-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal


La traque de la frontière [PV Valena]

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Orys & Valena



Le voyageur examina ses plaies avec toutes les précautions du monde. Il tira sur sa peau, vérifia les égratignures et parut soulagé. Il avait certes fait une mauvaise chute, mais il en faudrait plus pour le tuer. Il semblait assez robuste, avec sa carrure relativement imposante et cet air revêche qu’il portait sur le visage. Il ne se laisserait pas facilement tuer, c’était certain. Il demanda à ce qu’on lui apporte de quoi nettoyer ses griffures. S’il ne se montra pas courtois avec l’aubergiste, je ne lui en tins pas rigueur car j’aurais probablement fait la même chose. Nous étions tous les deux à bout de nerfs et passablement énervés. Ce maudit paysan contrecarrait tous mes plans et voilà que par sa faute, j’étais obligée de monter dans le Nord. Dans le Bief ! Je serrai les dents. Je n’aimais guère tout cela. Mais enfin, je n’étais pas seule dans cette galère et le Santagar devait avoir eu son lot de mauvaises aventures sur le chemin jusqu’aux Montagnes Rouges. Cependant, rien de ce qu’il avait vécu ne pouvait se rapprocher de près ou de loin à un assassinat, même accidentel. À côté de moi, le soldat de la maison Allyrion n’avait pas ouvert la bouche durant notre échange et se contentait d’écouter, calmement et attentivement. Je me demandais comment cela se passait pour Trebor. J’espérais simplement que le brigand bieffois n’épuise pas sa patience et ne lui donna, à lui aussi, des envies de meurtre. Voilà encore une chose qui me mettrait dans de beaux draps…

Enfin, le dornien m’expliqua les raisons de sa traque. C’était une broutille. J’imaginais que le lord de Froide-Douve n’avait pas besoin du petit pécule, du ridicule impôt versé par un paysan pour survivre. C’était un détail, mais qui avait tout de même son importance. J’imaginais qu’il voulait probablement s’en servir d’exemple, montrer ce qu’il arrivait aux voleurs qui ne respectaient pas son autorité. S’il ne le punissait pas, c’était la porte ouverte à tous les excès et tous les écarts. Si lui ne payait pas et n’était pas puni, pourquoi son voisin payerait-il alors qu’il ne risquait rien ? J’acquiesçais, mes sourcils froncés creusant une fine ligne sur mon front. Tout cela était bien complexe.

Je notais cependant que le Santagar était l’épée-lige du seigneur de Froide-Douve. Comment un dornien avait-il pu en arriver là ? Qu’est ce que c’était que cette histoire, encore ? C’était bien la première fois que j’entendais une chose pareille. Nous autres, dorniens, ne nous mélangions que très peu avec les Nordiens. Nos fils et nos filles étaient envoyés en tant que pupille dans des familles dorniennes. Les jeunes garçons devenaient écuyer dans des familles dorniennes. Et voilà que mon interlocuteur servait un bieffois comme un domestique ? Être épée-lige était un honneur, mais pas pour un fils d’une noble famille du désert servant un homme sentant les fleurs et enroulé dans de la dentelle.

Si j’étais déjà méfiante à son égard, le fait de la savoir le chien d’un bieffois me rendit carrément suspicieuse. Mors n’était pourtant pas plus tendu qu’à l’ordinaire. Contre ma cuisse droite, je sentais la froideur de la lame de mon poignard, pourtant coincée dans son fourreau. En cas de pépin, je pourrais toujours me défendre. Bien que je doute que mon allié d’un soir ne s’attaque à ma petite personne au beau milieu d’une taverne, surtout lorsqu’on savait qu’il était blessé et que deux de mes hommes n’hésiteraient pas à l’égorger s’il en venant aux mains. « Vous vous dites Santagar, mais vous ne m’avez pas donnée votre prénom. » Même s’il se prétendait fils d’une famille de chevaliers dorniens, j’osais encore douter. Il ne faisait aucun doute qu’il était né dans la Principauté, mais rien de prouvait son ascendance. Je savais que sa prétendue famille avait trois fils. Je connaissais leurs prénoms. Je verrais bien ce qu’il me répondrait.

Il me demanda à mon tour mon identité. J’entrouvris ma cape de voyage brune, pour le laisser entrapercevoir la broche qui retenait ses pans. Une main dorée dont tous les doigts étaient tendus vers le ciel, bloquant le passage des ennemis. Le symbole de ma famille. « Valena Allyrion, héritière de la Gracedieu, » me présentais-je avec un petit sourire fier. « Je vous l’accorde, je suis bien loin de chez moi. Il me fallait voir la famille Noirmont, des Montagnes Rouges. » Il n’avait pas besoin d’en savoir plus sur le but de mon voyage. « L’issue funeste de cette traque est le résultat d’un concours de circonstances bien malheureuses… » maugréais-je. « Je ne peux pas vous blâmer. Merci pour votre sollicitude, même si cela n'a plus d'importance maintenant, » terminais-je d’un ton grave et dur lorsqu’il me présenta ses condoléances.

Le dornien évoqua notre voyage et je grimaçais à ses conditions. Un coup d’œil à mon homme de main m’indiqua qu’il n’était, lui aussi, pas vraiment friand de ses explications. « Nous ferons ce que nous pourrons, » lui assurais-je. « Mais nous ne sommes pas des sauvages, nous savons nous tenir. » Je n’étais moi même pas tellement convaincue par ce que j’avançais. Si d’ordinaire, je ne sortais jamais ma dague pour garantir l’effet de surprise lors d’une vraie attaque, Mors et Trebor n’hésitaient jamais à laisser crisser leurs épées le long de leurs fourreaux pour intimider ou couper court à une provocation. C’était bien utile. « Quand vous dîtes « les gens », vous parlez des bieffois, bien entendu ? Cela tombe bien, nous ne les apprécions pas vraiment nous aussi. » Un rictus se dessina sur mes lèvres et Mors en fit de même.

J’étais épuisée et c’est donc naturellement que j’acquiesçais à sa dernière proposition. D’ailleurs, partir en pleine nuit dans les sinueux chemins des montagnes étaient une nouvelle fois une terrible idée. Et nous avions bien besoin d’une nuit de sommeil pour nous remettre des obstacles du soir. Je prie donc congé, sans un mot de plus et demandais une chambre à l’aubergiste. Évidemment, ici, les chambres se payaient une bouchée de pain et surtout, il y avait de la place. Avant de m’allonger dans le lit salvateur, j’ordonnais tout de même à Mors d’annoncer nos plans à Trebor qui ne devait pas quitter le prisonnier de la nuit et qu’il leur faudrait organiser des rondes et se relayer aux côtés de Drickel.

Cette nuit là, je dormis comme une pierre et rien ne vint troubler mon sommeil, à part les grignotements des rats et l’odeur d’urine des couvertures. La salle à manger était vide et seul le tavernier lustrait son bar d’un bras mou. Je commandais ce qu’il me semblait être le moins répugnant des plats et attendais l’arrivée du Santagar en pelant une pêche dure comme du bois. Mors rongeait un os tandis que je demandais à Trebor de regagner la Gracedieu, pour livrer un message à mon père. Malgré ses protestations, il partit au lever du soleil. J’étais prête à quitter Dorne pour la première fois et ouvrir les yeux sur le Bief. J’avais hâte de découvrir s’ils étaient aussi imbuvables qu’on le prétendait ici et j’avais aussi hâte d’en finir avec cette sale histoire.



Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Avant de partir se coucher, et soulagé de voir qu'il était parvenu à éviter davantage d'effusions de sang, Orys décida d'examiner encore un peu plus ses blessures, plus en détail cette fois. Une fois dans la chambre qu'il avait pris, laquelle était d'ailleurs très sommaire – peu importait en fait – il se mit nu et essaya de voir ce qui était le plus urgent parmi ses blessures. Rien, heureusement, ne pouvait le mettre en danger. Mais passer de l'eau serait sûrement la meilleure idée, car cela éviterait au maximum les infections, qui elles pourraient lui être fatales. Autant éviter de mourir ainsi.

S'il ne dormit pas spécialement bien, il était conscient qu'il n'aurait pu espérer quand même mieux. Après tout, il était parvenu à supporter les démangeaisons et les douleurs dans tout son corps, et ce malgré un lit trop dur et un dos en compote. Il avait mal partout au réveil, mais l'air frais du matin lui fit du bien. D'autant qu'il se sentit bien plus d'attaque après une bonne rasade d'eau fraîche sur le visage, un petit repas pour la route et quelques étirements. Il se doutait que le voyage ne serait pas facile, avec Valena à ses côtés, mais il n'avait pas le choix. Il avait donné sa parole, et il la tiendrait. Il n'était pas un traître. Il faisait ce qu'il devait faire, pour son propre bien. Et celui de son épouse, se rappela-t-il, bien que son humeur s’assombrit légèrement à cette pensée. Aussi décida-t-il d'aller voir le prisonnier avant qu'ils ne se mettent en route.

Il le trouva, faible, misérable. Peu importait. Il mourrait bientôt. Mais la cruauté ne faisait pas parti des prérogatives d'Orys, il lui devait donc la vérité. Si ça pouvait l'aider à se racheter auprès des Sept.

 « Tu vas mourir. Je veillerais à ce que ton meurtre, volontaire ou non, soit puni comme il se doit. Le seigneur Tyssier en sera informé et il te reconnaîtra coupable. La seule chose que tu puisses faire, c'est de plaider coupable et de prier pour une mort rapide. Mais peu importe, tu mourras. Je tenais simplement à ce que tu sois bien au courant. »

« S'il vous plaît, messire ! Je ne mérite pas... »

 « Oh si, tu le mérites. Sache que je t'épargne les geôles de ces contrées. Ton sort n'y serait que plus funeste. »

Sur ce, il le quitta, et se prépara à partir.


Plusieurs plus tard

Arrivés à Froide-Douve, le groupe se rendit immédiatement auprès d'Owen Tyssier, seigneur des lieux. La sentence fut rapidement prononcée, et nulle n'y vit d'objection. Il faut dire, la rumeur de la poursuite semblait avoir fait le tour du domaine, et on reconnaissait à Tyssier le droit de punir ainsi un homme coupable de meurtre, même dans une autre région du monde. Les Dorniens repartirent aussitôt, Orys espérant que leur soif de sang en fut apaisée. Il conserva néanmoins en mémoire les noms qu'il avait appris au cours de cette aventure, persuadé qu'un jour cela lui resservirait.