Affaires de dragon | ft Cersei

Enceinte jusqu’aux yeux, Rhaenys commençait à être fatiguée. A terme, l’enfant pouvait arriver d’un jour à l’autre. Elle se ménageait de plus en plus. Réduisant ses sorties, elle ne sortait que pour se dégourdir les jambes et uniquement durant une vingtaine de minutes. Elle ne pouvait plus aller voir Hura à Fossedragon et elle ressentait l’inquiétude de sa dragonne face à cette absence. Plusieurs fois par jour, la dragonne venait voler autour du Donjon Rouge, s’assurer que sa dragonnière allait bien. Rhaenys entendait même ses mâchoires claquées et des grondements quand elle passait proche de l’endroit où le dragon rouge de la fille de Tywin Lannister avait décidé de nicher pendant son séjour. La Targaryen était presque sûr que sa dragonne n’appréciait pas de voir Vaelarr trop proche du Donjon Rouge. Quand Rhaenys se sentait en forme, elle sortait sur le balcon de ses appartements pour tenter de rassurer la dragonne grise. Cela suffisait suffisamment pour convaincre la dragonne de retourner dans son nid ou de partir chasser.

La jeune femme commençait à somnoler, mais elle fut tirée du sommeil par un nouveau grondement de Hura. Des dents claquèrent un peu plus fortement que d’ordinaire. Elle soupira, visiblement Hura ne la laisserait pas s’assoupir. Difficilement, elle se leva, posant une main sous son ventre énorme. Quand Gella l’aperçut, elle se dépêcha de venir aider la princesse qui la repoussa doucement.
« Va me chercher Lady Cersei s’il te plaît.
- Tu dois te reposer.
- Dis alors à ma dragonne de me laisser faire une sieste ! Je vais me mettre dans le petit salon près du balcon, fait la venir et dis à une servante de monter des boissons et une collation. »

Gella soupira et laissa la princesse et alla quérir la lionne. Rhaenys s’installa dans un fauteuil confortable qui était souvent devenue son meilleur ami depuis ses dernières lunes. En attendant que son invité n’arrive ainsi que la servante chargée de ramener de quoi rafraichir la princesse et la lionne, la brune laissa son regard vagabonder vers l’extérieur. Parfois elle voyait Hura voler grondant quand elle passait proche de Vaelarr. La Targaryen tenta d’user de son lien pour apaiser la créature. Mais aussi têtue que sa dragonnière, cela ne fonctionnait que très rarement. Et encore une fois, cela ne fonctionna pas. En guise de réponse, elle eut le droit à une longue plainte de frustration. Elle vola très près des murs de la tour de Maegor, faisant vibrer l’air et les pierres.
« Ok d’accord ça va j’ai compris, grommela Rhaenys en haut valyrien, je ne me lèverais pas pour autant. »

En guise de réponse, une nouvelle plainte résonna au-dessus de Port Réal et Hura continua son manège dans les airs.

Quelques coups secs frappés à la porte lui firent tourner la tête et vit une servante les bras chargés d’un plateau. Rhaenys lui désigna un guéridon situé entre les deux fauteuils pour qu’elle pose son chargement. Elle finit par disparaître après une légère révérence. Quelques minutes plus tard ce fut Gella qui arriva.
« Lady Cersei Lannister, Votre Altesse. »

Rhaenys se redressa, prête à se lever pour accueillir la lionne mais son ventre lui hurla un non de protestation avec une contraction qui la fit se raviser aussitôt avec une grimace. Du coin de l’œil, la brune vit sa servante se figer, prête à intervenir au besoin. Elle se détendit quand elle entendit la voix de la princesse retentir et quitta la pièce pour leur laisser de l’intimité.
« Lady Cersei, pardonnez-moi de ne pas pouvoir me lever, mon corps m’indispose de plus en plus ses derniers jours. »

Elle l’invita à s’assoir dans le deuxième fauteuil et se recala elle-même dans le sien afin de libérer les quelques tensions qui s’étaient invités avec la contraction. Au loin un nouveau claquement de mâchoire retentit. Rhaenys se retint de soupirer mais ferma un instant les yeux de dépit.
« Je voulais m’assurer que ma dragonne n’importunait pas trop le vôtre. Et que ses grognements et claquements de mâchoires n’en restent qu’à ça et qu’elle ne lui cherche pas trop d’ennuie. »

Rhaenys entrait dans le vif du sujet, mettant les pieds dans le plat directement. Hura était insupportable et elle voulait que la Lannister sache qu’elle avait conscience de cela. Malheureusement, quoiqu’il en résultat, Rhaenys ne pouvait intervenir. Elle pouvait demander à Aegon d’essayer ou d’utiliser Jaelix pour calmer Hura mais ce n’était absolument pas sûr que cela fonctionne.

La Lionne avait affiché un visage plein de confiance à son arrivée à la capitale, mais ce qu’elle redoutait le plus et lui nouait la gorge s’était produit à peine quelques heures après son arrivée. Depuis le jour de son éclosion, Vaelarr avait grandit sans voir ne serait-ce que l’ombre d’un de ses congénères. Aujourd’hui, le voilà confronté non pas à un, mais à deux dragons. Ce fut d’ailleurs l’un des sujets de discussion du soir même, au dîner, avec son père et son petit-frère. Comment allait-elle se faire obéir de Vaelarr si, tout d’un coup, l’envie lui prenait d’attaquer le dragon du Prince Aegon ou celle de la Princesse Rhaenys? Cersei avait alors appuyé sur le fait qu’elle avait gagné en autorité sur Vaelarr, ce dernier lui obéissant bien plus que dans le passé. Mais un dragon restait un dragon; une créature sauvage et imprévisible. Et les Dieux en avaient été témoins, mais Vaelarr était loin d’avoir un caractère facile et paisible.

Cersei dormit donc très peu, au début de son séjour. Constamment en éveil et en alerte au moindre bruit, elle se tenait prête à courir s’il le fallait pour le rejoindre et empêcher que les trois dragons ne se mettent à se battre à grands renforts de flammes, de dents et de griffes au-dessus des toits de milliers d’âmes. Heureusement et pour son plus grand soulagement, Vaelarr semblait plus amorphe que belliqueux. Il s’était trouvé un bout de plage, en contrebas des jardins du Donjon Rouge, et s’était roulé en une grosse boule rouge contre les parois rocheuses. Il ne montrait sa grande et longue envergure que pour aller chasser. Où se rendait-il pour cela? Cersei n’en avait aucune idée mais lorsqu’il revenait, il retrouvait sa plage au bord de la Néra…et entamait un long concert plaintif destiné à sa mère pour lui exprimer son envie de retrouver son domaine à lui sur Belle Ile. Il ne s’arrêtait que pour deux raisons, avait observé Cersei: quand elle venait le voir (et elle devait le faire souvent pour qu’il se taise suffisamment longtemps afin que les habitants de Port-Réal puissent dormir) et quand la dragonne grise de la Princesse Rhaenys survolait son emplacement. Elle avait été présente, lorsque cela s’était produit. Vaelarr ressentait la présence de celle qui répondait au nom de Hüra autant que cette dernière avait remarqué l’arrivée de ce nouveau dragon sur son domaine. D’ailleurs, Hüra ne semblait guère apprécier Vaelarr et le lui faisait clairement comprendre à grands renforts de claquements de dents et d’un survol constant du Donjon Rouge. A ses côtés à ce moment-là, Cersei s’était doucement approchée de lui et avait doucement posé une main sur son flanc.

— Reste tranquille, avait-elle soufflé, et ces mots avaient l’intonation d’une prière plus que d’un ordre.

Vaelarr avait redressé son long cou rouge et avait dardé vers les cieux et Hüra un regard plein d’attention et de curiosité. Sa gueule s’était ouverte mais aucune flamme, ni même fumée, n’en sortit. A la place, ce fut un claquement de dents similaire à celui de Hüra qui s’échappa. Puis il s’enroula à nouveau sur lui-même et lâcha un long soupir las.

— Tu t’ennuies ici, n’est-ce pas? lui dit-elle en faisant courir ses doigts sur ses écailles chaudes. Nous rentrerons bientôt, je te le promets. Nouveau soupir de Vaelarr. Le jugeant suffisamment calme pour qu’elle le quitte, Cersei s’en retourna au Donjon Rouge et passa le reste de la journée avec ses proches et ses connaissances venues assister au tournoi.

Deux jours plus tard, comme probablement beaucoup d’autres, Cersei fut alertée par un bruit de mâchoires claquant bien plus fort que d’ordinaire. A l’oreille, Cersei comprit qu’il ne s’agissait pas de Vaelarr; l’intonation du grondement qui avait suivi ne lui ressemblait pas. Si ce n’était pas lui, ce ne pouvait donc être que Hüra, Jaelyx n’ayant pour l’instant guère manifesté sa présence. Elle lisait au moment où ce bruit lui parvint. D’un geste sec, elle ferma son livre et releva légèrement ses jupes pour lui permettre de marcher plus vite sans avoir à courir. La journée était bien avancée et elle ne souhaitait pas donner à tous le spectacle de sa hâte à devoir courir en catastrophe vers son dragon. Elle se trouvait encore dans les couloirs menant vers ses appartements lorsqu’une jeune femme qui se présenta sous le prénom de Gella, lui demanda de la suivre car la Princesse Rhaenys souhaitait la voir. Un rictus de mécontentement passa sur son visage et sa langue claqua contre son palais. Elle n’aimait pas se faire chercher ainsi comme n’importe quelle dame. Mais que dire lorsqu’on se fait demander par un membre de la famille royale ? Rien. Elle exprima malgré tout son mécontentement d’être arrêtée de façon aussi imprévue dans sa course par un long soupir puis suivit Gella jusqu’à l’aile occupée uniquement par la Maison Targaryen. Le trajet se fit sans un mot et, lorsqu’elle fut annoncée à la princesse, c’est droite, fière et sans la moindre trace de frustration sur le visage qu’elle entra dans ses appartements. A la place, elle lui offrit son plus beau sourire empreint de compassion face à la grossesse presque à terme de la princesse.

— Vous n’avez pas à vous excuser pour cela, Votre Altesse, répondit-elle en s’inclinant devant elle. Je sais parfaitement ce que vous traversez. Lorsque je me trouvais dans votre état, je priais pour que la délivrance arrive promptement. Mes prières étaient en revanche tout autres lorsque ce moment finit enfin par arriver.

Elle la rejoignit et s’installa dans le fauteuil qu’elle lui désignait, près d’elle et face à une petite table garnie de victuailles. Elle la remercia d’un petit hochement de tête avant de se tourner brièvement vers une des fenêtres de la pièce car un nouveau claquement de dents mécontent se fit entendre. Son anxiété à l’égard de Vaelarr grandit d’un coup.

— Je ne peux nier que Hüra sait se faire remarquer, Votre Altesse, dit Cersei en se retournant vers Rhaenys. Elle est chez elle. C’est Vaelarr qui lui impose sa présence. Sa réaction à son encontre est normale et pour être honnête avec vous, je doute que Vaelarr aurait réagi différemment si c’était vous, et Hüra, qui vous étiez trouvées sur son domaine sur Belle Ile. Peut-être même se serait-il montré encore plus véhément et menaçant dans ses avertissements. Elle s’interrompit et repensa à la réaction de Vaelarr, lorsque Hüra l’avait survolé et qu’elle en avait été témoin. Vaelarr sait qu’il n’est pas chez lui. Hüra le lui a bien fait comprendre mais il l’a aussi bien remarqué en retour. Il l’observe beaucoup et longuement. Il lui arrive même parfois de répondre à ce que nous venons d’entendre. Peut-être est-ce cela qui aura déplu à votre dragonne. Sa réponse…

Cersei pencha la tête sur le côté et eut un sourire qui se voulait rassurant alors qu’elle-même ne se sentait guère rassurée de savoir Hüra et Vaelarr livrés à eux-même. « Fais-lui confiance », s’intima-t-elle. « Plus tu t’inquiètes, plus il le ressent et plus la situation risque de dégénérer. » Pour se changer les idées, Cersei se pencha vers le guéridon et entreprit de leur servir à boire. Une boisson chaude et parfumée emplit l’air de la pièce.

— Ce sont des créatures bien mystérieuses n’est-ce pas? Et si différentes les unes des autres. Qu’en est-il de Jaelyx? A ce jour, je ne l’ai guère vu et il semble moins concerné par la présence de Vaelarr que ne l’est votre dragonne.

Réaction Vaelarr vis-à-vis de Hüra

@Rhaenys Targaryen   | dialogue : gras | pensées : italique

Cersei ne sembla pas prendre ombrage de l’immobilité de Rhaenys. La lionne avait eu plusieurs enfants dont des jumeaux, et savait mieux que beaucoup que les derniers jours d’une grossesse était désagréable au possible. Oui Rhaenys priait pour que sa délivrance arrive avant le début du tournoi, cependant elle aimerait éviter d’accoucher devant la lionne. La dragonne se massa d’ailleurs le ventre, pour forcer ses muscles à se détendre.

Entrant dans le vif du sujet une fois que la fille de Tywin était installée, cette dernière semblait peu à l’aise. Etait-ce à cause des dragons ? Du sujet ? Rhaenys éliminait le fait que Cersei se trouvait dans un des appartements royaux, il en fallait surement bien plus pour mettre une Lannister dans l’embarras. Mais visiblement, elle n’était pas offusquée de l’accueil du Hura envers Vaelarr. Mais elle n’était pas très rassurée. Et si les deux dragons venaient un jour à s’affronter, les dégats risquaient d’être important, et ceux pour tout le monde.
« Elle n’est pas ainsi d’habitude, ce n’est pas une dragonne territoriale d’ordinaire. Je doute que ce soit Vaelarr en lui-même qui provoque ce comportement. Cela fait quelques semaines que je ne peux plus aller la voir à cause de… » ses yeux se baissèrent sur ventre énorme et désigna avec ses mains son état. « Je pense que ça l’inquiète et elle a toujours été surprotectrice. Je ne pense pas qu’elle défende son territoire en particulier, mais plus qu’elle cherche à me protéger de ce que pourrait potentiellement faire le vôtre. Le risque est totale minime, mais je pense qu’elle ne le perçoit pas comme ça. »

Et puis Hura ressemblait beaucoup trop à sa dragonnière pour être raisonner. Têtue, sauvage et impulsive. Avec l’état dans lequel Rhaenys se trouvait et l’effervescence qui régnait à Port Réal avec le Tournoi, la dragonne avait de quoi se montrer inquiète pour la princesse. Mais elle était un peu excessive dans ses démonstrations. Cela pouvait en surprendre certains, d’autres pas du tout. Après tout, elle avait failli mordre Robar et son père plus jeune…alors un simple claquement de mâchoire…

Cersei leur servit à boire et Rhaenys la remercia d’un léger sourire avant de répondre à ses questions.
« Oui et nous avons perdu bien des savoirs avec leur disparition. Il faut tout réapprendre. » La jeune femme plongea ses lèvres dans la boisson chaude. La chaleur la détendit quelque peu. « Jaelyx est assez singulier je dois dire. Je crois que même mon frère a du mal à le cerner. Il est assez sauvage mais je suis étonnée qu’il n’est pas cherché à interagir avec Vaelarr. Peut-être que le fait que Hura le fasse le désintéresse totalement ? Après je ne l’ai jamais vu très protecteur envers quoique ce soit ou qui que ce soit. Ce n’est pas un dragon très agressif bien qu’il possède son petit caractère d’après mon frère. »

Aegon n’avait jamais chevauché son dragon, il s’était résigné sur le fait qu’il ne pourrait probablement jamais le faire. La créature lui avait exprimé à sa manière sa non approbation à l’exercice, plongeant le prince dans un grand moment de doute vis-à-vis de Jaelyx.

La Lionne hocha imperceptiblement la tête aux paroles de la princesse. Tout en goûtant la boisson chaude qui lui brûla les lèvres et la langue, elle songea qu'il y avait sans doute du vrai dans le raisonnement de la dragonnière de Hura. Elle n'y avait pas pensé de prime abord, estimant que ce ne pouvait être qu'une tactique d'intimidation envers Vaelarr, l'intrus sur son territoire, puisqu'elle était certaine qu'il aurait lui aussi agit de la même façon si la situation avait été inversée. Or, Cersei ignorait tout du caractère de cette dragonne et du lien qui l'unissait à sa dragonnière. Certes, tout comme son lien avec Vaelarr était puissant, elle imaginait fort bien que celui entre Rhaenys et Hura l'était tout autant avec, néanmoins, quelques différences, à commencer par ce besoin de Hura de sentir sa dragonnière près d'elle aussi souvent que possible. Cersei sourit intérieurement car sur ce point, Vaelarr et son caractère bien solitaire, était différent, quoiqu'ils s'étaient rapprochés tous les deux depuis les événements à Ferren. "Bien sûr. Je n'y avais pas songé. A mes yeux, ce ne pouvait qu'être Vaelarr, la raison de son énervement. Mais vous la connaissez mieux que moi. Vous semblez avoir avec elle une relation très fusionnelle. Vous lui manquez et.... Cersei s'interrompit, ses yeux glissant sur le ventre de la princesse. "Si vous me permettez cette remarque, Votre Altesse, elle doit ressentir votre douleur. Cela aussi doit l'inquiéter. Lorsque j'ai été blessée durant le siège de Ferren, Vaelarr s'est tout de suite comporté différemment. Comme s'il avait ressenti ma douleur et voulait me protéger." A moins qu'il n'y ait encore d'autres raisons, comme la foule considérable et venant de pratiquement tout le royaume pour ce tournoi. Pourtant, Cersei restait persuadée qu'elle voyait juste avec sa théorie sur la douleur. Le fait de revivre ce moment à Ferren réveilla sa blessure au mollet, atteint d'une flèche ennemie. La Lionne serra les dents tout en entendant encore le furieux rugissement de son dragon au moment où la flèche s'était enfoncée dans sa chair.

Pour chasser ce souvenir, elle but une gorgée de sa boisson qui avait un peu refroidit depuis qu'elle l'avait servi et dont les arômes étaient aussi fleuris que sucrés. Rhaenys fit d'ailleurs de même et la chaleur de la boisson sembla la détendre un peu. "Voilà qui est fort déplorable" commenta-t-elle dans un soupir en tendant le bras pour poser son gobelet sur le guéridon. "Peut-être serait-ce à nous, nouveaux dragonniers, d'en rédiger? Pour la postérité..." Cersei pensait tout haut mais les paroles de la princesse ne faisaient que confirmer ce à quoi elle avait déjà pensé. Puisqu'il n'y avait plus aucune trace écrite connue au sujet des dragons, de leur vie et de leur comportement, pas même dans les grandes salles d'archives de la Citadelle, pourquoi ne pas rédiger son propre recueil? Qu'adviendrait-il des dragons s'ils survivaient à leur dragonnier? Cersei avait entendu parler d'une créature sauvage dans le Conflans, abandonné suite au décès de sa dragonnière. Et comme Rhaenys venait de le souligner, chaque dragon est différent. "Vous avez sans doute raison. Il est vrai que Hura se montre suffisamment véhémente pour deux!" Ses lèvres s'écartèrent pour dévoiler une rangée de dents nacrées. "Peut-être pourrions-nous un jour chevaucher ensemble ? Lors d'une de mes prochaines visites à la capitale ou si d'aventure vous étiez de passage sur les Terres de l'Ouest ? Je suis habituée à voler seule mais j'aimerais pouvoir vivre un jour cela avec un autre dragonnier ou une autre dragonnière. Nous ne nous connaissons guère mais je connaissais bien notre regretté Roi. Votre père était un homme bon et un grand roi. Il avait beaucoup d'affection pour vous et me traitait en amie, malgré notre passé. En tout cas, vous m'honoreriez si vous acceptiez ma proposition."

Réaction Vaelarr vis-à-vis de Hüra

@Rhaenys Targaryen   | dialogue : gras | pensées : italique

Rhaenys ignorait si elle avait une relation fusionnelle avec sa dragonne. Elle n’avait pas réellement de point de comparaison. Elle voyait bien que sa relation était plus forte que celle qu’avait Aegon et Jaelyx, mais son frère était son seul point de comparaison. Elle avait les récits de son amie Wynafryd, mais n’avait pas vraiment pu l’expérimenter de ses yeux. Les récits de son amie se rapprochaient de ce que la dragonne ensoleillée pouvait vivre. Elle ignorait comment la lionne qui se trouvait face à elle pouvait vivre sa relation avec son dragon écarlate. Et la remarque de Cersei la laissa songeuse. Ses mains se posèrent sur son ventre prêt à exploser tellement qu’elle était proche de son terme. Sa fin de grossesse était bien plus compliquée que pour son aînée. Probablement avait-elle raison ? Son accouchement serait-il différent ? Plus compliqué ? C’était une crainte que Rhaenys ne pouvait s’enlever de sa tête. Elle ressemble tellement à sa mère physiquement qu’elle était inquiète. Elia avait failli laisser la vie en donnant naissance à Aegon et les mestres lui avaient dit que ce serait le dernier enfant qu’elle porterait. En serait-ce de même pour la Targaryen qui portait le soleil sur sa peau ? Elle n’avait pas la santé fragile d’Elia Martell mais ses formes restaient proches de sa mère. Peut-être que Hura sentait tout cela comme le suggérer Cersei.
« Votre hypothèse est intéressante. Lors de ma précédente grossesse elle n’avait pas eu ce genre de comportement aussi vindicatif, je souffrais beaucoup moins. Cela expliquerait son agitation effectivement. »

Rhaenys n’avait jamais amené sa dragonne sur un vrai champ de bataille, Hura avait servi pour dissuader, faire peur lors de la prise de Chutebourg. Mais la princesse et sa dragonne n’avait pas participer à l’assaut, restant en retrait. Pour cela, Cersei avait bien plus d’expérience qu’elle ne la matière. Si son dragon avait réagi à sa blessure lors du siège d’une maison rebelle, alors peut-être que la douleur que recenser la sœur du Roi provoquait ce remu ménage chez Hura qui s’inquiétait bien trop.

Que les nouveaux dragonniers documentent des ouvrages via leur connaissances pouvaient être intéressant, et cette fois le faire en langue commune car les dragons ne se liaient plus uniquement au sang valyrien. Le peu d’ouvrage encore accessible était rédigé en Haut Valyrien, une langue réservée à une élite à Westeros et seule les Targaryen pouvait se targuer de comprendre toutes les subtilités de cette langue qui était la leur depuis des centaines d’années. Certains fanfaronnaient de le comprendre et de le parler mais les erreurs d’interprétations, de traductions et les fautes de constructions étaient nombreuses. Ils se rendaient parfois ridicules à tenter de parler cette langue qui n’était pas leur langue natale. Qu’ils en restent à la langue commune plutôt qu’à des choses qu’ils ne connaissaient pas ou peu.
"Effectivement, cela pourrait aider les futurs dragonniers."

Rhaenys eut un sourire amusé à la remarque de Cersei. Il était vrai qu’il fallait profiter du fait que Jaelyx était totalement désintéressée de Vaelarr, un dragon véhément était largement suffisant pour la capitale. Mieux valait éviter que trois dragons se battent au-dessus des centaines de milliers de tête.

Les yeux de Rhaenys se tintèrent d’une légère mélancolie quand Cersei évoqua le défunt Roi. Rhaegar lui manquait quotidiennement, ce père qu’elle avait vu sombrer, qu’elle n’avait pas su aider, qu’elle avait tenté de maintenir dans la lumière le plus longtemps possible. Parfois, elle se disait qu’elle aurait pu éviter ce drame, être restée à ses côtés à Peyredragon. Mais le passé était le passé, elle ne pouvait ni revenir en arrière, ni le modifier. Elle ne pouvait que vivre avec ce qui avait été et avancer.
« Ce serait avec plaisir lady Cersei. Je devrais être de passage sur vos terres dans le courant de l’année, une fois remise de mon accouchement et que mon enfant n’aura plus besoin de mois au quotidien. Nous irons voler en la mémoire de mon père. Il aurait probablement aimé me voir chevaucher Hura tandis qu’il se serait occupé de ses petits-enfants. »

Mais si Rhaegar avait été en vie, Rhaenys n’aurait jamais pu épouser Durran et n’aurait jamais donné naissance à sa fille et à cet enfant qui se faisait attendre. Les Sept avait une drôle de façon de lié les destins entre eux.