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(même les petits)
1, 2Par delà les plaines et les rivières
Invité
Bois-de-Saule, Conflans. An 304, lune 12, semaine 2.
Lady Melior Vouyvère,
Mon amie,
Je vous envoie à nouveau tout mon soutien, mes bonnes pensées. J’espère que votre époux fait preuve d’améliorations dans sa convalescence qui, à n’en pas douter, sera un long chemin à parcourir. Mais vous êtes une femme forte, ma mère me le répétait souvent et vous admirait pour cela. Il est bien dommage que la guerre nous empêche de nous voir, mon amie car je n’aurai pas été contre un petit voyage jusqu’à Darkdell. Découvrir votre chez-vous en des circonstances plus joyeuses que celles qui vous ont permis de découvrir Bois-de-Saule l’année passée. Mais je prie tous les jours les Sept de nous donner cette occasion, un jour, quand le calme aura repris sur nos terres, quand les Dragons ne se combattront plus, quand nos hommes auront réussi à ramener la paix en Westeros, pour un temps. Demeurez courageuse face à toutes vos responsabilités ! Vous en avez les capacités, bien plus que moi à votre âge, je dois bien le reconnaître. J’ai bien plus de choses à apprendre de vous que vous de moi, je pense que ma mère aurait été d’accord avec moi sur ce point.
Alors comme ça, c’est un bâtard de la maison Des Essaims… Aux dernières nouvelles, cette famille a ployé le genou face à notre ennemi. Voilà que ma nièce s’est entichée d’un bâtard de traitre. Par les Sept, ma mère n’est pas là pour voir cela et tant mieux. Néanmoins, je prends bonne note de vos précieux conseils, mon amie. Je n’ai toujours pas repris la discussion à ce sujet avec elle depuis la dernière fois et je n’ai pas encore pu en faire part à mon frère. La situation du Conflans n’est pas alarmante mais nous avons mis des troupes à disposition de notre suzerain et cela est plus important que les sentiments de ma nièce. Quoiqu’il en soit, je prendrai le temps de la réflexion, me poserait plus calmement sur l’affaire dans les jours et semaines à venir. L’avenir de cette petite n’est pas encore peine perdue, loin de là. J’ai fait une promesse à ma regrettée mère, je compte bien la tenir.
Prenez également soin de vous, de votre famille. Que les Sept vous accompagnent et vous protègent en ces temps toujours plus sombres.
Amicalement,
The White Wyvern
Darkdell, an 304, lune 13, semaine 1.
A l’attention de Lady Célia Van,
Ma chère amie,
A Darkdell, les jours passent et se ressemblent. Nous avons trouvé une sorte d’équilibre, à défaut d’un terme plus heureux. Il me tarde que cette guerre s’achève pour le mieux. Je ne sais quel sentiment domine en mon âme à l’instant où j’écris ces quelques lignes. La colère ou la lassitude, peut-être. Je ne saurais dire. Cette attente hasardeuse n’en est pas moins douloureuse, vous en conviendrez. En de telles circonstances, vous lire n’en est que plus agréable. Mon époux se remet du mieux qu’il peut. Je ne peux vous le cacher, mon cœur nourrit encore bien des craintes à son sujet. La présence de son cousin et de sa sœur lui font grand bien. Quant à nos enfants… Je vous avoue leur avoir demandé de ménager leur père encore un peu. Nous avançons encore à tâtons mais nous avançons. Sans doute est-ce là tout ce qui compte.
C’est avec grand plaisir que je vous aurai accueillie à Darkdell si les circonstances l’avaient permis, soyez en assurée. Prions ensemble pour cela, ma chère amie. Les Sept ne pourront y rester sourds bien longtemps. En l’attente de votre venue, je tâcherai de maintenir cette demeure comme mon père et mes ancêtres l’ont fait avant moi. Et ce, malgré les temps obscurs que nous connaissons. La nouvelle doit également avoir atteint Bois-de-Saule à l’heure qu’elle est, je suppose. La Couronne qui uni aussi bien le Bief, les Terres de l’Orage, les Terres de la Couronnes, le Conflans, l’Ouest et le Nord est désormais posée sur une tête bien jeune. Je ne sais quoi penser d’un tel augure. Les régences ne sont jamais une chose aisée, plus encore lorsque le chaos des armes résonnent de toutes parts… Nous allons devoir redoubler de courage si nous souhaitons que cette guerre connaisse une issue favorable. Je ne peux croire que nous n’avons pas de rôle à y jouer, à notre modeste échelle, pour la simple raison que nous ne pouvons prendre les armes !
Il semblerait que je ne vous apprends rien au sujet de la maison Des Essaims. Comme il est malheureux qu’une lignée si noble et ancienne s’en soit retrouvée là… Je ne peux que les prendre en pitié. Certains de leurs enfants pourraient être les miens. Il y a encore quelques lunes, mon sentiment à leur égard aurait été bien différent. Mon tendre époux n’a pas gardé le meilleur des souvenirs de son affrontement contre certains d’entre eux, je le crains… Le temps semble déjà avoir fait son œuvre à ce sujet, pour ma part. Il faut bien que la reconstruction commence quelque part, j’imagine. J’ai été rassurée d’apprendre que votre situation est moins critique que la nôtre. Voyez-vous, les Des Essaims sont des voisins, quelque peu éloignés il est vrai, mais des voisins tout de même. Parfois… Parfois il m’arrive de songer que si les choses s’étaient déroulées d’une manière légèrement différente, les Vouyvère auraient pu se trouver dans une telle situation malgré tous mes efforts pour nous protéger…
Grâce soit rendue aux Sept ce n’est pas le cas. J’espère que le cas de votre nièce n’a pas fait pousser de cheveux blancs sur votre tête depuis ma dernière lettre. Je suis persuadée que tout est encore à jouer concernant votre chère Liliyana et que vous finirez par trouver une solution la concernant. Vous êtes une femme de parole, je n’en ai jamais douté. Elle a encore bien des choses à apprendre de vous. Il y a des choses que seul le temps peut enseigner, l’existence est ainsi faite. Je pense sincèrement qu’elle a retenu la leçon lors de votre dernière entrevue et que, désormais, vous pourrez discuter plus sereinement avec elle.
Que les Sept vous préservent, vous, les Ryger et les Van.
Avec toute mon amitié,
Lady Melior Vouyvère, Seigneur de Darkdell.
Invité
Bois-de-Saule, Conflans. An 305, lune 1, semaine 1.
Lady Melior Vouyvère,
Mon amie,
Cette nouvelle année ne s’ouvre pas sous les meilleurs augures, en effet. Le roi est mort et son jeune fils de quatre ans monte sur le trône d’un royaume qui se déchire. Pauvre enfant. Pauvre reine Alyria. Je les plains plus que je ne les envie. L’histoire a toujours montré que les régences n’étaient pas de bonne période et de surcroit, celle-ci commence par la guerre. Je ne sais vers où Westeros se dirige mais il est certain que l’année qui s’ouvre sera décisive, que ce soit pour la lignée légitime ou bien pour celui qui se pose en prince légitime. Cela n’entache en rien la paix qui semble régner à Bois-de-Saule depuis quelque temps déjà. Le quotidien n’est pas de tout repos mais il n’y a rien qui inquiète plus que les nouvelles extérieures. Le Conflans est calme, demeurant sur le qui-vive. Nous demeurons entre deux régions où la guerre fait le plus de dégâts. Par la famille de ma belle-sœur, les Lydden, nous avons appris que les guérillas de l’Ouest étaient matées et que lord Farman en était le chef de fil. Je n’ose imaginer la colère du Vieux Lion bien loin de sa région. Quant au Val, je m’inquiète pour ma jeune nièce, épouse Pryor, qui ne m’a guère rassuré sur la situation de la région. Une bataille dans la Baie des Crabes fait rage tandis que les troupes Nordiennes ont rejoint le combat aux côtés de celle du Val. Mon frère, Richard, se tient régulièrement informé et il croit qu’à la vue de la situation qui empire, les armées Ouestriennes seront toutes mobilisées d’ici la demi-année. Puisse-t-il avoir raison et donner une fin rapide, quelle qu’elle soit pour cette guerre qui a déjà fait bien trop de mal, vous en conviendrez également de votre côté.
Je rêve déjà de ces jours où nous pourrons nous revoir, mon amie, retrouvant une paix bien méritée, entourée de vos enfants et moi, qui sait, de mes petits-enfants. La grossesse de ma bru l’a obligé à tenir le lit depuis quelques semaines déjà. J’ose espérer que tout se passera bien pour les derniers instants. Le mestre a déclaré que l’accouchement serait pour bientôt. Contrairement à ma pauvre Morya, je pourrai être présent pour lady Corenna. Cela me soulage, d’autant qu’il s’agit de son premier enfant. Mon fils en est déjà fier et a hâte de devenir père. Je pense qu’il sera comme le sien. Mon époux était, en effet, un très bon père, cela, je dois bien le reconnaître. Aussi, dès que je le pourrai, je vous tiendrai au courant concernant cet événement qui, à n’en pas douter, donnera du baume au cœur aux Ryger en ces temps sombres. Prions les Sept qu’ils nous apportent ce petit bonheur le temps d’un instant.
Je ne sais quoi penser des familles qui ont retourné leur veste. J’imagine que cela dépend de la façon dont cela a été fait. Mais il semblerait qu’il y ait plus de traitres que nous le pensions. Je songe encore à ma fille, perdue et retenue loin de moi, chez les Florent. Je ne sais ce qu’il adviendra d’elle. Je pense à toutes ces femmes, tous ces hommes, tous ces enfants qui n’ont rien demandé et que la décision d’un seul décidera de leur sort à l’issue de cette guerre. Je prie encore que lord Willos et plus tard, lord Tywin, régent du royaume désormais, se montre clément envers celles et ceux qui n’ont fait que subir tout cela. Dans tous les cas, gardez foi en vous, lady Melior. Vous avez de nombreuses qualités, vantées autrefois par ma défunte mère. Vous êtes une bonne seigneuresse, n’en doutez pas.
Ah ma nièce… J’ai finalement décidé de ne pas en parler à mon frère. Il a bien d’autres affaires à régler. Je sais que ma mère n’aurait pas été de cet avis mais, bien qu’il y ait eu un baiser, aucun autre mal n’a été fait. J’ai eu bien du temps pour y réfléchir et je me dis qu’à son âge, j’aurai tout à fait pour faire la même chose. D’autant qu’il est peu probable qu’elle le revoit. Il est bien loin de Bois-de-Saule. En revanche, s’il devait revenir ici, ce serait là regrettable pour lui car il en subirait ma colère. Espérons donc qu’il demeure avec ses congénères traitres à la Couronne et ne revienne jamais troubler ma nièce.
Je pense qu’avec les événements qui semblent s’accélérer et la grossesse de ma belle-fille arrivant bientôt à son terme, il ne s’agisse là de ma dernière lettre avant plusieurs semaines voire lunes. Mais sachez que je ne vous oublie pas, lady Melior. Votre amitié compte beaucoup pour moi désormais et dès que je trouverai un moment, je me replongerai dans notre correspondance avec plaisir.
Prenez soin de vous, de votre époux à qui je souhaite de se rétablir pleinement, de vos enfants. Que les Sept vous protègent et vous guident !
Amicalement,
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