Of Gold and Silver | ft Myrielle & Azilys

C’était la première fois qu’Alyx se rendait à Port Réal. Elle avait voyagé dans quasiment tout Westeros sauf sur les Terres de la Couronne et dans le Nord. Alors comme ses enfants, elle découvrait la vue du Donjon Rouge et une ville grouillante de vie avec ses avantages et ses inconvénients. Fort heureusement pour les autres, l’héritière de la maison Lefford était de bonne humeur, l’idée de revoir des têtes qu’elle appréciait et qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps la réjouissait. Bien évidemment, il y en avait d’autres qu’elle préférait soigneusement éviter afin d’éviter que sa langue de vipère ne s’égare à répandre son venin. Un venin fort dangereux. Peu de personne savait que l’extinction de la maison Farman n’était pas dû à quelque chose de naturelle. L’épidémie avait été provoqué, manigancée par Alyx depuis la Dent d’Or. Elle était dangereuse, et beaucoup avait voulu l’oublier car avec la guerre, elle était restée dans la forteresse familiale à gérer le fief de son père pendant que lui et Daven guerroyaient. Si l’âge et la maternité avaient un peu assagie la ouestienne, elle gardait tout son piquant et son sale caractère. Port Réal ne la connaissait pas mais probablement que réputation la suivrait et viendrait prendre également dans la capitale des Sept Couronnes.

Cette après midi là, la Lefford avait prévu de retrouver sa meilleure amie Azilys mais également sa belle-sœur et cousine Myrielle. Elle s’organisa avec les siens, ne pouvant s’occuper des enfants. Pour Damon, elle n’eut aucun mal. Le petit protéger de la famille, le préféré de son grand père. Heureusement Daven aimait autant son fils et que sa fille aînée qui était sa princesse. Concernant Joanna c’était plus compliqué, son caractère était capricieux, compliqué à gérer. Les nourrices s’en occupaient mais s’épuisait à la chercher à la contrôler et à l’éduquer. Une fois le cas de son fils et de sa cadette traitée, elle chercha Erena pour lui dire de rester avec son père ou son grand père pour l’après-midi. Mais quand la petite fille entendit le nom de sa tante, des étoiles se mirent à briller dans ses yeux.
« S’il vous plait, laissez-moi venir avec vous. »

Erena suppliez rarement sa mère, toujours sage et d’un sérieux implacable, Alyx ne pouvait jamais se plaindre de sa fille aînée. Poussant un soupire las, elle accepta que la fillette de neuf ans l’accompagne.  Elle ne lui fit aucune leçon sur le fait qu’elle devait se montrer irréprochable car elle le ferait par elle-même.

Les deux Lefford prirent donc le chemin du lieu du rendez-vous, dans un petit jardin isolé du Donjon Rouge où elles seraient probablement tranquilles. La main d’Erena accroché à celle de sa mère, elle ne cherchait pas à s’en défaire, marchant au même rythme qu’elle pour ne pas la contrarié. Quand les deux ouestienens arrivèrent sur le lieu, la dame de Salvemer se trouvait déjà là et Alyx lâcha la main de la fillette qui se précipita vers sa tante.
« Tante Myrielle ! »

Alyx s’approcha de sa belle sœur avec un léger sourire. Ravie de la revoir après tant de temps. La famille chez les Lefford étaient si sacrée.
« Je suis heureuse de te revoir, cela fait si longtemps. »

Des bruits de pas résonnèrent et la brune se retourna pour apercevoir sa meilleure amie arrivée à son tour. Entourée de femmes qu’elle appréciait profondément, Alyx était de bonne humeur, dans de bonne disposition pour ne pas trop déverser de venin même si elle se laisserait aller à quelques piques bien placé si elles venaient à aborder des sujets qui le nécessitait.

Port-Réal la rendait anxieuse, le Paon d'Argent aimait tout contrôler, mais comment le faire de ce lieu si loin de l'Ouest ? Azilys ne s'était jamais rendu si loin, déjà que de se rendre dans le Conflans lui paraissait être une aventure à grande échelle, le voyage jusqu'à la capitale n'avait pas été que plaisant pouvant montrer une humeur à dent de scie. Fort heureusement, elle avait pu compter sur la présence de sa meilleure amie pour lui changer les idées. Quoique que sa relation avait bien évoluer avec son époux, malheureusement pour lui, il était toujours la victime de ses tracas. Puis surtout, la Serrett avait savouré de pouvoir passer du temps auprès de ses jumeaux. De retrouver, un brin de jeunesse ou d'elle avait voyager qu'avec ces jeunes enfants pour se rendre à la dent d'or. Des années qui lui semblaient avoir filé à une telle rapidité, surtout en sachant qu'elle ne comptait plus trois enfants, mais bien cinq. Jamais, elle n'aurait cru avoir autant d'enfants, mais surtout se sentir bien auprès d'eux, enfin tout dépendait de l'instant et de l'enfant. Arlan était tellement compliqué à gérer même à deux ans, les nourrices venaient toujours la déranger pour se plaindre de cet enfant, alors qu'elle avait bien d'autres choses à faire, que devoir faire leurs tâches. 

Tandis qu'elle observait avec sourire Alyzéa qui dessinait, puis Albion ordonner à un serviteur de nettoyer l'armure de son père à sa place, mais qui avait décliner sachant bien que son seigneur avait décidé de soutenir son époux pour l'éducation martial de leur fils. Le regard foudroyant d'Albion ne laissait rien de présager de bon pour ce pauvre serviteur qui subirait sa vengeance, mais le Paon d'Argent soutenait aussi cette réaction, prouvant ainsi qu'il était un véritable paon. S'inclinant devant elle, le serviteur lui indiqua qu'il était l'heure qu'elle aille rejoindre Lady Lefford. Se levant, elle s'approcha de sa fille pour lui embrasser le haut de la tête, tandis qu'elle glissa dans la main de son fils, une pièce. Elle savait qu'il comprendrait son idée. Il ne lui serait pas difficile de trouver un enfant pour faire sa tâche s'il le payait. Laissant ses enfants sous surveillance de la nourrice, elle partit rejoindre son amie, en tout cas, la Serrett espérait la trouver facilement face à ce qui lui paraissait gigantesque.

Finalement, elle fut soulagée d'arriver rapidement dans le petit jardin, un endroit qui lui convenait parfaitement pour se retrouver et pouvoir échanger entres femmes de l'Ouest. Oui, car malgré son mariage Mallister, Myrielle restait une Lannister. Les saluant, elle afficha surtout un grand sourire pour Erena, puis attrapa la main de son amie, elle annonça :

- C'est un lieu parfait et surtout par polluer par l'odeur de la ville !

Lâchant sa main, elle demanda à Myrielle :

- Ton voyage s'est bien passé ?

Les paupières lourdes de Jason luttaient encore un peu, mais bientôt les caresses de sa mère sur son front doré feraient céder ses dernières résistances. Gerion, lui, n'avait pas attendu et un souffle régulier s'échappait déjà de ses lèvres entrouvertes. Les petits garçons étaient encore à l'âge où un repos de mi-journée s'avérait indispensable à leur bonne humeur et donc à celle de toute la maisonnée. D'autant plus dans des circonstances aussi exceptionnelles que ce voyage si loin, si fatiguant et si excitant du haut de leurs deux ans. Ici, à Port Réal, ils ne daignaient sombrer dans le sommeil que couchés dans le même lit, un compromis auquel il avait bien fallu consentir de gré ou de force.
Si la Lionne savait être une mère rigoureuse et exigeante, elle n'en demeurait pas moins attentive et à l'écoute de sa progéniture. Il y avait des combats qui ne gagnaient pas à être menés, tout ceci se règlerait à leur retour à Salvemer. Elle quitta la pièce non sans les avoir gratifié d'un baiser aimant sur leurs joues rondes et soyeuses et laissa ses fils à leur sommeil réparateur.

La porte de leur chambre refermée, les appartements furent enveloppés d'un silence délectable que Myrielle apprécia pendant un court instant avant de reporter son regard sur son aînée dont la silhouette se découpait dans l'embrasure d'une fenêtre. Il y avait peu de choses qu'Agnès aimait tant que de regarder le monde s'animer. De là où il étaient installés, les Mallister avaient une vue dégagée sur le port de la capitale et sur les navires qui y entraient et en sortaient. Il n'en fallait pas davantage pour combler les rêveries de la petite fille. Déjà elle faisait l'inventaire de tous les trésors que leurs cales recelaient devaient receler et c'était avec eux tout un imaginaire qui voyageait. Elle serait bien restée ici toute l'après-midi si sa mère ne l'avait pas pressé de l'accompagner. Cela désolait la Lionne de voir sa fille si peu mondaine alors qu'elle-même l'était tant. Le monde ne se limitait pas à Salvemer et la Lannister se faisait fort d'y initier l'enfant.

Il était vrai que le Donjon Rouge apparaissait dans toute sa majesté à l'occasion du tournoi organisé pour le jeune roi. Peuplé des invités venus des quatre coins du royaume, c'était une ruche bourdonnante qui tranchait avec l'atmosphère feutrée de la forteresse Mallister. Agnès collée à son flanc pour ne pas la lâcher d'une semelle, la Lannister évoluait dans les couloirs et les escaliers avec une aisance qu'elle devait à ses années passées ici, au plus près des Targaryen et du pouvoir. Le lieu du rendez-vous était un petit jardin clos vif des couleurs et des odeurs du printemps, à l'écart du tumulte et de la foule. La Lionne y laissa Agnès déambuler à sa guise, gardant malgré tout un oeil avisé sur sa progéniture.

Quelques instants plus tard, une voix enjouée l'interpella, Myrielle se retourna juste à temps pour sentir le petit corps d'Erena venir coller ses jupes comme une bourrasque d'air frais. Avec un sourire, elle prit le visage de l'enfant entre ses mains avant de l'attirer contre son coeur:

"Par les Sept, tu as encore tellement grandi! Mais quand vas-tu donc t'arrêter?"

La gravité de Léo, la vivacité d'Alyx, l'aplomb de Daven... Erena était faite de tout cela à la fois et il n'en avait pas fallu tant à la lionne pour aimer cette petite à l'époque où elle-même n'était pas encore devenue mère.  Dans le sillage de l'enfant se dressait la silhouette de l'héritière de la Dent d'Or que Myrielle salua d'une embrassade chaleureuse.

"C'est toujours trop longtemps, ma cousine..."

Déjà, Azilys les rejoignait, Myrielle était heureuse  de voir le Paon de Montargent se joindre à leur petite assemblée. Elle la connaissait bien moins qu'Alyx mais connaissait leur affection commune et savait que sa présence était toujours gage de discussions savoureuses.

"Autant qu'avec des enfants... Et toi?" fut la réponse de la Lionne à sa question courtoise, quelque peu blasée et accompagnée d'un regard entendu d'une mère à une autre.

Il avait fallu supporter les jacasseries et l'impatience des garçons et le mal du voyage de l'aînée.

Pendant plusieurs jours durant.

La vue de Port-Réal et même ses odeurs pestilentielles lui avaient semblé être une douce délivrance à ce titre. En l'espace de ces quelques années d'absences, la ville avait changé mais Myrielle y avait retrouvé quelques repères. A sa connaissance, c'était sûrement une première pour les deux femmes qui étaient en sa compagnie:

"Alors... Que pensez-vous de la capitale, mesdames? Etes-vous bien logées?"

Durant le temps de ces retrouvailles, Agnès s'était approchée un peu timide, rassurée par la présence de la jeune Lefford et consciente de son devoir de saluer ces dames, mais que leur stature impressionnait grandement. Myrielle lui donna une gentille impulsion dans le dos. Elle comptait bien enseigner à sa fille à son tour qu'elle était de l'Ouest autant que du Conflans et quoi de mieux qu'un moment passé avec ces deux femmes pour débuter.

Ici, auprès des deux dames piquantes de l'Ouest, la dame de Salvemer renouait avec un passé qui lui semblait lointain mais qui lui était resté gravé dans l'épiderme. Et enfin, à Port-Réal, elles avaient à portée de leur langue un terrain de jeu à leur mesure.

Erena était enchanté ravie de revoir sa tante, qui alla immédiatement dans ses jupes. A cet âge, elle grandissait vite, changeant en quelques mois. Mais ce n’était pas pour déplaire à l’héritière de la Dent d’Or, qui préférait de loin les enfants plus âgés afin de pouvoir commencer à leur enseigner réellement quelque chose. Erena commençait enfin à devenir intéressante à ses yeux. Bien qu’elle devait bien avouer, que le caractère de son aîné était bien plus agréable que celui de sa puînée qui avait le don de faire sortir Alyx de ses gongs et qui jouait dangereusement avec les nerfs de son grand père. Il n’était pas rare de voir Leo se fâcher contre Joana, jamais il n’avait eu à autant ausser la voix avec Alyx, un regard ou une parole un peu dure avait toujours suffit à remettre la jeune femme à sa place. Ce n’était visiblement pas le cas de celle qui portait le prénom de feu l’épouse de leur suzerain.

A la question de sa tante la petite répondit avec malice qu’elle n’arrêterait jamais de grandir. La Lefford resta de marbre à la remarque de sa fille, ni amusé, ni attendrit. Il fallait bien plus que cela pour toucher son cœur et réveiller son amour maternelle. Azilys arrivait en plus à ce même moment et le sourire qui apparut sur son visage n’était dû qu’à la présence de sa meilleure amie. Alyx acquiesça à sa remarque sur la puanteur de la ville, Port Réal n’avait rien pour faire rêver en dehors du Donjon Rouge. Vivre en ville n’était décidemment pas quelque chose qui l’enthousiasmait plus que ça.
« Oui, c’est une calamité cette odeur persistante. Cela en imprègne même nos vêtements le soir venu. »

Le paon demanda à la lionne comment s’était déroulé son voyage depuis Salvemer. Et sa réponse fit sourire la Lefford d’amusement. Le voyage jusqu’à la capitale était long et pénible, et avec des enfants jeunes… les faire tenir en place était bien compliqué, impatient d’arrivée, babillant sans cesse offrant de belles migraines aux parents qui se trouvaient dans le même habitacle qu’eux.
En ce qui concernait la capitale, Alyx était mitigée.
« Hum… le Donjon Rouge est à la hauteur de sa réputation, cela ne fait aucun doute. En revanche pour la ville… Comment peut-on laisser un endroit aussi insalubre ? N’y a-t-il personne dans le conseil restreint de notre suzerain pour s’occuper de ce genre de désagrément…de taille. Il s’agit de la capitale du Royaume… »

Lord Tywin avait surement bien d’autre chat à fouetter à son poste de régent mais le reste du conseil restreint pouvait peut-être bien s’en occuper ? Une chose était sûr, hors évènement important, Alyx ne reviendrait pas dans la capitale de sitôt.
« Mais concernant le logement rien à redire. Les gens se plient en quatre pour que nous soyons à notre aise et pour que nous ayons un peu d’intimité. C’est très correct. »

Alyx était le genre de dame à être particulièrement exigeante. Que ce soit très correct à ses yeux signifiait qu’il n’y avait pas grand-chose à redire.

Observant les filles des deux dames, le paon d'Argent espérait que la relève soit assurer pour ses proches de l'Ouest, il devait y avoir dans la génération suivante, des femmes piquantes à leurs images. Bien qu'elle adorait ses propres filles, Alyzéa était une âme douce mais courtoise malgré son handicap, à contrario, malgré son éducation, Luciana continuait à n'en faire qu'à sa tête, oubliant souvent les convenances pour n'agir comme un coq au lieu d'un paon. Le Paon d'Argent misait tout sur son fils, enfin Albion et Elyan, même à la hauteur de ses deux ans, elle se doutait qu'Arlan ne lui apporterait que des soucis. Posant la question à Myrielle de savoir comment s'était passé son voyage, elle ne put que comprendre que c'était épuisant de voyager avec des jeunes enfants :

- Les plus jeunes sont restés à Montargent, donc je dirais que le voyage a été assez calme avec Albion qui était renfrogné d'être devenu un écuyer et Alyzéa qui regardait le paysage.

Et elle qui était stressée de laisser la gérance de Montargent à son nouveau Mestre ! Il n'était plus si nouveau que cela, mais la Serrett le mettait toujours en défi pour qu'il prouve sa loyauté, un jour sûrement lui ferait elle confiance, mais ce n'était pas encore le moment. Certes, il lui avait sauvé la vie lors de son dernier accouchement, mais entre la soigner et gérer des mines, une grande différence existaient.

Écoutant d'abord la réponse de sa soeur de coeur, face à la question de Myrielle, elle hocha la tête de manière affirmative. Jamais, elle laisserait Montargent, même du côté de son peuple, être dans un tel état. Certes, son fief était bien minime, mais l'image même de celui-ci ne siégeait pas que sur le château, mais aussi sur la bien traitance du peuple. Et des hommes bien traités faisait de meilleurs ouvriers. Il y avait toujours une question de rendements dans l'esprit du Paon.

- J'ai bien peur que les hommes soient moins gênés que nous ! Je me demande si des fois, cela ne s'agit pas de leur premier élément naturel !

Pour dire vrai, Azilys ne s'intéressait très peu à la politique de Port-Réal, tout ce qui lui suffisait de savoir, c'était que son suzerain se trouvait à la tête du royaume. En lui, elle avait toute confiance, dans les autres, aucune.

- Je suis d'accord, après le seul point que je soulignerais, c'est quand on ne se trouve pas chez soi, difficile d'éviter sa maisonnée ! Même si Port-réal est intéressant, rien ne vaut mieux que nos propres fiefs !

Le terme intéressant ne voulait pas dire qu'elle appréciait cette ville, simplement cela la changeait de ses habitudes, mais quitte à comparer, elle préférait encore se rendre à Corneilla, même si cette famille priait des arbres ridicules.

- Alors, dites-moi avez-vous entendu des sujets croustillants ? Que nous soyons récompensées de ce long voyage, tout de même !