Goodbye brother (Robb FB)

Le jeune loup était toujours en convalescence et passait le plus clair de son temps dans ses quartiers. Il y recevait parfois ses conseillers, parfois Dame sa Mère qui venait s’enquérir de sa santé. Il sortait très peu car la chaleur engourdissait ses muscles et lui permettait d’endurer plus facilement la souffrance qui le tiraillait jour et nuit. Quand il s’était risqué à l’extérieur, pour payer un dernier respect et hommage à tous les braves tombés au combat, le froid l’avait pétrifié. Le vent glacial s’était insinué sous la peau de bête qui couvrait ses épaules et il avait senti la brise venir lui caresser la nuque et couler dans son dos. Le froid qui avait pourtant quelque chose de grisant à l’accoutumé, qu’il aimait tant galoper à bride abattue dans la neige. Mais alors que ses côtes mettaient bien du temps à se remettre de la violente chute qu’il avait fait, le vent frais endolorissait chacun de ses muscles et rendait ses mouvements affreusement douloureux quand il avait l’audace de poser un orteil hors de la douce tiédeur du château. Ainsi, il s’était résigné à conserver sa position dans sa tanière, préférant, pour le moment, la douce chaleur de cette dernière.

Il se sentait pourtant seul. Et ce n’était pas le garde qui tenait constamment le poste devant sa porte qui allait y changer quoi que ce soit. Les visites de Mestre Luwin n’avaient rien d’une partie de plaisir. Il avait passé beaucoup de temps à le maudire au début de sa convalescence, tant il avait souffert à chacun de ses changements de pansements et de bandages. Les concoctions qu’il lui donnait suffisaient bien souvent à l’apaiser, pourtant. Mais Robb s’était montré quelque peu réticents à se laisser aller dans l’engourdissement que lui prodiguait ces potions anti-douleur. Ce jour-là, il n’en avait pas pris. Il guérissait lentement et les douleurs commençaient doucement à se tasser. Mestre Luwin était satisfait de sa guérison et Robb en était tout autant soulagé. Il avait hâte de s’extirper de tout cela et de retourner à ses activités. Surtout qu’un évènement l’attendait dans quelques lunes. Un évènement qui l’avait fait tenir lors de la bataille de Winterfell et auquel il aspirait tout particulièrement.

Le Stark était assis sur le bord de son lit quand il entendit quelqu’un toquer à sa porte. Il intima à la personne d’entrer tandis qu’il se redressait doucement, ajustant sa chemise. Il avait l’air un peu débraillé et fatigué mais son état était tout à fait brillant comparé à une lune auparavant où il ne pouvait respirer sans avoir le sentiment qu’on lui plantait de nombreux couteaux dans le ventre. La lourde porte en bois grinça et s’ouvrir sur la petite silhouette frêle d’un jeune garçon. Un énorme loup se glissa sans attendre contre celui-ci, manquant de le déséquilibrer au passage. Il rejoignit sans tarder son frère qui était allongé à côté de son maître, à ses pieds. Quand Été vint lui faire des léchouilles, Vent Gris se redressa et en fit de même, de manière tout de même un peu plus mesurée. Été vint nicher sa truffe dans la paume de la main de Robb quand il s’approcha de ce dernier avant de faire un tour sur lui-même et de retourner en compagnie de Vent Gris. Ce dernier se résigna à stopper sa sieste devant tant d’excitation de la part de son frère. Robb échappa un léger rire en observant les deux bêtes, puis reporta son attention sur le jeune garçon qui avait pénétré dans ses quartiers et qui s’approchait timidement de son lit.

« — Robb… » Commença-t-il d’une petite voix qui en disait long.

Le jeune loup eut un sourire pour son jeune frère alors que celui-ci ne semblait pas trop savoir où se mettre. Il mit ses mains sur le bord du lit, le scrutant d’un regard chaleureux.

« — Oh Bran ! Cela me fait plaisir de te voir ! » Répondit-il rapidement avant que le jeune garçon ne continue.

« — Comment tu vas ? » Le questionna-t-il timidement.

Robb haussa les épaules comme seule réponse, mais ne répondit rien de vive voix tout de suite. Il attendit qu’il continue et qu’il crache la raison pour laquelle il avait passé sa porte. Cela ne se fit pas attendre.

« — Mon départ pour le Conflans approche à grands pas. Dans quelques jours.. » L’émotion était palpable.

Le grand frère attrapa gentiment le poignet du plus jeune et l’emporta près de lui afin qu’il s’assoie à ses côtés sur le bord de son lit défait. Il enroula son bras autour des épaules du jeune garçon et déposa sur lui un regard désolé, mais plein de chaleur. Il éprouvait une grande douceur envers son jeune frère. Il avait très envie de l’aider à faire de lui un de ses chevaliers. Il y comptait bien. Mais pour le moment, Bran était trop jeune et, bien qu’il fût prometteur, Mère n’appréciait pas qu’il apprenne trop tôt à se battre de peur qu’il ne se blesse.

« — Je vais bien… » Répondit-il enfin. « …Contrairement à toi ? » Il échappa un sourire doux, serrant doucement son bras autour de ses épaules. « Tu n’as pas envie de partir pour le Conflans ? » L’interrogea-t-il. « Va donc profiter du monde pour moi, petit frère ! » Dit-il en riant doucement. « Je ne suis pas prêt à sortir de là avant encore un petit moment. »

Robb sourit à nouveau à son jeune frère. D’une certaine façon, il l’enviait. Voilà qu’il pouvait partir voir le monde et apprendre de nombreuses nouvelles choses. Alors que lui était assigné à demeure jusqu’à nouvel ordre.

« — Quand pars-tu ? » Le questionna-t-il à nouveau. Décidemment, il avait perdu la notion du temps.