[EVENT] Tournoi de Port Réal : la mêlée

Garlan accorda un regard en coin aux hommes que l'on faisait sortir de la lice, craignant qu'une trop grande attention ne lui coute sa propre place. Cependant, tandis que le terrain se désertifiait de plus en plus, ne laissant que le duo de bieffois face au bâtard du nord, Garlan sentait qu'il risquait d'être le prochain à quitter l'arène. Si l'effort se lisait sur les traits de Ser Bertram et dans le regard de Jon Snow, il se sentait épuisé. Son armure pesait de plus en plus sur son corps que les chutes dans la boue avaient rendu sensible et le poids de son épée s'alourdir, laissant poindre des crampes à venir.  Pour autant, il ne parvenait à se résoudre à abandonner. Pour la première fois depuis longtemps, Garlan avait l'impression d'être le seul aux commandes de ce qu'il faisait : c'était entre lui et la fatigue de son corps, entre lui et ce qu'il jugeait des capacités de ses adversaires. Dans cette mêlée, il n'y avait ni Willos, ni Leonette, il n'y aucun enjeu autre que celui d'être le dernier debout et même s'il était sans doute le plus mal placé pour finir cet affrontement, il refusait de se laisser abattre par le défi.

Alors Garlan se redressa, se reconcentrant sur les deux hommes dont l'un était, pour l'heure, son allié et l'autre, le dernier adversaire avant de teinté de vert les premières marches du podium. Il irait aussi loin que son corps lui permettrait d'aller et même si la troisième place restait un classement fort honorable dans un tel combat, il s'en voudrait de ne pas avoir été puisé dans ses dernières forces pour tenter d'atteindre la seconde. En cela, l'assaut Jon lui fut d'un grand secours, contrairement à ce qu'on aurait pu penser. Voir ce grand gaillard brun courir vers lui pour tenter de le sortir, profitant de son évident épuisement, lui donna un regain d'énergie. Les armées du Bief comptaient parmi les plus compétentes et forte du territoire, il n'allait certainement pas se laisser faire par un homme qui n'était même pas chevalier et, qui plus est, un nordien. D'un frère de suzerain à l'autre, il ne pouvait pas se permettre de démérité face au bâtard. Il para le coup en grinçant des dents, ressentant l'assaut du nordien dans toutes les fibres de son être, une vibration qui malmenait son corps déjà endolori mais que le Tyrell se refusait à écouter. Le plat de son épée maintenant l'adversaire à distance mais il ne pourrait pas tenir éternellement ainsi et s'il voulait se débarrasser du nordien, il devrait attaquer à son tour.

Alors Garlan envisagea un plan, visualisant comment profiter de la nature instable du terrain pour déséquilibrer son adversaire, lui donnant assez de temps pour porter à son tour, un coup qui, il l'espérait, le ferait lacher prise. Ils étaient sur la dernière ligne droite et si cette action devait être la dernière, alors il voulait quitter la lice sur une belle action.

lancer de dé (10)

Aux côtés de @Delena Oldflowers, Shedda rongeait son frein en observant la mêlée, rendue particulièrement difficile par la pluie battante. Le sol était devenu une boue glissante, rendant les gestes des combattants plus lourds et moins rapides. Ses opales sombres ne quittaient pas la silhouette de @Galladon Oldflowers qui tentait de survivre au beau milieu d'adversaires redoutables. Elle tâchait de ne rien montrer de son inquiétude mais en croisant le regard de la femme du chevalier, la meerienne savait qu'elle ne pouvait la duper. Toutes les deux partageaient cette angoisse de voir le Oldflowers blessé grièvement par la violence des assauts. S'il avait de l'expérience, la météo n'était pas de son côté. De toute évidence, l'épuisement menaçait les guerriers. Pour autant, aucun des participants n'était prêt à baisser les bras, son père adoptif le premier. Soudain, il sembla être la cible de deux combattants, ceux-ci se ruèrent sur lui et la jeune fille cessa de respirer, pendue à ce qui advenait plus bas. Cette alliance n'avait rien de bon. Souffle coupé, mâchoire serrée, mains sur ses cuisses serrant le tissu de sa robe, elle se détendit en constatant que les deux chevaliers tombèrent. Déséquilibrés par le sol rendu glissant, leur tentative en resta là, pour son plus grand soulagement.

Galladon restait debout, et elle échangea un regard entendu avec Delena, soulagée de constater qu'il était encore en lice. La mêlée était une épreuve difficile, autant pour les participants que pour le public. En peu de temps, Shedda était passée par toutes les émotions : angoisse, soulagement, euphorie. De quoi tirailler un peu plus son estomac. Cependant, le soulagement fut de courte durée, Jon Snow, le bâtard de Winterfell, porta le coup qui assomma Galladon, tombant lourdement au sol, Shedda se leva brusquement de sa place, hoquetant de surprise. Oh non, comment allait-il ? Elle ne pouvait s'empêcher de songer au pire. Dans les pattes de Delena, elle se rendit au chevet du chevalier, évacué de l'arène et pris en charge par des guérisseurs. Pour sûr que Galladon allait se prendre une soufflante de s'être ainsi mis en danger...

Solide sur ses appuis, Bertram réussi à prendre le dessus sur le Massey qui réussit même à la mettre hors d’état de nuir et de continuer le combat. Un adversaire en moins ! Garlan lui força le deuxième noble des Terres de la Couronne à abandonner réduisant encore une fois le nombres de participant. Le grand final approchait. D’un coup d’œil rapide aux adversaires qu’il restait. Le corps allongé au pied du nordien signifiait que lui aussi avait réussi à réduire le nombre de combattant. Ils n’étaient plus que trois. Le podium était présent sur le sable de l’arène. Maintenant, il restait à définir qui accéderait à la plus haute marche. Est-ce que l’ambition du Tyrell lui permettrait de maintenir leur alliance afin de venir à bout de Jon Snow ? Il n’eut pas trop le temps de se poser plus de question que cela car le nordien l'attaqua lui mais ce fut Garlan qui para le premier. Mais la vieille abeille du Bief n’allait pas laisser tomber son allié aussi facilement. Il allait montrer que la nouvelle allégeance et la nouvelle alliance entre les Tyrell et les des Essaims n’étaient pas que du vent, que la loyauté de Mielbois allait bel et bien à la maison régnant sur Hautjardin.

Bertram attaqua alors aussi Jon Snow, serrant la main sur son épée et gardant son bouclier levé pour se protéger. Il charga le nordien pour le percuter de plein fouet, cherchant à le déstabiliser pour permettre à Garlan de l’attaquer aussitôt derrière. Le biefois choisit la tactique d’utiliser son arme défensive comme une arme offensive. La meilleure défense était l’attaque. Il voulait harceler le jeune homme afin de l’épuiser.  Il avait conscience que cela le fatiguait lui aussi mais en étant à deux dessus, il se fatiguerait peut-être plus vite que le biefois. Du moins Bertram l’espérait de tout cœur. Le combat était inégal, chacun voulait vraiment en découdre. Garlan semblait fatigué mais l’égo du cadet de Willos semblait vouloir briller un minimum, ne pas finir par abandonner ou être KO par un coup facile. Peut-être également que son alliée voulait faire briller leur région et leur principe, montrer toute l’étendue de la chevalerie bieffoise qui était réputer dans tout Westeros. La nouvelle génération et l’ancienne, main dans la main. Des styles de combats différents certes, mais un même honneur de tenir bon, de briller et de se battre honorablement jusqu’au bout. Bertram ferait de même, il enseignait cela d’ailleurs à son écuyer. Et bien qu’il avait pensé sortir tôt de cette mêlée, les dieux en avaient décidés autrement. Le jeune garçon qui se trouvait sur le bord du terrain pouvait observer deux jeunes se battre et son maître, il pouvait ainsi comparer de manière évidente les différences de style mais aussi le mental, la façon de s’y prendre, la stratégie. Et les alliances qui avaient vu le jour dès le début de la mêlée en était la preuve.

Au final peut importait le résultat pour Bertram, il était allé au-delà de ses espérances. Même s’il caressait l’espoir de finir vainqueur, il serait immensément heureux de finir deuxième ou troisième de cette mêlée. Il avait dû attendre ses cinquante ans passés pour briller lors d’une mêlée. La patience lui avait visiblement bénéfique.


tir de dé : 10

Les trois chevaliers se battaient avec force et toute la détermination qu’ils pouvaient mettre au vu des conditions météos. Bertram réussit à prendre le dessus sur le nordien mais ce dernier prenait le dessus sur Garlan. Bertram sera les dents, il commençait à fatiguer pour de vrai, pas mentalement, il avait connu des coups plus durs. Mais physiquement, il sentait le poids des années sur épaule et surtout dans ses jambes. Il n’avait pas la jeunesse de Jon Snow ou même de ser Garlan qui avait bien vingt ans de moins que lui. Et mine de rien cela jouait dans la balance. Les attaques de Bertram devenaient au fur et à mesure du temps plus lourde, plus lente. Son souffle se faisait court et derrière son heaume il soufflait comme un bœuf. Heureusement que la pluie le rafraichissait un peu, l’empêchant de cuir sous son armure.
« Tenez bon ser Garlan, nous pouvons encore nous en sortir. »

Essayait-il de convaincre son allié fatigué lui aussi ou lui-même ? Les deux étaient possibles, et avec la fatigue il sentit une jambe se dérober sous lui et glisser sur le sable détrempé. Il se retrouva sur les fesses sans réellement comprendre ce qu’’il se passait.
« Par les Sept ! » grogna-t-il

Il se releva péniblement, prenant appuie sur son épée pour s’aider. Pourquoi s’était-il lancé dans cette aventure déjà ? Il ne s’en souvenait même pas, quelle idée saugrenue il avait eu. Il avait extrêmement bien démarré, brillant et créant la surprise malgré son âge. Son expérience avait parlé mais il aurait dû se douter que son âge le rattraperait. Il s’était montré plus endurant que ce qu’il avait prévu. Son écuyer devait en prendre plein les yeux et devait dévorer le spectacle des yeux malgré la pluie torrentielle qui s’abattait.

Une fois remit sur ses appuis, il réattaqua malgré la douleur dans son coccyx. Il serra les dents pour lutter contre la douleur, levant bien son bouclier pour se protéger, il attaquait son adversaire avec des gestes certes lents mais tentant d’y mettre toute sa puissance et sa technicité. Harceler le nordien jusqu’à ce qu’il craque, voilà sa technique. Avec un peu de chance, à deux ils pourront prendre le dessus sur le jeune homme. Peut-être… Ou pas… Il n’en savait rien. Il jetait ses dernières forces dans la bataille espérant pour un miracle tandis que la foule retenait son souffle, sentant la fin approcher.


tir de dé : 1

Le temps des prières était passé.

Pour Jon Snow arrivait l’heure des brames, ou celui des hurlements. Son souffle se faisait de plus en plus saccadé et ses bras, soulevant ses aciers, tremblaient sous l’effort. Le plus vieux des Bieffois lui avait asséné quelque coups blessants qui l’avaient affaibli. Il devait admettre l’expérience du bonhomme, qui le fatiguait bien. Comme l’abeille dont il portait les couleurs, sont dard acéré n’avait de cesse que de le piquer aux endroits les plus vils, auxquels il répondait par des beuglements digne du loup qui brûlait en lui. Garlan Tyrell aussi donnait le change, et piquait plus que ce que Jon aurait imaginé, même venant d’une rose. Comme cette fleur, il résistait au froid de l’Hiver, restait debout malgré un corps manifestement abimé par l’effort. Jon leur reconnaîtrait leur vaillance, une fois que tout cela serait fini. Peut-être admettrait-il même à Robb qu’il avait eu raison de le pousser à s’inscrire à cette mêlée : il y avait trouvé de dignes opposants, aux allures moins terrifiantes que certains de ses ennemis passés, mais à la force qu’il pourrait honorer.

En attendant, toutefois, il n’offrirait pas aux Bieffois le plaisir de le voir faiblir trop vite. Alors que le des Essaims s’écroulait au sol, glissant dans le sable, le loup reprenait un souffle salvateur, qui lui sembla remplir trois fois la capacité de ses poumons et lui donner une énergie nouvelle. Il s’était éloigné de quelques pas de la scène, et pouvait revenir avec toute sa force, droit sur le Tyrell, pour le faire tomber avant que l’autre ne se relève. Il fallait qu’il se débarrasse d’au moins l’un d’eux, s’il voulait prendre le dessus pour de bon.

Alors que les aciers clinquaient de nouveau, Jon Snow ne pouvait s’empêcher de penser à la fin de cette épreuve. A sa victoire, donc, car il ne pouvait plus imaginer rien d’autre que cette perspective-là, désormais engagé dans ce dernier acte. S’il gagnait, serait-il invité à ployer le genou devant le Roi ? Devant ce jeune Aerion qui n’avait pas manqué une minute de ce spectacle, là-haut ? Devant cet enfant aux cheveux d’argent qui était, à sa propre surprise, son demi-frère ?

Jusqu’où pouvait-il pousser son imagination quant à cette scène surréaliste, tout en continuant de croiser le fer avec ses deux adversaires ?

Cette pensée le troubla peut-être ; autrement, ça l’anima. En tous cas, pour ceux qui le regardaient, il devait apparaître comme un loup enragé par le froid de l’Hiver. Et puis pour ceux qui, parmi la foule, connaissaient son secret, il était désormais indéniable que le feu des dragons brûlait en lui.  

La pluie et ses vestiges auront été leurs pire ennemis durant toute cette épreuve, songea Garlan tandis qu'après avoir repoussé l'assaut du nordien, son acolyte disparaissait de son champ de vision pour rencontrer le sol humide de la lice. « Ser Bertram ! » s'écria Garlan tout en gardant les yeux fixés sur le bâtard. Le lâcher du regard signifiait sa fin, le Tyrell le savait. On dirait que les nordiens avait la tête dure, mais celui la avait également la couenne coriace ! Il ignorait si le Des Essaims était capable de se relever pour le rejoindre, mais il savait qu'il ne tiendrait plus très longtemps. Les mêlées n'étaient jamais de longues épreuves : le poids des armures, la fatigue de l'agitation finissant par avoir raison des participants plus que les blessures ou les coups de l'adversaire. Ils étaient nombreux à avoir concourus. Le chevalier mystère, qui était tombé face à la nouvelle alliance des deux bieffois. Puis il y avait eut l'abandon du Swann, la sortie d'Arthur Massey, l'élimination de Ser Galladon puis du dernier membre du trio redoutable avec Lord Lowell. Il ne restait plus qu'eux : un vieillard, un épuisé et un bâtard. Cela sonnait comme le début du blague de taverne. D'eux trois, Garlan reconnaissait qu'aucun n'avait démérité et si Ser Bertram s'était effondré dans les dernières minutes de l'épreuve, il avait survolé cette mêlée durant une bonne partie des affrontement. Quand à Jon Snow ... Garlan n'était pas homme à juger un autre par sa naissance mais s'il avait été qu'on autorise un homme qui n'était pas chevalier à participer, il devait reconnaitre que le nordien s'était plutôt bien défendu pour quelqu'un qui n'avait formé d'alliance avec personne.

La face morose de Snow reflétait tout ce qui se disait sur sa région : un royaume gelé, terne et sévère loin du faste et des couleurs vives du Bief. Sa mine grise avait beau être humide par l'effort et marquée par la fatigue, son regard était plein d'une détermination que Garlan sentait lui échapper. Le bâtard était définitivement plus frais que lui, sans doute plus habitué à lutter contre la neige, le froid, les importantes couches de vêtement dans le Nord lui offrant une plus grande résistance à la fatigue et au poids de ses protections. S'il avait songé à abandonner, lorsqu'il se serait retrouvé seul face à Ser Bertram, il ne pouvait conclure cette mêlée de la sorte avec Snow. Ce n'était pas qu'il considérait le nordien comme moins digne que le bieffois, mais il doutait que le frère de Robb Stark eut apprécié de le voir renoncer si facilement, lui qui brulait d'envie d'en découdre jusqu'au bout. Cela aurait été une insulte et non un honneur, que de s'esquiver à la dernière offensive, que de refuser de croiser le fer une dernière fois pour l'honneur de leurs frères respectifs. Alors Garlan raffermit sa prise sur son épée. Un dernier assaut, c'était sans doute tout ce que son corps endoloris -son fessier le lançait encore de sa chute antérieure- pouvait accepter. Un dernier assaut puis il irait dormir de tout son soul et rappeler à Leonette qu'il aurait été tout aussi incroyable en joute. Un dernier assaut pour finir ce tournoi en beauté.

Car la rose pouvait s'étouffer sous le poids de la neige, elle revenait toujours au printemps suivant. Qui que fut le gagnant de cette mêlée, le podium serait majoritairement teinté de vert.

lancer de dé (6)

Les trois combattants donnaient tout ce qu’il pouvait et même si Bertram des Essaims glissa à son tour comme beaucoup dans cette mêlée, il ne perdit nullement sa ténacité et se releva pour faire face à Jon Snow avec l’aide de Garlan Tyrell. Mais la fraîcheur du Nord et la jeunesse l’emporta sur le Bief. Le loup prit le dessus sur la rose et l’abeille qui durent finalement s’avouer vaincu. Jon Snow avait été le plus fort en ce jour et ceux malgré une météo déplorable. Le climat rude du Nord l’avait probablement aidé à ne pas glisser comme beaucoup et à rester alerte, ne pas se fatiguer trop vite contrairement aux autres. Mais personne ne réussit à départager les deux bieffois. Il y avait le chouchou de la foule avant le Galant et la surprise de cette mêlée avec le doyen du combat, Bertram des Essaims. Il fut décidé de les laisser ex aequo afin de ravir tout le monde.

Tout le monde se hâta de rentrer au sec, la remise des prix se ferait plus tard dans la soirée, au Donjon Rouge afin de ne pas rester encore trop longtemps sous cette pluie battante.