Une question de curiosité et d’indépendance ♕ Naerys & Cersei

Le soleil de la fin d’après-midi commençait doucement à tomber derrière les collines de la capitale, emportant avec lui la chaleur moite de cette nouvelle journée d’été. C’était le moment favori de la Lionne, celui où la chaleur de la journée est certes encore là et où tout le monde n’est pas encore sorti de la fraîcheur des murs du Donjon Rouge pour se promener dans ses jardins ou sur les quais au bord de la Néra. Elle était souvent une des premières dehors, vêtue d’une robe légère en coton et lin aux couleurs de la Maison Lannister, et se dirigeait toujours vers le même endroit depuis son arrivée à Port-Réal. Pour cela, il n’était guère nécessaire de connaître parfaitement le Donjon Rouge et ses passages secrets. En réalité, il suffisait d’écouter les rugissements aigus de celui qu’elle considérait comme son quatrième fils : Vaelarr, l’Ombre Rouge.

Leur relation avait beaucoup évolué depuis leur participation au siège de la Maison Ferren. Ce jour-là, la bataille avait ouvert les yeux de la Lionne sur la personnalité de son dragon. Vaelarr n’avait que faire des voyages ou des longues observations en hauteur en quête de fuyards. A l’instar du rouge de ses écailles, Vaelarr voulait du sang et ce jour-là, à Ferren, il en eut à foison. Mais lorsqu’elle fut blessée au mollet, le dragon n’avait plus voulu lui obéir, restant en hauteur dans les cieux pour la protéger des flèches des rebelles. Belliqueux mais aussi protecteur, Cersei avait cessé de ne voir en lui qu’un dragon au mauvais caractère. Depuis, ils se comprenaient mieux et Vaelarr se montrait plus réceptif à ses ordres, presque affectueux à la façon qu’il avait de l’accueillir près de lui en faisant des bruits venus du fond de son gosier qu’il ne destinait qu’à elle. Mais cette nouvelle proximité avait un prix à payer car Vaelarr ne tolérait plus guère d’être séparé de Cersei trop longtemps, de même qu’il se montrait rapidement agressif envers quiconque approchait trop sa dragonnière. Ne voulant prendre de risque avec lui, avant de partir de Belcastel pour Port-Réal, Cersei avait même interdit à ses fils de venir avec elle lorsqu’elle allait le voir, tant le dragon pouvait devenir incontrôlable, même pour elle. Depuis leur arrivée à Port-Réal, Vaelarr manifestait son mécontentement quotidiennement en poussant de longs cris aigus et plaintifs, sorte d’appels désespérés à l’attention de sa mère. Alors, pour le satisfaire, Cersei s’arrangeait pour passer toujours quelques heures avec lui, principalement en fin de journée pour que tout le monde puisse bénéficier d’une nuit sans entendre les plaintes du dragon rouge. En général, elle apportait avec elle de quoi lire, se désaltérer et parfois de quoi écrire pour passer le temps avant le dîner, en compagnie de sa famille. Une ou deux servantes l’accompagnaient jusqu’à la plage en contrebas des jardins du Donjon Rouge, où Vaelarr avait élu domicile. Les pauvres femmes tremblaient toujours lorsque le moment était venu de s’approcher de la créature mais Vaelarr se désintéressait d’elles, satisfait enfin d’avoir auprès de lui celle qu’il n’avait cessé d’appeler durant la journée.

Ce jour-là ne fit pas exception à la règle et ressembla à tous les autres depuis qu’elle s’était installée dans l’une des luxueuses chambres du Donjon Rouge. Deux servantes l’attendaient dans le couloir, toujours les mêmes depuis le début, afin que Vaelarr s’habituent à elle. L’une d’entre elles portaient un lourd panier en osier dans lequel se trouvaient des fruits et de quoi se rafraîchir. L’autre portait à l’épaule une chaise pliable en bois et proposait ses mains libres pour porter son livre ou son matériel pour écrire. Cersei lui tendit un livre et, sans un mot, elle prit le chemin des appels de son dragon. Son pas était rapide. Plus tôt elle le rejoindrait, plus vite il se calmerait pour permettre à la ville et ses habitants de retrouver un peu de paix. Elle traversa quelques couloirs assez désertiques puis la petite cour intérieure, un peu plus peuplée, avant de rejoindre les jardins. Grâce aux nombreux arbres et arbustes, bosquets de fleurs, points d’ombres et fontaines, l’endroit parvenait à conserver une certaine fraîcheur plus que bienvenue. De ce fait, la Lionne croisait déjà bien plus de monde. On la saluait sur son passage, salutations auxquelles elle répondait d’un signe de tête bref pour les uns, d’un sourire charmeur accompagné du nom de celui ou de celle qui l’avait salué pour les autres. Toutefois, à mesure qu’elle se rapprochait de Vaelarr, elle distingua une longue chevelure brillante d’argent penchée par-dessus le muret de pierre qui protégeait les promeneurs des jardins des escaliers menant vers la petite plage en contrebas. Cette petite silhouette fine et la couleur de sa robe ne la trompèrent pas, elle qui pouvait se vanter de connaître plutôt bien la maison royale.

- En voilà une petite abeille bien curieuse ! Prenez garde à ne point vous brûler les ailes !

Cersei la contemplait d’un air amusé. Sur son visage, il n’y avait nulle trace de moquerie ou d’ironie car la jeune femme en question lui avait laissé une bonne impression, même si elles ne se sont vues qu’en de rares occasions.

- Lady Naerys, la salua-t-elle en inclinant doucement la tête. Sentant la proximité de sa présence, les appels de Vaelarr redoublèrent d’intensité et de fréquence. Cersei se pencha à son tour, imitant Naerys des Essaims, et l’observa, un doux sourire sur les lèvres.

- Qu’en dîtes-vous ? Souhaitez-vous m’accompagner pour le voir ? Vaelarr a certes mauvais caractère mais il se calme généralement lorsque je suis là. Vous êtes une jeune femme intrépide. Et si nous satisfaisions votre curiosité ?

Attitude de Vaelarr : Lancé de dé

@Naerys Des Essaims   | dialogue : gras | pensées : italique

La fin du séjour de Naerys à Port Réal touchait enfin sa fin. Être dame de compagnie d’une princesse royale ne lui correspondait absolument pas, elle avait dû se ranger et revêtir les étiquettes que la société voulait. Et elle trouvait cela profondément injuste. L’abeille argentée avait cependant grandit durant ses quelques années passées à côté de Margaery, elle s’était un peu assagit, avait pris en maturité. Cela n’enlevait en rien ses idées trop révolutionnaires, trop moderne. Le temps lui avait apprit à tenir sa langue, à prendre sur elle, à moins bouder parce qu’elle était contrariée. Le Donjon Rouge l’avait changé, en bien ou en mal, elle ne saurait le dire. Probablement en bien pour ses parents et sa famille, à ses yeux le bilan était mitigé.

La des Essaims profitaient de ses derniers moments au Donjon Rouge, dès qu’elle avait l’autorisation de Margaery pour avoir du temps libre, l’abeille allait bourdonner de part et d’autre. Elle avait revue sa famille et des amis venus d’horizons lointains, elle avait profité des écuries impressionnantes du château royale, à côté celle de Mielbois a bien piètre allure. Mais depuis que les invités au tournoi arrivait son attention était tourné vers un lézard rouge carmin qui braillait plus que ceux qu’elle avait pu voir ses dernières années.  Apparemment celui appartenait à la fille du Régent, lady Cersei. Naerys l’avait déjà rencontré quelques fois, c’était une dame qui l’impressionnait un peu, elle devait bien l’avouer. Mais la lionne n’avait jamais été désagréable avec l’adolescente, elle avait été épargnée par les pics de la Lannister, elle ignorait comment et pourquoi elle était passée à travers tout cela.

Naerys s’était donc approché de l’endroit où le dragon avait élu domicile dans son séjour. Elle s’approcha du muret du pierre qui donnait une vue magnifique sur la Nera et les jardins en contre bas. Mais elle était trop petite pour apercevoir la créature. Même si elle avait dix huit ans, elle n’avait pas beaucoup grandi en taille et demeurait plus petite que la moyenne. Alors elle se mit sur la pointe des pieds pour observé en contre bas l’animal magnifique. Aussi beau que dangereux. Bien que sa curiosité fût grande, elle ne s’approcha pas davantage. Quelques années auparavant, elle y serait allée mais elle était plus prudente désormais. Elle resta quelques minutes à l’observer brailler et s’agiter avant qu’une fois ne fasse sursauter et se retourner vivement. La lionne.
« Lady Cersei. » la salua-t-elle en retour avec une révérence qui désormais était parfaite.

Cependant la suite la laissa un instant interdit. Elle se retint d’ouvrir la bouche telle un poisson hors de l’eau, mais ce n’était pas l’envie qui lui en manquait. Son regard glissa une nouvelle fois vers le saurien de l’Ouest.  La voix de la raison lui disait que ce n’était pas prudent d’accepter la proposition de Cersei mais sa curiosité venait de prendre le dessus, elle avait beaucoup trop envie de s’approcher et elle serait accompagné de la dragonnière du dragon, la Lannister était donc responsable de ce qui pouvait arriver.
« J’en serais ra…honorer lady Cersei. »

Elle se mordit la lèvre inférieure, les vieilles habitudes étaient revenues plus vite qu’elle ne l’aurait pensé et elle avait prit sur elle pour se rattraper et rentrer dans le moule que le Donjon Rouge désirait.  
« Si cela ne vous dérange pas, je ne voulais nullement vous déranger ou perturber les habitudes de votre dragon. »

Uniquement de la forme, d’elle-même Naerys n’aurait pas dit ce genre de chose, car elle partait du principe que si la lionne lui proposait c’était que ça ne la dérangeait pas et que cela ne perturberait pas trop la créature. Mais la société voulait que…Et cela l’ennuyait profondément. Vivement Mielbois où elle pourrait reprendre ses anciennes habitudes et mettre au placard cette montagne de mondanité et de bonnes manières qui ne lui ressemblait pas.

Suivant Cersei, Naerys entamma la descente luttant pour regarder ses pieds et ne pas tomber dans les escaliers tellement son regard était attiré par la forme rouge en contre bas. Elle était hypnotisée par Vaelarr. Etait-ce parce que son sang était valyrien ? Certains racontaient que cela conférait une certaine connexion avec les dragons. Mais la famille Celtigar n’en avait jamais eu. Même à Valyria, ses ancêtres n’avaient pas de dragons alors elle en doutait un peu.

La Lionne observa avec un certain intérêt cette petite abeille qui lui semblait transformée. La dernière fois qu’elle l’avait vu remontait à quelques années et, à ce moment-là, la jeune fille lui avait cruellement rappelé l’insouciance de la jeunesse, les risques qu’on se plaît à prendre à cet âge sans penser plus loin que son seul plaisir de satisfaire sa curiosité et cette naïveté qu’on tous les jeunes gens de penser qu’un jour, ils pourraient bien changer le monde. Naerys des Essaims était toujours jeune, certes, mais Cersei devina une nouvelle maturité en elle qui n’était pas encore présente la dernière fois qu’elles s’étaient vues. Son séjour à la cour auprès de Margaery Targaryen devait y être pour quelque chose; Cersei ne se rappelait que trop bien à quel point la vie entre les murs du Donjon Rouge pouvait changer n’importe quelle âme, en mieux ou en pire. En tout cas, pour ce qui était des salutations, Naerys avait plus que progressé. La révérence qu’elle lui offrit était parfaite, digne des jeunes filles ayant toujours vécu à la cour. Si la Lionne ne lui rendit pas cette révérence, elle lui répondit par un sourire courtois et par une légère inclinaison de la tête, faisant glisser certaines de ses longues mèches dorées sur son épaule droite. Son sourire s’agrandit plus encore en entendant sa réponse. Le temps d’une fraction de seconde - car elle s’était reprise presque instantanément - Cersei revit l’adolescente impulsive et un peu trop directe qu’elle avait autrefois rencontré.

« Aucunement », répondit-elle en poursuivant son chemin vers la plage en contrebas. « Je ne m’encombre jamais de personnes susceptibles de me déranger. Venez. »

Prudemment, Cersei entreprit de descendre les marches de pierre menant à la plage, ou plus exactement, au « nid de fortune » dans lequel Vaelarr avait choisi de s’établir. De temps en temps, elle jetait un bref coup d’oeil en arrière pour voir si la jeune Abeille suivait toujours. Plus elles se rapprochaient, plus le dragon rouge et noir s’animait. Ne sachant ce qu’il se passait dans la tête de son accompagnatrice, Cersei la questionna à son sujet.

« J’ai entendu dire que vous quittiez votre fonction auprès de la Princesse des Roses ? Qu’avez-vous pensé de votre temps passé à la cour ? » L’époque et l’ambiance que Naerys avait connu à la cour devaient être bien différentes de ce qu’elle-même avait vécu jadis. Néanmoins, Cersei restait convaincue que si les membres de la cour ont changé de visage depuis, les intrigues et autres rumeurs devaient toujours être monnaie courante derrière les murs du palais royal. Ces choses-là ne changent jamais.

Les dernières marches étaient plus inégales dans leur hauteur, contraignant Cersei à soulever légèrement les pans de sa robe pour éviter toute chute. Constituée de sable et de petits galets, l’endroit était désormais aussi constellé de carcasses calcinées de boeufs, de chèvres et d’autres petits animaux, butin des chasses nocturnes du dragon. Les paysans de la région allaient sans doute venir se plaindre pour les pertes causées par la créature mais Cersei s’en fichait bien. Mieux valait perdre quelques bêtes plutôt que de perdre toute sa ferme, ou sa vie, par le feu du dragon, qu’elle savait dévastateur pour l’avoir vu à l’oeuvre durant le siège de la Maison Ferren.

« Attendez ici un instant » lui intima-t-elle tandis qu’elle réduisant la distance la séparant du dragon. Vaelarr semblait de bonne humeur aujourd’hui. Désormais, la Lionne le connaissait par coeur et leur lien s’était renforcé depuis l’épisode chez les Ferren. Si Vaelarr passait la plupart du temps pour un dragon au caractère exécrable, il semblait en cet instant suffisamment calme pour envisager qu’il rencontre une personne qui lui était jusqu’alors inconnue. D’ailleurs, le dragon fixait la jeune fille d’un air plein de curiosité mais à l’approche de sa dragonnier, il déploya ses ailes, fouetta l’air par deux fois comme pour la saluer puis abaissa son long cou vers le sol. Cersei approcha doucement une main et fit courir ses doigts sur ses écailles écarlates. Même après tout ce temps, elle restait émerveillée par sa beauté et par la puissance qu’il dégageait. Vaelarr répondit par un léger râle aigü puis Cersei se retourna et fit signe à Naerys d’approcher.

« Approchez Lady Naerys, il ne vous fera rien. » lança-t-elle avec un sourire encourageant. Lorsqu’elle les eut rejoint, Cersei rajouta: « Je pense qu’il a deviné vos origines. Vous l’intriguez beaucoup. »

Et effectivement, les pupilles du dragon ne manquèrent pas un pas ou geste de la jeune fille. Sa main toujours posée près de son large crâne, Cersei, tout comme Vaelarr, observait avec attention ce qu’il se passait sous ses yeux car rares étaient les occasions de se trouver aux côtés d’un Vaelarr aussi calme !

@Naerys Des Essaims   | dialogue : gras | pensées : italique

Naerys faillit sentir ses joues s’empourprées aux mots de la lionne. La réputation de Cersei Lannister n’était plus à refaire, que ce soit dans l’Ouest, dans le Bief ou même à la cour des dragons. La jeune abeille prenait cela comme une sorte de compliment, de flatterie. Si elle avait été timide, ou même réservé elle aurait eu une bouffée de chaleur de gêne. Au lieu de cela, malgré ce sentiment étrange qui grandissait dans son cœur mêlant soulagement, joie et gêne, un sourire franc marqua son visage encore juvénile.

Elle suivit alors la Lannister dans les escaliers menant à l’antre provisoire du saurien. Son pas était prudent et elle essayait de se concentrer même si son regard était indéniablement attiré par les écailles rouges qui se trouvaient à quelques mètres d’elle seulement. Elle se concentra en entendant la question de Cersei. Visiblement, la fin de son service auprès de Margaery avait couru à travers les couloirs et ce n’était pas secret pour grand monde. C’était une des raisons pour laquelle la vie à Port Réal ne lui allait pas. Des ragots, des rumeurs, des secrets qui ne peuvent jamais être secret, cela ne correspondait pas à Naerys. Ces faux semblants étaient trop éloignés de sa nature profonde où elle voulait être vraies, honnête et franche. Elle avait bien sur appris à tenir sa langue mais elle devait bien avouer que malgré les années qui s’étaient écoulés, cela lui demandait toujours autant d’effort.
« Oui, la vie à la cour ne me sied guère je crois, je n’y suis pas très à l’aise même si j’ai beaucoup appris durant mon service auprès de la princesse Margaery. Mais le Bief me manque, ma famille aussi, tout le calme de Mielbois. Port Réal est une ville assez particulière tout comme le Donjon Rouge. Je doute y avoir réellement ma place. »

Sa cousine avait réussi à se faire une place, à s’y tenir bien auprès de Margaery. Mais ce n’était pas le cas de l’abeille argentée. Même si la jeune fille adorait la rose, l’environnement dans lequel elle évoluait ne convenait pas à Naerys. Elle avait pris sur elle durant plusieurs années, acceptant à contre cœur de se plier à l’étiquette et aux convenances que demandaient la cour. Mais elle ne s’y était pas épanouie. Elle avait pu passer plus de temps auprès de certains membres éloignés de sa famille comme son cousin Aenor ou encore sa tante Vaelle. Mais c’était bien là, les seuls lots de consolation qu’elle avait réussi à voir.

Elles franchirent les dernières marches et Cersei lui intima de rester un peu en retrait. Naerys obéit sans broncher, mais garda les yeux rivés sur Vaelarr. La créature était magnifique. Impressionnante mais des Essaims ne ressentaient pas de la peur. Juste de l’admiration et de la réserve. Elle observa Cersei s’approcher de son dragon, glisser ses doigts sur les écailles carmin. La connexion entre dragon et dragonnière frappa la jeune fille, le petit rugissement aigu que poussa la créature en était le témoin.

Naerys s’approcha doucement quand elle en eut l’autorisation. La jeune fille avait l’habitude des chevaux et elle se mit à agir comme s’il agissait d’un équidé qu’elle ne connaissait pas. Avançant doucement, sans faire de geste brusque afin de ne pas l’effrayer ou qu’il ne prenne pas cela comme une menace. Elle était totalement émerveillée part la créature. C’était la première fois qu’elle voyait un dragon de si près, malgré ses années passées à la cour. Elle n’avait jamais approché les dragons royaux.
« Il est encore plus beau de près » souffla-t-elle, ses yeux pétillants d’émerveillement. « Pensez vous qu’il a fini de grandir ? »

Pouvaient-ils être encore plus gros que cela ? Encore plus majestueux ? Naerys avait milles et unes questions au sujet de Vaelarr.

Cersei écouta la réponse de la jeune fille, ne pouvant qu'être d'accord avec ses propos. Port-Réal et, surtout, la cour du Donjon Rouge, faisaient rêver bien des jeunes filles. La richesse de ses pièces, la beauté des meubles, tableaux et tapis. Les robes des dames, rivalisant toutes pour être celle qui aurait la plus belle des tenues. Les bijoux, les dîners et les danses qui les accompagnaient, en fin de soirée. Une vie de légèreté et d'insouciance à double-tranchant car, passés quelques jours dans ce milieu si unique, la cour révélait toujours la nature profonde de chacun. Ceux qui étaient faits pour cette vie, ceux suffisamment malléables pour s'en accommoder et changer de comportement et enfin, ceux pour qui le rêve se transformait en cauchemar et qui n'inspirait plus qu'à une seule chose; rentrer chez eux. Dès son tout premier séjour à la capitale, Cersei avait compris qu'elle était faite pour cette vie. D'ailleurs, elle avait même fait partie de celles qui s'amusaient de la détresse des autres, plus faibles et qui avaient le "mal du pays", se moquant ouvertement de leur malheur. Aujourd'hui, Cersei n'était plus encline à se moquer aussi facilement de ce genre de malheur. Au contraire, elle savait reconnaître que la cour n'épargnait personne, pas même les plus aguerris dont elle fait partie. "Je ne peux qu'être d'accord avec vous. La cour a deux visages; un qui fait rêver quand on ne le connaît pas encore et l'autre qui nous donne envie de fuir et de ne jamais y avoir un jour mis les pieds. Nous passons toutes et tous par cet état d'esprit. Certains finissent par s'y faire et d'autres ne le pourront jamais. Ceux-là sont les plus malheureux, surtout s'ils sont obligés de rester à la cour. Comme ce n'est pas votre cas, je me réjouis pour vous. Partirez-vous à la fin du tournoi ?" La capitale était pleine à craquer en raison du tournoi mais elle allait probablement se vider aussi vite qu'elle ne s'était remplie dès le tournoi terminé. Peut-être que la jeune abeille ferait partie de ces départs ?

En tout cas, Cersei était convaincue qu'elle allait avoir des souvenirs et des anecdotes à raconter à sa famille restée à Mielbois pendant des jours et des jours ! Et peut-être bien que ce qu'elle était en train de vivre ferait partie de ses anecdotes les plus mémorables ! Même Cersei n'avait pas l'habitude de voir Vaelarr si calme, ce qui lui permettait justement de proposer une telle rencontre pour Naerys. Et tandis qu'elle lui permettait enfin de s'approcher de lui, Cersei songea que Naerys était la première personne étrangère à sa famille qui le rencontrait d'aussi près. Ce n'est d'ailleurs que tout récemment, tandis qu'elle s'installait à Belcastel, qu'elle avait permis à ses jumeaux de rencontrer Vaelarr, en sa présence bien sûr. Avant cela, le dragon rouge et noir pouvait se montrer si instable et si colérique que Cersei, ne lui faisant pas confiance, avait formellement interdit aux jumeaux de l'approcher même à bonne distance. Or, les combats auxquels ils participèrent dans l'Ouest les avaient uni plus qu'ils ne l'avaient jamais été auparavant. Enfin, dragon et dragonnière s'étaient compris et depuis, tout allait beaucoup mieux entre eux, même si Vaelarr conservait son côté peu avenant envers les inconnus. Sauf aujourd'hui. Très calme, il se laissa approcher par la jeune fille, l'observant d'un air curieux. Cersei sourit avec fierté face à l'admiration de Naerys pour son dragon rouge. Il est vrai que dans la lumière de cette fin de journée, ses écailles rouges contrastaient avec beauté face au noir profond de ses ailes et de ses cornes. "Vous auriez dû le voir à l'éclosion de son oeuf. En ce temps-là, c'est moi qui le portait dans mes bras ou il venait se percher sur mes épaules. Et regardez-le aujourd'hui..." Cersei fit un pas en arrière pour l'admirer de plus belle. "Je crois qu'il ne cessera jamais de grandir. Du moins, c'est ce que je suppose. Il ne reste plus rien du savoir ancestral sur ces créatures. Mais vous devez vous souvenir des légendes au sujet de Balerion ou de Vhagar. Ils étaient si immenses...C'est ce qui me fait penser que Vaelarr grandira toujours un peu plus, d'année en année. Qui sait? Peut-être les surpassera-t-il un jour en taille?" "Vaelarr...la Terreur Rouge", songea la Lionne, pleine de fierté en contemplant la taille, déjà assez imposante, de son dragon. "Approchez", dit-elle à Naerys. "Posez votre main juste ici". Cersei indiqua l'emplacement sur le long cou du dragon qu'elle avait elle-même touché. "Vous lui plaisez; je suis certaine qu'il vous laissera le toucher" l'encouragea-t-elle.

Réaction de Vaelarr

@Naerys Des Essaims   | dialogue : gras | pensées : italique

La lionne de Castral Roc alla dans son sens concernant la cour des dragons. Mais pour sa part, le Donjon Rouge ne l’avait jamais fait rêver, elle n’y était allée que par obligation et devoir, ordre de son père afin d’apaiser les tensions avec les Tyrell de Hautjardin. Naerys avait toujours eu l’innocence sur son visage, malgré la souffrance générée par la guerre, elle était rêveuse et personne ne s’était méfier de la petite abeille qui aurait pu ne pas apprécier cet énième revirement de situation. Mais la politique ne plaisait pas spécialement à la jeune fille, elle était partie presque à contre cœur et avait fait son devoir sagement, le cœur lourd. Retrouvant certes sa cousine Alla, elle n’avait jamais réellement trouvé sa place pourtant les années passés n’avaient pas été désagréable mais elle se sentait décaler, pas en accord avec elle-même. Du plomb avait remplis sa tête et la sagesse avait un peu plus imprégner les pores de sa peau. Son père avait finalement trouvé l’antidote à sa fougue.

Naerys acquiesça à la question de Cersei, bientôt le Bief lui ouvrirait à nouveau ses bras et cela l’enjouait plus que tout. Retrouver toute sa famille, rencontrer enfin cette nouvelle petite sœur qui avait désormais quatre ans. Elle avait hâte que les festivités prennent fin pour rentrer chez elle.
« Oui, normalement ma cousine éloignée qui est censé me remplacer arrive pour le Tournoi, nous pourrons ainsi échanger nos places. »

Les deux femmes s’étaient rapprochées du dragon qui restait parfaitement calme. Naerys avait mit son impulsivité de côté pour obéir aux indications de la lionne à la lettre afin de ne pas se mettre en danger face à la créature légendaire. Elle lui raconta son évolution, notamment vis-à-vis de sa taille. Tout petit à sa naissance, désormais c’était lui qui pouvait la porter sur son dos. D’après elle, il ne cesserait jamais de grandir, mais elle n’avait aucune certitude, les connaissances autour des dragons s’étaient perdues aux fils des âges. Alors que des suppositions pouvaient être faite, est que sa hauteur dépasserait celle des plus grands ? Aucune des deux ne seraient encore en vie pour le voir ou le constaté malheureusement. Les dragons vivaient longtemps, des centaines d’années d’après les écrits. Alors Vaelarr les enterrerait, changerait peut-être de dragonnier ou retournerait à l’état sauvage quand Cersei ne serait plus là.
« Il ne reste même pas de vieux ouvrages en haut valyrien ? Je crois que les Targaryen parlent encore cette langue, j’ai cru entendre quelques phrases durant mon séjour. »

Sa mère lui avait enseigné quelques mots mais c’était tout, elle ne pouvait discuter, juste comprendre un mot par ci par là. Saera elle-même ne parlait pas la langue et n’en connaissait que quelques vagues rudiments.

Cersei lui proposa d’approcher et de toucher l’animal. Impressionnée, elle avança timidement, d’un pas très lent. La Lannister la rassura, lui assurant que Vaelarr l’appréciait. Etait-ce vrai ou une simple façon de l’encourager ? Elle n’en savait rien, mais elle donna sa confiance envers la lionne. Elle tendit doucement les doigts, des étoiles brillants dans ses iris claires. Puis son épiderme put enfin entrer en contact avec les écailles écarlates de la créature. Le sourire qui illuminait le visage de Naerys était plus large que lors de ses éclats de rire ou quand elle galopait sur le dos d’un cheval. Les écailles étaient tièdes sous ses doigts, à la fois lisse et texturés. Elle tentait de contrôler ses émotions au maximum, mais elle se sentait submergée par ce qu’il se passait. L’émerveillement était à son comble, tout simplement. Elle en resta silencieuse tellement le moment était spéciale pour elle.