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(Lucas) Can we make a memory of this ?

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La culpabilité n’avait pas mis bien longtemps pour commencer à se frayer un chemin dans l’esprit du chevalier et se mettre à le ronger. Il voyait Marianne si vulnérable, si touchée, désemparée et il lui semblait évident que c’était de sa faute. Pourquoi avait-il voulu la brusquer ? Pourquoi avait-il pensé avec arrogance qu’il la connaissait suffisamment pour estimer ce dont elle avait besoin ? Si ses mains n’avaient pas été prises, cherchant à réparer le mal qu’il avait causer, il se serait frapper le visage plus d’une fois. Il aurait du aller à Hautjardin, lui, l’émissaire des Nerbosc et laisser son frère, le véritable ami de la lady de Castel-Bois faire ce qui était nécessaire pour son bien. Pourquoi l’avait-il retirer des mains protectrices de son oncle et de sa cousine ? Du foyer sécurisant qu’était la demeure des Harlton pour la traîner dans la forêt pour y passer plusieurs nuits ? Même s’ils arrivaient jusqu’à Harrenhal, l’ambiance n’en serait pas forcément moins sombre. La demeure était bien moins lugubre que celle qu’il avait connu lorsqu’il avait commencé son écuyage auprès de Lord Walter Whent, et Shella était une personne qu’il estimait à l’opposé de l’obscurité. Mais il n’y avait pas de recette magique ou secrète pour ôter les traces d’un feu de dragon, cela demandait énormément de ressources et de temps, alors oui, même si Harrenhal n’était plus aussi morbide qu’autrefois, ses murs extérieurs demeuraient sombres et son histoire, sa réputation n’avaient en rien changé. Peut-être même que les âmes qui hantaient déjà les lieux étaient toujours là. Non, ça n’était décemment pas le lieu de prédilection pour une femme qui se battait déjà contre ses propres démons. Son père, Tytos, avait raison. Qu’avait-il dans la tête parfois lorsqu’il prenait des décisions ? Elles lui semblaient toujours si riches d’idées, si convaincantes à l’origine qu’il parvenait le plus souvent à convaincre son entourage rapidement. Seul Tytos voyait toujours clair dans son jeu et son esprit et l’arrêtait net. Il regrettait à présent de ne pas avoir évoqué le sujet avec lui avant de partir, il aurait eu tôt fait de lui faire prendre conscience de la stupidité de son idée et il lui aurait donné d’autres éléments pour gérer la situation correctement. Mais non, comme d’habitude, il n’avait voulu en faire qu’à sa tête, persuadé de toujours détenir la bonne réponse. Même sa gêne vis à vis du mensonge qu’il avait servit à Marianne n’avait pas suffit à l’arrêter, il avait donc fallu qu’il la trouve comme cela en larmes pour enfin comprendre qu’il avait eu tort… Non vraiment, s’il n’avait pas eu quelque chose d’aussi précieux entre ses mains, il n’aurait pas manqué de se frapper. Lorsqu’il serait rentré à Corneilla, il lui faudrait faire le point sur ses dernières actions imprudentes avant qu’elles ne l’amènent définitivement trop loin et qu’il ne soit trop tard… Si cela n’était pas déjà le cas pour la belle et douce Marianne… Et voilà qu’à présent elle se trouver à devoir se faire consoler par le responsable de la situation, à resserrer son étreinte sur lui. Il était la présence humaine qui la ramenait du cauchemar à la réalité, alors qu’il était celui-là même qui l’avait mise dans une position de fragilité, comme un appât pour ses mauvais rêves. Il s’était encore trompé en se précipitant dans la tente de fortune, il aurait du laisser Ser Roadney s’occuper de sa dame. Mais non, le chevalier s’était encore une fois entêté à vouloir faire ce qui lui avait semblé bien et juste. Têtu qu’il était ! Son père avait raison, ça n’était pas parce que les intentions étaient bonnes que les résultats étaient louables. On pouvait causer de la peine aux gens sans le vouloir et c’était ce qu’il avait fait. L’opposé même de ce qu’il avait souhaité.

Pourtant sa culpabilité ne l’empêchait pas de vouloir consoler Marianne.Peut-être était-ce sa façon implicite de rembourser quelque peu sa dette, sa façon de se faire pardonner. Il était responsable de la situation jusqu’au bout. Il était celui à cause de qui Marianne se trouvait dans cet état, alors il serait aussi responsable de la rassurer, de chasser ses mauvais rêves. Pendant une fraction de seconde, Lucas se demanda là si ça n’était pas prendre le risque de tout empirer ? Si son père n’aurait pas eu envie de l’étrangler de le voir continuer à foncer dans le problème tête baisser alors qu’il en est l’unique responsable et que le choix raisonnable serait de se retirer, de laisser sa place à quelqu’un de plus compétent ? Quelqu’un qui ne rajouterait pas des noeuds là où il n’y en avait pas ? Mais le Nerbosc ne pouvait pas vraiment prendre le temps de se questionner de la sorte avec la jeune femme dans cet état à côté de lui. Il ne pouvait pas s’en éloigner, c’était plus fort que lui. Il voulait réparer ses torts. Tant pis, que les Anciens ou les Sept l’emportent, il irait au bout, c’était qui il était, même si cela signifiait le plus grand désarroi de son père. Lucas avait donc doucement saisit le visage de Marianne pour qu’elle daigne enfin le regarder dans les yeux. Son regard passait d’un oeil à l’autre, cherchant à retrouver dans les émeraudes ce qu’il avait vu durant leur longue conversation plus tôt dans l’après-midi. Il cherchait à s’accrocher. A l’accrocher elle. Il fit de son mieux pour avoir des mots rassurants, pour dire ce qu’il lui semblait nécessaire d’entendre. Contrairement à ses discours habituels, il ne savait pas trop bien où aller. Il ne s’agissait pas d’une foule à convaincre ou d’un camarade à amuser. Il n’y avait pas de plans, il ne lui semblait pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises réponses à faire, trop de vérités coexistaient. Elle avait dit qu’elle était perdue et elle s’était retrouvée terrorisée d’être seule en proie à ses cauchemars. Alors évidemment, après l’avoir rassurée comme il le pouvait, Lucas avait proposé à Marianne qu’ils reprennent la route pour Castel-Bois. Il s’était excusé de lui avoir mis de telles idées en tête. Le chevalier s’arrêta finalement dans ses propositions lorsque Marianne repris la parole. Au fur et à mesure de ses phrases, il avait senti sa maladresse, expérimenté ses divagations et à présent, il était soulagé que la belle Harlton reprenne la parole pour enfin arrêter la sienne. Sentant ses limites atteintes, Lucas avait tout de même fini par proposer à la jeune femme d’appeler son garde personnel qui il s’en doutait, saurait bien mieux gérer la situation que lui, connaissant véritablement Marianne depuis des années. Mais ça n’était pas ce que la dame de Castel-Bois désirait. Il semblait même que le Nerbosc s’était trompé sur toute la ligne. Le jeune homme eut un léger mouvement de recul et secoua subreptivement le visage. Le tremblement de la voix de la belle brune à causes des sanglots avait disparu pour laisser place à une douce conviction. “Je suis quand même responsable des conditions dans lesquelles nous voyageons et j’imagine qu’elles vous rappellent…” Lucas se tût sans aller au bout de sa phrase. Marianne ne semblait pas vouloir le laisser s’excuser. Et s’il continuait à faire de même pour elle, la suite de leur amitié serait pour le moins étonnante si ni l’un ni l’autre ne pouvait plus jamais s’excuser à présent.

Le Nerbosc serra les dents et écouta attentivement ce que la jeune femme avait à lui dire. Il baissa le visage un instant vers ses mains, les sentant soudainement électrisées. Les pouces de Marianne décrivaient de légères caresses alors qu’il tenait les siennes. Il eut soudainement l’impression que tout son épiderme brûlait aussi vivement que le feu au dehors, qu’il fixait quelques instants auparavant. Mais il eut tôt fait de reconcentrer son attention sur le regard envoutant de la Harlton. Les mots de la jeune femme le touchèrent en plein coeur et il eu l’impression de devenir un brasier lui-même. Pourtant sa poitrine se serra. Il déglutit difficilement, partagé entre joie et profonde culpabilité. Son mensonge lui revenait en pleine face. Il ne méritait pas les compliments qu’elle lui faisait. Elle évoquait confiance et respect, sauf qu’il avait l’impression de bafouer ces promesses et de ne pas se montrer à la hauteur des qualités qu’elle lui attribuait. Il s’était promis de tout avouer si l’occasion se présentait… c’était peut-être l’occasion. Lucas entrouvrit la bouche pour parler mais aucun mot n’en sorti. C’était bien une première pour l’émissaire du Conflans. Il la referma, quelque peu dépité et ce fut à son tour de baisser le visage, honteux. La proposition de Marianne de rester à ses côtés fut le déclic pour le jeune homme. Non il n’abuserai pas de sa confiance, pas basée sur un mensonge de la sorte. Il resta un instant silencieux avant de pousser un long soupir et de redresser doucement son visage vers son amie. “Je suis désolé Lady Marianne, je ne mérite pas vos beaux compliments. J’ose espérer ne pas être une mauvaise personne, d’avoir des intentions la plupart du temps louables, mais il m’arrive également de mentir et je suis navré que vous ayez du en faire les frais. Il n’a jamais été question que j’aille à Hautjardin… Shella ne sait même pas que nous arrivons… je…” Lucas retira sa main de celle de la jeune femme pour la passer sur son visage avec un nouveau soupir. “Je vous ai menti, tout ceci n’était qu’un prétexte obscur pour prendre de vos nouvelles et vous convaincre de sortir de chez vous. Alors si, je suis responsable. Peut-être pas de la cause même de vos cauchemars, mais je vous ai rendu plus vulnérable et j’ai menti…” Elle l’avait tutoyé et il n’y avait pas prêté attention, trop préoccupé par sa violente culpabilité. “Je vous ai entendu, je vois que vous étiez heureuse d’entreprendre ce voyage, mais je comprendrais que vous ne voudriez plus me faire confiance à présent. J’ai pensé que mes bonnes intentions pouvaient rattraper mes prétextes mais un mensonge reste un mensonge, et je m’en veux, mais je n’ai pas d’excuses.” Pouvait-il rejeter la faute sur les épaules de Lady Serrett à présent ? Non, la plaisanterie ne la ferait probablement plus rire à présent. “Êtes-vous sûre que vous ne voulez pas que j’appelle Roadney ?” demanda-t-il en la regardant enfin dans les yeux, l’air honteux.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
Les doutes accroissaient un peu plus les méandres de la nuit. Lui prodiguant des atours qui n’auraient eu d’autres effets que de renforcer le désespoir dans lequel la veuve se recueillait depuis toutes ces lunes. L’impression de chute libre, de cercle sans fin mais surtout de questionnements qui n’auraient jamais de réponses lui revint en pleine figure au moment où les reflets se mêlaient les uns aux autres. Même si elle ne connaissait pas le jeune homme, Marianne avait l’impression de se projeter face à un miroir. Il lui renvoyait ce même air à la fois apeuré et perdu qu’elle-même devait probablement lui décliner sous plusieurs aspects en cet instant. Le cauchemar s’estompait pour laisser place à une réalité qu’elle aurait du dissimuler. Sa cousine le lui avait assez répété pendant de nombreux jours, il fallait qu’elle s’endurcisse et qu’elle revête à son tour le panache de son arbre. Le saule pleureur lui revenait en mémoire. Lui, qui, s’offrait pleinement aux autres, en osant déverser sa tristesse jusque dans les cimes pendantes de ses plus belles branches. Beaucoup y voyait de sa superbe, elle-même appréciait l’admirer, néanmoins sa vulnérabilité s’en dégageait pour ne laisser qu’un triste souvenir de qui il était. Peut-être avait-elle de cette sève dans ses veines, plutôt que celle veillant à instruire force et honneur ? Plus son discours avançait et plus l’égoïsme se ressentait de ses propres appréhensions. Jamais, elle n’aurait cru le devenir de cette manière. Tout comme jamais, elle n’aurait envisagé délaisser les autres au détriment de ses propres ressentis. Le chagrin l’avait changé, il lui avait ôté cet altruisme qui avait pu façonner toutes ses attentions et ses batailles pour les autres. Il lui avait fait oublier à quel point un sourire, un geste, ou une attention pouvaient se révéler libérateur et suffisant. La honte avait eu raison de son comportement, l’obligeant à se retrancher derrière des excuses qui lui ouvraient d’avantage les yeux sur qui elle était en train de devenir. Cette Marianne Harlton ne lui plaisait pas, tant elle contrastait avec celle qu’elle avait été. Comment avait-elle pu délaisser Lucas ? Pourquoi avait-elle accordé autant d’importance à ce cauchemar alors que tout était pour le meilleur ? Malheureusement, personne n’était à même de pouvoir contrôler sa peine, surtout lorsque cette dernière impliquait des sentiments forts et sincères. L’oubli ne serait pas une solution pour vaincre ses démons, tout comme la colère qu’elle s’infligeait à elle-même. Il lui fallait encore apprendre, beaucoup apprendre sur les moyens d’avancer au mieux. Les aides de chacun avaient su lui porter une vision différente pourtant, il n’y avait que celle qu’elle avait entendu aujourd’hui qui avait su trouver écho dans son cœur. Le temps favoriserait son mieux. Tout comme, il lui accorderait des instants de répit dans lesquels, elle l’espérait, elle saurait donner aux autres ce qu’ils lui offraient en retour. Par la simplicité, par le naturel, par cette dévotion qu’elle recouvrait à peine et qui avait eu raison du poids dans sa poitrine pendant le trajet du jour. Le sourire de Lucas l’avait aidé pour les quelques foulées qu’ils avaient traversé, son rire avait su consolider la joie timide qui avait osé se décliner sous une forme qu’elle n’avait pas envisagé et son regard n’avait pu que faire appel à son espoir pour qu’il renaisse doucement de ses cendres. Aussi triste pouvait être son histoire, Marianne aurait tant désiré la délaisser au moins pour une semaine, afin de profiter. Un dessein difficile à réaliser néanmoins, mais qui pourtant, n’était pas impossible. La conviction était doucement en train d’éclore, tel le bourgeon printanier, pour fleurir entre les mains du jeune homme. Elle puisait de ses ressources dans cette volonté de témoigner d’une sincère gratitude mais surtout dans cet espoir d’immiscer de la fierté dans le cœur de son ami. Peut-être s’oubliait-elle pour lui, mais Marianne ne voulait plus que les démons lui empêchent d’avancer. Pas alors qu’elle lui faisait autant de peine, surtout pas alors qu’elle estimait qu’il méritait mieux qu’elle. Aussi, tenta t-elle de se reprendre du mieux qu’elle le puisse. Délaissant ses appréhensions, elle savait très bien qu’elle les retrouverait dès l’instant où son esprit se poserait. Vils, ses démons savaient se terrer n’importe où et l’assaillir dans des occasions qu’elle n’avait même pas envisagées. Sa foi recouvrait de ses droits, d’une manière naturelle et quelque peu inattendue. Et voilà qu’elle arrivait à se convaincre qu’elle n’était plus celle qui avait besoin d’aide, mais plutôt celle qui devait aider.  Surtout lorsqu’elle se confrontait à ce regard coupable. Surtout, lorsqu’elle ressentait à quel point la déception avait raison de la détermination de son ami. Lucas Nerbosc ne lui était pas connu pour baisser les bras aussi facilement. Elle avait eu tant de fois l’occasion de l’entendre élaborer des discours dans lesquels résolutions et grandeurs se liaient pour convaincre son auditoire. Pourtant, la lady ne pouvait s’empêcher de penser que l’homme public trouvait des aspirations dans des encouragements privés, des attentions qui comblaient sa confiance en lui-même pour pouvoir se donner aux autres comme il pouvait le faire.

Leurs mains liées, plus le discours du jeune homme émettait l’hypothèse de retourner à Castel-Bois, plus la jeune fille sentait à quel point son égoïsme était honteux. Les mots qu’elle entendait eurent raison de sa torpeur et l’incompréhension quant à cette faute injustement rejetée sur lui, veilla à arrêter son cœur pour quelques secondes. L’incompréhension se glissait à son tour dans cet échange, au point que les confidences n’en devinrent que plus révélatrices de ses propres défauts. Jamais, Marianne n’aurait désiré infligé tant de doute dans l’esprit de Lucas. Jamais, elle n’avait envisagé que sa peine aurait pu se répercuter de cette manière sur lui. Sa culpabilité la rongeait à son tour, surtout au moment où celle de Lucas lui témoigna de nouvelles injustices envers lui. Elle n’était visiblement pas celle qui saurait le rassurer. Il lui avait suffit de constater de son regard pour en prendre conscience et elle espérait que Lady Whent jouerait ce rôle parfaitement pour lui. Mais même si elle n’était pas suffisante, la lady de Castel-Bois ne renoncerait pas pour autant à tenir son rôle d’amie pour lui. Les mots lui échappèrent à son tour, désireux de prouver au chevalier qu’elle ne désirait pas rebrousser chemin mais surtout qu’elle ne voulait pas qu’il s’inflige autant d’injustice envers sa propre personne. Il n’était pas celui qu’il lui décrivait. Et même si ses termes ne trouvaient pas d’écho en lui, Marianne ne démordrait pas de ses intentions. Elle désirait plus que tout le rassurer à son tour, comme une amie pouvait le faire. Peut-être aurait-elle du refreiner ses ardeurs ? Surement… Le mouvement de recul devant lequel elle se heurtait fut probablement le début de cette fin qu’elle n’avait pas désiré entrevoir. Trop entêtée qu’elle pouvait l’être lorsqu’elle désirait prouver de la bienséance des autres. Si seulement, elle avait pu retenir les leçons inculquées par sa cousine, surement que Marianne aurait pu déceler les prémices de la distance à venir. Mais encore trop naïve, elle n’y vit qu’un signe d’un manque de confiance qu’elle aurait peut être pu combler par ses vérités. Et la réaction de Lucas au moment de la fin de ses dires la força à froncer doucement ses sourcils. L’incompréhension veilla à la figer alors que l’entente de son nom sous l’appellation de lady Marianne commença à lui glacer le sang. Ainsi, en étaient-ils au point de non retour ? La distance que mettait Lucas entre eux en était un signe et il lui semblait déjà ressentir un poids dans son estomac. L’amertume gagna rapidement ses papilles devant les désolations et les excuses auxquelles il la confrontait. La jeune fille en avait même énormément de mal à en comprendre les significations. Le mélange des évocations en était trop difficile, surtout face à ce revirement de situation qu’elle n’avait pas envisagé une seule seconde. Les messages avaient énormément de mal à se frayer une route toute droite vers son esprit, surtout lorsqu’ils mettaient en exergue des termes tels que mauvaise personne, mensonge et faire les frais de tout ceci. Il lui était impossible de croire ce qu’il lui disait. Surtout maintenant qu’ils avaient pu partager tant de confessions et qu’il lui avait prouvé de sa bonne intention à vouloir rester à ses côtés pour l’aider. Pourquoi devait-il envisager de telles tournures ?  A son tour Marianne eut un mouvement de recul, laissant sa surprise gagner les traits de son visage. Ses yeux se perdirent au niveau du torse de Lucas alors que les mots donnaient l’impression de lui résonner encore dans son esprit. Elle n’y comprenait toujours rien.  Leur main se sépara sous la volonté du chevalier mais n’empêcha pas pour autant la jeune veuve de préserver sa surprise. Malgré ses discours, elle ne parvenait pas à concevoir où se situait la frontière entre la culpabilité et le mensonge, car plus il lui expliquait la situation et moins elle concevait où était l’erreur. Certes, il lui avait menti, néanmoins elle n’arrivait pas à admettre pourquoi est-ce qu’il s’infligeait autant de remords à ce sujet. A moins qu’il ne veuille plus de sa compagnie. Il s’agissait surement là du réel message qu’il était en train de lui transmettre, Marianne n’en voyait pas d’autre tournure. Ainsi avait-elle encore une fois déçu… Tout comme elle admettait ne plus pouvoir revenir en arrière à présent, il était trop tard. « Si vous désirez vous retirer, je vous en donne la permission. » Si Lucas la regardait dans les yeux, Marianne, elle gardait son regard sur son torse tout en serrant sa mâchoire pour essayer de taire la tristesse qui l’immergeait à nouveau. Tout était de sa faute depuis le début, elle n’était que la seule fautive des tournures de leur amitié. Le jeune homme était bien trop poli pour lui dire clairement qu’elle l’avait déçu et qu’il n’était plus nécessaire de continuer. La lady comprenait les messages entre les lignes à présent. Pourtant, elle ne pouvait freiner son naturel et tenter une dernière fois de partager un peu de sa bonté. Son regard se releva doucement, osant ainsi s’accrocher à celui de Lucas pour lui témoigner de ses remords et des excuses silencieuses. « L’amitié consiste à savoir accepter l’autre personne avec ses qualités et ses défauts. » Elle tenta de prendre une grande inspiration et chercha les meilleurs termes pour essayer de transmettre au mieux ses intentions les plus sincères. « Il s’agit d’un présent qu’il me semble devoir chérir et protéger avec énormément de tendresse et de précaution. Pardonnez ma naïveté Ser Lucas, mais je n’entends pas dans votre discours de quoi mettre à mal la confiance que je vous offre. Il y a des termes blessants, certes, cependant, ils ne gâchent en rien les intentions bonnes qui ont dicté vos actes à mon encontre jusqu’ici. » Doucement ses yeux se baissèrent à nouveau, désireux de chercher un courage qui parviendrait à l’inciter à continuer sur sa route. « Si ce sont les mots que vous attendez, sachez que je vous pardonne. »  Sa tête hocha doucement de haut en bas comme pour appuyer un peu plus sa sincérité alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de pincer ses lèvres avant de soupirer à nouveau bruyamment.

Aurait-elle du se redresser et s’extirper de la tente ? Devrait-elle agir pour essayer d’apaiser un peu cette tension qui avait raison d’eux ? Même si elle agissait mal, Marianne ne ressentait pas le désir de s’en aller ou d’élaborer une certaine distance entre Lucas et elle. Elle se perdait une nouvelle fois dans des questionnements mettant en exergue des apparences protocolaires avec des intentions en lien avec leur amitié. Existait-elle encore cependant ? « Je ne peux choisir à votre place ce que vous envisagez pour notre amitié… » Son regard fixait une fois de plus le torse dont la respiration paraissait toujours contrôlée et calme. Il avait surement choisi ce qui était le mieux pour lui et la jeune veuve apprendrait à accepter sa décision. « Si je vous pardonne pour votre mensonge, parviendrez-vous à me pardonner de ne pas avoir su honorer notre amitié en me montrant  vulnérable et décevante ? » Sa mâchoire se serra une fois de plus alors qu’elle essayait de battre intérieurement sa peine. Elle ne la laisserait pas gagner.


AVENGEDINCHAINS
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Sa culpabilité l’avait bien trop démangé ces derniers jours pour que le Nerbosc laisse échapper l’opportunité de confesser sa faiblesse à la douce Lady Marianne. Elle ne méritait pas d’être bernée dans le mensonge de la sorte. Pas quand elle se sentait honteuse de l’embarras qu’il lui semblait causer à Lucas. Elle pensait le décevoir, le retarder, de pas être digne de sa compagnie et s’en voulait pour ses raisons là. Alors que Shella ne savait même pas qu’elle allait recevoir des invités. Personne n’était en retard. Et personne n’était déçu. Surtout pas Lucas. En tout cas pas du comportement de la jeune Harlton. Ses seules déceptions étaient envers lui même. Il ne pouvait pas laisser la jeune femme se faire du mal autour de telles réflexions alors que tout cela ne serait jamais arrivé s’il n’avait pas menti. Il ne pouvait pas faire durer le simulacre plus longtemps. Il avait conscience que cela voudrait certainement dire perdre la confiance qui avait commencé à s’instaurer entre eux. Que la belle Marianne ne le laisserait probablement plus jamais passer du temps en sa compagnie, qu’il ne pourrait pas aller au bout de sa mission de vouloir lui rendre le sourire… Le lourd prix de la vérité. Mais si ce poids évitait que Marianne ne s’inflige ses souffrances, alors il était prêt à le payer.

Lucas sentit et vit de ses propres yeux la jeune veuve lui échapper. Elle avait eu un mouvement de recul et ses yeux avaient fini par quitter les siens. Elle avait baissé le visage, ne voulait plus soutenir son regard. La déception lui semblait évidente. Le chevalier sentit son coeur se serrer dans sa poitrine. S’il y avait bien une personne qu’il n’avait pas voulu décevoir, c’était cette belle brune qui avait déjà suffisamment souffert ces dernières semaines. Quel idiot il avait été. Trop arrogant. Trop sûr de lui encore une fois. Pourtant ça n’était pas faute d’entendre ces propres remarques dans la bouche de son paternel ou de son aîné. Mais non, Lucas n’en faisait décidément qu’à sa tête. Continuellement. Ses doigts devinrent froid alors que le contact de leur main se terminait. Ainsi s’arrêterait donc leur amitié et leur voyage. Quel gâchis. Lucas avait alors pris les devants, proposant à la jeune femme de se retirait, persuadé que sa vision lui serait insupportable après une tentative de bernage telle que la sienne. Et Lucas se confortait dans sa supposition et son interprétation puisque Marianne ne daignait pas vouloir poser ses yeux clairs sur lui. Elle ne le retint pas. Elle ne le mettait pas dehors, mais elle ne le retenait pas. Avec son état d’esprit défaitiste sur le moment, Lucas l’interprêtait évidemment comme une façon polie de le congédier. Alors Lucas commença à reculer et à se redresser doucement pour quitter la tente.

Mais alors qu’il allait se retrouver sur son séant, le Nerbosc vit les pupilles brillantes de Marianne s’arrêter sur son regard. Sa réflexion sur l’amitié lui fit hausser ses sourcils. Il était plutôt d’accord avec son propos, mais il ne comprenait pas bien ce qu’elle tentait de lui dire. Lui reprochait-elle quelque chose ? Ou était-elle en train de lui dire qu’elle acceptait son défaut de menteur ? Le problème était que Lucas s’estimait tout sauf un menteur. Ca n’était pas un défaut qu’on lui attribuait habituellement. Il ne voulait pas que Marianne accepte ce trait de caractère chez lui, pas alors qu’il en avait aussi honte. Mais Lucas n’eut rien le temps de dire que Marianne reprenait déjà la parole. Sans s’en rendre compte, le Nerbosc se retrouve à nouveau sur ses genoux, faisant face à son amie. Ses sourcils étaient toujours tendus, expriment très visiblement sa confusion et le sens qu’il cherchait dans les beaux propos de Marianne. Son désarroi s’estompa progressivement alors que Marianne continuait. Elle le pardonnait. Du moins si c’était ce qu’il cherchait à entendre. La bouche de l’émissaire s’entrouvrit légèrement, incapable de prononcer un mot. D’un côté il était soulagé que la Harlton se montre si magnanime, mais d’un autre côté, cela lui avait semblé trop simple. Où était la colère et les reproches qu’il méritait ? Il fallait bien qu’il expie ses erreurs et ses fautes d’une certaine façon, qu’il paye pour son pêché d’orgueil et pourtant non, rien de tout cela ne lui était demandé. Il aurait pu en remettre une couche, la supplier de lui en vouloir, de lui faire payer ses mensonges par un silence par exemple. Mais ça n’était pas la bonne solution. Le Nerbosc avait encore une fois la preuve de la force intérieure de la jeune femme. Elle possédait un coeur comme nulle autre et il aurait été stupide de le pervertir par ses demandes idiotes. Il devait plutôt s’estimer chanceux de pouvoir profiter de toute la bonté qui s’y trouvait. Il saisit délicatement sa main dans la sienne. “Merci Marianne. Je suis sincèrement désolé de la déception que mes mensonges ont pu causer. Je vous promets que je ne vous mentirais plus. Jamais.”

Malheureusement, les révélations de la culpabilité du chevalier ne semblèrent pas soulager la conscience et le trouble qui habitaient la nièce du seigneur de Castel-Bois, au plus grand désarroi du jeune homme. Sa main libre vint délicatement se poser sous la mâchoire de Marianne pour l’inciter à relever la tête. Elle si belle et si lumineuse lorsqu’elle rayonnait. Il n’y avait pas plus douloureux que de la voir porter autant de souffrance en elle. Il s’en rendait compte à présent, il s’était damné dès qu’il avait posé son regard sur elle la première fois. Dès qu’il avait vu son sourire, sa force et sa bonté émaner de tout son être. Il était prêt à tout pour lui redonner le sourire et ne plus jamais voir cette sinistre ombre sur son visage. Quel qu’en soit le prix et les sacrifices que cela exigerait. Finalement, Azilys n’avait pas eu à faire grand chose. Elle avait simplement du servir de catalyseur, l’obligeant à penser à Marianne d’une façon auquelle il n’aurait pas osé penser seul, pas avant plusieurs lunes. “Marianne, je crois qu’il n’y a rien que je ne saurais vous pardonner en une fraction de seconde. Vous êtes une bonne personne. Une très bonne personne même, comme il en existe peu. Aucun de vos actes n’est dicté par la vilenie.” Son pouce caressa doucement l’arrête de sa mâchoire alors qu’il marquait une pause. “Maintenant, j’aimerais que tu me fasses une promesse Marianne.” Il était repassé au tutoiement. Sa voix s’était faite particulièrement douce. “Tu dois me promettre de ne plus jamais t’excuser pour ta vulnérabilité. Tu es une personne forte. Je l’ai vu, et Brynden m’en a parlé. Et ça n’est pas parce qu’il y a des périodes ou des moments où tu es vulnérable que cela fait de toi une personne faible. Et quand bien même, cela arrive à tout le monde, et c’est dans ces moments là qu’il faut s’appuyer sur ses amis, le temps de reprendre des forces. Personne n’est infaillible. Alors repose-toi sur moi. Je n’irais nul part cette nuit et tes cauchemars ne reviendront pas.” Il hocha la tête d’un air affirmé pour appuyer ses propos. Lucas s’installa un peu plus confortablement au pied du matelas de fortune de la Harlton, confirmant son intention de ne pas bouger. Il fallait qu’ils dorment à présent s’ils voulaient lever le camp pas trop tard demain et arriver à Pierremoûtier en fin de journée comme cela était prévu initialement.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
Mesquin était ce sentiment coupable. Lui, qui, instiguait des questionnements et des remords dans des périodes où tout portait à croire que la légèreté détenait des droits les plus légitimes. Il s’invitait là, tel le poison qui traçait sa route aux travers les veines de sa victime, ou le virus, désireux de causer du tort. Il laissait les doutes envahir inexorablement les bien fondés pourtant pré établis, de manière à ce que ces derniers ne deviennent que peine et tourments. Il n’était qu’un traître, qu’un lâche, qui n’avait de cesse de reculer voire même s’effacer pour mieux attaquer et prendre à revers ses victimes. Ces dernières se déploraient sous plusieurs genres, plusieurs rangs, tant il ne laissait jamais personne immunisé contre lui. Le remède le plus courant pour le vaincre résidait dans une confiance en soi, en l’autre, en un espoir fondé selon des critères et des valeurs qui avaient su se construire tout au long d’une existence. Il fallait oser y croire à nouveau, pour le repousser et pour l’isoler sur cette terre aride. Une main tendue se déclinait comme le geste le plus avant coureur qui puisse exister. Une simplicité dans laquelle n’importe quel bonheur était à même de pouvoir permettre de croire en nouveau en un meilleur. Celui-là même qui cherchait simplement à permettre à l’autre d’exister sans le contraindre, sans le changer, sans même oser envisager que notre passage lui serait pour toujours graver dans son esprit. Il n’existait nul intérêt dans cette démarche, seulement ce que l’instant présent était à même d’offrir et puisse ainsi favoriser une rédemption quant à cette tempête intérieure qui ne cessait d’abattre ces vents les plus violents dans un cœur que l’on appréciait. La jeune lady avait assez côtoyé le malheur pour le reconnaître au moment même où il menaçait d’attaquer. Ses yeux avaient reconnus celui qui rongeait de l’intérieur les bienséances de son ami. Ami. Le doute avait osé lui faire remettre en question cette position auprès du jeune homme avant qu’elle ne se décide à le repousser. Elle ne désirait plus qu’il l’assaille, qu’il l’isole du reste du monde alors qu’on venait à peine de lui ouvrir les bras, ses bras. Néanmoins, elle gardait à l’esprit ce fondement dans lequel elle connaissait sa place. Jamais, elle ne cherchait à changer Lucas, jamais non plus, elle n’oserait le contraindre d’une quelconque manière qui existe. Aussi, même si la déception et les questionnements se partageaient quand à un doute présent, concernant ce voyage à peine commencé, la jeune fille ne désirait pas l’obliger à rester à ses côtés s’il ne le voulait pas. Il était libre de ses gestes, de ses pensées, libre de croire en elle ou au contraire de la rejeter. Ses mots n’avaient pour but de l’asséner de souffrances, au contraire, elle désirait simplement lui montrer combien elle le respectait. Sa naïveté l’avait enfermé dans des croyances qu’elle n’aurait surement jamais du songer. Pourtant, il lui suffisait de se retourner et admirer la journée qu’il avait partagé pour prendre conscience du combien son cœur s’était allégé par sa présence et par ses encouragements. Son omission était-elle réellement un mensonge ? Non. Marianne la voyait plutôt comme un élan dans lequel le chevalier avait simplement voulu son bien pour partager un peu de son temps à ses côtés et, dans son innocence, elle y mettait un acte d’amitié sans précédent. Sa gratitude n’aurait de cesse que de se déployer encore et encore, que d’accepter toutes les bonnes intentions de Lucas, dans cette volonté d’oser croire qu’un jour elle parviendrait à faire naître en lui de ces émotions qu’il avait su lui faire redécouvrir. Il lui avait appris à respirer à nouveau, à pouvoir laisser cet air se déplorer sous des fraîcheurs les plus bienséantes et bienfaisantes, à déceler ce que l’étincelle du regard était à même de pouvoir offrir dès lors qu’elle transportait vers des joies et des plénitudes, mais il lui avait surtout appris, en plus de sa cousine, combien elle n’était pas seule. Tous étaient présents pour elle, tous, cherchaient un mieux sans rien attendre en retour. Et en cela, Lucas avait permis d’apprendre à Marianne combien cette confiance ne saurait jamais se tarir malgré les épreuves qu’ils pourraient encourir. Leurs gestes ne trahissaient en rien ces idées. D’abord craintifs, ils avaient su se rassurer à leurs manières avant de se séparer à nouveau. La jeune lady avait osé y croire pour tous les deux, pour cette amitié qu’elle appréciait construire à ses côtés, mais surtout pour cette volonté de pouvoir lui offrir ne serait-ce qu’une once de tout ce qu’il avait su lui donner aujourd’hui. Ses dires en furent la preuve. Désireux de retenir pour quelques secondes de plus cette présence, dont elle ne voulait plus se passer. Désireux surtout de délivrer les remords du chevalier pour les appréhender de son côté. Leur amitié dépassait cela. Il s’agissait là d’une certitude qui ne cessait de ramener les élans d’espoir auprès du cœur de la jeune fille. Aussi, l’évidence ne tarda pas à se frayer une route toute droite auprès de ce dernier, permettant ainsi de partager des fondements qui désiraient simplement prouver que sa confiance n’était certainement pas mise à mal. Puisque au contraire, elle mettait beaucoup d’espoir dans les intentions du jeune homme. Ses yeux cherchaient à établir ou plutôt à s’accrocher au travers ce contact aussi innocent que fort pour immiscer ses croyances. Timides, ils espéraient entrevoir un sentiment d’apaisement ou autre chose grâce à laquelle, elle pourrait se rassurer, dans laquelle elle pourrait à nouveau se réfugier. L’incompréhension fut probablement la réponse la plus évidente qu’elle parvint à reconnaître sur le regard du chevalier. La réflexion ne tarda pas à suivre cette dernière avant que leurs mains ne se lient à nouveau. De cette chaleur tactile naquit celle de l’intérieur, celle qui se fondait sur l’espoir alors que l’apaisement reprenait de ses droits. Il l’avait comprise. Le soulagement veilla à adoucir les traits de la jeune veuve avant que ses doigts n’en viennent à serrer un peu plus ceux qui réchauffaient son cœur. Leur amitié était belle, simple mais surtout à même de se construire sous des allures de sincérité profonde. Lorsque Lucas commença à témoigner de sa gratitude à son encontre, le cœur de Marianne s’envola. Il s’échappa et se réfugia aussitôt au cœur de la main de Lucas. Son silence marquait combien il l’avait touché, alors que son regard, lui, laissait sous entendre la croyance qu’elle lui accordait. Elle savait qu’il était honnête, il n’avait nul besoin de justifications pour reconnaître là cette amitié qu’ils s’efforçaient de construire ensemble.

Mais c’était sans compter la perfide culpabilité, qui ne tarda pas à émettre de nouvelles hypothèses concernant la mauvaise posture adoptée par la veuve. Si seulement, elle pouvait être plus forte. Si seulement, son caractère était à même de pouvoir révéler ce que les autres ladies étaient à même d’affronter. Au lieu de cela, Marianne était simple dans la mesure où ses intentions arrivaient parfois à prendre le dessus sur les retenues qu’elle devait adopter. Elle osait se révéler telle qu’elle était, avec ses qualités, mais surtout avec des défauts qu’on lui reprochait bien souvent. Aussi, avait-elle conclu que toutes ces fautes se devaient de lui revenir entièrement. Elle était le fléau alors que Lucas était le meilleur. Elle était la seule coupable de ce mal être qu’elle lui infligeait, parce qu’elle ne s’était pas assez intéressé à lui. Son désir le plus cher consistait à l’apaiser des tourments qui le rongeaient, le délivrer à son tour de ce doute qui fronçait ses sourcils de cette manière. Elle n’appréciait pas voir cette ride dès lors qu’il plissait son front. Cela exprimait ses doutes, mais surtout ses interrogations quand à une faute qu’il endossait alors qu’il n’avait pas à le faire. Il méritait tellement mieux que cela, tellement mieux qu’elle et son désarroi. Elle était une mauvaise amie, en restant silencieuse et en ne reconnaissant pas ses propres torts. Voilà pourquoi, la lady de Castel-Bois n’avait pas hésité une seconde de plus en exprimant cette vérité qui saurait trouver sa place dans le cœur du second fils de Tytos Nerbosc.  Son discours s’entrecoupa pendant quelques instants, au moment où des frissons la parcourent suivant ce nouveau contact. La douceur de Lucas contre sa joue la réchauffa davantage, lui intima le courage nécessaire pour ainsi continuer dans sa confession. L’espoir rejaillissait là, entre leurs mains liées, de son autre main sur sa joue, et il glissait à l’intérieur d’elle jusque dans son cœur. Ce dernier battait d’une manière qu’elle ne reconnaissait plus, se rythmant dans des inégalités interrompues et du premier entendu de sa voix de plus en plus familiale, jaillit timidement le sourire. « Marianne », son cœur s’affolait de plus belle, ses yeux se redressèrent presque aussitôt, laissant le cheminement se faire de manière naturelle pour lui faire comprendre que leur amitié perdurait encore. Elle s’amplifiait, elle répondait aussi simplement que cela à des allures qu’ils s’offraient encore. Le silence demeura du côté de la jeune fille. Prompt à partager la gratitude qu’elle lui témoignait. Il lui était difficile de se reconnaître dans les termes qu’il utilisait, néanmoins, elle laissait de côté cela pour ne retenir que le principal : il la pardonnait. Des lueurs plus brillantes naissaient dans le fond de ses yeux, à même de lui faire reconnaître la sincérité de cet instant. Sa réserve lui joua des tours, alors qu’elle baissait à nouveau son regard pour cette fois-ci en exprimer de la timidité. Son cœur était aussi bon que celui du chevalier devant elle. Le sien l’était même davantage, et elle désirait le lui confier. Cependant ses intentions furent interrompues par l’interpellation qui lui fit relever ses émeraudes dans des traits plus interrogatifs. La jeune fille nota la familiarité quasi immédiate qui lui était témoignée. L’écho de cette dernière veilla alors à accentuer un peu plus les soubresauts des irrégularités de son cœur. Serait-ce dont cela que de retrouver un refuge ? La sérénité lui donna lieu de se trouver juste là, ici, dans les yeux clairs dont les teintes mêlées à la fois du vert et du marron plus clair. Et cette évidence l’irradia complètement de cette chaleur si réconfortante. La douceur dans laquelle elle se plongeait, veilla à l’accompagner aux travers les dires qu’elle écoutait attentivement. Lucas lui conférait le droit d’être vulnérable, mieux encore, il acceptait ce défaut et cherchait simplement à pouvoir lui porter du réconfort. Pour l’estomper, pour l’aider à avancer sans que cette culpabilité ne la ronge de plus en plus. Dans ses dires, Lucas lui offrait la plus belle marque d’amitié qui puisse exister : il l’acceptait à son tour. En prenant conscience de cela, la main libre de Marianne remonta pour venir se poser sur celle qui caressait doucement sa joue. Ses doigts cherchèrent à se crocheter autour des siens et son regard, lui, exprimait combien sa confiance s’enrichissait de plus en plus. « Je te le promets. » furent les seuls mots qui mirent fin au silence, égayant un peu plus son sourire qui s’agrandissait en prenant des formes d’un réel espoir partagé. Marianne comprenait à cet instant que ses croyances prenaient un visage et que leurs traits étaient ceux de Lucas Nerbosc. Il était là et elle était également présente pour lui. Nul mot n’était nécessaire pour que leurs regards se comprennent à ce sujet. Elle hocha de la tête du même rythme que lui, partageant ses convictions. Leurs contacts se séparèrent, néanmoins aucune froideur, aucune impression de vide ne se fit ressentir cette fois, seulement de la confiance qui accompagna les gestes du chevalier lorsqu’il s’installa au bord de sa couche. Le sourire ne se tarit plus, peut être même était-ce avec ce dernier qu’elle réussit à se rendormir. Les mauvais rêves se turent pour cette nuit, laissant place au calme reposant d’une nuit sans songe.

Si le crachin du départ du lendemain fut un accompagnant pendant une heure, les averses furent d’autant plus rapprochées pour le reste du voyage. Imbibant les effets de chacun des voyageurs, ils pressèrent l’allure de manière à arriver rapidement devant les portes de Pierremoûtier. Tous tinrent les mêmes lignes conductrices établies déjà la veille. Les duos se faisant, se défaisant, de manière à ce que les conversations puissent se répondre mutuellement. Personne ne se plaignait du temps, personne ne cherchait à émettre des critiques le concernant. Car tous appréciaient leur région pour ce qu’elle leur offrait, et la pluie en était quelque peu habituelle. Les hommes de Lucas cherchèrent à s’excuser du désagrément auprès de la jeune fille, alors que cette dernière veillait à les rassurer rapidement sur son état. Ce n’était que de l’eau et ils arriveraient bien assez tôt dans les alentours du village de manière à pouvoir s’enquérir de l’humidité à sécher. Les instants partagés avec Lucas se révélaient d’autant plus enrichissants, qu’ils mettaient en exergue cette complicité qui les rapprochait. Marianne se plaisait de plus en plus à ses côtés, s’y sentant en sécurité, mais surtout à même de pouvoir exister sans craindre un quelconque jugement. Les retenues de leurs rangs s’estompaient doucement au profit de cette amitié forte qui le confinaient l’un et l’autre. Malgré la pénibilité de la pluie, la lourdeur des vêtements imbibés sur eux, la journée passa à une vitesse folle. Si bien que lorsqu’ils mirent pied à terre, la jeune veuve eut l’impression d’être partie pendant peut être deux heures tout au plus. Les chevaux ne tardèrent pas à être pris en charge, le palefrenier n’hésita pas à les rassurer quand à leur bon traitement pour la nuit. Cela eut raison du sourire de Marianne qui se partagea entre Lucas et Roadney. Tous s’apprêtèrent d’ailleurs à retrouver leur hôte pour la nuit mais une petite voix aussi fine qu’enjouée tendit à les faire tous se retourner. « Lady Miane, Lady Miane ? » Des bouclettes blondes filèrent droit sur la jeune fille qui laissa exprimer sa curiosité quand à l’identité de la petite fille. « Melly ? » Elle se baissa un peu, de manière à poser un genou à terre tout en détaillant le visage de cette dernière. « Par les Sept, que tu es grande maintenant. » « Oui, maman dit souvent que je suis une grande fille. C’est elle qui m’a dit que tu étais là, pourquoi t’es plus venue nous voir ? Tu nous aimes plus ? »Les enfants avaient cette capacité à pouvoir se lancer dans des conversations sans aucun lien avec le reste, tout en prouvant de leur impatience et de leur innocence dans laquelle la jeune fille appréciait chaque aspect. Et si Marianne avait ouvert la bouche pour essayer de répondre dans les premiers mots que Melly lui partageait, son sourire s’était effacé et de la tristesse commençait à se lire dans ses yeux alors qu’elle se redressait tout en déglutissant avec difficulté. « Nous serons mieux à l’intérieur pour que je puisse répondre à tes questions, ne crois-tu pas ? Et puis regarde qui est là. » Même si elle essayait de feindre la comédie en pointant du doigt le dos de Roadney, il n’en restait pas moins qu’elle se sentait quelque peu blessée par ce qu’elle venait d’entendre. « On ne salue pas son chevalier, damoiselle ? » Le chevalier se baissait et tendait ses bras dans lesquels la petite fille se réfugia sans plus entendre tout en criant jovialement un « Ser Gros Nez ! » qui avait toujours eu le don de faire rire Marianne et Torvald par le passé. Du moins, depuis que la petite Melly s’exprimait par des mots. De la nostalgie vint rapidement à se glisser ici, alors qu’elle leur laissait de l’intimité tous les deux. Les yeux de la jeune fille se baissèrent et elle se pinça les lèvres avant de finalement retrouver le regard encourageant de son ami. « Nous passions assez régulièrement avant. » Elle pensait que se justifier était nécessaire pour une meilleure compréhension, mais surtout pour ainsi pouvoir permettre à leur amitié de continuer de la plus jolie des façons. « La petite fille s’appelle Melly, il s’agit de la fille de gens de la terre qu’il m’est arrivé de croiser plusieurs fois. Généralement durant les périodes des semences pour ramener quelques paires de bras de plus. » Cela faisait partie d’elle et elle était contente de pouvoir le partager avec Lucas de cette manière. Ainsi, elle lui montrait qui elle était derrière ce rang d’héritière dont on lui assénait parfois. Le travail ne l’avait jamais effrayé, pourtant il lui paraissait en avoir perdu le goût depuis la mort de Torvald. « J’ai la certitude que ses parents lui ont expliqué les raisons pour lesquelles… » je les ai abandonné… les mots ne parvenaient à franchir la barrière de ses lèvres, Lucas la comprendrait, elle en était certaine. « … ce n’est qu’une enfant. » conclut-elle finalement alors qu’ils pénétraient les lieux dans lesquels ils purent s’ôter doucement les manteaux plein d’eau. Rapidement, ils furent accueillis et séparer pour que chacun puisse trouver une certaine intimité afin d’enlever les vêtements mouillés et pourquoi pas profiter d’un bain bien chaud. Ce fut d’ailleurs pendant cette occasion que la petite Melly revint auprès de Marianne et que toutes les deux trouvèrent rapidement une entente dans laquelle le réconfort reprit sa place. Main dans la main, toutes les deux se joignirent au reste du groupe pour profiter du souper et des quelques récits dans lesquels certains sourires se joignaient les uns aux autres de manière à appuyer la complicité du groupe. Bien sûr, Marianne tint à présenter Melly à Lucas. « Ser Gros Nez c’est aussi l’ami de Ser Lucas ? » La jeune fille se retint de rire alors qu’elle passait son regard entre les deux protagonistes. « Tout le monde est ami avec Ser Gros Nez. » commenta t-elle amusée. « Sauf… ceux qui veulent du mal à Lady Miane et puisque Ser Lucas n’en fait pas parti. C’est mon ami. » A ses mots, le regard de la veuve alterna à nouveau entre Lucas et Roadney avant de s’attarder sur ce dernier et de hocher doucement de la tête. Elle le remerciait pour ses dires, mais surtout pour tout, sa présence et sa fidélité. La légèreté semblait être le mot d’ordre pour cette soirée et déjà l’heure du coucher sonna pour les voyageurs. La lady de Castel-Bois s’excusa la première et se retira vers la chambre qu’on lui indiqua, bien sûr, elle souhaita avant cela une bonne nuit à chacun des hommes, heureuse que tous puissent se reposer. Mais à peine avait-elle fermé la porte derrière elle qu’elle y laissa sa main s’attarder sur le bois de cette dernière. Soucieuse sans en comprendre les raisons, les souvenirs de la nuit passée lui revinrent et cette fois, la froideur la figea, non pas en raison de sa solitude, mais plutôt en raison de ce manque qu’elle ressentait maintenant qu’elle pensait à Lucas.
AVENGEDINCHAINS
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C’était une nuit étrange que venait de passer Lucas. Endormi aux côtés de la Lady Harlton pour s’assurer que plus aucun cauchemars ne viendraient bouleverser sa nuit. Il s’était réveillé avant elle, dès les premiers chants des oiseaux, habitué avec ses nombreux voyages et ses nuitées à la belle étoile. Il s’était découvert un bras autour de sa taille. Un bras qu’il avait précipitamment retiré, en prenant bien garde de ne pas la secouer pour ne pas la réveiller. Lucas se doutait qu’avec toute la bonté que la dame possédait, elle ne lui en aurait pas tenu rancune, pour peu qu’elle ait ouvert les yeux à ce moment là. Ce mouvement fait pendant son sommeil ne pouvait pas vraiment lui être imputé ? Il n’en était pas vraiment responsable ? Mais il était persuadé qu’il la gênerait tout de même. Leur amitié n’était que naissante, ils n’en étaient pas à ce stade là des contacts et de la familiarité. Et la lady de Castel-Bois n’en demeurait pas moins une veuve éplorée par la perte de son mari, chamboulée par le chagrin. Non. Il ne voulait pas la mettre dans cette position. Alors le Nerbosc s’était discrètement retiré de la tente pour préparer leur départ imminent, laissant la douce brune trouver le réveil par elle-même. La route qui ne tarda guère à suivre à cet épisode, se déroula sans encombre malgré la pluie de leur région à laquelle Lucas s’était habituée et à laquelle Marianne ne semblait guère attacher d’importance. Chacun put discuter comme durant le trajet de la veille avec les différents membres de leur petit groupe. Ce fut l’occasion pour Lucas de faire un peu plus ample connaissance avec Ser Roadney. Sans oublier évidemment les moments qu’il put partager avec la belle Harlton, dont les sourires ne faisaient que réchauffer un peu plus son coeur, à chaque étirement.

Lorsqu’ils arrivèrent à Pierremoûtier, ils prirent sans hésiter la direction de l’auberge la plus reluisante du village, pour y déposer leurs chevaux et s'enquérir d’une chambre afin de se réchauffer et laisser derrière eux l’humidité de la pluie. Alors qu’ils venaient de confier leurs montures aux palefrenier de l’établissement, une petite voix sembla eller Marianne et se précipita vers elle. Par réflexe, l’émissaire Nerbosc porta sa main à sa garde, mais ser Roadney semblait tout ce qu’il y avait de plus détendu et la Harlton paraissait connaître la petite tête blonde qui se jetait dans ses bras. Lucas repris ses esprits en quelques instants, lâchant son épée pour regarder l’échange avec un air doucement amusé. Il comprenait que Marianne était une habituée du village. Après tout, il était limitrophe des terres de Castel-Bois. La zone commerciale la plus grande du côté de leur demeure. La générosité et l’envie d’aider autour de soi ne semblait pas avoir de limite pour la jeune veuve et cela ne faisait que rendre les yeux du Nerbosc plus doux chaque fois qu’ils se posaient sur Marianne. Pourquoi Brynden ne lui avait-il pas présenté avant ? Pourquoi n’en étaient-ils qu’aux prémices de leur amitié alors qu’elle aurait tant pu lui apporter durant des années ? Peut-être à cause de Torvald justement. Peut-être parce que Brynden connaissait assez bien son cadet pour savoir que son coeur ne pourrait résister face à un être comme Marianne. Et qu’il finirait brisé lorsqu’elle l’aurait repoussé pour son preux chevalier. Peut-être était-ce là l’explication à tout cela. Brynden avait voulu lui épargner une peine inutile. Mais finalement rien n’avait changé. Même du côté de l’étranger, Marianne continuait de choisir Torvald. Et il ne lui en voulait pas. Il voulait simplement la voir sourire. Et en ça, cet arrêt à Pierremoûtier était une bonne idée. Lucas écouta alors les explications et les présentations de la conflanaise, un sourire attendri accroché sur ses lèvres. La petite blonde n’était pas bien plus âgée que son petit frère Robert. L’émissaire des Nerbosc pensait souvent aux siens qu’il était obligé de laisser derrière lui plus ou moins régulièrement. Il aimait retrouver sur les terres des gens qui les lui rappelaient. Les retrouvailles ensuite à Corneilla n’en étaient que plus joyeuses.

Le Nerbosc laissa ensuite Marianne gagner ses appartements. Après une nuit sous une toile tendue, elle retrouvait un peu de confort et d’intimité. Pour les hommes il y aurait de l’amélioration aussi, mais pour l’intimité, ils repassaraient puis que comme bien souvent, ils partageraient la même chambre à plusieurs pour des raisons économiques. Néanmoins, Lucas fut content de pouvoir se débarasser de sa besace, faire un brin de toilettes et changer de vêtements. Finalement, il n’avait pas pris le temps de faire cela depuis un moment puisqu’il s’était tout juste arrêté à Castel-Bois le temps de convaincre la jolie brune et de faire une sieste. Les hommes étaient déjà revenus au coeur de l’auberge, attablés, lorsque Marianne fit son apparition, la petite Melly accrochée à son bras. La petite sembla alors enfin s’intéresser au Nerbosc et demanda s’il était l’ami de Ser Roadney. Le chevalier se tourna alors vers le dit Ser Gros Nez, curieux d’entendre sa réponse et feintant une appréhension exagérée. Il n’avait pas fallut longtemps à Lucas pour comprendre que pour vivre tranquillement son amitié avec Lady Marianne, il valait mieux être de ceux que Roadney appréciait. Il ne laissait pas n’importe qui fréquenter sa protégée. Normalement le nom de Nerbosc aurait pu suffir pour beaucoup, mais quelque chose disait à Lucas que le tempérament importait bien plus que le nom dans sa mission de protection. Et il ne pouvait guère le lui reprocher. “Pfffiouuu !” Exagéra-t-il une fois que le chevalier protecteur eu prononcé son verdict, passant un revers de main sur son front pour la faire rire. “Peut-être un jour ferais-je également partie de tes amis mademoiselle Melly.” conclu-t-il avec un sourire à l’adresse de la petite fille. Le dîner eu lieu dans cette ambiance détendue et amusée. La petite paysanne avait beaucoup d’esprit et faisait rire tout le monde avec ses questions toujours très pertinentes bien que surprenantes. Il était agréable pour Lucas de voir que tout le monde s’entendait aussi bien et se trouvait avec le coeur léger.

Cependant, il ne fallait pas oublier qu’ils n’en étaient qu’au début du voyage pour Harrenhal. Ainsi, le repos s’imposait pour pouvoir reprendre la route assez tôt le lendemain matin. Ils pourraient probablement passer la nuit suivante à Sauts Périlleux, mais celles qui viendraient après se ferait à nouveau à la belle étoile jusqu’à ce qu’ils arrivent dans l’immense demeure des Whent. Lucas espérait que le confort et la sécurité apparente des lieux permettraient à la lady d’avoir une nuit moins troublée que la précédente. C’est cette idée qui persuada au jeune chevalier de faire un arrêt par la chambre attribuée à la Harlton. Elle était déjà montée depuis un petit moment lorsqu’il frappa à sa porte. Il regretta soudainement sa quatrième coupe de vin, sentant son visage bouillant et sa parole hésitante. Il toqua doucement à la porte, espérant que la jeune femme ne dormait pas déjà. “Lady Marianne ?” demanda-t-il d’une voix posée. Mais visiblement la veuve ne dormait pas, à moins qu’il ne l’ait réveillée, puisqu’il entendit son autorisation pour entrer dans la pièce. “Je voulais simplement m’assurer que tout…” Lucas s’arrêta aussi sec. Il avait pénétré dans la chambre sans trop réfléchir et ne s’était pas attendu à découvrir que Marianne avait quitté les épaisseurs de ses vêtements de voyage. Cela était prévisible étant donné qu’ils allaient dormir, mais l’euphorie du dîner la carafe de vin l’avaient empêché de réfléchir clairement à la situation qu’il déclenchait. Il baissa les yeux, honteux, bien que la jeune femme soit tout de même vêtue. Il avait déjà chaud, mais avait l’impression de bouillir. “Je suis désolé, je ne voulais pas vous déranger.” Avec la gêne, le vouvoiement avait refait son apparition. Il ne voulait pas se permettre une telle familiarité alors qu’il s’imposait déjà suffisamment dans son intimité. “Hum.” tenta-t-il de reprendre. “Je voulais simplement voir si tout allait bien. J’espère que la nuit sera plus calme.” Il releva doucement le visage, cherchant son regard un instant, sans se perdre sur ce que la longue robe de coton pouvait le laisser imaginer. “Si jamais les démons de la nuit précédente se montrent à nouveau, je suis juste de l’autre côté du mur. Un cri, un coup dans le mur et je serais là la minute d’après.” Il hocha brièvement la tête pour assurer de la véracité de ses intentions. “Sur ce, je vous souhaite une très bonne nuit Marianne. A demain.” Il inclina le buste respectueusement et fit demi-tour pour quitter la pièce.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
Il y avait dans les voyages des retrouvailles en direction de la légèreté mais surtout la vérité. Après tout ne disait-on pas qu’ils étaient les vecteurs d’une révélation sur soi ? Les conditions s’avéraient toujours propices à mettre en exergue le reflet d’une âme. Telle qu’elle puisse se découvrir, il n’en restait pas moins qu’ils représentaient toujours un meilleur pour la jeune fille. Malgré le passé, malgré la douleur qui résistait, le fait de pouvoir fouler à nouveau des paysages amenait le cœur de Marianne vers des contrées qu’elle avait omises pendant tout un temps. Ses regrets restaient secrets quant à cet abandon, sa culpabilité aurait tôt fait de le méprendre sur des élans de doutes mettant en évidence des abandons injustifiés selon elle. Elle profitait simplement de ce que le temps était à même de lui accorder : l’amitié qui se développait et qui ne cessait de se renforcer aux rythmes des miles passés. Lucas était son antidote ou plutôt le baume qui apaisait les peines de son cœur pour rétablir un semblant de confiance à l’intérieur de ce dernier. Le chevalier lui insufflait un courage qu’elle pensait avoir perdu, une volonté dont elle n’aurait jamais cru pouvoir recouvrer jusqu’alors. Il était une lumière, un phare qui la guidait dans la nuit et lui tenait la main pour l’aider à arpenter à nouveau un chemin dans lequel elle pouvait se reposer. Son épaule devenait un soutien pour lequel elle désirait en préserver les moindres attentions, son sourire prenait les allures d’un pilier grâce auquel elle pouvait s’appuyer, alors que tout le reste s’inscrivait naturellement dans son cœur pour ne devenir que des souvenirs sur lesquels elle pouvait se raccrocher. Il lui réapprenait tout de manière à ce que cette survie dans laquelle elle avait pu s’isoler devienne une existence bien réelle dans laquelle elle avait sa place. Sa gratitude grandissait dans le même temps que son attirance faisait de même. Les attentions de la jeune fille se tournaient à nouveau vers les autres, mais surtout vers lui et ce d’une manière délicate et inattendue. Ses craintes s’estompaient, du moins, elles n’en devenaient que moins palpables et moins contraignantes alors qu’elle se laissait plus aller vers la confiance. Les fourrés n’en devenaient que moins menaçants, révélant combien les petits animaux disposaient de cette capacité à savoir partager leur monde avec le reste. Les brigands reculaient à mesure que les pas des chevaux continuaient. Marianne avait confiance dans la globalité des hommes qui l’accompagnait et ceci, elle n’avait pu l’acquérir que grâce à la patience et aux encouragements de Lucas. Roadney lui donnait également l’impression d’être plus apaisé, emporté lui aussi, dans les bonnes augures de ce voyage. Tous laissaient entrevoir combien les présences des uns et des autres étaient bénéfiques pour eux. Tous s’accordaient pour profiter le plus humblement possible de toutes ces belles choses qu’ils étaient à même de redécouvrir. Le temps n’aurait certainement aucun impact sur ce désir. Après tout, la région n’était-elle pas reconnue pour connaître un taux de pluviométrie bien au-delà des autres ? Tous étaient nés sur ces terres et tous savaient combien l’eau était également source de vie. Aussi, la jeune fille se contenta de rester naturelle face à cette épreuve, profitant simplement de ces retrouvailles avec la nature. Ses conversations avec Lucas lui permirent d’en découvrir un peu plus sur cet homme. Sur ce cœur auquel elle n’avait jamais pris le temps de pouvoir s’y intéresser autrement qu’en respectant le protocole. Ses allers et venues à Corneilla avaient toujours eu pour but de rejoindre Torvald ou de rendre visite à Tytos ou Brynden. Lucas lui était toujours apparu comme le fils devant remplir un rôle diplomatique honorable, le rendant d’autant plus impressionnant alors que leurs rencontres avaient  toujours été très brèves. Ses voyages étaient conséquents et la jeune fille se souvenait avoir demandé à son frère aîné si Lucas ne se sentait pas seul parfois. Après tout, ce dernier connaissait énormément de monde, les côtoyait aux rythmes de ses voyages, et pourtant, il savait qu’il devrait repartir à un moment ou à un autre pour rejoindre d’autres personnes. La paix reposait sur ses épaules mais à quel prix ? Son ami l’avait rassuré en lui confiant que le jeune homme appréciait cette vie. Chose à quoi Marianne lui avait répondu par un simple sourire à même de lui témoigner sa gratitude mais aussi laissant sous entendre qu’elle comprenait les enjeux qui résultaient de cette fonction. Elle n’insista pas plus, admettant qu’il y avait des secrets entre frères qui ne pouvaient être révélés. Et une part d’elle avait déjà soutenu Lucas dans cet échange, inconsciemment, Marianne avait ouvert une porte qu’elle n’avait pas refermé. Et elle en franchissait aujourd’hui le seuil grâce à la gentillesse du jeune homme de manière à en apprendre un peu plus sur lui et lui prouver combien son soutien pouvait également reposer sur ses épaules s’il en éprouvait le besoin.

Le repas toucha à sa fin dans cette petite auberge. Les mots s’échangeaient de manière à laisser sous entendre que la complicité du voyage grandissait à vue d’œil. La petite Melly s’était plu à partager un peu plus de son temps avec les arrivants, au point, que sa présence permit aux rires de se mêler un peu plus les uns aux autres. Ses questionnements étaient innocents et pourtant, ils exprimaient ce quelque chose qui éveillait un peu plus les ardeurs du cœur de la jeune fille. La veuve réapprenait à vivre grâce à des instants comme ceux-là. Grâce à des moments dans lesquels les partages étaient aussi innocents que la rosée qui se déposait le matin sur les feuillages, les rendant ainsi brillants. Ses yeux ne cessaient d’en exprimer la reconnaissance et brillaient eux aussi à mesure que les confidences partageaient des réalités que son cœur appréciait. Savoir que Roadney appréciait Lucas et le qualifiait d’ami veillait à la rassurer sur énormément de points. Mais c’était d’autant plus les réactions de Lucas qui se prêtait au jeu qui veillèrent à enivrer tendrement son cœur pour qu’il ose à nouveau battre à la chamade. Ils se ressemblaient tant. La petite fille se mit à rire avec une légère teinte d’espièglerie dans ses tonalités au moment où Lucas lui faisait part d’une amitié future. Cela eut raison des retenues de Marianne qui accompagna à son tour le rire de la petite fille. « Rien que par les paroles de Ser Gros Nez, vous l’êtes. » Et visiblement la veuve avait vu juste puisque Melly s’empressait de cacher son visage contre son buste. Cette réaction eut l’opportunité de faire bomber le torse du chevalier qui profita de l’amusement de la situation. « La vérité a enfin un visage. » Les rires de Marianne ne tardèrent pas à franchir la barrière de ses lèvres. Cela lui faisait plaisir de pouvoir participer à cette scène, surtout alors qu’elle mettait en évidence combien l’égalité avait une place bien particulière dans cette dernière. Ils n’avaient plus à se cacher derrière des protocoles, du moins pas de manière conventionnelles, et pouvaient simplement se présenter tels qu’ils étaient au fond d’eux. Petit à petit, la petite demoiselle s’endormait dans les bras de la jeune fille. Les conversations se tarirent quelque peu, laissant sous entendre la fatigue des jours passés. Lucas et ses hommes devaient certainement être exténués par toutes ces routes qu’ils avaient eu à arpenter avant de rejoindre Castel-Bois et Marianne décida qu’il était surement temps pour elle de rejoindre la chambre qu’on lui avait confié. Souhaitant une bonne nuit à tout le monde, elle quitta la pièce centrale pour pénétrer dans sa chambre. Et ce fut à cet instant que tout donna lieu de retomber. La joie fit place à une certaine nostalgie alors qu’elle apposait sa main contre le bois refroidi de la porte qu’elle venait de clore. L’isolement favorisait sa solitude et amenèrent ses pensées à se conduire vers Lucas. Son rire, son sourire, sa manière à pouvoir mettre quiconque à l’aise, tout ceci lui faisait front au point qu’il lui manquait déjà. Pourtant, elle réussit à se ressaisir et secoua sa tête afin de se rappeler qu’ils se retrouveraient au plus vite le lendemain matin. Une part d’elle s’impatientait déjà de ces dernières alors qu’elle s’asseyait sur son lit et qu’elle laissait ses pensées vagabonder. Les jours se déclineraient et l’amitié n’en deviendrait que plus forte. La jeune veuve se mit à sourire devant les souvenirs à construire et elle se redressa rapidement afin de se préparer pour la nuit. Elle ôta les superflus de sa robe et entreprit de les déposer délicatement sur le dossier de la chaise vers ce coin d’où se ressentait la  chaleur de l’âtre. Elle tenta de délacer ses cheveux de manière à les démêler dans cette même délicatesse, hélas l’humidité portait également ses peines avec elle et lui assigna une entreprise qui dura un temps assez conséquent. Pour sûr, elle les attacherait pour la suite du voyage, cela rendrait son apparence plus présentable et faciliterait les choses à l’avenir aussi. Elle s’apprêtait à rejoindre sa couche au moment où l’entente d’un bruit émanant de la porte lui rappela celui d’une frappe à son adresse. La voix calfeutrée derrière ne lui donna pas d’hésitation quant à l’identité de la personne et instinctivement son cœur se mit à battre à la chamade. « Oui ? » Elle s’était relevée aussitôt, curieuse quant à la venu du chevalier mais également impatiente de le retrouver. Elle en oublia sa tenue et osait même sourire en retrouvant sa silhouette qui s’avançait devant elle. La conscience ne lui revint qu’au moment où le jeune homme s’arrêta dans son entreprise, lui révélant une réalité qu’elle aurait voulu lui éviter. « Oh… hum… Veuillez excuser ma tenue. » Rapidement, la jeune fille s’enquit de découvrir la couverture de son lit pour l’apposer sur ses épaules dans l’espoir que cette situation ne leur porte à aucun préjudice. Déjà la culpabilité la rongeait alors qu’elle aurait simplement du lui demander d’attendre de manière à être plus présentable. Cette situation veillait à les mettre tous les deux mal à l’aise, si bien que plus Marianne essayait de regarder en direction de Lucas et plus elle percevait sa gêne, ce qui lui faisait baisser ses yeux à son tour. La chaleur montait à ses joues comme elle pouvait également le faire sur celles de Lucas, elle l’avait noté. « Vous ne me dérangiez pas. Je m’apprêtai à me coucher. » tenta t-elle d’émettre dans sa réserve alors qu’elle essayait également de redresser son regard pour le rassurer à sa manière. La suite de son discours veilla à réchauffer un peu plus l’être entier de la jeune fille alors qu’elle retrouvait l’homme qui l’avait soutenu et protéger la nuit passée. Touchée par ses attentions, Marianne eut l’impression que le temps se figer l’espace de quelques instants, lui permettant de plonger son regard dans le sien et y lire combien il se souciait d’elle. Elle resta là, silencieuse, désireuse de laisser le temps leur permettre de comprendre ce que ce regard qu’elle lui offrait signifiait. Touchée par sa bienveillance, elle finit par lui sourire timidement tout en restant attentive à ses protections à venir. « Cette soirée a été enrichissante, j’espère qu’il en est de même pour vous et que vous appréhenderez un bon repos tel que vous le méritez. » Elle essayait à son tour de se montrer prévenante pour lui, afin qu’il puisse se reposer sur ses deux oreilles de manière à trouver un repos qui lui serait agréable. « Comme la nuit dernière, je te le promets Lucas. » confia t-elle avec cette même familiarité que la veille dans l’espoir de lui rappeler combien elle tenait à lui à présent. Ses yeux se baissèrent légèrement dans l’espoir de retrouver une certaine contenance, ses joues irradiaient et son cœur ne donnait plus l’air de se calmer. Son sourire se mit à devenir un peu moins timide, riche de cette bonté qu’elle désirait lui offrir au moment où il lui souhaitait bonne nuit. Puis la rapidité lui donna l’impression de les couper de cette complicité, si bien qu’elle se surprit à réagir en avançant d’un pas avant qu’il ne ferme la porte. « Lucas ? » l’appela t-elle avec une voix bien claire. Son comportement la surprenait elle-même pourtant lorsqu’il se retourna pour la regarder à nouveau, Marianne sentit qu’elle avait eut la bonne réaction. Pendant plusieurs secondes de plus, ses yeux alternaient avec les siens dans un silence qui veillait simplement à garder égoïstement un peu de lui avec elle. « Merci et bonne nuit, promets-moi de te reposer et de prendre soin de toi. » Un nouveau sourire timide lui échappa alors qu’elle maintenait son regard et qu’elle cherchait à lui offrir tout ce qu’il lui donnait à son tour. D’autres secondes s’écoulèrent jusqu’à ce qu’ils ne se séparent et que la jeune fille rejoigne son lit. Elle y trouva repos pour quelques heures et le cauchemar de la veille se transforma en simple mauvais rêve duquel elle attendit patiemment que le sommeil lui revienne tout en songeant à la protection du chevalier derrière le mur.

Son réveil effectif fut amorcé par les petits grattements de derrière sa porte. Les yeux encore endormis, Marianne s’était redressée pour découvrir la petite Melly qui attendait sagement que Lady Miane se lève. Elle ne tarda pas à l’inviter à la rejoindre dans son lit et toutes les deux commencèrent à discuter de tout et de rien. Surtout de rien à vrai dire. Cela rappela à la jeune veuve combien les enfants avaient cette capacité d’appréhender le monde dans une simplicité sans précédent, mais cette image lui renvoya aussi des scènes que sa cousine viendrait probablement à partager avec son propre enfant à l’avenir. Cela lui arracha un sourire parsemé de diverses émotions. Mais elles ne laissèrent pas la mélancolie s’installer ici, et se levèrent de manière à se préparer au mieux pour rejoindre les personnes en charge du repas à venir. Comme à son habitude, la jeune lady ne pu rester les bras ballants et s’enquit d’apporter un peu d’aide à la cuisinière mais aussi à quiconque l’interpellait. Après quoi, la jeune fille demanda s’il était possible de se rendre aux écuries de fortune pour prendre un peu de recul avec les chevaux. On lui accorda sans concession et toujours en compagnie de la petite Melly, la jeune fille de Castel-Bois se rendit dans les lieux. Les chevaux donnaient l’impression d’être calmes et sereins, chose qui eut effet de ravir le cœur de Marianne alors que Melly quittait sa main pour lui en montrer un. « C’est celui de ser gros Nez lui ? » « Oui c’et bien lui. » Marianne se retenait déjà de rire devant les attentions que ce cheval allait recevoir de la petite fille. Elle secoua d’ailleurs sa tête en osant penser que Roadney avait de la chance d’avoir une admiratrice aussi mignonne que Melly. « Je vais lui donner des carottes alors. » « Et qu’est-ce que vont penser les amis du cheval de ser Gros-Nez ? Ce n’est pas très gentil pour eux, tu ne penses pas ? » Dans ses dires, Marianne essayait de montrer à Melly qu’il fallait toujours penser aux autres. Toutes les deux s’affairèrent à donner des carottes à chacun des chevaux. La lady de Castel-Bois profita pour caresser doucement la monture de Lucas, ses pensées se dirigèrent instantanément vers lui et sa bienveillance. Elle espérait qu’il ait pu bien dormir et que ce repos ait également pu profiter à l’ensemble des hommes qui les accompagnaient. Après quelques temps, Melly et Marianne s’extirpèrent des écuries et toutes les deux rejoignirent l’auberge non sans amusement au passage. Leurs rires étaient rythmés suivant les échos de joie qu’elles élaboraient et lorsqu’elles revinrent certains étaient déjà debout. Les bonjours s’en suivirent, les uns plus joyeux que les autres et tous se hâtèrent par la suite pour ne pas perdre de temps. Il fallait reprendre la route pour ne pas émettre de retard considérable avec les attentes du chevalier Nerbosc. Marianne exécuta rapidement sa besogne et bien vite les au revoir scellèrent ce temps suspendu entre deux états pluvieux. La jeune fille promit à son amie de venir la revoir plus fréquemment et tous parurent rassurés de cette entente. Roadney en était le premier attentif et félicita en secret Marianne pour ses progrès. La route filait à présent devant eux. Encore quelques jours avant de reconnaître les hautes bâtisses de pierre d’Harrenhal. Les groupes se formaient et se défaisaient en suivant des rythmes plus ou moins constants, et à chaque fois que la veuve avait l’opportunité de rejoindre Lucas, son cœur battait à la chamade. « J’espère que ces souvenirs sauront réconforter votre cœur dans les moments les plus sombres. » osa t-elle enfin lui confier alors qu’elle regardait en sa direction. « Je ne sais comment vous remercier pour tout ce que vous faîtes. » continua t-elle alors que le vouvoiement s’était installé comme une habitude dès lors que la complicité émettait des réserves en raison des témoins. Un sourire lui échappa, parti à la volée comme tous ceux qu’elle lui offrait. « Comment faites-vous pour parvenir à ne pas être attristé lorsque vous quittez des personnes qui vous sont chères ? » La question venait comme un cheveu sur la soupe, elle en avait conscience, néanmoins, elle se demandait comment pourrait-elle affronter les jours qui suivraient leur séparation. Non pas qu’elle le veuille, mais au contraire, elle s’en angoissait tant elle appréciait la compagnie du jeune homme. D’autant plus qu’elle percevait combien Lucas se faisait une place dans son cœur. Cette place qu’elle chérissait aux rythmes des jours qu’ils passaient ensemble. Cette place qui ne cesserait de grandir dans son cœur, elle n’en doutait pas, surtout devant tout ce qu’il lui apprenait le concernant. Les découvertes osaient lui faire croire en un meilleur, elle s’y réfugiait déjà. Et les hauteurs du domaine de Shella Whent n’étaient que des témoins de plus face à ce sentiment qui grandissait encore un peu plus.

AVENGEDINCHAINS
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Lucas ne se rappelait pas la dernière fois qu’il s’était senti aussi gêné pour une raison aussi simplette que celle là. Il n’était pourtant pas le genre à rougir devant une jeune femme qui dévoilait quelques unes de ses courbes, ni même lorsqu’un semblant d’intimité s’installait avec une demoiselle. Mais il fallait bien que le Nerbosc s’y fasse, avec Marianne les choses s’avéraient différentes. Il réagissait différemment en sa présence. Il était surtout gêné d’être en mesure de l’embarrasser. Elle n’était pas une jeune midinette célibataire qui cherchait à attirer son regard, c’était tout l’opposé à vrai dire. Peut-être était-ce là la véritable explication. Mais avec la chaleur qui lui brûlait les joues comme à un adolescent, Lucas n’eut guère le temps d’y accorder plus d’importance. “Hmm, vous n’avez pas à excuser votre tenue Lady Marianne, vous êtes dans vos appartements après vous être retirée pour vous coucher. C’est entièrement de ma faute, je ne sais pas où j’avais la tête, je me suis précipité, je le reconnais.” Une fois le moment de trouble dissipé, Lucas parvint à dire ce pourquoi il s’était déplacé initialement. Il voulait rassurer la Harlton, lui faire savoir qu’elle n’avait pas en faire pour la nuit qui s’annonçait puisqu’il serait de l’autre côté du mur et qu’un simple appel de sa part, il accourrait. Comme elle s’enquérait de savoir s’il avait passé une bonne soirée et lui souhaitait une bonne nuit également, Lucas répondit d’un simple hochement de tête, avec un doux sourire qui illuminait son visage. Et alors qu’il allait s’éclipser, la voix de Marianne le retint. Il s’arrêta et fit un pas en arrière pour à nouveau distinguer son beau visage de l’autre côté de la porte de bois. Il souleva un sourcil interrogateur. “Oui Marianne ?” Elle voulait lui faire promettre de passer une bonne nuit et de prendre du repos, prendre soin de lui. L’attention lui tira un petit rire plus surpris que moqueur. “Je n’y manquerais pas, je te le promets.” Décidément, ce voyage n’était fait que de promesse, mais pas le genre de promesses contraignantes, le genre de promesses qu’il espérait pouvoir tenir et honorer chaque jour que les Anciens lui laisseraient voir.

Comme d’habitude, l’émissaire des Nerbosc fut réveillé aux aurores avec le bruit des oiseaux au dehors et de la vie qui commence à reprendre son rythme agité au dehors. Il resta un instant allongé sur la paillasse, les bras croisés sous sa tête, les yeux rivés au plafond. Il se revoyait des moments du voyage depuis son arrivée à Castel-Bois. L’image de Marianne souriante, légère et lumineuse lui revenait sans cesse. Une vision dont il ne se laissait pas. Mais comme un jeune homme coupable, son regard venait trouver la paillasse de Ser Roadney, curieux de savoir s’il se doutait de ce qu’il se passait dans la tête du Nerbosc vis à vis de sa protégée. Il finit enfin par se lever et après avoir fait une brève toilette à base d’eau fraiche, il se vêtit et sorti de la chambre, prêt à acheter le matériel et les provisions nécessaires pour la suite du voyage. Alors qu’il passait devant la chambre de Marianne, il s’arrêta un instant pour poser son oreille contre la panneau de bois. Elle ne l’avait pas appelé de la nuit. Si Lucas en éprouvait un soupçon de déception, de ne pas avoir pu la tenir une nouvelle fois dans ses bras, il était surtout soulagé et heureux que la jeune femme ait pu dormir sereinement cette nuit. De l’autre côté de la paroi, il entendit deux fois féminines qui se répondaient. Il reconnaissait très clairement la voix douce et claire de la Harlton et l’autre voix semblait était celle d’une enfant, probablement Melly. Cette découverte tira un sourire au chevalier, avant qu’il ne reprenne sa descente et son projet.

Une fois les quelques achats nécessaires faits, Lucas revint tranquillement vers l’auberge, s’arrêtant au passage aux écuries pour s’assurer que les chevaux étaient prêts à repartir. Mais il s’arrêta en découvrant la dame de Castel-Bois en train de prendre soin des bêtes avec la petite Melly. Il s’arrêta un instant contre le chambranle pour observer les deux jeunes femmes. Elles étaient tellement investies dans leur mission et leur conversation qu’elles ne remarquèrent même pas le chevalier durant les quelques minutes où il resta posé de la sorte. Ce simple moment remplit son coeur d’une chaleur sans pareil. Marianne avait ce petit quelque chose de solaire. Il suffisait qu’il soit dans son orbite pour que ses rayons lui procurent tous les bienfaits dont il avait besoin pour vivre. Et il se rendait bien compte qu’il n’était pas le seul à bénéficier de cette dose de bienveillance. Par contre, il lui semblait que même si la Harlton avait toujours à coeur d’aider les gens et de leur faire plaisir, elle ne se rendait pas compte de l’importance et des bienfaits qu’elle procurait à tout son entourage. Il semblait important pour le chevalier que la dame prenne un jour conscience de ses capacités salvatrices, il était certain qu’elle en tirerait une joie certaine. C’est sur cette pensée que Lucas parvint à l’auberge, prêt à empaqueter ses affaires une nouvelle fois.

Et c’est ainsi que le petit groupe de Conflanais dit au revoir à Pierremoûtier et se retrouva à nouveau sur la route en direction de Harrenhal. Après tout juste quelques minutes de chevauchée, Marianne interrogea le Nerbosc sur sa capacité à ne pas s’attrister à chaque départ. Lucas tourna un visage curieux vers sa compagne, un petit sourire malicieux sur les lèvres. “L’habitude peut-être ?” commença-t-il avec un éclat de rire. Puis il fixa un instant l’horizon et les nuages bas qui les embêterait probablement d’ici quelques heures de leur pluie battante. “Je crois que s’il y a quelque chose d’important que j’ai appris avec les années, c’est de vivre dans le présent et de me réjouir de chaque instant. J’ai conscience du futur, mais j’essaie de le laisser à sa place. Tout comme le passé n’est pas rejouable, alors pourquoi s’entêter à le ressasser ?” Lucas chercha une nouvelle fois le regard de son amie. “Chaque fois que je pars, je m’assure d’avoir bien dit ce que j’avais à dire à ceux qui me sont chers, je m’assure d’avoir profité d’eux comme ils le méritaient. Alors en partant, je chéris ces sentiments et ces souvenirs là. Et je sais que tous ces voyages, toute cette route n’est que passagère. D’ailleurs elle m’amène toujours à des endroits où je suis heureux de voir du monde, où j’ai d’autres amis, alors je suis moins triste en pensant à ceux que j’ai laissé derrière moi.” Ainsi voyait-il la vie et essayait-il de la vivre au quotidien.

Le voyage continua encore de la sorte jusqu’à Harrenhal durant les cinq jours qui suivirent. Ils s’arrêtèrent la nuit suivante à Sauts Périlleux, mais toutes les nuits qui suivirent jusqu’à ce qu’ils arrivent dans la demeure des Whent se fit à la belle étoile, à l’abris de quelques arbres quand cela était possible. La pluie fut leur compagne quasi quotidienne mais plus souvent par courte averse, ou longue bruine. Lucas vint en aide à plusieurs voyageurs dont les chariots s’étaient retrouvés embourbés dans la terre humide. Ils avaient parfois partagés leurs provisions et leurs repas avec d’autres gens de passages, toujours avec le sourire et la bienveillance qui étaient les leurs. Lucas appréciait toujours ces voyages, c’était un moyen de garder les pieds sur terre et de ce rappelait ce qui était essentiel. Néanmoins, le Nerbosc n’en était pas moins content de voir la silhouette du grand château se dessiner au loin. Si pour beaucoup ce lieu semblait funeste, avec les années qu’il avait passé en tant que écuyer de Lord Walter, cela n’était pas le cas pour le Nerbosc. Il s’amusait de cette pierre sombre et de ces quelques tours endommagées. Les travaux entrepris il y a déjà plusieurs années lui avaient certes donné meilleur mine, mais la demeure n’en restait pas moins colossale. Cependant, Lucas savait qu’à l’intérieur, il n’y régnait que la bienveillance de la vieille Shella, et cela suffisait à en réchauffer les centaines de pièces et de couloirs.

“Lucas !” l’accueillit d’ailleurs la Whent, bras grand ouvert, alors qu’elle avançait à pas rapides vers lui. “Shella !” répondit ledit Lucas non sans le même enthousiasme. Il descendit de cheval en une fraction de seconde et serra dans ses bras la seigneur d’Harrenhal, la soulevant au passage de quelques centimètres du sol. Puis lorsque l’étreinte fut terminée, Shella se rendit compte que le Nerbosc n’était pas arrivé seul et tenta de revenir sur la familiarité dont leurs invités avaient été témoins. “Hmm, Ser Nerbosc, c’est un honneur de vous avoir à nouveau chez moi ! J’espère que vous m’apportez de bonnes nouvelles de Corneilla ?” Lucas éclata de rire. Son regard trouva celui de Marianne avant de revenir vers celui de la vieille femme. “Nous ne venons pas pour une matière officielle Shella, mais pour te tenir compagnie et t’apporter de l’aide durant quelques jours si tu en as besoin. Je n’ai pas besoin de te présenter Lady Marianne Harlton, j’imagine ?” ajouta-t-il en désignant d’un geste élégant la jeune femme. “Et par pitié, cesse de me vouvoyer, cela me met extrêmement mal à l’aise, j’ai l’impression que tu me punis pour une bêtise dont je ne connais pas la nature. Nous sommes tous entre amis aujourd’hui.” Lucas vit la Whent joindre ses deux mains devant son visage et lui sourire gaiement. “Alors venez, un dîner bien chaud ne va pas tarder à être servit ! Vos chevaux sont entre de bonnes mains.” Et le petit groupe se mit à suivre le pas énergique de la seigneure des lieux, sans oser la contredire. L’idée de s’asseoir dans un fauteuil confortable, de boire du vin et de manger chaud suffisait à réjouir Lucas.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
Les souvenirs se gravaient de plus belles aussi bien dans les esprits que dans les cœurs de chacun des protagonistes. Telles des sources de chaleurs, elles amenaient l’espoir à recouvrer de ses droits devant la désuétude passée. Le deuil n’en devenait qu’une parcelle s’éloignant petit à petit, se séparant enfin du fléau qui avait pu arrêter son temps pour ainsi lui accorder un instant de répit. Les lueurs des yeux du chevalier qui l’accompagnait, lui renvoyaient des messages selon lesquels ses croyances avaient le droit d’exister à nouveau, de se partager aussi, mais surtout de trouver des échos dans les bonnes intentions qui lui offrait. D’une certaine manière et probablement sans même en prendre réelle conscience, Lucas Nerbosc avait sauvé Marianne de son désespoir. Ses craintes s’étiolaient à mesure que les temps leur prouvaient à tous les deux combien la complicité était primordiale entre eux. Le sourire du jeune homme lui réapprenait à inspirer sereinement, à laisser l’air s’engouffrer dans ses poumons pour ainsi exister à nouveau. Certes, son épreuve la marquera à tout jamais, néanmoins, Marianne émettait l’idée que de la bienveillance naissait la bonté et de bonté naissait l’espoir. Ce dernier qui ne cessait de l’aspirer vers des songes qu’elle pensait avoir oublié. Aussi, était-il familier que de répondre d’un sourire à un autre, mais voilà que cela faisait naître des soubresauts dans le cœur de la jeune veuve à chaque fois que le sien répondait à celui du chevalier. Lucas avait eu raison de ses démons, ou du moins lui permettait-il de les oublier le temps de ce voyage. Son soutien n’en devenait que plus important à mesure que les jours les rapprochaient à leur manière et osaient lui prouver combien elle avait besoin de lui. Chacune de leur interaction le lui prouvait davantage encore, chacun de leurs regards veillaient à participer à des élans d’assurance afin de ne pas le décevoir. Marianne réapprenait également à ne plus vouloir attrister son prochain, comme elle avait pu le faire jadis. Elle recouvrait des forces dont elle pensait avoir perdu à tout jamais, de part la confiance émise du chevalier à son encontre. Il croyait en elle, comme Roadney pouvait le faire, comme sa cousine et son oncle plaçaient eux aussi leurs espoirs entre ses mains. Et Marianne comprenait enfin l’ampleur de la tristesse qu’elle avait du leur infligé à tous. La honte la gagnait quant à cette pensée, traîtresse, cette dernière l’amenait à perdre à nouveau l’équilibre qu’elle venait à peine de retrouver. Aussi, préférait-elle taire ses appréhensions, les repousser un peu plus encore alors que ses yeux se perdaient pendant quelques secondes dans ceux de Lucas. Ce lien pouvait-il réellement exister ? Cela l’en déroutait de plus en plus, alors que la conscience quant à certains sentiments l’amenait à penser qu’il venait de la marquer à tout jamais. Se pouvait-il ? L’incertitude n’en serait qu’un tourment qu’elle tenterait de résoudre à sa manière, en prenant le nécessaire dès lors que le temps le lui accorderait. Pour l’heure, ses pensées demeuraient enclines à connaître ce secret grâce auquel le chevalier pouvait aller de l’avant. Il avait tant fait pour elle que la simple idée de devoir se séparer de lui à un moment où à un autre en devenait angoissante. Pour sûr, Lucas Nerbosc lui manquerait, pour sûr elle languirait son sourire, sa manière de réagir à chaque remarques qu’elle pouvait émettre. L’idée que le temps suspendu devienne à nouveau une constante l’effrayait, de la même manière qu’un réveil brutal duquel elle prenait conscience que tout ceci n’avait été qu’un rêve. La nostalgie en venait à battre de son plein alors que le groupe s’échappait de Pierremoûtier pour continuer sa route. Le trajet commençait, les doutes de la jeune fille ne tardèrent pas à s’échapper pour tenter de trouver un nouveau réconfort dans les attitudes du jeune homme. Sa tristesse en était quelque peu palpable, même si, le message en lui-même ne révélait en rien ses pensées les plus secrètes. Rapidement, Marianne retrouva l’amitié de Lucas dans ses réactions. Ce sourire qu’il lui offrait n’était pas sans la rassurer quant au fait qu’il détenait probablement le secret d’une telle banalité. De sa première remarque, Marianne ressentit une sorte de pincement dans son cœur. Inexplicable, ce dernier lui donnait l’impression de se contorsionner devant une image qu’elle ne pensait pas entrevoir.

Ainsi serait-elle elle aussi une habitude. Elle en comprenait les ressors, dans la mesure où Lucas tenait à bien réaliser son rôle d’émissaire. D’ailleurs, il l’impressionnait par ce dernier et veillerait toujours à le faire alors qu’il lui prouvait une fois de plus combien sa région, la leur, était une source de vie à part entière. Elle en admirait respectueusement ses intentions et probablement les sacrifices qu’il avait du en faire. Aussi, lui prouvait-il à quel point la bonté de son cœur s’accordait à la sympathie qu’ils partageaient tous deux. Le secret n’en devenait que plus sincère à mesure que les mots sonnaient aux oreilles de la Harlton, comme de véritables confidences. Ses yeux se perdirent un instant vers l’horizon lointain, désireux de capter à leurs tours, le paysage qui se dessinait devant le regard du jeune homme. Et puis de ce secret naquit une révélation, celle qui rassura le cœur de la jeune fille quant à cette habitude de toute à l’heure. Ainsi, Lucas lui prouvait-il une fois de plus d’une raison apparente. Vivre au présent était certainement une clé pour mieux avancer. Certes, le passé portait son lot de fardeaux, néanmoins et malgré les apprentissages qu’il émettait, il ne pouvait satisfaire comme pouvait l’effectuer le présent. L’attention de la jeune veuve se déporta à nouveau vers son compagnon de route, l’ami qui ne cessait d’établir sa place certaine auprès de son cœur. Il la rassurait à nouveau, sans même s’en rendre compte. « Vos paroles sont louables et véridiques. » répondit-elle sur un ton qui se voulait rassuré et ce même si son regard se baissait doucement vers ses mains tenant les rennes de Grispoil. Ressasser le passé n’amenait à rien pour certains sujets, cela ne la ramènerait pas vers sa vie d’antan par exemple. Et elle en prenait totalement conscience par les dires qui accompagnaient sa requête. Et puis, comme si le soleil perçait les nuages, le reste des paroles du jeune homme tendirent à lui faire redresser les yeux pour ainsi couver ce qu’il lui confiait. Ses aveux quant à ses comportements éveillèrent à nouveau des chaleurs dans son cœur, celles d’un espoir à part entière qui allait bien au-delà de simples mots échangés. Ainsi Lucas la rassurait sur le fait qu’il profitait des moindres instants, sans en regretter la moindre seconde. De la noblesse jaillissait de son cœur dans le même temps qu’un charisme certain et évident l’enveloppait innocemment. Son cœur était pur, son âme désireuse de croire en autrui. De part ses dires, le chevalier touchait l’âme de la jeune lady et lui ouvrait les yeux sur ce monde qu’elle aimait chérir à son tour. Peut-être avait-elle eu une étincelle dans son regard de cette confidence ? Une chose était certaine, Lucas l’avait frappé en plein cœur par celle-ci. « Je vous remercie pour cet aveu et essaierai de m’en souvenir mot pour mot pour ne plus regretter chacun de mes départs. » Pour quelques secondes de plus, ses émeraudes se perdaient dans son regard noisette, désireuses de lui prouver combien elle lui était reconnaissante pour tout. Le temps se suspendait encore au point de lui en faire perdre la mesure, jusqu’à ce qu’il ne la rattrape et ne lui fasse dévier son regard aux alentours. D’autres moments suivirent celui-ci. D’autres émotions se juxtaposèrent au fil du voyage. Et déjà cinq jours les séparaient de leur halte au village. Cinq journées à la fois semblables et différentes dans leurs courts. La jeune lady fut heureuse d’accueillir les voyageurs qui partageaient un peu de leur temps avec la petite troupe. Tous purent en apprendre à leur échelle, et tous purent se rassurer quant au fait que leur région n’en résidait que plus belle. Marianne recouvrait de ses intentions primaires, alors qu’elle cherchait le meilleur pour autrui. Elle aidait du mieux qu’elle le pouvait, cherchait à rassurer également lorsque cela lui était demandé. Tout comme elle couvait du regard chacun des hommes qui accompagnaient leur voyage. Lucas lui prouva une fois de plus de sa bienveillance en venant en aide à des âmes dans le besoin. Son regard changea alors qu’elle admirait sa manière d’agir devant cette carriole embourbée. Visiblement, tous les deux se ressemblaient à un point qu’elle n’avait pu imaginer jusqu’alors. Tant est si bien que cela en venait à la déstabiliser alors qu’elle se surprenait à songer à lui encore et encore avant de s’endormir. En avait-elle le droit ? La culpabilité en venait à alourdir un peu plus ses poumons certaines soirées, dès lors que ses pensées l’emportaient vers l’être perdu. D’autres cauchemars suivirent. Moindres, ils ne la mettaient pas dans ce même état de torpeur dès lors que son réveil lui rappelait que Lucas n’était pas loin. Et rapidement, elle se souvenait des mots échangés lui prouvant combien le passé était difficile mais pas insurmontable. Elle était à même d’y arriver, pour lui, pour ce chevalier qui plaçait ses espoirs entre ses mains et qui l’avait convié à le suivre malgré sa nostalgie. De cette pensée naissait à nouveau son sourire et ce désir de combattre un peu plus le deuil.

Et puis, les prestigieux édifices se dessinèrent sur l’horizon. Telles des silhouettes, les tours n’en devinrent que beaucoup plus imposantes et grandioses alors que leurs immensités les écrasaient à leurs pieds. La noirceur des murs étaient sans pour rappeler un temps difficile, de même que les travaux participaient à cette élaboration. Une nouvelle vague d’admiration en venait à s’installer dans le cœur de la jeune fille alors qu’elle songeait à la maîtresse de ces lieux. Shella Whent avait une dextérité que beaucoup devraient prendre en exemple, une témérité que beaucoup devraient jalouser, mais elle était surtout un exemple d’espoir. Le sourire ne tarda pas à grandir dès l’instant où les retrouvailles entre la dame des lieux et le chevalier prouvaient de leur amitié sincère et forte. Marianne y trouvait même ici l’image d’un fils retrouvant sa mère après un long séjour d’absence. La confiance et l’amour qu’ils se portaient en étaient si palpables qu’ils en arrivaient tous les deux à faire naître cette bienveillance dans le cœur de la jeune fille. D’ailleurs, elle se convint de leur accorder un moment d’intimité, de manière à ce que tous les deux puissent se retrouver. Elle descendit de son cheval à son tour et s’inclina devant la dame de ses lieux au moment où le chevalier la présentait. « Lady Whent, c’est un plaisir et un honneur de vous rencontrer à nouveau. » partagea t-elle de cette voix chargée de sympathie et heureuse de pouvoir constater d’une telle bonté entre Lucas et Shella. Cela en était même enrichissant, dans la mesure où il lui prouvait à nouveau de ses confidences partagées il y avait de cela quelques jours. La jeune veuve en prenait la mesure à cet instant, dans cette joie qu’elle ne lui connaissait pas et qu’elle trouvait réellement belle. Un nouveau sourire se transforma en rire pour accompagner les dires du chevalier avant de finalement suivre le mouvement et pénétrer les lieux. L’immensité s’étendait à perte de vue et Marianne avait l’impression de n’être qu’un grain de poussière lorsqu’ils traversèrent les couloirs de la forteresse. Ses yeux imprégnaient des détails qu’elle n’avait jamais pu voir auparavant et même si elle savait que le son de sa voix résonnerait entre ses murs, son silence fut rompu. « Permettez-moi de vous remercier de votre hospitalité ma Dame. » Cela sonnait étrange à ses oreilles que d’entendre son propre échos, pourtant, elle n’en était pas effrayée. Au contraire, elle trouvait du réconfort dans les sourires de Lucas et ceux de Lady Whent. Tous deux étaient si chaleureux, qu’il était aisé de pouvoir trouver sa place auprès d’eux mais surtout se sentir présente également. Tous échangèrent quelques détails de leurs voyages, rapportant des épisodes qui eurent le don de les faire rire à quelques occasions. Le repas n’en devint que plus réjouissant, à même de laisser le naturel recouvrait de ses droits après les quelques appréhensions respectueuses passées. Cela fut un baume pour le cœur de la jeune veuve. Lady Shella Whent n’en devenait qu’un exemple à part entière alors qu’elle disposait de cette volonté de vivre et de continuer malgré toutes les épreuves qu’elle avait pu encourir. Si seulement Marianne arrivait ne serait-ce qu’à sa cheville, elle était persuadée qu’alors son espoir n’en ressortirait que plus grand à son tour. Son cœur s’époustouflait alors que ses yeux l’amenaient parfois à remarquer des comportements équivoques d’une servante à l’égard de Lucas. Elle parvint à laisser cela de côté, poursuivant les conversations qu’ils partageaient tous ensemble. Pourtant, il se passait quelque chose à l’intérieur d’elle qu’elle ne pouvait expliquer. Si bien que lorsque Lucas et Lady Whent dansèrent tous deux pour sceller leurs retrouvailles, la jeune fille lançait de nouveaux regards en direction de la servante pour essayer de comprendre ses intentions. Il ne lui fallut pas plus de cinq minutes pour les comprendre et cela l’amena à songer en quelques hypothèses. Mais rapidement l’honneur de Lucas, du moins celui qu’elle avait pu lui connaître au cours de leur voyage, l’amenait à croire qu’il n’était de ce genre d’homme. Et quand bien même qu’est-ce que cela pouvait lui faire ? Ils n’étaient que de simples amis et probablement le seraient-ils pour toujours. Ses yeux se détournèrent de la servante et croisèrent ceux de Roadney, qui visiblement, avait compris ses pensées. Elle pouvait le lire clairement dans l’expression qu’il adoptait, aussi se contenta t-elle de hausser ses sourcils comme pour lui montrer d’une incompréhension la plus totale devant sa réaction. Bien sûr, le chevalier ne tarda pas à rire avant de boire à son verre, ce qui eut pour effet d’entraîner le même mouvement de la part de la jeune lady. Tentant de reprendre contenance, elle fut surprise au moment où Lucas l’invita à son tour à partager une danse. Mais pourtant sa main s’empressa de rejoindre la sienne avant de se relever de table pour le suivre jusqu’au centre de la pièce. Ainsi créaient-ils une bulle qui n’appartenait qu’à eux en cet instant. A peine les premiers pas élaborés, voilà qu’elle recouvrait toutes ses émotions qui la troublaient à chaque fois qu’ils étaient tous les deux. Elle revivait son invitation au départ du voyage, elle entendait à nouveau ce souvenir qu’il chérissait, elle en imaginait même les moindres détails. Une volte plus tard, voilà qu’il la ramenait jusqu’à cette nuit qui scella leur amitié. Et puis leurs mains jointes ne cessaient de lui rappeler combien sa présence auprès d’elle était importante et bien marquée. Lucas avait touché son cœur, son âme, il lui avait insufflé le courage de croire à nouveau en son espoir, surement même celui qu’ils partageaient tous les deux. Ses yeux ne pouvaient se détourner des siens, son sourire ne pouvait se tarir alors qu’il l’enivrait de cette chaleur constante de vouloir vivre. Cela en était même paradoxal tant elle parvenait à respirer dans le même temps que son cœur étouffait de cette chaleur. Et pourtant ils étaient dans leur monde. Le temps se rappela à eux une fois de plus, alors que la musique s’achevait. Durant de longues secondes, la jeune fille échangeait son regard avec le chevalier comme pour ne pas s’arrêter si brusquement. Le silence en devenait un témoin probant, désireux de les confiner un peu plus, mais le mouvement derrière rompit le contact et tendit la jeune veuve à se reculer. « Merci pour cette danse. » Un nouveau sourire lui échappa, bienveillant et heureux d’avoir pu vivre ce souvenir en sa compagnie. Mais bien vite ce dernier devint plus triste au moment où ses yeux reconnurent la silhouette de la servante. Gênée, Marianne baissa la tête. « Si Lady Whent me le permet, je désirerai me retirer afin de me reposer. » Le rouge lui montait aux joues alors qu’elle se reculait d’un pas de plus et qu’elle regardait une fois de plus son cavalier. « Bonne nuit Lucas. » Un timide sourire étira ses lèvres mais ses yeux dévièrent en direction de la servante qui attendait son reste dans le dos du jeune homme. Surement que ce geste susciterait un mouvement de sa part, mais déjà la jeune fille tournait ses talons pour présenter son désir à la maîtresse de la maison. Peut-être était-ce là son réveil… Néanmoins, elle garderait précieusement les détails de ce rêve que Lucas lui a permis de vivre éveillée.


AVENGEDINCHAINS
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Lucas était on ne peut plus comblé. Il venait de passer une excellente semaine sur les routes du Conflans, faisant fi des bruimes quotidiennes, se concentrant uniquement sur l’excellente compagnie à laquelle il avait droit pour une fois. Marianne Harlton s’était révélée être tout ce que son frère lui avait décrit. S’il l’avait trouvé divinement belle lorsqu’il l’avait vu pour la première fois, rayonnante au bras de son époux, il avait découvert une personne admirable. Durant cette semaine, le Nerbosc avait réussi à enterrer profondément les idées du paon argenté, au plus loin dans son esprit. Ce dernier avait même réussi à se convaincre qu’il n’y avait dans son regard, dans les réchauffements de son coeur, qu’une forte admiration et une amitié sans faille pour la jeune veuve. Si Brynden avait été du voyage, ou n’importe quel véritable ami qui le connaissait suffisamment, il aurait pu argumenter qu’il ne regardait pas Liane Vance ou Barbara Bracken avec les mêmes yeux, quand bien même il clamait partager une telle amitié avec elles aussi. Mais heureusement pour lui, Brynden n’était pas du voyage, ni aucun ami suffisamment zélé pour lui dire ses quatre vérités. Alors Lucas avait pu continuer à se nourrir d’illusions quant à la nature des sentiments qu’il était en train de développer un peu plus chaque jour à l’égard de la Harlton. Il pouvait simplement profiter de la chaleur qui gonflait sa poitrine dès qu’il la voyait sourire, de ce sentiment de bien-être lorsqu’elle posait son regard sur lui pour lui adresser la parole. Et à présent, il pouvait prolonger toutes ces émotions à Harrenhal, dans cette demeure qu’il considérait comme son deuxième chez lui, avec sa figure maternelle à ses côtés, maintenant qu’Arwyn n’était plus de ce monde. Lucas ne pensa pas que Shella ne se priverait pas de faire des commentaires sur son comportement une fois qu’ils seraient en privé. La Whent rirait bien de retrouver les mêmes élans chez Lucas pour Marianne, comme elle avait pu les voir pour sa fille Wynafrei, à l’époque où elle n’avait pas encore épousé son Frey et où lui n’était encore qu’un enfant ignorant de tout.

A peine le petit groupe fut-il arrivé dans la cour de l’immense demeure que Shella les accueillait gaiement et les invitait à dîner. Tout le monde reçu cette invitation avec grand plaisir. Après des jours à manger du gibier cuit au feu de camp et diverses crudités, un frais repas, assis à table était plus que bienvenue. La conversation alla bon train. Lucas était aux anges de retrouver cette femme qu’il aimait tant et cette dernière était on ne peut plus ravie d’avoir de la compagnie et de véritables discussions qui ne tournaient pas autour de la gestion d’Harrenhal avec son personnel. Ce fut l’occasion pour la Whent de partager des anecdotes avec les invités sur l’enfant qu’était l’émissaire avant, lorsqu’il avait fait d’Harrenhal sa maison et des Whent sa famille. Chaque fois, la vieille femme regardait son ancien pupille avec beaucoup d’affection et d'amusement et elle ne manquait aucun des regards de biais qu’il offrait à Marianne, curieux de voir ses réactions face aux histoires qui se dévoilaient pour elle. Mais avec tout cela, Lucas n’avait même pas remarqué la jolie servante qui cherchait à capter son attention. Il l’avait connu elle aussi lors de son séjour à Harrenhal, mais ça n’était que sur les deux dernières années qu’ils s’étaient vraiment rapprochés. Mais absorbés par les conversations et l’esprit enivré par ses sentiments, il ne la voyait passer à côté de lui et vaquer à ses tâches. Une fois le repas terminé, alors que le dessert se terminait en cuisine, Lucas invita Shella à danser. “Comme au bon vieux temps.” lui dit-il avec un sourire radieux alors qu’elle avait commencé par refuser, plus par principe que par réelle envie. Une fois que leur danse fut terminée, sans même réfléchir, Lucas se trouvait déjà devant la Harlton pour l’inviter à son tour. A croire que l’euphorie de la soirée était contagieuse puisque Marianne accepta sans même rechigner. Mais peu à peu, alors qu’ils effectuaient les premiers pas, le sourire enjôleur du Nerbosc disparu. Il avait abandonné son sourire joyeux et éclatant pour un sourire simple, doux et on ne peut plus sincère. La folie l’avait quitté. Il ne voulait pas faire le zouave et amuser la galerie. Ses yeux plongés dans les émeraudes de la Harlton, il avait retrouvé tout son sérieux, toute sa sincérité. Chaque fois que leurs mains venaient à se toucher, il s’approchait avec délicatesse et appréciait le contact. Lorsque à la fin il du mettre sa main au creux de sa taille pour lui faire effectuer une volte, il ne parvint plus à respirer. Il n’avait d’yeux que pour elle et c’était comme si le temps s’était arrêté un instant. Il avait oublié les murs d’Harrenhal, il avait oublié le regard de Shella ou celui de Roadney sur eux. Il n’y avait plus eu que Marianne. Ce n’est que lorsque la musique s’arrêta que le Nerbosc reprit conscience de la réalité des choses. Le silence vint l’ébranler avec un sursaut. Ils étaient de retour dans ce monde qu’ils devaient partager avec les autres. Lucas resta un instant sans voix, encore ému par le moment qu’il venait de vivre. Il allait proposer une nouvelle danse à la belle brune lorsqu’elle-ci annonça son envie de se retirer. Lucas cacha sa déception et se contenta de sourire à la jeune femme hochant doucement la tête. Elle savait qu’il était là si elle avait besoin d’aide, ils seraient très certainement tous logés dans la même aile, il ne serait pas loin. Le lien de confiance était à présent stable entre eux.

Un peu plus tard, lorsque ce fut son tour de vouloir prendre du repos, sa route croisa celle de la servante dans le couloir. “Pia !” dit-il surpris de la trouver là. “Je ne t’avais pas vu…” Il lui souriait doucement. Les deux avaient été intimes lorsqu’il était adolescent. S’il n’avait jamais été question d’amour entre eux, il y avait tout de même eu une certaine affection, Lucas l’avait toujours respectée. Mais il n’eut pas le temps de prendre de ses nouvelles que déjà elle répondait, froide. “J’avais bien remarqué oui.” Son sourire s’effaça brusquement et ses sourcils se froncèrent. “Je ne comprends pas, je…” Il tendit la main vers elle en geste réconciliateur. “Vous les hommes vous ne comprenez jamais rien de toute manière.” Ils ne s’étaient jamais rien promis. Il ne lui avait rien promis. Et quand bien même, Lucas ne réalisait même pas que c’était sa jalousie envers la Harlton qui s’exprimait. “J’imagine que tu ne souhaites pas que je te rejoigne plus tard ?” Lucas eu un mouvement de recul. Elle avait raison, il ne comprenait décidément plus rien. “Euh, ça ne me semble pas être une bonne idée non… Mais j’espère que tu auras quelques minutes à m’accorder d’ici mon départ Pia, je ne souhaite pas que nous nous quittions fâchés…” Il vit la jeune femme hausser les épaules avant de tourner les talons et disparaître dans l’obscurité du couloir. Il reste planté debout un instant, se passant la main sur le visage. Entre eux les choses n’avaient jamais été que physiques, lorsque l’envie était partagée. S’ils n’étaient pas véritablement des amis, Lucas appréciait tout de même la jeune femme, et prenait de ses nouvelles chaque fois qu’il revenait à Harrenhal. Le Nerbosc finit par chasser Pia de ses pensées. Et lorsqu’il ferma les yeux un peu plus tard, enfin installé dans un lit confortable, c’est à nouveau l’image de Marianne qui se dessinait délicatement dans son esprit.
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