Une oursonne libre {FB / Lyra Norroit}

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Une oursonne libre


« écrit à Dix-Tours | 302, lune 12, semaine 2 »

“Allez, montre-moi ça, vieil homme !” annonça Asha, la main tendue vers le mestre, un sourire amusé sur les lèvres. Ce mestre de Dix-Tours était tout sauf vieux pour une fois, un peu comme l’ami de Baelor qu’elle avait rencontré, mais ça l’amusait de l’appeler de la sorte, sa fonction étant le plus souvent entre les mains d’hommes ayant le double de son âge. Ce dernier ne semblait pas en prendre ombrage et même s’en amuser un peu, ou simplement se disait-il qu’il était plus raisonnable que cela soit l’impression de tout le monde. Asha venait de lui dicter son courrier sachant pertinemment que sa plume serait plus agréable à lire que la sienne. Cependant dès que ses yeux se posèrent sur les premiers mots, elle fit claquer sa langue contre son palais en guise de désapprobation. “T’pouvais pas t’en empêcher hein ?” dit-elle en secouant la tête, relevant juste un œil sur le mestre qui lui offrit un sourire timide. Il s’était permis de reformuler, de tourner tous ses propos d’une manière plus noble, ignorant ses consonnes mangées notamment. Ainsi, Lyra Norroit pourrait lire :

À l’attention de Lyra Mormont, la troisième oursonne de l’Île-aux-ours.

Lady Mormont, peut-être mon frère vous aura-t-il déjà prévenu, je ne connais pas bien sa correspondance avec votre région, ou peut-être du fait qu’il est un homme, n’aura-t-il même pas songé à l’impact d’un tel changement dans votre vie. Probablement que vous vous questionnez sur la nature de ce courrier au sceau Greyjoy, que pourrait-on bien, vous vouloir ? Et vos yeux doivent courir sur ses lignes espérant enfin trouver un sens, un mot qui enfin expliquerait tout ceci. Vous savez que les beaux mots et les belles façons ne me plaisent pas tant que ça, la fille de Balon Greyjoy est plutôt du genre direct, mais il me semblait au moins nécessaire de vous laisser digérer la surprise de cette réception avant de vous assommer avec la réelle raison de ma missive. J’espère donc que cette introduction sera suffisante.
Sachez qu’Euron Greyjoy, mon oncle, votre ancien époux, est mort. Enfin. Nos terres sont débarrassées du Choucas pour de bon. Vous m’excuserez de ne pas vous envoyer sa tête comme preuve, mais elle fait un bien plus beau trophée chez nous. Depuis son exil, il s’était évertué à monter une flotte importante, pouvant s’opposer à celle de mon père pour le renverser et se venger de l’affront qu’il pensait avoir subi. Il a tenté de mettre à mal le traité de paix entre nos Îles de Fer et le continent, en attaquant le Val et Dorne avec nos pavillons. Il dîne maintenant avec le Dieu Noyé, si celui-ci ne l’a pas plutôt envoyé voir celui des Tornades.
Vous n’aurez plus jamais besoin de le redouter ou de cauchemarder à cause de lui. Les Greyjoy sont libres. Vous êtes libre.
Que la vie vous soit clémente à présent et que nous n’ayons plus jamais besoin de nous croiser.
Bon vent Lyra.

“Ca fera l’affaire…” conclut-elle finalement en roulant le parchemin et le rendant au mestre pour qu’il puisse le sceller et faire le nécessaire pour le faire parvenir sur l’Île-aux-ours.
(c) DΛNDELION
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Une oursonne libre

An 302, lune 12, semaine 4



Asha Grejoy & Lyra Norroit

Enceinte jusqu’aux yeux, Lyra se retourna, groggy et engourdie, avec la sensation rêvée que l’on avait frappé à sa porte. Prête à se rendormir, le poing résonna de nouveau. Elle papillonna des yeux, en espérant en chasser le sommeil et se redressa difficilement sur ses oreillers.

« Oui ? » croassa-t-elle.

Sa bouche était pâteuse et elle gageait que son haleine devait être terrible. Une tache de bave maculait d’ailleurs le sommier. Elle fit de son mieux pour aplatir ses cheveux ébouriffés et couvra pudiquement son énorme ventre de la peau de loup.

« C’est mestre Ormund, » murmura une voix étouffée par le bois. « Je ne vous réveille pas ? »

Elle se racla la gorge.

« Non non, pas du tout, » mentit-elle en sachant pertinemment que le vieil homme ne prendrait pas. Mais elle ne voulait pas le mettre mal à l’aise. « Entrez, je vous en prie. »

Il se glissa dans la pièce comme une ombre, comme s’il craignait de la réveiller. Il leva un sourcil circonspect et Lyra crut deviner un sourire sous sa barbe blanche.

« D’accord, » admit-elle. « Je dormais… Que se passe-t-il ? L’épidémie de fièvre au village ne s’arrange pas ? »

Il secoua la tête et pendant un instant, sembla désœuvré. Le village de pêcheurs, au pied de la forteresse de rondins, était gangréné d’un mal hivernal. Tous les habitants tombaient malades les uns après les autres. Ils étaient pris de tremblements et transpiraient par tous les pores sans que le moindre onguent n’ait d’effet. Deux étaient déjà morts.

« Non, » soupira-t-il. « Mais je ne venais pas pour cela… Nous avons reçu cette lettre, à l’instant. »

Il lui tendit la missive que l’archère saisit, curieuse. D’ordinaire, le mestre les donnaient ses lettres en fin de journée. Il savait comme elle aimait lire ses correspondances au crépuscule, au coin de feu… A moins qu’il ne s’agisse d’une urgence ? Un grand froid la saisit. Et s’il était arrivé malheur à Brandon ?

Une seiche.

Tout le sang sembla s’évaporer de son visage. Ses doigts se mirent à trembler. Soudain, elle était glacée.

« Souhaitez-vous rester seule ? »

La voix du mestre lui parvint sourde et elle acquiesça à peine, obnubilée par le sceau et les souvenirs qui menaçaient de la prendre en étau.
La porte claqua doucement et après une profonde inspiration, elle décacheta la lettre.

Lyra faisait comme la lettre le décrivait. Ses yeux inquiets filaient sur les lignes à la recherche d’une raison à ce courrier. Et ils la trouvèrent, la raison.

Euron Greyjoy était mort.

Ses mains tombèrent sur ses genoux. Elle laissa aller sa tête contre la tête de lit gravée. Un long soupir s’échappa de ses lèvres tandis que ses yeux se fermaient.

Quelques minutes plus tard, l’encre noircissait le parchemin vierge :

Lady Asha,

Merci.
Que vous dire de plus si ce n’est ce simple mot ?

Euron Greyjoy. Ecrire ce nom. Le lire même, dans votre lettre, fait remonter les pires souvenirs. Pourtant, c’est un passé que j’estimais enterré, enseveli sous les eaux… Après tout, c’était il y a si longtemps. Mais il faut croire que je me suis trompée.

Vous ne pouvez imaginer la crainte qui m’a ébranlée en découvrant votre sceau, puis le soulagement lorsque j’ai lu vos lignes. C’est le signe que quelque chose résidait encore, bien caché. Une peur sourde que les années trompeuses n’ont pas réussi à effacer. Et il n’aura suffit que de votre missive pour me délivrer de ce poids qui m’appesantissait.

Je ne vous demanderai pas comment il est mort. J’imagine seulement que cela fut de votre main. Et oui, je vous en prie, gardez donc sa tête. Je ne saurais quoi en faire si ce n’est la donner aux cochons.

Je vous souhaite, à Theon et vous, le meilleur,
Lyra Norroit




DRACARYS
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Une oursonne libre


« écrit à Pyk | 303, lune 1, semaine 4 »

Assise au chevet de Qarl, Asha passait sur son front un linge humide, l’air concerné. Son amant reprenait peu à peu des forces, mais il restait faible et toussait encore beaucoup. L’infection avait été contrôlée puis vaincue, il ne délirait plus à cause de la fièvre et ses poumons étaient sauvés, mais Qarl n’était plus que l’ombre de lui-même, cloué au lit depuis trop longtemps, amaigri, pâle, la respiration douloureuse. Il ouvrit lentement les yeux, puis d’un geste maladroit écarta sa main. “Arrête d’faire ta bonne-femme !” lui intima-t-il suivit d’une quinte de toux. “Tsss…” répondit-elle simplement en reprenant de plus belle. “Si tu m’laisses pas faire, t’pourras jamais t’venger d’moi…” répliqua-t-elle finalement d’une voix légère mais ferme. “À mon r’tour d’Cormartel on ira marcher !” Elle avait parlé plus fort, avec enthousiasme. Ils étaient sortis trois fois de la chambre depuis qu’ils étaient rentrés des Degrés de Pierre. Qarl marchait lentement et s'essoufflait vite, ils ne parcouraient au final que de petites distances. Le mestre répétait que même les petites avancées étaent de grandes victoires. Ce à quoi Asha ne pouvait répondre qu’avec des haussements d’yeux. Il n’y avait qu’un homme des contrées vertes qui pouvait voir là une victoire. Elle voyait du progrès et une avancée mais nulle victoire. Asha vint finalement le toucher en haut de la cuisse, à un endroit très précis, exercant juste une légère pression, puis se pencha pour murmurer à son oreille. “Y a d’ bonnes raisons d’retrouver la forme, crois-moi.” Puis elle se leva et quitta la pièce. Elle avait déjà vu Halys dans la pièce d’à côté avant de passer voir Qarl. Si sa blessure était grave, elle était moins importante et laissait moins de traces sur sa seconde. Halys était encore bien fatiguée, mais dans un bien meilleur état que le Pucelle. C’était pour cette raison qu’elle avait insisté pour accompagner Asha à Cormartel mais la capitaine du Vent Noir le lui avait interdit. La Princesse des Îles de Fer trouvait que ses plus loyaux amis s’en sortaient toujours difficilement lorsqu’elle parvenait à passer entre les mailles du filet et elle ne supportait plus cette idée.

La Greyjoy monta la volée de marches deux par deux pour rejoindre ses appartements et attraper ses affaires afin de faire voile vers le fief des Bonfrère. Mais alors qu’elle arrivait devant sa porte, elle remarqua qu’un jeune servant l’attendait, un rouleau scellé dans les mains. Elle l’avait souvent vu dans les pattes du mestre, il devait probablement lui servir d’assistant. “Je, j’suis désolé, on vous l’donne en retard… on croyait que c’était pour m’sire Theon au départ…” Le jeune homme baissa le visage tandis qu’Asha fronçait les sourcils, perplexe, jusqu’à ce qu’elle le reconnaisse le sceau des Mormont de l’Île-aux-ours. “C’pas grave gamin, allez file.” dit-elle en lui donnant un coup encourageant sur l’épaule après avoir récupéré son courrier. Malgré son absence, il était effectivement plus plausible qu’un courrier venant du Nord ne lui soit adressé plutôt qu’à elle. Mais pourtant c’était bien Asha qui avait entamé une correspondance avec Lyra et non pas Theon, en tout cas pas depuis Pyk. Asha pénétra doucement dans ses appartements, brisant la cire froide pour lire la réponse des Ourses. Ses yeux parcoururent rapidement les lignes appliquées de Lyra, pouffant avec un sourire à la mention de la tête de son oncle et des cochons. Elle le relut une deuxième et dernière fois avant de s’approcher de la cheminée et d’y laisser tomber le courrier, regardant les flammes dévorer le parchemin. “Tu es libre petite oursonne. Bonne vie à toi. Et à jamais.” Parce qu’il n’y avait rien d’autre à dire et rien de plus à espérer.
(c) DΛNDELION
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