Sans langue de bois [Valena Allyrion & Cletus ALlyrion & Elbert Arryn]

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Sans langue de bois

An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

Ce procès n'avait pas plu à Elbert. Ni son déroulement, ni sa conclusion. Partant d'une noble intention de faire à la fois régner la justice mais aussi d'empêcher une exécution sommaire devant la foule et d'éviter à Rhaenys de faire preuve d'impulsivité et de la faire passer pour une dame aussi prompte à donner la mort que ne l'était son grand père, Aerys II le Fol, cet acte lui laissait à présent un goût amer. Une cruelle déception tant dans l'application de la double sentence que par le simple fait que la Reine du Sud ne l'avait nullement concertée, rependant la justice sur ses terres comme si elle régnait également sur la partie Nord du Royaume. Face à une telle débauche de punition, Daenerys aurait très certainement sût trouver les mots pour calmer sa nièce. Elbert ne disposait pas de cette influence sur la Reine du Sud. Toute cette histoire le décevait amèrement mais au moins, il avait le mérite d'essayer de rétablir un semblant de justice et de véritable attention royale en ce jour en ayant proposé et en acceptant de recevoir la famille du bâtard réduit au silence par une lame bien trop tranchante.

Différents plats étaient disposés sur la table ainsi que des coupes vides et un pichet de vin. Les dorniens n'auraient peut-être pas d'appétit mais mieux valait se montrer accueillant avec eux. Le Régent ne pensait pas qu'ils oseraient amener leur bâtard, responsable de tous ses maux. Celui-ci devant à la fois récupérer et ne disposait plus d'une élocution et d'une expression lui permettant de s'entretenir avec le régent. D'autant plus, il ne désirait pas que ce dernier ternisse les préparations des cuisines par un crachat savamment adressé à leur encontre. Quant à au dornien blessé, il y avait peu de chance qu'il se joigne à eux dans son état. Le Arryn tapotai du bout des doigts la table, attendant l'arrivée des dorniens, pensant à Sansa Stark qui avait dût subir par sa faute cette mascarade de procès. Il lui aurait épargner cette vision s'il avait connu le résultat d'avance. La pauvre jeune dame de Winterfell avait au moins pût se rendre compte du milieu dans lequel elle mettait les pieds et à quelle genre d'énergumène elle allait pouvoir être confronter. Aucun servant ou servante n'était présent afin que l'entretien reste privé. Ses appartements d'Harrenhal était spacieux quoi qu'un peu austère à son goût. Néanmoins ce n'était point la faute de la propriétaire des lieux qui avait sût l'aménager avec bon goût. C'était plutôt la pierre qu'il trouvait lugubre mais cela n'engageait que lui.

Un garde vint lui annoncer l'arrivée de Lady Valena Allyrion et de son cadet, Messer Cletus. Il ne doutait pas que la conversation risquait d'être âpre, surtout avec ce dernier qui maniait les mots avec autant de dextérité que le faisait son bâtard de frère avec les insultes. Il donna à l'homme l'autorisation de les faire entrer. D'un ton qui se voulait accueillant et quelque peu seigneurial, le Régent du Royaume du Nord prit alors la parole.

«Lady Allyrion. Ser Cletus. Venez et prenez place. Je suis ravi que vous ayez répondu favorablement à mon invitation.»

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An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

Elle pouvait encore le voir. Ce morceau de chaire rouge, tenu entre les mains gantées de cuir du Garde Royal. Elle pouvait encore l’entendre. Ce hurlement sourd qu’avait vomi Daemon lorsque la lame blanche avait fait son cruel office. Elle pouvait encore l’éprouver. La respiration hachée de son cadet qui se froissait contre sa joue pâle. Elle pouvait encore la sentir. L’odeur métallique du sang qui flottait dans l’air comme une insulte. Elle pouvait encore la goûter. La saveur amère de la colère et de l’impuissance qui pesait sur sa langue et tapissait sa gorge d’acidité.
Ses mains se frottaient l’une contre l’autre si fort que sa peau aurait pu la faire souffrir. Ses phalanges, blanches d’être pressées les unes contre les autres, laissaient cependant apparaître les gerçures bleues d’avoir trop trempée dans l’eau gelée. Depuis qu’elle et Cletus avaient été raccompagnés comme des otages par les hommes de la folle qui se plaisait à s’appeler Reine, elle grattait ses paumes à s’en arracher les ongles pour faire disparaître dans la bassine au liquide déjà rose le sang de son frère. Sans avoir l’esprit fiévreux, de voir les écailles à peine séchées disparaître l’aidait à se focaliser sur quelque chose. Un but précis qui occuperait son esprit assez longtemps pour l’empêcher de retourner dans ce hall lugubre où la cruelle sentence avait été rendue. Malgré sa gorge serrée et ses dents grinçant les unes contre les autres, elle ne s’était pas laissée aller à l’ire terrible qui s’était emparée d’elle lorsque Daemon avait été rendu agonisant à la Grâcedieu. Plus réfléchie, elle se contenait cependant pour rester la plus calme possible. Seule une grimace de dégoût déformait la commissure de ses lèvres qu’elle avait trop mordues.

Lorsque ses domestiques arrivèrent, affichant tous l’air grave qui les faisait ressembler à des statues de marbre, elle se laissa faire sans rechigner, ce qui était contraire à ses bonnes habitudes. Les deux femmes retirèrent prestement l’habit de cérémonie noir poissé d’éclaboussures avant de l’emporter loin de sa vue. Il avait appartenu à son père. Elle brûlerait ce chiffon plus tard.
Elles revinrent avec une longue robe de la même couleur, moins austère, que Valena repoussa d’un revers de bras. Elle n’était pas son père. Elle ne le serait jamais. Il ne servait plus à rien de se déguiser en prétextant le contraire. Ce procès l’avait bien prouvé. Elle se vêtit de la longue tunique cramoisie aux reflets sombres que sa génitrice, dans un de ses rares élans de lucidité, lui avait conseillé d’emporter. Elle était encore loin des couleurs vives qu’elle s’était amusée à porter adolescente, mais au moins, ce n’était plus ce deuil pesant qu’elle avait sur le dos. Ni l’espoir futile d’un jour ressembler à Ryon.

Quittant l’alcôve, elle rejoignit le petit salon de leurs appartements où Cletus était resté, presque prostré, assis près de la cheminée. Malgré sa proximité avec les flammes, son visage blafard ne se nourrissait pas de sa chaleur réconfortante. Ses yeux bleus restaient inlassablement fixés dans la danse langoureuse des étincelles. Son aînée resta à ses côtés, muette, incapable d’ouvrir la bouche durant de longues minutes, son regard lui aussi fasciné par l’âtre crépitant. Sa main vint finalement se poser sur la sienne, serrée autour de l’accoudoir de son fauteuil. L’absence de Daemon, soigné par le mestre des Arryn, se ressentait comme une douleur physique pour sa cadette qui ne parvenait même pas à s’imaginer les nouvelles souffrances dans lesquelles il se trouvait plongé. Encore une fois.

« Comment gères-tu la situation ? » finit-elle par demander.

Comment vas-tu ? Elle se serait mise en colère si quiconque avait osé lui poser la question. On ne pouvait faire plus stupide. Comment pourraient-ils aller bien après le spectacle dont ils furent les témoins, malgré leur volonté d’être acteurs et de faire valoir leurs opinions et leurs avis ? Comment pourraient-il aller bien après l’injustice doublée d’un inacceptable refus de duel judiciaire, s’opposant ainsi à la volonté des Sept ? Comment pourraient-ils bien aller après avoir été les victimes d’une reine capricieuse à l’égo écrasant ? Comment pourraient-ils bien aller après avoir vu leur frère mutilé et s’égosillant de douleur ?
La lady était inquiète pour Cletus, peu habitué aux démonstrations de violence. Elle ne s’était pas tenue ainsi, aussi proche de lui, tant physiquement que psychologiquement, depuis de nombreuses lunes. Les Sept avaient une drôle de façon de se moquer d’eux. Fallait-il toujours qu’une catastrophe les frappe pour que les frères et la sœur se rapprochent ? Fallait-il toujours qu’ils se tiennent tous les trois au bord du précipice pour qu’ils se décident enfin à se tenir la main avant qu’une main obtuse ne se décide à les bousculer dans le vide ?

« Je ne peux pas te promettre d’arranger les choses, » commença-t-elle. « Tu sais que je ne suis pas douée pour ces choses là. »

Elle pinça ses lèvres et s’arracha à sa contemplation passive des flammes pour regarder le visage de son benjamin, si différent du sien.  

« Mais je te jure Cletus, que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire valoir nos droits et pour faire éclater la justice que ce soit ici ou à Dorne. J’y perdrais peut-être ma langue, mes doigts, mes mains, mes pieds ou ma tête, mais je ne vous laisserai ni toi, ni Daemon être menacés et blessés de la sorte à nouveau. Plus jamais. »

Une promesse qu’elle avait faite des semaines et des semaines auparavant. Mais comme son père lui avait juré de revenir du Bief, les lords et les ladies de la Grâcedieu semblaient avoir du mal à tenir leur parole, malgré leurs efforts.

Les deux dorniens s’avancèrent dans les couloirs froids et lugubres d’Harrenhal, à la rencontre du Roi du Nord. Valena ne savait encore ce qu’elle devait penser de lui. Tantôt allié, tantôt ami de la Reine, il était évident qu’il pensait avant tout au bien de son royaume et qu’il ne les considérait pas pour leurs beaux yeux.
Elbert Arryn les attendait, presque caché derrière des collines de mets. La jeune femme n’y jeta pas un œil, écœurée, mais espérait que son cadet se serve.
Elle s’installa comme demandé, mais à travers son visage autrefois fermé et glacial il était aisé de distinguer la meurtrissure profonde d’une sœur blessée et d’une lady humiliée. Elle aurait pu se mettre à hurler et à tous les maudire, comme au procès, mais ne sentant pas de menace imminente émanant de la part du Régent, elle resta de marbre.

« Roi Elbert, » le salua-t-elle à son tour. « Vous souhaitez revenir sur le procès. Nous vous écoutons. »

Laconique pour une fois, la brune avait déversé tout son venin et toute sa hargne face à la Targaryen. Elle ne restait cependant pas vidée de sa colère et de sa rancœur qui ne demandaient qu’un tison pour être réchauffées. Mais son père lui avait appris une chose. Ne jamais cracher sur une main qui osait peut-être se tendre vers eux. Rhaenys l’avait fait. Et elle ne s’enorgueillirait pas de faire la même erreur.


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valena allyrion & cletus allyrion & elbert arryn

Le procès était terminé, et la sentence était tombée, cruelle, mais aussi injuste aux yeux de Cletus, qui ne pouvait se défaire de la vision de son frère semblant vomir du sang, alors qu’il avait collé ses mains à sa bouche blessée, quand le liquide rouge et épais dégoulinait d’entre ses doigts. Etait-ce vraiment là la justice ? Etait-ce vraiment là, ce dont leur père leur avait mainte fois fait la leçon ? Personne n’aurait pu être plus impartial que le Soleil Noir, qui voyait la justice comme le pilier central de la Paix. Tous les hommes étaient égaux lorsqu’ils étaient jugés sous le regard des Sept. Mais comment trouver la volonté d’accepter le jugement, lorsque l’accusé était son propre frère ? Le cadet Allyrion n’avait jamais douté du bien-fondé de la pensée de leur père, il y croyait, dur comme fer, à cette justice qui promettait de rétablir l’ordre bousculé par la faute d’un Homme. Mais tout était différent à présent. Ses yeux clairs étaient encore rougis par les larmes qu’il n’avait su retenir dès qu’ils avaient franchi les portes de la Grande Salle d’Harrenhal, et son regard était baissé vers les flammes qui dansaient dans l’âtre. A demi avachi dans un fauteuil, sa main qu’il avait lavée du sang qui la tâchait alla chercher le médaillon de cuivre ciselé au bout de la longue chaine qui reposait sur sa poitrine. Tenant le bijou entre ses doigts, il l’observa longuement, faisant jouer les reflets des bougies allumées dans la pièce sur la pierre rougeoyante et massive. Ses yeux allèrent alors du l’objet au feu qui crépitait, et dont le parfum de bois brulé avait envahi les appartements, à un tel point que l’encens dornien qu’un serviteur avait fait brulé peu avant leur retour avait disparu. A de maintes reprises depuis déjà plusieurs lunes, il était arrivé à l’Allyrion de contempler les flammes des heures durant, cherchant à deviner le sens caché des visions qui n’apparaissaient qu’à ceux que le Dieu de lumière avait touché de sa grâce. Mais les formes que léchaient les langues flamboyantes étaient le plus souvent étranges, et quand elles apparaissaient clairement, il n’arrivait qu’à se méfier de ce qu’il voyait. L’avenir restait invisible, même pour ceux qui pouvaient lire dans les flammes. Pourtant Cletus regrettait de ne pas avoir prévenu la malheureuse issue du procès de son frère, qui lui aurait peut-être apparu, si seulement il avait voulu faire confiance à ce don qu’il était encore loin de maîtriser.
L’arrivée de sa sœur ne le fit pas bouger, bien qu’elle le sorti enfin de la solitude dans laquelle il se morfondait. La présence seule de son ainée aurait pu réchauffer son cœur, si elle ne rappelait pas tant l’absence du troisième membre de leur fratrie, qui était encore aux soins du mestre auquel il avait été immédiatement confié dès que la sentence eut été exécutée. La main de la lady vint se poser sur la sienne, mais lorsqu’elle le questionna, ce n’est pas avec des mots qu’il répondit, et, sans se tourner vers elle, le cadet avait retiré sa main pour mieux pouvoir prendre celle de sa sœur dans la sienne, la serrant à la manière de l’enfant qu’il était autrefois. Un enfant qu’il n’avait plus le loisir d’être désormais. La promesse de sa sœur était belle, et sincère, il le savait. Mais elle était trop belle pour pouvoir être tenue, et le destin des lords de la Grâcedieu semblait s’assombrir au fil des lunes, sans que leurs efforts ne puissent rien y changer. Jusqu’où tout cela irait-il, quand ils attendaient encore de savoir quelle serait la réaction de leur prince face à tout cela ? Resterait-il sans rien dire, comme il l’avait fait lorsque leur père avait été assassiné sous les yeux de Rhaenys Targaryen ? Est-ce qu’il comprendrait ce qui avait mené à cela, et se montrerait-il clément envers la Maison qui n’avait jamais bafoué son allégeance aux Martell ? Cletus n’en était pas si sûr. Doran voudrait maintenir la paix avec ses voisins, et ce, quelqu’en soit le prix, quitte à punir ses propres sujets, quitte à risquer de s’attirer leur ire. Valena se souciait de Daemon et de lui, mais elle était sans doute la première pour laquelle elle devrait s’inquiéter, lorsqu’elle devrait faire face aux décisions du Prince de Dorne.

Un pas derrière son ainée, le cadet de la Grâcedieu l’avait suivie jusqu’aux appartements où les recevrait le Roi du Nord, tout en essayant de se reprendre, afin de ne pas arriver devant le valois en affichant trop en évidence le choc qu’il venait de subir. La tablée qui les attendait n’éveilla guère l’appétit du dornien, dont l’estomac noué serait sans doute incapable d’avaler la moindre bouchée des mets que le Arryn avait fait préparer pour eux. L’attention était là, mais Cletus se méfiait de ce que l’homme aurait à leur dire. Après tout, ils avaient en face d’eux l’oncle par alliance de la même femme qui avait ordonné que l’on trancha la langue de leur frère. Devant des ambassadeurs d’une région bien moindre comparée au territoire du Nord, que pouvait bien espérer le Roi régent de cet entretien ? Inclinant respectueusement la tête devant le jeune souverain, l’Allyrion prit ensuite place à la droite de sa sœur. Cette dernière entama la discussion, et il n’ajouta rien à ce qu’elle dit au valois, attendant tout d’abord de voir quelles intentions il pouvait avoir, en les invitant ainsi dans ses appartements, au risque de froisser son homologue du Sud en agissant de la sorte avec ceux dont le frère l’avait offensé. Il hésita un instant à se servir du vin qui les attendait dans une carafe posée sur la table, mais comme il  se savait prompt à l’ivresse, le jeune chevalier préféra s’abstenir. Ses yeux bleus s’étaient posés sur le régent, jaugeant attentivement son attitude. Alors que ce dernier s’apprêtait à répondre à la lady de la Grâcedieu, Cletus pensa à la réaction qu’aurait eût leur père si on lui avait dit qu’un jour son fils cadet et son héritière se retrouveraient à parlementer d’une façon si privilégiée avec le Roi du Nord, et cette pensée lui arracha un demi-sourire.


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Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

La Allyrion s'était changée. Elbert doutait que ce soit pour l'occasion mais plutôt dans le but de ne plus afficher la moindre trace carmin, témoins de la sentence prononcée. Son frère cadet, Ser Cletus s'était joint à elle. La jeune femme ne semblait pas dans son assiette. Elle n'allait certainement pas manger ou alors pas de bon cœur mais qui était Elbert pour le lui reprocher ? Ce ne fut pas le chevalier qui s'adressa à lui mais bien la dame de la Gracedieu. Il était néanmoins heureux de voir le représentant mâle de la maison, non pas que l'affaire devait être traitée forcément avec un mâle, mais plutôt car celui-ci était moins sujet à l'emportement que ne l'était Lady Valena.

«En effet Lady Valena mais avant toute chose, n'hésitez pas à vous servir, que ce soit en denrées ou en vin. Je doute que l'appétit vous vienne en ces heures tragiques mais le vin est ma foi fort agréable en bouche.»

La tâche de l'hôte étant maintenant exposée, Elbert pensait qu'il était temps d'entrer dans le vif du sujet. Il ne comptait pas se pavaner face aux dorniens, ni leur paraître autoritaire ou totalement compatissant. Il comptait agir selon ses valeurs : honneur, droiture et justice. Un grand homme savait reconnaître ses erreurs.

«Je tenais à m'excuser auprès de la maison Allyrion pour la tournure dramatique qu'a prise ce procès. J'ai jugé bon d'initier un jugement pour éviter que l'impulsivité de la Reine du Sud n'éclabousse ce tournoi de sang. J'ai ma foi totalement échoué. Je m'en excuse sincèrement. Je croyais fermement que la justice serait appliquée en proportion de l'insulte.»

Elbert était sincère. Il se devait de reconnaître son erreur et d'avouer s'être trompé. Ce procès lui laissait un arrière goût dans la bouche, tout comme la sentence appliquée d'une traite.

«N'allez pas croire cependant que j'excuse l'attitude de votre frère. Je comprend votre colère, Lady Allyrion et la hargne dont vous avez fait preuve vous honore tout comme le flegme de votre cadet. La fierté de votre frère l'a conduit à envenimer la situation là où elle aurait pût être apaisée. Je m'en veux de ne pas avoir prévu que son animosité n'en serait qu'exacerbé. Je m'en veux également que ce procès vous ai conduit à perdre vos relations avec le Royaume du Sud.»

Il n'appréciait pas la position dans laquelle il se trouvait. Ce tournoi avait été placé sous le signe de la paix et des terres étrangères avaient reçues des invitations dans l'esprit de cette volonté. Personne n'aurait sans doute pu prévoir les agissements du bâtard mais pour l'heure. Par les Sept pourquoi lui infliger cela ?

«La fierté est une arme à double tranchant. Elle peut marquer les esprits comme vous jouez des tours. En ce jour, la Reine du Sud a marqué les esprits et votre frère y a perdu beaucoup. Sans cette fierté, la justice n'aurait pas été appliqué aussi promptement et sans mon consentement. Je n'excuserai pas Rhaenys mais elle n'as pas été formée à régner. Elle a été catapultée sur un trône pour lequel elle n'a pas été préparé et ce pour d'obscurs raisons légataires. J'ignore d'ailleurs toujours les raisons de leur application mais ce n'est pas le sujet de jour, je le crains.»

Le Régent trempa ses lèvres dans sa coupe de vin et goûta calmement le vin. Si par ce simple geste, les dorniens ne comprenaient pas qu'ils pouvaient également goûter ce cru, Elbert ne pouvait rien faire pour eux.

«Je m'excuse à nouveau et je prend l'entière responsabilité de toute cette affaire sur mes épaules. Vous m'en voyez navré pour la perte de votre père. Elle m'a été apprise dans les grandes lignes mais jamais dans les moindre détails. Désirez vous en discuter ? Je cherche à comprendre l'origine de toute cette sombre affaire.»

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Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

Cletus, muet, n’ouvrit pas la bouche ni devant l’âtre flamboyant de leurs appartements ni devant la table garnie du Roi Régent. Il arborait le même air épuisé et las que son aînée, bien que celle-ci, toujours révoltée, ne parvint pas à offrir au Arryn le faible sourire dont le gratifia son cadet. Elle ne comprit d’ailleurs pas cette risette soudaine qui éclairait tout son visage d’une lueur presque mélancolique. Politesse et respect probablement, mais la brune le connaissait assez pour savoir que d’autres pensées occupaient son esprit. De le voir se détendre légèrement la ragaillardie un peu.
Ayant à cœur de jouer son rôle d’hôte, le suzerain des terres du nord leur proposa de se servir en nourriture et en vin, mais Valena resta méfiante sur ce dernier point. Elle ne craignait certainement pas d’être empoisonnée, mais la faiblesse des Allyrion face à l’alcool n’était pas un secret. Ce défaut doublé à l’angoisse du procès n’aurait pas les meilleurs effets sur sa capacité à se concentrer. Aussi, elle préféra décliner cordialement son offre en secouant la tête et en fermant les yeux. Cependant, elle appréciait le geste du futur époux de la Stark qui semblait vouloir instaurer un climat de confiance entre lui et eux. Elle ne ressentait aucunement l’atmosphère lourde et perfide qui avait flotté dans le hall gigantesque du procès suivant la Reine du Sud à la trace. Dans les yeux pâles du faucon, elle était presque capable de distinguer une lueur étonnante qu’elle n’avait jusque là décelée que chez son père. Le désir profond de justice et d’impartialité. Le Régent les considérait et ils faisaient preuve des égards dont Rhaenys avait fait tant de fois fi.

Les excuses qu’il présenta la laissèrent au dépourvu, presque hébétée. Elle haussait les sourcils, surprise. Ainsi, une tête couronnée au-delà des Montagnes Rouges était capable de faire preuve d’humilité et de modestie ? Elle l’écouta patiemment, exposer son point de vue sur le procès, toujours aussi immobile sur son siège. La dornienne ne sut quoi en penser et ce revirement de situation la laissa coite. Elle préférait prendre son temps pour répondre.

« Ne vous excusez pas, » dit-elle presque un peu brusquement. « Le mal est fait et vous n’êtes pas celui qui a prononcé la sentence. Je n’ai pas été sourde à vos mots et j’ai senti votre envie de respecter la justice, si profondément bafouée par votre nièce par alliance. Malheureusement, je crois ne pas me tromper en déclarant qu’aucun de nous n’aurait pu deviner l’instabilité de la Reine du Sud. »

Parce que c’était ce qu’elle était. Instable. Les preuves n’étaient plus à apporter.

« Durant ce procès, elle n’a pas considéré uniquement Daemon pour son aigreur, liée à la défaite d’un dornien lors des joutes, mais également son incapacité à protéger des émissaires étrangers. Ce rappel précis lui a fait honte et a été l’élément déclencheur de son emportement. La Reine n’aime ni avoir tort ni qu’on lui rappelle ses erreurs. Des faiblesses de caractère dangereuses. Vous avez pu en être témoin. »

Le souvenir encore brûlant et douloureux des cris de son aîné lui firent pincer les lèvres si fort qu’elle sentie ses dents s’enfoncer légèrement dans sa chaire.

« La fierté de mon frère n’a malheureusement rien envenimé. Elle avait décidé de la sentence bien avant le procès. Tout était joué d’avance. Cela aussi, vous avez pu le constater. »

Elle avait d’ailleurs toujours bien ancré au fond d’elle la désagréable sensation de n’avoir été qu’une marionnette entre les mains capricieuses et puériles de la fille de Rhaegar qui s’était amusée à jouer à la reine. Leurs arguments n’avaient servi à rien. Rien du tout. Ce n’était pas cela qu’elle appelait la justice.

« Elle a certes marqué les esprits, mais de la plus cruelle des manières. La Reine du Sud n’a peut-être pas été formée ni élevée pour reprendre le trône de son père, mais elle en a la charge désormais. Se sont des régions et des centaines de milliers de vies qu’elle a dans ses mains. Elle n’est plus une fillette qui joue à la poupée. Elle n’avait pas le droit à l’erreur. »

Le faucon trempa ses lèvres dans sa coupe à demie pleine avant de les interroger sur leur père. Une fois encore, Valena resta un instant étonnée. Il lui avait bien semblée que l’évocation du trépas de son géniteur avait laissé les juges perplexes, mais elle en était désormais certaine. Personne, en dehors de Dorne, n’avait su pour l’assassinat de leur père dans le Bief, pourtant ambassadeur des Martell.

« Il semble que la Reine ait un don pour cacher ses plus graves erreurs, » soupira-t-elle. « Ainsi, personne n’est donc au courant qu’une sorte d’étrange tradition est en train de s’installer ? La dragonne semble avoir à cœur de maltraiter les ambassadeurs dorniens. »

Même si remuer ce passé qu’elle s’était efforcée d’enterrer était douloureux, elle sentait que le moment était venu. Le meurtre de Ryon Allyrion avait été passé sous silence pour servir les intérêts de cette dragonne écervelée ? Il était tant que la vérité éclate. La brune déglutit et servit une coupe de vin à elle et à son cadet, sans abuser sur la quantité. Puis elle en prit une maigre gorgée, métaphore silencieuse sur le fait qu’elle accordait sa confiance au Arryn.

« Mon père était Ryon Allyrion, » commença-t-elle d’une voix fière à l’énonciation de ce nom tant aimé. « Seigneur de la Grâcedieu, émissaire et ambassadeur de Dorne après la déclaration d’indépendance de la région. Pour renforcer les liens commerciaux entre le Bief et le désert en prévision de l’hiver approchant, il fut missionné pour se rendre à Villevieille et rencontrer la fille d’Elia Martell, nouvelle suzeraine du Bief, votre nièce, Rhaenys Hightower. »

Leur père était connu par sa diplomatie et la justesse de ses propos. Un fin stratège à l’intelligence rare qu’il avait semblé logique de désigner comme représentant de Dorne.

« Vous n’êtes pas sans ignorer l’hostilité existant entre la région verte et celle sableuse. C’est devant la Reine, sensée protéger ses invités, qu’il a été assassiné pour d’obscures raisons qui nous sont encore inconnues. Pour réparer sa maladresse, la dragonne bieffoise a jugé bon de nous renvoyer la tête du meurtrier accompagné d’une simple lettre d’excuses. »

Elle ferma les paupières quelques instants et serra les dents.

« Pour l’assassinat d’un lord dornien, une simple lettre d’excuses, » répéta-t-elle. « Les relations entre le Bief et Dorne n’en ont pas pâti. Ce fut comme si… comme s’il ne s’était rien passé. Un accident de parcours. Négligeable. Le Prince Doran n’a rien fait. Nous n’avons rien fait. Alors que cet acte aurait pu être synonyme de guerre, nous sommes restés dans l’immobilisme pour préserver cette paix que la Reine prétend si chère à ses yeux. »

Elle empruntait le cynisme de Daemon qu’elle s’était tant amusée à entendre rouler dans sa gorge moqueuse. Un cynisme qu’elle n’entendrait jamais plus.

« Vous comprendrez donc que j’ai dû mal à comprendre comment les insultes, certes déplacées, de mon frère ont tant réussi à amocher nos relations avec le Royaume du Sud. Un meurtre pour des excuses, un égo blessé et voilà que nous sommes humiliés, jetés à terre, menacés, que les frontières sont fermées et qu’on nous jette au visage que nous sommes la cause de cette paix prétendument mise à mal ? Il semble que la Reine ait un autre don. Celui de s’arranger avec ses justices en ignorant la Justice. »



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valena allyrion & cletus allyrion & elbert arryn

Le cadet de la Grâcedieu écouta avec attention ce que leur dit le jeune régent. Son visage aux traits portants encore les traces de l’enfance gardant une expression neutre due à la fatigue. De ce qu’il savait, le valois n’avait pas encore trente ans. Tout comme sa nièce par alliance, c’était un jeune souverain. Pourtant, malgré cela, la dizaine d’années qui le séparait de la Reine du Sud avait manifestement eut raison de la fougue et de l’impulsivité qui habitaient encore la fille de Rhaegar Targaryen. A peine plus âgée que lui-même, celle dont le sang des Martell coulait dans ses veines était, de toute évidence, trop jeune pour régner. Mais l’âge n’était pas tout. Et le valois avait beau leur signifier que la Reine veuve n’avait pas été formée à l’exercice du pouvoir, il était évident que cela n’était pas le seul problème. Rien ne pouvait changer la nature d’un homme, ou d’une femme, de l’avis de Cletus. Ni l’éducation, ni le temps, et encore moins les coups du destin. Si les nourrissons pouvaient parler, alors on saurait dès sa venue au monde si un futur roi, ou une future reine serait un bon souverain, ou un mauvais souverain. Que la jeune Reine du Sud n’ait pas été éduquée dans l’optique de porter la couronne n’éveillait aucune pitié dans le cœur pourtant dépourvu de cruauté du jeune dornien. Cette couronne, ce pouvoir, elle l’avait obtenu au prix fort, subissant son oncle à l’esprit gangréné par la folie, avant de recevoir de sa plume l’héritage qui revenait à son frère, Aegon. De terribles rumeurs courraient sur le traitement subi par celle qui siégeait sur le trône de fer pendant le règne de Viserys. Des ouï-dire qui étaient parvenus sans peine à passer les Montagnes Rouges, et qui rendaient la situation encore plus exceptionnelle. Que la fille d’Elia Martell accepte d’honorer le testament du cruel Viserys ne pouvait signifier que deux choses pour le cadet des Allyrions. Ou bien la jeune reine était aussi instable et dangereuse que son oncle Targaryen, enivrée d’un pouvoir qui était jusque-là promis à son frère désormais écarté à Peyredragon, ou bien elle avait hérité de la bonté de sa mère, princesse dornienne, et souhaitait sincèrement assumer le cadeau empoisonné de son prédécesseur, dans le fol espoir de parvenir à imposer la paix, chose que son propre père avait été incapable d’accomplir.
Les mots du Arryn étaient surprenants. L’humilité qui en ressortait avait de quoi étonner au vue de la situation. Lui, Roi du Nord, dont les terres sur lesquelles il avait autorité formaient plus de la moitié de tout le continent de Westeros, qui parlait à des seigneurs dorniens, dont le fief n’était que sable et poussière. Assurément, le régent était un homme honorable, et ses actions avaient d’ores et déjà prouvées qu’il serait un bon souverain, jusqu’à ce que soit venue l’heure pour son fils de régner. Les excuses royales avaient beau être exceptionnelles, il n’y aurait jamais personne d’autre que les deux Allyrion et les murs sombres des appartements du valois pour les entendre. Passé la porte, rien ne serait su de ce qui avait été dit, et sûrement pas la démonstration d’humilité du souverain nordien. Et bien qu’il sentit que les mots du Roi Elbert étaient sincères, Cletus ne pouvait laisser de côté leur situation actuelle en s’enorgueillissant d’avoir vu une tête couronnée s’incliner humblement devant le blason à la paume dorée. Aussi il laissa parler sa sœur, lady de la Grâcedieu, qui répondit calmement au jeune souverain, mais le cadet n’oubliait pas que le sang bouillonnant de Dorne ne cessait jamais de courrir dans les veines de son ainée, et que le calme ne durerait peut-être pas. Il acquiesça lorsque cette dernière déclara au Arryn que les excuses n’avaient aucune raison de venir de sa bouche. De la même façon que la fatalité leur avait été imposée trop soudainement pour réagir, le Roi du Nord n’aurait pu empêcher son homologue du Sud d’agir comme elle l’avait fait, car elle ne lui en avait pas laissé le choix. L’évocation de la mort de leur père serra le cœur du cadet, car le sujet n’était pour ainsi dire jamais évoqué. Trop douloureux. Trop propice à laisser éclater la colère et le sang chaud des dorniens. A l’inaction du Prince Doran, le silence avait été préférable, autrement l’indignation, le chagrin, la haine, auraient surgis comme une tempête de vent dans le désert. Trop de questions restaient sans réponses à propos de cette mort injuste et indigne du Soleil Noir. Et plus le temps passait, plus Cletus savait que les réponses qu’ils attendaient leur échappaient, bien qu’il ait quelques idées réfléchies depuis des lunes, sur l’origine de cet assassinat. Quoiqu’elle en dise, la Reine du Sud ne pouvait nier que c’était pour lui faire du tort que leur père avait été assassiné. Mais au lieu de s’allier face à ceux qui avaient voulu ébranler son autorité, elle avait choisi de soigner ses relations avec ses derniers, s’appliquant à détruire les liens pour lesquels leur père avait passé tant de lunes loin du désert de la Grâcedieu, pour finalement ne jamais y revenir. Valena termina ses propos en rappelant, non sans un certain cynisme, les conséquences désastreuses et disproportionnées qu’avait eu une malheureuse insulte. La réalité était que tout cela était loin d’être terminé, et le cadet savait d’ores et déjà que le Prince de Dorne prendrait assurément lui aussi des mesures pour répondre à cet évènement, des mesures que la Maison des lords de la Grâcedieu devrait subir. « Vos excuses font honneur à votre réputation, votre Grâce. Vous êtes bien l’homme juste et honorable que l’on rapporte. » La voix de l’Allyrion était calme, bien que plus basse et moins tranchante qu’elle ne l’avait été au procès. « Cependant. Personne d’autre que nous ne les entendra. » Le jeune dornien pâle marqua une pause, se tournant vers sa sœur avant de poursuivre, posant à nouveau son regard clair sur le jeune souverain. « Vous savez tout autant que nous que notre situation sur vos terres est plus que bancale. Ce procès a eût des conséquences désastreuses pour Dorne, mais aussi pour notre famille. Ce n’est pas la première fois que la Maison Allyrion souffre au nom des Martell. Notre blason a toujours fait honneur à la loyauté que nous portons aux Princes de Lancehélion. Lorsque notre père a été assassiné, le Prince Doran a jugé qu’il était préférable de préserver la paix, quand n’importe quel autre homme aurait déclenché une guerre. Nous nous y sommes pliés. Nous avons gardé le silence. Nous avons respecté la décision du Prince. Aujourd’hui, une insulte a couté la langue de mon frère, lui a valu l’exil, et a mis un terme aux relations commerciales entre Lancehelion et Port-Real. Votre humilité et votre noblesse de cœur ne seront pas oubliées par les Lords de la Grâcedieu, soyez en certain. Malgré tout, nous attendons encore de savoir quelles décisions prendra notre Prince à propos de cet incident. Hélàs je ne peux que craindre que notre nom soit le premier à en subir les conséquences. Pour vous, le procès se termine ici, quand nous devrons attendre d’avoir rejoint Dorne pour connaître la véritable fin de toute cette histoire. » Le jeune Roi nordien les écoutait. Dans le cadre de ses propres appartements, c’était le moment ou jamais de parler, d’échanger, mais aussi de négocier. « Des serviteurs ont sans doute déjà été informer la Reine Rhaenys Targaryen de cette entrevue privilégiée que vous nous accordez. Vous savez tout autant que nous que cela ne la ravira pas. Mais vous êtes roi. Vous n’en souffrirez sans doute pas, quand nous pâtirons des reproches que cela nous vaudra. Alors dites-nous votre Grâce, est-ce simplement pour nous présenter des excuses et pour glaner quelques informations que vous nous avez fait venir ici ? »



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An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

« Instabilité » était-il le bon mot ? Elbert pensait que nom. Rhaenys essayait simplement d'assumer son statut et d'exprimer son autorité par des gestes forts mais ô combien peu réfléchi. Elbert aurait très bien pût lui répéter l'une des erreurs dont elle portait la responsabilité et dont l'un de ses vassaux s'était entretenu avec lui mais contrairement aux gens possédant le bouillonnant sang des dorniens, il avait préféré ne pas jeter de l'huile sur le feu. Si c'était la honte et le refus d'admettre ses erreurs qui la rongeait réellement, combien de temps faudrait-il pour qu'elle tombe dans la paranoïa ?

«Libre à vous de penser qu'elle connaissait déjà le dénouement de ce procès mais je pense sincèrement que si votre frère n'avait pas craché, il aurait pût s'en tirer à meilleure compte.»

Ce qui le chiffonnait dans l'affaire du meurtre de feu Lord Ryon Allyrion n'était tant pas la mort de l'homme mais plutôt ce que la dame de la Gracedieu désirait réellement obtenir de Rhaenys pour sa mort ? De franches excuses ? De l'or ? La voir reconnaître son erreur ? La pensait-elle impliqué dans ce meurtre ?

«Que désirez vous réellement qu'elle fasse pour la mort de votre père ? Je m'interroge sur cette question depuis plusieurs minutes mais je ne parviens pas à en trouver la réponse.»

Le régent trempa à nouveau ses lèvres dans sa coupe de vin et reporta son attention sur la dame de la Gracedieu avant de reprendre la parole sur un ton solennel. Il n'avait nulle raison de s'emporter. Le Régent cherchait des réponses et non pas à créer de nouvelles tensions.

«Il fut toute à l'honneur de votre maison de respecter la décision de votre Prince. La vengeance est un chemin sombre à emprunter. L'histoire est semée des cadavres entraînés dans le sillage de ceux qui se sont abreuvés à sa source. J'aurai pût moi même emprunter cette voie. Au lieu de cela, j'ai épouser la défunte fille de l'homme qui décida du sort de mon père et j'épouserai bientôt la nièce de celui que mon père suivit dans la mort. Le pardon est une valeur qui se perd de nos jours mais il aurait évité bien des guerres s'il avait été plus souvent appliqués.»

Reposant sa coupe sur la table, le Roi saisit un fruit et commença à l'éplucher à l'aide son couteau appliqué dans sa tâche, il laissa le silence s'installer avant de répondre à nouveau à Lady Valena Allyrion.

«Je doute que le manque de respect soit la seule raison de la rupture des relations entre la Principauté et la Couronne du Sud. Un souverain avisé ne briserait pas une alliance pour si peu. Après sa sentence, elle aurait dût laisser le Prince Doran gérer cette affaire en interne si nécessaire.  Peut-être reviendra t-elle sur sa décision ? A moins qu'elle n'ait trouvé entre temps une orange plus juteuse à presser ?  Est-ce simplement de l'impulsivité ?Je dois vous avouer que je n'ai pas réellement mit le nez dans les affaires de gestion du Royaume de ma nièce.»

Ses yeux se posèrent sur le cadet des Allyrion. Allait-il rester aussi modéré qu'au procès, dissimulant ses insultes déguisées entre des mots enrobés de sucre et de miel ? Sa réponse le surprit. Il ne s'attendait pas à recevoir autant de reconnaissances, de la part du jeune homme, comme de sa sœur précédemment.

«Je ne puis alléger le sort que vous réserve votre Prince. Vous n'êtes pas mes sujets. Privation ? Destitution ? Je l'ignore. Le Prince Doran est un homme intelligent de ce que j'en sais. J'espère qu'il vous jugera avec honneur. J'espère pour vous que ma nièce aura relaté les faits avec objectivité. Les hommes ne changent pas le pouvoir, c'est le pouvoir qui changent les hommes. J'espère être de ceux qui feront exception à cette règle. Je prierai les Sept pour que votre Prince ne soit pas trop sévère envers vous. Vous n'êtes point tous les deux responsables des insultes proférés par votre frère.»

Il mordit dans le fruit calmement, essuyant le jus qui coulait sur sa joue à l'aide d'un linge. Elbert se demandait pourquoi le cadet de la Gracedieu lui posait la question de la raison de leur convocation ? Pensait-il qu'Elbert comptait comploter contre sa nièce.

«En effet, des servantes l'ont peut-être prévenue ou peut-être pas. J'ai parlé de cette entrevue devant elle au procès, si vos mémoires ne vous font pas défaut. Je n'ai rien à cacher à ce sujet. Je souhaitais comprendre le nœud du problème pour le résoudre de la façon la plus pacifique qui soit. J'ignorai que tout ceci prendrait une telle ampleur. Et vous pourquoi avez vous répondu positivement Lady Valena et Ser Cletus ? »

Le fruit était délicieux. Sans doute l'un des derniers qu'il apprécierait avant un moment. Le goût qui lui restait en bouche allait sans aucun doute lui rappeler ce cruel souvenir. De plus, l'hiver allait bientôt les priver des réserves de ces perles gustatives sucrées. Se rappelant d'une information qui pourrait peut-être les intéresser, le jeune homme reprit la parole pour leur parler du chevalier dornien blessé.

«Vous avez parlez toute à l'heure de la défaite d'un dornien dans les joutes. Serait-ce celui qui a été traîné par son cheval ? Un drôle d'énergumène. Il mettra certes du temps à sa remettre mais il refuse de prendre du lait de pavot. Il adresse toutes sortes de vulgarité aux mestres qui lui en propose mais il est entre de bonnes mains.»

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An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

Des excuses. Même si elles restaient difficiles à avaler et qu’elle laissait un goût amer sur sa langue, elle ne pouvait que les accepter. Même si elles ne venaient pas de la bonne bouche. Quant bien même serait-elles venues de celle de la Cruelle, Valena n’aurait pas pu les entendre. Comment aurait-elle pu ? Il était aisé de bafouiller des pardons lorsque le sang avait déjà coulé. D’ailleurs, Rhaenys semblait en être la spécialiste. N’avait-elle pas rédigé une simple lettre pleine de désolément pour la mort de Ryon ? Aurait-elle connu et entendu sa voix en lisant ses lignes qu’elle se la serait imaginée, sanglottante et pleine d’hypocrisie. De reparler du décès de leur géniteur ne la libérait aucunement. Au contraire, l’évocation et l’explication des circonstances de son trépas réveillait en elle la colère qu’elle avait ressentie en déchiffrant l’explication vaseuse de la Targaryen. Un homme, dont elle n’avait jamais réellement ni su le nom, ni l’origine, était intervenu alors que l’ambassadeur et l’hôte étaient en pleine entrevue. Personne ne vit la lame s’abattre dans le dos de l’homme drapé de noir. Qui laissait entrer un inconnu en salle de conseil ? Qui laissait vagabonder un visage inconnu dans son palais ? Quelle incompétente laissait une telle chose se produire sous ses yeux ? Quelqu’un qui y verrait une opportunité. Un bénéfice.

Cletus rappela au Régent la loyauté de leur famille quant aux Martell. Elle grimaça presque lorsqu’à son tour, il rappela comment ils s’étaient couchés devant cette paix déjà bien amochée pour ne pas faire de vagues. Comme à son habitude, son cadet voyait bien plus loin que l’instant présent. Se préparait-il déjà aux répercussions qu’auraient à subir les Allyrion à Dorne que son aînée était encore à ruminer ce procès ridicule et à fulminer. L’érudit craignait les décisions du Prince Doran, mais pas sa sœur. Sa famille avait déjà saigné plusieurs fois pour eux. Pour Dorne. Et ils avaient des arguments. La tête de Lancehélion ne les jugerait pas sans les avoir attendu auparavant. Il était certain que constatant les graves erreurs commises par la petite fille du Fol, elle réussirait à exposer justement la situation. Un duel judiciaire, demandé par une famille noble, avait été refusé sans raison, du jamais vu. Des mesures extrêmes prises pour une cause minime. L’emportement de la fillette couronnée qui s’était dépêchée de rompre toutes relations au moindre haussement de ton. Était-ce digne d’une reine ? C’était tout bonnement digne d’une enfant capricieuse et gâtée qui n’accepte pas la plus petite contrariété. Bientôt, la dornienne ne serait pas étonnée de découvrir qu’elle a fait arracher les langues de tous les bardes et conteurs du sud car elle ne supporterait plus d’entendre chanter ses tristes actions.

La brune répondit au Arryn par un soupir dubitatif tandis qu’elle haussait les sourcils. Il ne servait à rien de se voiler la face. Que Daemon ait craché ou non, il aurait fini avec la langue tranchée ou banni. Finalement, sa salive sur sa joue n’avait été qu’une excuse de plus, tout comme elle avait utilisé les griefs des Allyrion à son encontre pour jouer à la victime. La Reine n’écoutait qu’elle même.

Son regard resta vrillé sur celui du Régent lorsqu’il lui demanda ce qu’elle attendait de la Reine pour le meurtre de son père. S’il avait su mettre son désir de vengeance de côté, l’unique fille de la Grâcedieu n’en avait ni la force, ni l’envie. Il était certain qu’il lisait à travers son regard noir et fixe la valse d’émotions mauvaises qui étreignait ses yeux de cendres.

« Elle en a déjà bien assez fait, » trancha-t-elle finalement.

Elle voulait sa revanche. Elle voulait dresser un bûcher pour son père disparu, pour son frère mutilé, pour sa famille humiliée et y voir flamber l’origine de tous leurs maux. Rhaenys la Cruelle. Elle voulait qu’elle subisse le même sort que le précédent lord de la Grâcedieu. Achevée en traitre, une dague entre les omoplates. Elle voulait également savoir véritablement pourquoi son père avait été assassiné. Elle ne croyait pas à l’explication avançant la rivalité ancestrale entre bieffois et dornien. Qui serait assez fou pour tuer un ambassadeur sous les yeux de sa suzeraine ? La fille d’Elia n’avait trouvé que cela à lui dire ? Elle ne la croyait pas. Elle ne la croyait plus. Elle était complice, pour une raison qui lui échappait. En particulier lorsque l’on savait qu’elle était peut-être celle qui avait empoisonné son époux.

« On ne peut pardonner que l’impardonnable, Roi Elbert. Malheureusement, je n’ai ni votre humilité, ni votre grandeur d’âme. La Reine semble avoir à cœur de torturer les Allyrion. Je ne puis courber l’échine une fois encore et fermer les yeux. »

La lady n’était pas assez sotte pour se prétendre être ce qu’elle n’était pas.
Un mauvais rictus s’imprima sur ses lèvres lorsqu’il avança l’hypothèse de la voir faire machine arrière. N’avait-il donc pas écouté ?

« La Reine a du mal à reconnaître ses erreurs, » répéta-t-elle. « Je peux mettre ma langue à couper qu’elle ne reviendra pas sur sa décision. »

Décidemment, il semblait que l’ironie chancelante de Daemon avait trouvé refuge dans un nouveau temple. Pourtant, d’utiliser cette image lui donna immédiatement envie de vomir et elle reposa sa coupe de vin à moitié pleine.

« Vous venez de le dire, un souverain avisé ne briserait pas une alliance pour si peu. La Reine du Sud est déboussolée et nous l’avons acculée lors du procès. Ne sachant quoi faire, elle a paniqué. L’impulsivité n’est pas la seule à blâmer. »

L’incompétence et ce germe de cruauté dévoilé également. Ses propos lourds de sous-entendus ne laissaient pas place à une mauvaise interprétation. Le Roi du Nord avoua ne pas s’être plongé dans les affaires du Sud, mais Valena ne put lui en tenir rigueur. Après tout, il avait ses Couronnes à gérer et il n’avait pas à subir le contrecoup des maladresses de sa nièce.

Elle se sentit cependant blêmir à la simple question posée par le faucon sur une destitution possible de la Grâcedieu. Qu’ils osent ! Avait-elle envie de s’écrier. Qu’ils osent ! Elle avait agi selon sa conscience, dans son juste droit pour protéger les siens et ce n’était pas sa faute si cette reine pathétique était montée sur ses grands chevaux ! Quant à l’espoir du Roi sur l’objectivité de la Reine, elle ne put, encore une fois, que secouer la tête. Y croyait-il sincèrement ? Elle s’était empressée de courir dans les jupes de son oncle qu’elle n’avait jamais vu pour pointer du doigts les méchants garnements ayant osé lui jeter un peu de boue sur sa jolie robe brodée. La brune n’avait aucun doute sur l’objectivité de la missive : elle n’existerait tout simplement pas.

« J’ai confiance en notre Prince, » affirma-t-elle. « Il fera preuve d’autant d’intelligence que vous et attendra d’avoir nos explications. Nous en avons d’ailleurs pleins les poches. »

Encore une fois, de cela, elle en était intimement persuadée.
À la dernière interrogation de Cletus, il répondit de la façon la plus transparente possible. Elle sourcilla cependant lorsqu’il leur retourna la question. La lady lança un regard interrogateur à son frère avant de reporter son attention sur le régent.

« Vous nous avez demandé une entrevue. Vous ne nous avez ni insulté, ni humilié lors du « procès ». Au contraire, vous avez probablement été le seul élément, en compagnie de votre Main, à vous montrer compréhensif. Nous n’avions aucune raison de refuser. »

Lorsqu’il mentionna Ulwyck, l’ombre d’un sourire aurait pu transparaitre sur les lèvres pleines de la dornienne, mais elle était encore trop écœurée par ce procès ridicule pour oser une risette.

« Ulwyck Uller, » l’informa-t-elle. « Ce que vous me dites de lui ne m’étonne pas. »

Elle observa le nordien savourer son fruit jusqu’à ce que toute la chaire juteuse eut disparu sous ses dents blanches.

« Le dernier de la saison, n’est ce pas ? » demanda-t-elle.

Une simple question futile pour certains. Une volonté de faire la conversation pour d’autres. Mais Valena pensait le souverain assez malin pour distinguer la perche qu’elle lui tendait. Cletus comprendrait, lui aussi.




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An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



valena allyrion & cletus allyrion & elbert arryn

Le jeune régent avait raison. Aussi injuste et inhumaine avait été la sentence prononcé à l’encontre du bâtard, c’était avant tout sa fierté, mais aussi celles de son frère et sa sœur qui avaient mené à cela. La jeune Reine n’avait attendu qu’une chose de ce procès, qu’il s’incline. Qu’ils s’inclinent tous trois devant elle. Mais le poids de la mort de leur père était encore trop présent sur leurs cœurs pour qu’ils eussent ne serait-ce que songé à courber l’échine devant celle qui par son incompétence avait brisé les lois de l’hospitalité. Le Soleil Noir n’était pas mort pour Dorne. Il avait été assassiné au nom des bieffois aux envies d’indépendance, au nom de ces voisins qui nourrissaient animosité partagée avec la principauté depuis des siècles. La mort du Lord de la Grâcedieu avait plus coûté à la Targaryen qu’elle n’avait coûté à Dorne, c’était un fait. Pourtant cette dernière s’entêtait à couvrir d’un voile de silence et d’ignorance feinte ce qui aurait pu être la clef d’une alliance solide et durable entre la Couronne du Sud et la Principauté. Un ennemi commun s’était toujours révélé être le meilleur moyen de sceller des amitiés, plus que des valeurs communes ou des idées utopiques pour l’avenir. Que désiraient-ils qu’elle fasse pour cette mort ? La question avait été réfléchie depuis longtemps par les Allyrions. Il était trop tard. Si elle avait dû agir, s’eût été des lunes plus tôt, lorsqu’elle avait eût pour seule réaction d’envoyer la tête d’un inconnu dont on ignorait s’il était un serviteur, un lord ou un mendiant. Un cadeau macabre accompagné d’une lettre. Une simple lettre d’excuse, dont le cachet royal qui la signait avait apparemment valeur de visite en personne. « “Il fut tout à l’honneur de votre maison de respecter la décision de votre Prince“. Comme vous le soulignez, nous n’avons jamais clamé nourrir un désir de vengeance. Et même si notre chagrin n’en demeure pas moins grand, nous avions pardonné. Nous avons continué nos vies, orphelins de notre père, ma sœur Valena prenant sa place à la tête de notre Maison et de notre fief. Notre pardon ne fût pas acheté ni influencé par une quelconque action de notre Prince, qui a simplement assuré à la Reine du Sud que rien ne serait engagé contre elle, ou contre les négociations que notre père avait commencé au nom de Dorne. » S’il semblait garder le même calme statuesque que d’ordinaire, évoquer tout cela et le ressasser devant le valois fit accélérer les battements de son cœur, empoigné d’une colère qui était peu familière à sa nature douce. « Vous êtes tout autant honorable d’avoir sût pardonner aux Targaryens. Mais nous ne voyons pas les choses exactement comme vous les voyez. Nous avons tous trois été confronté à la mort d’un père, nous sommes tous trois passé outre, pour le bien, vous de vos sujet, nous pour le futur de Dorne. Oublions un instant les conséquences désastreuses qu’a provoqué tout cela, et revenons au cœur même du problème. Ne croyez-vous pas qu’après la bonté qu’a manifestée notre Prince envers sa nièce, cette dernière aurait pu faire preuve de clémence et pardonner l’insulte ? » La main du cadet s’était posée sur la table de bois sombre, allant poser ses doigts sur le pied de la coupe de vin sans pour autant la saisir et en boire le contenu. Pour la première fois depuis longtemps, sa sœur et lui étaient unis face à la situation qui s’imposait à eux. Sans qu’ils n’aient besoin de se consulter, leurs mots s’accordaient dans un même sens, venant sans cesse s’appuyer dans le seul but de sauver l’héritage de leur père, de la façon dont ce dernier aurait souhaité qu’ils le fassent. La fermeture des frontières. Si la jeune Reine avait déclaré cela sous l’impulsion d’une nouvelle provocation du bâtard de la Grâcedieu, Cletus doutait qu’elle revienne sur cette décision, de la même façon qu’abandonner l’idée de couper la langue de son demi-frère ne l’avait pas effleuré. La Reine dragon n’avait pas cédé aux appels des lords et royautés présents de se montrer clémente, et la langue avait été tranchée. Au moins on ne pouvait la blâmer d’être dénuée de convictions, aussi malheureuses étaient-elles. Le jeune Roi du Nord évoqua alors l’accident du Uller lors du tournoi. Le cadet n’était pas encore allé lui rendre visite, mais il s’était promis d’aller voir l’ami de sa famille avant de prendre la route vers le Val avec le Prince Oberyn. On lui avait parlé de son état, qui le clouerait au lit pendant plusieurs lunes. Combien de temps une personnalité aussi instable et enflammée que celle du chevalier de Denfert supporterait-elle cet alitement forcé ? Peut-être ne le supportait-il déjà plus. Le jeune chevalier avait songé à aider à la guérison du dornien de la même façon qu’il avait rendu à son frère ce que le feu lui avait pris. Mais les marques et les séquelles laissées par cette dangereuse expérience l’avaient convaincu de ne rien en faire. La question de la réaction du Prince de Dorne restait encore en suspens, mais le cadet de la Grâcedieu était moins convaincu qu’il n’aurait voulu l’être de la confiance que sa sœur proclamait avoir en la justice de Doran Martell. Ils savaient aussi bien l’un que l’autre que le Prince de Lancehélion n’avait pas de scrupule à punir sa propre famille lorsque leurs actes menaçaient la principauté, alors que serait-il capable de faire à des lords qui n’avait aucun lien de sang avec lui ? Il n’y aurait nulle récompense à leur retour à Dorne. Bien qu’elle n’ait pas choisi ce rôle, Valena avait échoué à la mission qui aurait dû être celle de la Princesse Arianne, restée au Palais-Vieux. Les négociations étaient rompues. Le commerce qui unissait le Royaume du Sud et Dorne était plus que menacé par la promesse de fermer les frontière faite par la jeune Reine. Les produits dorniens ne franchiraient plus les Montagnes Rouges, quand l’Hiver qui arrivait à grand pas commençait à gagner le Conflans où ils se trouvaient. La remarque de son ainée ne laissa pas Cletus indifférent, car il comprenait parfaitement où elle voulait en venir en disant cela au valois qui se régalait d’un fruit. La Targaryen ignorait encore ce que l’Hiver coûterait à son royaume, et ce qu’il amenait avec lui : le froid, le manque, et inévitablement : la famine. Si la Couronne du Sud ne souhaitait plus voir dans ses marchés quoique ce soit venu de Dorne, alors peut-être était-il plus que temps pour la principauté de trouver d’autres partenaires commerciaux.



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An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

Il était vrai que Rhaenys en avait déjà bien assez fait pour la journée. Elbert s'interrogea sur le poids des actes de la jeune reine. Était-ce simplement un caprice ? Une rancœur qu'elle avait chercher à assouvir ou simplement une erreur de jugement, une maladresse politique ? A moins qu'elle ne cherchait simplement qu'à asseoir son autorité et à se faire craindre de ses sujets. La frontière entre la crainte et le respect pouvait s'avérer bien souvent très mince. De la crainte pouvait naître la soumission comme la révolte.

«Le corps de votre père vous a t-il été remis ?»

Cette question pouvait sembler banale mais remettre le corps d'un défunt pour pouvoir l'inhumer dans le respect de ses croyances était une profonde marque de respect. Elbert ne doutait pas que Rhaenys avait dût la respecter mais comme il préférait en être bien sûr, il lui sembla judicieux de poser la question. Lady Allyrion semblait remontée ce qui était somme toute normale. Elle devait néanmoins courber l'échine.

«Vous pouvez continuer à vivre fièrement avec le fardeau de la douleur sur vos épaules mais je crains que vous n'obtiendrez pas réparation pour vos pertes, du moins pas dans l'immédiat. Rhaenys est encore jeune. Avec le temps et l'arrivée de la sagesse, peut-être pourrez vous espérez une réconciliation. Je doute que la Reine Rhaenys soit déboussolée. Vous semblez la sous-estimer. Elle est plus forte que vous le pensez, Lady Allyrion. »

Le roi Régent acheva son fruit tout en écoutant les paroles de la Allyrion. Ce chevalier de la maison Uller était assurément un drôle de numéro. Ce n'était pas le genre d'homme avec qui Elbert aurait apprécier converser ou passer un peu de temps. S'essuyant les lèvres des dernières traces de jus, il répondit calmement à la dernière question de la dame régnant sur la Gracedieu et ses terres.

«Ce serait donc la chute de ce chevalier qui est a déclenché la colère de votre frère. Qui est-il pour vous ? Ce n'était pourtant pas Rhaenys contre qui il a jouté mais son jeune frère Aegon. Pourquoi le jeune prince n'a t-il pas reçu lui aussi des quolibets de votre frère ? Je suis curieux mais j'aime pouvoir comprendre les situations dans leur totalité. Vous l'êtes aussi et je me dois de l'étancher. Oui il s'agit sans doute d'un des derniers fruits du château, entendez par là pour leur fraîcheur. Nous n'avons pas la chance d'être autant épargné que vous par l'arrivée de l'hiver.»

Le cadet, Cletus quant à lui parlait toujours avec intelligence et modération même si Elbert gardait en mémoire ses propos insultants qui n'avaient pas été remarqué par la Reine ce qui avait quelque peu amusé le Régent.

«Vous parlez habilement Ser Cletus. Si la Reine Rhaenys s'est offusquée pour les propos de votre frère, elle n'a en revanche pas remarquer vos insultes dissimulées lors de votre argumentation au cours du procès. Remerciez les Sept car sinon vous auriez sans doute vous aussi perdu votre langue. Il est malheureusement plus simple d'accepter la clémence que de l'accorder. Nous nous souvenons bien mieux du mal que l'on nous a causé plutôt que de la bonté qui nous fut adressé.  Puisse le Prince de Dorne se rappeler des services rendus par la Maison Allyrion plutôt que cette fâcheuse histoire mais ... s'il a fait preuve de clémence et de calme une fois à l'encontre de sa nièce, pourquoi ne pourrait-il pas le faire à nouveau ?»

Le jeune homme n'était pas dans la tête du Prince Doran. Ce dernier allait sans doute penser au bien du plus grand nombre ? Reposait-il sur la préservation d'une de ses nobles maisons dont le comportement comme la punition pourrait mécontenter ses vassaux ? Reposait-il sur un semblant de bonnes relations déjà bien détériorées avec la Couronne du Sud ? La sagesse du Martell trancherait sans doute la question, comme le couteau chauffé trancha la langue de Daemon Sand. Trempant ses lèvres dans sa coupe, le régent décida d'en revenir au commerce. Reposant sa coupe, il prit la parole d'un ton neutre et posé.

«Néanmoins, je doute que la Couronne du Sud représente la totalité du commerce dornien. Vous savez sans doute maintenant où Dorne doit concentrer ses efforts. Votre Princesse héritière n'a t-elle point épouser un Bravoshii ? Les produits que vous vendez sont propres à vos terres et votre climat. Des produits de première qualité et inexistants ou en très petites quantités dans les autres régions du continent. Je pense qu'ils viendront un jour à manquer dans les bouches habituées de la Couronne du Sud. L'hiver est une période difficile ou de petites douceurs exotiques ont le charme de raviver les cœurs et le moral. Bien sûr certains seront trouvables en Essos. Les transporter demandera des trajets plus longs, plus dangereux et surtout plus coûteux.»

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Sans langue de bois

An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

La voix vibrante de Cletus résonna dans l’air glacial de la pièce que le feu pourtant imposant ne parvenait pas à réchauffer de ses braises. D’entendre son jeune frère, d’ordinaire si calme et diplomate, laisser filtrer ne serait-ce qu’une once de colère au travers de ses mots suffit à nourrir la propre rancœur de sa sœur, déjà prête à déborder. Il ne mentait pas lorsqu’il affirmait que la revanche et la soif de sang n’avaient jamais auparavant fait parties de leurs plans. Ne s’étaient-ils d’ailleurs pas illustrés en laissant leur amertume personnelle de côté pour les intérêts de Dorne, en continuant leur correspondance avec la Reine du Sud ? En poursuivant, malgré tout, les négociations commerciales ? En jouant à ce petit jeu, la lady s’était persuadée de se sacrifier pour le plus grand bien. Pour sa région, pour les Martell et pour sa famille. Pour son père. Jamais il n’aurait accepté que ses enfants ne décident de se rebiffer pour sa mort, risquant au passage tout ce qu’il s’était acharné à bâtir pour eux, pour leur avenir et celui de leur maison. Valena avait été convaincue qu’elle avait agi de la bonne façon en décidant de rencontrer la fille d’Elia en pacifique. Mais elle s’était trompée. Lourdement même. Elle se remémorait encore les mises en garde de Daemon lorsque, sous la pluie des Terres de l’Orage, il lui avait révélé être l’auteur du pamphlet accusant la Reine des pires travers. Elle n’avait pas voulu croire que la Targaryen puisse dissimuler une nature couarde et lâche. Et encore moins une personnalité cruelle et violente.

Nous avions pardonné.

Cette seule phrase du cadet de la Grâcedieu suffisait à expliquer le sentiment de la famille à la paume dorée. La brune s’était acharnée à tenter de comprendre et surtout à avaler les piètres excuses de Rhaenys, l’ordre de passivité du Prince Doran servant d’eau pour noyer l’acidité qui tapissait l’intérieur de ses joues et pesait sur sa langue.
Les enfants de Deria s’appuyaient mutuellement l’un sur l’autre et c’était ce soutien indéfectible qui permettait à la dornienne de faire face tout en contenant la colère qui menaçait encore et toujours de se frayer un chemin à travers ses lèvres. Cletus était là. Pour la seconde fois depuis l’avènement de sa sœur en tant que Lady Allyrion, son petit frère était là. Même blessés, même meurtris, tous deux se tenaient droits et prêts à défendre leurs droits. Quand bien même cela leur coûterait. Quand bien même l’humiliation était encore bien pesante. Quand bien même la douleur et l’écœurement leur tordaient encore l’estomac et serraient leur gorge.

La question du Régent la laissa un instant hébétée. Que cherchait-il à savoir ? Pourquoi le corps de leur père revêtissait soudain cette importance ? Elle plissa un instant les paupières, suspicieuse. Cherchait-il à l’excuser ? Si la Cruelle avait remis la dépouille alors, priez les Sept Cieux, qu’elle soit louée ? Devrait-elle la remercier de tant de grâce et de bonté ? Devrait-elle se rouler par terre devant cette générosité incroyable ? Devrait-elle une fois encore baiser les pieds de la fillette couronnée car, si elle avait été le témoin passif d’une exécution, elle avait tout de même eu la présence d’esprit de renvoyer chez lui le cadavre à la peau parcheminée et à l’odeur nauséabonde ? Ce n’était pas ainsi que les choses auraient dû se passer. Ryon n’avait pas mérité cela. Son corps avait été renvoyé comme une vulgaire marchandise et à ses enfants de pleurer et faire leur deuil ! Mais heureusement, une lettre d’excuse signée de la main royale était là pour les réconforter !

« Oui, » répondit-elle d’une voix froide. « Je ne pense pas devoir la remercier pour cela. »

Devant l’assertion des qualités de la Reine venant de la bouche de son oncle, Valena aplatit dangereusement ses mains sur le bureau du Arryn, laissant ses doigts glisser de part et d’autre de sa coupe de vin qu’elle avait à peine effleurée de ses lèvres.

« Je n’attendrai pas qu’une hypothétique sagesse se décide à toucher un jour sa tête. La Reine Rhaenys est jeune, mais cela n’excuse rien. Cletus est encore plus jeune et il ne fait ni preuve de stupidité ni d’emportement. Je ne la sous-estime pas. J’ai bien vu de quoi elle était capable ! Je ne veux pas qu’elle daigne se pencher sur notre cas dans trente ans et se décide à nous « pardonner ». Nous n’en avons pas besoin. »

Le comble. Cela serait un comble. Que la Reine en faute et en tort ne se décide à la gracier ! La lady aurait pu vomir devant l’absurdité de cette proposition. C’était à elle de se casser en deux devant eux et à supplier ! A elle et à elle seule !
Les interrogations que le faucon avait, il aurait fallu les aborder avant. Pendant le procès. Mais la Cruelle en avait décidé autrement. Avait-elle au moins cherché à comprendre ? Non. Absolument pas. Elle s’était dépêchée de les faire taire et de la pire manière qui soit. De quoi avait-elle eu peur en faisant face aux Allyrion ? Du reflet de sa propre incompétence.

« Ulwyck Uller était l’écuyer de feu notre père. Nous avons grandi ensemble, » lui expliqua-t-elle sans toutefois lui en dire plus. « Ne pensez-vous pas que ces questions au sujet de mon frère auraient dû être abordées durant le jugement ? C’est après tout à cela que sert un jugement, n’est-ce pas ? Un vrai jugement, j’entends. Quant à interpréter les décisions de Daemon, je ne peux guère m’avancer. Je vous proposerais avec plaisir les lui poser vous-même, malheureusement je doute qu’il puisse aujourd’hui vous répondre. »

Cette cruelle réalité la rattrapait encore et elle sentit ses mains se crisper sur le bois sombre.

« Le Prince Aegon ne s’est pas réjoui de la défaite et de la grave blessure de son adversaire. A la différence de sa sœur, il a fait preuve de bon sens et d’intelligence. Ajoutez à cela l’injure de la mort de notre père passée sous silence… Je pense ne pas m’écarter de la vérité en avançant cette hypothèse. »

Si l’enfant sur le trône n’avait pas remarqué le venin des paroles de Cletus, le Régent semblait en revanche l’avoir perçu. Une preuve encore de la faiblesse d’esprit de cette reine bancale. Le jeune homme s’était si aisément joué d’elle que cela en devenait affligeant. Valena en aurait presque eu de la pitié. Pourtant, sa méfiance n’en fut qu’exacerbée. Si Elbert Arryn avait bel et bien entendu les mots tranchants du benjamin des Allyrion, ne se dépêcherait-il pas d’aller tout compter à sa capricieuse nièce ? N’agitait-il pas cette future langue coupée comme une nouvelle menace ?

« Une nouvelle fois, j’imagine que nous ne sommes pas en mesure de parler pour le Prince Doran. A l’inverse de la Reine du Sud, je ne me prononcerai pas en son nom et ne peux qu’avoir confiance en son jugement que j’estime éclairé. »

Le Arryn ne répondait pas vraiment à la question posée par Cletus. La Reine ne pouvait-elle pas pardonner une insulte comme eux avait pardonné un meurtre ? Exposé de la sorte, la situation était plus risible encore.
L’engagement de la conversation sur le commerce entre les régions soulagea la brune. L’attention était détournée de son petit frère.

« Que la Reine du Sud affame son peuple en plein hiver si cela lui plaît. Qu’elle vide ses coffres en payant des voyages incertains jusqu’à Essos alors que les navires sont de plus en plus menacés par la piraterie. Ce n’est plus mon problème. Je n’ai aucun doute que la famine finira bien vite par ravager le Royaume du Sud avant que les premières neiges ne gèlent au sol. »

L’unique fille de Ryon soupira en retirant ses longues mains brunes de la table, les rangeant tranquillement sur ses genoux.

« Quant au Royaume du Nord… Le froid est déjà là. »





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An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



valena allyrion & cletus allyrion & elbert arryn

Le regard pâle de l’Allyrion restait posé sur le jeune régent, détaillant son attitude comme pour y trouver la brèche dans laquelle il s’empresserait de plonger dès lors qu’il l’aurait trouvé. L’honneur, la dignité et la paix semblaient être les valeurs les plus chères aux yeux du valois. C’étaient là des préceptes que tout un chacun se devaient de chérir, ou tout du moins prétendre le faire, mais cela semblait différent pour l’homme qui leur faisait face. Ses mots étaient semblables à une brise qui viendrait frôler les arbres sans oser en secouer les feuillages. De la complaisance. C’était cela que leur servait le Roi nordien, qui depuis qu’ils étaient entrés dans cette pièce, s’était appliqué à faire ressortir ce qu’eux-mêmes dénonçaient tout en défendant les faits de sa nièce par alliance. Et bien que la conversation paraissait prendre un tournant, le sujet déviant peu à peu sur l’Hiver à venir, Cletus savait que c’était rendre la chose trop facile au régent que de saisir sans plus discuter la perche qu’il leur tendit en réponse à la question d’apparence banale mais pleine de sous-entendus de la Lady de la Grâcedieu. La question du brun quant à la remise de la dépouille de leur père l’avait quelque peu surpris, quand le Soleil Noir avait perdu la vie il y avait des lunes et des lunes de cela. Qu’aurait donc fait le valois si Valena lui avait répondu à la négative ? Ses yeux s’étaient alors abaissé un bref instant vers les mains de sa sœur, dont les gestes mêmes infimes venaient trahir le bouillonnement que Cletus devinait. La colère cachée sous les traits du visage impérieusement fermé de son ainé ne faisait que confirmer ce qu’il craignait. Ils n’avaient pas eût la force d’établir la moindre stratégie, de prendre le soin de se mettre d’accord sur le moindre point à évoquer avant de venir honorer l’invitation du Roi du Nord. Le procès les avait épuisés, tant mentalement que physiquement, et ils n’avaient guère eût l’envie de discuter d’un quelconque plan avant de rejoindre les appartements du régent. Dans la pièce aux dimensions respectables, dont les murs sombres donnaient une allure funeste aux lieux, malgré les efforts qui avaient été manifestement faits par les Lords d’Harrenhal pour les rendre accueillants, l’entrevue se poursuivait. Et autours de la table, se jouait la même scène qu’au procès. Malgré l’absence de certains, le dialogue qui s’était créé entre les dorniens et le valois n’était qu’une illusion. Dans sa volonté de maintenir la paix, le régent n’avait fait qu’excuser les décisions de son homologue du Sud, sans prendre parti, en évitant avec plus ou moins d’habileté les premières questions fâcheuses qui lui étaient servies, l’attention du souverain était de toute évidence tournée vers l’Hiver à venir, et ce qu’il pourrait obtenir d’eux à ce sujet.

Tourné vers le Arryn, le cadet ne cillait pas et demeurait silencieux, laissant l’homme du Nord parler puis sa sœur lui répondre sans essayer de prendre la parole en prenant avantage d’un de leur silences. A l’évidence, cette discussion était bien trop confortable pour que rien de constructif n’en émerge. Malgré les mots de la lady, leur interlocuteur gardait le même calme bienveillant que lorsqu’ils étaient entrés. Ce n’est que lorsque sa sœur eût finit de parler qu’à son tour, il prit la parole.« Et nous sommes plus forts que vous ne le pensez, votre grâce, et plus à même d’affronter cet incident que vous ne daignez nous l’accorder. Contrairement à la reine, nous avons été élevés pour être prêt à reprendre les rennes de notre famille. Feu notre père a particulièrement fait attention à ce que nous soyons préparés à  assumer seuls nos choix afin de ne pas nous retrouver dans la réductrice situation de devoir attendre d’un oncle par alliance qu’il vienne réparer les pots cassés » Sa réponse volontairement tardive aux propos du valois n’était là que pour lui rappeler que ce dernier aurait beau s’évertuer à passer entre les mailles du filet tout en prenant la défense de la Targaryen, il ne serait pas pour autant laissé en paix, ne serait-ce que par fatigue, ou parce qu’il les auraient victorieusement amené sur un tout autre sujet. « Ne faites pas l’erreur de m'accuser d’avoir insulté la reine, cela pourrait me valoir une entrevue privilégiée avec la lame de l’un de ses gardes royaux. » Comme le jeune régent avait manifestement été plus réceptif que sa royale nièce aux mots prononcés durant le procès, alors il n’y avait aucune raison de le priver de s’en voir servit à son tour. « Il n’y avait nulle injure dans mes propos, sur ce point je serai intraitable. Car si par un rappel de faits qui ne sont que la plus stricte vérité, vous entendez que j’ai atteint la dignité de votre nièce, c’est que Vous êtes tout autant dangereusement sensible qu’elle lorsqu’il s’agit d’évoquer les erreurs qu’elle a déjà commis pendant son règne. » Malgré l’aplomb de sa voix, la question demeurait : la Reine serait-elle averti de ce que son emportement l’avait empêché d’entendre lors du jugement de Daemon ? N’était-elle atteinte que par les attaques du langage commun et vulgaire, sans saisir encore saisir toutes les nuances de la rhétorique ? Sans s’attarder sur ces pensées, l’attention du cadet revint immédiatement à ce qu’il souhaitait amené, là où il voulait mener la conversation, quitte à ce que le ton jusque-là désespérément courtois et lisse changea quelque peu. « Je note que Vous n avez pas répondu à ma question. Je n’insisterai pas. Je comprends parfaitement que vous prononcer sur ce qu’aurait pu, ou plutôt ce qu’aurait dû être la réaction de votre nièce par rapport à toute cette affaire vous mette mal à l’aise. Veuillez m'en excuser, j’ai imaginé a tort que cette entrevue était l’occasion de se découvrir une pensée commune par rapport à ce procès. Vous comprendrez que nous aurions quelques réticences à parler ou même négocier quoi que ce soit d’autre avec une personne qui estime avisé et surtout défendable de rompre un contrat commercial pour une seule et ridicule insulte. » Le régent avait parlé pour le Royaume du Sud, mais la situation future qu’il avait décrite ne serait pas bien différente de celle qu’affronterait le Nord bien avant que les sujets de la Reine Targaryen ne souffrent véritablement de l’Hiver, il en était de même pour les frais supplémentaires encourus dont il parlait si bien. La même famine qu’évoqua sa sœur serait endurée par les nordiens, dont la noblesse se trouverait bien vite privée des plaisirs qui faisaient la différence entre vivre et survivre. Et si le valois leur parlait d’agrumes, les plantations des abords de la sang-vert regorgeait de bien d’autres choses. Il n’y avait qu’un nordien pour s’imaginer que les dorniens ne se nourrissaient que de fruits sucrés et de vin au goût de miel.



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Sans langue de bois

An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

Le jeune homme hocha la tête à la réponse par l'affirmative de Lady Allyrion au sujet de la remise de la dépouille de son géniteur. Les dorniens ne cherchaient pas à se racheter ni obtenir un pardon. C'était une façon honorable de se conduire sauf si elle débouchait sur une vengeance froide et implacable. Quant au sujet de Daemon, les dorniens semblaient oublier que le Arryn avait posé ce genre de question à leur frère nouvellement muet et que celui-ci avait saisit la perche à pleine main tout en présentant le bâton pour se faire battre en provoquant à nouveau la reine. Il voulait bien admettre que la sanction était lourde et conséquente pour sa faute mais le jeune homme n'avait pas non plus tenter d'apaiser la situation. Au contraire, il avait jeté des litres d'huile sur le feux espérant sans doute embraser toute la pièce.

«Je vois. Grandir ensemble, que l'on s'apprécie ou non finit toujours par tisser des liens invisibles entre les êtres. S'ils sont amis, je puis comprendre son geste, sans pour autant l'excuser. J'ai moi même jurer intérieurement quand mon propre cousin et mon ancien écuyer ont perdu leurs joutes respectives. J'ai tenté personnellement de poser ce genre de question à votre frère. J'ai essayez de comprendre son geste mais il a répondu à mes questions non pas par des justifications mais par des provocations. Peut-être ne l'avez vous pas entendu à cause du brouhahas qui régnait au cours du procès.»

La différence entre les deux enfants de Rhaegar était flagrante. Si Aegon n'avait pas trop agit lors de la prise de pouvoir de l'usurpateur Viserys, il se montrait néanmoins capable de faire preuve d'humilité et de sagesse. Même si son inaction avait quelque peu terni son image aux yeux d'Elbert, il n'en demeurait pas moins l'une des personnes à voir du potentiel chez son neveu. Il continua à la laisser parler à propos de l'hiver avant de reprendre la parole d'un ton calme et posé.

«Aegon a été formé à régner et sait comment se comporter. Je pense d'ailleurs qu'il a dût se rendre au chevet du blessé à un moment ou à un autre. L'hiver est bel et bien déjà là et nous prions pour qu'il ne dure pas longtemps. Nos récoltes ont été bonnes et nous avons moins de besoin exotiques que certaines autres régions même si nous ne cracherons jamais sur quelques douceurs importées.»

Ce fut le cadet qui prit ensuite la parole avec sa verve et sa prose habituellement acide. Sans doute avait-il prit ses paroles à propos de sa langue comme une menace. Cela ne l'était pourtant pas. Il s'agissait d'une simple mise en garde. Il suffisait d'une erreur pour que les sévices se perpétuent sur un autre Allyrion. Le Arryn éclata d'un rire léger après le premier monologue du jeune Allyrion.

«Un oncle par alliance qui viendrait réparer les pots cassés ? Je doute d'en être capable. A moins que vous ne l'ayez pas remarqué, la Reine du Sud ne m'apprécie guère et je crains qu'elle ne m'apprécie jamais. Je n'ai jamais compris d'où elle tirait cette espèce de méfiance et de rancœur à mon égard. Je n'ai jamais montré aucun signe d'hostilité envers elle et sa maison, j'ai toujours traité sa sœur avec tendresse et les égard qui lui était du. Je ne puis qu'émettre des hypothèses. Je n'ai point d'influence sur la Reine du Sud.»

Le cadet de la maison Allyrion poursuivit ensuite sur les insultes ce qui eut le don de provoquer un léger rictus sur le visage du Régent qui prit sa coupe et en but une petite gorgée, savourant le goût du vin avant de reprendre la parole, cette fois sur un ton des plus impériale.

«La Reine du Sud semble sensible au fait de condamner les erreurs des autres et ne semble point accorder de crédit au sienne. Vos paroles n'ont pas aidées votre frère, tout au plus ont-elle irrité la fierté de  ma nièce. Elle a dispensé la justice sur mes terres, sans demander mon aval, me laissant par la suite la seule option de parachever ou non son œuvre. Pensez vous que je ne m'en sente pas offusquer ? Ce n'est pas la première fois qu'elle agit à l'encontre de mon Royaume et je m'interroge toujours sur ce que je puis faire pour que cela cesse. Comprenez moi bien, le Royaume du Nord a subit bien assez d'épreuves ces derniers temps, qu'elle soit de l'origine de l'usurpateur, des sauvageons ou des Fer-Nés. Je ne souhaite pas entrer en guerre. Vous avez pût constater la rapidité avec laquelle ma nièce s'emporte et prend des décisions coûteuses et lourdes à la hâte. Avec elle, je dois marcher sur des œufs. Je ne souhaite pas voir notre continent à nouveau a feu et à sang. »

Le jeune homme se passa une main dans ses cheveux, remettant ses royales bouclettes en place tout en écoutant Cletus prétendre qu'il n'avait pas répondu à sa question. Il voulait sans doute des mots. Cela fit rire intérieurement le Régent. Pour lui ses gestes avaient été plus équivoques que ses paroles.

«Ser Cletus, j'ai souhaité un procès pour apaiser la situation. J'ai poser des questions pour tenter d'orienter le débat et de comprendre de votre frère. J'ai tenté de procéder à un vote pour que tous puisse exprimer leur avis. J'ai eu l'opportunité d'infliger une nouvelle sentence à l'encontre de votre frère et je ne l'ai point fait. Je vous ai reçu ici pour discuter. Mes actes parlent pour moi. Bien sûr que j'ai trouvé cette double sanction bien trop lourde. Même l'exil était pour moi trop sévère. Un pardon et des excuses publiques ou une légère correction aurait amplement suffit.»

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An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



Valena Allyrion & Cletus Allyrion & Elbert Arryn

Entre Ulwyck et les Allyrion, il y avait bien plus que de la simple camaraderie, comme semblait le sous-entendre le Arryn. Il n’avait aucune idée du genre de relation qu’entretenaient l’ancien écuyer et la famille de la Grâcedieu. Cela n’était cependant pas sa faute et Valena se gardait bien de lui en tenir rigueur. Daemon avait toujours considéré le Uller comme son ami le plus proche, à la fois frère et rival. Les deux hommes étaient bien plus proches que le bâtard et Cletus alors que le même sang coulait dans leurs veines.
Que le jeune Roi compare sa réaction à celle de son aîné aurait pu faire s’esclaffer la jeune femme tant le parallèle était absurde. Tous les deux n’avaient absolument rien à voir. Aurait-il voulu que le muet l’imite ? Impossible. D’ailleurs, aucun valois n’avait été blessé comme son amant l’avait été. Aucun n’avait hurlé si fort que l’on aurait cru que le cœur encore battant leur était sorti de la poitrine, arraché par des mains sanglantes. Les situations n’étaient pas comparables. En aucun point. Le fils aîné du Soleil Noir n’avait pas juré parce qu’Ulwyck avait perdu la joute. Cela n’avait rien de si futile, comme semblait le prétendre le faucon ! Il avait craint sa douleur et s’était enflammé de voir la Reine se réjouir ainsi alors que la souffrance faisait se tordre le jouteur dans le sable humide.

La dornienne perdait patience. Éreintée par le procès, encore tourmentée par les pensées de son demi-frère entre les mains du mestre, elle éprouvait quelques difficultés à se tenir encore droite et impassible sur ce siège trop raide. Une seconde d’inattention et elle craignait de se répandre en mille morceaux.
Elle sourcilla et son regard se fit plus dur encore lorsque le Roi du Nord se défendit d’avoir essayé de sauver Daemon.

« Vous avez tenté de comprendre. Certes. Malheureusement cette envie n’a pas ne serait-ce qu’effleurée votre nièce. A-t-elle seulement saisi vos questions ? De cela, j’en suis persuadée. Elle n’a simplement pas voulu les écouter, trop pressée qu’elle était de jouer à la grande Reine autoritaire qu’elle s’est crue incarner. Ou non, peut-être ne les a-t-elle pas entendues à cause du brouhaha qui régnait au cours du procès, » répéta-t-elle avec une exactitude ironique les mots du Arryn.

La mention du Prince Aegon au chevet du Uller ne rassura en rien la brune. Elle connaissait assez le chevalier du désert pour savoir que lors de sa défaite, son corps n’avait pas été le seul blessé en chutant de cheval. Son orgueil et sa confiance également. Et il avait sûrement plus mal mentalement que physiquement. Aussi, la visite d’un dragon ne présageait rien de bon. Ulwyck ne retiendrait probablement pas sa verve sifflante et qu’un autre Targaryen souffre des langues trop pendues des dorniens risquait, une nouvelle fois, de froisser les égos royaux. Et elle n’était pas prête à assister à une nouvelle mutilation de la main de cette reine vengeresse.

À ses côtés, l’agacement de Cletus grandissait. Il n’avait pas besoin d’ouvrir la bouche pour que sa sœur le sente. La sensation picotait sa peau mate et dressait les cheveux noirs de sa nuque. Son silence et ses yeux vifs laissaient présager à une nouvelle gifle verbale qu’il préparait et adapter à mesure que le futur mari de la Stark parlait.
Pensait-il réellement que Dorne ne vivait que d’amour et d’eu fraîche, le tout saupoudré de pêches juteuses et de pâtisseries sucrées ? N’avait-il pas conscience de la richesse et de la fertilité des rives de la Sang-Vert ? Le désert avait plus à offrir que ce qu’il semblait s’imaginer. Cette presque condescendance laissa la lady vexée, rongeant son frein.

Ce fut son cadet qui ouvrit la bouche le premier. Une fois encore, son ton avait changé. Plus irrité, presque brusque, il ne perdait cependant en rien son aplomb et sa confiance. Il voulait que leur interlocuteur réagisse. Depuis le début de la conversation, le Arryn était resté dans sa zone de confort, tournant autour de la chose comme un vautour autour d’une carcasse, un peu curieux, et sans savoir réellement par quel morceau commencer. Malheureusement pour lui, la dépouille qu’il toisait n’était pas encore tout à fait morte.
Valena se figea lorsque les piques à peine dissimulées du dernier-né de Deria jaillirent. Les nerfs à fleur de peau, le frère et la sœur jouaient à un jeu dangereux, mais néanmoins nécessaire. Le rire soudain du faucon la laissèrent dubitative. Se moquait-il ? Ses révélations sur ses relations avec sa nièce laissèrent la brune pantoise, l’œil torve. Il n’avait aucune influence sur la fillette ? Elle n’avait pas besoin d’être perspicace pour le remarquer. La Targaryen n’en avait fait et n’en faisait sûrement qu’à sa tête. Elbert Arryn était-il comme Doran ? Passif ?

« Jusqu’à quand allez vous donc être le catalyseur de ses caprices ? Jusqu’à quand allez vous supporter ses indélicatesses faites non seulement envers vous, mais en votre Royaume ? Vous êtes Roi. Le Roi du Nord et j’ai pourtant la désagréable impression de vous voir soumis à ses sautes d’humeur. Vous portez cependant le même titre qu’elle si je ne m’abuse. »

Sa voix était restée égale et aucun sursaut ne pouvait témoigner de sa colère intérieure. La petite-fille du Fol était-elle comme une enfant capricieuse que sa famille se plaisait de gâter pour éviter ses colères ? Ses oncles, Arryn et Martell, s’aplatissaient-ils devant elle pour ne pas réveiller l’ouragan ? Avaient-ils tous les deux oublié leur indépendance ? Elle n’osait même pas songer au Bief, cette région qu’elle avait avalée depuis bien longtemps, malgré Gunthor qui ne trouvait de fierté qu’en entendant ses serviteurs l’appeler Roi.

« Allez-vous toujours devoir vous sacrifier pour la paix ? Car, dans les mots que vous prononcez, vous semblez bien être le seul à tenter de la préserver. Rhaenys vous pense acquis et se sait protégée. À chacune de ses erreurs, vous serez là pour tenter, désespérément, de remettre les choses en ordre. Comme vous êtes en train de le faire ici même. Aussi, je vous le demande peut-être naïvement, êtes-vous sa Main ? A-t-elle oublié que votre Royaume n’était plus le sien ? »

Loin d’être agressive, elle était même lasse. Le Régent leur annonçait clairement ne pas soutenir les décisions de sa nièce et pourtant, il continuait à s’affirmer son allié sous couvert d’être défenseur de la paix. Mais quelle paix ? Etait-ce la paix que d’acquiescer à chaque erreur de ses voisins pour une prétendue harmonie ? Le faucon se cachait habilement derrière ce grand principe qu’il disait défendre bec et ongles. On réalité, il ne défendait rien du tout. Rien du tout si ce n’était lui. En réalité, il tremblait de peur devant la fillette sur le Trône de Fer.

« Vous vous dites offensé par les actes innommables de votre nièce qui ont pourtant bien eu lieu sur vos terres sans votre consentement. Comment allez-vous réagir à cela ? Qu’allez-vous faire, désormais ? Laissez votre autorité piétinée encore une fois ? L’excusez car elle est, selon vos dires, jeune, impétueuse et maladroite, car elle n’a pas été élevée pour devenir Reine ? Eh bien, elle l’est maintenant. Et vous n’êtes ni son père ni son vassal. »

Elle était réellement curieuse de voir les futurs agissements du Roi. Les actes définissaient les hommes, semblait-il dire. Valena ne le jugerait que sur ceux qui suivraient.

« Aurait-elle le droit d’agir comme elle l’entend, de couper des langues parce qu’une vérité prononcée lui déplaît ? Ce n’est pas la première fois qu’elle agit à l’encontre de votre Royaume, » fit-elle en écho à ses paroles. « Libre à vous de laisser cela se reproduire. Encore et encore. Ou bien d’agir. Vos actes parlent pour vous, n’est ce pas ? »

Ce n’était pas Daemon qui aurait dû être puni. Mais Rhaenys. Car en ne respectant pas l’autorité de son oncle, c’était bien pire insulte que quelques mots qu’elle avait prononcés. Elle avait bafoué le titre du faucon. D’une certaine façon, elle lui avait craché au visage.

« Il faut cesser de pointer du doigt la fierté de mon frère. Elle ne servira pas d’excuse à la cruauté de la Reine ! J’apprécierai que vous ouvriez les yeux à ce sujet, je n’ai de cesse de le répéter. Le procès était joué d’avance. Vous avez d’ailleurs tort sur un point, votre Altesse. La Targaryen a accordé du crédit à la diplomatie de Cletus, n’ayant probablement pas saisi la moitié de ses intentions et de ses mots. Malgré tout, elle n’en a fait qu’à sa tête. »

Elle soupira en déliant ses longs bras drapés de rouge. S’il pensait que le Bâtard de la Grâcedieu se serait roulé au sol en suppliant le pardon de la Cruelle, il était probablement encore plus naïf qu’elle. Cependant, elle ne jugea pas bon de soulever cette impossibilité.

« Lui a-t-elle seulement laissé une chance, l’opportunité de s’excuser ? Non. »






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SANS LANGUE DE BOIS

An 300, Lune 7- Harrenhal - Conflans



valena allyrion & cletus allyrion & elbert arryn

Le jeune régent s’obstinait. En face des deux Allyrions, il y avait un mur auquel se heurtaient leurs paroles. Un mur qui ne voulait rien entendre sinon ce qui viendrait confirmer ses propres dires. Le valois semblait avoir oublié que ce n’était pas des sûdiers précieux à qui il faisait face, mais des dorniens qui étaient nés et avaient grandis dans le désert de Dorne. Leur caractère avait été forgé par le combat permanent contre l’avancée des dunes et non pas par une vie paisible et luxueuse dans un quelconque château entouré de collines verdoyantes. Le Roi du Nord n’obtiendrait jamais d’eux les mots qu’il cherchait visiblement à leur arracher. Comptait-il réellement les amener à penser comme lui en prétendant avoir vécu la même chose ? S’attendait-il à ce que les enfants du Soleil Noir se mettent à pleurer le sort des valois lors du tournoi en se rendant compte d’un égocentrisme que le Arryn leur reprochait sans pour autant le nommer ? Une grave erreur que d’attendre des héritiers du lord de la Grâcedieu qu’ils manifestent la moindre pitié pour des hommes blessés lors d’une joute. Si ce n’était vraisemblablement pas le cas du jeune roi, les Allyrions avaient eux été très jeunes mis au fait qu’un homme qui choisissait de se présenter sur la lice n’avait droit qu’à une chose : les applaudissements. La pitié n’étant que pour ceux qui se retrouvent victime d’un sort qu’ils n’ont pas choisi. C’était ce qu’on leur avait appris, alors que le bâtard courrait les tournois à la recherche de gloire. Mais ce n’était pas la place du cadet que d’éduquer un Roi à ce genre de choses, aussi il laissa sa sœur répondre au régent à ce propos. Le Uller se retrouvait, bien malgré lui, la cause principale de cet incident, tout du moins du point de vue du nordien. Que des jambes brisées amènent à une langue tranchée semblaient dessiner les lignes d’une histoire autrement plus plausible que celle où une jeune reine enlevait la parole à quiconque osait malmener son ego. Finalement il y avait sans doute du vrai lorsqu’on disait que les habitants de la principauté n’auraient jamais la même façon de penser que leurs voisins. Comme son ainée l’avait relevé, ils avaient autant été écoutés à ce procès que s’ils avaient murmuré au milieu d’une foire aux bovins. Le sort du premier fils du Soleil Noir n’avait pas été jugé, mais imposé. Et si la Reine s’était plu à ajouter à sa cruelle sentence quelques fermetures de frontières et un exil qui assurément viendrait contrarier le bâtard dans ses nombreux projets de voyages dans les Terres de la Curonne du Sud, mais aussi dans le Bief dont tout Westeros savait que c’était  la région la plus à même d’attirer les dorniens, elle n’avait fait que confirmer son statut de Reine inapte à répondre au devoir qu’elle avait hérité de son oncle. Gare à celui qui oserait la provoquer d’une manière autrement moins verbale que le dornien, car à coup sûr son geste se verrait payé d’un fléau divin.
Le rire du valois ne déstabilisa pas le dornien pâle, qui avait depuis longtemps appris à ne pas se trouver blesser de tout ce qui pouvait s’apparenter à de la moquerie. « Vous n’avez pas d’influence sur elle mais il est malheureux de constater à quel point l’inverse se révèle vrai. » S’il ne put retenir cette invective, il laissa cependant la lady de la Grâcedieu répondre à ce propos. Le jeune régent qui avait jusque-là fait le choix de défendre sa nièce en venait à leur avouer les coups que cette dernière avait porté à son autorité sur les terres même du Royaume du Nord. Un demi-sourire vint ourler ses lèvres alors que leur royal interlocuteur évoquait le manque d’affection qui le séparait de la Jeune Reine, et qu’il avait sans doute espéré gagner en épousant la tante de cette dernière. « Il n’est pas question ici d’apprécier qui que ce soit. Vous êtes Roi régent, elle est Reine. Vos sujets n’attendent pas de vous que plaisantiez autours d’un verre de vin. De plus nous ne sommes pas vos sujets, de la même façon que nous ne sommes plus ceux de votre nièce depuis plus d’un an. Cette discussion est appréciable et ne manque pas d’intérêt, mais comprenez que nous ne sommes pas dans l’obligation de manifester de l’empathie envers les difficultés que rencontre la Couronne du Sud et du Nord à créer une entente que le sang Targaryen aurait dû maintenir. » Ce n’était pas la place des dorniens d’éprouver de la pitié pour le jeune Roi. Sa nièce était assurément une personne imprévisible, violente, et irréfléchie. Sans doute regrettait-il de ne pas avoir eu Viserys comme homologue du Sud. Il n’appartenait pas aux Allyrions de prendre parti pour le Nord ou pour le Sud dans cette conversation. Dans cette pièce, ils étaient Dorne, et parlaient encore au nom de la principauté, quand le valois était lui le royal représentant du Nord. « N’allez pas croire que nous n’approuvons pas votre volonté de maintenir la paix avec la Couronne du Sud. Dorne souhaite de la même façon, maintenir de bons rapports avec ses voisins, bien que les décisions hâtives et arbitraires de votre royale nièce n’y aient d’ores et déjà porté un coup fatal, je le crains. Nous ignorons encore ce que notre Prince décidera à propos de tout cela, mais je n’ai que peu de doute quant au fait qu’il n’hésitera pas à aller dans le sens de sa nièce pour maintenir la paix, de la même façon qu’il a voilé de silence la mort du dernier ambassadeur venu parlementé avec elle. Il ne tient plus qu’à vous de décider si vous souhaitez afficher la même froideur que la Jeune Reine envers la Principauté, bien que je puisse vous assurez que les terres de Dorne ont bien plus à offrir que des friandises. » Sa main alla se poser à plat sur le bois de la table, cessant de tapoter pensivement le pied de la coupe qui restait pleine et à laquelle il ne semblait pas décidé à toucher. « Mais comme vous le dîtes si bien, il n’est pas aisé de choisir d’aller à contre-sens des caprices de la Reine, nous comprendrions si vous préfériez que nous mettions ici fin à cette discussion, afin que vous puissiez aller la rassurer sur le fait que vous portez le même regard sur Dorne, et sur notre nom. »



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