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(même les petits)
FB - I see fire, hollowing souls (Robar)
He remembers
Il étreignait une dernière fois son épouse dans ses bras, puis, le Seigneur de Roches-Aux-Runes s’empressa de faire de même avec ses trois enfants. Le plus jeune, Angus ne comprenait pas réellement la situation. Seuls Edmée et Lucas saisissaient l’importance de la situation. Peut-être qu’ils n’allaient plus jamais revoir leur père, peut-être que leurs étreintes étaient leurs dernières. Peut-être que leurs sourires étaient les derniers. Glissant un dessin de sa fille dans l’intérieur de sa veste, ce fut le cœur lourd qu’Andar quittait ses terres pour prendre le chemin du Nord. Sa famille restait entre les soins de Maddy et de Samwell Stone. Une présence masculine nécessaire pour le fief des Royce, laissé à la merci de potentiels ennemis. Le val avait levé ses bans pour se diriger vers les contrées froides des Stark. Là où la Mort les attendait tous. Ses hommes le suivaient aveuglément, conscients que cette guerre dépassait les habituelles querelles politiques. Dans ses instants, il semblait que l’humanité se montrait capable de balayer les désaccords pour former un front uni face à l’ennemi. Le long voyage entrepris pour parvenir jusqu’à Winterfell ne faisait que commencer et il serait sûrement éreintant. Mais en tant que noble, Andar était privilégié car il pouvait se targuer d’avoir une monture. Paysans et roturiers devaient se contenter de leurs pieds pour marcher, avaler les kilomètres jusqu’à épuisement. Nul doute que certains risquaient d’abandonner avant l’arrivée. L’hiver n’arrangeait rien à la pénible avancée des bans. Finalement, les bans du Val, du Conflans, de l’Orage convergeaient. Il retrouva alors des visages familiers tels que les Nerbosc. Combattre à leurs côtés représentait un honneur, à la hauteur de son affection pour eux. Il n’avait pas nommé son fils Lucas pour rien, c’était la preuve irréfutable de sa profonde amitié pour la famille suzeraine du Conflans. Il y avait évidemment son jeune frère, Robar dans le cortège, dont la simple présence suffisait à redonner le sourire à l’aîné, d’humeur morose. Plus il s’approchait de Winterfell et plus il sentait le souffle de la mort caresser ses joues. Ou était-ce le froid de l’hiver mordant ? Longues furent les derniers jours de voyage, le corps endoloris par ces nombreux jours à chevaucher, Andar s’impatientait et en dépit des circonstances, fut soulagé d’apercevoir les tours du château des Stark. Les loups accueillaient des armées de presque toutes les régions du monde. Aujourd’hui, ce n’était plus Port-Réal qui attirait tous les regards, mais la demeure des Loups. En son sein allait se dérouler une bataille aux enjeux primordiaux, ici allait être scellé le destin de l’humanité et des royaumes des Hommes.
Profitant de la chaleur du feu, il balayait les alentours, les visages fermés des hommes qui ne savaient pas réellement à quoi s’attendre. Certains ne retrouveraient pas leurs épouses et enfants, car telle était la guerre. Elle arrachait les vies et brisait des destins en un claquement de doigts. L’imminente rencontre avec les créatures des légendes rendait toute tentative de sommeil vaine. Ainsi, les Marcheurs Blancs existaient, les fables racontées aux enfants à leur sujet étaient vraies. Cela signifiait qu’ils ne pouvaient être tués, que la fatigue ne les guettait pas. Dénués d’honneur, de pitié, quiconque les défiait risquait sa vie. Un frisson glacial lui parvenait tandis que la voix familière de son frère l’extirpait de ses sombres pensées. Son visage, alors crispé se détendait quelque peu. « Robar ? Aurais-tu un peu de temps à m’accorder, j’ai à te parler. » Demandait le Seigneur, qui en compagnie de son frère s’isolait du reste des soldats, ils étaient seuls à seuls. Toutes les idées ayant germé dans son esprit depuis ce voyage et surtout depuis leur conversation après le banquet de la visite royale, Andar ne pouvait rester silencieux. Des vérités devaient être dites, pour le bien du chevalier Rouge, mettre fin à des mois de mensonge. La mine grave, tandis que ses cheveux auburn encadraient son visage, il se tournait alors vers son frère cadet, le cœur lourd. « Si la mort venait à me prendre demain, je veux que tu sois celui qui protège notre famille jusqu’à la majorité de Lucas. » L’émotion l’étreignait alors qu’il s’approchait pour poser sa main sur l’épaule de son frère. Il savait que cette responsabilité serait difficile, mais en tant que Seigneur de la maisonnée, il devait songer à tous les scénarios possibles, mêmes les pires. « Toi seul le peut et je sais que tous te suivront corps et âme. » Alys et lui avaient beaucoup discuté à ce propos, elle n’ignorait pas ce projet bien qu’elle souhaitait qu’il ne se réalise pas, que son époux revienne en vie, mais rien n’était sûr quand on faisait face à un adversaire venu d’outre-tombe. Finalement, il esquissait un léger sourire, afin de détendre l’atmosphère, suffisamment anxiogène, Andar montrait un tout autre visage ce soir, celui d'un homme inquiet et en proie à l'émotion, cette bataille différait de tout ce qu'il avait pu connaître, tel un saut dans l'inconnu ou une course dans la gueule du loup. « Je suis navré de paraître si défaitiste, je ferais tout pour que la mort ne prenne aucun de nous, mais il me paraît important que tu le saches. » Après tout, n'avait-il pas promis à Maddy de ramener Robar en vie ? En tant qu'homme de parole, il le devait, même si la tache s'avéra bien ardue.
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I see fire, hollowing souls
Robar & @Andar Royce
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Lorsqu'il avait rejoint Ysilla à Villevieille, il avait imaginé avoir le temps de réfléchir, d'être présent pour elle, de faire plus ample connaissance avec Creighton ou de profiter de l'hiver relativement doux des villes du Sud de Bief. Mais l'appel avait été clair: le ban du Val se préparait à prendre la route pour gagner Winterfell au plus vite: ce n'était qu'une question de temps avant que la nouvelle ne soit officielle. Et ses craintes s'étaient immédiatement dirigées vers Waymar, seul dans le Nord, seul au Mur avec ses nouveaux frères. La dernière lettre de son cadet remontait à plusieurs semaines, lorsqu'il se trouvait encore à Froideseaux et jamais Robar n'aurait pensé devoir gagner Winterfell un jour. Et pourtant, le Val parlait à présent d'un départ. Robar s'était alors demandé si Rhaegar Targaryen se posait déjà ces questions lors de leur entretien aux Portes de la Lune. Savait-il pour le Mur ? Savait-il pour la menace innomable ? Savait-il pour la détresse des nordiens ? Lorsqu'il avait reçut la lettre d'Andar, l'informant de rejoindre au plus vite l'armée des chevaliers du Val, le visage de Robar avait prit une toute autre couleur. Les sourires s'étaient éteint et il avait eut toute les peines du monde à quitter Ysilla tout en cherchant à ne pas l'inquiéter plus que la raison de son départ ne devait le faire. Après tout, Waymar et Andar étaient aussi ses frères et elle était si loin d'eux. Il s'était maintes fois excuser de devoir la laisser alors même qu'il lui avait promis de rester avec elle quelques temps, de l'escorter jusqu'à son fils, de demeurer quelques semaines à Rougefort ... Mais son devoir l'appelait ailleurs et c'était quelques jours après réception du courrier que le Chevalier Rouge avait quitté la Citadelle et sa soeur cadette pour une nouvelle chevaucher endiablée vers les siens. Tout comme Andar, il savait qu'il n'aurait jamais le temps de rejoindre les Royce à Roches-aux-Runes, mais il pouvait toujours les rattraper en rejoignant l'ost d'un autre suzerain qui ne manquerait pas d'être appelé d'ici peu. Il apprit rapidement ce qu'il en était. On laisserait aux Tyrell et au Bief le soin de protéger les côtes Sud de la région et de l'Orage à la demande du Roi et en l'absence des soldats habituels. Aussi le choix de Robar se porta naturellement sur l'Ouest et les hommes mené par les Lannister qu'il devait rejoindre à Castral Roc au plus vite. Il attrapa l'armée rouge de justesse après avoir fait vivre à son cheval le pire voyage qu'il ait pu lui imposer depuis son départ de Port-Réal en début d'année.
Finalement, une fois le ban de l'Ouest rattrapé, il diminua l'allure, se mêlant à d'autres soldats, d'autres chevaliers, des noms qu'ils ne connaissaient pas ou que de noms. Rapidement, ils se mêlèrent au ban du Conflans, puis, enfin, ils rejoignirent celui du Val. Enfin, il avait retrouvé les siens. Après des semaines de cheval, le visage familier d'Andar ou de Roland lui donnait du baume au coeur.
Mais la chaleur de retrouver sa famille après des semaines de voyage ne réchauffait en rien son corps malmené par le froid du Nord. S'il y avait déjà de quoi se plaindre de la météo du val, ce n'était rien en comparaison de cette région maudite où la neige restait, passé un certain point, même en été. Comment Waymar avait-il pu vouloir venir se cailler les miches dans un tel endroit ?! Robar se découvrit alors une nouvelle faiblesse: il détestait le froid. Le vrai froid. Celui du Nord et de ses bourrasque violente, de ses nuits sans fin et de sa neige jusqu'au genoux. Finalement, il voulait bien retourner auprès de Rhaenys si cela lui permettait de ne plus jamais remettre les pieds dans ce maudit royaume aux légendes aussi terrifiante que l'histoire semi légendaire des héros qui l'avaient peuplé. Il était accroupi devant un feu, tentant de gagner de la chaleur par tous les moyens, redoutant de perdre ses doigts après qu'un soldat des Lannister ne lui ait compter l'affreuse histoire d'un cousin qu'il avait fallut amputer d'une main entière après qu'elle ait été rongée par le froid. Le cheveux terne, Robar arborait une mine sombre et râlait volontiers dans son coin lorsqu'Andar l'approcha. Il hocha la tête et, non sans un regard de regret pour les flammes tentatrices, s'éloigna de la joyeuse et bruyante troupe de chevalier pour s'isoler avec son frère. Ce fut sans introduction, ni préparation qu'Andar fit son annonce, surprenant son cadet avec ses mots directs, dépourvu des artifices de la politesse et de l'étiquette. « Hein ?! » fut tout ce que le chevalier à l'armure écarlate trouva a dire à son aîné, lui offrant un regard aussi surprit que la mine qu'il arborait. Mais Andar n'avait pas l'air de plaisanter: il avait le visage sévère des jours sombres et, déglutissant avec difficulté, Robar prit la mesure de ce que lui demandait son aîné. « Tu sais que je suis pas le mieux placé pour ce genre de chose, n'est-ce pas ? » Ce n'était un secret pour personne: Robar avait toujours détester s'occuper de l'intendance de Roches-aux-Runes en l'absence de son frère ou de son père. Il préférait l'action, l'aventure, la liberté aux lourdes responsabilités que la gestion d'un fief imposait. « Et Alys ? Elle en pense quoi ? » demanda le jeune homme comprenant que ses responsabilités seraient bien plus martiales que politiques. née Grafton, elle avait mit quelques temps à trouver sa place et il refusait l'idée de devoir la mettre à l'écart. Il secoua la tête à la dernière remarque de son frère: il n'y avait là rien de défaitiste, rien à excuser. Depuis son départ de Villevieille, Robar ne cessait d'y penser également. S'il ne revenait pas de Winterfell, que resterait-il de lui ? Une fratrie sans doute brisée ? Une épouse ravie de son veuvage ? Le souvenir d'un chevalier parmi d'autre ? « Non ... Je comprends ton besoin de mettre tes affaires en ordre. » répondit alors le blond, la mine sombre. « Tu as un héritage à protéger. » ajouta-t-il tandis que, dans sa tête, Robar se disait qu'au contraire de son frère, lui n'avait rien à laisser derrière lui.
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Les visages étaient fermés, les mots pessimistes. La bataille qui les attendait différait de toutes celles qu’ils avaient pu connaître par le passé. Dans ce cas-là, ils n’affrontaient pas des ennemis vivants mais des troupes de la Mort qui n’étaient là que pour semer le chaos où qu’elles allaient. Winterfell représentait alors le dernier rempart, la seule chance pour l’humanité de ne pas sombrer dans la Longue Nuit. Pour sûr qu’Andar n’y croyait pas, persuadé que ses contes n’étaient que des fantaisies créées pour les enfants. Malheureusement, la missive de son jeune frère envoyé au Mur et vêtu de noir l’avait dissuadé de prendre cela à la légère. Les Marcheurs Blancs existaient bien et ce n’était pas la première fois qu’ils menaçaient l’existence des Hommes. En des temps immémoriaux, ils avaient aussi tenté de régner sur le continent, sur le monde entier pour n’y laisser qu’un vaste champ de désolation. En cet instant si grave, le seigneur de Roches-Aux-Runes avait cessé d’en rire et prenait cette menace au sérieux. Cela ne concernait pas que le Nord mais les Sept Couronnes. Les Autres ne s’arrêteraient pas aux terres de la famille Stark, c’était évident qu’ils n’allaient pas s’arrêter en si bon chemin. Ils étaient encore loin, mais bientôt, ne le seraient plus s’ils n’étaient pas détruits. Le cœur empli de toute, l’aîné des Royce tâchait néanmoins de ne pas le montrer à ses proches, et ce, jusqu’à la veille de son départ. Seule son épouse avait su déceler son inquiétude, à juste titre. Ce n’était pas tous les jours que l’on affrontait des créatures mythologiques, contées depuis tant de siècles aux enfants comme des légendes. Ce fut donc le cœur lourd qu’il quittait les siens, son esprit tourné aussi vers sa jeune sœur, Ysilla. Voilà des lunes qu’ils ne s’étaient pas vus. Il savait que Robar était à ses côtés, et fort heureusement d’ailleurs. L’abandonner ne serait pas évident mais telle était sa responsabilité. Andar ne pouvait rester sans rien faire en sachant que son frère était aux premières loges, prêts à mourir lame à la main. Tout comme lui, le Chevalier Rouge se joindrait à cette guerre, pourfendre ces ennemis d’outre-tombe. A quoi pouvaient-ils ressembler ? A des êtres décharnés ? A des zombies ? Nul ne le savait car ceux les ayant vu ne revenaient pas vivants pour en témoigner. Chevaucher jusqu’au fief des Stark fut terriblement long et pénible. Heureusement, les visages familiers des siens lui donnaient le courage pour avancer, rendre cette épreuve un peu moins difficile. Le froid mordant restait encore et toujours impressionnant. Le Val avait un climat plutôt doux en comparaison à celui du Nord. Il se promettait de ne jamais plus se plaindre du temps là-bas. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’avoir peur de ne revoir ses enfants et son épouse. Il avait songé à tous les scénarios, mêmes les pires. S’il ne revenait pas, un Royce devait tout de même demeurer à Roches-Aux-Runes tant que Lucas n’avait pas l’âge requis pour en devenir le nouveau Seigneur. Pour cela, nul autre candidat que son frère. Il n’ignorait pas les désirs de liberté de celui-ci, mais en tant que père de famille, il se devait de songer à tout et anticiper. Tel était son rôle de faire en sorte que les Royce perdurent, de maintenir leur héritage intact. A cœur ouvert, Andar ne pouvait attendre davantage pour débuter une conversation avec son jeune frère. Voilà des mois qu’il y songeait, et encore plus après leur entrevue lors du Banquet. Il ne supportait plus de voir Robar souffrir ainsi de ne pas avoir de descendance. Pourtant, il en avait une devant ses yeux depuis tant de lunes. Rosenn était sa fille. Mais étant née hors mariage, son existence devait rester secrète. L’aîné des Royce n’imaginait pas la réaction du Roi s’il l’apprenait. Pourtant, ce soir-là, les pieds dans l’épaisse neige, il n’en n’avait cure. Seul le bonheur de son frère importait à ses yeux. « Je sais très bien que tu n’aimes pas avoir de telles responsabilités, mais il est important qu’un Royce demeure à Roches-Aux-Runes si je ne reviens pas. » Il avait alors posé sa main sur l’épaule de son frère. « Alys t’apprécie beaucoup, elle n’y voit aucun inconvénient. Mais tout ceci est hypothétique car je compte bien survivre, tout comme toi. » Chuchotait-il dans un léger sourire. Puis, il se reculait lorsqu’il évoquait l’héritage. En cet instant, il fut quelque bouleversé. Comment devait-il s’y prendre ? Comment devait-il lui révéler l’existence de son enfant ? Soudain, il sentit ses épaules s’affaisser sous la culpabilité, celle de lui avoir menti aussi longtemps. « Il y a des choses que tu ignores Robar. Des choses que je ne peux plus taire à présent. » Le cœur battant, il détournait le regard. L’émotion l’étreignait, lui serrant la gorge, les regrets l’assaillaient alors qu’il peinait à formuler une phrase. « J’ai été, pendant toutes ces années, un piètre grand-frère, j’ai failli à ma tâche en me reposant bien trop sur toi, même aujourd’hui…me pardonneras-tu un jour ? » Sa voix était hésitante tandis que ses opales se levaient pour croiser celles de son cadet. Pouvait-il sentir à tel point il se sentait coupable ? Certainement.
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Robar & @Andar Royce
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Les paroles d'Andar amenait de sombres idées, un funeste destin pour une bataille qui n'avait pas encore commencé. L'idée même de voir son frère émir ici, si loin de chez eux, lui était insupportable. Pas Andar. Pas après ce qui était arrivé à leur père. Quelque part, Robar trouvait cela injuste: Andar qui s'était si difficilement remis du drame de Port-Réal, qui s'était reconstruit brique après brique, avait fondé une famille et brillait dans son rôle ... Pourquoi devrait-il mourir ici ? Il n'en été pas question: il avait trop de choses à faire encore, trop de personnes qui l'attendaient à Roches-aux-Runes. Alors l'idée de sa disparition, il ne voulait même pas y penser ! « T'as intérêt à survivre ouais ! » grogna le blond dont le froid exacerbait la mauvaise humeur. A cet instant, il regrettait presque d'être venu, d'avoir quitté le Bief et Ysilla pour se joindre à l'armée du Val. Mais il savait pertinemment que si malheur devait advenir, jamais il n'aurait pu se pardonner de ne pas avoir été présent. Alors il n'en dit pas plus. Il évita de songer à ses neveux dans le Val, à sa soeur dans sa petite chambre de la Citadelle, à Maddy, à Alys, à Rhaenys, à quiconque. Avait-il des regrets à cet instant ? Tout un tas. Mais cela ne l'aiderait pas à rester en vie, aussi s'obligea-t-il à les refouler dans un coin de son esprit. Il se frictionna les bras tandis que ses mèches blondes étaient dérangées par la brise nocturne et glaciale du Nord. Ce pays aurait sa peau: si leurs ennemis ne parvenaient à leurs fins, la météo s'achèverait pour sur !
Pourtant le chevalier n'était pas au bout de ses peines. Contre toute attente, alors qu'il pensait qu'Andar voudrait retourner vers le feu, son aîné poursuivit sur sa lancée. Robar fronça les sourcils, incapable de comprendre où son frère désirait en venir: des choses qu'il ignorait ? De quoi s'agissait-il ? Etait-ce encore cette affaire dont il avait désiré l'entretenir ? Bien que Robar n'eut clairement dit oui, il s'était attendu à ce que le seigneur de Roches-aux-Runes comprennent que son devoir serait toujours envers leur maison. Il soupira. « Qu'est-ce que tu racontes ? Si c'est à propos de cette histoire, c'est ok. J'ai toujours été destiné à être le bras armé de Roches-aux-Runes et je le serai jusqu'à ma mort, que ce soit sous tes ordres ou ceux du petit Lucas. » Répondit le jeune homme bien que préférant nettement qu'Andar revienne entier de cette bataille: il n'avait pas l'allure d'un dirigeant, ni même celle d'une personne responsable. Il était déjà a peine capable de s'occuper de lui même. Mais il comprenait les motivations d'Andar: Lucas était bien trop jeune et la régence irait, de fait à sa mère, Alys. Laquelle demeurait une Grafton de sang et si Robar, tout comme son frère, savait combien elle était en conflit avec les décisions de son frère, les réconciliations pouvaient toujours exister. Si son devoir demeurait envers Roches-aux-Runes, cela permettait de préserver les intérets des Royce qu'importe les alliances que la régente pourrait faire avant la majorité de son fils. Cependant, loin d'éloigner les démons de son aîné, Robar eut la sensation de revoir le Andar d'après guerre, d'après Viveaigues, meurtri et brisé. C'était à n'y plus rien comprendre: Andar avait été là pour lui lorsqu'il avait décidé de quitter Port-Réal en y laissant Rhaenys, lui qui avait accepté de le voir partir pour Froideseaux si loin des siens, lui qui lui avait autorisé un départ pour le Bief vers Ysilla ... Que pensait-il pouvoir faire de plus ? Instantanément, lui revint en mémoire leur conversation aux portes de la Lune, les regrets de son frère d'avoir laissé l'union du cadet avec la princesse Targaryen se faire. « Je suis pas sur de te suivre, Andar ? Si encore au sujet de Rhaenys ... Tu n'y es pour rien, tu n'aurais pas pu refuser. Y a rien a pardonner je t'assure. » Il n'osa parler des conséquences de sa discussion avec la princesse, de leur désir commun de trouver un moyen de mettre une fin officielle à leur union afin de retrouver leur liberté sans que leurs réputations n'aient à en pâtir. Le regard perçant du blond fixa son frère avec méfiance: il y avait quelque chose qui clochait. Cela le turlupinait depuis un moment mais n'avait jamais été aussi prégnant qu'à cet instant. « Qu'est-ce qui te perturbe autant, mon frère ? Je ne crois pas t'avoir connu aussi troublé depuis des années ... »
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Andar n’avait pas été aussi troublé depuis fort longtemps. Depuis son retour du sac de Port-Réal finalement. Ce qu’il avait vécu l’avait alors plongé dans l’alcoolisme. Par sa faute, son frère cadet dû s’occuper de lui, le soiffard, le soulard. Il se perdait trop souvent dans des auberges à boire jusqu’au petit matin, à ne plus savoir comment retrouver ses appartements. Trop souvent, le blond fut à ses côtés pour le guider. Trop souvent, il s’appuyait sur lui. N’était-ce pas censé être l’inverse pourtant ? N’était-il pas censé être celui sur qui Robar pouvait compter en cas de besoin ? Plus que jamais, l’aîné ressentait un certain échec, d’avoir failli à sa mission de grand-frère. A juste titre, sa grand-mère Anya lui rappela à quel point Robar l’admirait et à quel point ses démons avaient dû décevoir ce dernier. Nul n’était dénué de faiblesses mais certaines s’avéraient plus imposantes que d’autres. Entre la peur de ne jamais revenir et de ne pouvoir accomplir ses dernières volontés, il était particulièrement morose. Les traits de son visage tirés par la fatigue mais aussi les sombres pensées qui l’agitaient jour et nuit, le Seigneur de Roches-aux-Runes semblait arborer ce même visage, celui qu’il ne connaissait que trop bien. A l’aube d’une bataille sanglante, toutes ses peurs surgissaient, mais aussi ses regrets. Son rôle de grand-frère, le mariage de Robar dont l’échec restait encore cuisant et le rendait malheureux et l’existence de sa fille illégitime. Son existence ne pouvait rester secrète encore longtemps. Pas à la veille d’une guerre où l’un comme l’autre, ils pouvaient y laisser la vie. Périr dans la neige, terminer leurs vies dans le Nord, si loin de chez eux. « Tu as intérêt à survivre aussi, je l’ai promis à Maddy. » Disait-il dans un léger rire, cela ne retirait en rien son envie de vivre. Il comptait bien revoir Roches-Aux-Runes. Ces créatures surnaturelles ne savaient pas à qui elles avaient à faire. « Nous prouverons aux Autres qu’il ne faut pas se frotter aux chevaliers du Val. » Siffla-t-il avec une certaine fierté. Un optimisme inhabituel que lui conférait la présence de son cadet à ses côtés. Finalement, il était tout de même soulagé de le savoir ici, non pas pour ses talents de bretteur mais pour son soutien moral, tout simplement. Alors, savoir qu’il était prêt à défendre leur fief le rassurait encore bien plus. Un Royce se devait de rester à Roches-aux-Runes. Un Royce se devait de veiller à leurs terres si durement acquises. Devait-il enfin révéler l’existence de Rosenn ? Le malheur de Robar lui était insupportable. Ne pas avoir de descendance demeurait un crève-cœur pour n’importe quel homme. Surtout dans de telles circonstances où la Princesse ne lui avait guère laissé le choix, lui arrachant cet espoir en quelques secondes seulement. La blessure psychologique ne s’envolerait jamais, les Royce se souvenaient toujours, de tous ceux étant parti trop tôt. « Je…Je m’excuse pour tout, Robar. Pour ma dépendance à l’alcool, pour t’avoir alors imposé l’image d’un grand-frère pitoyable et indigne. Si aujourd’hui je suis sorti de mes démons, c’est uniquement grâce à ma famille. » Il s’était accroché à eux tel une bouée de sauvetage. Anya, Robar, Waymar, Yohn, Ysilla, tous avaient participé à sa rédemption. Tous avaient été des soutiens indéfectibles quand les démons continuaient de l’attirer dans les tréfonds de la déchéance. « Par ma faute, tu as vécu des choses que tu n’aurais pas dû vivre. » Robar avait connu les affres de l’alcool alors qu’il n’avait pas encore connu ses premiers amours. Il avait alors pu voir à quel point l’alcoolisme faisait des ravages, en première ligne face à la chute de cet aîné si prometteur. Par sa faiblesse d’esprit, il avait entraîné avec lui le blondinet dans les méandres de ses abus. Malheureusement, ce lourd passé n’était pas la seule chose qui le rongeait. Être dans la confidence concernant Rosenn devenait de plus en plus pesant. Leur discussion lors de la visite royale dans le Val avait été primordiale et décisive. Il avait alors pu voir la détresse de son frère d’avoir été privé d’héritier. Formidable oncle pour ses neveux, il savait que Robar s’impatientait, il attendait désespérément de devenir père. Secouant la tête aux paroles de son cadet qui ne comprenait rien, à juste titre. « Mais ce n’est pas tout ….Me promets-tu de garder pour toi ce que je vais te dire ? Si le Roi vint à l’apprendre, nul ne sait quelle folie il nous ferait subir. »
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Robar & @Andar Royce
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Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu le visage, emplis de regret de son frère. Depuis des années, depuis l'époque où il buvait pour noyer les visions d'horreur et le désespoir d'avoir survécut aux Tully à Port-Réal. Cette époque sombre, les deux frères n'en parlaient jamais: mélange de pudeur et d'une volonté d'aller de l'avant. Robar considérait qu'Andar pouvait lui parler, si quelque chose le troublait, et comme son frère semblait avoir tourné la page, il n'avait jamais plu abordé le sujet. Andar avait ses faiblesses tout comme lui avait les siennes. Ainsi allait la vie. Il eut un rire nerveux à la mention de Maddy: il avait beaucoup songé à elle ces derniers temps. Après tout, il n'avait pas rejoint Ysilla que pour la soutenir dans sa convalescence mais bien pour avoir son avis concernant son mariage et la discussion qu'il avait pu avoir avec Rhaenys après l'entretien royal des Portes de la Lune. Cependant, quand bien même il pouvait se séparer de Rhaenys, quand bien même le Roi accepterait cette séparation et, dans le meilleurs des cas, appuierait une demande pour l'annulation du mariage, il demeurerait à jamais lié à la maison royale. Après tout, jamais ils ne pourraient prouver que l'union n'avait pas été consommée: Andar et Alys pourraient témoigner les avoir entendu et le gros ventre de Rhaenys avait prouvé à tous la fertilité de cette union. Que restait-il ? Faire croire qu'ils étaient de lointains cousins ? Qu'importe ... Jamais il ne pourrait avoir de relation sérieuse avec Maddy et cela, c'était Rhaenys qui le lui avait apprit. Sa vie dissolue avant son mariage avait peu d'importance: s'il devait se remarier, ce serait forcément avec une noble. Et Maddy n'était qu'une roturière. Qu'importe l'affection qu'ils avaient pu avoir. Peut être elle même s'en était rendue compte, peut être était-ce pour cela qu'elle l'avait tant éviter dans le Val. « Elle t'a parlé de moi avant ton départ ? J'avais cru ... Que son silence était le signe qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec moi. » confia-t-il à son aîné, ignorant s'il devait guérir de celle qui avait été sa maitresse préférée pendant tant de temps. « On a une réputation à tenir, oui. » approuva-t-il avec un léger sourire, hochant la tête aux mots du seigneur de Roches-aux Runes.
Loin d'être un simple besoin d'assurance, Andar semblait avoir encore des choses à dire. Les sourcils froncés, Robar écoutait son aîné s'excuser de choses qu'il trouvait ridicule au plus au point. Transis de froid, épuisé par un voyage de plusieurs semaines, Robar empoigna Andar par le pan de sa cape, le tirant vers lui avec un regard mauvais. « Tu m'fais quoi là Andar ?! » lui demanda-t-il, l'oeil colérique. Cela ne lui ressemblait pas de s'apitoyer sur le passé, pas depuis son mariage, pas depuis la mort de leur père, pas depuis la naissance des jumeaux. « Si c'est le Nord qui t'fais dérailler j'te renvoie direct à Roches-aux-Runes ! Tu vas pas mourir ! On ne va pas mourir. On va survivre, on ira voir Waymar, on rentrera dans le Val et tu feras plein de p'tits Royce à ta femme pendant je retournerai auprès d'Ysilla pour la ramener à la maison, c'est clair ?! » dit-il d'un ton ferme qui tenait presque de l'ordre. Autour d'eux, le silence. Les conversations s'étaient tuent avec la distance qu'ils avaient mis entre eux et le feu de camp et les rares passants accéléraient le pas face à la voix forte du chevalier rouge. Il était vain de penser que les épreuves qu'ils avaient vécus n'étaient la faute que d'une seule personne. Andar n'y était pour rien dans la mort de Yohn Royce. Il n'avait pas demandé la main de la princesse pour son frère. Il n'avait pas fait en sorte que les deux promis ne s'entendent pas et il n'avait pas versé le poison dans le verre de Rhaenys pour provoquer sa fausse couche. L'idée même qu'il puisse se sentir encore responsable de tout ceci le dépassait. Il n'avait pas abordé avec lui les sujets abordés avec le dragon ensoleillé dans l'intimité des appartements princiers. Il s'était contenté de fuir vers le Bief, de fuir vers Ysilla qui n'avait pas le même conflit de loyauté qu'Andar envers la Couronne. Il voulait être sur de lui avant d'impliquer son aîné. Mais son silence poussait le jeune seigneur de Roches-aux-Runes à se torturer encore et encore. Il finit par lâcher Andar, l'observant encore suspicieux. « Quoi donc ? T'sais très bien que je me tairais: j'ai bien pu garder la vérité sur la fausse couche de Rhaenys auprès de notre grand-mère. J'parlerais pas. » concéda-t-il avant de plisser les yeux pour déceler quels secrets Andar lui cachait. Ce n'était pas son genre de lui faire des cachoteries.
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Voilà bien longtemps qu’Andar n’avait pas montré un tel visage à son frère cadet. Plus depuis ses frasques durant son adolescence où une fois la nuit tombée, il buvait à outrance. Une addiction et un épisode dont il ne reparla guère jusqu’à lors. Il regrettait évidemment cette faiblesse et d’avoir entraîné son jeune frère dans les tréfonds des abysses de la dépendance. Une déchéance que l’aîné des Royce avait très mal vécu car il se voulait être l’exemple, l’aîné de la fratrie, le Seigneur. Et ce n’était certainement pas en étant un ancien ivrogne qu’il ne pouvait. Pourtant, il était parvenu à aller de l’avant. Mais ce soir, à l’aube de cette bataille décisive, il avait la sensation que ses mots pourraient être les derniers. Il avait la sensation que demain, il allait mourir, rendre son dernier souffle à mille lieux de son Val natal. Mourir sans avoir pu se confier à Robar le rendait fou et l’empêchait de fermer l’œil. Le mensonge avait assez duré, à commencer par l’existence de sa fille illégitime alors que lui se pensait dénué de descendance. Mais cette information changera la donne ? Le Seigneur de Roches-aux-Runes l’ignorait car Maddy était de bien trop basse naissance pour prétendre à l’épouser si elle le pouvait. Et pour l’heure, l’union entre la fille du dragon et son frère était encore d’actualité. Ce mariage maudit pour lequel Andar se sentait responsable, sans réellement comprendre pourquoi. En tant que grand-frère, n’était-ce pas son rôle que de protéger les plus petits contre les affres de la vie ? Il avait lamentablement échoué et ce, depuis son adolescence et ces beuveries exagérées. Ses faiblesses connues au grand jour, le brun avait failli à son rang, à ses responsabilités. Ainsi était son passé, celui d’un alcoolique. Un échec cuisant dont il ne désirait pas reparler, jusque-là. La peur de mourir lui faisait remonter tant de démons, tant de questions dans son esprit, la fatigue du voyage n’arrangeait clairement rien.Subitement, son jeune frère l’empoigna fermement et haussa le ton, visiblement agacé de le voir se morfondre ainsi. Plutôt surpris par ce geste, il le vécut comme une claque, le ramenant à la réalité. Loin de ses pensées plutôt sombres, il regagnait la terre et croisa le regard furibond du chevalier rouge. Lui aussi éreinté après avoir chevauché des jours durant laissait éclater son impatience. Ses mots sonnaient comme des ordres, comme une évidence que la bataille de demain ne serait pas sa dernière. Autour d’eux, un silence régnait, les quelques passants accélérant le pas pour ne pas les déranger plus longtemps. Ils sentaient bien que la conversation prenait un tout autre tournant. Moins légère qu’à l’accoutumée. Et pour cause, il s’apprêtait à enfin avouer tout ce qui le tourmentait depuis de nombreux mois. « Ce n’est pas le Nord qui me fait dérailler, ni la fatigue du voyage. » Il tentait de trouver les mots adéquats pour lui expliquer la situation. « Maddy est revenue avec une petite fille, Rosenn. » A ses mots, il se reculait, reprenant ses esprits, son sérieux. Il ne savait pas réellement comment s’y prendre pour que l’information ne soit pas trop abrupte. « Cet enfant, elle ne l’a pas eu avec son défunt mari. » Allait-il comprendre de lui-même ? La gorge quelque peu nouée, le Royce détourna les opales un instant. Le silence marqué permettait au chevalier rouge d’assimiler, de comprendre où il voulait en venir. « Il est de toi Robar… Rosenn est ta fille. » La bombe fut lâchée sans une once de sous-entendus. C'était clair comme de l'eau de roche. Andar ne désirait plus passer par quatre chemins après tant de cachoteries auxquelles il n'était pas coutumier. Deuxième silence où il tenta de songer la réaction de son jeune frère. Ce dernier apprenait qu’il était père, tout ce dont il espérait et aspirait. Même si cette fillette n’était pas issue de son mariage, elle n’en demeurait pas moins sa fille. Néanmoins, son existence devait rester secrète, pour le bien de la famille. Si le Roi venait à avoir vent de cela, nul ne savait ce qui adviendrait par la suite. Andar prenait de grands risques mais pour son frère, il y était prêt. Il méritait de savoir, méritait de connaître son enfant qu’il avait tant attendu et que Rhaenys lui avait arraché. Il méritait de savoir qu’il n’avait pas tout perdu.
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Robar & @Andar Royce
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La tension entre les deux frères était palpable et bien qu'Andar n'ait fait preuve d'aucune forme d'agressivité, la colère qui se lisait dans le regard de Robar valait pour deux. Epuisé par son voyage, angoissé par l'inconnu de la bataille, les soudains remords de son frère, et les sous-entendu qu'il ne comprenait qu'à moitié, avait raison du peu de calme qu'il conservait encore. Le froid lui montait à la tête, l'incertitude d'un lendemain qui n'existerait peut être pas le rendait fou. Il n'avait pas eut cette étincelle depuis l'annonce de Rhaenys, depuis que son deuil, jusqu'alors imputé aux dieux, avait trouvé une coupable. Dès lors, il s'était endormi dans une espèce de lassitude d'où il ne parvenait à sortir. Si revoir Rhaenys aux portes de la Lune avait raviver son être, il n'était que l'ombre de lui même depuis la mort de leur enfant: il se cachait, fuyait, évitait tout ce qui pouvait lui rappeler la période bénie de son célibat, ou celle, maudite, de son mariage. Froideseaux n'était pas une destinations prise au hasard ... Loin de tout, dans le froid et l'hiver, Robar avait espéré y réparer son égo blessé, son coeur meurtri. Il n'avait jamais aimé son épouse, mais l'idée d'être père l'avait empli de joie et cet espoir envolé avait emmené avec lui toute la partie vivante de son être. Il ne restait plus qu'une carapace, docile et terne, visage montré au monde. Pourtant, à ce moment, il se sentait redevenir lui même. Pas la meilleure partie, il se devait de l'avouer, mais il se sentait enfin réveillé. Robar adorait son frère. Depuis le plus jeune âge il avait voulu lui ressembler sans toutefois envier son statut de futur seigneur. Il aimait la liberté que son rôle de second lui offrait tout en aimait porter les couleurs de sa maison. Il n'y avait jamais eut de vraies disputes entre eux. Bien sur, il y avait eut des chamaillerie d'enfant, avant qu'Andar ne parte pour Vivesaigues, puis les remontrances d'un frère inquiet pour son aîné, lorsqu'il en était revenu brisé par la guerre ou le rappel à l'ordre du plus âgé sur les frasques du plus jeune. Rien de méchant. Robar avait toujours voulu être le soutien dont Andar pourrait voir besoin: le bras armé défendant sa vie, l'épée qui appliquait sa justice. Il se doutait que cette complémentarité devait avoir poussé Waymar à partir: dans le duo des aînés Royce, quelle était sa place ? Pourtant, à cet instant, Robar eut envie de frapper son frère. De le secouer pour lui remettre les idées en place. Et pourtant, ses idées, Andar assurait qu'elles étaient claires, limpides.
Robar le relâchant, s'éloignant légèrement avec un regard impérieux qui exigeait des réponses. Sa mine, d'ordinaire joviale, affichait à présent un regard neutre, un air fermé. A cet instant plus que jamais, il ressemblait à sa grand-mère, Lady Anya, dont le visage strict avait hanté les rêves des garçons Royce lorsque, dans leurs jeunes années, ils se rendaient parfois à Chênes-en-Fer avec leur mère. Un sourcil se leva à la mention de Maddy. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec elle en ce moment ? S'interrogea le chevalier qui notait qu'Andar et Ysilla avaient tous deux longuement éviter le sujet avant de la lui mettre dans les pattes depuis son retour de Froideseaux. Maddy et le mystère qui entourait son départ, son absence et son retour, Maddy qu'il n'avait cessé de manquer avant de finalement la voir aux portes de la Lune, première surprise d'une longue série. Il eut de mal à retenir la surprise de se manifester, en entendant que Maddy n'était pas revenue seule. Etait-ce pour cela qu'elle n'avait pas voulu le croiser auparavant, fuyant vers Rougefort alors qu'il revenait à Roches-aux-Runes ? Il peinait à imaginer la jeune femme avec un enfant et ne réagit pas immédiatement, laissant Andar ajouter que la petite n'était pas du mari, disparu, que la rousse avait eut il y avait plusieurs années. « Bien sur que non ... Elle l'aurait jamais laissé seule sur l'ile. Et puis c'est parce que son fils et son mari étaient morts et qu'elle n'avait plus d'attache qu'elle est revenue ... » dit-il avant de saisir ce que cela pouvait impliquer. Maddy. Revenue à Roches-aux-Runes avec une enfant qui était trop jeune pour avoir appartenue à sa vie de femme mariée. Il ressentie une légère colère: alors c'était pour ça qu'elle était partie ? Elle s'était trouvé un autre gars et avait été refaire sa vie ? CEla expliquerait la gêne qui s'était installée lorsqu'il l'avait croisé dans le Val quelques lunes auparavant. Qu'était-il donc ? Un bouche trou ? Une passade ? Lui qui avait tant culpabiliser de la voir partir tandis qu'il se retrouvait enchainer à Rhaenys ! Contre toute attente, il ne s'était sans doute pas attendue à la conclusion d'Andar. Ses yeux, qui fixaient le sol avec une intensité rare, repassant en boucle les dernières semaines de leurs relations, le départ de la rousse et l'entrée de Rhaenys dans sa vie, broyant du noir sur cette histoire d'enfant qu'elle avait eut avec le premier péquin venu ne s'était certainement pas attendu à être le péquin en question. Il demeura ainsi, interdit, secoué par la puissance de la nouvelle, incapable de dire un mot. Est-ce que tout cela était vrai ? Avait-il vraiment eut un enfant bien que celui ci ne soit pas le fruit de son mariage avec Rhaenys ? Pourquoi le lui avait-on caché ? Qui savait ? Ses pieds, qui avaient reculé comme bousculé par le choc de la révélation d'Andar, retrouvèrent leur stabilité et Robar risqua un regard vers son frère, cherchant dans son visage la trace d'une quelconque plaisanterie. « Si c'est une blague, elle n'est vraiment pas drôle ... » dit-il, incapable de penser que Maddy ait pu lui cacher l'existence d'un enfant né de leur liaison. Ils avaient prit leur précaution, cela lui semblait impossible qu'une telle chose ait pu arriver.
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Depuis toujours, Robar et Andar formait un duo assez complémentaire. Très tôt d’ailleurs, ils étaient devenus inséparables, ce qui rendait la tâche à Waymar bien difficile de s’immiscer entre eux. Peut-être que oui, était-il parti pour la Garde de la nuit car il ne parvenait pas à trouver sa place entre eux. Ou était-ce simplement parce qu’aucune responsabilité ne l’attendrait jamais en tant que le petit dernier. Son départ fut un crève-cœur pour tous, mais un mal nécessaire certainement. Aujourd’hui, le seigneur de Roches-aux-Runes regrettait cette absence mais s’y était acclimaté. Mais concernant le chevalier Rouge, il ne savait comment il aurait pu vivre sans. Le petit blondinet fut présent lors des pires moments de son existence. Lors de son alcoolémie, il l’avait soutenu, très souvent chaperonné pour le ramener en un seul morceau. L’ainé des Royce avait alors montré le pire à son jeune frère qui l’admirait tant. Une admiration loin d’être à sens unique. Il aurait apprécié jouir de sa liberté, de ne pas avoir de telles responsabilités qu’étaient les siennes en tant que seigneur, mais jamais il n’enviait sa place. Et depuis ce jour, il avait alors compris que son frère serait toujours là, à ses côtés pour le soutenir, même dans les pires situations. Il se remémorait parfaitement ses remontrances quand il le voyait boire jusqu’au petit matin. Impuissant, il avait assisté à sa chute, au retour de cet enfant brisé de Vivesaigues. Et si aujourd’hui, il avait définitivement tourné le dos à ses démons, c’était en parti grâce à lui. Et à contrario, il tentait tant que bien mal d’être là, encore plus depuis la mort de son enfant. Il ne connaissait que trop bien la souffrance ressentie lorsque l’on perdait un fils. Lui vivait avec depuis que son premier né fut accueilli par l’Etranger, injustement. Son cœur meurtri compatissait à la souffrance que Robar ressentait. Et à présent, ne pas lui avouer l’existence de Rosen devenait impensable. Lui qui espérait tant avoir une descendance, malgré le fait que celle-ci soit illégitime, elle n’en demeurait pas moins de son sang. Voilà bien longtemps qu’il se flagellait mentalement de tout ce qui avait pu advenir à son jeune frère. Cette culpabilité n’avait cessé de le ronger depuis son retour du sac de Port-Réal. Il avait failli à son rôle d’aîné en se montrant incapable de résister à l’appel de la boisson et de la déchéance. Depuis lors, il ne désirait qu’une chose : se racheter. Evidemment, jamais Robar n’avait montré une quelconque rancœur à son égard concernant ce triste épisode de sa vie. Il lui avait pardonné depuis longtemps. Mais Andar ne parvenait pas à se pardonner lui-même. La quête de rédemption prendrait du temps et ce soir, à l’aube d’une bataille probablement mortelle, ses démons venaient de nouveau le hanter. Se faire secouer par le chevalier ne manqua pas de le faire réagir, retourner sur terre, loin des élucubrations futiles dont il était victime. Le long voyage n’avait pas non plus arrangé tout cela, il avait eu des jours et des jours pour ruminer. Voilà bien longtemps que le chevalier du Val n’avait démontré une telle véhémence. Peut-être était-ce le voyage, le froid qui le rendait aussi colérique, le faisant sortir de son état de lassitude permanent dans lequel il s’était enfermé. Les opales du seigneur ne manquèrent pas de s’ouvrir grandement lorsque ses mains l’avaient agrippé. Durant une seconde, il crut que ce dernier allait laisser parler son poing pour le remettre sur le droit chemin. Mais, il le relâcha lorsque les explications tombèrent et la vérité. Loin d’être diplomate, il n’usa pas de la langue de bois pour avouer l’existence de la fillette. Désormais, Robar se mura dans un long silence, le temps probablement de comprendre tout cela. Il s’approcha en le voyant reculer et perdre l’équilibre, choqué par la nouvelle dite aussi abruptement. Il ne s’y attendait pas, tout comme lui lorsque Maddy lui avait avoué. Pourtant, elle ne pouvait se tromper et il était vrai que la fillette avait quelques ressemblances. Les mêmes cheveux blonds, le même air mutin, et surtout, bien trop jeune pour être née de son mariage. Tant de coïncidences qui ne laissaient guère place au doute. Pourtant, son frère n’y croyait pas. Arquant un sourcil, le seigneur fut quelque peu agacé. Plaisanter ici et sur un tel sujet ne lui ressemblait pas. Il ne pouvait que le comprendre car tout cela paraissait fou. « Robar. Penses-tu réellement que je plaisanterais sur un tel sujet ? » Disait-il en soupirant avant de fermer les yeux, glissant sa main sur son visage, puis ses cheveux bouclés. « Je n’aurais pas dû te le dire mais tu méritais de le savoir car qui sait ce qui adviendra demain... » Peu assuré, il secouait la tête, comme pour balayer ses craintes. Non. Il devait rester positif, demain, ils survivraient à cette bataille. Elle ne sera pas leur dernière. Puis, il posait ses mains sur les épaules du blond dont la mine habituellement joviale s’en était allée. Une façon de lui transmettre un peu de son courage. « Tu as intérêt à survivre, Maddy t’attend. » Il l’avait dit d’un ton ferme et déterminé ne laissant guère place au choix. C’était un ordre, une obligation, Maddy et lui devaient avoir une discussion pour éclaircir la situation, leur situation. Andar savait que cette information devait rester secrète, mais pour son frère, il prenait le risque. Au diable les mensonges et non-dits, il ne les supportait plus.
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Robar & @Andar Royce
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Sa tête tournait. Ses oreilles bourdonnaient. C'était au delà de ce qu'il aurait pu penser: le choc émotionnel était d'une violence insoupçonnée mais Robar n'aurait pu dire ce qui était le plus en cause. Une part de lui ne parvenait à croire ce qu'Andar venait de lui révéler tandis qu'une autre ressentait son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine. Une fille. Il avait une fille. Il se souvenait parfaitement du sentiment qui l'avait étreint quand Rhaenys lui avait annoncé attendre un enfant. Bien qu'ils ne partagèrent nul sentiment ou affection quelconque, elle n'était plus que son épouse, elle était la mère de son enfant à venir et en cela, Robar s'était légèrement adoucie. Cela n'avait pas changer les sentiment qu'il avait pour elle: Rhaenys Targaryen avait un don inné pour susciter son agacement et le mettre hors de lui, mais à présent, quelque chose les liait. Du moins, cela avait été le cas pendant plus de 8 lunes. Face à son gros ventre, Robar ne pouvait ressentir de colère. Face à ce fils qu'il attendait tant, il s'était mis à changer. Il demeurait toujours l'éternel Robar amoureux de sa liberté, l'oeillade facile envers les courbes féminine, mais il s'était mis à espérer. Espérer qu'un jour elle lui inspire autre chose qu'une envie de l'étrangler dès qu'elle ouvrirait la bouche. Espérer qu'ils trouvent en cet enfant, un terrain d'entente. C'était leur enfant. Son enfant. Et elle lui avait retiré. Alors tout, s'était effondré. Il n'imaginait pas avoir ce genre de nouvelle un jour: maintenant que ses relations avec son épouse étaient ce qu'elles étaient, il était inenvisageable qu'un jour, ils connaissent ce bonheur. Bien qu'elle se montre assez optimiste sur le fait qu'ils regagnent un jour leur liberté et se débarrasse l'un de l'autre, il ne parvenait à penser à autre chose qu'au déchirement ressenti ce jour là. Lorsqu'elle l'avait perdu. Lorsqu'elle avait fait sa confession. « Mais ... Mais ... C'est pas possible ! Comment s'est possible ? Hein ? Comment s'est POSSIBLE ?! » Il perdait pied.
Alors s'enchainèrent, dans son esprit, les souvenirs d'Elle. Maddy. Sa chevelure rousse et bouclées dans laquelle se reflétait le soleil matinal de sa chambre. Son rire chantant tandis qu'il la gardait contre lui alors même qu'elle rajustait sa robe, le comparant au petit garçon qu'elle avait connu par le passé. Sa main, dans la sienne, tandis qu'il souffrait du départ de Waymar pour le Mur ou du corbeaux funeste annonçant la mort de son père. Elle avait été tant de choses ... L'amie, la confidente, la maitresse, la disparue. Comment était-ce possible ? N'avaient-ils pas prit toutes leurs précautions ? Comment avait-elle pu lui faire ça ? Lui cacher la vérité aussi longtemps ? Tandis qu'Andar lui imposait de survivre, la colère de Robar reprit de plus belle. Et lui ? Comment avait-il pu le lui cacher aussi longtemps ? Il entendit son nom, appelé au loin par une voix familière. Sans doute Roland ou Donnel. Sans un mot, Robar tourna les talons, se décidant à retourner auprès du feu, de l'insouciance et de ses frères d'armes. Il lança un dernier regard en arrière, vers son frère. Un regard glacial se dessina sur le visage pâle du chevalier dont l'armure rouge ne parvenait à cacher la torpeur. « Toi aussi, tu as intérêt à survivre. Nous n'en avons pas finis tous les deux. » annonça-t-il sans plus de cérémonie. Il ne fallait pas qu'il pense à ça avant la bataille. Il devait s'ôter de l'esprit Rhaenys et leur fils perdu, Maddy et cette soit disant enfant qui l'attendait à Roches-aux-Runes. Il devait reprendre conscience de l'instant présent et ne penser à rien. Mais il était Robar Royce.
Et les Royce se souviennent.
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