Du Soleil à la Vipère

Du Soleil à la Vipère

Port-Réal, Terres de la Couronne. An 302, lune 11, semaine 4.

Ellaria, mon Soleil,

Que les journées, autant que les nuits, sont longues si loin de toi, mon amour, et si loin de nos filles. Je pense bien évidemment à vous tous les jours. Je suis si ravi d’avoir de tes nouvelles. J’en ai bien besoin en ce moment. Depuis mon retour, je n’ai pas une minute à moi. Qu’il est bon de lire tes mots, ma douce amante. Qu’il est bon de voir le prénom de mes filles toutes mentionnées. Cela me réchauffe le cœur. J’espère qu’elles sont toutes gentilles avec toi malgré la situation bien difficile et mon absence. Je compte sur Obara pour assurer encore plus ta protection mais nul doute que la rumeur s’estompera, comme je te l’ai dit. D’autant qu’avec les nouvelles qui vont arriver du Nord, ils n’auront que faire de cette histoire. J’ose l’espérer du moins. Je ne remercierai jamais assez mon frère, malgré nos récents différends, de t’apporter soutien et protection.

Je suis si heureux de lire cette proposition concernant Sarella. Ainsi dont, c’était cela dont vous parliez le jour du mariage. Petite cachotière. Quoiqu’il en soit, tu as entièrement raison, il n’y a pas meilleure préceptrice que notre fille, cela va de soi. Son instruction, qui désormais dépasse celle que je lui ai fourni, sa discipline et ses connaissances seront un réel atout pour Dorea et Loreza, je n’en doute aucunement. Bien que la décision semble avoir déjà été prise, vous avez bien évidemment ma bénédiction et j’ai déjà hâte de voir le résultat que cela donnera. Tu mentionnes dans ta lettre, mon aimée, une autre proposition. Je me languis de savoir ce que tu as en tête concernant nos deux petits soleils. J’espère avoir une réponse bientôt, dans ta prochaine lettre ?

Nous y voilà, ma douce. Après tes nouvelles rafraichissantes, je vais devoir me plonger dans celles que je dois t’apporter. Autant rentrer directement dans le vif du sujet. Je n’ai pas de bonnes nouvelles à t’annoncer. Encore moins après la réunion du Conseil de la semaine passée. Tu as dû avoir un avant-goût de ce qu’il se passait au travers de la lettre de Sa Majesté pour Doran. C’est la guerre dans le Nord et j’ai bien peur que cette guerre ait de lourdes conséquences dans un futur proche. Le Mur s’est effondré, la Garde de Nuit ne peut plus protéger Westeros. L’ennemi qui avance vers les troupes montées au Nord trouve son origine dans les légendes et mythes que peu de gens peuvent connaître. Je t’épargne quelques détails mais cette guerre aura comme issu notre survie ou notre mort. Autant en être conscient dès maintenant. Mais rassure-toi, mon amour, les armées de l’Ouest, du Conflans, du Val et celles du Roi sont parties prêter mains fortes aux armées du Nord. Nul doute qu’ils vaincront cet ennemi mystique. Voilà les nouvelles, peu réjouissantes, de Port-Réal, entre autres choses. Le roi est parti aujourd’hui-même pour le Nord, voilà pourquoi j’ai pris le temps de t’écrire ses mots. Malgré cette situation bien compliquée, je me dois de demeurer à la capitale. Je sais qu’en lisant ses mots, notamment sur la guerre qui fait rage au Nord, tu voudrais que je rentre mais cela m’est impossible. On a besoin de moi ici comme tu t’en doutes. Que dit Doran à propos de tout ça ? J’ai eu vent de son retour à la lettre du Roi… Déjà que sa santé semble vaciller, autant te dire que la décision de Doran n’a pas aidé… Je ne sais pas quoi penser de tout cela, les jours défilent si vite.

J’espère avoir des nouvelles de toi bientôt. Et je m’engage à t’en donner plus régulièrement.

Mes pensées sont constamment tournées vers toi. Mon cœur t’appartient à jamais. Je t’aime, mon Soleil.

Du Soleil à la Vipère

Port-Réal, Terres de la Couronne. An 302, lune 12, semaine 1.

Ma douce Ellaria,

Tu as bien fait d’épargner nos plus jeunes filles des nouvelles que je t’ai apporté précédemment. La guerre, les Marcheurs Blancs, la fin potentielle de notre monde. Elles n’ont pas besoin de ça. Qu’elles demeurent encore insouciantes et innocentes. Je pourrais leur écrire une lettre jointe à celle que j’écris pour toi la prochaine fois, si elles le désirent. Mon absence auprès d’elles commence à se faire longue et j’ai tant de choses que je voudrais leur dire. Elles me manquent et je pense à elle chaque jour tout comme tu me manques et je pense à toi chaque jour.

Tu as raison concernant Rhaenys, elle n’est pas partie à Peyredragon avec la reine mais demeure ici, à Port-Réal. Elle va bien, du moins elle fait mine d’aller bien mais comme nous tous dans ce contexte bien particulier, il est difficile de réellement aller bien. À la suite de notre conversation, il y a quelques semaines, j’ai pris l’initiative d’aller à sa rencontre quelques jours après mon retour. Cette année ne nous a guère laissé l’occasion de parler elle et moi, notamment depuis les révélations qu’elle fit lors de la première lune… Encore une fois, tu avais raison mon amour. Malgré ce qu’il s’est passé, je ne pouvais pas ne plus lui parler indéfiniment. Elle demeure ma nièce, la fille d’Elia. Si tu la voyais, mon amour. Elle est comme sa mère. Rhaenys demeure forte, consciente de son rôle, de son rang. Elle est prête à protéger Port-Réal. Elia serait si fière d’elle. Pour ce qui est de lui écrire, je te conseille en effet d’attendre un peu mais je peux te proposer une alternative. Pourquoi pas écrire à Rhaenys comme tu le désires et glisser tes mots avec ceux que tu m’envoies ? Je lui ferai parvenir, si tu le désires.

Je sais bien que vous voulez toutes et tous me voir revenir à Lancehélion. Moi le premier, je ne désire que te rejoindre, revenir auprès de nos filles, retrouver ma vie d’avant, chez moi, chez nous. Malheureusement, comme je te le disais dans ma précédente lettre, je ne peux pas fuir mes responsabilités. Je suis membre du Conseil Restreint et maître des Lois en plus de représenter Dorne auprès du Roi. Je ne peux pas fuir cela. On a besoin de moi ici et j’imagine de Jon ne me laisserait aucunement partir. De plus, je ne me vois pas quitter la capitale en laissant Rhaenys. Je dois rester ici pour elle également même si elle n’a guère besoin de la protection de son vieil oncle. Mais ne t’inquiète pas, mon amour, tout va bien. Je fais en sorte d’aller bien, pour toi, pour les filles. Je t’enverrai régulièrement de mes nouvelles, je m’y suis engagé et je tiendrai promesse tout comme je te fais la promesse de faire attention à ce que je fais et ce que je dis.

Je ne peux que te rejoindre sur ta crainte du roi. Je dois avouer que son état m’inquiète de plus en plus et il ne fait aucun doute que la guerre qui l’attend dans le Nord le changera. J’appréhende déjà son retour parmi nous et surtout les potentielles décisions qu’il risque de prendre face au refus de Doran. Je ne cesse de tourner cela dans ma tête et plus j’y réfléchis, plus je trouve que la décision de Doran n’est clairement pas la bonne. Voilà pourquoi il est préférable que je demeure ici. Au retour du roi, quelque soit son état, il faudra que je lui montre que malgré cette décision d’inaction, Dorne demeure un allié. Doran a-t-il seulement songé aux conséquences d’une telle décision ? J’ose espérer que Rhaegar ne soit pas encore fou comme son père au point de déclencher une guerre contre Dorne. Ce serait plus que regrettable. Si Doran avait vraiment peur pour moi, il n’aurait pas décidé cela… Néanmoins, je me joins à tes mots et espérons que le roi se montre clément et miséricordieux. Dans ce genre de situation, mon amour, je préfère te savoir optimiste que pessimiste. Cela me donne la force d’y croire et de continuer à faire ce que je fais pour Dorne, pour nous, pour toi.

Je suis ravi de lire que nos deux petites soient ravies. Sarella sera une parfaite préceptrice. Tes mots doux concernant nos filles me réchauffent le cœur en cette période de troubles et d’inquiétudes qui tend à me miner par moment. Je pris bien le temps de lire entièrement ta lettre avant de me laisser aller à des conclusions hâtives. S’il était arrivé malheur à ma petite Loreza, je ne me le serai jamais pardonné. Que les Sept soient remerciés qu’ils aient mis sur ton chemin et celui de notre fille adorée Boadicée. Je ne peux que valider ton idée de l’avoir à tes côtés. J’écrirai dès que possible à lord Ryon pour lui faire part de ce projet. Ton attention envers mes aînées me touche à chaque fois. Tu es comme une mère pour elles et elles t’aiment tellement. Tu fais beaucoup pour elle et maintenant qu’elles deviennent femmes, tu les accompagnes toujours. Embrasse-les toutes pour moi, transmets-leur tout mon amour. Cela me fait penser à notre Elia… Comment va-t-elle ? M’en veut-elle toujours d’être reparti voire même d’être à la capitale depuis toutes ces années ? J’espère qu’elle ne te donne pas trop de fil à retordre depuis que tu es revenue à Lancehélion, du moins, je n’ai pas eu l’impression qu’elle ait changé quand j’étais là, près de vous il y a quelques semaines. Parle-moi de toi également, mon soleil. J’espère que tu te portes bien malgré tout ce que j’ai pu te dire ou ne serait-ce que cette rumeur qui te poursuis. Je peux sentir dans tes lettres ton inquiétude, tes doutes et ta peur. Je partage tes ressentis mais sache qu’il faut garder espoir. Garde ton optimiste et ta foi. Tes lettres me sont chères, je les garde précieusement.

Mon cœur t’appartient à jamais. Je t’aime mon Soleil.

Du Soleil à la Vipère

Port-Réal, Terres de la Couronne. An 302, lune 12, semaine 4, jour 5.

Ma douce Ellaria,

Cela fait seulement deux lunes que je vous ai quitté les filles et toi mais cela me paraît être déjà une éternité. Les jours, ici, se ressemblent. Nous attendons des nouvelles du Nord. Nous attendons la victoire du Roi et son retour. Je pense qu’il va falloir se montrer patient selon les pertes subies, les dégâts causés par ces monstres. À Port-Réal, rien ne bouge, chacun sait ce qu’il doit faire. Je travaille beaucoup mais j’ai toujours hâte de recevoir tes lettres et prends toujours le temps de les lire et de t’écrire en retour. J’ai mis du temps à te répondre, cette fois, je m’en excuse mais je voulais glisser dans cet envoi un peu spécial des petits mots pour nos filles. J’espère qu’elles apprécieront. Elles me manquent. Tu me manques terriblement. Nous n’aurons jamais autant été séparés que cette année mais c’est un mal pour un bien. Vous savoir à Lancehélion en sécurité est tout ce qui m’importe le temps que les choses se calment… si elles se calment...

Pour Rhaenys, tu as une nouvelle fois raison, mon aimée. Elle est la dernière Targaryen présente. Il aurait été bien étrange de la voir partir avec la Reine. Il fallait un membre de la famille royale à Port-Réal. Dans ce contexte, cela était évident. Concernant son acte, bien que je ne puisse décemment pas te cacher que ma rancœur demeure, j’ai décidé de tourner cette page, ne plus y penser, plus maintenant. Son père et son frère sont sur le front. Comme tu le dis, je suis sa seule famille du côté de sa mère qui est à ses côtés. Puis… en voyant son visage, je ne peux cesser de penser à Elia. Elle lui ressemble tellement. Je ne peux pas ne plus lui parler et encore moins ne plus être là pour elle. Je l’aime. Elle me rattache au souvenir de ma sœur et cela me réchauffe tant le cœur, si tu savais… Je lui ai bien transmis tes mots, en main propre. Nul doute qu’elle n’hésitera pas à t’écrire en retour.

Je prendrai le temps d’écrire à Doran concernant cette décision. Il ne s’agirait pas de demeurer ignorant face au roi. J’appréhende déjà son retour. Sa santé est, je te le confirme, fragile depuis quelques temps. Si, jusqu’ici je n’avais pas à m’inquiéter de cela, avec la décision de Doran, il va falloir, si ce n’est pas déjà le cas, inconsciemment. Nous ne pouvons qu’espérer que mon frère sache ce qu’il fait car, je dois bien être honnête, je ne m’attendais pas à un tel choix. Connaissant Doran, il a probablement ses raisons mais je suis étonné qu’il ne m’en ait pas parlé en premier lieu. Quoiqu’il en soit, ne t’inquiète pas, mon amour, je saurai être prudent et avisé lorsque le roi reviendra. Si la guerre peut traumatiser, elle peut aussi faire ouvrir les yeux. Il ne serait dans l’intérêt de personne d’avoir une autre guerre si rapidement entre la Couronne et Dorne. Quant à Rhaenys, bien que je ne lui demanderai jamais de se mêler de ça, j’ose espérer que sa bonne influence sur Rhaegar se poursuive encore après son retour. Cela, seul l’avenir nous le dira. En tout cas, la nouvelle de son inaction semble faire petit à petit son chemin...

J’ai fait parvenir à lord Ryon la proposition de mettre Boadicée à notre service. Nul doute qu’il acceptera et dans les plus brefs délais. Nos deux familles sont en bonne entente malgré mes griefs passés avec la famille de son épouse… Mais je sais que lady Ynys et toi êtes amies. Cela ne devrait donc pas poser un problème.

Il ne fait aucun doute qu’à chacune de tes lettres, mon amour, je n’ai qu’une hâte : lire tes nouvelles, te savoir en sécurité, auprès de mes filles et des nôtres, que tu me racontes tes journées ensoleillées loin de moi là où les miennes sont plutôt longues et moroses. C’était une idée des plus ingénieuses concernant ma petite Sarella. On ne pouvait rêver mieux pour nos deux dernières. Tu étais déjà bien entourée, voilà que tu rajoutes à ton entourage deux femmes de choix : Boadicée Sand et Sarella Sand. Le bras armé et la culture. Je ne peux qu’être rassuré. Mes filles et toi êtes entre de bonnes mains. Malgré cela, tes mots concernant Tyerne ou encore Elia m’attristent et me font culpabiliser. Je sais qu’en repartant, par devoir et non par choix, j’allais les décevoir, qu’elles allaient croire que je les abandonnais de nouveau. Je pensais qu’Elia m’en voudrait moins après notre discussion le soir du mariage d’Arianne. Heureusement, vous semblez aller toutes bien et… c’est tout ce qui importe. Des jours meilleurs nous attendent et il me tarde de vous retrouver. Tu transmettras à ma chère Arianne toutes les bonnes pensées que j’ai pour elle. J’espère que les premières semaines suivant son mariage se passe bien. Quant à Talya, nous avons également commencé une correspondance en parallèle de la nôtre. Quel plaisir que de converser avec cette jeune femme ! Je la connais peu. Nous nous sommes rencontrés à Lestival, je ne sais pas si tu te souviens, et ne nous sommes retrouvés que lors de mon séjour. C’est une femme intelligente et très cultivée. Quentyn a de la chance, il n’aurait pu rêver mieux comme épouse.

Je vois que tu occupes bien tes journées. Tu m’en voies ravie. Concernant ton père et ton frère, pourquoi ne pas te rendre à Denfert quelques jours ? Cela te ferait probablement du bien de t’éloigner de Lancehélion. Je n’ai aucun doute sur le fait que le voyage peut se faire en toute sécurité si lord Harmen est désireux de voir sa fille, cela va de soi. Si tu as toujours des craintes concernant cette rumeur, je peux comprendre mais comme je t’ai dit, elle s’estompera. Puis, la guerre fait rage dans le Nord… Désolé de te le dire, mon Soleil, mais tu n’es probablement déjà plus le centre d’intérêt des gens. Sois rassurée, tu es toujours le mien et ce pour l’éternité. Comme tu le vois, j’arrive au bout du parchemin. De toute façon, il n’aurait jamais été grand pour tout ce que je veux te dire. Je m’en tiendrai donc à ces trois mots : Je t’aime.

Code by Sleepy

Du Soleil à la Vipère

The Return of the King – Part 1

Port-Réal, Terres de la Couronne. An 303, lune 1, semaine 4, jour 5.

Ma douce Ellaria,

Sache, mon aimée, que j’ai la même impression que toi, que je veux cette même sensation d’entendre nos voix parler et se répondre. Les semaines passent, la distance s’installe, le manque grandit. Cela devient de nouveau de plus en plus pénible de me lever dans un lit vide, d’effectuer ma journée au Conseil en sachant que je ne pourrai pas te retrouver, faire mes promenades matinales sans ta compagnie. Quatre lunes se sont passées depuis mon départ et il m’est difficile parfois de continuer sans toi. Je reste fort pour toi, pour les filles, pour Dorne. Ma place est ici, je le sais, je l’ai choisi et l’assume pleinement mais forcé de constater que ta présence à mes côtés est finalement plus essentielle que je ne l’aurai imaginé. Mais passons, mon amour. Je te sais en sécurité à Lancehélion et c’est tout ce qui compte. Je suis heureux de savoir que nos filles ont eu leurs petits mots. J’essaierai de répondre aux leurs rapidement. Tu remercieras nos deux petites étoiles pour le dessin. J’aimerai tant les revoir bientôt. Je ne sais pas ce qu’il va se passer pour cette nouvelle année mais nos vies vont changer. Plus rien ne sera comme avant cette bataille sans précédent qui s’est déroulée à Winterfell.

Tes calculs sont très bons, ma chérie. Le Roi et les quelques hommes qui l’accompagnaient sont rentrés cette semaine. Je dois dire que pour l’instant, le Conseil ne s’est pas réuni mais nul doute que cela va se faire très bientôt. Je pense qu’il faut quelques jours pour le roi et son entourage avant de reprendre vraiment les rênes du royaume. Cela ne sera jamais assez tard pour moi qui appréhende beaucoup, tu t’imagines bien. Mais sois rassurée, mon Soleil. Je fais très attention. Je reste prudent avec le Roi. Je le sais fragile, surtout après ce qu’il a dû subir et voir durant la guerre. Je te fais la promesse de laisser ma fougue de côté. L’heure n’est plus à la confrontation avec lui mais bien à la discussion. Il ne faudrait pas que cela me porte défaut. Je veux que Dorne et la Couronne se rapprochent. Je veux que notre belle principauté soit en paix, sans tension. Je sais mon frère sage et avisé mais son inaction aura des conséquences. J’ose espérer qu’il en est conscient. De plus… je ne sais pas si la nouvelle est parvenue jusqu’à vous mais Viserys est de retour. Je ne sais pas ce que l’avenir va nous réserver mais si la menace d’au-delà du Mur a bel et bien été vaincue, les tensions internes vont très vite reprendre.

C’est un parchemin bien court que je te fais parvenir cette fois mais avec le retour du roi, je n’ai que très peu de temps à moi. Pleins de choses se préparent en vue du Conseil qui se tiendra bientôt comme je t’ai dit précédemment. Nous avons énormément de choses à voir maintenant qu’il est rentré. De plus, la Reine est en deuil. Elle a perdu son frère à la guerre. Son départ pour Castel-Farring se prépare également. C’est l’effervescence ici. Tout se bouscule encore plus qu’à la normale. Lancehélion doit être si calme à côté… Cela me manque... Ne t’inquiète pas. Je te raconterai tout de ce qu’il se sera dit entre le roi et moi. J’espère que les Sept seront à mes côtés dans les semaines à venir.

Je pense fort à toi, mon amour. Tu me manques terriblement et j’espère que l’on se retrouvera sous peu. Profite bien de ton temps dans ta famille si tu vas à Denfert. Ma seule préoccupation est que tu sois en sécurité ainsi que nos filles.

Je t’aime, mon Soleil,

HRP:

Du Soleil à la Vipère

The Last Letter

Port-Réal, Terres de la Couronne. An 303, lune 3, semaine 1.

Mon Amour,

Il y a tant de choses à te dire et pourtant si peu de temps… Tous tes mots dans ta dernière lettre sont vrais. Mon neveu le prince, par je ne sais quel procédé, a perdu la vie avant de se voir offrir une seconde chance. Tu connais comme moi les croyances de celles et ceux qui prient R’hllor. Pour autant, je le trouve changer mais il semble aller bien. Je dois t’avouer que je ne vois guère régulièrement mon neveu et ma nièce ces derniers jours. Je suis à la fois très occupé et préoccupé. Quant au retour de Viserys, si le retour en lui-même m’inquiète, désormais c’est la nouvelle décision de mon frère qui me met dans une situation plus que délicate. J’ai reçu une lettre de lui aujourd’hui même m’annonçant sa volonté de ne pas soutenir Sa Majesté contre son frère. Je ne peux que comprendre ses raisons mais je ne peux me résigner à les accepter. L’heure est plus grave que je ne pensais…

Avec cette décision et ce que cela va engendrer, je préfère renvoyer mon écuyer à Dorne. C’est à lui que je confierai cette lettre qu’il devra te remettre à son arrivée à Lancehélion.

Je reste. Oui, je sais déjà ce que tu vas penser de cette folie, mon amour mais j’ose espérer que je peux raisonner le roi mais également mon frère dans cette folie. Tourner le dos à la Couronne à une heure aussi grave c’est déclarer la guerre. Rhaegar prendra cela comme un affront ultime. Nous serons alors des traitres et si le roi l’emporte sur son frère, il se tournera alors vers nous, vers Dorne. Mon frère a-t-il seulement conscience de ce qu’il s’apprête à faire ? Ses conseillers lui servent-ils à quelque chose ? Plus les heures passent, plus je commence à douter de tout même de mes propres choix… Cela fait trois ans que je tente d’apaiser les tensions entre nos régions. En vain. Ai-je fait les bons choix, Ellaria ? Aurais-je du écouter mon frère, revenir à Lancehélion toutes les fois où il me l’avait conseillé ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.

En attendant, quand la nouvelle parviendra au roi, je devrai m’entretenir avec lui, tu t’en doutes bien. La situation est plus que compliquée et dangereuse mais je ne veux pas que tu t’inquiètes plus que de raison. Tu sais que je peux me sortir de situation délicate avec mon habileté orale. J’ose espérer que le roi saura faire preuve d’écouter et dans le pire des cas… de clémence. Si par malheur, ma vie devait se terminer ici, maintenant, loin de vous, sachez que jusqu’à mon dernier souffle, je n’aurai cessé de penser à vous. À toi, mon amour, mon essentiel, mon soleil éternel, celle qui peut se targuer d’avoir atteint le cœur de la Vipère Rouge. À mes filles, toutes autant qu’elles sont. Obara, ma digne héritière, aussi habile que moi avec une lance. Tyerne, mon rayon de soleil, aussi douée que moi avec les poisons. Sarella, mon joyau, aussi intelligente que moi. Et bien sûr, nos quatre perles. Elia. Obella. Dorea. Loreza. Je vous aime toutes si fort. Si malheur devait m’arriver, n’ayez aucune rancœur, aucune vengeance, rien de tout cela. La guerre fera déjà assez de mal comme cela.

Mon Ellaria. Je sais que ces mots vont être durs pour toi mais c’est un coup très risqué que j’entreprends. Une dernière fois, j’ignore un conseil de mon frère, aussi borné que je le suis, pensant que ce qu’il fait n’est pas juste bien que compréhensible. Je veux faire ce pour quoi je suis à Port-Réal depuis trois ans. Je ne peux pas laisser les tensions nous briser. Pour Elia… je ne peux pas… Si je dois mourir pour cela, alors soit, j’accepte ce destin. Si la nouvelle de ma mort arrive jusqu’à toi, alors tu sauras quoi faire. Des lettres se trouvent dans notre chambre, dans un coffre avec d’autres objets en tout genre, des choses que je garde depuis mes voyages à Essos ou bien les différents tournois auxquels j’ai participé. Tout ce qui se trouve dans ce coffre est pour toi, pour les filles. C’est en quelque sorte l’héritage que je laisse entre autres choses.

Je sais que ma lettre a un ton des plus pessimiste mais je veux vous préparer à toutes les éventualités possibles. J’ose néanmoins, au fond de moi, espérer que le roi ne soit pas comme son père et que malgré mon ultime tentative de réconciliation, il me laisse la vie sauve. Les prochains jours risquent d’être décisifs autant pour Dorne que pour moi.

Mes derniers mots, je les réserve donc pour toi. Voilà près de vingt ans que toi et moi, nous vivons un amour infaillible et indestructible. Ce seront les plus belles années de ma vie, celles passées à tes côtés. Mon Soleil, mon amour, ma reine d’amour et de beauté, mon essentiel. Tu as fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. Je t’aime du plus profond de mon être. Tu as conquis et possède mon cœur à tout jamais.

Puissent les Dieux, quels qu’ils soient, me permettre de m’en retourner auprès de toi, auprès de mes filles.

Je t’aime, aujourd’hui et à jamais,