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Happiness is based on trust while love requires doubt [Solo]

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Happiness is based on trust while love requires doubt.
Melleah Payne
Assise sur un banc, prêt d’une fenêtre des appartements qui lui étaient dédiés, Melleah fixait l’horizon de Bulwark sans la voir. Perdue dans ses sombres pensées, son visage n’était que marbre, seuls ses yeux pourraient la trahir. Elle s’efforçait de ne point laisser paraître ses sentiments. Elle ne pouvait se le permettre. Toutefois, la jeune Payne ne cessait de ressasser son dernier entretien avec son promis. Le choc de sa révélation avait été si rude qu’elle s’était laissé aller à la violence. Un gifle, rien de plus. Bien assez pour la mortifier en y repensant. Néanmoins … Ne le méritait-il pas ?

L’arrivée à Bulwark avait pourtant été idyllique. Ils avaient été bien accueillit. La perspective de son union avec Ser Ashter la comblait à nouveau de bonheur. Ils s’étaient expliqués à l’occasion de leur retrouvaille au bal masqué organisé en l’honneur de Tywin Lannister. La rancœur qu’elle lui tenait alors avait fondu comme neige au soleil. Elle aspirait derechef à une union pleine de promesses, comblé par un futur plus radieux que ne l’avait laissé penser ses dernières lunes. Si seulement elle avait su … Il s’était excusé, elle lui avait pardonné, certes. Mais pour qu’il la trahisse à nouveau ! Les raisons de sa vexation passée lui paraissait à présent bien mince en comparaison de la situation actuelle. La colère se mélangeait à la peine. La triste et terrible vérité était ainsi : Ser Ashter en aimait une autre et il s’était laissé aller à la familiarité avec cette dernière. Elle ne pouvait l'accepter. Tentant vainement de ne point imaginer l’instant, elle se trouvait d’autant plus en difficulté à ce sujet qu’elle connaissait la jeune femme en question.

Au serrement désormais habituel de son cœur, le masque se fissura et une larme s’échappa de ses yeux, une expression douloureuse prenant place sur ses traits. Que n’avait-il pas fait là ? Pourquoi cette trahison ? Pourquoi le lui révéler maintenant, à quelques jours du mariage ? Melleah n’avait pas les réponses à ses incessants questionnements et personne ne pouvait l’aider à ce sujet. Elle n’avait révélé cela à qui que se soit.

Se mettant à pleurer pour de bons, elle retint ses sanglots d’une main sur sa bouche. Elle ne devait pas pleurer. Personne ne devait l’entendre ! Peine perdue, la porte s’ouvrit. Ses yeux écarquillés d’horreur rencontrèrent ceux de sa tante, lady Nivia. Que n’avait-elle pas fait là ?! Les battements de son cœur s’accélérèrent d’avoir été surprise dans cet état. Son émotion s’en trouva décuplée et elle retint un gémissement de détresse. Son aîné resta un instant interdite sur le seuil de la porte, avant de la refermer précipitamment derrière elle, les cachant aux éventuels regards indiscrets.

« Melleah ? » s’inquiéta-t-elle d’emblée, elle s’approcha prestement, « Que t’arrive-t-il mon enfant ? »

La jeune Payne ne put répondre, ses sanglots contenus redoublant de plus belle. Elle sentit plus qu’elle ne vit lady Nivia s’installer à ses côtés. Le visage caché dans ses mains, elle refusa de la regarder. Quelle honte ressentait-elle à cet instant ! Quelle détresse !

« Melleah enfin, parles-moi ! » insista la lady, « S’est-il passé quelque chose ? Regardes-moi dans quel état es-tu ! »

Tentant vainement de calmer ses plaintes, elle finit par relever un regard plein de larmes vers sa presque mère. L’expression inquiète qu’elle vit sur ses traits la poussa à ouvrir la bouche. Elle ne réussit qu’à articuler quelques mots.

« Oh ma tante ... » gémit-elle, « Quelle honte ... Quel déshonneur ! »
« Quel déshonneur ? » répéta-t-elle, surprise et inquiète.
« Je ne voulais pas vous le dire. », elle retint un nouveau sanglot, « Je ne savais pas quoi faire. »

Elle observa sa tante, partagée entre son désir de s’épancher enfin, ou celui de garder tout cela secret. Si cela se savait, aucune décision ne serait alors à prendre, car il n’y aurait plus rien à sauver.

« Il m’a laissé le choix d’annuler le mariage ou non. Que devrais-je faire après cela ? Que deviendrais-je ? Oh ma tante, je suis complètement perdue. »
« Annuler le mariage ?! » s’exclama-t-elle tout aussi perdue, « Mais pour quelle raison ? »

Leurs regards se rencontrèrent et la détresse qu’elle dut lire dans ses yeux larmoyants l’incita à parler, semblant comprendre finalement de quoi il retournait. Elle afficha une expression interdite, peinant à le croire.

« Es-tu en train de me dire que Ser Ashter s’est montré incorrect envers toi ? » supposa-telle, véritablement choquée, « Comment ? Il n’aurait pas fait cela ! »

Ces mots ravivèrent sa douleur et elle détourna le visage, retenant ses larmes. Elle se sentait si pathétique d’avouer cela à voix haute. Quelle honte cela représentait pour elle. Son beau chevalier servant … Quelle idiote faisait-elle !

« Il en aime une autre. » murmura-t-elle douloureusement, « Il me l’a dit. Il se se sont embrassés. Il … »

Elle stoppa son explication, incapable d’en dire plus. Elle ne comprit pas le soulagement qu’elle lu sur les traits de sa tante, trop occupée à s’étendre enfin sur ses états d’âme qui la rongeait depuis la veille. Maintenant que les vannes étaient ouvertes, elle ne pouvait retenir ses mots.

« Oh ma tante, quelle idiote aie-je été ! Je m’étais imaginé tout autre chose. Pas un instant je n’ai envisagé qu’il puisse me déshonorer ainsi. Je suis d’une telle naïveté ! N’aurais-je pas dû le comprendre plus tôt ? Il ne m’avait pas adressé la moindre lettre durant toutes ces lunes … C’était d'une telle évidence ! »
« Melleah, mon enfant. De quoi parlons-nous ? » la coupa Nivia, « Ser Ashter a fréquenté une autre femme avant toi ? Est-ce cela dont il s'agit et qui te tracasse tant ? »

Melleah hocha la tête, soudain silencieuse. Elle avait déjà fait l’effort de le dire une fois, une autre lui coûterait d’avantage. Sa tante avait parfaitement saisi le problème. Comprenant cet état de fait, elle eut soudain une pensée. Et si cela se savait ? Si leur famille respective l’apprenait ? Elle s’empressa d’implorer :

« Il ne faut surtout pas le dire à Père. Ni même à mon oncle ! Ils ne doivent en aucun cas le découvrir ! »
« Bien entendu qu’ils ne sauront pas. » trancha Nivia comme d’une évidence, « Cela mettrait probablement ton union avec Ser Ashter en péril. »
« Ne devrais-je pas songer à annuler, à présent ? »
« Annuler ?! » s’exclama la brune, presque offusquée, « Pourquoi cela ? Jamais, enfin ! Ne sais-tu pas la chance que tu as de pouvoir épouser un homme tel que lui ? »
« La chance ?! Mais enfin, il me déshonore avant même que nous soyons uni sous les Sept ! »

Elle paru soudain scandalisée par l’insensibilité de sa tante. N’avait-elle pas à cœur son bonheur ? Ne souhaitait-elle pas le meilleur pour elle ? Elle était comme une mère pour elle, ne devrait-elle pas s’offusquer d’avantage ? Protéger sa dignité ? Bien entendu que cette union représentait une chance inestimable pour eux. Devait-elle malgré tout accepter n’importe quoi de la part de son promis, sous prétexte qu’il représentait le meilleur parti qu’elle put espérer ? Plus aucune trace de détresse ne se lisait sur ses traits à présent, mais on pouvait y lire le choc et une légère offense. Nivia lui prit les mains, son expression s’adoucissant soudainement.

« Melleah ... Bien entendu que cette nouvelle te semble bouleversante. Et ce comportement, je ne saurais l’approuver. Mais crois-tu réellement que tous les hommes n’ont connu que leur promise le jour de leur mariage ? »

Sa voix, ainsi que son expression, étaient douce ce qui calma légèrement la blonde. Elle se sentit soudain idiote. Non, bien sur que non. Si les femmes se devaient de rester vierge pour le mariage, cette exigence était loin d’être identique pour l’autre partie. Nombreux étaient les hommes ayant fait l’expérience de la chair avant leur union. Melleah savait cela. Malgré tout, elle avait espéré mieux. Son expression se fit penaude. Elle n’avait pas envisagé son promis sous cet angle, aveuglé par les sentiments qu’elle lui portait alors. Une part d’elle se sentait néanmoins dans son bon droit.

« C’est différent ! » se défendit-elle avec l'agressivité d'un chaton tandis qu’elle essuyait ses larmes, « Nous sommes censé nous unir dans quelques jours. Cela s’est passé, il y a peu, ici-même. C’est … inconvenant. »
« Cette ... femme vit ici ? » demanda Nivia, les sourcils froncés, « La fréquente-t-il toujours ? »
« Non, elle … Elle vit à Castral-Roc. », avant d'ajouter: « Il me semble. »

Elle s’en tint là, s’en voulant de mentir à ce sujet. Elle savait parfaitement où vivait Sacha. Non pas qu’elle souhaita la défendre, ni même la protéger, lui tenant à présent une profonde rancune. Elle connaissait cependant l’avis que portait sa tante sur la classe roturière. Cela aurait d’autant plus terni l’image qu’elle avait de Ser Ashter. Et étrangement, si elle cherchait le soutient de lady Nivia dans cet épreuve, elle souhaitait également préserver le chevalier de son courroux. Une étrange ambivalence pour une femme qui envisageait pourtant de mettre fin à cette union. Elle réalisait à l’instant-même qu’une part d’elle ne souhaitait rien de tout cela, se disputant à la décision inverse qu'elle savait motivée par la colère.

« Alors elle n'est plu ? Elle ne sera pas un obstacle ? »
« Je ne pense pas ... » supposa-t-elle.

A dire vrai, il lui avait assuré de cela. Elle voulait le croire. Mais comment le pourrait-elle seulement  ? Si sa confiance s’était trouvé ébranlée à ce point, elle ne voyait pas ce qui pourrait empêcher le jeune chevalier de trahir cette nouvelle parole. A quoi devait-elle se fier maintenant ? Son instinct l’avait trompé à deux reprises. Et pourtant, elle voulait le croire lorsqu’il assurait lui être fidèle à présent. Mais qu'en était-il de Sacha ? Resterait-elle à l'écart ? Saurait-elle garder sa place ?

« Il m’a assuré qu’aucun déshonneur ne ternirait notre mariage. »

Si cela n’était pas déjà trop tard, au moins pour elle-même. Elle ne le dit pas. Compréhensive, sa tante lui adressa un sourire rassurant, serrant ses mains dans les siennes en signe de consolation. La chaleur du réconfort cueillit le cœur de la jeune jouvencelle. Elle se sentait légèrement mieux de s’être épanchée ainsi, bien que toujours un peu honteuse.

« Le mariage est une étape difficile. Rare sont les époux qui sont épris l’un de l’autre le jour de leur union et parfois même, aucun sentiment ne vient jamais la bénir. Cela ne signifie pas pour autant qu’il soit voué à l’échec. Ser Ashter me paraît un homme raisonnable. Rien ne l’obligeait à te révéler cela et pourtant, l’honnêteté l’y a poussé, n’est-ce pas ? »

La jeune Payne n’avait pas pensé à cela. Il est vrai que n’ayant rien soupçonné, il aurait pu feindre l’innocence et n’en jamais rien dire. Était-ce cela qui justifiait cette inexplicable confiance qu’elle semblait toujours lui porter ? Sinon comment pourrait-elle envisager de croire à cette nouvelle promesse ? Au fond, s’il ne s’était pas toujours montré à la hauteur, au moins s’était-il toujours montré sincère et franc. Elle se devait de lui accorder cela. Rencontrant le regard de sa tante, elle ne put qu’esquisser un petit sourire obligeant.

« Tu es fiable, délicate et généreuse, il ne tardera pas à découvrir ces qualités. Et alors rien ne le poussera à chercher ailleurs ce qu'il trouvera dans son foyer. Je te le promets. Tu es assez forte pour surmonter cela et nous veillerons à ce que tout se passe au mieux. »

Elle la prit dans des bras et Melleah plongea son visage dans son cou, comme elle le faisait enfant, s'agrippant au tissu de sa robe. Elle souhaitait de tout cœur embrasser cette certitude. Elle le devait. L'assurance de sa tante la rassurait. Sa présence la rassurait. Elle, saurait quoi faire. Son expérience parlait pour elle. Elle ne pouvait que la croire. Elle ne voulait que la croire. Peut-être y avait-il encore de l’espoir …
An 302, lune 10, semaine 3
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Lady Nivia: #cc99cc
Melleah: #cc0033
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Happiness is based on trust while love requires doubt.
Melleah Payne
Les jours étaient passés et le mariage approchait désormais à grand pas. Si elle avait finalement compris qu’elle ne l’annulerait en rien malgré tout cela -elle s’en savait incapable- Melleah ne parvenait pas à oublier l’horrible sentiment de trahison qui la tenaillait. Cependant, d’ici quelques jours, elle serait lady Melleah Yarwyck, cela relevait d’une réalité certaine et … effrayante.

Alors qu’elle s’affairait aux dernières broderies de sa robe maritale, qu’elle s’était décidé à coudre aidée par sa tante et sa Septa par soucis d’économie, Melleah ruminait. D’incessants questionnements ne cessait de la harceler au fur et à mesure qu’elle prenait conscience du tournant que prendrait son existence d’ici quelques jours. Comment pourrait-elle s’unir à un homme auquel elle n’était pas sûr de pouvoir se fier ? Comment l’épouser et partager avec lui une intimité qu’elle savait destinée à une autre dans le cœur de son promis ? Qui était-elle pour le revendiquer, par ailleurs ? Après tout, l’amour n’était-il pas le plus fort des engagements ? Peut-être devrait-elle s’écarter pour laisser Ser Ashter vivre son idylle. Était-ce qu’il avait attendu d’elle en lui laissant le choix de mettre fin à l’alliance nouée par leurs familles ? Se pouvait-il qu’elle n’eut pas compris le message, trop bouleversée qu’elle était alors ? Attendait-il d’elle une miséricorde qu’elle ne possédait pas, le libérant de cette obligation qu’il n’avait jamais désiré, le laissant libre de choisir une existence plus conforme à ses choix ? Serait-elle la femme qui l’enfermerait dans un mariage qu’il finirait par haïr ? L’idée lui était douloureuse. Elle ne parvenait à y songer bien longtemps, incapable d’envisager la mort de cette union, qu’elle intervienne maintenant ou au fil du temps. Elle aimait cet homme. Elle était égoïste.

Un soupir lui échappa et Septa Mirella, qui était assise sur un fauteuil non loin posa son regard sur elle, délaissant son livre de prière.

« Vous me semblez bien lasse, ma Lady. »

Melleah lui adressa un pauvre sourire, reportant son attention sur son travail d’aiguille. Agacée, elle s’aperçut qu’elle avait sauté un motif, déséquilibrant l’harmonie du dessin envisagé. Poussant un nouveau soupire, plus exaspéré cette fois, elle reporta son attention sur la femme d’Eglise qui attendait toujours sa réponse.

« Je ne suis qu’une bonne à rien ! » déclara-t-elle finalement tout-à-trac.
« Ne dites pas cela voyons. Et surveillez votre langage. Vous ne pourrez vous permettre de telle familiarité ici. » la morigéna-t-elle gentiment, non pas qu'elle put se le permettre où que se soit « Montrez-moi cela. Je suis sûr que vous vous débrouillez très bien. »

Elle prit le vêtement des mains de la jeune lady, qui la laissa faire sans mot dire. Elle s’appuya sur le dossier de son fauteuil, regardant le plafond d’un air tragique.

« Cela n’a rien à voir avec cette broderie -même si je suis en train de la transformer en véritable désastre- je suis seulement … perdue. »
« Vraiment ? » prononça la Septa d’un air absent, tandis qu’elle s’affairait à défaire ce que Melleah avait brodé par erreur, « Cela ne m’étonne guère. Je n’ai connu que peu de jouvencelle qui n’appréhendait pas le jour de leur noce. »

Melleah se mordit la lèvre. Si seulement elle pouvait ressentir les même angoisses que toutes les autres … Oh, bien entendu, elle s’inquiétait des détails insignifiants de la cérémonie : le rendu de sa robe, l’aspect de sa coiffure, les mots qu’elle devra prononcer devant le Septon sans en omettre un seul sous peine de passer pour une bécasse, et la danse à laquelle elle devra se livrer sans se casser la figure devant les invités. Ou même l’après, la nuit de noce à laquelle elle s’efforçait de ne point penser, la vie à Bulwark loin des siens, la séparation avec Podrick. Tout ceci était source d’angoisse mais ils étaient encore secondaires en comparaison des questionnements existentiels quant à l’essence même de son mariage imminent. A quoi lui servirait-il de s’attarder sur tous ces détails si elle ne parvenait même pas à se rendre auprès de son promis, au bras de son père, incapable qu’elle était de passer outre son aigreur ? Elle était pathétique.

Consciente qu’elle ne pouvait se permettre d’ébruiter ce que lui avait révélé son promis, Melleah hésita à s’épancher plus avant. Mais Septa Mirella était pour elle une confidente précieuse. Sage, bienveillante et tolérante, elle la savait de bons conseils. Et sa loyauté, ainsi que son silence, lui était tout acquis. Le silence qui s’était installé sortit d’ailleurs cette dernière de son travail. Perspicace, elle releva les yeux et observa sa jeune protégée avec attention.

« Y a-t-il quelque chose dont vous vouliez me parler, ma lady ? »

Melleah lui adressa un petit sourire, amusée par cette étrange clairvoyance. Elle ne pouvait lui cacher ses troubles bien longtemps. Un vrai miracle qu’elle eut gardé tout cela pour elle si longtemps ! Lady Nivia était de son sang et possédait une certaine compréhension, mais celle-ci atteignait rapidement ses limites. Septa Mirella avait toujours su écouter ses états d’âme sans jugement, quelque soit la pertinence de ces dernières, et y répondre avec douceur et sagesse.

« Que vais-je faire sans vous, Septa Mirella? » dit-elle, soudain malheureuse, « Vous savez toujours quand j’ai besoin d’une oreille attentive. »
« Je suis ici pour vous guider et vous instruire ma lady, c’est mon rôle. » répondit-elle avec un sourire obligeant.
« Un rôle que vous avez su tenir à la perfection. Je n’aurais pu rêver meilleure perceptrice ! »
« Vous me flattez lady Melleah, je n’en mérite pas tant. »

La jeune lady n’approuvait pas ces dernières paroles mais n’insista pas. Septa Mirella était dotée d’une grande humilité et ne prônait ni l’arrogance, ni l’auto-satisfaction. A la place, elle choisit de lui révéler la teneur de ses inquiétudes. Ne sachant par où commencer, elle finit par revenir à l’essence même de ce mariage.

« J’ai toujours su que Ser Ashter n’avait pas choisi cette union. Comme elle m’a été imposée par mon père et mon grand-père, il la doit à son propre père, pour le bien et la pérénité de sa Maison. Je savais cela avant même notre rencontre. Pourtant … », elle se stoppa avant de préciser, «  je dois avoir été bien naïve – j’espérais qu’il verrait en ce mariage une perspective … favorable. Il s’était montré si courtois envers moi, si empli de bienveillance, que je le croyais malgré tout enclin à cette union. »

Elle se trouvait dorénavant bien sotte. Le soutien de lady Nivia lui avait été d’un grand secours, et elle avait pu ainsi relever la tête, prendre cette importante décision et tenter d’avancer. Mais leur entretien à ce sujet avait aussi éveillé en elle la conscience de sa propre crédulité. Sa naïveté n’avait eu d’égale que son égoïsme. Incapable de se mettre véritablement à la place de son promis, elle n’avait envisagé qu’une perspective à ce mariage : le sien. Cela la rendait quelque peu honteuse à son sujet.

« Je n’irais pas jusqu’à dire que je l’imaginais partager mon inclinaison à son égard, non. » s’empressa-t-elle de rajouter, « Mais j’ai naïvement cru qu’il espérait de cette alliance une union prospère, à défaut d’avoir choisi sa promise. Qu’il avait accepté le choix de son seigneur et père comme le meilleur partie qu’il put espérer et qu’il voyait en moi, peut-être, une épouse convenable qu’il saurait apprendre à apprécier, à respecter. »

Constatant que la Septa avait définitivement cessé de broder pour lui porter toute son attention, elle se sentit subitement gênée et détourna le regard, les joues un peu rouge.

« Je n’avais pas envisagé qu’il put en aimer une autre ... » révéla-t-elle finalement à demi-mot.

Elle se retient d’observer l’expression de sa préceptrice à cette annonce, gardant son regard planté sur la tenture en face d’elle. Le dire à voix haute lui paru toujours aussi douloureux que la première fois qu’elle le fit en présence de sa tante. Les larmes menacèrent de monter une nouvelle fois mais elle les retint, déglutissant avec difficulté. Elle aimait cet homme, là résidait toute la difficulté d’accepter cet état de fait. Elle entendit donc plus qu’elle ne vit la réaction de sa Septa.

« Oh ... »

Un lourd silence s’installe alors que les questions resurgirent de plus belle. Comment lui pardonner ce geste envers Sacha ? Comment le lui pardonner alors qu’il savait visiblement la peine que cela lui provoquerait ? Sinon pourquoi aurait-il accordé tant d’importance à cet aveu ? Pourquoi ce comportement honteux et repentant alors qu’il aurait tout aussi bien pu le taire, ou même le lui révéler fortuitement plus tard, au détour d’une banale conversation qui serait le reflet de son indifférence à ce sujet ? Elle ne comprenait pas.

« Lady Melleah ... » elle se força à tourner la tête vers sa Septa, une expression mi-honteuse, mi-chagrinée, les yeux brillants, « Vos sentiments à son égard vous permettent difficilement d’accepter qu’il put en porter à une autre que vous. Mais la jalousie est un mal qu’il vous faut refuser. »
« Comment ? » demanda-t-elle un tremolo dans la voix, « Je ne cesse de les imaginer. Je le vois poser ses lèvres sur les siennes, ses mains sur sa peau. » elle se tut, incapable d’en dire plus, « Je vais m’unir à cet homme d’ici quelques jours et la dernière chose que j’ai faite en sa présence fut de le frapper. »

Elle se mordit la lèvre, mortifiée par cet aveu.

« Je n’en suis pas fière. Mais je suis tellement … furieuse. », sa voix prit des accents colériques, « J’ignore si j’aurais préféré ne pas l’apprendre. Je n’arrive pas à envisager le pardon. »
« Il le faudra pourtant. » trancha doucement la femme d’Eglise, « Le pardon est le seul moyen que vous ayez de passer outre votre colère et votre douleur. Il n’est pas bon de se complaire dans la haine, ma Lady. J’ignore qui est cette femme, comme j’ignore quel est la nature de votre promis. Tout cela ne me regarde pas. Mais je sais quelle personne j’ai accompagné durant toutes ses lunes. Vous possédez une âme pure et bonne, votre cœur a choisi cet homme, aussi je le crois bon lui aussi. Vous saurez faire le bon choix. Si vous espérez réellement cette union prospère que vous m’avez dépeint, dictée par la fidélité et le dévouement, alors vous pardonnerez. Vous n’avez pas le choix. »

Le regard que Melleah portait sur sa Septa était intense. Cette dernière pouvait probablement y lire toute sa détresse, son chagrin et ses doutes. Néanmoins, ce doute petit à petit s’effaça pour faire place à une résignation nouvelle. Une décision était à prendre, une seule voie s’ouvrait à elle. La voie de la sagesse. La voie de la miséricorde et du pardon.

« Peut-être devrais-je enfin arrêter de prier la Jouvencelle et me tourner vers la Mère ? »
« Voudriez-vous prier maintenant ? Cela vous aiderait-il ? »

Melleah hésita quelques secondes, consciente qu’elle ne pourrait pas tromper les Dieux par de faux sentiments.

« Volontiers. »
An 302, lune 10, semaine 4
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Septa Mirella: #ffff66
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Melleah Payne
A la veille du mariage, l’ensemble de la famille Payne était réunie à Bulwark. Les appartements dans lesquels ont les avait installé grouillaient de vie. Melleah, que l’anxiété avait poussé à s’enfermer dans sa chambre, se trouvait en compagnie de Danya, la servante de la famille Payne qui les avait suivi à Bulwark. Fille de l’intendant du domaine Valmont, Melleah avait grandit au côté de la jeune roturière. Si elles avaient été ouvertement amies et compagnes de jeux dans leur tendre enfance, il leur avait fallu cacher leur affection l’une pour l’autre après la répudiation d’Anea, sa mère, alors que lady Nivia se chargeait dorénavant de son éducation, refusant tout interaction amicale avec le petit personnel. Elles affectionnaient de ce fait ces rares moments de tranquillité, loin des regards et des interdits. Assises sur le lit, la jeune servante lui brossait les cheveux avec douceur.

« N’as-tu pas hâte ? » l’interrogea-t-elle avec une certaine excitation, avant d’ajouter malicieusement : « Ser Ashter est tellement bel homme ! »

Melleah leva les yeux au ciel avant de glousser comme une gamine, principalement parce que la simple pensée du mariage le lendemain suffisait à lui soulever le cœur et qu’elle était bien incapable de parler. Bien entendu qu’elle avait hâte. En quelque sorte. Il lui était plus facile de l’envisager à présent qu’elle avait prit toutes les décisions qui s’imposaient. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle avait décidé de faire confiance à son instinct concernant son promis. Pourtant, une angoisse sourde lui tordait l’estomac depuis le matin même. Le déjeuner, partagé en compagnie des siens, lui avait fait prendre conscience qu’il s’agissait des derniers instants qu’elle partagerait avec eux. Si ces tergiversions récentes l’avaient poussé à mettre de côté cette perspective, elle lui revint de plein fouet. Cette pensée lui fit l’effet d’un seau d’eau sur la tête. L’estomac soudain noué, elle n’avait pas fini son repas ce qui avait inquiété sa tante. Elle tenta de la rassurer au mieux alors que c’était elle-même qu’elle aurait voulu rassurer.

« Je suis certaine qu’il doit avoir beaucoup d’expérience avec les femmes. Un homme tel que lui a du en connaître un certain nombre. » Melleah se figea à ses mots mais Danya ne paru pas le remarquer, « Mais c’est toi qu’il va épouser. Tu lui feras de beaux enfants, vous allez vivre dans cet immense château. Quelle chance ... »

La servante bayait littéralement aux corneilles, continuant de démêler consciencieusement la chevelure blonde de son amie. Melleah retint une grimace. Décidément, la fatalité semblait déterminée à lui tomber dessus aujourd’hui. Avait-elle envie d’imaginer les innombrables conquête du Chevalier ? Certainement pas. A vrai dire, elle avait déjà bien à faire en pensant à la belle Sacha. Elle chassa la jeune combattante de ses pensées en secouant la tête, échappant à la poigne de la jeune roturière. Elle se leva.

« Sans doute oui. » répondit-elle d’une voix blanche.

Elle entreprit de se tresser une natte qu’elle laissa choir sur son épaule droite, regrettant immédiatement sa froideur. Danya ne pouvait pas savoir. Combien de fois s’étaient-elles extasiées ainsi, en perspective de ce mariage ? Trop de fois pour les compter. Se tournant vers son amie, elle lui adressa un doux sourire.

« Merci Danya. » avant d’ajouter pour explication : « Je vais aller rejoindre ma famille à présent. »
« Oui, profites-en. » répondit cette dernière, consciente de la dureté de cette séparation future.

Melleah quitta la pièce pour pénétrer dans le salon. Son regard rencontra immédiatement celui de Podrick qui semblait au comble de l’ennui. Leur grand-père, Lord Willem, était en grande conversation avec leur oncle, qui visiblement escomptait bien que son neveu y assiste. Installés dans des fauteuils, il formait un trio des plus disparates, la silhouette guindée de Ser Cedric contrastant avec l’immobilité du patriarche et la position avachie de Podrick. Ce dernier leva les yeux au ciel à son attention et Melleah retint un sourire, consciente du regard que venait de lever leur tante sur elle, à son entrée dans la pièce. Assise sur une banquette, celle-ci était occupée aux finitions de sa robe qui n’en avait pourtant plus besoin. Elle lui adressa un petit sourire avant de replonger dans son ouvrage. A côté d’elle, Septa Mirella tenait le nécessaire à broderie, tout en discutant de la cape aux armoiries Yarwyck qu’elle espérait assortie aux couleurs qu’elles avaient choisis pour la robe. A quelques pas de là, son père était plongé dans sa lecture et ne sembla pas la remarquer. Elle ignorait où pouvait bien se trouver les membres restants de leur Maison mais elle s’efforça de ne point y penser, comme à son habitude. Probablement étaient-ils enfermés dans leur chambre respectives.

Les observant tour à tour, elle eut une bouffée de tendresse pour tous ces gens qui constituaient sa famille. Même le regard hautain que lui porta son oncle au passage ne parvint à lui arracher une once d’agacement. Un nouvel échange de regard avec Pod’, et son silence inhabituel, incita ce dernier à se lever pour la rejoindre.

« Tout va bien ? »
« Très bien. » s’efforça-t-elle de le rassurer d’une voix rendue tremblante par l’émotion qui l’étreignit soudain.

Décidément, elle était bien trop sensible ces derniers jours. Elle se fit l’effet d’une petite enfant pleurnicheuse. Rien qui ne suscite le respect, ni même le désir. Elle n’avait rien d’une femme dans cet état. Il lui fallait absolument changer cela ! Se secouant intérieurement, elle afficha un sourire qu’elle voulu radieux. Podrick ne sembla pas dupe de son manège.

« Il fera encore jours pour au moins deux heures. Que dirais-tu d’une balade à cheval ? » lui proposa-t-il.

Elle lui adressa une oeillade reconnaissante. C’était exactement ce qu’il lui fallait, bien qu’elle s’en voulut immédiatement de l’obliger à se préoccuper d’elle ainsi. C’était elle la grande sœur. Elle qui devait le protéger, et non l’inverse. Mais il devenait homme et son instinct protecteur semblait aller de pair. Elle peinait encore à s’y habituer. L’idée qu’elle n’eut que jusqu’au lendemain pour cela l’incita à accepter sa proposition avant qu’elle ne put fondre en larmes.

« Merveilleuse idée. »

Elle ne resterait pas de marbre bien longtemps dans ce contexte, une distraction s’imposait, elle en avait conscience. Il lui fallait s’occuper l’esprit, changer d’air. Podrick n’aurait pas pu choisir meilleur activité pour cela. Il la connaissait bien.

Après en avoir informé le reste de la famille, ils allèrent se couvrir plus chaudement, prenant la direction des écuries. Si la désapprobation de les voir s’éloigner seuls sans surveillance sembla pousser le couple hériter à protester, l’accord tranchant et sans réplique de Jorran leur permit cet instant de tranquillité et d’intimité. Melleah adressa un remerciement silencieux à son père, mais il reprit sa lecture comme-ci cette soudaine autorité dont il venait de faire preuve n’avait rien d’inhabituelle, parfaitement inconscient de la chaleur que cela avait provoqué chez sa fille. Le frère et la sœur ne furent pas dupe pour autant. Jorran n’intervenait que peu dans la gestion de leur éducation mais il faisait preuve de son autorité légitime aux moments stratégiques. Ces fugaces instants rappelaient à Melleah l’homme attentionné qu’il avait été plus jeune. Il n’était finalement jamais loin des intérêts de ses enfants quoiqu’ils puissent en penser.

La distraction de leur conversation jusqu’au écurie apaisa quelque peu son cœur. L’odeur familière de l’endroit participa également à calmer ses nerfs. On leur scella les chevaux familiaux qui leur furent apportés dans la cour. Ils montèrent de concert et prirent le chemin des bois alentours. Melleah entama la conversation.

« Je constate que les festivités n'ont pas rendu notre Oncle moins … exigeant. » elle eut envie de dire « pénible » et se sentit fière d’avoir eut la présence d’esprit de se retenir, « J’espère qu’il ne se montre pas trop dur envers toi. » s’inquiéta-t-elle.

Là, loin de leur famille et de sa nostalgie à leur endroit, il lui était plus facile de songer à la réalité des relations familiales. A vrai dire, cette idée inquiétait Melleah bien plus qu’elle ne devrait. Si Podrick n’était plus un garçonnet sans défense, il restait ce petit-frère doux et profondément gentil qu’elle avait vu grandir. L’idée qu’il put être rudoyer de quelque façon que se soit lui était insupportable.

« Rien qui ne fut insurmontable. » répondit Podrick avec un sourire rassurant.

Bien entendu, pensa-t-elle amère. Il n’irait jamais jusqu’à lui confier son trouble à ce sujet. La limite de leur complicité s’arrêtait là où débutait son orgueil masculin, et leur place respective. Elle eut un sourire morose, malgré tout compréhensive. Ainsi allait la vie ! A nouveau, l’idée qu’elle ne pourrait plus surveiller tout cela d’elle-même, juste pour se rassurer, l’effleura. Elle déglutit bruyamment.

« Et toi ? Tu ne sembles guère enthousiaste à l’idée de ton mariage demain. »
« Je suis seulement nerveuse. »

Il lui jeta un regard circonspect. Nerveuse ? Plutôt folle d’angoisse, à moins que ce ne soit de chagrin. Elle se mordit la lèvre et passa au trot, peu désireuse de s’aventurer sur ce terrain. Il la suivit, alignant sa position à la sienne le long du sentier qu’ils empruntèrent.

« Tu étais déjà nerveuse à ton départ de Valmont, mais tu parlais plus encore que d’habitude. Je te trouve étrangement silencieuse ces derniers jours. »
« M’accuserais-tu d’être une insupportable pie ? » éluda-t-elle avec humour.
« Toi et moi savons de quoi il retourne. »

Elle eut un petit rire, lui retournant la moquerie, de bonne guerre :

« Notre Tante a encore du travail avec toi en ce qui concerne la courtoisie avec les Dames, mon frère. Tu n’es pas encore bon à marier ! »

Il rit à son tour, conscient que tout cela était encore loin des projets que l’on planifiait pour lui. Le silence s’installa, complice. Toutefois, alors qu’ils n’entendirent plus que le son des sabots recouvrant le vent et les pépiements des oiseaux, ils eurent tout le loisir de penser. Le sourire de Melleah s’évanouit progressivement laissant place au soucis. Comment allait-elle survivre ici, seule, sans Podrick, sans sa Septa, sans lady Nivia ou même son père ? Elle ne connaîtrait personne. A qui se confierait-elle alors ? Qui supporterait ses jacassements incessants ? Elle connaissait encore si peu Lady Ellya et Alerah. Les larmes lui montèrent de nouveau aux yeux et elle les ravala difficilement, détournant le regard à l’opposé et faisant mine d’observer le paysage. Les feuillages des arbres lui parurent soudain bien flous.

« Mel ... » murmura Podrick conscient de son émotion.

Il semblait mal à l’aise aussi s’empressa-t-elle d’essuyer ses yeux et de lui adresser son plus beau sourire.

« On fait la course ? »

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu’elle lançait déjà sa monture au galop. Un rapide coup d’œil en arrière lui apprit qu’il n’avait pas tardé à la suivre, bien que déstabilisé par cet entrain soudain. Serrant les flancs de ses talons, elle entreprit de se coucher en avant, accélérant toujours plus. Podrick fit de même, l’accusant de tricher à grand cris. Elle se mit à rire au éclat … pour ne point pleurer.

Une fois encore.
An 302, lune 10, semaine 4
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Happiness is based on trust while love requires doubt.
Melleah Payne
« Cesseras-tu un jour de gigoter ?! » s’exclama lady Nivia avec agacement.

Melleah retint un geignement et se figea. Elle ne cessait de jeter des coup d’œil au bas de sa robe dont Danya, accroupie à ses pieds, s’occupait d'ajuster le drapé. Debout derrière elle, sa tante tentait vainement de terminer de fixer sa coiffure avec des épingles. Les deux jeunes femmes échangèrent un regard et son amie lui adressa un sourire rassurant mais demeura silencieuse. Nerveuse, Melleah ne parvint même pas à lui répondre. A la place, elle tripota les lacets de son corsage en regardant face à elle.

« Je suis tellement nerveuse. » répondit-elle en guise d’excuse.
« T’agiter n’y changera rien. » la gronda-t-elle, « Reste tranquille où tu ne seras jamais prête à temps ! »

Melleah se mordit la lèvre. Sa tante avait raison, bien entendu. Mais c’était plus fort qu’elle. Respirant un bon coup, elle se força à rester immobile. Que ne donnerait-elle pas pour être assise avec les invités, attendant avec excitation l’arrivée de la mariée. Mais c’était elle la mariée, aujourd’hui. Elle que tout le monde attendait avec impatience. Cette idée lui déclencha la nausée et elle ferma les yeux pour se concentrer sur sa respiration.

Elle ignorait ce qui l’angoissait le plus. Être au centre de l’attention, épiée dans ses moindres gestes, analysée à travers son comportement et potentiellement jugée si elle ne s’avérait pas à la hauteur, l’angoissait profondément. Consciente d’avoir été éduquée toute sa vie durant pour parvenir à cet instant, elle se sentait soudain comme une enfant inexpérimentée qui aurait encore tout à apprendre. Que ferait-elle si elle gâchait tout en faisant un faux pas ? Un trébuchement sur le drapée de sa robe, un mot de travers, un bafouillement maladroit. Tout lui paru soudain insurmontable et elle craignait se laisser aller à l’émotion tant son anxiété était forte.

Qu’allait penser Ser Ashter d’elle ? La trouverait-il suffisamment belle pour surmonter la déception que représentait leur union à ses yeux, du moins l’imaginait-elle  ? Elle se le représentait sans mal dans sa tenue de marié, élégant, sobre … parfait. Elle ne parvenait pas en revanche à imaginer son expression. Serait-il totalement fermé ou au contraire enclin au symbolisme de l’instant ? Elle regrettait à présent de n’avoir pas prit la peine de s’entretenir avec lui avant les festivités. Elle, qui craignait de ne pouvoir contenir son émotion face à lui, réalisait à présent son erreur. Ses émotions en cet instant lui paraissaient plus exacerbées encore qu’elles ne l’avaient été ces deux dernières semaines et il lui aurait été plus simple d’affronter la cérémonie en sachant ce qui l’attendrait alors. Si sa colère et la peine semblaient s’être taries, sa nervosité et le doute s’était quant à eux décuplés. Elle n’avait pas la moindre idée de l’accueil que lui réserverait son promis. Elle ne cessait également de se poser cette même question : Allait-il penser à Sacha tandis qu’elle remonterait l’allée en direction du Septon ?

Elle avait longuement prié la Jouvencelle et la Mère à ce sujet. La première pour protéger leur union et la bénir d’un avenir plus radieux qu’il ne laissait présager. La deuxième pour lui donner la force et la sagesse de contenir son ressentiment et de pardonner. Il lui semblait avoir été entendu car une résignation nouvelle s’était imposée à elle à ce propos. Elle-même éprouvait de fort sentiments envers son promis. Transposant ces derniers à la situation du jeune Chevalier, il lui était apparu plus aisé de le comprendre. Elle se savait incapable d’oublier cette inclinaison à son égard, en témoigne sa présence aujourd’hui, aussi envisagea-t-elle mieux qu’il put s’être laissé aller à des gestes déplacés envers Sacha. Cela lui faisait du mal, mais elle comprenait la puissance d’un tel amour, même si cela ne faisait alors qu’accentuer ses doutes concernant l’avenir de leur mariage. Et si il ne parvenait jamais à oublier ses sentiments pour la belle roturière ? Pourtant, elle ne parvenait à étendre cette tolérance à cette dernière. La croyant son amie, ou du moins en passe de le devenir, son sentiment de trahison était encore trop fort. Elle envisageait cet acte comme une véritable fourberie de sa part. Elles étaient des femmes et par conséquent, Sacha connaissaient les difficultés qu’incombaient à leur statut. La plupart du temps spectatrices de leur propre existence, elles étaient soumis à la volonté des hommes et aux éventuels blessures qu’ils pourraient infliger à leur cœur. Qu’elle ait pu accepter le baiser de Ser Ashter en le sachant promis à une autre -à elle-même !- dépassait son entendement.

Constatant que ses pensées l’agaçaient plus qu’autre chose, Melleah se ressaisit tandis que Danya se relevait et entreprit d’ajuster les derniers détails de son corsage. Ceci fait, elles se regardèrent un long moment avant que son amie ne lui prenne brièvement les mains en signe de soutien, articulant silencieuse un compliment à son égard. Touchée, Melleah la remercia en murmurant pour ne pas attirer l’attention de sa tante sur leur échange. La jeune servante s’écarta ensuite et s’affaira à récupérer les vêtements usagers de son amie avant de sortir de la pièce, les laissant seules. Lady Nivia achevait sa tâche.

« Parfait. » déclara-t-elle satisfaite avant de la forcer à se retourner pour lui faire face, « Montres-moi cela ! Oui, vraiment ! Tout cela est parfait. Tu es magnifique. »

Elle lui adressa un regard empli de fierté. La tendresse emplie le cœur de Melleah face à cette manifestation affectueuse. Elle la prit dans ses bras, sans mot dire. Elles restèrent ainsi quelques instants avant qu’elles ne se séparent.

« Tout se passera très bien. » la rassura-t-elle, et elle le fut. Un peu.

La porte s’ouvrit alors, dévoilant la présence de Podrick, Jorran et, cachée derrière eux, Anea. La silhouette austère de cette dernière mit immédiatement Melleah mal à l’aise, ne sachant comment appréhender leur relation et sa soudaine apparition. Elle jeta un coup œil à sa tante. Cette dernière retenait sans mal une expression de profond dégoût. Elle lui sourit malgré tout une dernière fois, serrant sa main avant de les laisser seuls, passant à côté de sa belle-sœur comme si elle n’existait pas et non sans jeter un regard de reproche à son beau-frère au passage. Ce dernier ne sembla pas le remarquer, ou peut-être fit-il semblant, Melleah l’ignorait.  

Lady Anea s’avança timidement sous le regard presque apeuré de sa propre fille, tandis que les deux hommes restèrent en retrait. Que faisait-elle ici ? Pourquoi père l’avait-il amené avec elle ? Elle l’interrogea du regard, avant de rencontrer celui de Podrick qui semblait tout aussi peu à l’aise qu’elle dans cette étrange situation. Elle ignorait la dernière fois qu’ils avaient été réunis dans la même pièce tous les quatre, lui aussi sans doute.

« J’ai insisté auprès de ton père afin de te voir avant la cérémonie. »

Une mauvaise idée, pensa-t-elle instantanément. Ses nerfs à fleur de peau ne semblaient pas capables d’endurer une rencontre pareille. Elle garda le silence, ignorant ce qu’elle devait répondre à cela, ni même si sa voix parviendrait à s’échapper d’entre ses lèvres. Qu’attendait-on d’elle à ce sujet ? N’avait-elle pas été élevée dans l’idée que plus de temps elle passerait en son absence, mieux elle se porterait ? Elle se sentait soudain perdue. De nouveau, elle regarda son père qui s’obstina à fixer le mur face à lui comme si la simple idée d’effleurer son épouse du regard lui était insupportable. Un malaise s’installa.

« Tu es vraiment très belle. » la complimenta sa mère d’une voix douce qui lui rappela soudain son enfance, « Je souhaite de tout cœur que ton mariage saura combler ton cœur et t’apporter toute le bonheur que tu mérites. Ser Ashter me semble un époux convenable et bienveillant. C’est bien. »

Melleah ne s’attendait pas à éprouver quoique se soit d’autre qu’un profond malaise. Pourtant, la sollicitude de sa génitrice l’émue profondément et elle se força à articuler un faible « Je vous remercie, mère. » qui lui paru bien pauvre en comparaison d’une telle déclaration. Cette dernière lui adressa un sourire doux, tinté d’une certaine amertume, et les quitta sans même qu’on ne lui demande. Le regard qu’elle partagea avec son époux en le croisant prêt de la porte troubla profondément Melleah. Elle échangea un regard avec Podrick. Ce dernier attendit que la porte ne se referme avant de s’avancer à son tour. Il afficha finalement un sourire goguenard.  

« Tu as l’air sur le point de rendre ton déjeuner, Mel’ »

Elle rit un peu, la voix tremblante. A vrai dire, la nausée était belle et bien là, mais il aurait été peu convenable de le lui révéler.

« Oh Pod’ ... » chuchota-t-elle au comble de l’angoisse, « Je suis tétanisée. J’ai tellement peur de me montrer incapable. Qu’est-ce que je vais faire ? »

Ne répondant pas, il  la prit dans ses bras, la serrant contre lui avec tendresse. Melleah se lassa aller contre son torse, posant son menton sur son épaule et agrippant les vêtements dans son dos comme pour s’ancrer à lui. L’odeur familière de ses cheveux ne parvint pas à l’apaiser, bien au contraire. Elle eut soudain très envie de pleurer. Son petit frère. Son gentil Podrick. Comment allait-elle survivre sans lui ?

« Tu vas tellement me manquer. » gémit-elle, sans parvenir à retenir ses larmes.

Il s’éloigna d’elle pour la regarder et essuya ses yeux avec gentillesse. Elle eut peur de le mettre mal à l’aise mais il se contentait de sourire. A son tour, il lui apparu soudainement un peu ému.

« Ne pleures pas. » dit-il simplement, « Nous ne serons séparés que de quelques centaines de lieux. Je viendrais te rendre visite. Nous nous écrirons. »

Ils savaient tout deux qu’il ne pouvait promettre qu’une seule de ses deux affirmations. Leur oncle ne le laisserait pas en paix tant que ne serait pas achevé son écuyage. Ils ne se reverraient probablement pas avant plusieurs lunes, si ce n’est plusieurs années. Cette pensée redoubla ses larmes et elle ne le vit bientôt plus. Il les essuya à nouveau, lui répétant ses premiers mots, tandis qu’elle s'agrippait à sa main pour la serrer contre son cœur.

« Ne pleure pas. »

Un raclement de gorge les interrompit et ils se tournèrent vers leur père, ayant brièvement oublié sa présence. Rigide, il s’approcha, la cape aux couleurs de la famille posée sur son bras afin de l'en vêtir avant le début de la cérémonie.

« Il sera bientôt l’heure. » déclara-t-il.

Melleah hocha la tête, essuyant à son tour ses yeux avec une pensée fugace. Il ne faudrait pas qu’ils soient gonflés et rouges à son arrivée devant son promis. Elle remit ensuite de l’ordre dans sa tenue, s’assurant que tous les efforts de Danya et sa tante n’eurent pas été vain. Par chance, rien de tout cela n’avait bougé. Elle souffla pour se rassurer. Podrick approuva :

« Oui, vous avez raison père. Je vais aller rejoindre les invités. », il se tourna un dernière fois vers sa sœur, « Souris Mel’, aujourd’hui est un grand jour. »

Elle s’exécuta, attendrie et il quitta la pièce. N’était-il pas le plus merveilleux frère qu’elle put avoir ? Ses pas retentirent dans le couloir avant de complètement s'effacer. Elle regarda son père alors qu’un silence parfait tombait sur les lieux. Plus personnes ne semblaient présents sur les lieux, tel un château abandonné. Cela ne rendit l’instant que plus solennel. Ils échangèrent un long regard.

Finalement, il lui sourit, et ce sourire fier n’apparaissant que rarement sur son visage, elle se sentie soudain rassurée. Il lui offrit son bras. Souriant à son tour, elle le prit. Elle était prête.

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