Entre Salvemer et Castel-Bois | Marianne & Myrielle

Fait à Salvemer, en la semaine 4 de la lune 9 de l'an 302.

j'espère que cette missive vous trouve, ainsi que votre fille, en excellente forme. Dans la dernière missive que j'ai reçu de lui, votre époux m'a laissée entendre quelle épreuve fut votre délivrance et combien vous fûtes courageuse dans vos efforts. La Mère vous a accompagnées avec toute sa bienveillance et je prie pour que cela dure. Nous n'avons guère eu l'occasion d'échanger toutes les deux, mais Lucas m'a si souvent parlé de vous que votre famille m'est chère et je suis heureuse de la savoir bénie d'une si charmante petite personne dont j'espère pouvoir faire la rencontre aussitôt que mon devoir pourra me voir quelque peu éloignée de Salvemer .
En effet, comme vous le savez peut-être, mon époux fait partie des volontaires ayant répondu à l'appel de notre suzerain et du Nord. Même si mon désir d'épouse aurait souhaité le voir rester à mes côtés, nous connaissons toutes le prix de l'honneur. En attendant son retour, c'est à moi qu'incombe la gestion de son domaine et de ses gens, une responsabilité bien grande qui m'empêche donc de voyager pour le moment.

Aussi, vous trouverez avec ces mots un présent de bienvenue adressé à votre fille. Vous n'êtes pas sans ignorer qu'à Salvemer, nous ne manquons pas de coquillages... J'ai fait réaliser une suspension mobile de nacre et de perles que vous pourrez accrocher au dessus du berceau de la petite Tysha. Mes dames m'ont assuré que le mouvement de ces formes, le jeu des couleurs à la lumière ainsi que leur tintinnabulement lorsqu'elles s'entrechoquent exerçaient un pouvoir de fascination sur les yeux des tout-petits et faisaient des miracles pour les endormir... Je vous laisse donc vérifier cette assertion!

Soyez assurée de toute ma considération, je vous prie de transmettre mes amitiés à Lucas et bien de la tendresse à votre petite Tysha. Puissent les Sept veiller sur votre foyer.

Fait à Corneilla, en la semaine 1 de la lune 10 de l'an 302.



Sachez que votre missive ainsi que le présent qui l’accompagnait ont touché nos cœurs. Nos pensées vous sont redevables et j’espère bien interpréter les sentiments aussi bien de Lucas que ceux de notre fille pour vous témoigner d’une gratitude profonde et sincère vous concernant.

Aussi trouvez en mes mots une gratitude certaine quant à cette épreuve devant laquelle notre petite Tysha a su déjà faire preuve de bravoure. La Mère nous a comblé de par sa bonne santé ainsi que la superbe suivant laquelle elle ne cesse de nous émerveiller mon époux et moi. J’ose à croire et vous souhaite de connaître la même bonté. Tant la douleur n’est devenue qu’un souvenir lointain dès que j’eu la chance de pouvoir la tenir dans mes bras. J’attends déjà notre prochaine rencontre avec impatience et prie les Sept et les Anciens Dieux pour nous rapprocher du Printemps sans délai.

Mes pensées ainsi que mes encouragements vous accompagnent pour cette épreuve à venir. Heureusement, le Conflans compte des soutiens infaillibles tels que la famille Mallister pour défendre la plus noble des causes qu’est la paix. Hélas, nos rôles d’épouses nous incombent d’accepter un tel devoir de nos aimés aussi je joindrai mes prières aux votres pour assurer un retour sain et sauf de celui que vous chérissait. Quant à vos responsabilités, sachez que Salvemer ne peut espérer meilleure gestion que la vôtre en ces temps difficiles. J’ose à croire que votre courage et votre détermination sauront prouver à votre peuple combien vous comptez sur eux pour ainsi leur offrir un meilleur présent.

Quoi qu’il en soit, si certains doutes venaient à vous troubler en cette sombre période sachez que vous trouverez écoute et conseils en ma personne.

Votre présent est une véritable merveille. Sa confection si élaborée renvoie à des rêveries, qui, j’en suis certaine accompagneront de beaux songes, les sommeils de notre douce Tysha. J’ai grand hâte de le lui installer dès que nous nous trouverons à Castel-Bois de manière à la voir s’émerveiller comme vous me le décrivez.

Vos amitiés concernant mon époux lui ont été transmise et je me joins à lui pour vous transmettre les nôtres à mon tour. Tysha, malgré son innocence, vous transmet à son tour énormément de tendresse fidèle à celle d’un nourrisson de son âge. Puissent les Sept veiller également sur votre bonté ainsi que votre foyer.

Fait à Salvemer, en la semaine 3 de la lune 11 de l'an 302.

j'espère que cette nouvelle lettre vous trouve en excellente santé ainsi que les vôtres.  Notre volière a reçu comme toutes celles du Conflans l'annonce de la levée du ban par notre suzerain. Je n'osais croire que le cours des événements nous conduirait jusque là. Toutes mes pensées vous sont adressées, ainsi qu'à Lucas bien entendu. Si cette missive vous parvient avant son départ, assurez-le, je vous prie, de ma plus vive amitié. Je sais, pour en avoir été le témoin, le courage qui est le sien et toute la force de son âme. Je sais que ses pas et ses gestes seront guidés par l'espoir et le désir de vous revoir et qu'il n'aura de cesse de poursuivre ce but, quoiqu'il se dresse entre lui et vous.

Comme nous tous, j'aurais souhaité que les circonstances n'exigent pas une mesure aussi radicale... Soyez assurée de trouver en ma personne tout le soutien et l'amitié dont vous pourriez avoir besoin en ces temps difficiles. Les hommes se soutiennent au combat, nous avons également les nôtres, bien qu'ils n'appellent ni périls, ni aucune gloire. Et il me semble que les épouses devraient -pour cela du moins- prendre leurs maris en exemple. Face à cette menace qui se dresse au Nord, nous ne pouvons guère opposer que l'union.

Je crois que nous aurons beaucoup à apprendre de ces épreuves qui nous attendent, sur l'attachement que nous portons à ceux qui nous sont chers, sur nos propres ressources aussi et nos capacités à y faire face. Je me souviens que ma mère disait souvent que la peur était semblable à une bête sauvage, qu'il fallait regarder droit dans les yeux pour la dompter, quand bien même tout notre corps ou notre instinct nous dicte la fuite. C'est ce que tout Westeros fait à présent, sur le front du Nord ou bien dans ses fiefs. Je mentirais si je vous disais que Salvemer ne fut pour moi qu'un havre de paix depuis que j'y vis, et ces responsabilités - dont vous me faisiez l'honneur dans votre précédente lettre de me croire tout à fait capable de remplir- m'ont terrifiée. Le mot n'est pas trop fort, je crois, et à vous, au moins, je peux le confesser. Mais il me semble que cette charge, aussi soudaine que lourde, aura au moins eût ce mérite de me la faire aimer un peu.

Je songe que votre fille vous sera une alliée des plus précieuses dans les semaines ou les lunes à venir. Elle est la promesse d'un avenir que nous lui devons radieux. A un âge où chaque jour semble compter pour des années. Je vous en prie, donnez moi de ses nouvelles, le monde semble tellement moins sombre dans les yeux d'un tout-petit et je crois que nous aurions tous bien besoin d'un peu d'innocence pure pour traverser cette épreuve. Que les Sept vous bénissent.

Fait à Corneilla, en la semaine 1 de la lune 12 de l'an 302.



Votre considération est une fleur que l’on désire préserver de la moindre atteinte. Sachez que cette dernière est chérie dans une amitié sincère. La santé de chacun de nos pairs est saine et sauve malheureusement l’inquiétude face à la menace à venir est omniprésente et grandie de jour en jour. Vos pensées nous accompagnent et nous témoignent d’une bienveillance que nous accueillons avec la plus grande des gratitudes. Sachez que ce même soutien vous ai également transmis en retour aussi bien en ma personne qu’en celle de mon époux. Cela ne fait seulement que deux jours qu’ils sont partis et déjà l’absence me saisit. Vos paroles me sont d’un profond soutien et anime un peu plus mon espoir quant à son retour prochain. Je tiens également à vous témoigner de cette même œuvre à votre égard. Ser Patrek a toujours su briller par son courage et sa détermination, je n’ai nul doute le concernant quant à sa bravoure et sa témérité pour vous revenir sauf et vainqueur.

Il est vrai que nos positions en tant que femme nous contraignent à ne pas participer à de telles horreurs, néanmoins nos soutiens sont infaillibles pour accompagner nos époux vers cette brave quête qu’est la survie de nos pairs. Mes intentions à votre égard vous seront toujours dévouées dans la mesure où mes capacités vous porteront amitié, écoute et conseils dès lors que vous en requerrez. N’hésitez en aucun cas à vous confier à moi si vous en ressentez la nécessité. J’entends et accepte la main que vous me tendez et vous promets dans ce texte de parfaire notre union pour un plus beau retour de l’Espoir. Je vous en témoigne mes plus profonds remerciements.

Vos mots son justes. Nous nous devons d’apprendre de ce tourment pour mieux appréhender l’avenir. Votre mère disait également vrai, la peur est un fléau, l’inconnu lui est une angoisse l’y incitant. Aussi puissions nous prier pour nos hommes partis vers ce dernier et lui témoigner de notre courage par ce biais. Tous méritent nos reconnaissances et j’ose à croire qu’une victoire apportera un avenir de paix pour les siècles à venir. Nous en avons besoin.
Vos paroles sont entendues avec la plus sage des attentions. J’en conçois le degré des responsabilités qui vous incombent et vous réitère une fois encore les encouragements quant aux capacités que vous détenez pour mener au mieux cette instance. Sage est celui qui reconnaît ses craintes pour mieux les appréhender. Ainsi me prouvez-vous de votre bienséance et rigueur quant à un meilleur dans le rôle qui vous incombe. Que craignez-vous le plus ? Me voyez-vous rassurée de lire que malgré ces doutes, vous appréciez doucement le poids de ce travail. Si je peux d’ores et déjà vous partager l’une de mes expériences, sachez que le plus difficile est de savoir que nos actions ne seront jamais appréciées de tous. Là est l’ingratitude de cette tâche. Et mieux vaut protéger le plus plutôt que satisfaire le moins.

Tysha relève de la force de son père et ne cesse de me le dévoiler au quotidien. Sa présence m’est une véritable quiétude et il me tarde tant de la présenter à l’ensemble de ses gens à Castel-Bois. D’ailleurs, j’entreprends la route dans les semaines qui viennent et m’arrêteraient en chemin aux alentours de Bel-Accueil afin de rendre visite à Liane Vance. Ne sachant si mon séjour sera plus ou moins écourté en raison des chutes de neige, n’hésitez pas à envoyer votre réponse à Castel-Bois. Je me ferai une joie de vous lire et vous répondre dans les meilleurs délais.

Puissent les Sept veiller également sur votre bonté ainsi que votre foyer.

Fait à Salvemer, en la semaine 3 de la lune 12 de l'an 302.

Puisse cette lettre vous trouver en bonne santé, ainsi que Tysha, dans le réconfort et la douceur de votre foyer de Castel-Bois. Votre fille a-t-elle bien supporté un si long voyage malgré les rigueurs de l'hiver? J'ai eu vent de troubles ayant agité le sud du Conflans  un peu plus tôt cette lune, j'ose espérer que vos terres et vos gens n'ont pas été la cible de ces pendards.

Vous l'avez reçue comme moi, j'en suis certaine, cette missive de Corneilla. Cette lettre que nous redoutions toutes... Tant de morts. A vous je peux le dire, car je sais qu'en épouse vous donnerez à mes propos à leur juste valeur, mais quel soulagement indescriptible de n'avoir vu figurer ni le nom de Patrek, ni celui de Lucas dans la froide liste de ceux tombés au combat... Je sais qu'il nous faut savoir raison garder car nous ignorons tout de l'état de leurs blessures, mais pour l'heure réjouissons-nous de les savoir encore vivants, là-bas dans le Nord et peut-être bientôt de retour dans nos bras. Reste que je demeure inquiète pour ceux de mon sang, combattant sous les bannières du Lion, et pour lesquels je n'ai, à l'heure actuelle, aucune nouvelle. Ma fierté et ma confiance en leur valeur me pousseraient à affirmer avec certitude qu'aucun d'entre eux n'a pu périr, mais, en vérité, ce que nous savons de ces terribles événements noue mes entrailles d'angoisse.

Toutes ces rumeurs disaient vrai. Une armée de Spectres. Tant de questions soulevées par ces quelques mots écrits à la hâte sur un morceau de papier et si peu de réponses... C'est à peine si je peux imaginer comme cette bataille a dû être terrible pour tous les hommes présents là-bas et je n'ose penser aux terribles conséquences qu'aurait pu avoir d'une défaite pour tout pour nous tous. S'il y a bien un enseignement à retirer de ces événements, c'est de savoir chérir chaque jour ce que nous possédons et avoir conscience de cette bénédiction. J'admets ne pas l'avoir toujours fait jusqu'à présent, mais j'espère que l'avenir me donnera assez de sagesse pour ne point oublier cette leçon.

Je vous remercie pour vos mots dans votre précédente lettre, ils me sont d'autant plus précieux venant d'une dame à la tête de son propre fief. Je regrette aujourd'hui que mon père n'ait jamais jugé bon d'inclure dans mon enseignement quelques notions de gestion de domaine et que je dusse le découvrir sur le tas, car si l'on prépare les filles à organiser leur propre maisonnée, il est des circonstances comme celles-ci pour lesquelles nous devrions être mieux armées. Le fief des Mallister est grand et, puisque vous me le demandiez, je crains par dessus tout la menace venue de la mer. Je me sens en vérité bien vulnérable dans la protection des terres des Aigles, du Conflans même, alors qu'il y a quelques lunes encore c'était les côtes du Val et de Dorne qui étaient la cible des Fer-Nés. Oui, j'aimerais être forte et non plus cette petite fille apeurée qu'ils semblent avoir fait de moi.

Dans votre précédente missive vous évoquiez une visite à Lady Vance, puis-je vous demander comment l'avez-vous trouvée? En effet, la dernière fois que je l'ai vue elle portait le deuil de son père et, même si elle conservait cette dignité qui la caractérise en toutes circonstances, sa douleur était bien palpable. Grâce soit rendue aux Sept de ne pas lui avoir infligé la perte supplémentaire d'un époux et d'avoir béni leur union d'un nouvel enfant à naître très prochainement.

Maintenant que des jours d'une paix certaine semblent se profiler devant nous, j'espère qu'il me sera donné de vous voir et de faire la connaissance de votre fille dans des circonstances légères et heureuses. Que les Sept vous protègent.

Fait à Castel-Bois, en la semaine 1 de la lune 13 de l'an 302.



N’ayez crainte quant à un bon voyage nous concernant, notre retour fut à placer sous les bons auspices. Nonobstant pour autant les violences engendrées par des groupuscules vindicatifs. Hélas, je déplore une fois encore, les vilénies de telles aspirations et tiens à vous témoigner ainsi qu’à qui veut bien l’entendre du soutien duquel j’adonne aux familles des victimes.

D’autant que nous pleurons à peine les morts de Héros. De ceux, qui, désireux de protéger nos survies sont tombés injustement. Puissent la Sept chérir leurs courages comme nous continuerons à leur rendre hommages à travers nos prières. J’entends vos mots et les comprends. Tout comme mes réjouissances sont pareilles alors que mon cœur se soulage de savoir votre époux et le mien saufs. Les Anciens ainsi que les Sept nous ont comblé d’une victoire et j’ose espérer que nous apprendrons tous de cette dernière pour perpétuer cette paix dans laquelle nous devons nous réfugier aujourd’hui. Mes prières iront également vers les membres de votre famille, qui, je l’espère tout comme vous, se porte pour le meilleur malgré l’absence de nouvelles. Après tout, le dicton n’émet-il pas l’idée suivante : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. La Nuit ne s’abattra que partiellement, au profit d’un Jour témoin d’une richesse de vitalité qui saura apaiser vos tourments, je vous en fais le serment.

Vos paroles sont le reflet de tous. Personne n’a osé chérir ce que nous avions jusqu’à ce que nous ayons failli le perdre. Aussi la Sagesse vous accompagne déjà et je puis vous avancer que nous nous devrons de sauvegarder cette dernière pour les temps à venir. Je n’ose, non plus, imaginer les infâmies devant lesquelles les hommes ont eu à se confronter. Mais je sais qu’il ne se passera pas un seul jour sans que je ne regarde mon époux avec cette étincelle de bonheur et de fierté dans mon regard, sans que l’amour que je lui porte ne puisse lui être exprimé. Je sais que vous en ferez tout autant avec Patrek, parce que vous connaissez, malheureusement, les séquelles d’un retour difficile. Et que votre cœur, aussi bon soit-il, saura puiser les ressources nécessaires pour lui témoigner d’une telle reconnaissance.

Vos craintes concernant une invasion par la mer sont fondées. Le peuple des Iles de Fer s’est toujours révélé comme belliqueux, ambitieux, et surtout désireux d’étendre une terreur bien ancrée dans leurs mœurs à travers les rivages qu’ils pillent. Je ne puis lire dans l’Avenir, néanmoins, je puis vous faire part de mes propres ressentis à leurs sujets. Leurs désirs de conquête paraissent, aujourd’hui, s’étendre au-delà de leurs connaissances. Le Val, Dorne, des terres qui leurs confèrent une certaine nouveauté face à celle qu’ils connaissent déjà. Et puis, bientôt votre époux vous reviendra avec vos hommes. Sachez qu’un moindre appel de votre part saura trouver réponse pour vous défendre. Je m’engage à vous envoyer le reste de mes hommes pour venir en soutien à Salvemer dans l’éventualité où un tel évènement devait se produire.

Lady Liane est malheureusement bien accablée par le deuil. S’il vous était possible de lui écrire afin de prendre de ses nouvelles mais aussi donner des vôtres, j’espère à penser qu’un tel geste ravira son cœur et apaisera l’ensemble de ses tracas. Car, je n’ai reconnu que très peu notre amie au moment de ma visite. Alitée, notre amie ressasse et change dans ses comportements. Je ne peux vous en dire plus, tant le secret nous a distancé elle et moi. Mais, comme vous, je lui espère du meilleur grâce à l’arrivée de son prochain enfant mais surtout avec le retour de son époux conquérant.

J’ai déjà grande hâte de vous accueillir à Castel-Bois et vous présenter Tysha, qui, sera très certainement aux bras de son père lorsque vous franchirez le seuil de notre demeure. Puisse les Sept vous porter protection, courage et bienveillance.

Fait à Salvemer, en la semaine 1 de la lune 1 de l'an 303.

je vous prie de bien vouloir excuser mon silence cette lune passée, Salvemer me semble être en effervescence permanente depuis que votre dernière lettre m'est parvenue. En effet, les retours se succèdent et il n'y a pas un jour où n'accoste dans notre port un de ces navires qui ramènent nos vétérans dans leur foyer. Si au début ils n'étaient que légèrement meurtris, souffrant de contusions ou d'ecchymoses, les blessés les plus sévères arrivent désormais et laissent à voir l'horreur qu'a dû être ce combat. L'effroi qui peut se lire dans leurs yeux est si criant, qu'aucun d'entre nous n'ose les interroger davantage sur ce qu'ils ont eu à affronter. Nous avons eu de la chance, Marianne, c'est une certitude. Malgré tout, cette effervescence est désormais heureuse, bien loin de l'angoisse qui a accompagné les départs pour le Nord.

A ce titre, laissez moi profiter de ce début d'année nouvelle pour vous renouveler tous mes vœux de bonheur maintenant que la menace est écartée. Puisse Westeros connaître une année placée sous le signe de la paix et le retour du Printemps après les épreuves passées.

Lire vos sentiments à propos de l'engeance fer-née ne fait que confirmer les miens. Il n'est partout question que de ce traité de paix entre eux et la Couronne, et si je sais notre souverain animé des meilleures intentions, fidèle à ses engagements,  la méfiance me pousse à douter du peuple des Iles de Fer. Que valent les serments d'hommes sans honneur? Qui pourrait croire qu'ils renoncent sans mot dire à piller, rapter, violer, alors même qu'il s'agit de leur mode de vie ancestral? Le Conflans ne le sait que trop, tout comme les terres de l'Ouest d'où je viens. Il ne se passe pas un jour sans que le souvenir de ma servante ne me hante. Elle que l'on est venue m'arracher, alors que nous étions captives, pour en faire la concubine forcée d'un de ces hommes. Seuls mon nom et ma naissance m'ont empêché de subir un sort similaire alors, mais qu'en serait-il demain?

Un de leur navire a justement été appréhendé sur les côtes du Cap des Aigles il y a maintenant deux semaines. Sans intention belliqueuse semble-t-il mais qu'en penser alors qu'il y a quelques lunes seulement les côtes du continent étaient de nouveau attaquées? Ces hommes ont été placés sous les écrous dans l'attente du retour de lord Mallister, qui ne devrait plus prendre que quelques jours désormais. Je suis résolue à honorer la confiance que mon époux a placé en moi et à maintenir, autant que les Sept m'en donneront la force, la protection du Conflans et plus encore de ses filles pour qu'aucune autre, jamais, ne soit considérée comme un butin.

Aussi, vos mots me touchent plus que je ne saurais le dire. Recevoir votre soutien signifie beaucoup pour moi en ces temps d'incertitude. J'ose toutefois espérer que nous n'en arriverons pas à une telle extrémité et que les garnisons de Castel-Bois auront toutes les raisons de ne pas quitter leur fief.

Les dernières nouvelles de Lady Liane ne sont guère encourageante et il me désole de lire qu'elle reste toujours enfermée dans son deuil et qu'elle ne s'est pas ouverte à vous - pourtant une amie chère- pour se libérer un peu du poids de son fardeau. Je prie pour que les semaines à venir, qui s'annoncent heureuses pour Bel-Accueil, permettent ce deuil qui tarde à venir. Je vous remercie de m'en avoir tenue informée, je lui écrirais sitôt que cette missive sera partie.

Je vous adresse toute mon amitié, chère Marianne, et prie pour que le retour de Lucas dans vos bras ainsi qu'auprès de votre fille soit le plus prompt et le plus heureux possible.

Fait à Castel-Bois, en la semaine 2 de la lune 1 de l'an 303.



Vos excuses entendent oreille compréhensive quant à ce temps qui nous manque à toutes deux. Vous présenter les miennes me paraît d’autant plus adaptées alors que Castel-Bois s’éveille petit à petit aux rythmes des retours de nos héros de guerre. Hélas, nous ne sommes à ce jour que de simples témoins de cette horreur devant laquelle ils ont eu à se confronter. Aussi notre rôle tient à leur rappeler qu’ils n’auront de cesse de trouver compassion, refuge et soutien auprès de ce foyer qu’ils nous ont rendu intact. Que la Mère et l’Aïeule couvrent de leurs protections l’ensemble de ces braves et nous offrent le courage nécessaire pour leur témoigner de nos reconnaissances mutuelles.

Vos vœux chérissent mon cœur et sans plus attendre se partagent aux miens afin de vous souhaiter une si belle plénitude et bonnes retrouvailles avec l’ensemble de vos pairs. Que le Printemps puisse vous accompagner ainsi qu’à Lord Patrek Mallister pour que vous puissiez jouir des plus beaux moments ensemble.

Hélas nos histoires si différentes et pourtant communes ne nous permettent pas d’élaborer une si belle vision partagée par notre Roi. Nous connaissons bien les us et coutumes de cette peuplade et nos réticences sont justifiées. L’Adage évoque que le pardon couronne la grandeur et pourtant pour nous, il ne peut guérir la bosse. Je n’ose imaginer le désarroi qui vous habite et vous réitère une fois de plus mon soutien le plus sincère devant cette épreuve à traverser. Peut-être pourrions-nous trouver arbitre dans les bonnes intentions de notre Roi ? J’envisage cette optique et y puise cet élan de paix que nous recherchons tous à entrevoir pour que nos enfants puissent en bénéficier.

Votre courage n’est pas à prouver. Vous le respirez et l’insufflez avec une telle force que nos filles se sentent déjà en sécurité. Ne tardez pas à me donner des nouvelles de cette venue soudaine, car même si leurs intentions demeurent pacifiques, nous ne saurons exactement quel Mal rôde dans leurs esprits. Je prie afin que votre époux ait été accompagné d’une ferveur impatiente pour vous retrouver le plus rapidement possible et vous soutenir ainsi devant ce traumatisme auquel vous avez eu à vous confronter.

J’ose croire en de meilleurs jours pour Bel-Accueil moi aussi. Si par aventure, vos nouvelles lui parviennent, pourriez-vous lui témoigner de mon amitié pour une fois de plus ? Je vous en remercie d’avance et lui souhaite tant de bonheur.

Je prie également pour que le retour de votre époux ne tarde pas afin que vos retrouvailles trouvent apaisement et sérénité au sein de votre couple.  Il me tarde tant de pouvoir serrer Lucas dans mes bras que les heures me paraissent des jours et les jours des semaines.

Puissent les Sept vous préserver et vous gardez sous leurs bonnes grâces.