Deux soleils dans le ciel (Alyx)

Deux soleils dans le ciel
Alysanne & @Alyx Lefford

I would have written you, myself, if I could put down in words everything I want to say to you. A sea of ink would not be enough.

Alysanne quitta les cuisines du chateau avec un sourire satisfait. Depuis le retour de Leo, quelques jours plus tôt, le chateau de la Dent d'Or semblait retrouver sa vie et son fonctionnement normal, loin des angoisses qu'apportait la guerre. La trentenaire aimait cela: bien qu'elle n'eut jamais particulièrement reproché à son frère de la laisser seule dans la bâtisse familiale, elle était heureuse de le savoir de retour, sain et sauf, tandis que les rumeurs les plus folles se propageaient à propos de ce qu'il s'était passé à Winterfell. Contrairement aux autres, Alysanne se moquait bien de tirer les vers du nez de son aîné: il avait combattu et il avait gagné, c'était tout ce qui lui importait. Qui il avait combattu, comment, ou si certains nobles tombés s'étaient bien relevé, ne l'intéressait pas tant. La réputation de la Dent d'Or ne serait que grandie par les exploits martiaux du seigneur Lefford, toujours fidèle auprès de son suzerain, et -et cela Alysanne nierait jusqu'à sa mort l'avoir pensé- de son genre, Ser Daven. Oui, elle était heureuse que Leo soit de retour et l'avait accueillie, dans la cour du château, avec le sourire radieux qu'elle lui réservait toujours. Même quand ils avaient été en froid, même quand ils se disputaient: lorsque Leo partait, il pouvait être certain qu'Alysanne serait présente à son retour. Avec les années, la jeune femme connaissait les habitudes de son aîné et c'était tout naturellement que les appartements du seigneur avait été préparé et chauffé pour son arrivé. Un bain, ainsi que de quoi se restaurer, avait été savamment préparer pour son bon plaisir. Mais les choses étaient malgré tout différentes. Depuis son voyage, Alysanne s'effaçait de plus en plus au profit d'Alyx, désireuse de ne pas s'imposer dans la gestion de la maison que l'héritière avait du prendre en charge en son absence, espérant peut être que les promesses échangées sous la neige orageoise, se concrétisent maintenant que tout danger était écarté et que les températures se radoucissaient.

Elle était repartie bien tard de Serena, songea-t-elle lorsqu'en arrivant sur les terres qui l'avaient vu naitre, elle constata l'absence de son frère. Lord Lefford avait été appelé bien avant son retour, pour rejoindre le ban de l'Ouest, conduit par les lions Lannister. Alors elle s'était fait un sang d'encre. Elle ne supporterait l'idée de n'avoir pu lui faire ses adieux, s'il lui arrivait quelque chose. Avait-elle était si égoïste de penser à son propre bonheur en en oubliant combien le monde pouvait être rude ? Les premiers jours, Alysanne culpabilisa. Guère grande pratiquante, elle se répandait cependant en prière, implorant le retour de ce frère protecteur, qui avait toujours été juste avec elle, échangeant des lettres inquiètes avec Leonella dont une partie de la demeure s'était elle aussi vidée suite à l'appel du ban conflanais. Aussi, lorsque la nouvelle arriva jusqu'à la Dent d'Or que le seigneur des lieux était sur la route du retour, Alysanne n'avait pu s'empêcher de se sentir soulagée, étreignant nièce et suivantes comme si c'était sa propre vie qui avait été mise en jeu. Car les états d'âme d'Alysanne allaient plus loin que le simple désir de voir son frère revenir. Elle savait que la confiance de Leo était émoussée depuis qu'ils s'étaient disputé au sujet de la mort de leur père et bien qu'elle ignorait toujours comment agir avec cette information, elle ne pouvait nier ce qu'il avait fait pour elle. A présent que sa vie prenait un nouveau tournant, Alysanne voulait être en paix avec son esprit et avec lui: elle avait trouvé en Bryce Caron, bien plus qu'un simple prétendant et désirait plus que tout la bénédiction de cet homme qui l'avait élevé depuis la disparition de leur parents.

Prenant ses jupes dans ses mains pour les relever afin de ne pas marcher dessus tandis qu'elle grimpait les escaliers, Alysanne repensait à Serena. Un sourire vint naitre sur ces lèvres pales alors que ses joues rosissaient des derniers instants passés auprès de Lord Caron et du mal qu'elle avait eut à le quitter pour s'en retourner chez elle. S'il n'avait pas changé d'avis, sans doute entendrait-elle parler de lui prochainement ? Cette idée lui arracha un soupire de contentement, qu'il était bon d'être courtisée. Elle ouvrit une petite porte, quittant la chaleur du château pour la brise encore fraiche de l'hiver et s'enroula dans la fourrure qu'elle avait prise avec elle afin de ne pas trop souffrir du froid. C'était devenu une habitude, un rituel. Dès qu'elle en avait l'occasion, la jeune femme se rendait sur ce qui s'apparentait plus à un rempart qu'un balcon, compte tenu de l'architecture de la forteresse, et contemplait l'horizon. Il lui semblait que, chaque jours plus que le précédent, la brume s'éloignait, offrant un paysage montagneux s'étendant à perte de vue. Est-ce bien par là ? se demanda-t-elle alors, cherchant dans son esprit ce que le mestre lui avait dit de l'orientation du château, lorsqu'elle était enfant. Si j'étais un oiseau, si je volais tout droit pendant des jours, est-ce que j'atteindrais Serena ? Cette idée la fit sourire. Après tout, le blason de cet homme qui occupait son esprit n'était-il pas un oiseau ? Elle soupira, s'accoudant à la pierre froide. « Un jour peut être ... » marmonna-t-elle pour elle même, consciente qu'après cette brève pause, il lui faudrait revenir au monde réel et avoir l'esprit tout entier consacré à sa maison et à son sang. Après tout, n'avait-elle pas dit qu'elle passerait une partie de l'après-midi avec Alyx ?

La Dent d'Or | An 303, lune 2, semaine 2

La vie reprenait doucement son cours normal à la Dent d’Or. Leo était rentré du Nord, sain et sauf pour le plus grand soulagement de son héritière. Mais les retrouvailles n’avaient pas été aussi joyeuse que l’avait imaginé Alyx. Daven manquait à l’appel. Et même si son père lui avait assuré qu’il allait bien et qu’il rentrerait dans les prochaines semaines, la jeune femme n’était pas pleinement de sereine. Il lui manquait la présence du Lannister qui loupait bien des choses, notamment à propos de leur fille qui grandissait vite. L’enfant avait fait ses premiers pas la semaine du retour de son grand père. Elle commençait à parler à sa façon, ce qui agaçait passablement sa mère. Elle ne pouvait lui montrer la même affection que Daven lui fournissait, elle essayait, faisait des efforts malgré ses nerfs à vifs. Il était grand temps que le lion ensoleillé rentre à la Dent d’Or.

Mais cette après midi là, Alyx faisait une pause. Elle abandonnait pour quelques heures ses devoirs d’héritière et de mère. Elle avait abandonné Erena à sa sieste de l’après-midi, lui permettant de souffler un bon coup. Alysanne devait normalement la retrouver dans un petit salon du château. Mais sa tante avait du retard. C’était assez étrange, cela ne lui ressemblait pas. La Lefford fronça les sourcils mais attendit sans rien dire plusieurs longues minutes, lisant un livre pour s’occuper. Mais elle fut forcée de constater que sa tante l’avait visiblement oublié. Elle referma son livre et siffla son lynx des fumées âgés de quatre années désormais. Le gros félin se leva et s’approcha d’elle, le regard brillant.
« Viens, allons trouver Alysanne. »

Elle sortit de la pièce et se mit en quête de sa tante. L’animal la suivant à la trace, grondant quand quelqu’un passait trop près de sa maîtresse. La jeune femme finit par sortir dans les jardins au plus grand plaisir du félin qui s’ébroua dans la neige avec joie. Alyx vit alors une chevelure sombre familière qui fixait l’horizon. Elle s’approcha de sa tante.
« Aurais-tu déjà la tête dans l’Orage pour en oubliant ta nièce ? » l’interpela Alyx

Alysanne était revenue des Terres de l’Orage quelques semaines après le départ de Leo et Daven pour Winterfell. La jeune femme avait passé plusieurs lunes auprès de Lord Caron qui lui faisait la cour depuis le tournoi de Lestival. Ce séjour semblait allé vers quelque chose de concluant car sa tante n’était plus la même depuis qu’elle était rentrée. Et son oubli pour rêvasserie en était bien la preuve. Son cœur et son esprit était restée à Serena, laissant seulement son corps revenir sur ses terres natales.


 

CODAGE PAR AMATIS

Deux soleils dans le ciel
Alysanne & @Alyx Lefford

I would have written you, myself, if I could put down in words everything I want to say to you. A sea of ink would not be enough.

Perdue dans sa contemplation, Alysanne ne voyait le temps passer: elle songeait à son voyage, aux fils de Cersei Lannister, qu'elle avait eut la chance de voir lors de son passage à Castral Roc, à la vitesse de son retour sur ses terres. Elle pensa aussi à la maison. A sa crainte en découvrant qu'elle avait manqué Leo de plusieurs jours, qu'il était partie sans qu'elle ait pu lui souhaiter bonne chance et lui confier que sa bénédiction passée lui avait apporté une joie qu'elle ne pensait pas possible en dehors des liens de sang qu'elle avait en ce monde. Elle sursauta en entendant la voix de sa nièce, ne l'ayant sentie se rapprocher malgré le bruit de ses pas dans la neige ou la fermeture des portes menant vers la chaleur du château. « Oh ! Alyx ! » lâcha-t-elle en posant une main sur sa poitrine, à demi-effrayée à demi-soulagée de s'être fait surprendre de la sorte. S'était-elle donc plongée dans des reflexion si profonde qu'elle n'avait même pas entendu le félin jouer avec la couche blanche qui recouvrait les quelques verdures du lieu. Elle peina a retrouver un rythme cardiaque normal, riant à moitié de sa semi-terreur tout en demeurant légèrement gênée d'avoir été ainsi prise de court. « Pardonne moi, j'étais perdue dans mes pensées et ... J'ai du m'assoupir, les yeux ouverts. » expliqua-t-elle avec un sourire embarrassée: à double titre maintenant qu'elle se rendait compte qu'elle avait laissé sa nièce l'attendre. Elle avait le sentiment de changer depuis Lestival, et si elle appréciait ce qu'elle ressentait auprès d'un certain orageois, l'idée de négliger sa nièce, qui avait été le centre de son univers pendant si longtemps, lui était insupportable. D'autant plus qu'elle voulait être présente pour elle et pour Erenna, dont la jeunesse la rendait extrêmement dépendante des soins que l'héritière lui portait. « Tu m'attends depuis longtemps ? » s'enquit-elle tout en portant son regard sur le lynx de fumée que la jeune Lefford avait à ses côtés depuis plusieurs années à présent.

S'éloignant du rebord du pierre du rempart, Alysanne quitta de fait la brise glacée qui rougissait ses joues pâle: le froid était toujours présent, mais la prise à l'air était moindre derrière la protection que le château formait, protégeant sa cour. Elle tenta de remettre de l'ordre dans sa tenue, observant Alyx du coin de l'oeil, cherchant à savoir si tout allait bien. Si cela faisait plusieurs semaines qu'elles étaient toutes les deux, Alysanne ne perdait sa crainte de voir Alyx sombrer dans la tristesse qui poursuivait les femmes venant de donner naissance et bien qu'elle savait sa nièce assez forte pour ne pas se laisser tourmenter de la sorte, le silence du château et la solitude qu'elle avait connu entre le départ des hommes et l'arrivée de la Lefford en vadrouille inquiétait cette dernière. « Tu as de fort ravissante couleur aujourd'hui. » lui dit-elle avec un sourire. « La petite commence-t-elle à faire ses nuits ? Sinon, il faudra que tu me donne ton secret. » ajouta-t-elle avec un léger rire, jouant du bout de son pied avec la neige blanche qui humidifiait le bas de sa robe.

La Dent d'Or | An 303, lune 2, semaine 2

Tellement perdue dans ses pensées, Alysanne sursauta à l’approche d’Alyx, posant sa main sur sa poitrine. Et le reste confirma ce que pensait l’héritière de la Dent d’Or. Sa tante n’était pas totalement revenue des Terres de l’Orage. Son esprit était encore perdu dans le Sud de Westeros, au pieds des Marches de Dorne. Elle s’était perdue en rêverie oubliant sa nièce.
« J’ai bien remarqué oui, que tu dormais debout. » répondit de façon un peu sarcastique la jeune fille.

Elle n’aurait pas cru voir un jour sa tante si distraite par les affres d’un amour naissant. Si Alyx aimait Daven, elle n’avait pourtant jamais eu de rêverie à son encontre, lui faisant perdre toute notion de temps et d’espace. Ce genre de comportement agaçait souvent la brune et elle était quelque peu peiné de voir sa tante subir la même malédiction en amour que toutes ces jeunes jouvencelles qu’Alyx détestait. Mais elle se retint de tout commentaire, Alysanne faisait partie des rares personnes envers qui la jeune fille se retenait et prenait sur elle, ne laissant pas sa langue siffler et piquer.

Sa question arracha une moue presque pensive à Alyx, suivie d’un petit haussement d’épaule. La patience n’était pas son fort, mais elle faisait des efforts avec sa famille. Elle avait laissé une petite demi-heure s’écouler avant de partir à sa recherche.
« Assez pour que je parte à ta recherche. »

Elle ignorait si elle avait réellement bonne mine ou si sa tante disait cela pour lui faire plaisir. Elle chercha la subtilité qui ne tarda pas à venir, ce qui arracha un sourire amusé à l’héritière des Lefford, qui haussa les épaules.
« Aucune idée, faut demander à ses nourrices. Mais j’espère qu’à un an et presque deux lunes qu’elle fasse ses nuits. »

Alyx ne s’était jamais levée pour s’occuper d’Erena la nuit. Dans une chambre à l’écart dans les appartements de la jeune fille, elle laissait les nourrices s’en occuper et il ne valait mieux pas pour elles que l’enfant réveille sa mère.
« Ce qui m’inquiète plus c’est qu’elle ne va pas tarder à marcher et à gambader partout, sans parler de ses babillages incessants qui m’agacent fortement. »

Avec l’absence de Daven, la jeune Lefford se forçait à passer plus de temps avec son enfant mais c’était une mission qui mettait bien souvent ses nerfs à rude épreuve. Elle n’avait pas la capacité de son époux à la couvrir d’amour bienveillant. Vivement que le chevalier rentre de Castral Roc.

Voyant Alysanne jouer avec la neige de son pied, le lynx des fumées voulut se prendre au jeu et sauta au pieds des deux dames les éclaboussant de neige.
« Iago ! » rouspéta Alyx

Le félin leva la tête vers sa maîtresse et « miaula » ne comprenant pas.
« Rentrant avant que nous attrapions froid à cause de ce beau diable. » proposa Alyx qui sentait déjà sa robe s’humidifier contre ses tibias.

 

CODAGE PAR AMATIS

Deux soleils dans le ciel
Alysanne & @Alyx Lefford

I would have written you, myself, if I could put down in words everything I want to say to you. A sea of ink would not be enough.

La réponse d’Alyx arracha une grimace désolée à sa tante : voilà qu’elle était maintenant si distraite qu’elle en oubliait le présent et la joie de retrouver les siens. Elle avait passé tant de temps, lors de son absence, à penser à Alyx et maintenant elle l’a négligeait en ayant l’esprit ailleurs : piètre parente qu’elle était. Ne répondant rien, la jeune femme savait qu’il n’y avait rien à ajouter au constat de l’héritière tout comme elle se doutait que si la jeune fille en eut été vexée, elle ne lui en voudrait pas éternellement. Le sang au-dessus de tout, songea Alysanne en se remémorant les leçons durement apprises : s’il n’y avait qu’un allié à avoir dans ce monde, c’était sa propre maison et si les doutes sur la mort de son père avait mis à mal la confiance entre le frère et la sœur, elle savait qu’elle ne pourrait jamais trahir la Dent d’Or et son nom. Quand bien même elle en voudrait, à jamais, à Leo, elle lui serait toujours fidèle. Il en allait de même pour Alyx pour qui Alysanne avait une affection toute particulière et bien différente de celle qui l’unissait au reste de sa fratrie. Plaçant sa nièce au-dessus des autres -après tout elle ne connaissait pas les enfants de Leonella et bien trop ceux de Myrranda- il n’y avait rien qu’elle eut pu lui refuser, reproduisant avec bienveillance le schéma que Leonella avait elle-même eut envers elle quand elle était plus jeune. Cadette de substitution – Alyx était trop vielle pour qu’Alysanne l’eut considéré comme une fille- l’héritière avait une place quasi exclusive dans le cœur de son aînée qui, jusque peu, n’avait jamais été supplanté par quiconque.

Elle quitta ses rougissements de midinette pour retrouver le sérieux qui la caractérisait, renvoyant au loin l’Alysanne rêveuse pour afficher sa mine habituelle : emplie de bienveillance pour sa protégée, mais toujours prête à bondir sur un serviteur maladroit. Par chance, l’intimité de leurs froides retrouvailles dans la cour lui permettait de se détendre quelque peu : il n’y avait nulle domestique maladroite ou garde trop peu attentif à réprimander ici. Depuis combien de temps n’avaient-elles pas été si seules ? Loin de la maisonnée de la Dent d’Or, loin des enfants, mari, père ou frère, pour aborder des sujets aussi frivoles que le teint de l’héritière. Il semblait à Alysanne que le temps passé dans son château rendait Alyx plus reposée, plus calme. Pour sûr, jamais Alyx n’avait manqué à l’attitude qui devait être la sienne, mais cela n’empêchait pas la tante de s’inquiéter pour la fatigue de sa nièce, plus encore depuis la fausse couche qui avait endeuillé la maison, quelques années auparavant. Alyx semblait forte, mais Alysanne redoutait ce que l’héritière ne montrait pas, craignant qu’elle ne se pousse elle-même, au-delà de ses propres limites. Il semblait, aux paroles de la benjamine de la famille, que la présence d’un bébé n’était pas ce qui la fatiguait le plus et si Alysanne s’interrogeait sur la manière dont Alyx percevait son rôle de mère, elle ne se permit aucun commentaire. Après tout, elle avait déjà dit ce qu’elle pensait et cela n’aurait servi qu’à agacer, plus encore, la jeune fille : Erenna n’était encore qu’un bébé. Sans doute cela viendrait-il lorsque la petite fille serait en âge de comprendre le poids qui pèserait, un jour, sur ses épaules -si tant est qu’aucun garçon ne venait lui voler l’héritage maternel. « J’y penserai » dit-elle avec un sourire en coin, désireuse tout de même de s’assurer qu’aucune nourrice n’envisageait de profiter de sa position pour quoi que ce soit. « Avec le redoux qui arrive, nous n’aurons plus autant à nous inquiéter des maladies qui emportent les enfants … C’est une bonne chose que ta fille soit née en hiver, cela présage une certaine force et une bonne constitution. » commenta-t-elle à voix haute, le regard perdu vers les fenêtres qu’elle savait appartenir aux appartements de la famille. « Quant à toi … Vivement que les mondanités reprennent ! Tu me semble en pleine forme et il me tarde d’entendre à nouveau tes récits ! » ajouta la brune avec un léger rire. L’hiver était dur pour maintes maisons, mais l’héritière Lefford semblait avoir passé les dernières lunes loin des tracas que la nuit et le froid apportait. Cela ne pouvait être que bénéfique à l’image des Lefford. Alyx était une héritière parfaite, songeait Alysanne, quoi qu’en dise Leo, elle serait prête très bientôt, et cela faisait sa fierté.

Auprès d’elles, le félin semblait enclin à jouer avec la poudreuse qui recouvrait pierre comme herbe. Elle retint un cri face au mouvement soudain du lynx mais son sourire assurait qu’elle n’en avait peur, bien qu’elle ne se serait risqué à une caresse sans l’approbation de sa maitresse, laquelle ne l’aurait donné qu’en étant certaine que le geste était sûr. Elle approuva la proposition de cette dernière, ses doigts rougies par le froid réclamant un peu de chaleur, ses tremblements commençant à devenir perceptible à l’œil. La porte s’ouvrit sur les deux Lefford gelées et Alysanne ôta sa cape qu’elle confia à une servante sans réellement la regarder. « Préfères-tu que nous demeurions en privé … » commença-t-elle avec une œillade complice « … ou une bonne tasse de thé dans le salon ? » proposa-t-elle en regardant Iago s’ébrouer de l’humidité de son pelage. « L’un n’empêchant pas l’autre bien sur. » rajouta la brune en penchant légèrement la tête sur le côté, le regard dans le vide tandis qu’elle se plaisait déjà à imaginer la chaleur d’un bon feu réchauffant ses jambes.

La Dent d'Or | An 303, lune 2, semaine 2

Alyx haussa les épaules sur les maladies hivernales. La Dent d’Or avait plutôt bien tenue face aux maux de l’hiver. Elle ignorait si les enfants nés en plein hiver était plus résistant que ceux nés durant l’été. Elle n’avait pas spécialement d’expérience dans le domaine pour étudier les chiffres à ce sujet. Mais elle savait qu’un printemps pouvait être trompeur et apporter des maladies tout aussi ravageuses que celle de l’hiver. L’Histoire de Westeros avait maintes fois connus ce genre de situation où les printemps étaient bien plus dangereux que les hivers.
« Peut-être mais méfions-nous du printemps, ils sont parfois bien plus fourbe que les hivers. »

Combien de temps avait passé Alyx enfermé derrière les murs de la Dent d’Or ? Trop longtemps. Sa dernière sortie fut courte, éphémère et peu distrayante au final. Depuis plus de deux ans désormais, il n’y avait pas eu de grand évènement ayant permis à Alyx de laisser sa réputation briller. Probablement que tous auraient endormi leur méfiance et elle pourrait s’en délecter avec amusement. Elle pourrait voir cela dans quelques lunes.
« Et bien nous verrons cela avec le mariage du Hardyng qui a lieu d’ici quelques semaines. Lord Tywin ne peut pas s’y rendre et à demander à Daven de le représenter. Faudrait-il qu’il rentre à temps aussi... »

Le lion ne donnait toujours pas signe de vie malgré l’assurance des mots de Léo sur son gendre et neveu. Daven tardait à rentrer pour une raison inconnue. Mais Alyx ne voulait pas parler de ce sujet épineux, préférant penser à autre chose.

Les deux femmes rentrèrent suite à l’attaque de Iago sur les pieds d’Alysanne qui jouaient avec la neige. Alyx qui était sortie légèrement vêtu commençait sérieusement à avoir froid et accueillit la chaleur de la forteresse avec soulagement. Le lynx s’ébroua faisant tomber les flocons de neige de son épaisse fourrure. Lui n’avait froid.
« En privé, moins de chance que l’on soit dérangé. » dit-elle avant d’attraper une servante « Du thé dans mes appartements. »

La servante s’inclina et s’éclipsa rapidement en direction des cuisines pour répondre à la requête de la fille de son maître. Les deux Lefford se dirigèrent vers les appartements de l’héritière, Iago ouvrant la marche et faisant s’écarter les gens de la maisonnée toujours peu rassuré par l’animal.

Le feu dans les appartements d’Alyx avait été re nourri et une belle flambée rougeoyait dans l’âtre leur permettant de se réchauffer. Iago alla s’éteindre devant de tout son long. La jeune fille, alla se glisser sous un plaid posé sur un sofa et proposa à sa tante de l’y rejoindre pour se réchauffer en attendant que le thé n’arrive.
« Tu as eu des nouvelles de Lord Bryce Caron du coup pour que tu m’en oublies ? Les choses avancent ? »


 

CODAGE PAR AMATIS

Deux soleils dans le ciel
Alysanne & @Alyx Lefford

I would have written you, myself, if I could put down in words everything I want to say to you. A sea of ink would not be enough.

Les mots d'Alyx la laissèrent songeuse. Il était vrai que la rudesse de cet hiver faisait prier pour sa fin rapide: Alysanne n'avait pas souvenir que le précédent ait été si froid et si sombre. Mais sans doute des années d'été avaient influencé sa mémoire. Qui plus est, l'histoire était du côté de la prudence: le Printemps Trompeur avait été bien plus terrible que la saison qui l'avait précédé. Toutefois, l'optimisme d'Alysanne ne tenait pas qu'en ce changement de saison. Une part d'elle voulait croire que le retour du beau temps et du redoux témoignait de la bénédiction printanière, que plus rien ne pourrait leur faire du mal mais elle n'était pas naïve au point de ne pas se rendre compte du réalisme froid dont faisait preuve sa nièce. Effectivement, ils n'étaient pas à l'abris d'une mauvaise surprise bien qu'elle aurait préféré un peu plus d'entrain venant de la jeune femme. Elle hocha distraitement la tête, songeant que le retour de célébration maritale était bien le signe que tous voulait tourner la page des sombres jours des évènements de Winterfell pour retrouver la quiétude passée. Le mariage d'Harrold Hardyng serait le premier d'une liste de grands évènements mondains, songea l'ouestienne avec une certaine forme de lassitude. Après tout, si elle avait apprécié son séjour à Lestival, elle n'était pas une grande adepte des rendez-vous de la société et préférait le calme de la Dent d'Or. Peut être était-ce pour cela qu'elle n'avait jamais réellement envier le statut d'Alyx ? Ce qu'elle lui racontait, bien qu'elle ne cacha guère de rire du récit naré par la langue habile de sa nièce, ne faisait que confirmer son sentiment. Son voyage jusqu'à Serena avait été fort agréable à bien des niveaux, mais là encore, il ne s'agissait que d'une invitation privée et non d'un évènement qui l'aurait forcé à prendre la posture que Leo lui avait enseigné durant des années. Auprès de Lord Bryce, elle n'avait cependant nullement pensé à toutes ces choses qui la mettait mal à l'aise. Elle se perdait dans les pensées que lui inspirait l'orageois, se remémorant la délicatesse de ses lettres durant le voyage qui l'amenait à Hautjardin, se délectant de sa présence une fois sur place avant de revivre avec délice les quelques frôlements à demi-innocents sur le trajet qui la ramenait dans l'Ouest. Peut être qu'Alyx n'avait pas tort en la disant ailleurs: elle n'était d'ordinaire pourtant pas si sujette aux rêveries. Il lui tardait, cependant, d'avoir des nouvelles de Leo. Si elle avait bien reçu quelques messages depuis son retour à La Dent d'Or, les lettres demeuraient semblables aux premières et Alysanne se languissait de savoir ce qu'il avait bien pu écrire au seigneur Lefford la concernant. Non qu'elle douta de lui, mais parce qu'elle mourrait d'envie de savoir quels étaient les plans qu'il envisageait pour l'avenir. « Si ce n'est celui de Lord Hardyng, je suis certaine que le redoux encouragera bien des fiançailles à devenir de véritables noces. Si l'hiver est bien passé, nous verrons fleurir bon nombre de célébrations d'ici quelques lunes. » dit-elle, songeuse. Il n'y avait pas que le mariage du suzerain du Val qui était annoncé mais tout un tas de festivité qui n'attendaient que le bon vouloir de leurs organisateurs, lesquels s'impatientaient de pouvoir recevoir d'illustres invités dans leur demeure. L'hiver paralysait les régions. S'il était facile de prendre les grandes routes royales pour passer les frontières et se rendre d'un château à un autre, cela ralentissait considérablement les convois. Elle ne pouvait nier que la route de la Mer, pourtant dépeinte comme très agréable à l'oeil, n'avait été de tout repos entre la neige et les violentes bourrasques de vents qui avaient fait trembler le carrosse. De plus, entre les morts de Winterfell et ceux emportés par la maladie ou l'âge, bon nombres de nobles espéraient voir naitre de nouvelles branches à leurs arbres, sécurisant la poursuite de leur lignée. La mort du petit Robyn Arryn avait sans doute rappeler à bien des seigneurs qu'un héritier pouvait disparaitre même après avoir passé les années où les enfants sont si fragiles.

Elle observa avec la même fascination qu'au premier jour, la manière dont le lynx se débarrassa des flocons qui recouvraient son pelage. Si elle n'y aurait mit sa main, cela ne l'empêchait pas de le trouver magnifique et lorsqu'il s'ébrouait de la sorte, son poil semblait soudainement plus volumineux et duveteux avant de s'aplatir de nouveau, vaincu par l'humidité laissé par la neige. Alysanne hocha la tête, confiant sa cape rehaussée d'un col de fourrure à l'une des servantes tandis que sa nièce donnait ses ordres. « Bien, bien. » dit-elle, plus par automatisme que comme une réelle réponse au choix de l'héritière. Il n'y avait guère plus de quelques minutes les séparant des fameux appartements et ce fut avec bonheur qu'Alysanne entra dans l'antre de sa nièce, chauffé à la perfection et sans le moindre courant d'air. Elle n'était pas la seule à répondre à l'appel de l'âtre et s'installa près d'Alyx. Cela lui rappelait bien des souvenirs, songea-t-elle avec une once de nostalgie. Elle étouffa un rire à la mention, directe, de son soupirant: décidément, ce sujet ne serait jamais pris avec des pincettes, pensa l'ainée des Lefford. « Cela se pourrait. » dit-elle avec un sourire en coin. « A vrai dire, les lettres en elles-mêmes ne parviendraient à expliquer tout ceci. Leur contenu est toujours charmant mais ... » Elle marqua un temps d'arrêt cherchant les mots juste pour résumé les choses. « Et bien, maintenant que ton père est rentré, j'imagine que nous aurons très vite des nouvelles. » finit-elle par dire. Elle doutait que Leo taise la demande que Lord Bryce lui avait dit vouloir formuler à son encontre: quelle que soit sa position sur le sujet, il ne manquerait pas de la lui faire entendre lorsqu'il aurait le temps de s'occuper de ce genre d'affaire. « Mais si cela ne tenait qu'à moi ... » Elle laissa la phrase en suspend, offrant à la jeune femme un sourire complice qui ne laissait que peu de doute sur la nature des échanges qu'elle avait avec Serena. Après tout, Alyx l'avait encouragé lorsque l'invitation pour Serena s'était faite. Elle n'avait aucune raison de cacher quoi que ce soit à l'héritière.

La Dent d'Or | An 303, lune 2, semaine 2

Si nombreux mariages ils devaient y avoir avec le printemps, cela permettrait à Alyx de renouer avec les évènements mondains. Le souci, c’était l’absence de Daven. La Lefford ne doutait pas de sa propre capacité à aller à ses évènements seules. Mais son époux, cela était différents. Elle avait pris l’habitude de se tenir à son bras pour briller de mille feux. Et puis, ce n’était pas elle, l’ambassadrice de l’ouest mais bel et bien Daven. Elle ne pouvait le remplacer parce qu’il avait décidé de ne pas revenir pour une raison obscure. Pas même un corbeau alors que d’après son père il était à Castral Roc. Alyx rongeait son frein comme le pouvait, inquiète. Et quand elle était dans un tel état, elle devenait bien souvent infernale.

Confortablement installée, près du feu elle posa une question fort directe à sa tante. Elle se doutait que l’orageois était responsable des rêveries de la sœur de son père. Mais Alysanne resta relativement énigmatique. Le contenu des lettres de son soupirant était visiblement charmant mais elle ne semblait pas vouloir en décrire plus, laissant une Alyx insatisfaite. Leo devrait trancher pour savoir si l’amour naissant entre les deux pouvait se conclure ou non. Elle n’avoua qu’à demi-mot ce qu’elle désirait.
« Tu parles beaucoup trop par énigme...et sans finir tes phrases. » se moqua la jeune femme. « Mais je comprends bien que tu as fort hâte de te métamorphoser en rossignol. »

La Dent d’Or serait différente sans Alysanne. Alyx avait toujours connu son château avec la présence de son père ou de sa tante. Probablement que d’ici un an, tout cela appartiendrait au passé. L’héritière des lieux ignoraient si elle était prête à ce genre de changement dans sa vie. Une nouvelle page s’apprêtait à se tourner. Sa tante avait été comme une mère pour elle, la voir partir laissait un étrange sentiment dans le cœur de la jolie brune aux yeux verts. Mais ainsi allait la vie et si les sept avaient décidé d’unir Bryce Caron à sa tante, alors elle n’était personne pour s’y opposer.
« Espérons alors que père ne te fasse pas trop languir et que tu puisses rapidement commencer à organiser tes possibles noces. »

Un serviteur entra alors pour déposer une théière fumante, deux tasses et quelques petits gâteaux secs sur le guéridon posés non loin du divan dans lequel elles s’étaient installées. Il s’éclipsa aussitôt pour éviter les foudres des deux Lefford qu’il savait redoutable si elles s’y mettaient. Alyx fit aussitôt couler l’eau bouillante dans les deux tasses et en tandis une à sa tante et prit la deuxième pour elle. Le liquide brûlant qu’elle aspira vint réchauffer son corps après son court passage dans la neige du petit jardin suspendu dans lequel Alysanne s’était perdu dans ses pensées.
« Partons du principe que père accordera ta main à Lord Caron...tu as déjà réfléchi à des détails pour le mariage ? »

Vu comment sa tante était rêveuse, Alyx était persuadée qu’elle avait quelques idées derrière la tête.

 

CODAGE PAR AMATIS

Deux soleils dans le ciel
Alysanne & @Alyx Lefford

I would have written you, myself, if I could put down in words everything I want to say to you. A sea of ink would not be enough.

Elle grimaça à la taquinerie, consciente d'être bien trop dans les nuages depuis quelques temps cependant, ses phrases laissées en suspens étaient souvent les tristes victimes de son esprits raisonnable, terre à terre. Elle craignait de trop se projeter, d'envisager l'impossible et de ne connaitre que la frustration du refus. Comme si l'honnêteté de ses sentiments, des paroles échangées à la veille de son départ n'étaient qu'un doux songe dont elle craignait de se réveiller brutalement. Derrière le suspense à demi-mot, elle craignait que de montrer combien elle avait ouvert son coeur à un autre lui coute l'affection de la personne qu'elle aimait le plus au monde et qui se trouvait, aujourd'hui à ses côtés. « Pardonne moi. J'imagine que les vieilles superstitions ont la dent dure. Comme si le dire de vive voix risquait d'appeler les pires présages. Mais, disons que je redoute de trop espérer et d'être déçue. » avoua l'aînée avec une légère gêne. Avec des "si" on refaisait le monde et elle se refuser à espérer inutilement. Si la chance, jusque là, lui souriait elle craignait le retour de bâton que le destin se plaisait à donner aux trop grands audacieux. Elle aurait sans aucun doute le coeur brisé si les dieux destinaient son orageois à une autre, vivre en plus l'humiliation d'espoir trop vantés et déçus serait pire que tout. Bien sur, Alyx n'était pas n'importe qui et si elle se plaisait volontiers à se moquer d'elle à l'occasion, ce n'était pas pour ce genre de chose. Cependant, habituée  son célibat, Alysanne ne s'était imaginé vivre pareille passion pour un homme et n'était guère à l'aise avec la chose pour le moment. « Soleil ou rossignol, quoi que l'avenir décide j'en serai heureuse. Ces dernières lunes, mon esprit a été fort occupé à vagabonder vers l'Orage mais ... » Elle hésita un instant. Quelques secondes tout au plus où il lui parut alors évident qu'importe son choix, il lui faudrait renoncer à quelque chose. Epouser Bryce et quitter Alyx et Leo ou demeurer une Lefford et accepter de voir le seigneur des Marches l'oublier. Si elle se disait heureuse, elle savait que les premiers temps seraient forcément teinté d'un peu de mélancolie avant que la vie de la rappelle à son devoir. « ... Je ne renierai jamais le bonheur que j'ai eu à demeurer ici, auprès de toi et de ton père. Leo et moi avons eut nos différents mais il reste mon sang et ma famille. Être loin de vous,  me causera une grande peine. J'imagine que renoncer à Lord Bryce me serait tout aussi douloureux. » avoua-t-elle. Au moins, devenir l'épouse de Lord Bryce lui permettrait de revoir Alyx de temps à autre, l'inverse lui serait impossible. Elle s'était longtemps imaginé comme Leo: elle avait admiré son refus de reprendre une épouse après la mort d'Orélia, la manière dont il était entièrement dévolu à sa tâche de seigneur. Cependant, avec le temps, elle même avait commencé à ressentir le besoin d'avoir quelqu'un à ses côtés, quelqu'un qui n'était pas de son sang, quelqu'un avec qui elle partagerait d'autre liens. Cette pensée avait été si longtemps refoulée qu'elle s'imposait à présent à elle, l'aveuglant parfois.

Si les mots de sa nièce semblait encourager le futur auquel son coeur aspirait, ALysanne eut le sentiment que ce n'était pour autant que l'héritière désirait se débarrasser d'elle. Elles avaient vécu tant de choses ensemble que cela paraissait étrange d'imaginer un quotidien où elle ne verrait plus Alyx tous les jours. Elle tentait de consoler cette part de son être en se rappelant que la jeune femme n'était plus l'enfant sur laquelle elle veillait, qu'elle était à présent une épouse et une mère mais cela n'apaisait qu'à demi son coeur. Elle qui avait été la cadette d'une fratrie bien plus âgée, qui n'avait que très peu connu ses parents, s'était totalement dévoué aux aînés qui avaient pris soin d'elle durant toutes ces années. Lorsqu'Alyx était née, elle était encore jeune et regardait le bébé dans les bras de sa belle-sœur comme si cela avait été sa propre soeur. Avec les années, la petite soeur était presque devenue la fille qu'elle n'aurait jamais, l'attachant à ce château et à cette famille malgré les révélations qu'elle avait apprise sur la disparition de son père. « Tu as raison, parlons de choses plus joyeuses ! » dit-elle en cherchant à chasser ses obsessions d'un autre temps. Avec toute la lucidité du monde, elle chercha un motif pour Leo de refuser la demande de Lord Bryce, mais n'en trouva aucun. Si son frère avait voulu s'opposer à la chose, jamais ne lui aurait-il donné l'autorisation de partir vers Serena quelques lunes auparavant. Elle doutait que cela soit à cause de la confiance émoussée et partiellement retrouvé qui existait entre eux bien qu'elle n'en éloignait pas trop l'idée. Tandis qu'elle jouait d'une main avec un fil du plaid, elle imagina ce jour où Leo viendrait lui annoncer la nouvelle. Un jour très prochain, savait-elle. « Et bien ... J'imagine que la situation dans laquelle se trouve Lord Caron ne permettra guère de longues fiançailles et que les noces auront lieues assez vite. Je ne suis plus une jeune fille après tout. » dit-elle, un léger rire dans la voix. Elle n'était plus à l'âge des longues attentes et des mariages en grandes pompes. Bien des hommes n'auraient jamais posé les yeux sur une célibataire de trente-deux, arguant qu'elle était probablement trop vieille pour le devoir sacré qui revenait à une épouse. Mais Lord Bryce n'avait jamais abordé ce sujet. En revanche, malgré la présence d'un héritier, elle ne doutait pas de son désir de vouloir sécuriser sa lignée en offrant à son nom d'autres descendants. Leo ne s'offusquerait pas d'un petit mariage pour sa cadette, les Lefford avait déjà eut droit à un mariage bien plus clinquant lors des noces de Myrranda ou, plus récemment avec celles d'Alyx. De plus, Lord Bryce avait déjà été marié, ainsi même la maison Caron n'avait besoin de fête fastueuse célébrant l'évènement. Elle imaginait sans peine que leurs noces seraient plus intimes et cela lui convenait parfaitement. Elle reprit un ton plus sérieux. « Toutefois, dès que Leo m'aura donné sa réponse et qu'une date sera définie, je pense prévenir Leonella, qu'elle prenne ses dispositions. J'aimerai vous avoir tous auprès de moi ce jour là. Et toi plus qu'aucune autre. » dit-elle avec un sourire. S'il y avait une chose qui importait à la trentenaire, c'était bien sa famille. Si elle n'avait d'affinité particulière avec Daven, elle était très attachée à ses nièces et à Alyx plus qu'à quiconque. Quitter son nom et sa maison sans elle à ses côtés lui paraissait impensable. Sa présence avait au moins, si ce n'est plus, d'importance que celle de sa soeur, désormais Frey. Elle réfléchit un instant avant de reprendre. « Pour le reste et bien ... S'il prend la poussière depuis bien longtemps, j'avais commencé à constituer mon trousseau quand j'étais plus jeune. Il y aura des retouches à faire mais avec l'aide de Gemma, je pense que cela devrait être prêt à temps. » dit-elle, les yeux fixés sur le mur tandis qu'elle évaluait intérieurement le travail qui s'annonçait, oubliant un instant que tout cela restait conditionné à la volonté de Leo. Avec un sourire, elle se tourna à nouveau vers sa nièce. « Je sais que tu n'affectionne que peu les travaux d'aiguille aussi ... Je me demandais si tu accepterai de m'aider à m'assurer que tout soit prêt ? Je sais bien qu'il s'agit plutôt d'un rôle que l'on confie aux aînées, il n'y a nulle femme en qui j'ai plus confiance qu'en toi. » finit-elle par lui dire, désireuse de partager cela avec sa nièce. Cela serait peut être leurs dernières lunes ensemble et Alysanne ne voulait pas qu'elles les passent séparés par l'organisation en hâte d'un mariage.

La Dent d'Or | An 303, lune 2, semaine 2

Alyx arqua un sourcil, tiquant légèrement aux mots de sa tante. Depuis quand était-elle superstitieuse ? C’était elle qui lui avait appris le contraire et la voir tenir un tel discours surprenait la plus jeune. L’amour n’avait eu que peu de répercussion sur l’héritière de la Dent d’Or qui restait égale à elle-même : cinglante, piquante et acerbe. Le lion subissait régulièrement le caractère de la brune qui n’était pas tombé dans les niaiseries ou les rêveries de jouvencelles espérant le beau prince ou le preux chevalier. Mais sur sa tante, les effets étaient tout ce que la jeune femme détestait. Si l’amour la rendait ainsi comme pourrait-elle tenir son rang et assurer ses fonctions de future dame d’une grande maison orageoise ? Le caractère tempétueux de ses habitants allait probablement donné du fil à retord à Alysanne, surtout si elle restait sur ce petit nuage de mièvrerie. Alyx finit par pousser un soupir, l’amour faisait succomber même les meilleurs...mais elle ne répondit pas. A quoi bon ? C’était déjà trop tard pour sa tante malheureusement.

Quel que soit son avenir Alysanne serait heureuse, vu son état actuelle l’héritière en doutait fortement. Et quand elle commenta le fait que son esprit vagabondait vers l’Orage ce fut plus fort qu’elle. Les mots filèrent hors de sa bouche avant qu’elle ait le temps de tourner sept fois sa langue dans sa bouche.
« Oh non, ça ne s’est absolument pas remarqué. » ironisa Alyx.

Le cœur d’Alysanne était déchiré mais aux yeux d’Alyx le choix de sa tante était déjà fait. Si son père refusait la proposition de lord Caron il briserait le cœur de sa sœur. Peut-être en ayant conscience ou pas. Alyx ignorait si son père savait l’influence qu’avait l’amour sur Alysanne. Il passait beaucoup de temps dans son bureau seigneurial rattrapant ses longues lunes d’absence. Parfois son héritière venait lui résumer une situation et ils faisaient le bilan afin de continuer l’éducation de la future Dame de la Dent d’Or sur la gestion de leur fief et de la famille. Si dans l’ensemble, elle s’en était admirablement bien sortie, certains points restaient à améliorer. Mais tout ce temps-ci n’était pas partager avec Alysanne. C’était des moments père – fille uniquement.
« Dis-toi que si cela ne se fait pas, ce ne sera pas toi qui aura refusé la proposition de Lord Caron. Il ne pourra pas t’en vouloir en théorie. »

La discussion glissa sur le mariage. Les fiançailles seraient probablement courtes, visiblement l’orageois avait le désir de se remarier rapidement. Cela promettait d’organiser un voyage vers Serena rapidement. Et si Alysanne voulait inviter Leonella il allait falloir lui laisser un minimum de temps pour faire le trajet depuis les Jumeaux.
« Mon absence n’a jamais été dans les options. Même avec une jambe en moins je viendrais. »

Alyx ne sut retenir une grimace face à la proposition d’aider sa tante à finir son trousseau. Les travaux d’aiguilles était un domaine dans lequel Alyx n’excellait pas, elle avait appris comme toutes les jeunes demoiselles nobles mais elle passait plus de temps à apprendre la politique qu’à coudre.
« Je doute pouvoir avoir le temps à cela. Si tu t’en vas, toutes tes tâches me reviendront et je compte bien me faire la main avant dans ton départ afin que la transition se fasse dans les meilleures conditions. Tant que Daven décide de bouder la Dent d’Or je dois aussi m’occuper du monstre baveux et bruyant qui me sert de fille plus mes devoirs d’héritière. La seule chose que je peux faire pour cela c’est d’être derrière les fesses d’une couturière, et je peux t’assurer qu’aucun fil ne dépassera et qu’il sera prêt à temps. Mais je crains que je n’aurais guère de temps pour t’aider à le faire moi-même sauf si je tire un trait sur mon sommeil... »


Et elle allait probablement devoir s’absenter plusieurs longues semaines pour se rendre au mariage d’Harrold Hardyng dans le Val. Un corbeau de la part de Tywin Lannister était arrivé pour demander à Daven de s’y rendre. Alyx devrait donc l’accompagner. Le timing serait probablement trop court pour que la jeune Lefford puisse réellement aider sa tante à ce sujet.

 

CODAGE PAR AMATIS

Deux soleils dans le ciel
Alysanne & @Alyx Lefford

I would have written you, myself, if I could put down in words everything I want to say to you. A sea of ink would not be enough.

Ses lèvres formèrent un o à demi outrée, ses coins de lèvre se relevant puis, sa bouche se referma en une grimace amusée tandis qu'elle donnait un léger coup d'épaule à l'héritière. « C'est ça, moque toi ! » dit-elle en riant, replaçant une mèche brune derrière son oreille. Elle s'en voulait, par moment, d'être distraite par une chose aussi triviale que du sentimentalisme, elle qui n'avait jamais cédé une part de sa raison pour aucun homme. Cet excès soudain de romantisme devait paraitre bien étrange, et elle ne faisait pas exception à la liste des personnes perturbées par les changements qui s'opérait dans son esprit ces derniers temps. Son rire s'acheva sur un éclat nerveux. Tout ceci était stupide. Profondément stupide. Depuis quand se montrait-elle si idiotement distraite qu'elle en oubliait ce qui comptait le plus ? Rougir comme une jouvencelle, se montrer tête en l'air ou oublier Alyx, tout ceci ne lui ressemblait pas. La remarque de sa nièce était l'électrochoc dont elle avait besoin pour se remettre les idées en place. Cela ne changeait pas la nature de ses sentiments ou la chaleur qu'elle ressentait en pensant à Serena, mais elle était de retour chez elle, elle était une Lefford, et elle ne pouvait se permettre de minauder comme une adolescente. Mettre en mots ce qui la travaillait aida une part de son appréhension à s'envoler : elle craignait, certes, que ses aspirations ne trouvent de fin heureuse, mais elle redoutait plus encore de décevoir sa famille. De faire un choix qui briserait inéluctablement ce qu'ils avaient. Ce qu'elles avaient. La Lefford en était certaine, nulle tante n'aimait autant sa nièce qu'elle pouvait aimer Alyx, se permettant parfois d'oublier qu'elle était la fille de Leo pour la considérer tantôt comme sa soeur, tantôt comme sa propre enfant. Elle était reconnaissante envers les Sept pour ces années et pour l'amusement que sa cadette semblait trouver à tout cela, l'aidant à envisager un avenir loin de la Dent d'Or, bien qu'elle ne soit pas encore certaine d'y être entièrement prête. Elle acquiesça à la remarque : elle ne souhaitait pas que Leo refuse pourtant. Ces semaines passées auprès de l'orageois avaient été une seconde jeunesse : si elle était loin de se sentir inutile auprès des siens, les choses étaient différentes depuis qu'Alyx n'avait plus besoin d'être maternée, des choses qu'elle avait retrouvé en partie là bas. Pourtant, elle ignorait si, après presque trente-trois années, elle était capable de se détacher entièrement de l'Ouest, de sa famille, de son nom et de ce château. Tout comme elle ignorait comment son frère prendrait l'idée d'un avenir sans qu'elle ne soit auprès d'eux. « Et je n'en voudrais nullement à Leo de le faire. Notre discussion avant son départ pour Corneilla est gravée dans ma tête. Je doute que les paroles de Lord Caron soient assimilables à des chants de sirènes, mais ton père a raison sur un point : j'ignore tout de ce monde la. » expliqua la brune après une froide analyse des faits. Elle doutait que les mots de son prétendant ne furent que passagers ou destinés à autre chose qu'à démontrer son honnêteté. Mais elle savait aussi que tous les mariages n'étaient pas heureux indéfiniment et même si, en son fort intérieur, elle doutait d'être considérée dela sorte, elle ne voulait pas être une passade. S'ils n'étaient pas toujours d'accord, Leo avait toujours prit les décisions qui s'avéraient les plus judicieuses pour leur nom et leur avenir. S'il n'était convaincu par la missive de Lord Bryce, elle se plierait à sa volonté. Mais cela allait aussi bien au delà de ce qui concernait purement son idylle. Elle avait des responsabilités, ici. Des responsabilités qu'il devrait reprendre à sa charge, ou confier à son héritière. Elle soupira. « Nous fonctionnons à trois depuis si longtemps maintenant qu'un départ pourrait être mal avisé en ce moment. Après tout, nous ignorons tout de ce que le printemps apportera avec lui. » poursuivit l'aînée avec toujours autant de sérieux. L'idée de mettre les siens dans une situation délicate l'angoissait autant que l'idée de ne pouvoir réaliser sa vision du futur, partagée avec Lord Bryce. « Je ne ferais jamais passer mon coeur avant les besoins de notre maison. Si Leo décide qu'il a besoin de moi ici, je m'y plierais. » annonça-t-elle avec un mélange de détermination et de froideur visant à dissimuler l'éventuelle tremolo qui trahirait sa résolution. Elle se tourna légèrement vers sa nièce. « Mais je serai insupportable. » ajouta-t-elle alors avec un sourire en coin.

Elle ne s'était attendue à un franc enthousiasme mais elle fut tout de même déçue par la réaction de la jeune femme : l'idée de préparer une telle chose avec elle lui tenait à coeur, mais elle entendait les arguments qui la poussait à décliner. Un refus qui ne sonnait pas comme totalement définitif tandis qu'elle proposait de démontrer de tout son talent sur la couturière. Le sourire d'Alysanne revint : elles ne s'étaient pas entièrement comprises mais cette marque de participation l'enchantait suffisamment pour la détendre et lui permettre de rire de tout ça. « Par chance, je vais pouvoir te voir à l'œuvre. Il me tarde de montrer que j'avais raison et que tu es apte à prendre en charge ce qui m'incombait. » dit-elle avec un rictus qui déforma un coin de ses lèvres. Elle savait qu'Alyx n'était pas encore prête à reprendre la tête du fief, sur ce point, elle était d'accord avec Leo. Cependant, ce qu'Alysanne faisait au quotidien étaient totalement dans les cordes de la jeune femme et il faudrait bien qu'elle en hérite un jour, pour pouvoir pleinement prendre la suite des responsabilités qui s'imposeraient à elle et pouvoir déléguer au mieux les tâches subsidiaires. Elle était débrouillarde et avait plus de volonté qu'aucune autre personne de sa connaissance : elle saurait s'en sortir. La trentenaire reprit. « Au delà d'une victoire sur ton père, cela me permettrait de partir l'esprit tranquille. Aucun de nous n'est éternel après tout. Il faudra bien que les choses se passent. » Son regard se fixa sur le feu, songeant à l'implacable et funeste destin qui les attendait tous. Elle était jeune lorsque son père disparu, et plus jeune encore quand sa mère sortie de sa vie. Par chance, Alysanne n'était ni héritière, ni en charge d'aucun titre qui aurait nécessité le savoir d'un parent. Ce que le couple seigneurial n'avait pu lui offrir, Leo et Leonella s'en étaient occupé. Elle se demandait, tout de même, si sa vie aurait été différente avec une mère s'occupant d'elle, lui apprenant à être une femme, organisant ses fiançailles et exigeant d'elle qu'elle se comporte comme elle l'attendait. Une vie qu'elle n'avait pas eut et qu'elle ne regrettait aucunement, mais un univers de possibilité qui lui serait à jamais inconnu. Elle ignorait si les exigences de son frère étaient plus importantes que celles que ses parents auraient eut pour elle, mais elle savait combien il exigeait de sa propre descendance. Alyx était son unique fille, son héritière. Mais un jour, il ne serait plus là pour dire si elle était, ou non, capable de prendre de nouvelles charges. Cela ne pourrait être que bénéfique de la plonger dans le grand bain pour montrer de quoi elle était capable. Alysanne grimaça au nom de son neveu. Ce n'était un secret pour personne qu'elle n'avait pas, pour Daven, la moitié de l'affection qu'elle avait pour sa nièce. Aussi ne retint-elle pas son soupire d'agacement. « Ainsi donc voilà la raison de son absence ... Que boude-t-il au juste ? Son armure n'était pas assez lustrée ? » railla l'aînée en songeant à l'attention superficielle que le blond accordait à son apparence. Ils ne se comprendraient sans doute jamais, c'était un fait, mais elle peinait à croire qu'ils aient quelques sangs en commun. SI elle avait été honnête, Alysanne aurait pu confier ne pas détester Daven autant qu'elle le laissait croire : il était de sa famille et bien qu'elle pu lui trouver myriade de défaut, elle respectait le neveu et le chevalier qu'il était. Cependant, elle s'agaçait toujours de ne pas comprendre ce qu'Alyx lui trouvait ou de constater ses très, voir trop, nombreuses absences. Elle fit un signe de la main, chassant l'image du Lannister de son esprit. « Toujours est-il que, si j'admire ta volonté à vouloir tout faire, n'oublie pas quelles sont tes priorités : je ne m'en vais pas demain et rien n'est encore fait. » rappela-t-elle avec un brin d'inquiétude. Cela faisait beaucoup pour une seule jeune femme. Erena avait bien des nourrices, mais Alysanne était bien trop heureuse d'entendre Alyx vouloir s'occuper de sa fille pour en faire la remarque. Les années à venir ne seraient sans doute pas les plus simples, et elle culpabilisa un peu à cette idée, mais elle ne doutait pas qu'elle en soit capable, en s'y prenant bien. Après tout, la trentenaire ne lâcherait pas soudainement ses responsabilités : si Leo acceptait la demande de Lord Caron, elle aurait encore plusieurs semaines pour mettre ses affaires en ordre et s'assurer que tout aille pour le mieux. Et même après, elle espérait garder un lien très étroit avec les Lefford et avec elle tout particulièrement. « Et ne t'en fais pas, je n'avais pas l'intention de te faire travailler tes talents à l'aiguille. » plaisanta-t-elle, se souvenant de leurs dernière discussion au sujet des talents de l'héritière concernant les travaux de couture et de broderie.

La Dent d'Or | An 303, lune 2, semaine 2

Alyx pouvait encore railler sur le comportement de jouvencelle en pâmoison pendant de longues minutes, mais par respect et par amour pour sa tante, elle ne le faisait pas. Elle se contenait et déverserait ses piques acides sur une âme les méritant. L’amour rendait certaines personnes idiotes et rêveuses, perdant de leur intelligente et de leur vivacité d’esprit. Pourtant ce n’était pas un sentiment incompatible avec cela. Les gens laissaient juste leur émotion prendre le dessus et perdait totalement contrôle. Chose que la Lefford se refusait, même avec Daven. Elle gardait toujours le contrôle et les moments de tendresse ne les regardait qu’eux et elle ne versait jamais dans le mielleux et le ridicule.

Les remarques de l’héritière de la Dent d’Or avait eu leur effet sur la sœur du seigneur qui retrouva un soupçon d’esprit et de froideur d’esprit. Alyx la reconnaissait bien plus avec ce comportement beaucoup plus pragmatique. Le sort de l’union d’Alysanne reposait entre les mains de Leo et s’il jugeait les mots du prétendant de la brune solide. Alyx ne put qu’arcer un sourcil aux mots de sa tante annonçant, qu’elle serait insupportable si Leo refusait. Comme si c’était réellement possible.
« Et me battre sur mon propre terrain... bon courage ! »

Sa tante avait toujours une certaine douceur dont Alyx était dépourvue. Et personne ne pourrait parier sur elle à ce jeu d’être insupportable. La cruauté de l’héritière l’emporterait probablement haut la main, même si Alysanne pouvait se montrer terrifiante à sa manière. Guère au serviteur qui s’essaierait sur ce chemin.

Prendre le relais sur les tâches de sa tante n’était pas une mince affaire, elle gérait la maisonnée de la Dent d’Or depuis tant d’année et avec brio, que lui arriver à la cheville et faire une transition sans accroche serait quasiment impossible. Alyx apprenait pourtant à bonne école mais ne remplaçait la pratique et l’expérience. Les mots de la Lefford furent quelques peu difficile à digérer pour la jeune femme. Sa tante sous entendait que son père ne la voyait pas capable de reprendre les tâches de sa sœur avec la même efficacité. Elle se savait pas apte à prendre la succession de son père, elle avait encore une multitude de chose à apprendre. Mais gérer une maisonnée comme le faisait Alysanne, semblait lui être une tâche à sa porter. Cela ne serait pas une tâche facile, elle en avait conscience mais elle en avait les capacités. Que son père puisse penser qu’elle n’était pas prête la blessait. Elle savait que le décevait sur de nombreux points, mais elle ne pensait pas que ce genre chose en ferait partie.
« J’espère que tu as raison, que je m’en sortirais haut là main. Il en va après tout du bon fonctionnement de la Dent d’Or. »

Le sourire d’Alyx s’était légèrement crispée mais sa volonté s’en était retrouvée renforcée. Elle désirait réussir, et voir la fierté briller dans ses yeux si froid.

Alyx haussa les épaules et laissa son dos reposer sur le dossier du sofa dans lequel les deux Lefford étaient assises.
« Je n’en sais rien. Père n’a quasiment rien dit sur ce qu’il s’était passé à Winterfell. Ce n’était pas une guerre comme les autres, Daven est partie comme une fleur drapée de son égo que nous lui connaissons si bien. Si père m’a affirmé qu’il indemne physiquement, j’ai le pressentiment que son esprit ne l’est pas...et le lion sort rarement de sa tanière blessée. Ou alors il a reçu un corbeau de Lord Tywin, le forçant à rester au Roc pour son rôle d’émissaire. »

Castral Roc était le repère des lions, des Lannister. Daven avait probablement besoin de guérir son égo mis à mal et d’autres démons qu’il avait peut-être vu au Nord dont Alyx ignorait tout. Mais sa présence se faisait attendre à la Dent d’Or. Erena grandissait lune après lune. Il manquait ses premiers pas, ses premiers mots compréhensibles. Lui qui était si gaga de son enfant manquait des éléments cruciaux de la vie de sa chaire et de son sang.

« Je n’oublie pas mes priorités, mais je préfère m’organiser et ne laisser aucune place à l’imprévu. » affirma-t-elle. « Et je crois que c’est mieux pour tout le monde qu’aucune aiguille ne croise mes doigts... Voilà un domaine où je n’excelle pas. »

Alyx se débrouillait mais elle était bien loin du talent de sa tante qui arrivait à faire des pièces complexes. L’héritière se débrouillait mieux dans les arts, l’histoire et la politique. Tels étaient ses domaines de prédilection.

 

CODAGE PAR AMATIS

Deux soleils dans le ciel
Alysanne & @Alyx Lefford

I would have written you, myself, if I could put down in words everything I want to say to you. A sea of ink would not be enough.

Alysanne ne pu retenir son rire. La tension qui était grimpé dans son esprit tandis qu'elle accusait réception de la taquinerie franche et sans détour de sa nièce s'évacua dans ses derniers mots. L'héritière était capable d'autant de moquerie envers ses comparses que d'auto-dérision pleine de vérité la concernant. Alysanne n'avait jamais rien dit du caractère de la jeune femme. Elle ne pouvait nier sa nature piquante, sa langue qui parlait sans détours, sa confiance en sa position et celle de son nom. Toutefois, si Alysanne admettait volontiers que, de l'extérieur, la Lefford imposant sans doute un gênant respect, elle se refusait à critiquer ce trait de caractère qui était, à ses yeux, indispensable pour se faire respecter dans ce monde. « Tu n'as nulle rivale dans ce domaine, je l'admets. » dit-elle une fois qu'elle fut capable d'articuler deux mots. Oui, la réputation d'Alyx n'était plus à faire en la matière et le fait qu'elle puisse en rire si facilement aidait Alysanne à se détendre, la confortant dans l'idée qu'elle était suffisamment fière et assurée pour avancer sur la voie tracée pour elle sans être tenue par la main. SI l'idée de la quitter lui tiraillait un peu le coeur, elle savait qu'Alys était parfaitement capable. Elle n'était qu'un filet de secours, une bougie perpétuellement allumé pour rassurer l'enfant qu'Alyx avait été. Mais maintenant ... Les choses étaient différentes. Etait-ce se chercher des raisons de rester, ou de partir, que de songer au chemin que l'héritière avait parcourue depuis le premier jour ? L'image du nourrisson frippé et gigotant dans les bras d'Orélia ne la quitterait jamais, mais elle devait se rendre à l'évidence : ce bébé avait grandit. Elle toussota dans son point, se raclant discrètement la gorge avant d'ajouter, avec un sourire en coin « Et, à bien y réfléchir, je ne suis pas certaine que ton père apprécierais la chose. Mais l'idée me parait extrêmement divertissante. Peut être devrais-je prendre plus exemple sur toi ? » Le ton était léger, mais Alysanne savait que s'il y avait une personne, sur cette terre, épargnée par les gratifications verbales de l'héritière, c'était bien Leo Lefford. Elle n'avait pas souvenir que sa nièce se soit un jour rebellée contre l'autorité paternelle, et à bien y réfléchir, elle gardait un souvenir glacial de leur dernière dispute. Leo savait assassiner quelqu'un d'un regard et toutes les dames de la maison Lefford avaient rapidement compris qu'il ne valait mieux pas ne être la cible. Quelqu'est pu être la source de son ressentiment passé, Alysanne savait qu'il valait mieux ne pas se faire de Leo un ennemi. Sans doute cela expliquait-il qu'elle se soit, si rapidement, rangée à sa vision des choses. Bien sur, elle gardait toujours une image bienveillante de ce père disparu et se demandait s'il avait réellement mérité le sort que les dieux lui avait offert, mais elle avait comprit que son jeune âge à l'époque avait peut être biaisé la réalité. Du moins, elle avait finit par se faire à cette idée bon gré, mal gré.

La flamme brulant dans son regard à la pique lancée sur son neveu s'éteint face aux paroles de la brune. Malgré l'indifférence qu'elle semblait mettre, tant dans sa voix que dans son attitude, Alysanne savait qu'une affection bien réelle existait entre Daven et Alyx. Elle songea à l'inquiétude qui avait du étreindre le coeur pudique et silencieux de l'héritière pendant que son époux combattait dans le Nord, et à ce qui, pouvait, aujourd'hui encore, lui passer par la tête. L'aînée ne s'était jamais arrêté sur ce qu'il se passait au sein du couple : si elle écoutait volontiers ce qu'Alyx pouvait avoir à dire, elle ne voulait pas s'imposer dans la vie privée et intime de la Lefford. Toutefois, à cet instant, elle se demanda si l'absence de Daven ne pesait pas dans le coeur de la jeune femme. Détournant les yeux vers le feu de cheminée, Alysanne répondit « Je pense que ... Nul écuyage ne prépare réellement à ce qu'est la guerre en soi. Peut être ne s'attendait-il pas ce qu'il a rencontré là-haut ? En fait, je crois que personne ne s'attendait réellement à ce qu'il pouvait y avoir. Mais l'âge et l'expérience permettent de mieux dissimuler le désarroi. » Elle pensait à Leo. Leo avait toujours eut un don pour ne rien dire, pour tout garder pour lui. Alyx était un peu pareil, dans un sens. Peut être que cela s'attachait également à Daven ? Elle n'osa ajouter que ce constat était valable dans tous les domaines.: quand Leo disparaitrait, peut être que la prise de pouvoir d'Alyx ne serait aussi évidente qu'elle y paraissait. C'était en tout cas ce qu'elle même avait ressenti lorsque, suite à la disparition d'Orélia, et au départ de Leonella, elle s'était retrouvé en charge de bien des choses. Alysanne soupira, reportant son attention sur la couverture qui les réchauffait. « Malgré tout ... Je suis sure qu'on le reverra fanfaronner dans les parages très vite. C'est Daven. Il reviendra. Il revient toujours. » admit-elle. Si d'ordinaire, elle était plutôt acerbe en ce qui concernait le Lannister, elle ne voulait pas qu'Alyx en pâtisse ou se sente plus seule que jamais. Dès que Leo lui avait confié sa fille, Alysanne s'était promis que, quoi qu'il en coute, elle serait toujours de son côté. Et aujourd'hui, cela signifiait peut être mettre de côté ses ressentiments pour lui, pour le bien de la jeune femme.

Hochant la tête, elle rétorqua « Oui, gardons toute arme potentielle loin de tes doigts ... » L ton amusé de sa voix cacha cependant la certitude que sa cadette serait capable d'en faire un tel usage. L'image lui apparaissait clairement dans l'esprit et cela ne l'aurait guère surprise. Après un instant de silence, Alysanne ajouta « J'aime ce ton affirmé. Quoi qu'il arrive, je suis certaine que tu brillera. Tu es ma plus grande fierté. »

La Dent d'Or | An 303, lune 2, semaine 2

La conversation continuait entre nièce et tante, sérieuses et piquantes, à l’image des Lefford. Alyx ne s’adoucissait pas forcément pour son aîné, et même Alysanne l’admettait. Le caractère de l’héritière de la Dent d’Or n’était pas facile, menant son monde de main de maître, laissant sa langue siffler là où il fallait pour distiller la peur chez ceux qui était plus faible qu’elle. Que quelques-uns étaient immunisés contre le venin de la jolie brune et ils se comptaient sur les doigts d’une seule main.

La guerre avait sonné aux portes de Westeros. La première bataille que personne n’attendait et se doutait. L’impossible était devenu possible. Les contes et légendes devenues vivantes. De quoi faire frissonner les soldats les plus vaillant du royaume. Les deux hommes de la Dent d’Or avaient survécu. Si l’un d’entre eux ne montrait rien comme à son habitude, le plus jeune semblait panser ses plaies loin de la demeure des Lefford. Et Alysanne avait raison, rien ne les avait préparés à affronter une armée de mort.
« Oh il ne s’y attendait pas mais surtout n’y croyait pas. Il pensait que les nordiens fabulaient. Je l’ai mise en garde, mais tu le connais comme moi sur ce point. Il n’en fait qu’à sa tête. »

Et même s’il avait écouté son épouse…Aurait-il eu moins de dommage psychologique ? Elle n’en savait rien. Et tant qu’il n’était pas de retour, elle ne pouvait faire que des suppositions. Elle ignorait tout de comment il allait. Il était loin, invisible de ses yeux. Loin d’elle, loin d’eux, loin de sa fille qui ne cessait de grandir jour après jour. Beaucoup de chose auront changé quand il reviendrait, cela ne rendrait pas moins perturbant son retour. Elle espérait qu’il revienne vite. Elle espérait que sa tante ait raison.

Les deux femmes Lefford continuèrent de discuter sur un ton plus léger pour préparer le potentielle départ de la sœur du seigneur des lieux. Profitant de la chaleur de la cheminée et des boissons chaudes. Loin des babillages d’une enfant qui monopolisait l’attention de ses nourrices. Un après-midi dès plus calme au cœur de la Dent d’Or.

 

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