Entre deux orages [ft Melara, Lanna, Arys]

Avec @Jyana Manning, @Arys Manning & @Melara Cole
     
     

Assise au bord du lit, toute la tension présente depuis leur arrivée à Noirport et exaspérée au possible par l’heureux événement de ce soir pesait lourdement sur ses frêles épaules. Elle se sentit soudain épuisée, pas autant bien sûr que devait l’être la jeune mère - elle ne savait que trop bien l’état dans lequel l’on se trouvait après avoir donné la vie - mais suffisamment pour qu’elle ne désire plus qu’une chose ; dormir. A demi-tournée vers les heureux parents, elle accueillit les remerciements de Jyana avec beaucoup d’humilité et un sourire chaleureux, deux sentiments qu’elle pensait ne pas ressentir pour cette jeune femme, pas après le portrait et l’histoire fort peu flatteuse que lui avait dépeint Melara. Sa présence à ses côtés ce soir, Jyana le devait non seulement pour l’appel à l’aide de son époux mais aussi pour sa propre conscience. En Essos, elle avait donné de sa personne, de sa bonté et de sa gentillesse auprès des plus pauvres, des gens dans le besoin qui n’avaient pourtant rien dans la vie mais qui se montraient toujours si généreux et reconnaissants envers elle…La plus belle des gratifications, aux yeux de Lanna : avoir pu aider son prochain et l’avoir fait sans arrière-pensée. Ce qui fut également le cas de Jyana Manning. Certes, elle ne manquait de rien en comparaison de ces pauvres hommes, femmes et enfants dont elle s’était occupée, partout où les pas de Tylan l’avait mené en Essos. Mais elle devait l’aider, même si cela blesserait sa fille.

Et cela l’avait blessé ; elle l’avait ressenti lorsqu’elle l’avait prise dans ses bras. Melara était d’abord restée raide face à cette étreinte, avant d’y répondre et de la remercier d’une petite voix brisée. Si elle avait pu venir en aide à un couple en détresse face à l’urgence de cet accouchement, cela fut au prix de l’estime de sa fille. Désormais, cet acte resterait gravé dans sa mémoire, la fois où sa mère était venue en aide à une femme qu’elle détestait, qui lui avait fait du mal alors qu’elles étaient autrefois amies. Lanna n’espérait plus qu’une chose ; que cette naissance soit le début d’une réconciliation et que son propre acte serve, quelque part, à les rapprocher lentement, mais sûrement. Ainsi, en silence, tandis que Ser Arys et Lady Jyana étaient tout à leur joie de découvrir leur jeune Addam, Lanna pria. Elle rendit grâce, les deux mains posées sur le cœur, au Maître de la Lumière d’avoir guidé ses gestes avec exactitude ce soir, d’avoir laissé la vie sauve à la mère ainsi qu’à l’enfant et d’avoir épargné cette demeure des ombres alliées de la mort.

Sa prière s’acheva au même moment que la porte se rouvrit sur le reste de la fratrie des Manning, suivi de sa fille qui était allée les chercher. Elle les accueillit d’un sourire, sourire qui s’élargit plus encore lorsque Melara prit l’enfant dans ses bras. Lanna porta ses longs doigts fins devant sa bouche et ses yeux se remplirent de larmes de joie face à cette heureuse vision, même si Melara semblait apeurée de blesser l’enfant par inadvertance. Mais tout se passa très bien et elle ne la quitta pas un instant des yeux, pas plus lorsqu’elle rendit le nouveau-né à sa mère en murmurant un semblant d’excuse qui n’était pas nécessaire mais qui montrait encore clairement tout le malaise entre les deux jeunes femmes. Son regard croisa le sien et elle fit le tour du lit, dépassant son futur époux et venant s’asseoir près d’elle. Lanna ne put résister et même si ce genre de démonstration d’affection n’avait pas lieu d’être lorsqu’on était ainsi entouré, elle prit la main de sa fille la plus proche d’elle dans les siennes et déposa un affectueux baiser sur sa joue rosie par l’émotion :

Ne t’inquiète pas ; l’enfant est vigoureux. En avance certes, mais vivace. Il faudra bien sûr veiller sur lui avec encore plus d’attention qu’un enfant né à termes mais leur Mestre saura assurément comment procéder, avait-elle répondu d’une voix encourageante sans parler trop fort non plus, afin de ne pas déranger les Manning tout à leur joie. Il est tard, peut-être devrions-nous les laisser ? questionna-t-elle à voix basse avant de se lever et de rajouter : Ne regardes pas sur moi et restes encore un peu avec eux si tu le souhaites.

Puis elle se tourna vers les Manning, plus exactement vers Jyana et Arys :

Lady Jyana, Ser Arys, si vous n’avez plus besoin de moi, puis-je me retirer ? Tout comme vous, ma Dame, je me sens épuisée et j’aurais grand besoin de me reposer. Je reviendrais vous voir tous les deux demain à la première heure, rajouta-t-elle en regardant avec amour l’enfant dans les bras de Jyana.