Évolutions.

Nymeria Sand est née de la légèreté et l'insouciance d'un homme à qui on avait jamais osé refuser quoi que ce soit, et d'une femme dite incapable d'enfanter. Nymeria est née, après nombreuses nuits de passions entre le prince Oberyn Martell de Dorne, Westeros, et d'une noble, une lady, de la famille Vaelaros de Volantis. Bien sûr, Oberyn était loin d'imaginer que cette dite-Lady irait jusqu'à boire plantes en quantité pour espérer enfanter, celle-ci était âgée d'une trentaine d'années, avait un époux mais n'avait jamais réussi à enfanter. Pourtant, après nombreuses nuits, elle y parvient.

Naquit neuf mois plus tard, dans les soupçons d'Oberyn et presque l'ignorance, une bâtarde à la chevelure noire. Lady Vaelaros et son époux avaient toutes les caractéristiques blondes argentés des Valyriens avant eux, quelle surprise alors qu'une tête brune. Le patriarche accusa le coup, sa femme l'avait trahie. Les bâtards n'avaient pas leur place à Volantis, ils n'étaient rien, pire encore que les esclaves aux yeux des parents de la famille Vaelaros. Mais il aimait sa femme et bien au dessus de cela : il ne voulait surtout pas que l'on apprenne que sa lady avait osé le tromper. Nymeria vécut donc six années, cachée de tous, dans le palais de la famille Vaelaros, pour lieu de vie une chambre haute en couleur. Mais cela n'avait rien d'une vie de rêve. Sous la chaleur étouffante, Nymeria ne pouvait jamais sortir de sa chambre, il ne fallait pas prendre le risque que l'on sache que les Vaelaros avaient une fille brune. Lady Vaelaros apprit vite à Nymeria la façon dont il fallait s'habiller, la façon dont il fallait se tenir. Mais elle ne ressentait pas là le plaisir d'une mère à apprendre à sa fille à se vêtir et se comporter, mais l'obligation d'une femme envers une enfant qui n'avait pas demandé à venir au monde. Lady Vaelaros avait culpabilisé, et c'était finalement lassée, déclarant ne pas être faite pour être mère et que si les dieux ne lui avaient pas permis d'enfanter sans substituts, c'est qu'il y avait bien une raison. Elle se lassait bien vite d'avoir à apprendre à sa fille comment se comporter et bien vite, ce fût aux esclaves de s'occuper d'elle. Six ans cloîtrée dans une chambre, six ans avant que le patriarche se décide : cela ne pouvait pas continuer 10 années supplémentaire.

Sans qu'elle ne comprenne, un jour, un homme arrivait dans sa chambre. Nymeria n'avait pas de jeux, juste une vieille poupée qui avait bien vécu, et si ses habits étaient riche, il n'y avait pas un sourire sur ce petit visage. L'homme venait vers elle, alors qu'elle était assise au sol, sa poupée dans les mains. Il posait un genou devant elle, chose qui n'arrivait jamais. Il était beau, grand, la peau matte et les cheveux si sombre que les siens. Nymeria avait déjà une belle tignasse noire à ce temps, indomptable. Les yeux sombres, la peau pâle cependant. Cet homme prit le temps de lui poser quelque questions, était-elle heureuse ? Vivait-elle bien en ces lieux ? Elle ne sût pas quoi lui répondre.

" Nymeria, tu es restée bien trop longtemps en ces lieux. Ce n'est pas là qu'est ta place. Ta place est à Dorne, à Lancehélion. Tu viens dès aujourd'hui avec moi, tu ne passeras pas une heure de plus dans cette pièce. Tu es ma fille, Nymeria. Tu ne resteras pas plus longtemps ici. "

Elle mit un moment à comprendre qu'on l'arrachait à son toit. Avait-elle seulement pleuré ? Non. Avait-elle eu peur, avait-elle regretté ? Non. Elle avait eu confiance en cet homme dès qu'elle l'avait vu. Il l'avait portée, toute petite et fine qu'elle était. Elle avait posée sa main sur la joue colorée de cet homme, il avait détourné son visage pour embrasser sa main, ce qui l'avait amusée. Cet homme était Oberyn Martell, prince de Lancehélion. Frère de la reine de Westeros et du prince régent de Dorne. Sa mère n'était pas venue lui dire au revoir et le patriarche Vaelaros n'avait eu aucun mal à la voir partir. Elle avait été une honte pour leur famille, c'était un soucis qui s'en allait. Mais elle même se sentait déjà plus heureuse dans les bras d'Oberyn puis sur le bateau les ramenant à Dorne. Les Jardins Aquatiques, on l'y déposait pendant un temps, le temps du changement. A Dorne, les choses étaient grandes et magnifique, l'air lui semblait moins étouffant que Volantis. Tout était riche, coloré. Lorsqu'on lui demandait son nom, elle répondait "Nymeria". Mais Oberyn la reprenait bien vite : Non, tu es Nymeria Sand. Un jour, tu seras une Lady.

C'est lors de ce voyage qu'elle apprenait à bien le connaître, ce prince Oberyn. Elle était encore toute jeune, ne parlait pas beaucoup et pourtant il la portait dans ses bras, il lui expliquait ce qu'il savait, lui racontait ce qu'il connaissait des régions qu'ils traversaient, il ne lui parlait pas comme à une enfant idiote mais comme à une enfant capable de comprendre les choses, une enfant à qui on pouvait parler. Elle se prit très vite d'affection pour lui, car il lui fit comprendre très vite qu'elle n'était pas qu'une bâtarde ni une erreur d'une soirée, mais qu'elle était sa chair et son sang et qu'elle devait être traitée avec respect. Le seul souci s'opposant à elle ; la barrière de la langue. Nymeria ne parlait que le Haut Valyrien.



Arrivée à son nouveau foyer, Oberyn lui laissait quelque jours pour se faire à son nouveau toit. La vie à Dorne était nettement meilleure : il n'y avait pas d'esclave, son titre de bâtarde ne semblait pas perturber les gens qui la considérait non pas comme une chose, non pas comme une moins que rien mais comme la fille d'un Prince. Elle découvrait les chaleurs étouffante de Dorne, les animaux si particuliers, la population et la mentalité tout à fait particulière : la liberté. Ici, les gens ne la prenaient pas de haut, elle ne pouvait qu'évoluer favorablement, avoir une bonne éducation, mais surtout une incroyable reconnaissance envers Oberyn. On l'avait laissée quelque mois aux Jardins Aquatique, où elle avait le temps de se faire aux habitudes des lieux. Le souci majeur restait la barrière de la langue, où elle ne comprenait pas ce que les serviteurs et nobles lui disaient, à moins qu'on ne lui parle en Haut-Valyrien - mais ce n'était pas les serviteurs qui allaient s'amuser à apprendre le Haut-Valyrien.

La première rencontre avec sa famille, ce fût avec Obara Sand, sa grande soeur. Ce fût fusionnel entre les deux soeurs, comme on dirait ; l'amour au premier regard. Avec Obara, le fait de ne pas parler la même langue ne semblait pas être un problème, bien au contraire, elles développaient bien vite d'autres façons de communiquer. Puis elle rencontrait enfin son oncle, Doran Martell, pour qui elle se prenait aussi bien vite d'affection, de même avec sa tante Elia Martell, qu'elle rencontrait très brièvement toute fois.

Après un an à Dorne, alors que la guerre commençait à gronder à travers Westeros pour des raisons qu'elle ignorait - ce qui était la rébellion de Robert Baratheon en réalité - on lui apprenait à lire, à écrire. On lui apprenait surtout la langue courante à Westeros, elle chassera bien vite le Haut-Valyrien de son langage, gardant toute fois l'accent de cette cité et les manières de lady inculquées par sa mère de sang.

Elle se découvrait ensuite des sœurs, qu'elle aimait comme si elles étaient non pas ses demi-sœurs mais ses véritables sœurs, elle découvrait même les joies d'avoir une sorte de famille soudée, certes ça n'était pas l'idée que beaucoup se faisaient de la famille mais elle était plus que jamais proche de ses sœurs à mesure que le temps passait et toute n'étaient que trop reconnaissante envers Oberyn, le fait que leur père soit ainsi ne les perturbaient guère, elles s'étaient toute tellement vite accoutumée à Dorne qu'elles ne le jugeaient pas pour ce qu'elles étaient. Filles d'Oberyn Martell, elles eurent un surnom pour faire référence à leur père la Vipère Rouge : Les Aspics. Quel beau nom c'était, les aspics. Leur surnom leur fut donné assez tôt, qui oserait déranger des personnes avec des noms semblable ? Nymeria était belle et bien la fille d'Oberyn, car à peine quelque années après son arrivée, elle apprit à manier les armes, les épées, le fouet, les dagues, si sa sœur Obara était si douée sur son père avec une lance, elle se prit d'affection pour les couteaux, des armées discrètes, qu'elle pouvait dissimuler dans ses vêtements et sortir quand on l'embêtait un peu trop. Les gens s'étaient fait à sa façon d'être et de s'habiller, il faisait chaud à Dorne, continuellement, ils eurent donc des soupçons les premières fois qu'ils la virent assez couverte : c'est bien après qu'ils comprirent pourquoi elle était si vêtue. Dans chaque plis, dans bien des endroits elle cachait des armes. Ce n'est que lorsqu'elle porte ses fameuses robes- mais assez couvrante lorsqu'elle était jeune, plus transparente une fois adulte- qu'ils pouvaient respirer un peu, bien que les dagues qu'elle dissimulait pouvaient être comptée par tous. C'est sa soeur Tyerne qui s'était spécialisé dans les poisons, et c'est son père qui lui apprit l'art du poison recouvrant ses lames : le poison d'Asshaï. Son maître d'arme ne lui apprit pas à s'en servir, il était plus force brute, mais sa soeur Tyerne tenait bien de son père pour cela, elle apprit donc grâce à eux à se servir de ce poison sans qu'il ne touche pour autant sa propre peau.

Toute ses soeurs n'étaient pas comme elle, elles n'étaient pas toute des guerrières nées. Certaines de ses soeurs firent le même choix que le sien, apprendre à manier les armes et savoir se défendre, tandis que d'autres apprirent à se défendre mais sans en faire leur métier. Elle ne comprenait pas pourquoi mais elle ne les jugeait pas pour autant, elles n'apprendraient pas à se battre mais au moins elles savaient se défendre, elles seraient indépendantes et fortes.

Grandissant, devenant enfin une femme, Nymeria put découvrir d'autres plaisirs de la vie. Le regard que les hommes lui portait devenaient intéressant, elle était loin d'être naïve quant à ces significations évidemment, elle était loin d'ignorer ce que cela signifiait. Mais une fois adolescente, une fois que ses cheveux noirs lui arrivaient aux hanches, une fois que ses traits commençaient à s'affiner, elle put découvrir tout autre chose. À Dorne, la sexualité est libérée, il n'y a pas ces codes, ces règles à respecter : chacun est libre de s'aimer comme il le désire. À ses 11 ans, elle avait rencontré un homme de quelque années plus vieux qu'elle. Il avait été un ami, un proche, avec qui elle pouvait s'entraîner, avec qui elle pouvait parler de tout et de rien, un homme sans nom qui était dans la garde de Dorne mais qui était surtout en charge d'entraîner les futurs guerriers et guerrières. C'est à ses 13 ans qu'elle découvrait les plaisirs de la chair avec cet homme, homme dont elle était devenue très proche, si ce n'est inséparable. Il était fort, courageux, il avait un caractère fougueux et elle le comparait souvent à un de ces étalon typique de Dorne, ces étalons inépuisable qui pouvaient courir jour et nuit. Ils étaient proche, complice et son père ne vit pas d'objection à cette relation à partir du moment où cet homme, Nakhti, ne causait pas de problème à sa seconde fille. À la fois son apprentie, elle devint son amante alors qu'à cette époque il partageait déjà sa vie avec une femme. Mais face au caractère de Nymeria, il ne put que se résoudre à la choisir. Mais Nymeria s'inspirait de la vie de son père pour vivre la sienne, une vie de plaisir avec d'autres personnes, qu'elles soient des femmes ou des hommes, bien que cette sexualité se libérait vers ses 17 ans. C'est donc à ses 17 ans qu'elle partagera pour la première fois la couche d'une femme, elle y prenait vite goût, aux côtés de Livia Forrest. Elle découvrira les plaisirs de la chair avec les femmes et préférera largement les femmes aux hommes, bien qu'elle ne se lasse pas pour autant des hommes, les femmes avaient ce côté plus agréable, plus délicat, plus doux qu'elle affectionnait, toujours plus, à chaque fois qu'elle partageait leur couche. Elle se sera remise en question en ces instants, pour finalement abandonner l'idée ; pourquoi se torturer l'esprit, puisqu'on était libre de faire ses choix ? Tout comme elle était libre de ne pas faire de choix du tout sur ce sujet ?

Elle rencontrait aussi les jumelles Poulet, deux jeunes femme à la chevelure dorée, filles du Lord Poulet, maison vassale de son peuple. Si elle ne s'était jamais trop penchée sur les histoires de sa famille - hors des conflits pour savoir à qui faire confiance et qui ignorer/contre qui se battre - elle s'était néanmoins fort rapprochée de ces jumelles : elles étaient belles, si douces que pouvaient l'être les femmes de Dorne, Nymeria ne put résister à leur appel, prenant pour une nouvelle fois comme excuse que comme son père, il fallait connaître tous les plaisirs que ce monde pouvait offrir avant de mourir. Nakhti n'eut jamais son mot à dire quant à cela, s'il savait il n'en disait rien. Car elle ne lui laissera jamais l'occasion de dire quoi que ce soit à ce sujet.



Oberyn l'avait tant inspiré, elle lui devait tellement. Elle ne se sentait jamais assez reconnaissante envers lui, bien qu'elle soit plus réfléchie que sa sœur Obara, elle n'aurait jamais hésité à partir avec lui en guerre si Dorne devait être touché un jour, elle n'aurait jamais hésité à donner sa vie pour la sienne, à le défendre quoi qu'il lui en coûte. Cet homme était un modèle, une vie qui lui semblait saine et toujours pleine de rebondissements. Elle fût heureuse pour lui de voir son entente avec Ellaria Sand il y a 15 ans de cela, pourtant bâtarde ils semblaient tout deux épris, comme si rien ne semblait être capable de les séparer, elle admirait cette relation qu'ils avaient, une relation qui l'avait inspirée dans sa propre relation avec Nakhti, mais dont, peu à peu, elle se détachait, elle était encore trop jeune pour se figer dans une relation et elle ne le comprendra que bien plus tard.
Une relation où ils partageaient tout, une relation où les deux pouvaient être très honnête l'un envers l'autre et ne jamais rien se cacher, c'était une relation parfaite. Elle s'était vite prise d'affection pour Ellaria, finalement semblable à une bonne amie, elle se prenait d'autant plus d'affection pour elle qu'elle n'avait jamais vu Oberyn si heureux qu'avec elle. Elle s'était certes méfiée au début mais à présent elle ne pouvait qu'approuver cette relation après un certain recule et une certaine maturité. Ellaria est aujourd'hui une alliée, car elle connaissait les talents de combats des aspics, connaissait leur caractère fougueux, impossible à dompter, d'une loyauté sans faille envers Oberyn, Nymeria ne pouvait que la tolérer en voyant quel bonheur elle pouvait apporter à son père même après 15 ans.

Nymeria vivra l'esprit tranquille à Dorne mais n'hésitera jamais à prendre les armes si besoin il y a, pour défendre son peuple, pour défendre son père et leur nom. Grâce à son nom et son expérience, elle possède un petit réseau armé, pour l'instant plus par plaisir que par obligation d'être défendue. Les apparences comptaient, elle le comprenait bien vite, ça aussi.



Les choses changent constamment à Westeros, en effet l'aspic fût envoyer à la Couronne pour représenter Dorne auprès du roi Rhaegar Targaryen, suite aux fiançailles de leur prince Viserys Targaryen à la princesse Arianne Martell. Nymeria y sera envoyée officiellement comme ambassadrice mais officieusement, depuis la lune 2 de l'an 298, Nymeria mettra son nez dans les affaires du roi. Doran Martell aura bien compris l'intérêt du roi pour la bâtarde et en aura jouée, Nymeria ne voyait rien à y redire. Envoyée à Port-Réal, espionner, elle l'avait souvent dit ; il n'y avait rien qu'elle ne ferait pour sa famille.

Elle deviendra dès son arrivée l'amante du roi Rhaegar, de façon officieuse ; personne n'avait besoin de le savoir, toute fois cette relation lui permettra de créer moins de soupçons chez le roi, elle était persuadée que celui-ci préférait se concentrer sur ses courbes que sur ce qu'elle faisait réellement.

C'était sous-estimer le roi, bien loin d'être un idiot, bien loin d'être dupe. Le roi remarquera après quelque semaines que l'aspic était plus intéressée par les affaires qu'autre chose et il se décidait à la tester. D'abord de simples petites questions qui auraient pu paraître anodines puis finalement, des questions plus poussées. Que faisait ses gens à la Couronne. Il le savait, mais désirait voir si elle lui dirait les même choses ou si elle lui mentirait, ou continuerait à jouer les idiotes. Parmi tous ces choix, l'aspic prit le plus effronté ; lui dire directement ce qu'elle savait, sans crainte, sans trembler. Cela aurait pu être faux mais elle avait opté pour lui dire la vérité, non pas parce qu'il était le roi, mais que son expérience dans le mensonge faisait qu'elle savait qu'il était idiot de mentir sur les proches d'un roi, car il finirait tôt ou tard par le découvrir, d'une façon ou d'une autre. C'est ainsi que la relation de confiance naissait, puisque l'aspic ne mentait pas au dragon, du moins, pas lorsqu'il s'agissait de certaines affaires. Espionner pour lui à la couronne était une chose, lui dire ce qu'elle savait et ce qu'elle rapportait à Doran ; il pouvait toujours courir.

D'une certaine façon, Nymeria deviendra les yeux et les oreilles du roi, finissant par comprendre ce qu'il se tramait. Elle ne lui en voulait pas, pas après des mois de relation secrète, relation et surtout homme qu'elle affectionnait plus que son orgueil et sa fierté ne voudraient le reconnaître. En public, la jeune femme était au bras du bâtard de Lamarck, montrant une fausse affection envers lui.

Elle avait pourtant certaines réflexions, que le roi ne la croit pas fidèle et loyale à sa cause, elle ne l'était qu'à celle des aspics et de son père, et en partie son oncle. Les autres n'étaient que des pions dans son échiquier. A eux de s'y faire, car ça ne changerait pas, en était-elle du moins convaincue. Elle se montrait détachée au possible, au moins pour embêter son monde. Son travail, sa mission primait sur les sentiments, elle se l'était dit avant de partir pour Port-Réal.

Elle ne se rendra pas compte qu'elle était prise dans son propre jeu, au même titre que le dragon. Ils ne se rendront pas compte des sentiments naissants, d'une affection profonde, sinon inavouable. Une bâtarde d'un prince et un roi, cela aurait pu être totalement ridicule. Il valait mieux que cela reste secret. Chaque jour depuis la lune 2, Nymeria feindra en public, chaque jour elle portera ce masque, presque peste. Ses lames toujours cachées sous les voiles de ses robes parfois outrageusement transparente.

En 8 lunes, le roi et l'aspic auront eu le temps d'apprendre à se connaître, ne pas être que de simples amants, mais aussi des amis. Qu'elle le veuille ou non, cela compte beaucoup pour elle, car c'est chaque nuit depuis ces 8 lunes, qu'elle rejoindra la couche du roi. Et c'est chaque matin qu'elle remettra ce masque, prête à affronter ce nid de vipère auquel elle avait été préparé tout au long de sa vie. Les faux sourires, les faux semblants, une voix faussement douce, des gestes gracieux, des contacts parfois ; une main sur un bras, elle ne s'était jamais préoccupée de son titre de bâtarde depuis son arrivée à Dorne et là aussi, en ces lieux, cela ne semblait pas la perturber. Elle était consciente de sa condition, elle s'en moquait juste. Comme toujours avec Nymeria, c'était aux autres de s'y faire.