[FB] En son souvenir | Lancel

La nuit qui avait suivi le bal donné en l’honneur de Lord Tywin, Lancel avait eu bien des difficultés à trouver le sommeil. La colère avait pleinement pris possession de lui et il regrettait amèrement chaque politesse qu’il avait adressée à Coralie sous l’effet de la pression sociale. Il aurait dû se montrer bien plus odieux à son endroit, pensa-t-il. Lui faire comprendre qu’il ne voulait pas d’elle et qu’il ne voudrait jamais d’elle, penser à lui et à ce qu’il voulait et non à la maison Lannister et à l’image qu’on attendait qu’il donne de lui... Mais Coralie Petibois n'était qu'une gamine de quatorze ans. C'eut été bien cruel de sa part d'agir de la sorte, alors que c'était son père, le responsable de sa déception...

Si la sollicitude de sa cousine Myrielle l’avait touché, son apaisement ne pouvait être que passager. Il suffisait d’un mot, d’une phrase pour que sa rage immense ne remonte à la surface. Jamais il n’avait été aussi déçu et énervé de toute sa vie. Jamais il ne s’était senti à ce point trahi. Ce fut sa mère qui renversa de l’huile sur le feu qui menaçait dangereusement de s’embraser ; Dorna Lannister était probablement l’une des plus douces dames qu’abritait le Roc, et son fils l’aimait tendrement, mais elle eut le malheur de mentionner Coralie et son joli minois, et cela suffit à mettre le feu au poudre...

« Lancel ! », appela Dorna, désolée d’avoir ainsi blessé son fils, qu’elle n’avait jamais vu dans un tel état de colère et de déception alors qu'il mettait fin abruptement à la discussion. Tout juste rentré chevalier, voilà qu’on le vendait comme une simple femme ! Il avait amplement le droit d’être en colère. Sa mère ne pouvait-elle pas le comprendre ? Ne pensait-elle pas qu’il méritait bien mieux !? Par les Sept !

Le jeune lion avait claqué la porte derrière lui sans se retourner. Un comportement qui ne lui ressemblait guère tant il respectait et aimait celle qui l’avait mise au monde. Sur le moment, il eut envie d’aller parler à son père afin de lui crier sa colère une nouvelle fois, tant celle-ci avait grandi maintenant que l’alliance était conclue. Il traversa les couloirs du Roc, cette intention-là en tête, mais l’hésitation commença à s’emparer de lui. Une autre part de lui ne souhaitait même pas le voir. Une autre part de lui souhaitait le traiter comme la peste désormais et lui faire comprendre sa déception armé d’indifférence et de froideur...

Il rebroussait chemin quand il croisa sur sa route son détesté cousin ; Daven Lannister.

Un sourire s’était déjà étiré sur les lèvres de Daven. C’était le fils de Stafford qui avait, par le passé, déclenché les hostilités avec son jeune cousin. Enfant, Lancel n’avait croisé la présence de Daven que de très rares fois, mais à chaque fois, ce dernier en avait profité pour le taquiner ou même se moquer un peu de lui, choses que le fils aîné de Ser Kevan avait en horreur, susceptible de nature. La situation s'était empirée quand Lancel avait atteint l’âge de seize ans sans être avoir revêtu le titre de chevalier, puis celui de dix-sept, et ainsi de suite…Daven n’avait jamais manqué une occasion d’appuyer sur cette plaie béante qu’était cette absence de titre pour le jeune lion.
Lancel avait toujours rêvé d’être fait chevalier à un jeune âge, comme feu son cousin Jaime. La chevalerie représentait le grand but de sa vie, son grand rêve. Il avait d'ailleurs à cœur l’honneur et les principes hérités du Guerrier. Daven n’était pas comme ça. Daven était un méprisable connard, voilà ce que Lancel pensait. Et pourtant, il avait été fait chevalier bien plus jeune que lui. Et pourtant, il avait été meilleur que lui...

« Voici donc notre cher promis. Toutes mes félicitations mon cousin pour ce grand événement. J'ai été surpris d'apprendre vos fiançailles toute fois, je vous imaginais plus courir après plus grande famille. Enfin, votre père a fait une belle trouvaille. Lady Petibois est ravissante. »

Pour ne rien changer, Daven déclenchait les hostilités. Mais, aujourd’hui n’était pas un jour pour taquiner Lancel. Jamais n’avait-il ressenti plus de rage qu’au lendemain de ses fiançailles forcées. Sa colère était déjà immense, et s’il venait pour l'instant de renoncer à la répandre à nouveau sur son père, qu’il heurterait peut-être davantage avec de l’indifférence, elle ne demanda qu’à s’échapper à l’écoute des paroles moqueuses de Daven Lannister.

« Va te faire foutre, Daven ! », lui répondit Lancel, avec une vulgarité qui ne lui ressemblait pas, le poussant par la même occasion alors qu’il passait devant lui, ayant la ferme intention de ne pas accorder plus de temps à ce salaud de cousin qu’il avait écarté de son chemin. C’était une mauvaise idée, il le savait au fond de lui pour l’avoir déjà vécu avec son autre plaisantin de cousin ; Tyrion. Plus on s’énervait face à ce genre de personne, plus ils prenaient plaisir à en remettre une couche. Mais, le fils aîné de Kevan n’était pas en état de maîtriser sa susceptibilité, pas aujourd'hui….

@Daven Lannister