce qu’elle s’était battue bec et ongles pour. “Alors l’affaire est réglée. Je ne craindrais pas de répondre à votre invitation alors.” Et si cela pouvait faire baisser plus encore le chevalier dans l’estime de la chevêchette, cela faisait d’une pierre deux coups.

C’est pour cette raison que Melara ne s’attendit pas à ce que Shoren fasse preuve d’autant de compréhension vis à vis de son mari quant à l’affaire qui le liait à lady Walda. Cependant, après quelques instants de réflexion, elle se rendit bien compte qu’elle ne pouvait en vouloir à son amie de privilégier cette piste là. Alors faisant de son mieux pour être une bonne amie et ne point reproduire ses bourdes des instants passés, elle se mordit la langue et lui apporta son soutien. Cependant, lorsque la née Mertyns évoqua avec ironie la chance qu’elle avait, Melara ne put retenir un petit rire cinglant. “Vous voilà aussi optimiste que ma mère à présent.” dit-elle avec un sourire amusé. Devrait-on bientôt se réjouir qu’il n’ait pas un troisième œil ou un doigt en moins ?! Non, Melara n’était pas capable d’autant de bonne volonté, il lui faudrait probablement encore quelques années pour calmer l’aspect capricieux de son caractère. Mais elle savait que cela serait plus facile pour Shoren de la sorte.

La religion revint finalement au centre des échanges, la chevêchette craignant que son ventre ne reste plat à cause de son union non reconnue aux yeux des Sept. Elle tendit sa main vers elle pour la serrer entre ses doigts fins quelques secondes. “Oh j’imagine parfaitement. Lord Béric étaient déjà convertis à son Dieu de la Lumière avant même les dégâts de la Peste Rouge. Le reste de la famille l’a progressivement suivie… Neina était très présente à Havrenoir, toujours dans son sillage.” Elle lui offrit un sourire aux reflets tristes, reprenant son souffle avant de continuer. “Mais je suis soulagée de savoir qu’aucune conversion vous a été imposée. Cela serait intolérable pour ces croyances qui se revendiquent tolérantes. Si le Septon ne vous est pas d’une grande aide, peut-être pouvez-vous faire demander une Septa à vos côtés ? Après tout, vous êtes la première dame de Bourgfaon à présent, vous avez le droit d’avoir un tel soutien et une telle aide à vos côtés.” ajouta-t-elle aimablement. Un nouveau sourire illumina son visage en entendant Shoren décrire la fureur de Lord Mertyns en découvrant sa robe de mariée. “Ce n’était donc pas en vain !” ajouta-t-elle amusée. Il aurait été terriblement frustrant d’avoir passé des heures sur cette broderie pour finalement ne glaner aucun résultat.

La Cole commençait à gigoter de plus en plus sur sa selle alors que la peau à vif de son arrière train la rappelait constamment à l’ordre. Elle ne put finalement s’empêcher d’évoquer un retour tranquille à Bourgfaon pour lui permettre de connaître un peu de répit. “Ne vous en faites pas, je n’ai pas vu le temps passer non plus. Et c’est bien malgré moi que mon corps me rappelle à l’ordre, mais je vous assure que je n’y songeais plus une seule seconde jusqu’à il y a peu de temps !” dit-elle pour rassurer son amie sur son état. Puis alors qu’elles amorçaient un demi-tour, Melara prit un air soudainement complice, heureuse d’être celle que l’on pouvait questionner à présent pour en savoir plus sur la princesse née Tyrell. “Oh, il n’y a pas que son apparence qui mérite des louanges. C’est évidemment une très belle jeune femme, un vrai bouton de rose, nulle surprise que le Prince soit tombé sous son charme. Elle est gracieuse et connaît toutes les bonnes manières, mais ça n’est pas tout. Je dois vous avouer qu’en arrivant à Lestival avec l’ordre du Roi qui faisait de mon père le Protecteur des lieux, alors que c’était là que le couple princier avait trouvé refuge, nous craignions fortement de causer des tensions. Mais le Prince comme la Princesse nous ont accueilli de bon coeur et nous ont aidé à nous sentir à l’aise dans la demeure estivale des Targaryen. Sa Majesté m’a même invité très régulièrement à fréquenter son cercle, au même titre que ses cousines. Elle se soucie vraiment de tout le monde. Elle est également très intelligente, cela se sent. De même qu’elle sait déjà beaucoup de choses sur le monde en général. J’espère vraiment que vous aurez le plaisir de découvrir sa compagnie d’ici quelques temps.” conclut-elle finalement, parfaitement enjouée.
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