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Le bruit de la pluie | Solo

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Le bruit de la pluie

An 303, lune 1, semaine 1



Vaelle Velaryon

Dans le septuaire, Vaelle priait silencieusement. Creusé à même la falaise blanche, à lisière d’eau, le lieu de recueillement ressemblait à l’intérieur d’une huître, longuement polie par les va et vient des marées. La mer s’y engouffrait, inondant l’étoile à sept branches faite de mosaïques colorées qui s’étalait au sol ainsi que les sept statues, tapies au fond de la grotte. Sous l’eau, ainsi, on aurait pu confondre le septuaire avec un lieu oublié, envahi par les flots et appartenant à une civilisation antique dont cette grotte était l’unique reliquat. Pourtant, toujours, l’écume refluait et le septuaire revenait de son monde sous-marin. Et il y avait un instant, entre la surface et les profondeurs, où l’eau encore présente laissait miroiter les rayons du soleil levant, irradiant les murs grumeleux et immaculés d’une multitudes de vaguelettes lumineuses et ondoyantes, obéissant au rythme de la mer.
Aujourd'hui pourtant, point de soleil. Le temps était maussade et gris depuis des jours. Neige et pluie s'affrontaient en duel et la grande gagnante était l'humidité constante qui vous gelait jusqu'à l'os. Le vent d'est, mouillé et mesquin, s'insinuait sournoisement dans la grotte, en gémissements constants et plaintifs.

Perle ou sirène, Vaelle était agenouillée sous le regard des dieux, prête à se soumettre à leur jugement. Modeste, elle ne l’était que dans son esprit. Le voile qui coiffait ses cheveux valyriens était tressé de fils d’argents, chaque ourlets voluptueux se mêlant à son épaisse chevelure. Sa longue robe grise s’étalait dans son dos et semblait être un prolongement des reflets de l’eau hivernale. Ses bagues luisaient sous le soleil matinal, illuminant d’autant plus la voute nacrée du septuaire.
Son visage, en dépit de tout ce faste, était celui du recueillement et de l’abandon. Ses traits hésitaient encore entre la Jouvencelle et la Mère, ronds et juvéniles comme ceux d’une jeune fille et pourtant on distinguait déjà les plis soucieux qui striaient délicatement son front et qui étaient ceux d’une femme.

Les premières lueurs de l’aube, lumières tristes et mornes, la laissaient frissonnante, mais déterminée. Comme tous les matins, lady Velaryon s’absorbait dans la prière des dieux qu’elle révérait. Une piété qui pouvait étonner lorsqu’on ne connaissait la jeune femme qu’au travers des fêtes exubérantes qu’elle donnait. En particulier lorsque l’on entendait ses drôles de discours, avançant l’idée que les dieux se trouvaient dans la voix des chanteurs, dans le pinceau des peintres et dans les burins des sculpteurs. Pourtant, au creux de son coeur, c’était dans les figures divines qu’elle trouvait le réconfort, dans les mots des religieux qu’elle quémandait le pardon et dans la prière qu’elle cherchait l’apaisement. Elle n’était pas née dévouée. La mort de sa mère avait précipité sa piété. Le départ de Monford pour le Nord avait fini de l’ancrer.

Les mots glissaient sans bruit entre ses lèvres à peine entrouvertes. « Au Père et au Guerrier, je demande le bras protecteur et le courage pour défendre mon époux. » Autour d’elle, l’eau chantait doucement à mesure qu’elle se retirait. « À la Mère, je demande la joie d’être mère à nouveau. » Cette prière quotidienne était une litanie habituelle qui n’avait jamais trouvé d’écho. Et elle lui sembla si égoïste en ces temps troublés, qu’elle en eut presque honte. Avait-elle le droit ? De demander tout cela ? Pour les dieux, ces simples demandes devaient être insignifiantes, non ? Mais pour elle, elles représentaient le monde. « Dans votre miséricorde, pardonnez la curiosité de mon époux pour une autre lumière que la Vôtre. Pardonnez également l’intérêt que j’ai pu lui porter. » L’envie d’apprendre était une bénédiction aux yeux de la née Celtigar. L’arrivée d’une nouvelle et exotique religion à Westeros, portée en plus par Aegon Targaryen, l’avait rendue curieuse et désireuse d’en savoir plus. Pour plaire au fils du Roi, peut-être. Pour gagner l’attention de son mari, sûrement. En période de faste, on pouvait se laisser distraire. Les obstacles ramenaient dans le droit chemin.
Ses genoux immobiles, appuyés sur le sol froid et humide la faisaient souffrir. Si une grimace d'inconfort tordit sa bouche, elle se borna à ne pas bouger. Comme si le moindre mouvement eut pu réduire ses prières à néant.

Dans un bruissement de soie et de taffetas, elle se redressa pour déposer aux pieds des statues les offrandes qu’elle avait précautionneusement préparées. Une perle polie à la perfection pour la Mère. Un éclat de fer pour le Guerrier. Une couronne de lauriers, tressée par ses soins, pour le Père. Les flots auraient tôt fait de les avaler, comme toutes les autres.

Les yeux de la mère de Monterys tombèrent sur le visage inerte du Ferrant. Elle se rappela lorsque, plus jeune, elle avait surpris Aurane glisser des coquilles de coquillages sur les yeux omniscients du dieu. « Que fais-tu ? » lui avait-elle alors demandé. « Je l’aveugle, » lui avait-il simplement répondu. « Pourquoi ? » « Pour qu’il ne voit pas. » « Qu’il ne voit pas quoi ? » Et sa dernière question était restée sans réponse.
Elle détourna le regard de la statue.

Le claquement de ses talons contre les mosaïques vint perturber la cacophonie de la grotte pour y ajouter de nouvelles notes dissonantes. À son entrée, dans l’aube mourante qui laissait désormais place au matin, une silhouette robuste et courtaude l’attendait.

« Ryfert, » le salua-t-elle. « Je ne vous savais pas croyant ? »

Le capitaine de l’Épice Rouge, un des navires commerçants les plus importants de Lamarck, et ami d’Aurane, était agité. Elle pouvait le voir dans cette manière toute particulière qu’avaient ses yeux de fureter à droite et à gauche sans pourtant parvenir à se poser sur un point fixe. Contre la rive, une petite barque où patientait un matelot flottait tranquillement. Ryfert la salua en retour.

« Lady Velaryon, lord Velaryon est de retour. Son bateau vient tout juste de rentrer au port. Aurane m’a envoyé vous chercher. »


Elle sentit son coeur se décrocher pour venir s’écraser dans ses jambes, jusqu’à ses orteils. Ainsi, les dieux l’avaient entendue.



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Réactions de Monford (please Le bruit de la pluie | Solo 3879302343 ) :

1 - 34 : Monford réagit positivement à la vue de Vaelle
35 - 68 : Monford reste neutre
69 - 100 : Monford s'exaspère à la vue de Vaelle
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Le bruit de la pluie

An 303, lune 1, semaine 1



Vaelle Velaryon

Sur le pont, le vent charriait une bruine glacée. Les gouttelettes s’accrochaient dans les cils blancs de Vaelle qui ne cessait de papillonner des paupières pour les chasser. Dans les cheveux qui s’échappaient de sa capuche, des flocons mouillés la couronnaient d’une tiare translucide. Emmitouflée dans son épais manteau de velours brodé, elle frissonnait tout de même. Les pans avaient trempé dans l’eau stagnante au fond de la barque que Ryfert et elle avaient emprunté pour rejoindre le port au plus vite. Si elle était toujours aussi craintive face à la mer, elle s’était noblement pliée à l’exercice, dans l’espoir de gagner plus vite les pontons. Grelottante, ses mains s’agrippaient à l’encolure, dans l’espoir de mieux protéger sa peau. Malheureusement, les bourrasques étaient mesquines et chaque nouvel assaut la faisait se recroqueviller un peu plus contre Ryfert. Ce dernier tenait dans sa main gauche une torche dont la flamme était, comme la jeune femme, malmenée. Au milieu du brouillard, le feu éclairait maladroitement le ponton d’une lumière diffuse.
À travers ses yeux mouillés, Vaelle distinguait à peine l’ombre du bateau qui venait d’accoster et des marins qui s’activaient autour. Comme des fantômes, ils semblaient appartenir à un autre monde, un monde à peine visible. Et Monford appartenait à ce monde. Depuis tant d’années maintenant. Elle ne le voyait que de lui, comme un mirage, comme une figure qui se transformait en fumée dès qu’elle osait approcher sa main d’un peu trop près… Comment serait-il ? Comment serait-il après tout ça ? La question l’avait hantée à peine avait-elle reçue la lettre l’informant de son départ du Nord. Bien sûr, la joie lui avait d’abord coupé le souffle. Mais les doutes l’avaient plus tard assailli. Et ce qui la hantait depuis tant de semaines maintenant était sur le point de se produire. Elle allait le retrouver. Et rien ne la rendait plus heureuse. Et rien ne l’effrayait autant.

Elle tentait de se convaincre que la situation n’était guère différente des autres fois. Après tout, combien de fois l’avait-elle attendu sur ce ponton ? Autrefois, elle comptait les nuages avant son retour, arrachait les pétales des marguerites « il m’aime, un peu, beaucoup… » et vérifiait cent fois qu’elle était bien coiffée, qu’elle était impeccable. Puis, Monford arrivait, comme un héros, la peau bronzée par le soleil de la haute mer, ses cheveux argentés détachés, un sourire éblouissait éclairant son visage. Et dès qu’il la voyait, il se précipitait vers elle, la prenait dans ses bras et l’embrassait avec fougue. C’était il y avait si longtemps… Et rien n’était semblable à avant. Mais elle s’obstinait à se bercer de mensonges, en vain.

« Besoin d’aide ? » hurla Ryfert dans le vide.

Mais le vent couvrait si bien sa voix que même alors qu’elle était cramponnée à son avant-bras, la mère de Monterys l’entendit à peine.

« Tout va bien, Ryfert. »

La gorge de la mère de Monterys se serra car, cette voix, elle l’aurait reconnue entre mille. Son menton se mit à trembler. Cette voix, cette voix, qu’elle avait craint ne plus jamais entendre… Elle voulait pleurer, incapable d’ordonner tous les sentiments qui la faisaient trembler, mais elle ne le fit que quand la silhouette de son mari se découpa dans la brume.

Point de peau halée, mais un teint blanc, presque blafard. Des cernes violets, de la même couleur que l’unique oeil que l’on pouvait apercevoir. L’autre était bandé. Des cheveux ternes, trempant mollement ses épaules. Des joues émaciées.
Et pourtant. Et pourtant, il demeurait un héros. Et Vaelle ne voyait que ça. Elle hoquetait, mourant de l’enlacer, mais elle craignait sa réaction. Le regard de lord Velaryon tomba sur elle et il l’observa silencieusement.

« Qu’avez-vous donc fait, Ryfert, pour que ma femme pleure autant ? »

Dans sa voix, de la chaleur. La jeune femme ne l’avait pas sentie depuis tant d’années. Sa gorge se serra. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle s’élance, trébuchant sur sa cape trempée, et ne s’accroche à sa nuque. Maladroitement, comme s’il eut oublié, Monford serra doucement sa taille pour la tenir contre lui. « Comme avant, » songea Vaelle. Cette seule pensée fit redoubler ses larmes alors qu’elle enfouissait son visage dans sa nuque. Il sentait la mer, le sel, l’acier et la pluie.

« Comme avant. »



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