[EVENT] Conseil de guerre

Conseil de guerre

An 304, Lune 9, Semaine 1

Le printemps avait enveloppé les paysages enneigés du Nord. Winterfell se remettait de la bataille contre les Marcheurs Blancs. La reconstruction du château avançait convenablement mais les nouvelles provenant du Sud commencèrent à inquiéter. Après son court séjour à la capitale pour un conseil exceptionnel, lord Robb Stark avait préparé sa région à la guerre, à une guerre qui opposerait Rhaegar, le roi légitime, et Viserys, son frère. Mais, au fil des lunes, le suzerain était en proie au doute. Il sait que son peuple attend beaucoup de lui mais ne peut se résoudre à renier son passé qui le lie au roi. Les premiers éclats de la guerre atteignent tardivement les oreilles de Winterfell puis les nouvelles s'enchaînent. Trois Tours. La péninsule de Goëville. Plusieurs localités dans l'Ouest. Chutebourg. Westeros semble s'embraser et le Nord ne peut rester inactif face à cela. Aussi, le jeune Loup décide donc de solliciter tous ses vassaux en les convoquant à Winterfell pour un conseil de guerre qui se déroulera au tout début de la lune 9, permettant ainsi aux seigneurs les plus éloignés de faire le voyage.

Winterfell se prépare donc à recevoir beaucoup de monde en ce tout début de lune 9. C'est une logistique compliquée qui donna du fil à retorder à lord Robb et sa mère lady Catelyn qui l'épaule, ainsi que mestre Luwin. Comme le château lui-même ne peut accueillir la multitude de seigneurs invités, les alentours de Winterfell sont investis par les différents convois. La salle principale de Winterfell, réservée aux doléances, aux banquets, aux occasions exceptionnelles en tout genre, a été aménagée pour l'occasion. Une immense table trône au fond de la pièce. Robb se tient, debout, derrière celle-ci. À sa gauche se trouve mestre Luwin et sa mère, lady Catelyn Stark tandis qu'à sa droite se trouve @Jon Snow. Les seigneurs entrent petit à petit, saluent leur suzerain, s'installent tour à tour sur les nombreuses chaises et bancs installés de part et d'autres de la salle, laissant ainsi une allée au milieu pour celles ou ceux qui souhaiteront intervenir durant le conseil. Le moment était exceptionnel pour la région du Nord qui s'apprêtait, d'ici quelques minutes voires, quelques heures, à prendre son destin en main, quelle que soit la décision prise.

Nous y voici donc, c’est ici et maintenant que se jouera l’avenir du Nord.

Murmurais-je à Jon ainsi que pour moi-même comme pour mieux me réveiller de ce songe auquel j’assistais debout, les yeux grands ouverts. Les seigneurs du Nord l’ignoraient peut-être mais ils étaient garants du sort des nôtres car j’étais ici pour connaître leur volonté, leurs positions et dernièrement leur choix commun. J’étais autant effrayé par l’histoire qui se déroulait sous mon regard assombri que par l’issue incertaine des événements. Ce n’était pas rien de partir ou non en guerre. Ce ne serait sans doute pas rien non plus de peut-être devoir rompre les serments faits. Les paroles d’Arya me revinrent alors en mémoire quant à ces derniers. Le Nord honorait ses serments et ils faisaient même sa force. Les seigneurs du Nord ne devaient certainement pas l’ignorer. Toute la question qui m’échappait à présent était de comment conclure dans l’honneur mais tout en gagnant notre indépendance ? Ces serments remettaient tout en question et rendaient les choses impossibles. J’étais lié par ces serments et par mon attachement à Rhaegar mais j’avais décidé de me faire violence pour m’imposer la raison d’Etat avant tout le reste, avant tout sentiment. C’était donc à eux, tous, qui entraient ici et prenaient place qu’il incomberait de délivrer le Nord ou de le plonger dans le chaos de la guerre. Je me réservais une voix contraire seulement au cas où il aurait fallu redresser un choix de la majorité qui nous serait trop défavorable à mes yeux. Pour le reste, c’était eux qui allaient décider par leur volonté et leur engagement. Le Nord c’était eux, ils en étaient les garants et les représentants. Je ne pouvais ni ne souhaitais leur imposer ma seule volonté, pas me reposer sur eux non plus. Il nous fallait à tous ici devoir trouver un juste milieu et une décision réfléchie et salutaire pour nous mais qui demeure valable dans un avenir très lointain. L’héritage que nous laisserions aux nordiens qui viendraient après nous se forgeait maintenant. D’ores et déjà j’affichais un visage fermé, des traits prononcés, la fatigue et les nuits blanches ayant dit leur dernier mot. Mais j’étais ici, je cherchais comme tous une issue, un salut.

Je pris place, je ne tenais plus, j’étais fort tendu et fatigué. Ici pour en découdre avec mes sentiments différents et mes craintes pour le sort des miens mais ils devaient demeurer libres de leur choix. La Meute devait être plus soudée que jamais, au sens le plus large que possible et je désirais secrètement d’ailleurs profiter de ces débats et échanges pour nous rapprocher plus encore les uns des autres. Après toutes ces luttes nous avions besoin d’êtres plus proches que jamais. Je me devais de consolider les failles et de changer ce qui pouvait l’être, permettre que des voix contraires à la mienne s’expriment ouvertement, taire les clameurs et entendre tout un chacun. Les loups étaient depuis toujours un peuple libre et honorable. Je bus une gorgée d’eau dans un gobelet d’argent. J’avais la gorge sèche, l’estomac noué, j’attendais les premières prises de parole.

Pour le Lard Jon, la chose est entendue. Il a eu tout le temps de son voyage depuis Âtre-lès-Confins pour y songer. S’il faut se battre, ce sera pour Rhaegar et s’il y a un parti qu’il faut refuser de prendre, c’est celui de Viserys. Entre les deux, il y a tout une gamme de décisions que Jon Omble estiment séduisante mais peu réaliste pour l’une – l’indépendance – et lâche pour l’autre – la neutralité. Elles sont toutes deux dangereuses dans tous les cas, et ne conduiront qu’à reculer pour mieux sauter.  Ne pas choisir un camp maintenant, c’est affronter le vainqueur (très mécontent de leur absence de soutien) de la guerre fratricide plus tard. Autant choisir Rhaegar, ce n’est pas un empoisonneur et il a racheté la folie de son père en leur envoyant des hommes : il sait, lui, ce qu’ils lui doivent. Et puis fuir le combat ? Pas son genre. Quant à son cadet…bah, qu’il descende de son gros lézard cracheur de feu, pour voir. En duel, le Lard Jon est sûr de faire son quatre heure de Viserys.

Ce n’est pas idéal. Ca l’inquiète pour sa fille, qui est encore toute ronde. On dirait un genre de mésange d’hiver, a clamé, ravi, le Lard-Jon, aux anges à l’idée d’avoir un petit fils, avant que le mestre lui rappelle qu’il ne faut pas trop fatiguer Kylis. Ils n’ont pu que parler rapidement. Il sait que sa fille ne partage pas tellement son avis et qu’elle voudrait ne pas s’en mêler –désir de future mère inquiète, Jon le sait, il ne lui en veut pas, car lui aussi aurait souhaité la paix pour cet enfant. La décision appartiendra à son beau-fils, qu’il n’a eu que très brièvement l’occasion de voir, juste pour lui réaffirmer qu’il pourra compter sur lui quelque soit son choix.

Dans la nuit, il a prié les Anciens Dieux veillant auprès du Barral des Stark. Maintenant, c’est l’heure du verdict. Accompagné de son fils, P’tit Jon, le sire d’ Âtre-lès-Confins s’annonce, de fort bonne humeur comme à son habitude, par une salutation tonitruante et globale aux seigneurs qui s’installent dans la salle d’audience, face aux Stark : « Le bonjour, messires ! Mes Dames. » Il réserve cependant un hommage spécial à son suzerain alors qu’ils gagnent le premier rang pour s’assoir : « Lord Robb. Lady Catelyn. Snow. Mestre Luwin. » Il a de l’affection et du respect pour chacun d’entre eux, leur valeur à tous n’étant plus à démontrer, quoique Jon n’ait pas de titre – mais ils ont le même prénom, alors c’est égal !

Jetant un œil autour de lui, il cherche à voir des têtes connus. Manderly, eh, ceux là sont moins proches des Stark. Reed. Il faut que l’heure soit grave pour que Howland soit sorti de son marais. Son regard tombe sur une jeune femme qu’il croit identifier comme de l’Ile-aux-Ours. « Tiens, mais c’est la fille de Maege. La petite Dacey. Je dois t’appeler Lady Dacey, maintenant, eh ? Bon. Tu ressembles à ta mère, ça fait plaisir à voir. C’est ton premier conseil ? Faut pas avoir peur, ça va bien se passer. Assied toi avec nous, si tu veux.  » Autour de lui, ça s’agite, ça s’assoit, ça lambine et ça traine, ce pour quoi Omble n’a ni égard ni patience et qui le fait grogner : « Bon, on s’y met quand ? Ça s’éternise, l’affaire ! Tout le monde est là, non ? »

Farlen Ardoise observait autour de lui sans rien dire. Du haut de sa soixantaine, il avait vu bien des choses… Une nouvelle guerre ? Encore. Des morts ? Encore. Il pensait à son fils qui était le garde de la fille aînée des Manderly… Il avançait donc jusqu’à la salle de conseil. Il retient un soupir, le printemps arrivait et visiblement  les sudistes n’avaient pas assez perdu d’hommes pendant l’Hiver. Mais soit… Il y avait des serments, des honneurs en jeux… Revoir le Nord libre de ces serments… Il frotta son visage un instant avant de pousser les portes de la salle du conseil. Il observa les personnes présentes, notamment lord Jon Omble. Il lui offrit un sourire et s’installa.

« Bonjour à tous et à toutes. Dame Dacey, Seigneur Robb, Seigneur Jon, je vois que vous êtes toujours aussi vigoureux et en forme. »

Quand bien même la suite du discours lui fit froncer les sourcils, le jeune seigneur semblait avoir passé quelques nuits blanches avant ce conseil. Mais plus vite cela serait fait, mieux cela vaudrait pour tous. Néanmoins…

« Ce n’est pas quelque chose que nous devons nous hâter de faire, seigneur Jon. Il y a beaucoup de vies en jeux, prenons notre temps pour que le Nord n’ait jamais à rougir de sa décision. »

Comment dire qu’avec les caractères du Nord, Farlen sentait très clairement que les discussions allaient être longues… Et il espérait sincèrement qu’il n’y ait point trop de vin… ou de bière. Les esprits belliqueux étaient réveillés et il fallait faire attention à tout ce qui pouvait faire et se dire. Farlen s’installa confortablement dans son siège et croisa les mains sur la table en attendant les autres seigneurs. Il n’était clairement pas le dernier arrivé et il attendait le reste. Son regard se posait sur chacun des visages présents.
   

Conseil de guerre

An 304, Lune 9, Semaine 1 - Lyessa Flint

Lyessa Flint avait quitté promptement les siens pour prendre la route de Winterfell. Elle en avait profité pour serrer dans ses bras son époux Byron, tout aussi préoccupé qu'elle. Westeros s'embrasait, si le Nord était encore épargné, il faudrait prendre une décision. A peine s'étaient-ils remis de la Longue Nuit qu'il fallait déjà songer à se lancer dans une nouvelle guerre. La seigneuresse de La Veuve n'avait donc guère le coeur à rire ou sourire en ce jour solennel. Ce conseil de guerre était l'avènement d'une nouvelle ère, jour décisif où le Nord allait devoir se prendre en main. Qu'importait la décision finale, elle s'y plierait et à dire vrai, elle ne savait guère à quoi s'attendre. Elle craignait pour les siens, pour sa famille. Certes, les nordiens tenaient à leur indépendance, à ne pas vouloir se mêler de ce conflit fratricide. Mais le crime de Viserys ne pouvait rester impuni. L'empoisonnement de la petite Manderly restait dans toutes les têtes, et pour cela, Lyessa penchait pour se rallier du côté du Roi actuel. Elle n'osait imaginer la décision du jeune Loup, cornélien, partagé entre ses allégeances. Elle le soutiendrait coûte que coûte. Car avant tout, elle avait ployé le genou pour les Stark, et non les dragons. Il aurait le dernier mot.

Arrivée à Winterfell, la jeune femme pénétra dans la salle du Conseil, là où se trouvaient déjà quelques seigneurs et où attendaient le Gouverneur du Nord, Robb Stark, entouré des membres de sa famille. "Lord Stark, Lady Stark, Snow, Mestre Luwin." Elle salua ensuite tous les autres seigneurs présents, notamment Farlen Ardoise (@Arya Stark ) et Lord Jon Omble (@Lowell Blount ) dont l'impatience était palpable. "Lord Ardoise, Lord Omble." Elle acquiesça aux dires de l'Ardoise. "En effet. Il nous faut réfléchir aux conséquences avant de prendre une quelconque décision. L'avenir du Nord, de nos enfants est en jeu." Voix ferme. Son visage était fermé, les traits tirés, tout comme @Robb Stark dont elle remarqua l'état de fatigue. Il était si jeune, avait quasiment l'âge de ses deux aînés... Il s'agissait peut-être de son côté maternel mais elle déplorait la pression qui pesait d'ores et déjà sur les épaules de cet enfant, propulsé à la tête d'une région, et pas n'importe laquelle. Si sa jeunesse pouvait le trahir, il n'en n'était rien pour Lyessa, confiante, il prendrait la meilleure décision pour le Nord. Elle le savait.

Croisant ses bras, elle attendait que tous les Seigneurs s'installent, si elle était loyale à Robb, elle n'hésitera pas à émettre son avis, qui était sans appel : se rallier à Rhaegar. Demeurer neutre revenait à aider ce félon de Viserys. En tant que mère, elle ne pouvait l'accepter.

Arra était rentrée sur les talons de Dacey Mormont, se tenant légèrement en retrait. Pas que la jeune Wull fut particulièrement dans la retenue sur le sujet en cause, au contraire, rares étaient les occasions où elle se serait refusée à une bataille, néanmoins, elle se connaissait suffisamment bien pour savoir que son tempérament lui faisait parfois défaut. Après tout, il y avait une raison pour laquelle aucun Clan des Montagnes ne deviendrait un jour Suzerain du Nord. La décision reviendrait aux Starks, puissent-ils choisir avec honneur et honnêteté.
Silencieuse, la guerrière se contenta d’incliner sa tête devant leurs hôtes, laissant les formalités des salutations à la Jeune Ourse. Mais à peine en eut-elle le temps que la voix grave du vieil Omble retentit dans la salle, et, semblable à une bourrasque s’engouffrant en leur sein, le monstre de muscles et de bière déboula dans la salle, le martèlement de ses bottes – manquant d’écraser le sol de pierre - écartant tout doute de sa présence.
Un sourire se faufila sur ses lèvres lorsque le bougre mentionna la Mère Ourse, puis, oeillant Dacey tout en s’affalant sur une chaise à sa gauche, Arra lâcha sur un ton mordant :

« J’ferai gaffe si j’étais toi, Lard Jon. Ton épée rouillée risque de n’plus faire le poids contre la « p’tite Dacey ». »

Ne laissant point de place à une riposte du Seigneur d’Âtre-lès-Confins, le débat s’ouvrit finalement sur une note de prudence de la part de la Flint et de l’Ardoise. Ils en appelaient à leur conscience, que chacun pèse ses mots. On ne jouait pas avec la guerre, on ne jouait pas avec les vies des peuples nordiens. Cependant, quelque chose démangeait toujours la jeune Wull. Étaient-ils devenus si réservés, si frileux après la défaite de Robert, qu’ils ne pouvaient plus défendre une cause ?

« Il reste tout d’même un point, sur l’quel nous pouvons tous nous mettre d’accord, ici et maintenant. Sout’nir l’Empoisonneur n’est pas une option. »

Coulant un regard vers Robb, Arra Wull fit halte un instant, hésitant à en rester là. Après tout, ne faisait-elle pas que dire l’évidence à haute voix ? N’étaient-ils pas tous parvenus à la même conclusion, durant cette dernière lune à tergiverser ? Peut-être fut-ce la frustration, qui délia sa langue.

« Et soyons clairs, Viserys n’laissera pas un Nord indépendant en paix… Et quant au Nord ! Jamais il n’acceptera un Viserys pour le gouverner. »

Sans oublier que Rhaegar, de son côté, avait veillé très tôt à lier les Stark à la Couronne. De ce type de lien que l’on ne pouvait pas balayer simplement du revers de la main. Du moins pas sans éveiller la colère des dieux.

Les pensées de Robett étaient toutes tournées vers Galbart tandis qu'il pénétrait la salle où se déroulerait le conseil. La perte de ce dernier, voilà quelques lunes, le contraignait à représenter la maison Glover auprès de ses compatriotes du Nord en qualité de nouveau Seigneur. Une lourde tâche qu'il tentait de mener à bien, se demandant toutefois régulièrement quel aurait été les décisions prises par son défunt frère.

« Mes Dames. Mes Seigneurs » prononça-t-il sobrement, peu enclin à laisser son tempérament enjoué prendre le dessus.

Tous les Seigneurs Nordiens avaient fait le déplacement et parce qu'ils étaient liés aux Ours par amitié et par alliance, il s'installa près de Lady Dacey qu'il salua tout particulièrement d'un signe de tête respectueux, ainsi que la jeune femme l'accompagnant. Il accorda également un salut respectueux à son suzerain et à la mère de ce dernier. Puis il s'intéressa au premice d'un débat qui ne manquerait pas d'en diviser plus d'un.

Aujourd'hui se jouait ni plus ni moins que l'avenir du Nord. En d'autre temps, il aurait rit de cette formulation, certes éloquente mais fort ostentatoire. Mais le sujet du jour était d'importance et les enjeux trop cruciaux pour être tourné en dérision. Lui-même demeurait ambivalent sur le sujet. La seule chose dont il était certain, c'était sa volonté de protéger les siens, déjà rudement touchés par la bataille de Winterfell. Ses héritiers, ses enfants, étaient encore si jeune et imposer une vie de régence à son épouse ne représentait pas exactement l'idée qu'il s'était fait de son mariage. Non, décidément, cela ne l'emballait guère et encore moins pour accomplir la volonté d'une lointaine famille royale qui ne leur avait guère porté beaucoup d'intérêt voir de respect.

Aussi approuva-t-il silencieusement la tempérance de Lord Farlen et lady Lyessa. Pas de décisions hâtives, certes. Pourtant, la franchise de la jeune Wull sut cueillir le cœur de nordien du nouveau Maître de Motte-la-Forêt. C'était exactement la conclusion qui avait été la sienne dans ses moments d'introspection et il ne put s'empêcher d'approuver vigoureusement:

« Voilà qui est bien parlé lady Arra ! Ce Serpent ne saurait respecter le Nord et il nous l'a déjà prouvé. Entrerons définitivement cette folle option, mes Seigneurs, et entrons dans le vif du sujet. »

Mais le paludier du Neck semblait avoir une autre idée de l'affaire. Une alternative pour le moins déroutante. La neutralité ? Était-ce de la prudence ou de la peur ? Robett n'aurait sut le dire tant la mystère entourant le peuple des marais demeurait dense. Une part de lui aurait aimé tenir le même discourt mais l'idée qu'il puisse proposer une alternative pour le moins lâche l'incita à reprendre la parole.

« Que proposez-vous Lord Reed ? S'abstenir de participer à leur guerre fratricide pour continuer de panser nos plaies. Et ensuite ? Se proclamer indépendant ? L'idée pourrait être tentante si elle ne paraissait pas si irréaliste. Devrons-nous combattre le Dragon survivant pour avoir choisit la neutralité ? A moins que je ne me trompe, il ne me semble peu probable que le Roi Dragon se montre aussi magnanime, pour peu qu'il remporte la victoire sur son frère. Qu'en pensez-vous Lors Stark ? »

Autant s'adresser franchement à celui qui le connaissait le mieux et jouer cartes sur tables ... D'autant qu'il était curieux de connaître la position que prendrait le jeune Loup, lui qui avait vécu si longtemps en compagnie des Targaryen. Son regard resta accroché au Suzerain, attentif à sa future réponse.

Conseil de guerre

An 304, Lune 9, Semaine 1 | Harrion Karstark

Harrion n'avait pas revu Winterfell depuis la bataille qui avait opposé morts et vivants, et bien que sa famille soit proche de celle aux loups, il aurait préféré se passer de cette visite. Le soulagement de la victoire avait été de courte durée tandis que planait sur Westeros, un nouveau spectre sanglant : celui d'une guerre fratricide commencé loin au Sud et qui touchait durement le Nord, victime collatérale et innocente. Harrion se considérait comme un jeune seigneur : la trentaine bien entamée, il siégeait sur Karhold depuis le décès de son père, peu auparavant et sa politique était encore trouble, timide. Une part de son être considérait que le Nord avait déjà bien trop souffert pour la folie des dragons : Lyanna Stark la génération précédente, Wylla Manderly pour la leur ... Qu'ils s'entretuent bien entre eux, le Nord devait se reconstruire. Cependant, il n'était pas aussi buté que son père aurait pu l'être : les affaires du Sud ne les concernaient pas, mais ne rien faire impliquait soit d'approuver et de plier face à l'un ou l'autre des gagnants, soit de voir sonner, à leurs frontières, la guerre qu'ils cherchaient tant à éviter. L'invitation de Robb Stark avait été une agréable suprise : le jeune loup avait eut du mal à se faire sa place mais prendre l'avis de ses bannerets était une bonne manière de ne pas voir ses ordres remis en question par les plus bourrus d'entre eux. Laissant Eddard gérer Karhold, Harrion s'était hâté vers Winterfell : le destin du Nord ce jouait ce jour, et il voulait assister au débat. Pour son suzerain, et pour sa terre.

La salle était déjà bien remplie lorsqu'il entra, amenant dans son sillage, les couleurs de la maison Karstark. Au même titre que les Omble ou les Manderly, sa maison avait un certain prestige dans la région, et il comptait bien suivre la voie que ses ancêtres avait tracé pour lui en se montrant honorable et loyal dans ses serments mais tout en demeurant ferme sur ses positions : il ne mettrait pas inutilement en danger les siens mais il reconnaissait l'importance de ce conseil. Il salua d'un signe de tête les quelques visages familiers, plus nombreux depuis la bataille contre les Spectres. S'installant parmi ses pairs, Harrion était au première loge d'un débat qui ne perdit pas un instant pour animer les coeurs. La légèreté apporté par Lord Omble ( @Lowell Blount ) disparue bien rapidement derrière le sérieux presque ennuyant de Lord Ardoise. Peut être était-ce l'alliance que Lard Jon avait conclu avec la maison suzeraine qui lui permettait d'arborait une mine moins sombre mais il préférait nettement cette attitude à la sévérité de son confrère. Il discutait de l'avenir, ils n'organisaient pas un enterrement !

Tout n'était que platitude : Lord Stark ne les avait pas réunis pour parler couture mais était-il besoin de repréciser la gravité de la situation après chaque salutation ? Ce fut finalement  @Arra Wull la première à dire quelque chose d'intéressant qui lui fit hocher la tête : avec un suzerain élevé à Port-Réal, Harrion imaginait mal le jeune loup tourner le dos à ceux qui l'avait élevé. Cependant, préciser que soutenir Viserys n'était pas envisageable était une bonne manière de rappeler à tous que, derrière leur confort et leur soit-disante non volonté de prendre part aux festivités martial, l'une des leurs avait été attaqué. Innocente Wylla Manderly, victime de la félonie d'un princelet se revendiquant roi. Roi de rien du tout, songea Harrion : en dehors de la chance et d'un dragon, rien n'offrait à Viserys Targaryen, une stature royale. L’intervention d'Howland Reed ( @Meera Reed) lui fit lever les yeux au ciel et il hocha de nouveau la tête après la prise de parole de Lord Glover ( @Melleah Yarwyck). « Je crains que l'heure ne soit plus à faire un choix. » finit-il par dire d'une voix lasse. « Sauf votre respect, Lord Stark, je crois que le roi vivrait votre inaction comme une plus grande trahison encore ... Il n'a fait que peu cas des liens de sang qu'il avait avec les Martell lorsque le prince Doran a refusé d'intervenir ... Je n'ose imaginer quelle serait son châtiment s'il l'emporte. Quant au prince déchu, Dame Wull a déjà tout dit. » précisa le Karstark en tournant son regard vers le jeune loup et sa mère, énonçant une vérité que tous semblait oublier. Il s'enfonça un peu plus dans sa chaise. « Il ne faut pas se leurrer, la guerre est déjà sur le Val : le blocus de Goeville n'étouffe pas que le bastion des loyaux du prince mais tout Westeros, s'ils parviennent à s'en sortir, marcher sur le Nord et le Conflans sera sans soute son prochain choix. Avec un peu de chance, la neige et les mauvais souvenirs dirigeront son intérêt vers le Conflans ... Mais s'il décide de s'en prendre, ensuite, au Nord et que nous avons ouvertement envoyé le reste de Westeros voir si la neige était plus blanche chez eux, je doute qu'ils nous viennent en aide. Et qu'importe le gagnant de cette guerre, nous le paierons cher.» ajouta-t-il avec un haussement d'épaule. Il ne comprenait pas tous ces nordiens qui vivaient dans le souvenir idéalisé par les légendes d'un royaume indépendant qu'aurait pu être le Nord avant l'arrivée des dragons. Un royaume entouré d'autre royaume et non pas pris en sandwich entre une force de plusieurs régions et des terres gelées et infertile. Ils n'avaient pas l'ouverture de Dorne pour le commerce et Harrion doutait sérieusement que Robb Stark renoue avec les fer-nés. Comment survivraient-il alors ?

- « Ne leur laisse pas trop de latitude. Le sujet pourrait vite dériver si les esprits s'échauffent. »

Conseilla le bâtard en réponse aux mots si graves de son suzerain. De tout temps les Nordiens avaient fait preuve d'une force de caractère, d'une résilience et détermination à toute épreuve. Leurs seigneurs plus encore. De tout le royaume, il ne devait y avoir plus fidèles bannerets. Ni plus fiers. Il n'était pas improbable d'anticiper des échanges houleux si les points de vue venaient à se confronter. Et même s'il n'était pas amené à donner son avis en ces lieux, Jon viendrait épauler Robb s'il fallait donner du poids à ses arguments. Comme il l'avait toujours fait depuis la mort de Ned. Plongé dans un profond mutisme respectueux jusque là, le Snow rendit donc un signe de tête respectueux à ceux qui le saluèrent. S'abstenant bien de croiser le regard de Lady Stark, Jon tenta de chasser de son esprit les noires pensées qui l'accablaient alors que l'assemblée commençait à s'exprimer.

Dans cette pièce, seules trois personnes connaissaient la vérité sur les circonstances de sa naissance et l'identité de ses parents. Deux seulement, en incluant lui-même, connaissaient les conséquences de cet acte que bien des mestres trouveraient tragiques dans leurs chroniques. Il se félicitait donc de ne pas être celui qui viendrait à trancher à l'issue de ce conseil. Comment le pourrait-il seulement ? Combattre, envoyer des milliers d'hommes à la mort pour un roi - son père de sang -  qui avait mis le royaume à feu et à sang pour sa seule passion amoureuse avec Lyanna Stark ? Puis laisser mourir ce souvenir comme une passade, confier à d'autres le soin de dissimuler ses erreurs ? Quel homme méritait réellement le trône après de telles actions ? L'histoire avait hélas montré que des hommes bien pires s'étaient assis sur ce siège. Cela n'empêchait rien... Il ne voulait et n'attendait rien de Rhaegar Targaryen. C'était pourtant le moindre mal que de prendre son parti comme le souligneraient bien des seigneurs assemblés ici. Car qui donc voudrait suivre un homme accusé d'avoir empoisonner une jeune fille ? Il avait néanmoins un argument de poids à son crédit: un dragon. Féru de lecture et tout particulièrement d'histoire, Jon avait appris bien des choses dans la bibliothèque soigneusement tenu de Mestre Luwin. Savoir se montrer pragmatique, entre autres.

Les Stark ne s'étaient agenouillés qu'une seule fois depuis l'Age des Héros : face aux dragons du Conquérant. Et si cela ne le plaçait en rien dans le camp de Viserys, Jon ne jugeait pas impossible de voir Winterfell ployer face au Dragon de l'Est s'il parvenait à vaincre. A l'heure actuelle, un point de vue aussi défaitisme ne semblait toutefois pas à l'ordre du jour. En écoutant avec attention les différents seigneurs et dames s'exprimer, un large consensus se dessinait pour se rallier à Rhaegar. Même si cela devait se faire à regret. Contrairement à certains d'entre eux, le bâtard de Winterfell ne pouvait se sentir confiant. Leurs armées comptaient parmi les plus expérimentées, c'était un fait. Mais le Nord mettait toujours du temps à regrouper ses forces lorsque le besoin s'en faisait sentir. La dénouement de la première Danse des Dragons l'avait démontré. Et eux ne pouvaient se permettre de perdre aussi facilement des hommes comme les autres Couronnes... S'ils devaient partir en guerre, ils se devraient de très soigneusement la planifier.

Qu'importe qu'il le fasse à contrecœur, Jon serait de cette campagne. Robb ne pourrait l'en écarter sous prétexte de veiller sur Winterfell. Il espérait qu'il n'aurait pas à le convaincre de le laisser partir.

Conseil de guerre

An 304, Lune 9, Semaine 1 - Lyessa Flint

Les Seigneurs ne tardèrent pas à prendre la parole, tous donnant leurs avis. Le caractère tempétueux de @Arra Wull lui rappela étrangement celui de sa propre fille aînée, Rhéa. Probablement que celle-ci aurait tenu les mêmes paroles. Et d'un signe de tête, la Seigneuresse de la Veuve acquiesça. Soutenir Viserys était impensable, cet empoisonneur ne pourra jamais gouverner le Nord. Son peuple ne l'accepterait pas. L'idée de le soutenir indignait profondément Lyessa. Malheureusement, soutenir Rhaegar ne la ravissait guère davantage, dans le cas d'un défaite, le Nord devra en assumer les conséquences, dévastatrices. La mâchoire serrée, les poings tout aussi serrés, elle n'était pas détendue pour autant alors qu'un consensus pour soutenir l'actuel Roi se formait. Le Karstark @Theon Greyjoy prit alors la parole, lui aussi visiblement sur la même longueur d'onde. La neutralité semblait aussitôt écartée et à juste titre. De nouveau, elle opinait du chef, avant de prendre la parole, mesurée, d'une voix calme. "Lord Karstark a raison. Si nous tournons le dos à Rhaegar, une bonne partie de Westeros nous sera hostile. N'oublions pas que Lady Sansa et Brandon sont dans le Conflans. Qu'adviendraient-ils d'eux si nous ne les soutenons pas ? Ils seraient des otages." Disait-elle en plus des paroles du Karstark. Elle n'osait l'imaginer, le Roi étant devenu probablement fou de rage lors de défections. Ses opales s'étaient posées sur le jeune loup @Robb Stark dont les responsabilités pesaient si lourds. "Le Nord se doit de respecter ses serments, dont celui à notre actuel Roi." Une constatation simple, pragmatique. Les nordiens étaient réputés pour être des hommes et femmes d'honneur. Leurs engagements se devaient d'être respectés. Et ce n'était sûrement pas la qualité de Viserys Targaryen. "En tant que Mère, je ne peux me soumettre à un monstre ayant empoisonné une jeune fille qui pourrait être la mienne." Sa voix trahissait sa rancoeur envers le lézard. Une raison plus intime cette fois-ci, loin des plus rationnelles énoncées en amont. En cas de défaite, ils devraient en assumer les conséquences, indéniablement. Et c'était là toute la difficulté de la situation. Mais qu'avaient-ils comme choix ? Aucun. Seul celui-ci s'imposait à eux.

Après avoir écouté de toutes parts les échos du Nord, la voix des seigneurs et autres bannerets, je pris une longue pause, un temps nécessaire pour ma réflexion en conséquence, partiellement. D’une part, j’avais écouté et je comptais prendre en compte leurs volontés, me faisant violence si nécessaire mais d’une autre, il demeurait la question de notre indépendance qu’il me tardait de mettre sur la table. Là par contre, j’allais être moins conciliant, beaucoup moins, peut-être à leur surprise puisque j’avais grandi à la Cour d’un Targaryen, puisque j’avais prononcé des serments qui aujourd’hui encore nous figeaient tous dans les méandres du temps. Etais-ce un mal ? Etais-ce un bien ? Ce n’était certainement pas un bien à mon sens puisque j’aurais préféré prendre une décision libre de tout serment.

Mes seigneurs ! Mes seigneurs ! Du calme et du sang froid ! Armons nous de patience mais soyons clairs !

Que nous ne pouvons soutenir un empoisonneur et que le Nord doit honorer ses serments est bien la voix de la majorité. Détrompez moi si je ne vous ai pas bien entendus ou compris.

Cependant il reste en suspens et dans tous les cas cette question mérite d’être abordée également, l’indépendance du Nord. Quelle est votre position ? Ces serments faits à cause d’une situation passée, voulez vous qu’ils demeurent pour les générations de nordiens à venir ou bien souhaiteriez-vous que cela cesse ? Cette guerre serait une bonne occasion pour prouver à tous que le Nord respecte ses serments, que nous sommes des femmes et hommes d’honneur mais aussi que nous ne renonçons pas au caractère qui est le nôtre même dans les situations difficiles.

Ce serait également une occasion unique de contraindre les Dragons à nous accorder l’impensable, nous délier de nos serments une fois la guerre achevée et pour toujours. Tel serait le prix. Nous présenter en égaux à la table des puissants et non uniquement comme des vassaux. Qu’en dites-vous ? Ainsi nous entretiendrions des rapports de paix et d’amitié avec ce peuple comme avec d’autres. Cela rendrait possible le commerce et l’échange dont a besoin le Nord pour panser ses plaies et renaître.

J’avais peut-être annoncé mon plan un peu vite mais j’étais jeune et imprudent, impétueux, impulsif. J’étais ainsi et d’autre part, il me tardait de débattre pleinement de la question de l’indépendance. Cette dernière me tenait fortement à cœur je me devais de l’avouer et je savais qu’au plus tôt j’exposais mes intentions ou du moins mes idéaux en la matière, aussi vite les nordiens pourraient m’aider à trancher. Non, pour moi, il ne s’agissait pas d’une Chimère, on pouvait arracher notre indépendance en profitant de la situation dignement sans ternir l’étendard du Nord, sans avoir à blêmir de notre décision. L’honneur serait sauf et notre avenir aussi. Nous laisserions à nos enfants un héritage de liberté. Cela était mon rêve et mon désir. Je leur concédais le reste, tout le reste mais là, sur ce terrain, la lutte serait âpre. J’étais le défenseur armé de ma cause. A ce moment, je fis l'effort nécessaire pour me relever sommairement et scruter l’assemblée. J’attendais les premières réactions, un signe de l’un ou de l’autre. Je remplis ma coupe de vin espérant ainsi me détendre un peu.  

EDIT : Parce que ça semble mal compris, il s'agit de demander l'indépendance avant la guerre.

La réaction de  @Arra Wull  amuse grandement le Lard-Jon, qui éclate d’un gros rire, grondant comme le tonnerre : « Ah ! Parole, en voilà une qui ne s’en laisse pas compter ! Tu es qui toi, la petite fille du Wull ? Assieds toi aussi, alors. » Globalement, il s’entend bien avec tout le monde, ici, le Lard-Jon, il est plutôt content d’être là, même s’il y a toujours les habituels pisse-froids du lot. « Oui-da. Vous avez raison, lady Lyessa (@Andar Royce), pas de précipitation dans les décisions, mais décidons quand même. » Abonde-t-il cependant, affable, parce qu’il faut respecter ses ainés. En revanche, la neutralité prudente et un peu donneuse de leçon de Reed  (@Meera Reed) l’agace un peu et le grondement de Omble se fait menaçant : « C’est à moi que tu dis ça, Howland ? Tu crois que j’ai oublié ce qu’il nous en a couté ? » Alors qu’il s’est dit qu’il était bon pour devenir seigneur de Cendres-lès-Confins et que son château est encore en reconstruction ? Assurément, il a du mal à avaler la pique, qui lui semble terriblement malvenue, et il n'est pas le seul, en témoigne le regard noir que lance P'tit Jon au Paludier.

Heureusement, la petite @Arra Wull  et ce vieux lascar de Robett Glover  (@Melleah Yarwyck) ont une réaction plus acceptable à ses yeux. A la suite de Glover, Omble approuve d’un signe de tête : « Bien parlé, vous deux. Ce type est un misérable, on ne peut pas le laisser faire. Rien que pour la petite Manderly, déjà ! Si on ne fait rien, je crois que c’est le vieux Wyman qui va nous déclarer la guerre, parole ! » Il se marre, toujours affable, parce que Jon Omble n’est jamais en colère longtemps. Mais ce n’est pas pour ça qu’il n’a pas réfléchi ni qu’il n’est pas capable de nuancer. Dans le brouhaha ambiant, il se tourne de nouveau vers Lyessa Flint (@Andar Royce) et Farlen Ardoise ( @Arya Stark). « Moi aussi j’ai des enfants. Et même des petits-enfants, bientôt ! Ce serait bien d’avoir la paix. J’ai vu des tas de guerres, je sais qu’elles sont toutes moches et celle-là me fait pas plaisir. Mais on dirait que ces putains de dragons ont décidé de tout foutre à feu et à sang pour faire honneur à leur devise, alors je dirais qu’il va falloir y mettre un terme rapidement, parce qu’on a tout simplement pas le choix. Ils n’auront pas la paix si on ne fait rien. »

Comment leur faire comprendre que la neutralité est intenable en plus d’être lâche et qu’il vaut mieux choisir comment combattre plutôt que subir ? Pour le Lard-Jon c’est évident, mais ça n’a pas l’air d’être compris par tous. Karstark ( @Theon Greyjoy), plus jeune et plus éloquent que lui, résume pourtant à merveille sa position,  qu’il valide en lui tapant amicalement sur l’épaule : « Dis leur, Harrion, t’as raison, mon gars. C’est reculer pour mieux sauter d’être neutre, et l’indépendance en l’état, j’y crois pas. Soit c’est maintenant, soit on se coltinera dragon restant qu’on se coltinera si on reste neutre. Y a de fortes chances que ce soit Viserys dans les deux cas. Autant lui coller maintenant la raclée qu’il mérite, non ? »

Ils pourraient continuer à s’engueuler longtemps si leur suzerain n’y mettait pas bon ordre. Soucieux d’écouter son beau-fils ( @Robb Stark ), Jon se rassoit. « Très bien. » Commente-t-il, satisfait, avant que Robb ne dévoile son plan et lui coupe, chose rare, le sifflet. Omble émet un sifflement pensif alors que le brouhaha reprend :  « Mazette. Tu veux nous mettre sur un pied d’égalité avec le Dragon pour négocier avec lui. » Il y a un silence. Il réfléchit. Pèse les pour et les contre. Mais ça lui plait, alors il éclate d’un rire sauvage : « T’as la plus grosse paires de baloches que j’ai jamais vu, fils. Le digne héritier de ton père ! » Evidemment que Robb ne pouvait pas être décevant, il a déjà prouvé sa valeur. « Si vous pensez que ça peut marcher, lord Stark, mon épée est la vôtre. » Le Lard Jon se lève pour se tourner vers les autres et appuyer son beau-fils : « La der’ des der’. La der’ des der’ pour le Nord, les gars, ça serait pas beau ? »

Farlen Ardoise observa tour à tour tous les esprits s’échauffer autour de cette table. Il ne toucha pas à sa coupe et son regard se porta sur tous les protagonistes, notamment sur Robb qui réussit à imposer un semblant de silence. Farlen leva la main pour imposer à son tour le silence.

« Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’une inaction sera soutenir l’Empoisonneur cela entacherait notre réputation notre honneur. Personne ne voudrait se dire rallié avec ce monstre. »

Il se tut une seconde en interdisant de parler d’un regard avant de reprendre.

« Nous sommes d’accord qu’il faut intervenir, nous ne sommes pas Dorne. Cependant… L’indépendance avant la guerre c'est une très mauvaise idée. Nous passerons pour des traîtres opportunistes. Il faudrait avoir prouvé notre bonne foi et attendre la fin de la guerre. »

Il toussa un peu et reprit tranquillement.

« Il ne faut pas oublier plusieurs choses avant d’être aussi enthousiaste Lord Jon. Nous possédons un Dragon. En face ils en ont deux. De mémoire. Notamment un dans le camp de Tywin Lannister et on ne plaisante pas avec le lion. Mettons si la guerre se déroule bien… que nous n’avons pas beaucoup de perte et en face oui… Il reste le souci des dragons. Je doute qu’une simple demande d’indépendance en promettant que nous n’irons pas au combat après contre eux passe. »

Il inclina la tête vers Meera Reed.

« Elle a raison jeune Reed. Nous serons très isolés. »

Il se frotta le menton.

« Cependant, nous pouvons aussi jouer sur les alliances. Vous avez encore deux frères et une sœur célibataire. Je pense que réclamer l’indépendance tout de suite après la guerre n’est pas une bonne idée. Absolument pas. Ne pensez pas que je ne souhaite pas indépendance du Nord, non, je la souhaite, mais pas dans un bain de sang. Il faudra attendre que la guerre se termine, que les gens se reposent, que nous pansions nos blessures. Comprenez, Tywin est maître de la guerre, s’il décide et convainc le roi, ou son régent si le roi est blessé ! Qu’en sais-je, et qu’il convainc le conseil restreint que nous sommes des cibles, nous ne devons pas être indépendants… Je suis pas sûr que nous survivions tous à l’avalanche du feu de leur dragon. »

Il but enfin une gorgée de bière.

« Indépendance oui… mais… aussi brusquement ? Je doute de cette bonne idée, il faudra la jouer fine avec des alliances et des mariages. »

Il ne voulait pas voir le Nord à feu et à sang.