[FB] Que la vie suive son cours. [Avec Quentyn Martell.]

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Talya de Tyrosh
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Talya de Tyrosh

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Que la vie suive son cours.

An 302, lune 9, semaine 4.



Quentyn Martell & Talya de Tyrosh.



Elle portait un enfant.

Non. Ce n’était pas possible. Pas maintenant.

Le Mestre… Il ne pouvait pas se tromper, non ?

C’était un homme. En Essos, ces derniers avaient au moins la décence de laisser cette part de mystères de la Vie aux femmes. Aïeules, mère, tantes, sœurs aînées ou cousines plus ou moins éloignées… Tout était bon pour trouver du réconfort. Pour trouver une nouvelle place dans ce monde. Même les maegi faisaient l’affaire, dans un tel cas. Le plus important était le bien-être qu’il était possible de trouver parmi ses semblables. Un réconfort, quelques paroles rassurantes, teintées d’une certaine spiritualité dans certains cas.

Talya n’avait rien de tout cela.

Sa mère avait quitté ce monde il y a de cela des années alors qu’elle n’était elle-même une femme que depuis quelques années. Et que dire de sa tante ? Non, la jeune femme ne voulait même pas y songer. Pas après ce qu’avait fait Shaïra. Non… Elle était seule… Sans mère, sans sœur, sans tante, sans cousine, sans aïeule. Seule… Anxieuse, Talya joignit ses mains, entremêlant ses doigts, empêchant les premières de trembler. Malgré ses pensées, malgré ses ressentiments, une part d’elle-même lui murmurait que le Mestre n’avait pas pu faire erreur. Qu’il n’y avait pas d’autre raison quant au fait qu’elle n’avait pas saigné cette lune-ci alors que son corps n’avait jamais manqué cet appel jusqu’à présent.

Elle portait un enfant.

Cette nouvelle aurait du la remplir de joie. Lorsque le Mestre lui avait fait part de ce constat, Talya n’avait tout d’abord rien trouvé à répondre. Elle en était restée bouche-bée un moment, avant de retrouver totalement ses esprits. Le pauvre homme s’était même inquiété qu’elle ne défaillisse devant lui et ne l’avait laissée partir qu’après s’être assurée qu’elle en était capable. La Tyroshi avait même du insister pour ne pas se faire raccompagner. Non… Il fallait qu’elle soit seule avec ses pensées pour le moment.

Elle l’avait voulu, cet enfant. Myria et Elena avaient plusieurs fois remarqué sa mine déconfite alors qu’elle était obligée de prendre des linges propres à la condition qui était la leur une fois par lune. Elles avaient accueilli ses soupirs avec des sourires et des mots réconfortants. Avec des rires parfois. Alors, Talya retrouvait invariablement le sourire, convenant avec elles-deux qu’il ne s’agissait juste pas du bon moment, que les Dieux en trouveraient un meilleur. Mais alors, pourquoi sa mine s’était-elle assombrie d’un coup en apprenant cette nouvelle qui aurait pourtant du la réjouir ? Pourquoi la peur était-elle née au creux de son cœur ? Pourquoi son esprit était-il embrumé de tant de pensées sombres ?

Tant de femmes perdaient leurs enfants dans les premières lunes de leur grossesse… Et si c’était son cas, à elle aussi ? Ressentir de la joie n’aurait alors que rendu ce moment plus douloureux encore… A cet instant, Talya n’avait qu’une envie. Pleurer. Pleurer de peur et de chagrin et non pas de joie. Après un an de mariage, elle était enceinte.

Et cela la terrifiait au plus haut point.

Tant de choses pouvaient mal tourner. Comme elle regrettait d’avoir lu tant de choses les années précédentes. Comme elle le regrettait. Sans cela, elle aurait pu se réjouir en oubliant même toutes les choses qui pouvaient pousser une grossesse à échouer en ayant à peine commencée… Mais Talya ne pouvait pas oublier. Elle n’était même pas sûre d’être à la hauteur de tout cela. Comment pouvait-elle l’être ? L’était-on juste un jour ?

Malgré ses noires pensées, Talya parvint à retrouver le chemin de ses appartements. Tout était allé si vite. Et dire qu’il lui avait semblé faire plusieurs détours pour éviter son propre foyer. Elle était pathétique… A cette idée, la jeune femme poussa un long soupir. Elle se sentait indigne. Indigne de tout cela. Indigne de ce présent que les Dieux lui avaient offert après maintes lunes de prières. Ouvrant machinalement la porte sans même penser à y frapper, la Tyroshi entra finalement dans ses appartements, la tête baissée. Comme elle aimerait trouver le sommeil. D’un autre côté, défaite comme elle était, il lui faudrait sans doute plusieurs jours de repos avant de pouvoir à nouveau prétendre à se montrer au dehors…

« … Quen… Quentyn ? Vous… Vous êtes là ? » bredouilla la jeune femme, en relevant la tête, surprise.

Toute sa peur s’était évanouie d’un coup d’un seul pour ne faire place qu’à de la stupeur. Comment avait-elle pu oublier ce détail ? Un détail qui n’en était pas un au demeurant ! Si Elena et Myria ne pouvaient se trouver ici, la jeune femme leur ayant donné congé pour la journée, Quentyn était bien la dernière personne qu’elle pouvait contrôler à ce sujet ! Tâchant de retrouver contenance, la Tyroshi secoua légèrement la tête, remettant en place certaines de ses lourdes boucles brunes. Prenant une grande inspiration et réussissant à esquisser un sourire qui ne serait que de façade aujourd’hui, Talya reprit finalement la parole.

« Veuillez m’excuser. Je me pensais seule. avoua la jeune femme, avec un léger haussement d’épaules pour appuyer le fait qu’elle était désolée. Ne prêtez pas attention à mes propos. Je dois être plus fatiguée qu’à l’accoutumée. »

Fatigue qui s’expliquait désormais pour de nombreuses raisons. Et pourtant, Talya conserva son sourire de façade. Cet exercice n’avait jamais rien eu de complexe pour elle, tant sourire était quelque chose de naturel de même que rire… Aujourd’hui, tout était différent. La jeune femme avait l’impression d’avoir le poids des Montagnes Rouges sur ses épaules… Indigne… Indigne de tout… Voilà ce qu’elle était.

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Que la vie suive son cours


« Lancehélion | 302, lune 9, semaine 4 »

Quentyn était de retour depuis quelques lunes à Lancehélion. Ferboys lui manquait déjà. Retourner à la capitale n’était néanmoins pas anodin, car bientôt, le mariage de sa sœur allait être célébré. Néanmoins, le cœur du prince ne se préparait pas à faire la fête. Son ancienne amante et amour de jeunesse avait été la victime d’une tentative d’empoisonnement orchestrée par une cousine de son épouse. Une trahison incompréhensible dont il fallait éclaircir les raisons de ce geste impardonnable. Aux yeux de Talya mais aussi de Quentyn qui appréciait grandement la famille Ferboys, suffisamment pour que cette histoire l’affecte tout autant que sa femme. Il ne tenait aucune rigueur à celle-ci. Comment pouvait-elle être responsable des actes de sa cousine ? Shaïra de Tyrosh avait agi seule, Talya n’avait pas à payer pour cela, en dépit de leur sang. L’on ne choisissait pas sa famille, il ne le savait que trop bien. Nombreuses furent ses questions durant son enfance, lui si différent de sa sœur et de son oncle. Lui si timide et réservé et préférait demeurer dans les ténèbres. Il s’était longuement demandé s’il n’avait pas été adopté ou une pièce rapportée. Son départ pour Ferboys marqua encore plus les différences, à tel point que les Ferboys devinrent sa nouvelle famille. Alors, cette tentative de meurtre le choqua tout autant. Décidément, le monde perdait la tête. Voilà que les empoisonnements devenaient monnaie courante. Il n’oubliait pas l’affront commis par Viserys. Ce dernier épousa sa sœur qui aurait très bien pu être l’une de ses victimes. Plus personne n’était en sécurité à présent. Fallait-il se méfier de tout et de tout le monde ? Il l’ignorait. Vivre dans la peur constante ne serait pas tenable. Il se savait bien entouré, sa confiance était entièrement acquise à ses proches, dont Talya. Si l’amour n’était pas encore apparu suite à leur union, une amitié forte subsistait. Ils se disaient tout, se confiaient leurs doutes et questionnements. Peu à peu, ils apprenaient à se connaître et avec plaisir, il avait découvert une personnalité attachante. Erudite et intelligente, Talya partageait sa soif de connaissance. Elle l’encourageait à parfaire ses capacités en haut valyrien. S’il parvenait à le lire et l’écrire, le parler était une autre chose.

Plongé dans sa lecture, il étudiait les nombreuses prophéties concernant la Longue Nuit ou encore sur les dragons qui n’existaient plus depuis des siècles. Plongé dans ces œuvres passionnantes, il oublia que le temps passait à vive allure. Etudier permettait d’oublier un instant la réalité, apaisant son esprit. Il occultait pendant quelques heures les responsabilités, l’horreur du monde pour ne devenir qu’un spectateur de l’Histoire. Il tenta vainement de dire à voix haute quelques phrases écrites dans l’ouvrage. « Bosys bantis amāzis. Meri kīvio dārilaros ōz maghagon kostas. » (La longue nuit approche. Seul le/la prince(sse) qui fut promis(e) peut ramener l'aube).  Sans son livre, il ne pourrait se targuer d’être aussi à l’aise. Il lisait cette phrase à voix haute non sans mal et cela ne manqua pas de l’irriter de faire preuve d’une telle incapacité.  Alors, pour se détendre et oublier sa frustration, il s’installait non loin de la fenêtre pour admirer l’horizon. Les Montagnes Rouges commençaient déjà à lui manquer. Loin du faste de la capitale certes, mais pas moins majestueuses. En ayant grandi là-bas, il devait avouer y être plus sensible. Lancehélion n’avait pas autant de valeur sentimental, car ce n’était pas entre ces murs qu’il avait grandi, qu’il avait appris à se battre, à aimer. Griffonnant sur son carnet, il contemplait la vue tout en écrivant quelques mots en guise d’entraînement. La pièce était alors plongée dans le silence total. Le calme avant la tempête probablement car il ignorait qu’en cet instant, son épouse était en proie au doute et au chagrin. Ils allaient être parents, un an seulement après leur mariage. Mais tout cela, Quentyn l’ignorait encore. Evidemment, il ne se leurrait pas et savait que cela arriverait un jour ou l’autre. Désirait-il un enfant ? Bien sûr que oui. La paternité était l’objectif d’une vie, permettant d’assurer la continuité de sa lignée. Si Doran était parvenu à donner deux beaux enfants, c’était désormais à leur tour d’assurer la pérennité de leur sang.

Soudain, la voix de son épouse l’extirpa de ses bouquins. Il quitta son perchoir pour l’accueillir comme il se devait. Visiblement, cette dernière ne semblait pas au meilleur de sa forme. Tête baissée, visage fatiguée et sourire de circonstance, Quentyn la détailla et ne put s’empêcher de s’inquiéter. Qu’avait-il pu advenir ? Pourtant, la jeune femme s’évertuait à lui sourire, mais le prince n’était pas dupe. « Talya ! Il n’y a rien à pardonner. » Ajoutait-il dans un sourire qui se voulait rassurant. Le jeune homme posa son livre et s’approchait, tentant de sonder le regard de sa femme. « Est-ce que tout va bien ? » Ils étaient amis et pouvaient tout se dire après tout. Ce fut pourquoi, il l’invitait à se confier, empli de bonne volonté mais il se ravisa mentalement, et si elle ne désirait pas lui parler ? Et si sa présence était de trop ? Mais ne lui avait-il pas prouvé être digne de confiance suite aux récents événements ? « Peut-être préférez-vous que je vous laisse seule. » Elle semblait si tourmentée que le jeune homme se sentait impuissant, lui qui ne voulait que l’aider. Maladroit, il l’était car il souhaitait réellement son bien et était très prévenant. Alors, il accepterait son choix sans sourciller.
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An 302, lune 9, semaine 4.



Quentyn Martell & Talya de Tyrosh.


Un simple sourire de façade ne suffirait pas. Talya en avait la preuve sous ses yeux. Quentyn était plus malin que cela. Il faudrait bien plus qu’un de ses sourires, faussé qui plus est, pour tromper sa vigilance. Rien n’allait. Dans son esprit qui se tourmentait de lui-même en tout cas. Aux yeux du plus grand nombre, cette situation n’avait rien d’inquiétant, au grand contraire. C’était une bonne nouvelle. Cela aurait du être une bonne nouvelle. Un an… Une année entière. Beaucoup de contrats de mariage au sujet de femmes plus âgées y auraient vu un mauvais signe pour une union. Sa propre jeunesse, et sa généalogie des plus fournies, lui avait évité un tel sort. Une bonne nouvelle…

« A vrai dire… »

Talya déglutit difficilement, se mordant la lèvre l’espace de quelques secondes. Elle s’étonnait du fait qu’elle ne soit pas déjà tombée en sanglots. Des larmes dont elle n’aurait même pas pu trouver la source. Tristesse ou joie ? Tout le monde s’y tromperait, y compris elle. Son propre esprit se retournait contre elle. Si seulement sa mère était toujours de ce monde… Les choses auraient sans doute été plus simples. Elles auraient eu tant de choses à se dire, que cela soit avant son mariage qu’à cet instant où sa vie s’apprêtait à basculer de nouveau. Mais Kaerys n’était plus. Cela faisait maintenant sept ans. Sept ans que la jeune Tyroshi était devenue orpheline de mère, tout comme ses frères. Et s’il lui arrivait la même chose ? Comment ne pas y songer alors que dans quelques lunes, Talya deviendrait mère elle-même si les Dieux en décidaient ainsi ?

« … A vrai dire, tout devrait aller pour le mieux, en effet… » acheva la jeune femme, forçant d’avantage son sourire.

Devrait. Il n’y avait pas de terme plus juste. Talya avait beau se répéter que les choses seraient ainsi, qu’elle n’avait rien à craindre, rien n’y faisait. Cela n’empêchait pas cette inquiétude lancinante de lui tordre les entrailles en tous sens. Une inquiétude lancinante qui se faisait de plus en plus vive. La jeune femme en avait presque la nausée. Et à cet instant, la Tyroshi ne pouvait pas imputer ce fait à son tout nouvel état. Si seulement les choses avaient été ainsi. Mais ce n’était qu’un signe de cette réalité qu’elle avait encore tant de mal à accepter.

Lorsque Quentyn ouvrit à nouveau la bouche, lui demandant si elle préférait la solitude à sa présence, Talya voulu répondre. Elle se ravisa cependant au dernier moment, serrant les dents et perdant son sourire par la même occasion. Non, la jeune femme ne voulait pas rester seule. Plus maintenant du moins. L’étrangère savait qu’elle ne pourrait pas garder un tel secret bien longtemps. En avait-elle juste l’envie ? Non. Cette idée était de l’ordre de l’impossible, de l’inconcevable. Ses lèvres lui brûlaient rien qu’à songer à cette possibilité. Quentyn devait savoir. Il devait l’apprendre avant tout le monde, avant que des rumeurs ne se mettent à circuler. La Tyroshi en avait déjà bien assez sur son compte, bien qu’elles restaient plus divertissantes qu’autre chose…

« Non, restez. finit par répondre la jeune femme, dont le sourire avait totalement disparu bien que sa voix restait douce et plus basse qu’à l’accoutumée. Après tout, nous sommes ici chez nous, vous plus que moi dans les faits. Je serais bien la dernière à pouvoir vous en chasser. Talya se tut quelques instants, laissant son regard traîner dans la pièce. Vous étiez en train d’étudier, je me trompe ? Veuillez m’excuser si je vous ai tiré… Si je vous ai tiré de vos pensées. »

La voix de la Tyroshi s’était faite plus tremblante sur la fin. Elle ne pouvait pas jouer la comédie plus longtemps. D’un geste de la main, Talya invita Quentyn à la suivre, s’installant ensuite sur la méridienne toute proche. Il leur faudrait être assis tous les deux, au vu de ce que la jeune femme avait à annoncer. L’étrangère ne se souvenait que trop bien de la mine qui avait été la sienne lorsque le Mestre lui avait fait part de ses déductions quant à son état.

« Asseyez-vous quelques instants avec moi, je vous prie. Je… Je pense que nous avons à parler. »

Prenant une grande inspiration, Talya détourna son regard de son époux, observant ses mains quelques instants. Elles n’auraient pas pu être plus tremblantes qu’à présent. Aussi, la jeune femme mêla ses doigts à nouveau, pour s’assurer de leur immobilité. Ceci fait, Talya chercha ses mots un moment. Le Mestre avait fait en sorte de la ménager. Aussi se devait-elle de faire de même, aussi bien pour son époux, que pour son propre bien. Mais comment trouver les mots justes alors que son esprit lui semblait si peu clair ?

« Je… Vous allez sans doute trouver ça étrange comme aveu… commença Talya, dont le ton était peu sûr. Je… Je pense que nous ne serons plus jamais seuls. Que bientôt, nous ne connaîtrons plus le calme comme à présent. La jeune femme se tut quelques instants, secouant la tête. Veuillez m’excuser… Comme vous avez du le constater, j’ai du mal à garder mes esprits clairs… »

Une annonce des plus cryptiques. Talya poussa un profond et long soupir en s’en rendant compte. Ces mots étaient bien sortis de sa bouche mais fort était de constater qu’ils avaient plus de sens dans son esprit et que tout y sonnait bien mieux. La jeune femme dénoua ses doigts, se courbant légèrement et passant ses mains sur son visage. Ses paumes se retrouvèrent ensuite sur ses genoux, alors que son dos se raidissait de nouveau. Alors, son regard fuyant se planta dans celui de son époux. Avait-il compris ? La Tyroshi ne pouvait qu’imaginer le fait que ses aveux allaient se poursuivre encore un peu...

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Que la vie suive son cours


« Lancehélion | 302, lune 9, semaine 4 »

Etudier des heures durant était l’occupation favorite du jeune prince. Dans les livres, il s’y sentait bien, loin des préoccupations actuelles, loin de la terrible réalité. Une nouvelle fois, il arpentait les pages afin d’en savoir davantage sur les prophéties de la Longue Nuit. Un culte étrange, une histoire tout aussi surnaturelle. Pendant ces longues heures de lecture, le monde entier pouvait bien sombrer qu’il ne se rendrait compte de rien. A dire vrai, rester ici lui était plus supportable que de se pavaner dans les allées bondées de Lancehélion. La ferveur de la capitale dornienne devenait rapidement étouffante. Les Montagnes Rouges paraissaient si loin, son cœur ne cesserait jamais de réclamer Ferboys, le lieu où il avait passé le plus clair de son temps durant son adolescence. Si rien ne le liait biologiquement à cet endroit, l’affect en était la cause. Là-bas, il s’y sentait plus à son aise, à sa place. L’ambiance calme de ses appartements lui rappelait grandement celle du fief des Ferboys. Nostalgique, il admirait l’horizon, écrivant de manière distraite tant son esprit virevoltait au loin. Puis, une voix familière le ramena sur terre, loin de ses rêveries. Le Dornien quitta sa position pour la rejoindre. Et il fut étonné de la voir ainsi.

Voilà bien longtemps qu’il n’avait pas vu son épouse dans un tel état d’inquiétude. Talya n’était pas de celles qui se laissaient abattre. Toujours le sourire, toujours cette positivité qui la caractérisait si bien. Quentyn décela rapidement que quelque chose clochait car cette fois-ci, son sourire semblait faux. Se forçait-elle à ne rien montrer ? Il hésita alors un instant, se demandant si sa présence ici n’était pas de trop. La princesse désirait sûrement se retrouver seule. Face à ses tourments, le jeune prince se sentait impuissant, désolé de ne pouvoir l’aider davantage. Se perdre dans les livres, aussi intéressants pouvaient-ils être ne lui permettaient pas d’avoir réponse à tout. Si ses connaissances étaient grandes, les relations humaines demeuraient encore mystérieuses. Personne dans ce monde ne pouvait se targuer de savoir parfaitement comprendre l’être humain. Finalement, la Tyroshi reprenait la parole, lui avouant que tout devrait aller pour le mieux. L’attente paraissait insoutenable pour le soleil érudit qu’était Quentyn Martell. Si l’amour ne les liait pas, il n’en demeurait pas moins attaché à sa femme. Ils étaient amis, se disaient tout. Les récents événements avaient démontré que cette confiance était partagée. Plus que jamais, il tentait de la mettre à l’aise, lui montrer sa bonne volonté. Il voulait que leur mariage soit un succès, qu’elle soit heureuse. Sauf, qu’en cet instant, son visage ne démontrait point de la joie mais une certaine tristesse. Où étaient passés ses rires et sourires ? Déposant ses livres sur le premier support venu, le prince esquissait un doux sourire, il était vrai que cet endroit l’avait vu naître, il était ici chez lui. Pourtant, son attachement n’était pas comparable à ce qui le liait à Ferboys. Contrairement à Arianne, il n’avait pas grandi entre ces murs. « Vous êtes ici chez vous au même titre que je le suis. Vous ne me dérangez jamais Talya. Mes études peuvent bien attendre. » Tenta-t-il pour la rassurer, ayant décelé une certaine fragilité dans la voix de la Tyroshi. Tremblante, hésitante, qu’était-il advenu pour la perturber à ce point ? De plus en plus soucieux, il s’imaginait le pire. Son cœur s’emballait alors qu’il s’exécutait, s’asseyant face à elle, la mine sérieuse. Tout sourire ayant quitté son visage, il fixait la jeune femme dans l’attente d’une explication. « Qu’avez-vous de si important à me dire ? Vous commencez à me faire peur… » Sourire confit tandis qu’il se tut, afin d’écouter son aveu. Ses opales se posèrent furtivement sur ses doigts tremblants. S’ils ne s’étaient pas assis, probablement aurait-elle perdu connaissance tant elle paraissait bousculée intérieurement. Ne comprenant rien de tout cela, il tendit l’oreille, écoutant son monologue soigneusement. La surprise se lisait désormais sur ses traits fins. Venait-elle d’annoncer qu’elle attendait un enfant ? Devait-il le comprendre comme cela ? Etait-ce donc cela qui la mettait dans tous ses états ? Silencieux pendant de longues secondes, le prince déglutit, encore sous le choc. Une joie intense l’étreignait, mêlée à la surprise. Il devait digérer toutes ces informations. Alors, il se leva brusquement, faisant quelques pas, il se planta alors devant son épouse, posant un genou à terre. « C’est formidable ! Vous n’auriez pu me faire un meilleur cadeau. » Délicatement, ses mains trouvaient celles de sa comparse. Il la savait inquiète, terriblement inquiète d’ailleurs. Il était conscient de s’être emporté un peu trop et reprit son calme. Le regard lumineux, brillant de mille feux, le Martell souhaitait lui insuffler sa confiance, chasser ses doutes. A dire vrai, lui aussi en ressentait. Il ne savait pas s’il était digne d’être père. S’il serait un bon père, un bon exemple. Des questions en suspens qu’il occulta. Il ne ressentait là qu’une grande joie. « Je ne puis chasser les doutes qui vous envahissent mais je resterai l’épaule sur laquelle vous pourrez vous reposer. Ensemble, nous y ferons face. »
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Quentyn Martell & Talya de Tyrosh.



Oui, elle était chez elle. Maintenant plus qu’hier au vu de l’enfant qu’elle attendait. Tant de pensées lui avaient envahi la tête depuis qu’elle avait rencontré le Mestre… Des pensées parasites, parasites au point d’en devenir douloureuses. Aussi douloureuses que cette crainte et de cette inquiétude que Talya ressentait à la place d’une joie qui aurait du être de circonstance. Peut-être que les choses changeraient avec le temps ? Peut-être qu’il ne lui faudrait que quelques jours pour balayer ses doutes et pour voir la situation avec toute la clairvoyance nécessaire ? Quelques jours… La jeune femme avait l’impression que cela ne serait pas suffisant. Que cela ne le serait jamais.

La peur n’aurait pas du l’habiter, comme elle n’aurait pas du habiter Quentyn. Talya se mordit l’intérieur d’une joue à un point tel que le goût métallique du sang lui envahit la bouche. Pourquoi elle ? Pourquoi eux ? Ils étaient jeunes. A cet âge où si une telle situation n’était pas sans danger, ces derniers étaient bien moins envisageables que plus tardivement dans leurs vies. Dans sa vie. Que craignait-elle ? Tout. Absolument tout mais sans raison. Du moins sans raison apparente. Comment la Tyroshi pouvait ne serait-ce qu’imaginer formuler les affabulations de son esprit ? Qui pourrait les comprendre ? Les comprendre sans les juger, sans s’en moquer ?

Alors que son époux s’était levé, la jeune femme l’avait suivi du regard sans prononcer le moindre mot. Lorsque son regard croisa le sien, quelque peu larmoyant, Talya frémit sans pouvoir s’en retenir. Quentyn avait compris. Sur l’instant, Talya ne put que s’en vouloir d’avoir imaginé le contraire. S’il y avait bien une chose que la jeune femme avait eu l’occasion de constater durant la correspondance qui avait précédé leur mariage, c’était l’érudition de celui qui était devenu son époux par la suite. Une érudition mêlée à une intelligence certaine. Sans cela, leur entente aurait  était bien différente ou d’une toute autre nature.

« Formidable… Oui, c’est le mot… Sans doute... » souffla Talya, dont la voix s’éteignit presque aussitôt.

Malgré ses yeux embrumés de larmes, la jeune femme tâcha d’esquisser un sourire. Formidable. Sa mère aurait pensé cela à n’en pas douter. Son père, ses frères, son oncle et sa tante se réjouiraient aussi, la Tyroshi en avait la certitude. Si cet enfant porterait le nom des Martell, il n’en restait pas moins un membre de leur famille également. Et dire qu’il faudrait leur annoncer à eux aussi la nouvelle. Tout comme aux membres de sa nouvelle famille… Elle devrait faire bonne figure malgré cette peur qui lui tordait les entrailles en tous sens.

Lorsque Quentyn prit ses mains dans les siennes, Talya se laissa faire. Dénouant ses doigts, ce geste étant presque devenu douloureux pour elle, la jeune femme sentit ses mains trembler de nouveau entre celles de son époux. Pathétique. Elle était pathétique. Depuis le moment où son père l’avait laissé se joindre aux voyages de son oncle, la jeune fille qu’elle était avait toujours fait en sorte de faire preuve de courage. Parfois même de témérité selon les mots des siens. Et là… Et là… Elle était comme vidée de toute énergie combative.

« J’aimerai tant partager votre enthousiasme et votre joie. avoua Talya sur un ton des plus sincères. C’est même mon vœu le plus cher. Vous savez avec quelle ferveur j’ai pu prier Trios pour qu’il nous accorde sa clémence et ce que nous désirions plus que tout. Combien de fois ai-je pu penser que le Dieu Ivre s’était interposé entre lui et moi, mes prières ne menant nulle part ? Il nous est même arrivé d’en rire… Et pourtant… »

L’espace de quelques instants, Talya chercha ses mots à nouveau. Elle s’était jurée d’être sincère. Beaucoup de jeunes femmes avaient pu craindre que leur époux ne soit pas à la hauteur, qu’il se révèle brutal ou pire encore. D’autres se retrouvaient unies à un homme bien plus âgé qu’elles ou encore dans une famille qui ne semblait pouvoir supporter leur présence. Mais la Tyroshi savait que les choses étaient bien différentes pour elle. Que Quentyn avait toujours eu à cœur de respecter ce serment qu’il avait noué devant ses Dieux, des Dieux qu’elle-même avait adopté le temps d’une cérémonie. En un an, elle avait appris à lui faire confiance. Réellement confiance, au-delà de ces mots déposés sur le papier au cours de leur année de fiançailles.

« Je sais que votre soutien est réel. Je n’en ai jamais douté, à aucun instant. J’aimerai tant pouvoir mettre des mots sur mes troubles et vous en faire part… Mais… Mais… Talya déglutit difficilement, laissant échapper quelques larmes. Mais ma vision est des plus troubles à ce sujet, je le crains. Tout cela est nouveau pour moi. J’ai désiré cet enfant autant que vous. Pleinement et entièrement. Me forcer à avouer le contraire serait un mensonge. Un odieux mensonge. Mon esprit semble pourtant me forcer à penser le contraire. Penser au pire alors que je ne souhaite que le meilleur. »

Dégageant l’une de ses mains de celles de son époux, Talya essuya délicatement les quelques larmes qui s’étaient frayées un chemin sur ses joues. Ceci fait, la jeune femme reposa sa main désormais libre sur celles de Quentyn. Ne cherchant plus à forcer son sourire, ce dernier s’était fait plus terne mais bien plus sincère. Peut-être que toutes ces émotions avaient fini par l’épuiser quelque peu ? Talya pouvait accepter cette hypothèse. Il lui semblait qu’un léger poids s’était ôté de ses épaules. Peut-être s’agissait-il là de l’effet de l’annonce ? Le fait de se sentir entourée était des plus réconfortants, il est vrai. Aussi, la Tyroshi ne pouvait que prier pour que cela se poursuive. Rester seule avec ses pensées… Talya frissonna. Mieux valait ne pas y songer.

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Que la vie suive son cours


« Lancehélion | 302, lune 9, semaine 4 »

Voilà que la nouvelle tombait. Elle attendait un enfant. Evidemment qu’il avait compris son sous-entendu, érudit et intelligent, il comprenait aisément le sens des mots. Tout comme Talya. Ce point commun scellait leur entente. La joie étreignit tout son corps alors qu’il se levait brusquement, presque pour extérioriser tous les sentiments l’envahissant. De toute évidence, sa réaction différait catégoriquement de celle de son épouse, bien plus mesurée, pour une fois. Le jeune Prince se ravisa néanmoins rapidement en découvrant l’inquiétude qui la rongeait, malgré lui. Il se refusait de la voir ainsi, de la voir aussi malheureusement alors qu’elle devrait pourtant se réjouir, tout comme lui de cette nouvelle. Ils allaient être parents, un an seulement après leur union. N’était-ce pas là un cadeau des dieux ? C’était ce dont il songeait. Il s’imaginait alors père, apprenant à son enfant à lire ou à manier l’épée comme lors de ses jeunes années. Il imaginait également la Tyroshi mère et ne put qu’en être fier. Mais tout cela n’était pas aussi simple et rapidement, ses élucubrations cessèrent pour retrouver la terre ferme. Pour la première fois de sa vie, Quentyn avait perdu pied, lui qui était si intellectuel, si sérieux. Il pourrait presque sauter de joie en cet instant mais la retenue fut la meilleure solution, conscient que sa promise ne le partageait pas. Pourquoi donc était-elle aussi soucieuse ? Qu’avait pu lui dire le Mestre pour que son esprit soit ainsi en proie au doute ? Il l’ignorait mais cela ne le rassurait guère. Son visage, désormais sérieux se teintait d’une profonde inquiétude envers son épouse. Il souhaitait honorer les serments échangés lors de leur mariage et pour cela, il serait un soutien sans faille pour celle qui partageait sa vie et deviendrait la mère de ses enfants. Cet enfant était désiré et souhaité. Mais voir son épouse et amie dans un tel état ébranlait son éphémère plénitude. Il ne souhaitait qu’aider la jeune femme, l’épauler dans ce moment difficile. Après tout, n’avait-il pas montré qu’elle pouvait aisément se confier à lui ? Ses aveux en étaient la preuve. Si elle n’avait pas foi en lui, elle aurait probablement menti et arborer son plus beau sourire. Mais il n’en n’était rien. Cette nouvelle pourtant si agréable devenait toxique, engendrant de nombreuses questions dans l’esprit torturé de la princesse. Toutes ces questions étaient légitimes, le fils de Doran les avait également. N’importe quel futur parent les aurait également. Et si l’enfant ne survivait pas ? Et s’il mourrait quelques heures après sa naissance ? Tout était possible et les accouchements ne se ressemblaient aucunement d’une famille à une autre.

Mais il devait demeurer positif s’il ne voulait pas sombrer également dans les méandres de la peur et la crainte. Ces sentiments négatifs, il les chassa de son esprit afin de tâcher de rassurer la jeune femme. Certains mariages ne reposaient aucunement sur la confiance mais sur la méfiance et le mensonge, ce n’était nullement leur cas. Quentyn était toujours une oreille attentive dont elle avait besoin et réciproquement. Sans la confiance, une union ne pouvait fonctionner. Il se tut, la laissant avouer une partie de ce qu’elle avait sur le cœur. Il ne put qu’être désolé. Où était passé son sourire et sa joie de vivre ? Probablement disparue dès lors que la nouvelle lui fit annoncée. Dans ses doigts, il sentit alors à quel point elle pouvait être tendue. Le cœur si lourd, le Prince se sentait si impuissant face à son désarroi. Il ne pouvait rien faire outre que d’apporter son soutien. Etait-ce donc cela que sa maigre participation ? Il maudissait alors les dieux de lui avoir conférer aussi peu de pouvoir. De ne pouvoir chasser ses larmes d’un revers de main et de rire à nouveau. Les dieux avaient tout gardé pour eux et s’étaient montré bien égoïstes. « Songer au pire n’est pas un mal, ne vous blâmez pas pour cela. Je sais que vous ne souhaitez que bien faire. Cet enfant que nous avons tant désiré et que nous aimons déjà tant…C’est normal d’avoir peur. Qui sur cette terre peut se targuer de ne point ressentir ce sentiment ? » Répondait-il alors que sa main retrouvait la sienne, délicatement. « Merci pour votre sincérité Talya, elle vous honore. Tout cela est nouveau pour moi également, j’avoue être également désappointé, je ne crains de ne pas être à la hauteur. Mais ensemble, main dans la main, nous le serons. » Cet enfant si attendu serait aimé et il comptait se battre pour lui. Ensemble, ils pouvaient affronter bon nombre d’épreuves, comme beaucoup de couples. « Avouer vos peurs est une preuve de courage, je suis fier de vous. » Un léger sourire sincère s’étirait tandis qu’il voyait la Tyroshi faire de même. Celle-ci se déridait légèrement, l’effet de la nouvelle s’estompait. Elle pouvait enfin respirer, la bombe était lâchée, pour de bon. Ses lèvres vinrent trouver son front qu’il embrassa. Un geste réconfortant hérité de sa mère. « Je ne doute pas que vous ferez une mère formidable. » Ses opales trouvaient les siennes, ses mots étaient honnêtes, nullement pour la rassurer ou autre. Talya avait un caractère des plus agréable, bien plus avenante et aimante qu'il ne l'était.
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Que la vie suive son cours.

An 302, lune 9, semaine 4.



Quentyn Martell & Talya de Tyrosh.



Optimiste, Talya l’avait toujours été. Même durant les plus grandes tempêtes, même quand le vent soufflait à en crever les voiles, elle avait toujours gardé son sourire. Elle avait toujours gardé la force de se battre dans tous les cas, étonnant sans doute bon nombre d’hommes d’équipage au passage. Même au moment du départ de ses proches pour Tyrosh, même alors que leur navire s’éloignait, elle était restée là, stoïque. Une statue au sourire énigmatique, une statue qui n’avait laissé se briser son masque de marbre qu’au moment où elle s’était retrouvée seule. Et pourtant, à cet instant, la jeune femme ne pouvait que se rendre compte qu’elle était terrifiée, terrifiée plus qu’au cours de n’importe quelle tempête, plus qu’au cours de n’importe quelle discussion d’importance qu’elle avait du mener par le passé.

« La peur est ce qui différencie les personnes conscientes du danger des inconscients, c’est cela ? s’enquit Talya, sa voix encore affaiblie par ses précédents sanglots. Estimons-nous heureux dans ce cas car c’est un signe que nous n’avons pas encore perdu l’esprit... »

Sous cette pointe d’humour se cachait un sentiment tout autre. Sur l’instant, Talya ne put que ressentir une certaine culpabilité. Dans son étrange malheur, comment avait-elle pu oublier que ses doutes pouvaient être partagés ? Que ses craintes pouvaient trouver écho auprès de la première personne qui avait appris son secret ? Cette personne même à qui elle avait été liée par devoir tout d’abord, puis par amitié ? Quelle idiote elle pouvait faire, lorsque son esprit s’embrouillait ne serait-ce qu’une heure ou deux...

« Il y a des serments que j’ai toujours eu à cœur de mener à bien, Quentyn. reprit Talya, lui frôlant la main du bout des doigts. Celui de veiller sur vous comme vous pouvez veiller sur moi en fait partie. Que vos craintes soient miennes et que mes propres craintes soient vôtres. Je ne puis vous assurer que ma foi va envers ces Sept faces que prient bon nombre de personnes dans cette partie du monde. Mais mes paroles, elles, sont et resteront sincères à ce sujet pour vous. La jeune femme esquissa un nouveau sourire, bien que ce dernier restait pâle. Jamais je ne pourrai dire au monde entier tout ce que vous avez entendu et tout ce que vous entendrez ensuite. Faites-moi confiance et faites-moi part de vos pensées et de vos craintes comme cela fut mon cas avec vous. Si je peux me montrer bavarde comme une pie, cela ne change rien au fait que garder un secret est une chose pour laquelle je peux exceller. »

Devenir mère. Il s’agissait-là de la suite logique de son existence, dans les faits. Si Talya avait cherché à éviter un tel sort, tout cela n’était que de l’ordre de la fantaisie ou pour faire grincer les dents de sa pauvre tante. Bien que doutée d’une âme pieuse, la jeune femme s’était rapidement rendue compte que son rang l’empêcherait dans tous les cas de se vouer à Trios ou au Dieu Ivre. Seule fille de l’archonte, il avait été de son devoir d’assurer le pouvoir des siens à sa manière. Une mission dont elle s’était acquittée, toujours avec le sourire, plus encore à présent. Une mission qui se révélait plus complexe encore qu’elle n’avait pu l’être durant l’année précédente, malgré l’acte odieux commis par Shaïra, malgré que certains et certaines l’aient pensé coupable, esprit derrière une cousine à l’esprit peu clair. Malgré tout cela, c’était à présent que la peur était naît en elle, là où il n’y avait eu que colère pour cette âme trop faible et tristesse en d’autres moments…

« Que les Dieux vous donnent raison, Quentyn. commença Talya, esquissant un sourire en sentant le baiser qui lui était offert. Je ne puis qu’espérer que les choses se passent ainsi et telles que vous les décrivez. continua-t-elle, contrite. Sans doute m’avez-vous déjà vu sous des airs plus dignes que celui que j’affiche en cet instant. Veuillez m’en excuser. Il me faudra sans doute encore quelques temps pour m’habituer à tout cela et pour espérer pouvoir annoncer cette nouvelle à tous et à toutes sans défaillir. Mais je ne puis qu’espérer que tout ira en s’arrangeant et que, comme vous, je pourrai faire part de la joie qui est la mienne un jour prochain. »

Dernière de sa fratrie et n’étant qu’une toute jeune enfant au moment de la naissance de sa cousine, Talya n’avait que peu de souvenirs lointains quant à la question de la maternité. Bien sûr, elle était déjà la tante d’un certain nombre d’enfants, là n’était pas la question. A cette époque, sa vie était cependant partagée entre ses voyages aux quatre coins d’Essos en compagnie de ses deux frères les plus jeunes et les responsabilités qui avaient été celles de sa mère à Tyrosh. Aussi n’avait-elle passé que peu de temps avec sa belle-sœur et les enfants qu’elle avait eu de son frère. Un acte que Talya ne pouvait que regretter aujourd’hui. Si elle s’était préparée à revêtir bien des rôles au cours de son existence, elle en avait oublié un, et pas des moindres. Comment pouvait-elle rattraper son retard à présent ? Car il n’était pas là question d’un essai mais d’une réussite forcée dans tous les cas. L’échec ne serait pas toléré et intolérable à ses yeux…

« Je pense avoir plus de choses à apprendre que vous. Peut-être même êtes-vous le plus préparé de nous-deux sans même que vous ne vous en rendiez compte. avoua finalement Talya, laissant échapper un petit rire gêné. Ma pauvre tante avait sans doute raison à mon sujet et je ne doute pas un seul instant des remontrances qu’elle m’aurait fait si elle s’était trouvée à votre place. Peut-être aurais-je du passer moins de temps en mer et plus ailleurs ou à ses côtés. Vous ne m’auriez pas vue dans un tel état, si j’avais prêté plus attention à ses conseils... »

Combien de fois Talya avait-elle décrit sa tante comme une odieuse sorcière ? De bien nombreuses fois en a pas douter… Bien que l’intéressée n’en avait jamais rien su ! Et pourtant, la jeune femme aurait tant aimé l’avoir à ses côtés à cet instant… Hélas, cela était de l’ordre de l’impossible. A cause de l’acte incompréhensible de Shaïra, Saëlle ne se risquerait pas à venir jusqu’ici. Il ne s’agissait-là que d’un acte de prudence. Aussi, malgré la peur qui la tiraillait, Talya se refusait à lui faire part d’une telle demande. Mieux valait la solitude à une situation qui pourrait se révéler à ce point insoutenable pour un membre de sa propre famille…

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« Lancehélion | 302, lune 9, semaine 4 »

En temps normal, son épouse faisait preuve d’un optimisme à rude épreuve. Pourtant, aujourd’hui, cela n’était plus le cas. Quentyn paraissait être le seul à tenter de garder espoir que cette grossesse se passerait sans encombre. Evidemment, lui aussi ressentait des doutes et des questionnements mais après tout, qui pouvait se targuer de ne pas avoir peur ? A ses mots et sa pointe d’humour, le prince ne put contenir un léger sourire. Seuls les fous ne ressentiraient pas la peur, alors oui, ils étaient probablement loin de l’être. Tout comme sa femme, le jeune homme avait le cœur serré à l’idée de ce qui les attendait. La paternité était pourtant chose commune mais il le savait que cela engendrait un chamboulement dans son existence. Il doutait se montrer suffisamment digne d’être père, lui qui idolâtrait tant le sien. Lui arriver à la cheville paraissait impossible. Subitement, les sentiments positifs s’envolèrent, son esprit fut alors envahi d’inquiétudes, de questions en tout genre. Cet enfant allait-il naître dans un monde en paix ou en guerre ? Un monde où des dragons existaient de nouveau, après des siècles de disparition. Il crut alors faillir et sombrer. Mais pour leur salut, il se devait de demeurer les pieds sur terre. Les risques existaient bel et bien, mais cela n’en valait-il pas le coup ? Qui pouvait avouer que la vie ne comportait pas des risques, des moments de doute ? Personne, pas même les plus grands monarques. La vie n’était qu’une succession d’événements tragiques et heureux. Les riches, les pauvres, tous s’accordaient sur ce point. « Nous sommes loin d’avoir perdu l’esprit. » Disait-il dans un sourire qui se voulait rassurant. « Et quand bien même, nos familles nous ramèneraient aussitôt dans le droit chemin. » Une évidence. Il savait sa famille proche et à ses côtés. Les Martell demeuraient soudés malgré leurs différences. Les épreuves les avaient rapprochés, brisant des années de querelles ou de mésententes. A l’image de sa relation avec sa grande sœur. A présent, ils devaient affronter les épreuves, main dans la main, résister à la tempête à venir.

Le Prince de Dorne partageait évidemment ses craintes, mais tâchait de ne rien montrer, afin de ne pas en rajouter. Elle était suffisamment terrifiée pour entendre ses propres maux. Pourtant, il se sentit un instant stupide de songer à pareille idiote. N’étaient-ils pas censés tout se dire ? Ils avaient confiance l’un et l’autre, une confiance aveugle. Alors oui, il devait se faire violence pour faire preuve d’honnêteté. Le mensonge ne protégeait que sur le court terme et détruisait souvent bon nombre de relation. Ses opales ne quittèrent pas celles de la Tyroshi, tandis qu’elle réitérait sa promesse, celle de partager ses craintes, ses doutes. Finalement, cela le toucha énormément. Talya était définitivement une amie qui lui était chère. Elle possédait toutes les qualités requises et se montrait réellement digne d’être celle qui partageait sa vie. Dans sa démarche altruiste, le prince érudit avait oublié ses propres questions, préférant les occulter pour se focaliser sur celles de la jeune femme. Comme toujours, Quentyn faisait passer le bien-être des autres avant le sien. Tout cela pour protéger ceux qu’il aimait. Une réserve qu’il tentait de corriger mais qui tendrait à se corriger, avec le temps. « Je n’aurai pu rêver meilleure épouse. » Chuchota-t-il avant de baisser un instant la tête. Il soufflait un instant avant d’enfin commencer à se confier. « J’ai moi aussi peur pour cet enfant. Peur de ne pas me montrer digne d’être père, peur de ne pas faire assez. Je crains aussi du monde dans lequel il va grandir. Serons-nous en paix pour toujours avec le reste de Westeros ? » Sa voix s’affaiblissait à mesure qu’il lâchait un peu du lest sur ce qui serrait son cœur et affaissait ses épaules. Il ne savait que trop bien que les guerres n’avaient cessé de ponctuer l’histoire du continent. Ainsi était l’humanité. Les Hommes ne cesseraient de se battre, pour le pouvoir et l’argent. Quant à son visage, ce dernier s’était refermé et ses yeux se perdaient dans le vide. De nouveau, il se ravisa d’en rajouter davantage sur ce qui le tourmentait et se redressa brusquement. Il balaya ses idées noires, esquissant un sourire, positif, oui, il désirait le rester et ne garder que ça, pour l’instant. « Ne vous excusez pas, vous êtes parfaitement digne. Prenez le temps qu’il vous faudra pour l’annoncer à nos proches. Je doute être plus préparé que vous à ce qui nous attend, mais je vous soutiendrai quoi qu’il arrive, car comme vous l’avez justement dit, nous veillons l’un sur l’autre. » Un énième sourire alors qu’il commençait peu à peu à faire les cent pas. Il songea alors à un sujet bien plus léger que précédemment. « JIl nous faudra trouver un nom. » Déclarait-il, la mine réfléchie, ses doigts tapotant son menton. Oui, évoquer cela était bien plus aisé que ses propres démons. Changer de sujet, tout simplement, encore fallait-il que sa femme le suive.
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Quentyn Martell & Talya de Tyrosh.


Leurs familles… Oui, ils n’étaient pas seuls. Une pensée aussi rassurante qu’elle pouvait être effrayante. Ce que Talya pouvait se sentir idiote à cet instant. Si seulement elle avait passé d’avantage de temps en compagnie de sa belle-sœur, déjà mère de plusieurs enfants alors que pour sa part, elle passait de nombreuses journées en compagnie de son oncle, sur son navire. Si seulement elle avait fait preuve de plus de clairvoyance. Sa propre mère avait rejoint Trios alors qu’elle n’avait que seize ans. Quant à sa tante, sa cousine était la seule enfant qu’elle avait eut. Vers qui Talya allait pouvoir se tourner pour ce qui était de ces craintes que seules les femmes pouvaient réellement comprendre ? Ellaria ? Leurs relations n’étaient plus au beau fixe, hélas… Sarella ? L’idée méritait d’être étudiée. Qui de mieux qu’une femme presque Mestre pour lui expliquer ces choses qu’elle ne parvenait pas à assimiler ?

« Bien fou serait celui qui pense pouvoir élever un enfant seul. Il faut tout un village, toute une famille, pour cela. récita Talya, comme s’il s’agissait là d’une évidence. Lors de mes voyages, voici des propos qui me furent donné d’entendre. Je ne peux remettre en cause leur véracité. »

Au-delà de ses parents et de ses précepteurs, Talya avait tant appris de son oncle et de ses frères, bien plus vieux qu’elle pour deux d’entre eux. Sa tante avait aussi fait son œuvre, plus tardivement, en un temps où la jeune fille qu’elle était alors ne pensait plus avoir besoin d’aide, qu’elle ne pensait plus avoir à grandir d’avantage. Et que dire de ce cortège de nobles et d’ambassadeurs venus de tous les horizons ? A leur manière, tous et toutes avaient participé à ce qu’elle était aujourd’hui. Il s’agissait là d’avantage d’une règle que d’une exception.

Talya sentit le sang lui monter aux joues à cet aveu, les empourprant légèrement. Allons bon, n’était-elle donc encore qu’une Jouvencelle à s’émouvoir ainsi ? D’un autre côté, n’était-il pas une preuve de la réussite, en partie du moins car leur union était encore pour le moins récente, une preuve que ce choix qu’elle avait fait avait été le bon ? Que son destin se trouvait effectivement ici, dans ce monde qu’elle ne connaissait encore que fort peu, bien que ses efforts soient quotidiens pour arranger cela ? La jeune femme chassa ces pensées de son esprit, priant pour que ses joues reprennent leur teinte naturelle. Il n’était pas temps de se laisser à nouveau aller aux sentiments. Elle se devait de prêter une oreille attentive aux propos de son époux. Comment pourraient-ils se faire mutuellement confiance dans le cas contraire ?

Alors, Talya écouta. Longuement et silencieusement, presque religieusement. Il ne s’agissait-là que de peurs légitimes. Leur monde avait changé en un claquement de doigts. Les dragons étaient de retour et tous et toutes en ces lieux se souvenaient des ravages qu’ils avaient pu faire par le passé. Comment ne pas se demander ce qu’il adviendrait en cas de conflits ? Comment deviner les choix que feraient ceux et celles qui avaient réussi à dompter de pareilles créatures ? Seul l’avenir pourrait leur donner des réponses. Un avenir de moins en moins discernable aux yeux des Mortels qu’ils étaient.

« De sombres temps semblent s’annoncer, il est vrai. concéda Talya, dont la voix s’était faite plus morne. Mais nous ne sommes pas seuls, comme vous le dites si bien. Quentyn, l’emblème de votre famille est un soleil qui jamais ne s’est couché. Qui n’a jamais faiblit et qui même au plus fort des hivers a toujours réchauffé les vôtres. la voix de Talya se fit plus douce. Votre famille est restée insoumise, invaincue, intacte. Les choses pourraient se révéler plus difficiles que nous pouvons l’imaginer, c’est un fait à prendre en considération. Nous resterons dignes tous les deux, tous autant que nous sommes. Si nous devons vaincre, nous vaincrons, je ne peux que prier pour cela. Qu’importe que cela prenne du temps. Qu’importe que ce premier pas que nous allons devoir faire est une simple annonce quant à l’état qui est, semble-t-il, le mien. »

Suivant du regard Quentyn alors que ce dernier commençait à faire les cent pas, Talya se releva à son tour. Elle était restée assise bien assez longtemps. La jeune femme suivait toujours son époux du regard lorsque celui-ci lui fit part de l’idée qu’il avait à l’esprit. Le Prince son époux avait raison. Cet enfant ne pourrait pas rester sans identité éternellement. La Tyroshi ressentit comme un pincement au cœur à cette pensée. Cependant, Talya prit finalement le parti d’en sourire. Il y avait eu bien assez de larmes pour aujourd’hui et pour les jours qui suivraient.

« Chaque chose en son temps, Quentyn. Chaque chose en son temps. répéta Talya, doucement, souriant malgré tout devant l’enthousiasme retrouvé de son époux. Attendons encore un peu, cet enfant n’en prendra pas ombrage. Laissons croire aux Dieux que nous ne savons rien de tout cela. Ainsi, il ne leur viendra pas l’idée de nous le prendre. »

Superstitieuse ? Talya préférait voir cela comme un acte de prudence. Combien de femmes perdaient leur enfant une lune ou deux après avoir appris leur grossesse ? Combien perdaient leur enfant sans même avoir conscience de l’avoir porté ? Bien trop au goût de la jeune femme. Trios s’était montré clément et miséricordieux en lui offrant cette chance de devenir mère un an après son mariage. Mieux valait attendre que son don soit confirmé avant de penser à le nommer. Qu’elle se soit assurée que tout irait pour le mieux. Les choses seraient peut-être plus simples lorsqu’elle sentirait cette petite chose bouger ? Quelle étrange idée… Quelle étrange sensation cela devait-il être…

« Je ne doute pas de la qualité de vos idées à ce sujet, cependant. ajouta la jeune femme, laissant échapper un rire. Je pourrai comprendre que vous ne saurez pas attendre pour entamer une réflexion à ce sujet. Aussi, pourquoi ne pas y réfléchir chacun de notre côté, lorsque nos pensées seront libres ? Nous pourrons ainsi faire part de nos découvertes de temps à autre et faire un choix éclairé lorsque le temps sera venu ! »

Voilà un arrangement auquel la jeune femme pouvait bien consentir. Peut-être avait-elle déjà quelques idées derrière la tête ? Talya aurait tout le temps de s’en rendre compte une fois son esprit apaisé. Oserait-elle les écrire, leur donner une importance à ses yeux ? La réponse était toute autre. Mais cela serait comme une sorte de premier pas ? Pour se faire à cette idée, pour accepter tout ce qui était arrivé, pour accepter tout ce qui arriverait ? Il le faudrait bien. Tout cela était dans l’ordre des choses. Sa mère était déjà passée par une pareille épreuve au moins quatre fois. Elle ne pouvait pas se dérober. Cela ne serait pas digne, ni de sa mère, ni de ces mots qu’elle avait gravé petit à petit dans son esprit, au point d’en faire un véritable proverbe.

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