[EVENT] Conseil de guerre

Le truc de Jon Omble, c’est qu’il pardonne aussi vite qu’il se met en colère : il n’y a pas d’offense mortelle. Si on lui met sa raclée de façon malheureuse, il est capable de reconnaitre la force de l’adversaire. Si on lui oppose un argument logique, alors il changera sa position : Omble est fier, mais contrairement à ce que laisse supposer la carrure de brute et la voix de stentor du Lard-Jon, pas idiot. Alors, évidemment, au tout début, il a été un peu vexé que le Paludier se permette de stopper son élan d’enthousiasme et fasse cesser les premières acclamations et de ralliements à son cri de guerre, plutôt bon de son point de vue. Car le plan de Robb lui semble lumineux, le meilleur possible.

Mais évidemment, la guerre est aussi une campagne. Il faut s’organiser. Et d’un grondement, Omble revient aussitôt sur terre, toute colère oubliée, pour réagir aux propos de Howland Reed ( @Meera Reed) : « C'est sûr. Il faudra nous organiser. Les sauvageons ont pris un sacré coup contre les morts, eux aussi, alors peut-être qu’ils nous foutront la paix. Mais pas sûr. Et les fer-nés en tout cas…c’est une autre histoire. Vers le Mur, il n’y a pas trop de risque, mais eh, ils ont déjà attaqué le Val. Je ne sais pas trop si Viserys s’en est fait des alliés ou s’ils en profitent, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils en sont capables et qu’on pourrait être les prochains. Il faudra laisser des gens à l’arrière. Il ne serait pas bon de laisser le Nord sans défense derrière nous et de faire tout cela pour rien. Et renforcer nos défenses. » Cela retardera un peu leur engagement, mais c’est un mal nécessaire.

Puis Farlen Ardoise ( @Arya Stark ) reprend la parole, que Jon lui cède volontiers, affable. La pensée de Tywin Lannister lui tire un reniflement méprisant, mais il fait taire l'envie de dire que le vieux lion a bien laissé son roi quand Aerys le Fol s'est mis en tête de bruler la capitale. Ce sont des arguments pertinents - putain de dragons - mais il lui semble que tant Robb que lui ont été mal compris. « Non pas, lord Farlen. Faire du chantage à Rhaegar en conditionnant notre soutien à l’indépendance, ça serait suicidaire et déshonorant, alors que des serments ont été faits. Vous me connaissez. Je ne souscrirai pas à ça. Ni pour nous, ni pour nos gosses. Je ne crois pas que ce soit ce que lord Robb propose, d’ailleurs ? » Il pose une main rassurante – patte d’ours – sur l’épaule du vieil homme en consultant son beau-fils du regard, cherchant une correction. Effectivement, dans ce cas là, ce serait une très mauvaise idée, trop peu réfléchie. Mais il lui semble avoir compris autre chose et justement, que l'idée de Robb est très réfléchie et ouvre de multiples possibilités. « Nous avons aussi une dette envers Rhaegar et les seigneurs du Sud. Ils sont venus et ils nous ont aidés. Mais si nous aidons Rhaegar, et je pense que de toute façon, ça ne fera pas de mal à Viserys de se prendre la raclée qu’il mérite et que nous sommes tous d’accord pour dire que nous la lui donnerions tous personnellement volontiers…après la guerre, comme vous dites, en négociant bien et en ajoutant quelques mariages…si Rhaegar gagne, je pense que nous pourrons estimer que nous sommes quittes.  On ne négocie pas de la même manière entre alliés, membre de sa famille et égaux, voire avec les gens qui vous ont aidé à préserver votre trône, qu’avec ses débiteurs. L'indépendance ne se fera peut-être pas tout de suite. Mais nous serons dans une meilleure configuration pour l'obtenir, je dirais. » Son sourire se fait triomphant et il lève le poing pour entrainer les autres avec lui : « C’est pour ça que je dis que c’est la der’ des der’. Nous sommes Nordiens, les Anciens m’emportent, et nous payons nos dettes ! Mais après ça nous serons libres, et libre ça veut dire pouvoir jouer pour nous, enfin ! »

Dacey observait l'homme qui s'adressait à elle, direct, peu avenant. En temps normal, ce comportement ne l'aurait pas dérangé outre mesure, mais elle n'appréciait ni son ton hautain, ni ses allusions. « Lard Jon », dit-elle avec le plus de détachement dont elle était capable. Il y avait une certaine froideur dans son regard azuré, celui que sa mère pouvait poser sur ses filles lorsqu'elle les réprimandaient. C'était sans doute la seule caractéristique qu'elle possédait de Maege, car elle était la copie conforme de son sauvageon de père. Sa mère était une guerrière, et même si la beauté était une notion rudimentaire sur son île, sa mère en était dénuée. Elle brillait par sa logique, son tempérament, son appétit pour la liberté, mais c'était tout. « J'ignore si vous souhaitez m'insulter en me comparant à la beauté toute relative de ma mère, ou si vous tentez de découvrir si je possède ce même esprit désinvolte... Peu m'importe à vrai dire, mais appeler moi encore une fois la petite Dacey...», elle s'avança doucement, avec un demi sourire terne « peu importe votre titre, vous finirez dans l'estomac d'un ours ». Il était homme à défit, allait-il répondre au sien ?

Assise auprès du seigneur Manderly et de son beau-frère, Brandon, elle restait silencieuse, attentive aux moindres mots prononcés par les nordiens. Des mots qui pouvaient être dangereux et d'autres qu'elle trouvait trop difficilement réalisable, « je crois que le terme liberté résonne en chacun de nous ». La voix de Dacey était douce, un peu songeuse peut-être, mais son regard était déterminé, implacable « mais l'indépendance du Nord ne me semble pas être le cœur du problème actuel. Je rejoins Lard Jon, l'urgence reste nos voisins, les maisons qui ont répondu à l'appel du Nord lorsque nous avions besoin d'aide, ces maisons qui sont étranglées par cette guerre. Vous connaissez fort bien mes sentiments sur la famille Targaryen, et j'ai encore du mal à croire que je vais prononcer ses mots, mais pour les sauver, nous ne pouvons pas nous diviser. Nous devons rester unis au roi. Ou du moins à son armée ». Elle balaya du regard l'assemblé qui semblait être à son écoute, « que deviendrait l'honneur du Nord si nous ne répondions pas à l'appel du Val et du Conflans ? », pour Dacey, la neutralité était impossible. « Nous nous rappelons que trop bien ce que la dernière rébellion contre un Targaryen à eu pour conséquence... Néanmoins, si telle est votre décision, alors je vous suivrais, j'espère que nous pourrions obtenir notre liberté sans avoir à vendre en mariage des enfants Stark, mais pour le moment, nous avons un danger bien plus important que Rhaegar Targaryen. Nous devons faire front, non seulement pour protéger le Val et le Conflans, mais également pour faire chuter Viserys de son dragon. Le roi semble maîtrisable, le prince est avide de pouvoir, qui d'autres qu'une armée unit pourraient l'arrêter dans son élan de conquête ? ». Dacey n'avait pas rejoint le cri triomphant du Omble, mais ses mots vibraient en elle avec la même ferveur.

   

Inquiète. Catelyn était inquiète. Un sentiment qu’elle ressentait bien trop fréquemment, ces dernières semaines. Si elle avait songé que la fin des Marcheurs Blancs aurait pu l’apaiser, il n’en avait rien été. S’ils avaient vaincu un ennemi, c’était pour faire face à d’autres situations bien plus périlleuses encore. Aujourd’hui, le Nord se réunissait. Il se réunissait dans leurs espoirs à tous. Dans leurs craintes, également. Dans leurs divergences, à n’en pas douter.


Aujourd’hui plus qu’hier, Robb devrait faire ses preuves. Montrer qu’il était le fils d’Eddard Stark. Son fils, également. Évidemment, Catelyn avait déjà choisi son camp depuis bien longtemps. Malgré ses propres peurs, malgré ses propres craintes. Un camp évident, le seul qui valait pour elle de combattre. Celui de son fils, de cet enfant qu’elle avait perdu durant tant d’années. Elle avait tâché de lui donner quelques conseils, de lui rappeler quelques anciennes allégeances ou d’autres faits de cet acabit, avant de s’effacer légèrement. Le destin du Nord se jouerait à Winterfell. Une fois de plus.


Et elle en serait l’un des témoins privilégiés.


Témoin du jeu qui se jouait à présent. A son arrivée, Catelyn avait naturellement pris place à la gauche de son fils, rendant salut et sourires à ceux et celles qui se présentaient petit à petit dans la salle. Un moment historique allait se jouer sous leurs yeux. En avaient-ils seulement tous et toutes conscience ? Cela ramenait la née-Tully des années en arrière, à l’époque de la Rébellion qui lui avait coûté sa famille au final. Que les Sept et les Anciens les préservent de telles conséquences… L’avenir du Nord, oui. Robb n’aurait pas pu être plus proche de la vérité qu’en ce moment.


Il y avait tant de choses à prendre en compte, en considération. Alors, Catelyn s’était tut durant les premiers échanges, étudiant chaque parole prononcée, chaque avis donné. Si la décision finale reviendrait à son fils, ses vassaux devaient aussi être écoutés, contentés. On ne menaient pas une guerre à l’aide d’un fouet, encore moins dans le Nord. Au fil des ans, la Conflanaise l’avait bien compris. Le Nord était fier, le Nord était souvent synonyme du mot honneur. Il fallait gagner le droit de mener ces hommes et ces femmes sur les champs de bataille ou en politique. Les choses étaient ainsi faites, dans ces terres gelées.


L’on parlait d’indépendance. L’on parlait de dragons. De mariages. De batailles. Du destin de leurs enfants. L’on parlait de tout cela à la fois, espérant obtenir l’un ou l’autre. Peut-être tout ça à la fois. Les dragons restaient cependant un point de pivot, Farlen Ardoise ne pouvait pas se montrer plus clairvoyant à ce sujet. Les Targaryens de Port-Réal avaient pour eux plusieurs dragons. Cersei Lannister, un de plus. Cela faisait trois dragons, peut-être d’une taille impressionnante, qui pourraient défendre les droits des actuels possesseurs du trône. Après tout, il n’avait fallu que trois dragons à Aegon, Rhaenys et Visenya pour conquérir ce qui deviendrait par la suite les Sept Couronnes.


Trois dragons donc, sans compter possiblement d’autres créatures qui pouvaient se cacher les dieux seuls savaient où. Car si Viserys avait pu cacher son dragon, de même que les autres Targaryens, il y avait fort à parier que d’autres personnes aient pu faire un choix semblable. Des personnes qui pouvaient aussi bien soutenir le prince empoisonneur que le roi actuel. A croire qu’une nouvelle Danse des Dragons s’apprêtait à débuter alors même que lesdites créatures venaient à peine de réapparaître. Quant au Nord, il ne disposait que de l’un d’entre eux, parmi les rangs des Manderly. Autant dire que la partie qu’ils s’apprêtaient à jouer n’était pas gagnée d’avance et que tous les coups seraient permis.


L’idée de négocier les termes d’une indépendance, même progressive, une fois les combats achevés pouvait s’entendre, cependant. Il serait même fou de ne pas songer à cette hypothèse.. Après tout, les Îles de Fer avaient bien réussi un tel coup de maître. Catelyn n’était cependant pas pour qu’ils se hâtent. La situation était trop instable pour cela. Il leur faudrait aussi songer à un après dans le pire des cas. Car les forces semblaient équilibrées entre le roi et son frère. A l’heure actuelle, personne ne pouvait savoir où se trouvait réellement le rapport de force. Plus encore depuis que Dorne s’était retirée du conflit et que les Îles de Fer suivaient leur propre chemin.


« … Nous sommes en effet tous et toutes en accord quant au parti qu’il nous faudrait soutenir. déclara finalement Catelyn, d’un ton mesuré. Si l’empoisonneur a permis la débâcle des Morts au même titre que bien d’autres personnes, cet acte n’efface en rien ce qu’il a fait subir au Nord alors qu’il avait été accueilli en nos demeures comme un invité. Les Anciens ne pourraient tolérer cela. La veuve de l’ancien seigneur s’était tut. Nous devrons cependant avancer prudemment durant cette guerre qui s’annonce. »


La veuve Stark s’était à nouveau faite silencieuse, son regard se portant sur l’assistance qu’elle avait tout d’abord étudiée silencieusement. Robb restait le principal décisionnaire. Elle avait cependant pour elle d’autres cartes, d’autres armes également. Si elle devait en faire l’usage, elle n’hésiterait pas. Pas un seul instant. Si elle était née dans le Conflans, le Nord était désormais sa demeure. Celle de ses enfants également. Sa famille, là où la guerre précédente lui avait pris père, frère, oncle et maisonnée.


« Vos mots montrent que cette guerre est loin d’être gagnée par un camp ou l’autre. Si notre destin se révèle d’être de soutenir le roi Rhaegar, nous devons le faire en connaissance de cause. Cela me semble être le cas, mais aussi en nous préparant en conséquence. Si nous souhaitons traiter d’égal à égal, le moment venu, cela ne se fera pas avec une terre calcinée et une armée plus morte que vive, vous en conviendriez. Soutenir nos voisins est un premier pas en la matière. Les dangers sont cependant nombreux et nos plaies sont encore vives. Chaque coup que nous donneront, que vous donnerez, devra être calculé. »

Voilà que Westeros s'embrase dans cette nouvelle Danse des Dragons. Mestre Luwin avait redouté cela dès la vision de Viserys sur son dragon lors de la bataille contre les Spectres. Le Nord avait déjà tant souffert. Voilà que les âges sombres revenaient à nouveau. Jusqu'ici, pourtant, rien de nouveau dans la région. Après le conseil auquel Robb a assisté l'année passée, la région s'était simplement préparé à la guerre, comme toutes les autres. Les nouvelles allaient et venaient. Les attaques de Viserys sur l'Orage. Les batailles de Trois Tours et de la péninsule de Goëville. Les guérillas dans l'Ouest. Le retour du roi à Port-Réal. Tant d'événements peu joyeux annonçant une guerre longue et dure. Mais voilà que le suzerain du Nord en avait fait appel à ses vassaux. Sage décision, pendant le mestre. Le jeune suzerain avait encore beaucoup à apprendre, lui qui avait vécu plus longtemps à la capitale que dans sa région natale. Il avait encore des choses à prouver aux yeux de certains nordiens récalcitrants. La nouvelle s'était répandue en un rien de temps et quelques semaines plus tard, Winterfell se retrouvait submerger par l'arrivée des seigneurs et de leurs convois, petits et grands.

La salle du banquet fut aménagée pour accueillir l'assemblée où s'installaient déjà seigneurs, seigneuresses, héritiers, héritières, représentants, invités de marque, témoins silencieux. Le vieil homme sage se tenait à la table principale aux côtés du suzerain, de son demi-frère @Jon Snow et de lady Stark (@Shôren Baratheon). Luwin connaissait les noms et provenances de tous les invités devant lui et les reconnaissait aisément. Si dans les premiers temps, il préféra rester silencieux, il intervint assez rapidement lors d'une intervention de son seigneur et maître. Les avis divergeaient et pourtant tout le monde s'accordait à dire que suivre Viserys n'était aucunement envisageable. Luwin ne pouvait qu'être d'accord, voyant l'héritier Manderly porter des regards assez éloquents sur ses congénères. L'empoisonnement de la jeune Wylla était encore dans les esprits, malgré les années passées.Mais les esprits semblaient s'échauffer lorsque l'indépendance de la région fut au centre des discussions. C'est là que mestre Luwin prit la parole.

- Mes seigneurs, mes Dames, lord Robb. Êtes-vous certain de vouloir prendre ce chemin ? Vous êtes, si vous me le permettez, bien jeune encore et, dois-je vous rappeler la relation que nous avons avec le roi, le passif qui nous lie à lui ? Je suis du même avis de lord Ardoise ou bien lady Dacey. Une demande d'indépendance ne doit pas être prise à la légère et surtout... est-ce le bon moment pour cela ?

Mestre Luwin était dubitatif quant à la pensée du jeune Robb. Il redevint silencieux, attendant quelques réactions çà et là, dont celle de son suzerain, et espérait que ce conseil ne fasse pas l'erreur que Dorne avait fait, pas plus tard que l'année passée...

J’écoutais tout le monde et digérais les avis de tous, tel était mon devoir. Peu m’importait mes propres convictions, non que je n’en avais pas mais nous étions ici pour tenir Conseil. Chacune, chacun avait son mot à dire, sa pensée devait être entendue et la sagesse même de nos paroles devait pouvoir s’élever entre ces murs sans barrières de lignage.

Je considérais Mestre Luwin l’air grave et bien que je ne m’adressais qu’à lui, j’étais debout et parlais assez fort pour me faire entendre de tous. Ma mère avait cependant raison à mes yeux alors qu’elle soulignait que nous devrions nous montrer réservés, calculateurs et prudents. Il nous fallait d’abord songer rebâtir après la guerre avant d’envisager la question délicate de l’indépendance. Pour autant, cette question méritait d’être posée un jour au moment opportun et tentée d’être résolue de la façon qui sera jugée la plus appropriée alors, suivant les événements en cours.

Mes paroles ont été un peu brèves. A m’expliquer, ma vision est lointaine, la question de l’indépendance se devait d’être posée aussi et nous devrions œuvrer en ce sens par la suite, qui sait précisément quand ? Le temps est présentement à honorer nos serments, en effet. Il ne s’agit pas d’un échange ni d’une monnaie de chantage. Peut-être par la suite, en cas de victoire pourrons nous panser nos plaies au mieux. Nous présenter en égaux à la table de Rhaegar est un rêve lointain également et ce malgré toute l’affection qui me lie à ce second père et aux siens. Il arrive un temps où la politique prime sur l’affection. Ce temps n’est pas encore arrivé mais mon regard est porté aussi vers l’avenir. En cela n’ais je pas été clair.

Il était vrai que j’étais encore jeune et fort impétueux mais comme suzerain je me devais de considérer le présent tout en portant un regard attentif au-delà. Je ne croyais pas plus aux alliances et aux mariages. Ou plutôt, j’y avais foi mais pour un temps trop éloigné de nos petites vies et de l’instant présent. Ces manœuvres avaient à mes yeux des chances d’aboutir à long terme et leur succès était incertain. Une proclamation était plus dans mes cordes mais s’eut été suicidaire et des négociations auraient pu déranger le Roi s’il l’eut mal pris. Aucune solution ne semblait être miraculeuse à cet instant en matière d’indépendance mais il nous faudra soulever ce point, un jour prochain, quand la guerre serait peut-être depuis longtemps derrière nous. Nous ne pouvions pas éternellement nous contenter de cette vassalité. C’était certes contraire à l’ordre des choses mais peut-être que l’échiquier des puissants serait bouleversé plus tard et il nous faudra alors saisir l’opportunité.

Pour l’heure le temps était à la guerre et à ses préparatifs. Je comptais bien sûr, sur mes bannerets pour organiser cela au mieux. Pour ma part, je le sentais déjà, le cœur lourd, il me faudrait bientôt prendre congé de Kylis et laisser derrière moi ce monde encore paisible.

« J’allais dire le même caractère, mais c’est la même fierté, parole. Ne le prends pas mal. J’aimais bien Maege. Elle aussi m’engueulait. » De fait, Dacey ( @Maddy) n’a rien de petite ni même l’âge d’être sa fille, mais ça l’amuse, comme ça l’amusait de jouer les boutes-en-train avec Maege, qui le traitait de gamin – ce que le Lard-Jon est, on ne peut le nier. Bon joueur, il termine en lançant : « C’est noté, lady Dacey. »

Les esprits s’échauffent ensuite, et le sien en premier lieu. Finalement, un relatif consensus se dégage : il faut agir, cela est certain, même si les questions concernant l’indépendance prend un moment le dessus dans la discussion. Vieux rêve d’un passé antérieur à la conquête, vieille idée du Nord libre qui perdure. Les interventions successives ramènent le sujet principal au cœur de la discussion. Estimant que le jeune suzerain ( @Robb Stark) a répondu aux interrogations diverses en réaffirmant qu’il ne s’agit pas de faire un chantage à l’indépendance en échange d’un soutien, ce qui serait immérité au regard des circonstances, et loin d'être une bonne idée, Omble lance d’une voix forte pour l’appuyer : « Payons d’abord nos dettes envers les seigneurs qui sont venus à notre secours, comme le dit lady Dacey, et voyons pour aider le roi à gagner sa guerre, puisque nous sommes tous d’accord là-dessus. Si l’indépendance peut faire partie de l’issue heureuse de notre engagement dans la guerre, à long terme, il faut la mener correctement d'abord pour ce faire et dans tous les cas, lord Robb a raison. »

C’est que lorsqu’il quitte ses attitudes faraudes et se donne la peine de réfléchir, le Lard-Jon n’est pas un stratège si inconséquent que cela : « Ce qui veut dire...Envisageons concrètement les choses. Qu’envoyons-nous comme renforts, et où ? Et comment organisons-nous notre défense si nous ne voulons pas risquer d’être pris à revers ? » Qui reste et qui part ? Omble est un battant et un intrépide, et il annonce en riant : « Si vous voulez, je mènerai l’avant-garde. Si nous envisageons une vraie campagne. Envoyer des vivres sera peut-être compliqué, par contre. » Quand on est va-t’en-guerre, il faut obéir à ses propres principes : il ne sera pas dit qu’il restera à l’arrière.

« Quand à où…je crois que nous sommes trop loin du Bief pour être vraiment efficaces. Nous risquerions en plus de tomber dans une souricière. Avez-vous des nouvelles de Rhaegar ou des autres suzerains, lord Robb ? Je pense au Val et aux Hardyng en particulier, avec le siège de Goëville. Reprendre la ville serait un net progrès. Ont-ils demandé de l’aide ? C’est là où nous serons le plus utiles, il me semble, sauf si d'autres nouvelles nous poussent à nous orienter ailleurs. Ou alors nous renforçons l'ost des Nerbosc ? Ils ont terminé leur siège, mais une jonction ne serait peut-être pas une mauvaise idée. » Viser le Conflans et le Val permettrait en outre de protéger relativement facilement leurs frontières  et de renforcer leurs alliances avec leurs voisins directs – un retour de balle bienvenu envers les Nerbosc, aussi.

Omble se tourne ensuite vers les Manderly et les Ardoise  @Arya Stark , qui sont proches des premiers : « Et il faut que nos amis Manderly nous disent ce qu’ils comptent faire de leur dragon. Il me semble que c’est l’un des seuls qui soit vraiment en âge d’être monté et de peser pour de bon dans la bataille dans l’immédiat, à part celui de Viserys lui-même, non ? »
Un atout de poids, s'il en est.

Les discussions allaient bon train et Farlen observait les gens les uns après les autres. Ils étaient au moins tous d’accord… Ils voulaient l’indépendance du Nord malgré des années de paix et de relatifs bon traitement… Ils se sentaient toujours profondément qu’ils ne partageaient pas assez avec les autres royaumes. Enfin, c’était le point de vue de Farlen qui but une gorgée de bière sans rien dire de plus, écoutant les arguments. Visiblement… tous étaient d’accord sur un point. Enfin plusieurs.

« Je crois qu’au moins nous sommes d’accord sur une chose importante : nous participerons à la guerre aux côtés du roi Rhaegar. Lui au moins aura défendu les intérêts du Nord en acceptant d’entendre et de nous croire sur la vérité du monstre qui est derrière son frère. »

Il posa son regard sur Lad Jon et se frotta légèrement le nez.

« Nous savons qu’il y a deux autres dragons en état de se battre : celui du prince Aegon, qui est plus jeune, mais j’ignore comment ces créatures grandissent, et celui de la Lionne. »

Il souffla un peu par le nez.

« Pour l’instant, nous sommes presque en armé de réserve pour attaquer à revers l’Empoisonneur. Mais seigneur Robb, avez-vous d’autres informations que nous n’aurions pas encore eu vent ? Pour l’instant nous devrions aussi nous assurer de créer des cordons de ravitaillements au besoin pour nos alliés. Ceux que nous pouvons aider en priorité sont ceux de Goëville et le Conflans. Conflans où votre jeune frère Brandon est. »

Il soupira un peu, son intervention était bancale, mais il n’avait plus l’âge d’aller à la guerre.

« Et qui envoyons-nous parmi nos propres familles ? Je serais d’avis que les héritiers restent à l’abris… Sait-on jamais… »

Il disait cela, son propre fils était aux côtés des Manderly.
   

Conseil de guerre

An 304, Lune 9, Semaine 1 - Lyessa Flint

Les discussions se stoppèrent lorsqu'enfin, le Suzerain du Nord se leva pour prendre la parole. Malgré son jeune âge, l'on ne pouvait nier qu'il dégageait un certain charisme. Silencieuse tout le long du monologue du jeune loup, ses sourcils se fronçaient lorsqu'il évoqua l'indépendance du Nord. Cela lui paraissait inconcevable. Être au sein des Sept Couronnes leur permettait de nouer des alliances, de ne pas s'isoler du reste du monde. Néanmoins, ce n'était pas le plus pressant pour l'instant. Elle opina du chef lorsque Jon Omble et Farlen Ardoise répétaient vouloir combattre pour Rhaegar avant de se lancer dans l'indépendance. "Je ne peux qu'abonder dans votre sens messieurs, menons cette guerre avec honneur, comme nous l'avons toujours fait. Quant aux dragons, nous en avons plusieurs dans notre camp, mais encore faut-il savoir s'ils peuvent rivaliser contre celui du Lézard." Le nom du prince exilé avait été dit avec mépris, sa langue claquant violemment. L'existence du dragon de Viserys compliquait tout. Certes, les Manderly en possédait un mais pouvait-il rivaliser ? Puis elle leva les yeux, en signe de réflexion quant à la suite. Le Val paraissait être la destination la plus urgente à ses yeux, était-elle totalement objective ? Non pas vraiment, elle s'inquiétait pour la famille Royce, avec qui elle avait noué une forte amitié. "La situation du Val me paraît plus urgente. S'ils n'ont pas demandé de l'aide, je pense qu'ils n'en n'ont pas eu le temps." Souffla-t-elle, tentant de cacher son inquiétude sur le Val qui menaçait de s'embraser, bien que le Conflans était aussi dans une phase difficile. Elle aussi se demandait si Robb avait eu des nouvelles. "Notre intervention dépendra surtout des informations dont vous disposez évidemment." Elle préférait le rectifier aussitôt pour ne pas imposer son avis, comme toujours. Lyessa savait qu'elle n'aurait de toute évidence pas le dernier mot. Dans tous les cas, elle se préparait à prendre les armes. Si les armées de Lord Hardyng avaient essuyé un échec, c'était là-bas qu'il fallait se rendre sans plus attendre. Et si les Nerbosc également avaient échoué ? Le Nord aurait à faire un choix, cornélien.

Ils étaient rapidement arrivés à un consensus: celui de prendre le parti de l'actuel occupant du Trône de Fer. Restait à définir les modalités de ce soutien. Et si l'indépendance du Nord s'avérait séduisante, son obtention parut plus complexe encore à débattre que leur participation à la guerre. Pour sa part, Jon ne pouvait qu'être partisan d'un Nord à l'écart des intrigues de Port-Réal. Pourtant, l'évocation d'un tel sujet en une période si troublée le rendit méfiant. Peut-être était-ce sa nature de bâtard qui parlait, mais le fils caché de Rhaegar Targaryen ne put faire disparaitre le pressentiment que Viserys aurait vent de ces discussions. Tout aussi loyaux qu'étaient les vassaux de Winterfell, Jon ne doutait pas qu'un sujet si sensible parviendrait jusqu'à Goëville. Pour peu que le Dragon de l'Est brisait l'encerclement de la Péninsule.

Mais c'était là quelque chose hors de leur portée. Comment ils entreraient dans ce conflit en revanche... Cela il le maitrisait. Ce qui amena le bâtard de Stark à enfin intervenir au milieu de l'assemblée. Espérant que Robb ne prendrait pas ombrage de ses paroles, il prit la suite d'intervenants bien plus prestigieux que lui.

- « Mes Seigneurs. J'entend que l'on évoque les dragons, leur nombre, la destruction qu'ils peuvent causer. Je ne nie pas leur incroyable force. Mais n'oublions pas que se sont les armées qui tiennent un territoire. Dorne nous l'a appris, à défaut du concept de loyauté. Et quel plus vaste territoire que le Nord ? Aucune force ne saurait le soumettre complètement, sinon les Nordiens. » Enonça le bâtard d'un air convaincu.

Il sembla chercher l'approbation du regard de  @Robb Stark, prenant soin d'éviter de croiser celui de sa mère, lady Catelyn. ( @Shôren Baratheon).

- « Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut oublier la réalité de cette guerre qui s'annonce. Soyons réalistes: le Val d'Arryn ne saurait être à notre portée en l'état, à moins de passer la Porte Sanglante. Même la flotte Manderly ne saurait supporter un ost Nordien et tout son ravitaillement dans le Détroit. Et nous ne saurions dire si l'Empoisonneur dispose du soutien des Cités Libres, et dans quelle mesure. Il n'a pu engager la Compagnie Dorée sur ses fonds propres. Peut-être disposent-ils de navires prêts à prendre la mer... » Poursuivit le maitre de Fantôme. « Si le Nord doit combattre au sud, cela se fera en premier lieu dans le Conflans, comme toujours. Renforçons et relevons les défenses de Moat Cailin, garnissons nos côtes de quelques troupes pour prévenir d'éventuels raids. Alors nous pourrons partir en campagne plus sereinement. Qu'il s'agisse de défendre le Trône de Fer ou de gagner une indépendance qui semble chère à autant d'entre nous. » Conclut-il en se rasseyant.

Il avait dit ce qui lui triturait l'esprit. Là où certains se voyaient guerroyer pour l'honneur et les serments, lui se devait d'être plus terre à terre. C'était son rôle en tant que conseiller de son suzerainn.

Comme beaucoup de seigneurs, Medger écoutait attentivement. Il ne cachait pas ses opinions en passant de grimaces mécontentes à des signes d’approbations. Il laissait comme à son habitude les fortes-têtes s’épuiser en contre arguments et en propositions. Ce qui choquait le plus, qui avait failli sortir Medger de son silence une première fois fût la proposition de Robb Stark lui-même. Il avait lâché, sans quelques mesures l’idée de l'indépendance. Estomaqué d’une telle confiance Medger était resté assis quelques instants, cloué sur son banc à fixer la salle en sondant du regard les participants de cette étonnante discussion. Profitant d’un moment de pause après la prise de parole d’Howland Reed, qui par son ton posé apportait un peu de calme au débat, Medger se levait et traversait une rangée de chaises, n’oubliant pas d'écraser quelques pieds au passage pour sortir de son coin sombre, visible de tous il prenait la place centrale destinée aux orateurs.

“Mes seigneurs, Lord Stark…” Légère révérence du front vers l’hôte. “Ne nous précipitons pas. Il m’est tout à cœur d’aller déterrer ce chien d’empoisonneur. Faisons le bien et faisons de cette épopée une grande victoire pour le Nord. Nous en avons bien besoin après les épreuves que nous avons traversées.” Medger se retournait vers Robb et sa tablée qui présidait la salle. “L’indépendance n’est pas chose aisée, surtout si elle fait un effet… boule de neige. Nous ne sommes pas des briseurs de serments. Ce qui a été forgé par le Conquérant ne peut pas être balayé d’un revers de main. Si l'indépendance doit se faire, elle ne se fera pas en quelques années, peut-être devrions nous de notre vivant nous contenter d’une plus grande autonomie, doublée d’une plus grande reconnaissance. Mais, un sujet à la fois, nous sommes ici pour la guerre et l’ennemi pour le moment c’est la PETITE RACLURE DE VISERYS !” Pour une fois, lord Cerwyn donnait de la voix.

“Je ne sais pas où il est, ce petit connard, cet empoisonneur d’une des NÔTRES mais je rappellerai à lord Stark la sévérité et la justesse de son ancêtre Cregan Stark lors de la dernière guerre de succession. Nous devons descendre.” La voix froide et calme de Megder sonnait comme de l’eau qui claque et il haussait simplement le ton, aucun signe extérieur d’énervement. “Oui, lord Reed ( @Meera Reed ), nous connaissons les Conflans, c’est plus aisée. Si les guerres étaient aisées vous le sauriez, on a tous déjà payé le prix du sang avec les… marcheurs. On ne va pas reculer et s'asseoir tout le long de la guerre aux côtés des Nerbosc ou des Frey parce que nous maîtrisons le terrain. Aux dernières nouvelles, corrigez moi si je me trompe ! Le Val est embourbé à Goëville ? Et bien descendons à Goëville, battons nous aux côtés des valois pour terrasser l’une des plus grosses forteresses et point de chute de l’ennemi ! Bordel de merde, c’est le dragon de l’Est et on laisserait les valois seuls contre un port qui donne sur Essos ? Il faut intervenir dans le Val, le butin de guerre y sera particulièrement conséquent.” Medger savait que l’ambition et le devoir n’étaient pas les seuls attraits de la guerre, la fortune en était l’un des plus grands.

“Snow ( @Jon Snow ), oui, nous devons renforcer nos défenses. Mais nous n’allons pas laisser une compagnie de mercenaires prendre le Val pendant qu’on joue à prendre des châteaux très prenables dans le Conflans ! Ce n’est pas Vivesaigues qui est aux mains de la petite saloperie, c’est Goëville ! Et Lord Ardoise( @Arya Stark ), quand êtes-vous devenu si prude ? Bien sûr que j’irais à la guerre avec mon héritier, je suis du Nord, pas un pleutre qui regarde ses gens mourir au loin depuis quelques hauteurs. Je veux le sang et l’or de Viserys Targaryen et de la bande de traîtres et de couards qui l’entoure. Voilà, lord Stark ( @Robb Stark ) ce que je voudrais : L’or et le sang. Quant à l’indépendance, je ne suis pas certain qu’elle soit si aisée…”

Conseil de guerre

An 304, Lune 9, Semaine 1 | Harrion Karstark

Le Karstark demeura silencieux un moment, écoutant les réactions, approuvant certaines d'un hochement de tête tandis que d'autre lui firent lever les yeux au ciel. Il était fascinant de voir combien les nordiens pouvaient retourner leur veste en un claquement de doigts lorsqu'il s'agissait de cette indépendance fantasmée : bien sur, Harrion ne dérogeait pas à la règle, la fierté de sa maison n'en serait que plus grande de se voir directement sous une maison royale et non sous une maison suzeraine. Il avait été, comme bien des gens dans cette assemblée, élevé sur la base de récits d'un Nord fort, héroïque et imposant bien avant l'arrivée des dragons sur Westeros. Cependant, bien que sa famille eut des liens de proximité des plus important avec les Stark, Harrion posait sur  @Robb Stark un regard encore méfiant. Le jeune loup s'était-il tant habitué au luxe de Port-Réal que ce dernier lui manquait ? Avait-il jalousé les titres dont son ami d'enfance hériterait au point de désirer, lui aussi, une couronne ? Il ne savait qu'en penser. Et encore moins de l'empressement de quelques uns à jurer de défendre la cause d'un nord libre de toute influence Targaryenne. Il ne fallait pas oublier que le Nord s'était rendu sans combattre lorsque les conquérants avaient jeté leur dévolu sur la région : en cela, il n'y avait nulle revanche à prendre. A ses yeux, discuter d'une indépendance, envisager de la négocier en échange de leur participation à la guerre était tout simplement honteux : quel honneur y avait-il là dedans ? Renfrogné sur son siège, Harrion écouta le débat se calmer tandis que le mestre, puis Lady Catelyn ramenaient tout ce beau monde à l'ordre. La conversation retrouva du bon sens et le visage du Karstark se détendit. « N'oublions pas que le traitre a un dragon et, dans mes souvenirs, le feu et le bois ont rarement fait bon ménage.» Car il ne s'inquiétait pas tant de la horde de mercenaire au service du prince déchu que de la créature qui avait survolé le champ de bataille à Winterfell. « Bien qu'en cela, je crois que nous n'avons pas à rougir. Les princes n'ont pas été les seuls à être aperçu en compagnie d'un dragon ... Ni Lady Lannister.» ajouta-t-il en lançant un regard perçant à Lord Ardoise (@Arya Stark) « Lady Wynafryd a bien défendu l'honneur du Nord à Winterfell, vous semblez l'oublier.» rappela-t-il, le chauvinisme de ses paroles rappelant la fierté de la région.

Il s'enfonça à nouveau dans son siège, les bras croisés sur son torse, un sourire moqueur se dessinant sur son visage tandis qu'au milieu de ses paroles censés, Medger Cerwyn ( @Valena Toland ) sortait ce qui lui semblaient être des absurdités. « Donc vous proposez que nous envoyions des troupes à une mort certaine juste par peur que ce soit trop facile ?» dit-il avec une pointe d'arrogance. « La péninsule est tombée, ou du moins, elle le sera lorsque Roche-aux-Runes cédera face au siège qui l'accable. Si Lord Hardyng n'a pas encore récupéré la cité, peut être est-ce parce que les traitres ont des arguments de poids ? Nous ignorons ce qui se cache derrière les murs de Goëville tout comme nous ignorons combien de famille valoises sont acquises à la cause du serpent. Qui nous dit que le port où nous accosterions ou l'auberge à laquelle nous nous arrêterions ne sera pas le guet-apens idéal pour mettre à mal les forces nordiennes ? » C'était affreux à penser, mais c'était ce qu'il aurait fait s'il avait été en position de force. Le Val était une région affreuse pour cela : son atout de défense devenait son point faible en cas d'attaque car il n'y avait que peu de route sure dans ces montagnes. « Les clans des montagnes n'ont que faire de la petite rixe entre le Roi et son frère, ils n'hésiteront pas à nous trancher la gorge dans notre sommeil ne serait-ce que pour récupérer nos bottes. Quand à la route principale, le temps qu'on les atteigne, le Val sera peut être déjà entièrement aux mains de l'ennemi et ce serait dramatique pour nous.» soupira-t-il. « Le Conflans me parait une option plus sage : nous pourrions endiguer la propagation des forces ennemies par voie terrestre. »

Aucun des mots qu'elle entendait ne la rassurait réellement, elle en comprenait le poids et la nécessité de telles paroles, pourtant elle se sentait dépassée. Non à cause de son manque d'expérience pour les tueries de masse, mais plutôt par son impression de passer à côté de quelque chose de primordiale. Ils leur manquaient tant d'informations sur la situation actuelle que la Mormont avait des difficultés à avoir une vision d'ensemble. Rien ne lui venait à l'esprit, aucune ébauche d'idées, aucune bride de stratégie, seulement ce sentiment désagréable qui lui laissait un goût amer en bouche. Elle se contenta alors d'observer les autres seigneurs, d'écouter leurs propos, d'acquiescer doucement de la tête lorsqu'elle était en accord avec une idée, et finit par rebondir sur une question de Farlen ( @Arya Stark ).

« Avez-vous eu des nouvelles du roi ?», Dacey avait haussé la voix suffisamment forte pour obtenir l'attention de l'assembler, elle fixait son seigneur dans les yeux ( @Robb Stark), en attente d'une réponse. Allait-il marcher sur son frère ? Quel était son dessin ? « Avant même d'envisager d'aider le Conflans ou le Val, nous devrions rassembler l'ensemble des informations que nous avons en notre possession. Et pour le moment, je trouve qu'elles sont bien minces ». Aider une ou l'autre, c'était une décision qu'ils seraient forcer de prendre, en priant les anciens dieux qu'elle soit la bonne. À cet instant, elle pensa à Jorah, à son cousin qui protégeait une dragonne et aux pensées qui devaient être les siennes à ces moment précises. « Connaissons-nous avec exactitude les maisons qui ont rallié Viserys ? Où sont nos forces alliées ? Celle de Viserys ? Dorne et les îles de Fer ont-ils décidés de soutenir un camp ? », la Mormont avait besoin de ralentir le débat pour en revenir aux bases, sans se projeter dans les stratégies, dans le nombre d'hommes que chaque maison pouvait envoyer et encore moins de discuter du dragon de son amie. Elle voulait être certaine d'avoir toutes les cartes en main et ainsi, voir l'ensemble du tableau sans avoir l'impression de manquer des éléments.
   

Catelyn accueillit avec un certain soulagement les paroles de Mestre Luwin. La née Tully avait toujours apprécié l’homme, que cela soit pour ses conseils ou pour son sens de la mesure. Que cela soit du vivant de son époux, ou par la suite, elle avait toujours vu en lui un allié des plus sûrs. Alors, la veuve se détendit quelque peu, adressant un regard entendu en direction de Luwin. Si elle appréhendait la suite des débats, elle espérait que les mots du Mestre ait la portée nécessaire pour les mener à bien. Robb s’était apaisé, l’assemblée à sa suite. A présent, ils pouvaient traiter comme il se devait de leurs futurs préparatifs… et de leurs conséquences.


A ce sujet, lord Omble parlait on ne peut plus justement. Ses interrogations plongèrent Catelyn dans ses pensées. Elle-même y avait songé, avant le début de cette assemblée. Les questions étaient plus nombreuses que les réponses, cependant. Lever le ban prendrait un temps certain, de même que des ressources. Fort heureusement, la belle saison était de retour. Cela leur ôtait une sacrée épine du pied.  Il n’en restait pas moins qu’il faudrait conserver une partie des hommes à l’arrière, afin de nourrir le Nord en l’absence de ceux partis combattre au sud. Une région comme la leur ne pouvait se priver de remplir leurs greniers. L’hiver revenait toujours bien trop vite…


Alors, la louve se tenait silencieuse, portant son regard sur ceux et celles qui pouvaient s’exprimer. Le Val était à oublier, elle ne pouvait qu’en convenir. Trop complexe, déjà perdu peut-être. Le Conflans restait une bien meilleure solution. Elle était bien placée pour le savoir. Qui plus est, il y avait bien des alliés. Davantage que dans le Val. Si Catelyn ne voulait l’avouer, Jon Snow se montrait bien clairvoyant dans cette entreprise. Plus clairvoyant que des seigneurs et des émissaires plus âgés. Le Conflans restait l’option de la sagesse. En cela, la dame rejoignait l’avis d’Harrion Karstark.


« Le Conflans semble être une terre qui nous sera plus aisée de protéger, il est vrai. Nous y avons des alliances et des amitiés. Prenons garde, cependant. Les navires se sont faits moins nombreux dans nos ports, nous avons été nombreux à le constater, ce qui laisse à craindre bien des choses. Si l’hiver n’est plus, nous ne pouvons dépouiller le Nord de ceux qui en cultiveront la terre pour assurer notre subsistance pour les années à venir. Il nous faudra trouver un équilibre quoiqu’il puisse advenir. »


Au-delà des questions d’allégeances des autres maisons et régions, le spectre de la famine ne pouvait être ignoré. Le Nord n’était pas le Bief. Leurs terres étaient moins fertiles et demandaient davantage de soin pour des rendements parfois dérisoires. Ils ne pouvaient se lancer dans une guerre, qu’importe son envergure ou les territoires concernés, sans prévoir des céréales pour leurs hommes et leurs chevaux.

Avec l'intervention de mestre Luwin, les esprits échauffés semblaient s'être calmés. Le mestre ne put qu'en être soulagé. L'indépendance du Nord n'était pas une décision judicieuse pour lui mais il en allait de son devoir de simplement guider son suzerain, pas de l'obliger à renoncer à sa vision des choses, qui, comme il le disait lui-même, était sans doute un peu trop lointaine. Il viendrait effectivement bien le temps de penser à tout cela une fois la guerre finie. Mais, Luwin devait rappeler au jeune Loup le lien qui les liait aux Targaryen, un lien non négligeable au même titre que le soutien royal lors de la bataille de Winterfell. Rhaegar était monté au front, au même titre que Viserys d'ailleurs, ce qui pouvait ouvrir là bien des débats. Cependant, il était clair que l'affront du prince exilé n'avait pas été oublié. Cette tentative d'empoisonnement sur la jeune Manderly demeurait encore dans les esprits et il était impensable que le Nord en vienne à soutenir le perfide frère du roi.

Les discussions reprirent de plus belle. Entrée en guerre du Nord. Rejoindre le Val. Soutenir le Conflans. Dans tous les cas, l'assemblée semblait décider à combattre pour le roi Rhaegar. Mais mestre Luwin demeurait méfiant. Il savait que si le Nord levait son ban, ce ne serait pas sans prix à la fin. Il viendrait également temps pour le sage vieil homme de calmer les ardeurs du jeune Suzerain. En attendant, aux vues des interventions de chacun, il était sans doute temps de prendre une décision. Cela faisait bien plusieurs heures qu'ils étaient toutes et tous réunis ici, à s'échanger des regards, des idées, des avis, des critiques. L'intervention de Jon Snow ne passa pas inaperçu dans l'esprit du mestre qui était demeuré bien silencieux à nouveau. En réflexion, pensif, il attendait le moment opportun pour intervenir, étudiant chaque intervention des seigneuresses et seigneurs présents dans cette salle.

- À l'heure où nous parlons, il semblerait que la péninsule de Goëville soit contrôlée par l'ennemi. Aucun doute n'est d'ailleurs permis concernant le changement d'allégeance des Grafton, Arryn et Shett. Selon mes informations, il semblerait que Roches-aux-runes soit en mauvaise posture. Concernant l'Ouest, des attaques ont eu lieu à divers endroits dans la région. Pour ce qui est du roi, il a été rapatrié à Peyredragon suite à ses blessures lors d'une attaque à Chutebourg. Je n'ai pas reçu d'information spécifique pour le Conflans et l'Orage qui semblent réussir à maintenir le calme pour l'instant. Cependant, il ne fait aucun doute que c'est une question de jours, semaines, lunes avant que le prince ne tourne son regard vers les autres régions. Quelle que soit la décision que vous prendrez, mon seigneur, le Nord devra se préparer.

Le mestre tourna alors son regard vers le jeune Suzerain. Le temps des discussions était terminé. Il fallait désormais prendre une décision qui serait, dans tous les cas, lourdes de conséquences.