Qui sème le vent récolte la tempête [Viserys Targaryen/ Daena Hightower]

Les journées s'étaient déroulées, si rapides accompagnées des rires des demoiselles. Daena n'avait pas quitté Margaery, pour pardonner son absence. Elle avait profité des jardins, profiter de la chaleur du soir, regardant les pâturages de la couronne, se perdant dans les coassements presque apaisants des grenouilles. Elle avait visité le château, riant en compagnie de cette cousine qui a ses yeux était comme une soeur. Ses pas l'avaient même mené jusqu'aux cuisines où elle avait vu des hommes pleurer à cause d'oignon et où les odeurs avaient enchantés ses sens. Elle en avait presque oublié le prince qui ne l'avait pas rappelé depuis plusieurs jours. Mais ses pensées étaient occupées par autre chose, engourdies par la chaleur et la beauté des lieux. Elle avait acheté des robes, découvert de nouveaux tissus et de nouveaux bijoux. Elle était même allée jusqu'à saluer son grand père qui, pour une fois, avait été heureux de la revoir. L'homme avait vieillit depuis qu'il était parti pour la capitale.

Elle était dans les jardins, ayant laissé Margaery pour l'après midi alors que cette dernière devait sûrement être allée découvrir de nouvelles beautés en compagnie de Loras. Daena en avait profité pour se dégourdir les jambes. Vêtue d'une jolie robe crème bordée de petite tour d'or sur la dentelle du corset, elle fut surprise de tomber sur le sorcier de Viserys. Ses ris noisettes se froncèrent, légèrement, et lorsqu'il lui avoua avoir besoin d'elle, l'inquiétude brilla une seconde avant de disparaître. Elle mit de côté le dégoût qu'il faisait naître en lui et lui emboîta le pas, oubliant toute relativité. Il se passait sûrement quelque chose et quelque chose de grave pour que ce ne soit un simple garde qui soit venu la chercher mais bien cet homme étrange qui la terrifiait. Elle était heureuse de marcher derrière lui pour ne laisser son regard de serpent courir sur son corps. Il la terrifiait encore plus que n'importe quels cyclopes ou autre monstre des légendes.

C'est dans le plus profond silence qu'elle arriva devant les appartements du prince et cette fois, une véritable inquiétude brillait dans ses yeux. La porte s'entrouvrit et elle entra, silencieuse. La profondeur de la chose noire dans le coeur du prince était immense. Elle le chercha des yeux, incapable de le voir à travers le brouillard né du brasero en plein milieu de la pièce. Puis elle l'aperçu, loin. Il n'effectua aucune rotation pour la regarder. Il ne l'avait sûrement pas entendu. Les yeux de Daena se posèrent sur les teintures déchirées, sur les statuettes éclatées au sol, sur les vêtements jetés là et sur les boutonnières ayant déjà perdu quelques boutons. La colère avait sûrement réveillé un dragon que la Hightower était heureuse de ne pas avoir vu. Puis, au milieu, comme un trésor conservé du feu, une boite aux armes de sa maison surmontées d'un dragon. Les pendentifs. Il l'avait fait.... Un sourire, léger, étira les lèvres de la jeune femme et elle s'approcha, ses talons ne retentissant que légèrement, étouffée par l'atmosphère trop lourde. Elle en sorti un qu'elle accrocha à son cou avant de prendre l’autre et se dirigea vers le prince. Il semblait enfermé dans un corral douloureux, qui le maintenait dans une colère ou une tristesse qui n'avait rien de feinte. Qu'avait-il bien pu se passer ?

Viserys... murmura-t-elle, le timbre de sa voix doux, comme pour apaiser quelque chose qu'elle ne connaissait pas. C'est moi. Les dragons étaient sauvages et elle se méfiait du feu qui pouvait brûler n'importe qui, même la plus forte des tours.

Elle se plaça en face de lui, avant d'attraper sa main et d'y glisser le pendentif. Elle ne prenait aucun raccourci. En face de lui, elle essayait de lire dans ses yeux pour comprendre ce qu'y avait pu se produire. Mais elle ne connaissait pas encore les tuyaux pour lire dans l'esprit d'un dragon. Elle se contenta d'une inquiétude réelle.

Que s'est-il passé ?

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Son regard se faisait désolé alors qu’elle le fixait. Le dragon si propre sur lui, si pomponné et si merveilleux avait laissé place à quelqu’un de bien plus sombre qui faisait battre le cœur de la Hightower plus vite. Viserys pouvait se parer de toutes les plus belles merveilles, ce n’était cela qui accaparerait pour de bon le cœur de la belle. Non, c’était quelque chose de plus réel et peut-être même plus dangereux. Elle le détaillait, s’attardait sur l’ombre qui frémissait dans les iris du dragon et elle n’en était que plus fascinée. Ses prunelles noisettes se perdaient, s’attardaient, allant s'enfoncer dans la profondeur de l’améthyste.

Tu ne le seras jamais à mes yeux Viserys.

Elle ne mentait pas. Il était beau et chaque journées passées avec lui le rendait plus attirant encore. Daena ne savait si c'était le pouvoir ou véritablement le dragon mais elle avait envie de passer du temps avec lui et plus encore, envie d'à nouveau sentir ses lèvres sur sa peau et ses doigts faire frémir son derme. Aujourd'hui n'était sûrement pas le moment de se perdre dans des caresses idiotes. Elle sentait la colère du dragon à deux doigts de se réveiller et savait qu'elle devrait reculer trop rapidement si cela devenait réel. Elle devait faire preuve de relativité. Peut-être oubliait-elle enfin Baelor, peut-être devenait-elle enfin un cyclope, aveugle d'un oeil face à son coeur.

Elle ne s'éloigna pas de lui et pourtant l'envie ne lui manque pas. Elle avait besoin de réfléchir en perdant ses iris dans les vastes pâturages, s'arrêtant sur les gardes rangés en rang d'oignon et enfermé dans le corral de leurs obligations guerrières. Elle avait besoin de voir autre chose que les lieux ravagés par la colère du dragon. Et pourtant elle n'en détourna pas les yeux. Elle avait fait son choix en acceptant les mots de l'homme. Elle avait décidé d'être à ses côtés. Malgré l'impossibilité d'une quelconque relation entre eux, elle voulait profiter des quelques journées que leur offrait le temps. Entre les bras de Viserys, elle perdait toute relativité.

Le timbre du dragon se faisait plus clair et la jeune femme ne pu s'empêcher de le fixer un peu plus. Son frère lui enlevait tout et pourtant, Daena refusait de susurrer les mots qui attendaient au bord de ses lèvres. Elle ne serait pas à l'origine d'une guerre entre les deux frères. Elle avait suffisamment apprit les cours d'histoire de sa septa pour savoir que les Hightower au milieu des dragons avaient déjà fait suffisamment de mal. Elle ne pousserait pas une guerre que Viserys n'avait pas vraiment de raison de gagner. Peut-être qu'Aegon était à moitié dornien, peut-être que Rhaegar était un idiot. Mais le second conservait la paix depuis suffisamment d'année pour s'être offert des alliers puissants. Pire encore. Il s'était offert de nouveaux pions en plaçant ses enfants et son sang partout dans les grandes familles de Westeros. Personne ne suivrait un frère face à un roi.

La Hightower se releva légèrement, lâchant la main du dragon et s'approchant de son visage. Ses doigts se glissèrent derrière son cou pour y accrocher le morceau d'écaille. Elle s'éloigna alors, ses mains se posant une seconde sur la boutonnière du dragon. Elle retourna, à genou devant lui, ses yeux noisettes s'accrochant à nouveau à améthyste. Elle ne connaissait encore tous les tuyaux de l'esprit de Viserys mais lentement, elle s'infiltrait dans ses pensées pour mieux les comprendre. Ils pouvaient devenir une force colosse qui renverseraient tout sur son passage. Et Daena ne perdait pas de vue ses objectifs premier. Elle ne prendrait aucun raccourci. Le temps seul lui permettrait de les atteindre.

Il t'est toujours possible d'avoir un enfant dragon tu sais Viserys. Tu es un prince. N'importe quelle femme se pâmerait pour obtenir tes faveurs. Il suffit de faire en sorte qu'aucun thé de lune ne vienne franchir ses lèvres et tu pourras reconnaître cet enfant comme le tien.

Mais le regard de la Hightower voulait tout dire. Elle ne serait cette femme. Elle lui ouvrait juste les portes, faisant taire cette jalousie qui ne la caractérisait que trop bien. L'enfant capricieuse savait pourtant mettre de côté ce qu'elle pensait réellement lorsqu'il s'agissait de pouvoir. Il était bien trop tôt pour que le dragon soit tombé amoureux d'elle au point de ne plus jamais l'oublier. Mais si elle agissait bien, elle pouvait entraîner les sentiments. Avec de doux sourires et des regards de biche. Le médaillon pendait après tout déjà entre ses seins.

Il ne pourra contrôler ça. Un bâtard ne salira pas ton sang si tu le reconnais déjà dans le ventre de sa mère. Ce ne sera ni le premier ni le dernier.

Les yeux de Daena brillaient d'une réflexion qui n'avait rien d'angélique. Son visage si doux de petite princesse avait changé du tout au tout et ses yeux sombres l'étaient encore plus. Aucune rotation, aucun changement physique. Juste le bruissement dans ses yeux qui la montrait telle qu'elle était au plus profond de son coeur bouffé par l'orgueil et les rêves de gloire. Elle n'était le merveilleux ange écoutant le croassement au pied d'un arbre pleureur que devant ceux qui voulaient la voir ainsi. Devant Viserys, la tour se parait de griffes et d'écailles, comme sur le blason qu'il avait fait graver sur la boite de leurs bijoux.

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Vraiment l'aimer. Si seulement il savait. Si seulement il imaginait. Le coeur de Daena n'appartenait qu'à un seul homme et lui appartiendrait sûrement jusqu'à la fin des temps, qu'importe ce qu'elle essaye de faire, qu'importe les dieux qu'elle priait. Baelor était parti avec lorsqu'il avait rejoint les îles de fers, la laissant avec seulement ses larmes et ses souvenirs. Elle s'attachait au dragon, c'était certain. Mais jamais comme elle avait pu s'attacher à l'homme qui hantait encore ses nuits et parfois même ses jours. Voilà longtemps qu'elle avait arrêté de pleurer en entendant le nom des fers nés. mais elle ne pouvait s'empêcher d'encore rêver à son arrivé, d'encore l'imaginer s'approcher pour la réconforter d'un baiser. Elle devait passer à autre chose ! Elle n'avait pas le choix ! Baelor n'était qu'un souvenir tandis que Viserys était là, fait de chair devant elle. Lui avait le pouvoir entre les mains. Baelor l'avait tout simplement abandonné, renvoyé chez lui sans même lutter, sans même un au revoir.

Elle se rapprocha un peu plus de lui, plantant son regard dans les siens, ses yeux brillaient d'une lueur qui n'aurait dû y flamber. Elle était trop jeune pour être gorgée de rage de la sorte. Et pourtant. Pourtant elle était hantée par cela, elle était mangée par l'envie. Et elle savait aujourd'hui le pouvoir qu'elle pouvait avoir sur le dragon en face d'elle. Les colliers qui pendaient à leur deux gorges voulaient tout dire. Il la voulait autant qu'elle le voulait.

Viserys. Elle plongea un peu plus ses yeux dans ceux du dragon, avant d'ajouter, plus sérieuse que jamais.Bâtard ou non ce sera ton fils et ce qu'un prince fait ne pourra jamais être un crime aux yeux de la loi. N'oublie pas le sang qui coule dans tes veines et qui coulera dans celles de cet enfant. L'histoire a peut-être été terrible mais rien ne promet que tout recommencera. Tu n'es pas Aegon IV et ton fils ne sera Daemon. Il ne sera jaloux que si tu l'entraînes à être de la sorte.

Il ne serait qu'un Targaeryen sans le véritable nom, qu'un enfant aux yeux violets et à la beauté enchanteresses. Un léger sourire vient flotter sur les lèvres de la belle, comme un écho de secret. Elle sentait qu'il attendait de savoir ce qu'elle allait lui dire, si la jalousie viendrait faire exploser son coeur ou non. Elle l'aurait cru et pourtant, elle savait que ce qu'on attendait derrière était bien plus fort. De toute manière, elle n'aurait certainement pas donné un enfant à Viserys; Elle était faite pour briller par pour être une simple maîtresse qu'on oubliait à l'instant ou on le désirait, qu'on pouvait renier comme la dernière des catins. Elle était bien supérieure à celle qui porterait le fils bâtard de Viserys. Elle aurait la chance de posséder son coeur et de le garder pour l'éternité.

Celle qui aura le sang le plus pur assurant pour de bon les traits que tu rêves pour tes enfants. Sa main se glissa sur la joue du prince, alors qu'elle rapprochait un peu plus son visage du sien. Je veux simplement que tu me jure que celle qui portera ton fils n'aura jamais ton coeur. Et que tu m'aimeras avant elle.  

Car ainsi, elle poserait pour longtemps sa marque sur le dragon. Après tout, Baelor n'avait-il réussi à faire de même pour elle ? Elle ne parvenait à l'oublier car il n'était pas que son premier amour. Il était cette première fois qui ne sortirait jamais de son esprit. Elle voulait en faire de même pour Viserys. Que jamais il ne passe à être chose, qu'importe s'il tombait un jour amoureux.

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