[FB] Les retrouvailles de la Rose et du Mimosa

Abigaëlle & Margaery

Rose et Mimosa ►

Margery envisagea la proposition de son amie: il était vrai que Leonette n'avait pas la même position que les deux femmes. Rhaenys était une princesse royale, on la scrutait depuis sa plus tendre enfance, ses erreurs étaient rejetées sur le règne de son père et elle devait se montrer un exemple pour toutes les dames de la noblesse depuis que sa mère, la reine, avait quitté ce monde. Cersei était dans la même position qu'elle même: fille de suzerain, destinée à faire un grand mariage et à solidifier une alliance politique. Elle avait du être plus que déconvenue d'être unie à un troisième fils, sans aucune chance de pouvoir, un jour, dirigé le domaine de son époux. De plus, compte tenu des préférences de Loras, il y avait fort à parier qu'elle devait se sentir bien seule. Sa fierté de Ouestrienne l'empêchait sans doute de s'épancher auprès de sa nouvelle famille ?  « Tu es loin d'être objective ! » commenta la jeune femme. Elles avaient tant rêvé de devenir soeurs ... Si Margaery ne s'était jamais permise de faire de remarque sur l'affection qu'elle semblait porter à Willos, il y avait eut son idylle avec Andrew qui avait ouvert une possibilité d'union de leurs maisons. Possibilité étouffée dans l'oeuf dès qu'Olenna avait perçu le potentiel d'une union Targaryen. « J'ai un peu peur que ma nouvelle famille se sentent envahie de Tyrell, je t'avoue ... » En soi, ce n'était pas les mots de son futur Père ou de son époux qui l'inquiétaient: ils mesuraient tous deux les conséquences d'une telle union. Non, c'était les regards, les rumeurs, les bruits de couloirs des courtisans, de familles rivales trahissant les complots et les jalousies. Que pourrait faire un groupe de jeunes filles face à des complots d'une telle ampleur. « J'ai demandé à tante Janna de venir avec moi. » Elle était l'une des Tyrell dont elle était le plus proche, après Olenna bien sur. Janna et Margaery partageaient beaucoup et il lui serait sans doute plus facile de prendre ses marques dans sa vie d'épouse et de princesse en se sachant conseillée par sa tante alors que sa mère et sa grand-mère resterait auprès de Willos et Daena. « Je lui ai envoyé un corbeau avant de quitter Port-Réal. J'imagine qu'une réponse de La Tonnelle viendra bien assez vite. » réfléchit-elle à voix haute. La conversation dévia sur le mariage de la dame des lieux. Margaery ne savait que penser de ce que lui racontait son amie. Elle comprenait, bien sur, les doutes et les questionnements qui pouvaient traverser son esprit. Mais elle parvenait également à expliquer l'attitude de son époux. Abigaëlle restait jeune: elle avait tout juste l'âge de se marier alors que Bryce gérait un domaine depuis bien des années et avait, jusque là, garder le célibat. L'homme avait une réputation de jouteur hors paire et elle souvenait avoir entendu son nom prononcé à plusieurs reprise que cela soit dans la bouche de son défunt père ou dans des discussions à Port-Réal. Elle ne pouvait pas décemment dire à Abigaëlle la chance qu'elle avait d'être associée à pareil nom, cela aurait été déplacé car, hormis de réputation, elle ne connaissait pas encore l'homme. Peut être avait-il un vice caché ? Elle songea aux bannerets de son père. Certains étaient dans la même position que Lord Caron et étaient poussés par leurs conseillés à prendre épouse. Un mariage était gage d'héritage, de stabilité, de prospérité. Elle ignorait si c'était ce qui avait poussé le seigneur de Serena à conclure cet accord avec celui de Boisdorés mais cela pouvait expliquer le décalage entre les deux époux. « Cela viendra. » se contenta-t-elle de répondre. « Lord Caron a prit une jeune épouse, donne lui l'occasion d'être surpris ? Intéresse toi à sa famille, à son domaine. Donne lui un fils, tu gagneras en responsabilité puisque tu ne seras plus qu'une jeune fille qu'il a épouser, mais la mère de son enfant. Nul homme ne peut rester indifférent lorsqu'une dame lui offre une descendance. » Etait-ce ce qui avait rapprocher ses propres parents ? Elle l'ignorait. Sans doute Alerie Hightower s'était sentie plus en sécurité après avoir offert à son époux un héritier. Face aux réactions exagérées de la jeune femme, Margaery se laissa surprendre, montrant son inquiétude à travers une salve de questions qui trouvèrent réponses peu convainquantes aux yeux de la bieffoise. « Es-tu certaine de cela ? Il n'y a rien que tu souhaiterais me cacher, j'espère ? » ajouta-t-elle sur le ton de la blague, désireuse de détendre l'atmosphère. Néanmoins, elle ne se laissait pas détourner de sa question première. Il y avait quelque chose d'étrange chez la Dame de Serena ... Etait-elle la seule à l'avoir remarqué ?  

Abigaëlle & Margaery

Rose et Mimosa ►

Elle ne put s'empêcher de rire en imaginant les hommes de la cour face à l'attroupement de demoiselles Tyrell qui se trouverait à la capitale. Bien sur, si Olenna plaçait des Tyrell dans sa suite, ce serait sans doute pour leur permettre de faire un beau mariage, mais elle connaissait assez bien ses cousines pour savoir qu'elle s'amuseraient de voir les regards sur elles. Nul doute que les premières lunes seraient divertissantes. « Je plains les hommes de Port-Réal: Elinor a déjà briser bien des coeurs à Hautjardin ... » Sa cousine remportait un succès rare auprès des jeunes hommes à tel point qu'elle même aurait pu en être jalouse. Cependant, Elinor était bien plus accessible et adorait les jeux de séduction. Combien de soupirants avait-elle refoulé ? Margaery ne s'en souvenait plus mais elle était persuadée que bon nombre de pauvre damoiseaux s'étaient langui d'elle et espéraient toujours. Le moment aurait pu se prolonger: elles avaient tant à se dire, tant à rattraper. Les questions que Margaery se posait sur le mariage auraient pu trouver réponse en la courte expérience d'Abigaëlle, mais cela aurait sans doute été un bon début. Elles auraient pu bavasser de Hautjardin, de leurs souvenirs ou bien de Serena, de la nouvelle famille de la blonde, de ses projets ... Elle auraient pu ... Cependant Margaery n'avait plus la tête aux conversations futiles, elle s'inquiétait pour son ancienne dame d'atour capable de passer du rire à la colère en un instant. Abigaëlle n'avait jamais été très lunatique. Elle était discrète, pleine de bonne volonté et avait toujours un sourire pour tout le monde. Bien qu'elle lui ait assuré que Bryce ne levait pas la main sur elle, la brune cherchait une explication à toutes ces petites choses qui la tracassait chez son amie. Parler de son époux ne semblait être un sujet qu'elle appréciait, mais la Rose voulait en savoir le plus possible: sans doute était-ce l'angoisse de ce mariage qui la rendait étrange ? Etait-ce possible ? « Tu sais, il y a des moyens de rendre cela ... Agréable. Ta mère ne t'en a jamais parlé ? » Les devoirs conjugaux étaient un moment redouté de bien de leurs congénères. Malgré l'éducation de parfaites épouses qu'elles recevaient, elles restaient novices en la matière et le sujet demeurait un point d'ombre auxquels ni les septa, ni les mères ne souhaitaient répondre. Pour Margaery, les choses étaient différentes: Olenna l'avait préparer et la relative liberté dont elle avait pu jouir à Hautjardin lui avait permit de découvrir bien des choses tout en gardant sa vertu intacte. Elle ne craignait pas sa nuit de noces, bien au contraire: le désir la consumait réclamant qu'enfin elle puisse concrétiser son amour pour Aegon.  

Alors qu'Abigaëlle lui assurait qu'il n'y avait nul secret entre elles, elle perdit toutes ses couleurs. Prévoyante, elle alla mettre un bras derrière elle, bras que la blonde s'empressa d'attraper. Margaery retint une grimace, la poigne de la jeune femme était ferme, presque douloureuse, preuve de son manque de contrôle sur ce qui lui arrivait. La voir l'implorer de lui venir en aide était pire encore, cela brisait son coeur car elle ignorait ce que son amie pouvait bien avoir. Et puis, alors qu'elle songeait que le mestre de Hautjardin aurait sans doute était d'une aide salvatrice, elle repensa à Leonette. Sa belle soeur avait connu la joie d'une grossesse rapide après son mariage avec Garlan et les premières semaines avaient été particulièrement difficile. Soudainement malade, elle n'avait pas immédiatement songé à ce qui lui arrivait. Margaery était présente à ce moment. Elle se souvenait du teint blafard de sa nouvelle soeur, de sa fatigue perpétuelle et d'autres éléments moins glamour qu'elle préférait oublier. Elle regarda alors Abigaëlle différemment. Visiblement, elle ne comprenait pas ce qu'il se passait et le rapprochement ne s'était sans doute pas encore fait dans son esprit. Elle hésita mais se retint de lui poser la question, la jugeant trop intime pour être posée alors que la blonde semblait paniquer. « Assieds-toi, c'est un vertige, ça ira mieux si tu ne bouges pas trop. » tenta-t-elle pour la calmer, la guidant vers le banc où elle la fit s'installer. « Désires-tu de l'eau ? Du vin peut être ? Je peux faire appeler Lord Caron ou un serviteur pour te reconduire à tes appartements ? » Plus elle tentait de trouver une autre explication, comme un coup de froid, un coup de chaud ou un manque de sommeil, plus sa pensée initiale se faisait pressante. Alors qu'elle cherchait de quoi éventer Abigaëlle, la brune finit par poser sa question. « Dis moi, mon amie ... Comment se porte ta santé ? » Le but n'était pas de la lui poser de but en blanc mais bien d'introduire le sujet en douceur. « Je veux dire ... Ta nuit de noces remonte à quelques lunes maintenant ... Est-ce que tu as ... Saigné depuis ? » L'ultime preuve qu'il fallait à une femme pour savoir si oui ou non, elle portait une descendance.