Whispers of a nameless fear ϟ Daven

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La route avait été interminable, rappelant au chevalier depuis combien de temps il s'était tenu loin de sa monture. Si Daven restait un bon cavalier, il avait pendant trop longtemps apprécié le confort de la Dent d'Or et grinçait des dents sans vraiment accepter de le montrer. L’émissaire de l'Ouest avait mal aux fesses et il ne parvenait à le penser sans étouffer un sourire en coin. C'était ridicule, c'était indigne d'un chevalier mais c'était bien le cas. Daven avait entrainé ses bras, entrainé son épée, entrainé son corps tout entier. A l'exception du cavalier qu'il n'avait pas assez été.

Les courbatures s'étaient pourtant lentement apaisées. Il arrivait à se lever le matin sans grimacer et, après des massages longs de ses muscles endoloris, avait fini par retrouver le total contrôle de son corps. Il était rapidement redevenu le chevalier qu'il n'aurait jamais voulu arrêter d'être, échangeant blague grivoise et choppe de bière avec ses semblables. A la veille de son arrivée à Salvemere, ses vieux démons s'étaient même réveillé alors qu'il observait une serveuse aux courbes par delà bien trop genereuse et aux longs cheveux noirs lui rappelant ceux de sa femme. Ses compagnons l'avaient rappelé à l'instant, arraché à la vision agréable de la brune. Ils avaient joué jusque tard cette nuit là. Et à l'aube, sur leur chevaux, ils sentaient tous un cruel mal de tête barrer leur front.

Mal de tête qui ne disparu que bien assez vite lorsque se profila la forteresse. A l'intérieur, l'attendait sa soeur. Daven n'avait pas vu Myrielle depuis trop longtemps à ses yeux. La distance lui arrachait le coeur. Toujours, on l'avait privé de la présence amusante de sa cadette. Toujours, il s'était trouvé loin de la plus belle des lionnes. Aujourd'hui, il comptait bien profiter de ces instants que lui offraient le destin. Qu'importe s'il devait pour ça aller combattre une menace fantôme de l'autre côté de Westeros.

Daven n'avait pu retenir son sourire lorsqu'il avait vu la Dame des lieux apparaitre. Myrielle était plus belle encore que dans ses souvenirs, plus resplendissante que jamais. Ses cheveux blonds, son regard clair. Tout ce que le lion pouvait rugir de plus fort. Il s'était montré discret dans ses sourires. Ils ne portaient, tout deux, pas le blason de leur famille pour rien et il ne serait jamais dit que les enfants de Stafford  étaient aussi mauvais que l'oncle cruche de la famille. Eux, avaient dans les veines la fierté du lion rugissant. Le montraient si bien de leur menton droit et leur posture altière.

Ils n'échangèrent que de banales paroles. Se moquant des nordiens et de leur fabulation. Les sauvageons n'étaient que de la chair qu'ils rapporteraient rapidement à la raison. Puis ils rentreraient, plus victorieux que jamais, moqueurs de ceux qui s'étaient enflammés pour des broutilles.

Le lion jouait, regardait les jeux, buvait et reposait enfin son corps dans un siège plus confortable que la selle de son cheval. Le cuir s'était fait au sien et pourtant, il continuait à avoir mal. Dans le tissu molletonné, il se sentait comme un coq en pate. Melé à l'alcool, il aurait pu s'endormir s'il n'avait croisé le regard inquiet de sa soeur et avait gardé l'informations pour plus tard. Ils devaient discuter.

Et ils le firent lorsqu'ils furent enfin laissé seul. Avec le feu pour seul spectateur, ils s'offrirent un regard. Que Daven ne perdit pas de vu alors qu'il acceptait d'un signe de tête le vin que lui proposait sa soeur et levait son verre. Il ne regarda qu'à peine son jeu, déjà concentré sur un autre. Celui des mimiques de sa soeur, dans lesquelles il lisait autrefois comme dans un livre ouvert. Cette petite ride, là, entre les deux yeux, qui témoignaient de son inquiétude. Le pli, vers sa bouche, de la question qui allait sortir, sans attendre l'approbation du lion. Qui lui arracha d'ailleurs un sourire au moment même où elle s'échappa. Le regard de Daven brillait de malice et d'un fond de moquerie.

Ne me dit pas que tu crois à ces contes de bonne femmes petite soeur ? Les Nordiens font d'un rien une montagne....

Il jeta un regard à ses cartes mais ne commença pas à les trier, se contentant de fixer sa soeur droit dans les yeux. Car, malgré tout ce qu'il offrait, malgré ses rires et son ton moqueur, il savait qu'elle ne l'aurait pas prévenu si elle n'avait ressentie une véritable appréhension. Et Daven écoutait toujours les conseils avisés de celle avec qui il aurait voulu grandir.

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Daven roula des yeux, prêt à balayer d'un geste de la main les noms, glorieux, qu'elle avait énoncé Ils s'étaient endormis sur leur gloire passée, n'ayant plus rien à voir avec les illustres qu'ils furent en leur temps. Le Bief, le Conflans et la Couronne n'étaient plus que des ombres, des chevaliers qui ne voulaient finalement qu'une gloire incertaine. Tout comme lui venait faire des yeux doux au monde qui l'entourait et surtout à son épée chantante dans la chair qu'il n'avait normalement pas le droit d’écorcher. Là, contre des ennemis fantômes, il pourrait enfin mettre en pratique ces années d'apprentissage qui ne servaient que de jolies décorations dans un tournois.

Mais sa soeur le connaissait trop bien. Le nom de leur suzerain agrippa un peu plus le regard du lion. Il chassa les sourires moqueurs et les suppositions fragiles. Myrielle avait raison. Tywin devait en savoir peut-être plus encore que le jeune lion fougueux. Durant une seconde, Daven accrocha un ride indécise à son front. Ses yeux luisaient, à la recherche d'une réponse, d'une possible vérité dans les mots de sa soeur. Il garda le silence, seulement rompu par les crépitements des flammes dans l’âtre brûlant.

Puis éclata de rire.

L'inquiétude à son front disparu immédiatement et il déposa ses cartes, offrant toute son attention à sa plus jeune soeur. Au creux des iris du lion brillait cette même lueur moqueuse qu'elle seule connaissait, emprunte de trop de souvenirs. Ils ne jouaient plus maintenant que leur vie avaient pris des tournures bien plus importantes. Mais Daven ne pouvait s'empêcher de le faire lorsque se trouvait enfin dans un lieu sécuritaire, dont aucun mot ne s'échapperait.

Voyons Myrielle.... Tywin n'est pas assez idiot pour croire à tout ça. Il sait seulement que si le roi décide de se déplacer, l'inaction de l'Ouest pourrait être très mal prise.

Il but une gorgée de son verre de vin, s'installant plus confortablement encore, trop certain de cette supériorité éphémère qu'il affichait avec joie. Au milieu des vipères, Daven se pensait le seul immunisé à leur venin, le seul capable de lire des choses qu'il ignorait pourtant. Tywin n'aurait pas pris la peine de se confier à lui et il ne pouvait qu'imaginer les pensées de son suzerain. Daven, bien qu'ambassadeur, se plaisait à laisser les autres réfléchir à sa place. Il jouait de son rôle de politicien mais n'avait que trop parfaitement compris, face à son épouse, qu'il n'était rien de cet habile homme qu'il rêvait d'être. Lui était doué à l'épée, bretteur inégalé. Le reste n'était que fioriture.

Tywin, comme tout bon suzerain, joue ses bans comme autant de pièce d'échec qui feront la différence. Nous partons nous battre contre des fantômes mais si nous le faisons bien, l'Ouest en sera fortement récompensé.

Avait-il besoin d'ajouter d'autre mots ? Le roi avait désormais des enfants, qui pouvaient devenir autant d'héritier potentiel si Aegon venait à trépasser. Et un mariage avec eux pourrait parfaitement, dans un futur trop lointain, placer une tête ouestrienne aux côtés du monarque.

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Le visage du lion se ferma, vivement, alors que les souvenirs affluaient. Il entendait à nouvelle la nouvelle tomber et la rage enfler en son coeur. Les fers nés, monstre pire encore que n'importe quel fantôme pouvait l'être. La mémoire ne lui arracherait jamais la peur qu'il avait éprouvée à cette instant. Ne mangerait jamais les mots de ses frères lorsqu'on lui ordonnait de rester de marbre, impassible alors que sa soeur lui était arrachée. Il grognait, il hurlait.

Restait de marbre face à sa cadette, écoutant ses mots comment autant de piqûres désagréables adressées à son égo. Une fois de plus, une fois encore, Myrielle avait raison. Tywin n'aurait vidé fort et château pour des broutilles, pour de simples échos encore trop lointain. Mais le lion ne pouvait y croire. Pis encore. Il ne voulait y croire. Préférait penser à ses sornettes amusantes devant lesquelles tous pourrait rire.

Le lion tiqua. Sa langue, à son tour, claqua contre son palet. Et, les yeux visés dans ses jumeaux, il déposa l'intégralité de son jeu sur la table, face dévoilée,, comme autant de preuve d'une faiblesse factice. Dans son regard brûlait trop de sentiments et plus encore que tous, derrière la morgue et le feu destructeur, les souvenirs cendreux de la peur qu'il avait éprouvé pour celle qui se tenait aujourd'hui devant lui, dame de Salvemer, reine parmi les aigles.

Et s'il y a quelque chose à craindre, si tant bien est-il qu'il y a quelque chose à craindre.... jeta-t-il, piqué au vif, posant les mots comme une interrogation agressive qui n'avait plus rien de rieuse.
Que veux-tu que j'y face ? Que je me flagelle avec des cendres en priant le Guerrier pour m’épargner ? Je suis un combattant Myrielle. Fantôme ou êtres de chairs, tous périssent face à une épée.

Il se servit un nouveau verre de vin, sans en proposer une goutte à sa jeune soeur. Il frémissait encore, le souvenir trop vite ravivé lui arrachant le peu de contrôle qu'il parvenait à garder devant les autres. Pourquoi n'était-elle comme les hommes du voyage ? A rire, s'amuser, rêver ? Plutôt que diseuse de mauvaise aventure, bouffée par sa peur et son angoisse.

Je suppose que la partie est terminée. Vas-y. Fais ton grand discours petite soeur. De toute manière, quoi que je trouve là bas, je me battrai. J'ai vaincu pire que des contes de bonnes femmes.

Plus l'ombre d'un sourire moqueur aux lèvres de Daven. Rien d'autre que le regard glacé du guerrier. Il prêchait peut-être pas orgueil mais se savait bretteur de talent. Les tournois et les hommes s'inclinaient. Les mythes ne pouvaient être bien plus dangereux qu'un Martell empoisonneur ou un dragon victorieux.

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Il attaque, pense, touche. Les mots s'enfoncent mais le regard reste dur. Les yeux de Daven ne sont plus que des pierres précieuses, exempt de chaleur et de bonté.  Il n'a que la rage car elle l'a touché, douloureusement. Ses mots se sont enfoncés en lui comme autant de couteaux et lui ne réagit que comme il a toujours su le faire : violemment. Daven n'est qu'orgueil et sa colère l'est plus encore. Il ne pleure pas, ne laisse jamais tomber le masque. Attaque pour seule protection, comme sa mère avant lui face à ce père trop faible et trop niais. De tous les Lannister, ils sont les fils du lâche. Ils se doivent d'être bien plus fort qu'il ne l'a jamais été.

Aujourd'hui, Myranda n'était plus. Et ses enfants, seuls, se battaient contre des origines qu'ils ne pouvait qu'à moitié revendiquer.

Mais les yeux de Daven se baissèrent, une seconde, devant la force des paroles de sa soeur. Avait-elle réellement aussi peur que ce qu'il lisait en elle ? La menace, celle qu'il réfutait pour ne pas paniquer, était-elle donc ce monstre sans visage que tous craignaient ? Il n'avait lu les lettres, n'avait reçu qu'un appel à l'aide sordide. Personne ne parlait. Lui se reposait sur ses acquis pour jamais, au grand jamais, tomber dans l'effroi d'un instant d’inattention. Il préférait jouer et boire que de penser, pour tout le long du voyage. Car sur quoi pouvaient-ils tomber qui terrifie jusqu'à Tywin lui-même ?

Ses poings se serrèrent, légèrement, sous la table.

Il releva les yeux, les ancrant au regard identique de sa soeur. Ils se ressemblaient tant que s'en aurait été effrayant. Malgré son visage dur et sa machoire volontaire, Daven voyait dans les traits fins de Myrielle se qui avait été un autrefois.

Je suis toujours revenu Myrielle, tu le sais. De la Dent d'Or, des cités libres. Des voyages. La menace du Nord n'est qu'une menace.

Disait-il ses mots pour la convaincre ou se convaincre seul ? Car, pendant un instant de plus, elle instillait le doute au fond de son être. Alyx avait fait de même et le faisant jurer de revenir pour Erena. Il le ferait pour toutes ses femmes qui comptaient comme aucune n'avaient jamais compté pour lui.

Mon épée n'a jamais faiblit Myrielle. Je t'en fais le serment, devant les Sept même. Je reviendrai. Et je suis certain que je reviendrai avec les honneurs.

Voilà que le sourire s'ouvrait pour de bon, retrouvant l'orgueil démesuré du lion. On le reconnaissait bien ainsi et il s'était forgé sur cette image parfaite de lui-même. Mais Daven, sous les mots et l'impulsion de sa soeur, savait qu'il devait se montrer prudent.

Donne moi tes cartes que je les batte à nouveau. On oublie ça. Parle moi plutôt de ta vie ici. La menace du Nord ne doit pas gâcher notre soirée, pas vrai petite soeur ?

Il esperait plus que ce qu'il ne disait et pourtant, déjà, ses mots s'étaient éloignés du regard de Myrielle pour se pencher sur d'autre chimères. Car il sentait, là, au fond de son coeur bouillonnant, que l'ombre d'un doute s'était insinué.

@Myrielle Lannister