[FB] Risking it All ! Feat Perwyn (Boadicée)

« Ma chère Edmée, bellissima, je vous affirme que désormais cette proie n’est à personne d’autre qu’à nous »*

Perwyn détourna la tête de la pièce de théâtre jouée par des saltimbanques en pleines rues. Mais qu’importe… Qu’importe. IL se détourna de cette représentation grotesque… Pas que les acteurs soient mauvais, ou que l’histoire soit inintéressante ! Mais seulement son cœur n’était pas là, ni son esprit d’ailleurs. Il jugeait tout cela mauvais uniquement parce que son humeur l’était aussi. Comme-ci son humeur rendait tout cela maussade, inutile… Pathétique. Il aurait adoré… pouvoir être de bonne humeur, découvrir tout cela avec des yeux neufs. Joyeux. Mais ce n’était pas cela… Non, il y avait autre chose qui pesait sur son âme, sur son esprit. Le souvenir d’une corneille aux cheveux bruns et aux beaux yeux qui se faufilait dans ses songes et ses souvenirs… En bougeant, il la vit, du coin de l’œil s’enfuir de la foule.

Perwyn fendait la foule, il avait parlé à bien des nobles aujourd’hui, et il avait appris que Delya Nerbosc était là. Delya. Il l’aimait et il savait que c’était réciproque. Alors pourquoi ! Pourquoi d’un coup elle le repoussait, affirmant que leur avenir ensemble n’était plus possible ? Pourquoi ne répondait-elle pas à ses lettres ?! Certes, elle avait un don de Vervue… Mais est-ce que c’était vraiment cela ? Non, impossible ! Il devait y avoir une autre explication, explication qu’il comptait bien obtenir de la bouche même de la jeune femme. Elle était là, lui aussi, il ne pouvait pas laisser passer cette chance. Pour eux, pour elle, mais surtout pour lui ! Il ne pouvait accepter qu’elle s’arrête ainsi dans leur relation. Peut-être était-ce trop, mais il devait réclamer des explications et tant pis. Il savait très bien qu’il était obstiné et ce qu’il voulait il l’aurait. Delya était une perle rare… qu’il ne pouvait accepter de voir s’éloigner et disparaître. Alors il se dirigeait vers la dame de son cœur pour avoir des explications… Il savait très bien qu’elle était là, mais la voir c’était tout à fait autre chose. Alors… Alors il suivit cette dame au corbeau sur l’épaule.

Elle se dirigea vers la mer, il la suivit. Sans attendre, sans pour autant se presser. Il n’avait pas envie de l’effrayer, ils devaient discuter, et il ne lui voulait pas faire de mal… Il voulait juste une explication, est-ce qu’on pouvait lui en vouloir pour tout cela ? N’est-ce pas ! Non, non il s’avançait sur le sable, mais il ne voyait pas la mer, pas les bateaux au loin, il voyait la corneille jouer dans les cheveux bruns qu’il avait envie de caresser, il voyait la courbe de sa gorge, de sa joue… Il distinguait tout cela. Il s’approcha jusqu’à ce qu’elle se retourne vers lui. Il inclina la tête, caressant la courbe de ses lèvres qu’il rêvait d’embrasser. Il s’avança jusqu’à sa hauteur, s’inclina bien bas à ses mots, il prit sa main, caressant doucement ses doigts fins des siens pour les porter à ses lèvres et y déposer un humble baiser.

« Ma dame. »

Il garda sa main dans la sienne en se redressant.

« La vue est belle. Oui. Mais ce n’était pas cella que j’étais venu voir. Mais bien vous Dame Delya. »

Fit-il d’une voix grave en restant proche d’elle.

*Vampyria La cours des ténèbres Victor Dixen

Elle demeura immobile, comme une statue, le regard imperturbable. Et pourtant leurs mains jointes faisaient parcourir une chaleur incroyable dans tout le corps du chevalier. Il ne pouvait pas lâcher cette main, s’il le faisait, il avait l’impression qu’elle allait fuir, disparaître, s’éloigner comme avant. Non, il ne pouvait pas lâcher cette main, c’était hors de question ! Alors il la tenait et pourtant sans la serrer. Il la tenait, juste pour qu’elle ne disparaisse plus, qu’elle ne s’éloigne plus et que cette chaleur continue de parcourir son corps. Est-ce qu’elle pouvait sentir son amour juste en tenant sa main ? Il l’espérait, tout ce qu’il voulait c’était que ce moment dure. Que cette paix… Reste. Mais il savait qu’il ne pouvait pas. Il voulait des réponses… N’est-ce pas ? Il vit les joues de la femme de son cœur se colorer de rouge, il avait envie d’y poser ses lèvres, elles étaient rouges comme des pommes, et il lui semblait qu’elles étaient aussi délicieuses. Plus intéressante qu’elle ? Il inclina la tête.

« Pourtant, la mer n’a pas votre voix, n’a pas vos joues ni votre parfum. Elle n’a pas votre esprit. »

Elle essayait l’humour, mais il était là pour parler sérieusement malgré tout. Elle ne fuirait pas, pas cette fois, c’était hors de question. Il se retient de jurer quand ce corbeau, il avait brusquement envie de lui tordre le cou à ce stupide volatile ! Delya en avait profité pour retirer sa main. Il avait envie de la reprendre, mais au moins elle ne disparaissait pas. Il la regarda apaiser son stupide corbeau en silence. Il le haïssait parce qu’il l’éloignait d’elle. Et elle parla à nouveau quelque part dans le vide et ses sourcils se froncèrent.

« Cela fait quelque temps maintenant, mais je vous en remercie. Cela me permet de voyager et de découvrir un peu plus le monde. Vous étiez dans les premières, en-dehors de ma famille, à qui je l’ai annoncé. Je l’ai su, je vous l’ai écrit presque immédiatement. »

Peut-être que la lettre s’était perdue ? Non, il avait grand doute. Il ne croisa pas ses mains dans son dos. Et pourtant il en avait des questions. Beaucoup ! Il devait rester calme.

« Peut-être que le corbeau qui vous l’a apporté s’est égaré ? »

Un peu trop incisif, il se fustigea mentalement sans la lâcher des yeux. Son cœur se serra douloureusement lorsqu’elle lui apprit qu’effectivement elle avait bien reçu sa lettre. Elle ne pouvait pas. Il inspira profondément en carrant ses épaules. Ne pas s’énerver. Il secoua légèrement la tête.

« Vous ne pouvez pas. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi votre don nous empêche d’être ensemble ! Je… Je l’accepte ! Je vous aime même si vous avez des périodes plus compliquées que d’autres ! Je… Je peux vous aider ! Je ferais de mon mieux ! Mais non, je ne comprends pas ! Vous me l’avez dit, mais cela n’a aucun sens ! »

Il avait envie de la secouer, d’hurler ! Mais il se retient.

« Je veux comprendre ma dame. »

Il inspira à nouveau, il avait fait un pas vers elle et tendit la main pour reprendre la sienne.

« S’il vous plaît. Cela n’a aucun sens. Je sais que vous m’aimez ! »

Une explication, elle ne pouvait pas lui refuser cela. Pas vrai ?

*Shades of Magic V.E Schwab P 178

   

Perwyn resta surpris une demie seconde face à la colère de sa belle et il refusa cependant de reculer face à elle. Il n’était pas un charlatan dans ses sentiments. Il ne voulait que la vérité… Et il l’aurait. Arrogant ? Il pouvait l’être… alors il répliqua également :

« M’auriez-vous rendu mon baisé si vous ne m’aviez pas aimé ? Voilà d’où je tiens mon arrogance à prétendre vos sentiments ! »

Il resta silencieux alors que sa belle brune déversait enfin ses explications. Elle n’était plus vraiment là… Il serrait les poings, il voulait bien le croire, quant aux enfants… Au vu de la famille Frey… Et si lui ne voulait que son affection à elle ? Et qu’il ne voulait pas d’enfant ?! Il secoua la tête, il ne la laisserait pas s’échapper avec ces excuses. Il ne l’entendait pas ainsi, il l’aimait… Et il souffrait de ne pas l’avoir à ses côtés.

« Je me moque que vous ayez des épisodes où vous ne serez plus vous-même. Cela sera vous ! Parce que cela fait partit de vous ! Qu’importent les enfants ! Je suis un énième fils, je veux profiter de vous à vos côtés. Vous pourrez m’épauler. Vous le dites vous-mêmes, ces périodes horribles ne sont pas revenu. Peut-être qu’elles ne reviendront plus et je suis prêt à prendre le risque ! »

Elle venait de lui tendre une perche en or qu’il saisit au vol sans même attendre alors qu’il reprenait ses mains pour l’empêcher de s’éloigner de lui.

« Vous ne comprenez pas ma dame ? Si les anciens vous ont montré ma personne… C’est… C’est que je suis sans aucun doute capable d’être à vos côtés, de vous épauler dans ces malheur. Je sais que je peux le faire. »

Il porta les mains de la jeune femmes à ses lèvres et fit un pas vers elle à nouveau, les racines de son amour étaient profondes. Elle devait juste y croire.

« Vous ne pouvez pas me faire confiance ? Ne voulez-vous pas avoir la foi dans ma force ? Que je pourrais vous supporter et vous aider ? »

Il s’accrochait comme le lierre à elle.

   

L’homme détaillait le visage de la jeune femme en face de sa personne. Son regard s’attardait sur les embruns s’égarant dans les cils longs et courbés de Delya. Les gouttes ressemblaient à autant de minuscules diamants que toutes les larmes qu’elle ne semblait pas versée alors que, Perwyn en était persuadé, son cœur mourrait d’envie de laisser couler. Sous ses cils de biche, ses grands yeux qui l’attiraient. Son envie de lever la main pour cueillir ces perles salées lui éteignit le cœur. La lutte pour ne pas le faire le tirailla un instant, mais le geste ne fut pas accompli. Une bouffée d’oxygène gonfla à nouveau ses poumons alors que sa voix déclamait tout l’amour présent dans son être pour la belle jeune femme.

Ses réponses, c’était uniquement cela son désir. De véritables excuses et non plus des excuses et des fuites. C’était assez pour sa personne. Perwyn avait soif d’elle, de ses lèvres de tout son être… Non, le jeune ambassadeur ne pouvait la laisser s’enfuir. Ses mains gardaient les siennes comme autant de trésor. Son cœur imagina une autre réalité, ou sa personne aurait été un seigneur bien plus important que tout le reste, un homme dont la volonté faisait loi. Peut-être même le seigneur du Conflan lui-même. Sa parole aurait fait loi et Delya n’aurait pu que se plier à leur amour. Leur règne aurait été ainsi doux, au goût du miel et du soleil, au goût de ses lèvres à elle. Intelligents et puissants… voilà, dans une autre vie, l’ambassadeur était seigneur et sa dame son épouse. Mais ce n’était pas dans cette réalité-là que foulaient ses pas.

Enfin, sa douce reprit la parole et leurs regards se mêlèrent à nouveau. Ses oreilles entendaient, mais son cœur ne semblait pas vouloir comprendre les mots de Delya. La foi ?!

« L’amour est une forme de foi ! Je ne vous empêcherais pas de… de pratiquer votre foi… Je vous accompagnerais même si je le dois pour vous rendre heureuse ! »

Son cœur rata un battement quand la jeune corneille se jeta à son cou, aussitôt, le Frey l’enveloppa dans ses bras, lui rendant son baiser sans aucune hésitation. Son désir était de plus en plus grand pour elle, ses lèvres se pressaient contre les siennes et ses mains caressaient ses cheveux comme pour l’empêcher de partir. Son envie de la garder là était plus que présente. Mais, la jeune brune s’arracha à sa personne et u léger grondement sortit de sa gorge. Ce n’était pas assez à son goût. Pourtant, elle reprit la parole et ses mots traversèrent son cœur comme autant de flèches barbelées. Des instants fugaces… Ce n’était pas assez et surtout, cela n’avait pas de sens !

« Vous ne pouvez pas vous contenter de cela ! »

Et c’était également son cas. C’était tout ? C’était tout ce qu’elle lui proposait ? Non ! Perwyn ne pouvait pas accepter cela aussi simplement. Son étreinte ne se desserrait pas autour de la jeune femme alors que le jeune homme secouait la tête.

« Vous ne pouvez vous contenter d’une demi-vie ! Est-ce cela que vos dieux réclament ? Que vous ne viviez même pas réellement ? Que vous vous perdiez ? Je suis émissaire ! Ma place est dans le monde entier ! »

La colère et l’amour ne faisaient pas bon ménage…Perwyn avait à cet instant la sale impression d’être à Dorne, avec une proposition de relation légère ! Comme-ci eux là-bas ne connaissaient pas la valeur d’un mariage et que seul l’amour léger comptait. Le Frey ne pouvait croire que Delya était aussi proche de cette pensée

   

Perwyn sentit sa belle s’éloigner de ses bras, comme un signe de protestation face à ses mots. Pourtant, il était sûr d’avoir raison. Il voulait bien faire des concessions, mais il ne se voyait pas juste l’aimer rapidement, dans une pièce à peine éclairée par deux bougies dont la cire n’aurait pas eu le temps de fondre qu’ils devraient tout deux s’éclipser. Non, ce n’était pas cela qu’il voulait. Et pour autant c’était la seule chose que sa belle lui permettait alors qu’elle remettait un espace entre eux. Elle ouvrit la bouche pour déverser une averse de mots et de reproches. Ses poings se serrèrent face au harpon de verve qu’elle venait de lui enfoncer dans le cœur. La perdre ? Il l’avait perdu, il l’avait compris. Il l’avait compris au moment où elle s’était livrée aux Anciens Dieux. Et pourtant, cela faisait mal de se le prendre en pleine face.

Il entendait derrière lui le murmure de la ville comme un rappel qu’il devait rejoindre le monde des vivants et non pas rester avec une femme se sacrifiant pour des dieux sans visage. Il n’y aurait que le temps comme antidote au poison de l’amour qu’elle avait enfoncé dans son cœur. Il serra de plus en plus fort les poings sans la lâcher du regard. Il ne devait pas craquer, pas céder à sa pulsion de la secouer par les épaules en lui hurlant de cesser cette folie. Non, il était au-delà de tout cela. Elle voulait rester une Nerbosc ? Une prison ? C’était tout ce qu’elle voyait pour lui et elle ? Une putain de prison ? D’un geste lent il plongea sa main dans sa veste. Une demi-vie. Il voulait plus pour elle, mais si elle s'en contentait…. Il lui tendit le paquet pou elle trouverait, un peigne en argent gravé de corbeau.

« J’avais fait faire cela pour vous. Mais vos mots m’ont ouvert des yeux. Nous ne sommes pas accordés sur cela. Mais si vous estimez que cela est mieux pour vous. Alors je ne peux que me courber, n'est-ce pas ? Si je ne l'acceptais pas, que vous ne souhaitez pas… être autrement à mes côtés que de manière sporadiques… Serais-je quelqu'un de bien mauvais, n'est-ce pas ? Je vais… vous laissez, j'ai besoin d'être seul. »

Il s'inclina, malgré tout, se détourna pour retourner en ville, prendre de la hauteur sur la situation. Il avait fait un effort monstrueux pour ne pas laisser sa colère et sa déception prendre le dessus. Mais il avait besoin de réfléchir sur la situation, de reprendre son calme. Elle ne voulait rien de plus que quelques instants rares à ses côtés. Est-ce que lui pourrait se contenter de cela ? Pour l'instant il ne savais pus. Il ne savait plus où il en était.