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Crazy tales rhythmed by the drums of war | Tavish

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Crazy   tales rythmed by
   
the drums of war
   
Bourgfaon, 302, Lune 10, semaine 2
Immobile se tient-elle là, la chevêchette, debout de la cheminée. Et alors que les doigts de la servante s'affèrent pour la défaire de son corset, l'esprit de la jeune dame de ces lieux rôde à bien des miles de ce château qui, sur le papier à défaut de ne point l'être dans son cœur, est devenu sa maison depuis plusieurs lunes déjà. Loin est-elle désormais, cette jeune mariée qui se crispait aux simples sons de pas dans le couloirs, annonçaient-ils l'arrivée du faon et le début de leur nuit de noce. La légère inquiétude qui aujourd'hui se dessine sur les traits de la chevêchette a beau être elle aussi liée au faon, ce n'est désormais nullement ce qui se passerait une la lourde porte de bois fermée derrière Janyce qui la tracasse. Non, cette partie là de son mariage, elle a au fil du temps appris à l'apprécier. Ce qui désormais attise son appréhension, c'est bien d'avantage cette mine songeuse qui depuis quelque jours assombrit le visage du faon. Quelque chose le tracasse-t-il, pour cela, point ne faut-il bien le connaitre pour le deviner. Des soucis et réflexions que pour autant, il semble si peu prêt à partager, de lui-même du moins. Une fois déjà a-t-elle cherché le dialogue, a cherché à comprendre ce qui tant pèse sur la conscience de celui dont elle porte désormais le nom. Une fois a-t-elle cherché à entrer dans sa confidence - et pourtant, devant des contes de flammes, morts et neige, rapidement a-t-elle regretté son choix. Hésitant a-t-il été avant de réellement se lancer, de décrire à la chevêchette ces prétendues visions d'un lunatique qui l'a mis dans un tel état. Un de ces charlatans abusant d'on ne sait quelle herbe ou champignon aurait vu dans les flammes des morts marchant dans les hautes neiges du Nord. Des morts qui marchaient ! A-t-on déjà entendu pire délire ? Et pire même, comment un tel récit peut-il plonger une personne qu'elle a pensé saine d'esprit dans un tel état? La seule chose qui bouge chez les morts, ce sont les asticots se régalant de leurs chairs... mais de telles paroles, s'est-elle forcée de les garder pour elle, dans un autre effort pour chercher à éviter le conflit avec le faon. Alors est-elle restée assise là, aux côtés d faon, les lèvres pincés et l'esprit ailleurs. Non, ce genre de délires, elle ne peut y croire. Elle ne veut pas y croire. Voir le futur dans les flammes? Si ce dernier n'est pas de voir la demeure partir en fumée par mégarde, alors non, elle refuse d'y croire. Tout comme elle refuse de se détourner du droit chemin, celui illuminé de Sept Lumières. Alors, ce sujet a-t-il bien rapidement sombré dans le silence des époux Cafferen, chacun préférant de se taire pour éviter que cela ne dégénère entre eux. Et pourtant, pouvait-elle voir que ce sujet tracassait toujours le faon les jours suivants, au point de le pousser à visiter le temple bien plus souvent et longuement qu'à son habitude - certainement pour consulter le charlatan qui y résidait, au grand déplaisir de la petite chouette. Et pourtant, depuis peu l'air du faon est devenu plus grave encore. Quelque chose a changé, changé dans un sens qui ne risque point de lui plaire, ça elle le sent au fond de ses tripes. Mais quoi? Cela, elle ne peut le dire.

Toujours perdue dans ses pensées, la chevêchette sent la pression du corset s'aménuiser jusqu'à disparaitre quand Janet pose le vêtement sur un coffre non loin. Et alors que la domestique entreprend de défaire la robe de la petite chouette, des pas devant la porte annonce l'arrivée imminente du faon.

« Tu peux nos laisser Janyce. Je finirais seule. »
Après tout, a-t-elle bien du se débrouiller seule de bien nombreuses fois dans le nid des chouettes, alors pourra-t-elle bien le refaire, surtout lorsque Janyce lui a déjà défait le noeud du laçage de sa robe.
« Bien sûr, m'lady. »

Et alors que la petite chevêchette adresse un léger sourire à celle avec laquelle elle s'est construite une certaine complicité au cours des derniers mois, cette dernière s'éloigne déjà, ouvrant la porte pour y laisser apparaître la silhouette du faon.

« Ser Tavish. » le salue-t-elle poliment, lui cédant le passage avant de s'éloigner. Vers sa propre maison, sa propre famille. Et alors que la porte doucement se referme derrière la servante, la chevêchette, elle, s'approche de son époux, l'aidant à se défaire de sa ceinture, le débarrassant ainsi du fin poignard que lui a fait parvenir son amie dornienne il y a quelques semaines déjà, pour leur mariage. Un cadeau qui point n'est venu seul, et ainsi, désormais le superbe masque qui a été offert à la chevêchette pour la même occasion trône sur sa maquilleuse. Posant doucement l'épée et l'arme sur une petite table, elle finit par se tourner une fois de plus vers son mari, scrutant la si grave expression sur le visage de ce dernier. Elle s'est promise de se montrer patiente, d'entamer une légère conversation avant de se lancer dans le vif du sujet. Mais voyant que tant ce dernier semble être troublé, cette résolution que trop rapidement ne s'envole.

« Vous avez l'air bien grave aujourd'hui Tavish. » commence-t-elle, attrapant la main du faon pour le guider vers les deux fauteuils près de la cheminée. « Je vois bien que quelque chose vous tracasse. Depuis quelque temps déjà... mais aujourd'hui plus que jamais. Peut-être... Pendant un court instant, hésite-t-elle, la chevêchette. Si les choses se sont considérablement améliorées depuis les si difficiles débuts de leur union, ne sont-ils point encore de ceux qui partagent chacune de leurs pensées. Et pour preuve, encore aujourd'hui hésite-t-elle à lui demander de partager ses tracas, et peine-t-elle parfois de trouver les bons mots pour lancer une conversation. ... peut-être pouvez-vous m'en parler? » Puis, pensant à la dernière fois qu'ils se sont trouvé dans une situation si similaire à celle-ci, elle finit par ajouter d'une voix douce. « Je ne puis promettre de comprendre, mais je vous promet d'écouter. » Avec délicatesse, pose-t-elle dans la main du faon une coupe de vin, avant de prendre place sur un des fauteuils - et d'attendre. S'il a besoin de temps avant de se confier, alors soit. S'il ne désire point parler, elle respectera cela - pour quelque temps, du moins. Avant de chercher à parvenir d'une autre manière à le faire parler de ce qui le tracasse tant au point de lui voler son sourire.
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An 302, lune 10, semaine 2

Cette journée avait été épuisante et éprouvante. Un corbeau était arrivé au moment du dîner. Lorsqu’Arstan l’avait lu, après être sorti de table, il avait immédiatement informé son fils ; Lord Stannis partait pour le Nord et appelait les familles converties à R’hllor à le rejoindre. A cette nouvelle, le père comme le fils avaient été préparé. Depuis le corbeau de Béric, la perspective d’une guerre, au nord du continent, était devenue une réalité. De son côté, le jeune chevalier orageois avait déjà un peu réfléchi. La découverte de Lamentation, sa foi en R’hllor et en cette prophétie des ténèbres arrivant sur eux, ses vœux en tant que chevalier…Tout cela le dirigeait vers la guerre. C’était son devoir. Il ne pouvait s’y dérober. L’appel de Stannis venait d’ailleurs rajouter un coup de pression à cette décision inévitable ; ne pas répondre à l’appel serait évidemment mal vu. Certes, il était le dernier héritier de la maison Cafferen. Certes, son père comptait de toute évidence partir. Mais il souffrait déjà des préjugés liés à sa naissance illégitime. Il ne pouvait pas en plus s’affubler d’un qualificatif de lâche et nuire ainsi grandement à sa maison et à la réputation des enfants qu’il pourrait avoir. Né Storm et devenu héritier, il n’avait pas le droit à l’erreur car les regards portés sur lui seraient plus dur que ceux portés sur les autres héritiers et seigneurs.

Et pourtant…Qu’il était difficile de se résoudre à partir à la guerre et de laisser son épouse derrière lui…Comme Tavish l’avait espéré, une relation plus affectueuse était doucement en train de se bâtir entre la née-Mertyns et lui mais voilà qu’il allait déjà devoir s’en aller…Et pourquoi ? Pour partir se battre dans la guerre la plus importante qui pouvait prendre place ; celle de la lumière sur les ténèbres, celle de la mort sur la vie. Mais, Shoren, le comprendrait-elle ? Le jeune homme redoutait d’autant plus de devoir annoncer son départ à son épouse qu’il craignait fortement qu’elle ne comprenne pas sa décision. Lorsqu’il avait évoqué le contenu de la lettre de Béric Dondarrion à Shoren, sa jeune épouse n’avait pas relevé. Bien sûr, comme il s’en était douté, elle ne croyait pas un mot de tout cela. La fervente croyante des Sept n’avait aucune foi en ces histoires de vision dans les flammes et de prophétie de R’hllor. C’est pourquoi Tavish partait avec une appréhension de plus concernant Shoren ; il ne suffirait pas de lui annoncer son départ, il faudrait tâcher de lui expliquer pourquoi ce départ était nécessaire…

Après la discussion entre hommes qui avait suivi le dîner et l’arrivée du corbeau, c’était à Shyra qu’avait été annoncée à la nouvelle, à l’entrée du temple, en présence du prêtre Gyllyrios qui avait ainsi également appris la décision du suzerain de l’Orage. Cela avait brisé le cœur de Tavish de lire la tristesse et l’inquiétude sur le visage de sa petite soeur. Shyra n’avait jamais été séparée très longtemps de son père…Et évidemment, même s’ils avaient grandi loin l’un de l’autre, Tavish savait à quel point sa petite sœur tenait à lui, tout comme il tenait énormément à elle. Elle avait déjà cru le perdre, lorsqu’il avait été empoisonné par Lady Alyssa. Il ne pouvait imaginer à quel point devoir revivre l’expérience de l’inquiétude de perdre son frère mais également son père devait être pénible…

Après avoir discuté avec sa sœur, Tavish n’avait pu se résoudre à se rendre directement auprès de son épouse pour lui annoncer la nouvelle. Il lui fallait espacer ces deux discussions difficiles, il lui fallait prendre un peu de temps pour s’y préparer…

Il était parti vers la ville sur laquelle il avait porté un regard effrayant de par sa nostalgie anticipée. Tavish se souvenait de Lord Erich et de Byron lorsqu’ils étaient partis pour la guerre. Il se souvenait d’avoir pensé qu’aucun, de son père, son oncle, ou son cousin, ne pourrait ne pas en revenir. Ils étaient bien trop forts pour mourir…Mais, l’enfant d’autrefois savait aujourd’hui que personne n’était trop fort pour périr à la guerre. Personne n’était à l’abri.

L’héritier de Bourgfaon avait bu une cervoise à l’une des tavernes de la ville. Bien sûr, on ne manquait pas de cervoise au château, mais Tavish considérait comme une chose importante que de garder une sorte de proximité avec les gens de la ville et de contribuer parfois de manière plus directe, en personne, à faire vivre leur commerce. Lorsqu’il était rentré au château, un peu plus tard, il s’était dirigé vers ses appartements. Il ne pensait pas être réellement prêt pour avoir cette discussion, mais il ne pouvait la remettre à plus tard. Shoren avait besoin de savoir ce qui se tramait. Et de toute façon, était-on un jour pleinement prêt pour devoir annoncer ce genre de nouvelle ?

Lorsqu’il entra dans ses appartements, Shoren ne portait pas son corsage, uniquement sa robe. Elle devait l’avoir entendu arriver et avoir renvoyé Janyce avant qu’elle ne termine de l’aider à se dévêtir. En voyant son épouse qu’il trouvait très belle, le jeune homme eut un sourire qui cependant ne pouvait suffire à masquer que quelque chose d’importait le perturbait.

« My lady », la salua-t-il. Shoren l’aida à se débarasser de sa ceinture et de ses armes et Tavish la laissa faire, pensant à la conversation qu’ils allaient avoir. Ces gestes auraient, au tout début de leur mariage, été impensables. Des preuves, à nouveau, de la bonne voie qu’empruntait cette union. Dans l’intimité également, les rapports entre Tavish et Shoren avaient changés et étaient devenus beaucoup plus facile. Le jeune homme se souvenait sans peine de l’appréhension qu’il avait eue quant à sa nuit de noce, espérant ne pas faire vivre à sa jeune épouse une expérience aussi traumatisante que celle de Clarysse. Désormais, lorsqu’il l’embrassait, Shoren lui rendait son baiser. Lorsqu’il la touchait, elle n’avait pas de geste de recul. Ils en étaient désormais loin et le jeune homme ne pouvait qu’espérer que les choses aient évolués de la même manière dans le mariage de son amie bieffoise.

Quand Shoren eut terminé de l'aider à se débarrasser, Tavish passa une main dans ses cheveux, un geste de tendresse durant lequel malheureusement, transparu son air pensif.
Il avait imaginé, lui aussi, commencer par parler d’autres choses. Il avait pensé demander à Shoren ce qu’elle avait de l’après-midi. Non seulement parce qu’il s’y intéressait et ensuite parce qu’il voulait avoir encore une conversation simple avec elle avant de semer sur la dame de la maison les graines de l’inquiétude. Mais, Shoren avait deviné toute suite qu’il avait quelque chose d’important à lui dire. Lui prenant la main elle le guida vers un des fauteuils près de la cheminée.

La née-Mertyns semblait avoir deviné que le sujet d’inquiétude de son époux était relié à R’hllor. Elle ne pouvait lui promettre de comprendre, avait-elle dit, mais elle lui promettait d’écouter. Comment pouvait-elle se douter, cependant, que ce qu’il avait à annoncer était un départ en guerre ? S’il tentait de se mettre à la place de son épouse, une croyante des Sept pour qui toutes ces histoires n’étaient que des foutaises, il se doutait bien qu’un départ en guerre ne serait pas aisé à comprendre et aurait même sans doute l’air absurde. Il soupira, eut un bref regard pour les flammes de la cheminée. Il se pencha vers Shoren et eut envie de prendre sa main dans la sienne mais se ravisa pour l’instant. Un tel geste aurait sans doute eu l’air trop dramatique. Et bien sûr, la situation l’était. Mais, il ne voulait pas l’inquiéter. Il préférait lui donner l’impression qu’il ne doutait pas de son retour, même si, étant un homme et plus un petit garçon, il savait que revenir de la guerre n’était jamais une certitude. C’était son épouse, il devait la protéger et la rassurer. Il devait être fort pour elle. Mais comment la protéger tout en lui disant la vérité ?...

« Vous vous souvenez de la lettre dont je vous avais parlé ? Celle que Lord Béric Dondarrion a envoyée à mon père et à d’autres seigneurs convertis ? », demanda-t-il, tout d’abord. « Lord Béric est ensuite parti pour Accalmie et a discuté avec Lord Stannis de la vision du prêtre Thoros. Et bien…Mon seigneur père a reçu un corbeau ce matin, un corbeau de Lord Stannis. La menace est très sérieuse. Il part pour le Nord et demande aux convertis de le rejoindre…», expliqua-t-il. Tavish n’avait pour l’heure donné que les faits, préférant garder la partie explicative, la partie la plus difficile face à une croyante des Sept, pour plus tard. Mais, il lui restait tout de même à formuler clairement ce que cela voulait dire. « Croyez moi, je n’ai aucune envie d’être loin de vous…», commença-t-il enfin. Il prit sa main dans la sienne, veillant à ce que ce geste soit rassurant et non inquiétant. Mais, évidemment, cela n’enlevait rien à la situation, qui elle, l’était sans aucun doute. Elle avait probablement deviné la suite avant qu’il ne le dise, cependant, sans doute subsiste-il toujours un doute, un espoir que l’on ait mal compris lorsqu’une mauvaise nouvelle nous est annoncée. Tavish s’en voulait de devenir tuer ce doute…Il s’en voulait déjà de devoir laisser sa belle chevêchette loin de lui, pour des semaines et des semaines. Mais, cette guerre était plus importante que toutes. Il s’agissait de faire triompher la vie sur la mort. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, aussi fou que cela l’était encore lorsqu’il se le disait dans sa tête, il s’agissait d’éviter que l’extinction de tout Westeros…

« Père et moi allons devoir partir pour le Nord, pour la guerre… »
Sa main s’était quelque peu resserée autour de celle de Shoren lorsqu’il avait prononcé ce dernier mot, comme s’il craignait qu’elle se raidisse. Comme s’il craignait qu’elle la retire…Comme s’il craignait sa peine, une peine qu’il n’avait jamais voulu lui faire et qu’il ne pouvait pourtant pas, en ce moment,  empêcher…
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Bourgfaon, 302, Lune 10, semaine 2
Lourd semble-t-il, ce poids tant pesant sur les épaules du faon, au point de même lui ôter ce sourire auquel elle s'est pourtant habituée au cours de ces dernières lunes. Mais aussi grand qu'il soit, ce putatif problème occupant l'esprit du faon, pas un mot n'en a-t-il encore laissé échapper à ce sujet en présence de la chevêchette, si bien que cette dernière ne peut uniquement tenter à deviner la cause de cette mine si grave. Y a-t-il donc un soucis à Bourgfaon - mais n'en aurait-elle point entendu parler? A moins peut-être que quelque chose ne se soit produit dans la ville s'étendant aux pieds du château ? Mais encore une fois, si une chose si grave comme le suggère la mine de Tavish se serait produit, certainement en aurait-elle eu vent. Est-ce donc une mauvaise nouvelle qu'il aurait reçu, d'un ami peut-être ? Bien nombreuses sont les explications qui se bousculent dans l'esprit de la chevêchette, sans que pour autant cette dernière ne sache à quel point ses suppositions sont à bien des miles de la vérité: certes, le faon lui a-t-il parlé il y a quelques temps déjà de la missive du Lord Dondarrion, mais si la petite chouette a bien vu pourtant l'inquiétude dessiné sur le visage de son époux, jamais ne penserait-elle que cela pouvait encore le troubler à ce moment précis. Après tout, n'est-il point trop évident que ces histoires là ne sont que foutaises ? Des morts qui marchent - voilà ce qui certainement devait être le mensonge de trop, celui qui ferait réaliser aux égarés que ceux qu'ils suivaient ne sont que des charlatans.

Mais malgré l'inquiétude quelque peu contagieux du faon, la chevêchette ne peut s'empêcher de réagir au tendre geste de ce dernier, lui adressant un léger sourire avant de serrer avec tendresse sa main dans la sienne, tout en le conduisant jusqu'à un des sièges installés devant la cheminée. Peut-être ne peut-on point parler d'amour entre le jeune couple de Bourgfaon, mais certain est-il qu'en l'espace de quelques lunes seulement, leur relation a-t-elle bien changée. Loin derrière eux sont-ils ces moments de soupçons, et même de peur en compagnie de l'autre. Oubliée est-elle, cette jeune mariée tremblante. Non, depuis quelques temps, la chevêchette commence-t-elle même à apprécier cet homme tendre et attentionné avec lequel elle partage désormais sa vie. Certes, ne se connaissent-ils point encore si bien, ce qui, parfois, laisse place à certaines petites hésitations et maladresses, tel maintenant par exemple, où la chevêchette ignore comment le mieux commencer cette discussion dont elle est certaine qu'ils doivent avoir un moment. Une discussion qu'au fond, elle aurait aimé voir le faon l’entamer; que lui vient chercher du moins son oreille attentive. Mais certainement est-ce là encore trop demandé - trop jeune est encore leur relation, et trop instables ont été les débuts de cette dernière, pour cela. Alors, installée auprès du feu, tente-t-elle de se montrer patiente, de laisser au faon le temps qu'il lui faudra pour lui avouer ce qu'il a sur le cœur.

Et pourtant, lorsque le faon enfin rompt le silence, manque-t-elle de s'étouffer avec son vin. Toussotant, met-elle un moment à retrouver sa respiration, mais son esprit, lui, déjà est en ébullition. ENCORE cette ridicule lettre ? Pourquoi faut-il donc que tout semble toujours revenir à ces charlatans rouges et leurs tromperies ? Et comme à l'accoutumée, ses lèvres se pincent-elles à la simple notion de ce sujet, et ses doigts se crispent autour de cette coupe de vin qui toujours se trouve dans sa main. Mais, préférant éviter un accident, rapidement pose-t-elle la coupe sur la petite table se trouvant entre les jeunes mariés. Et peut-être n'est-ce point plus mal, ainsi reste-t-elle silencieuse quelques moments  encore, le temps de mieux réfléchir aux mots à employer face au faon. Ah, si la mine de ce dernier point ne serait si grave, alors certainement aurait-elle rit...  « La menace ? Bon sang Tavish, les morts ne posent une menace à personne! » Elle lutte, la chevêchette, lutte de garder son ton le plus doux possible, et pourtant, point n'est-il difficile de déceler désespoir et agacement dans la voix de cette dernière. Enfin, les morts certainement ont-ils été une menace lors de la terrible vague rouge ayant emporté de bien nombreux orageois - mais dans sa lettre, ce n'est point d'une épidémie qu'il parlait, Lord Béric, selon les dires de Tavish du moins. « Et encore moins peuvent-ils marcher. Je sais que vos prêtres répandent ce genre de dires mais... » ''réfléchissez donc un peu' meure-t-elle d'envie d'y ajouter, mais pour une fois, préfère-t-elle ravaler ces mots qui pourtant lui pèsent sur le bout de la langue. « Vous n'allez tout de même pas me dire que vous partez dans le Nord, uniquement parce que un.... » Charlatan. Fou. Alcoolique. Nombreux sont les mots qui lui viennent à l'esprit, mais sait-elle également que jamais la discussion ne débouchera-t-elle sur quelque chose si elle les emploie... alors se doit-elle contenter d'un terme qui lui demande bien de l'énergie à formuler sans dédain. « ... prêtre aurait vu dans des flammes des choses défiant tout bon sens. Des choses dont même les mestres, des hommes forts sages, n'en ont jamais entendu parler, et dans lesquels ces derniers ne peuvent pas croire ? » Non, elle ne peut croire que leur Suzerain ait envoyé un tel ordre. Bien qu'homme connu pour sa dévotion aux dires de ces charlatans, il ne reste pas moins un homme droit, honorable. Et surtout, fier. Alors pourquoi risquerait-il de s'humilier devant le Royaume entier en se fiant à des dires qu'il devait parfaitement savoir irréels ? Non, elle ne peut point y croire. Mais alors pourquoi le faon souhaite-t-il s'éloigner de Bourgfaon ?

Quelque peu agacée par ce sujet qu'elle estime finalement si ridicule qu'il ne mérite point d'être discuté entre deux personnes saines d'esprit, mais également inquiète face à l'idée que le faon puisse souhaiter s'éloigner de Bourgfaon et d'elle, la chevêchette se lève, rompant ainsi le contact de leur main. « Et qui comptez-vous donc combattre Tavish ? Les flocons de neige et cristaux de glace ? » laisse-t-elle échapper sans doute plus sèchement qu'elle ne l'a prévu. A toute cette histoire, elle ne parvient point à y croire, à la place, l'impression que l'on se moque d'elle doucement commence à immiscer dans son esprit.

Debout devant le feu, les mains tendues vers les flammes dans l'espoir de chasser cette éternelle sensation de froid compagnie de l'hiver, la petite chouette tourne le dos au faon, incapable de croire en ses paroles. Blessée à l'idée que déjà, il cherche raison à la quitter. Que déjà, il lui raconte de telles histoires abracadabrantes.

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An 302, lune 10, semaine 2

Tavish ne pouvait pas dire qu’il était étonné. Evidemment, il l’avait redoutée la réaction de sa chère épouse. Commençant par manquant de s’étouffer avec son vin lorsqu’elle entend l’orageois mentionner cette « menace », Shoren lutte, il le voit, pour garder un ton doux et calme. Mais, elle n’en pense pas moins…

« La menace ? Bon sang Tavish, les morts ne posent une menace à personne! Et encore moins peuvent-ils marcher. Je sais que vos prêtres répandent ce genre de dires mais... »

Bien sûr, ce que Shoren dit est la logique même. Car si les morts sont une menace, alors comment en venir à bout ? Comment les tuer pour de bout ? Si Tavish sait se battre, avec une épée ou avec un arc, il ignore quelle sera l'utilité de ses armes face à de telles créatures revenues d'outre-tombes. C'est vers l'inconnu qu'il s'apprête à partir, et cela est bien effrayant...
Alors...Arait-il dû lui dire qu’ils partaient dans le Nord pour aider à lutter contre la menace constituée par les sauvageons ? Aurait-ce été plus facile ainsi ? Peut-être. Mais, il lui a promis l’honnêteté et il tâche de s’en tenir à ce serment, comme il respecte celui qu’il a fait devant le Guerrier, dans ce temps reculé où ils priaient toujours sept dieux et non un seul. D’un autre côté, Shoren s’inquiétera sans doute bien moins pour lui si elle le pense parti se battre contre une menace imaginaire qu’elle ne s’inquiéterait si elle le croyait en guerre contre d’autres êtres humains, réputés barbares et sauvages. C’est donc peut-être mieux ainsi. C’est donc peut-être mieux, que contrairement à Shyra, elle n’accorde guère foi à la vérité et à la gravité de cette menace.

« Vous n'allez tout de même pas me dire que vous partez dans le Nord, uniquement parce que un.... ... prêtre aurait vu dans des flammes des choses défiant tout bon sens. Des choses dont même les mestres, des hommes forts sages, n'en ont jamais entendu parler, et dans lesquels ces derniers ne peuvent pas croire ? »

« D’autres hommes en ont déjà entendus parler », pense Tavish en se rappelant de la Longue Nuit, une légende bien connue des nordiens et vaguement connue du jeune orageois depuis peu mais qui semble cependant ressembler à la situation actuelle. Il n’en dit rien cependant car le jeune homme peine à imaginer pouvoir convaincre Shoren de la véracité de ces faits inquiétants qui pour sa part, ne le rende guère sceptique. Il renonce donc à lui répondre, préférant assurer à son épouse qu’il ne souhaite aucunement se trouver loin d’elle mais qu’il va devoir, avec son père, partir en guerre. Après tout, sans doute était-ce mieux qu’elle ne prenne pas conscience du danger…

« Et qui comptez-vous donc combattre Tavish ? Les flocons de neige et cristaux de glace ? »

Cette fois, la née-Mertyns s’est levée, visiblement agacée. Tavish la regarde en silence, calme et sans jugement. Il ne sait que dire. D’une part, mieux vaut qu’elle n’y croit pas, c’est ce qu’il se répète. Et pourtant, cette incompréhension doit être une torture. Comme il doit être pénible pour Shoren d’entendre son époux lui déblatérer des choses qui, pour elle, n’ont tout simplement aucun sens !

Le chevalier orageois baisse le regard. Ses yeux, préalablement posés sur Shoren, descende sur le foyer ardent auprès duquel elle semble chercher un peu de sa chaleur. Que ne peut-il lire dans les flammes lui aussi, pour y observer sa victoire et son retour indemne. Que ne peut-il lui promettre de telles choses sans lui mentir. Il soupire.

« J’ai fait un serment devant le Guerrier. Et même si le Guerrier n’est plus mon dieu, je me dois d’honorer ce serment. », dit-il calmement. Cela parlera sans doute davantage à Shoren que toutes les explications qu’il pourrait lui donner pour justifier sa croyance en cette étrange menace. Car une croyance ne s’explique pas vraiment. Un serment, en revanche, si. « Notre royaume est menacé, Shoren. Lord Stannis lui-même nous appelle à le défendre. Vous savez que c’est un homme raisonnable qui ne convoquerait pas ses bannerets sans raison valable. », ajoute l’héritier des faons. Il se lève et s’approche de son épouse. « Je me dois de répondre à son appel, c’est mon devoir... »

C’est tout ce qu’il ose lui dire pour l’instant, étant donné l’incompréhension totale dans laquelle elle semble plongée. Il ne peut lui dire qu’à cette guerre, il est obligé de participer car sans une victoire, c’est la vie tout entière qui est menacée. Ces choses là, son épouse ne semble pas prête à les entendre. Soit, elle le prendrait pour un fou, soit, elle finirait par être tétanisée par la peur. Et bien sûr, il ne veut pas l'effrayer...
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Bourgfaon, 302, Lune 10, semaine 2
Ô, qu'elle aimerait pouvoir secouer le faon, la petite chevêchette, pour que ce premier enfin retrouve cette raison qu'il semble avoir perdu au moment même où il a rompu le plus sacré des serments. Après tout, comment expliquer autrement que certains puissent croire en ces folles histoires comptées par ceux qui s'autoproclament prêtres, et encore plus croire de pouvoir obtenir l'intervention divine de par le sacrifice d'humains? Si de tels charlatans ne seraient point vêtus de rouges, alors depuis longtemps les aurait-on chassé de ces terres au bout de fourches, ça la chevêchette en est persuadé. Mais malheureusement, ces derniers ont su exploiter un moment de faiblesse passager pour prendre racine sur les terres orageoises... et visiblement semer de si folles histoires dans la tête d'hommes à la base sains d'esprit - ou presque du moins, ont-ils tout de même acceptés de se convertir, ce qui sans doute prouve déjà une faiblesse pré-existante. Jusqu'à présent, la chevêchette a-t-elle tenter de ronger son os en question de religion, et si ses dents ont grincé à chaque mention de la folie rouge ou à chaque fois que son regard s'est posé sur le temple, ses lèvres, elles, pourtant sont restées closes. Même lorsque le faon a pour la première fois évoquée la désormais fameuse lettre du Seigneur Dondarrion. Mais aujourd'hui, ne peut-elle garder son silence plus longtemps : après tout, est-il une chose de vouloir croire en de telles histoires - après tout, qui n'apprécie point entendre les épiques ballades de certains chanteurs? A la différence près que ces dernières que bien rarement sont pris au sérieux. Encore moins au point de partir en guerre pour cela. Alors pourquoi est-ce si différent cette fois ? Comment une histoire défiant toute bonne logique peut-elle pousser des hommes à prendre les armes? Pour combattre des morts, disent-ils, sans même ciller. Sans même se rendre compte de la folie de ces paroles. Mais si les paroles qu'a la chevêchette pour son époux que trop clairement révèlent à la fois son opinion à ce sujet et son exaspération, ce dernier tout simple refuse d'y répondre. Quelques temps reste-t-il silencieux, le faon, avant de rompre le silence avec un argument auquel le petite chouette ne s'est nullement attendu - et surtout, qu'elle ne peut contredire. 'Pourtant avez-vous brisé du moins un serment devant les Sept' a-t-elle envie de lui répondre, mais cela est bien trop bas - et surtout, point ne parviendrait-elle à le raisonner de cette manière. Et puis, pourquoi s'en prendre à ce côté valeureux que justement elle apprécie auprès de son jeune époux ?

Et pourtant, à la simple mention de Stannis, ne peut-elle s'empêcher d'une fois de plus serrer ses dents. Tels tous les membres de sa famille, est-elle fidèle aux Cerfs, et ce même sans réellement se poser des questions. Parce que cela se doit. Et jusqu'à présent, a-t-elle aussi cru que leur austère Suzerain, mis à part cette dévotion envers les charlatans dont il est proie depuis quelques années désormais, est un homme fort juste et raisonnable. Mais si lui aussi croit à ces délires de ces charlatans aux esprits embrûmés par la fumée - et bien, cela certainement remet ce dernier point du moins en doute.

Longtemps reste-t-elle silencieuse, la chevêchette, ainsi debout devant les flammes, le dos tourné à son époux. Elle ne veut point qu'il voie en son regard ces émotions qui agitent son esprit. Cet agacement, et même déception, de savoir qu'il puisse croire en une telle folie. Et pire même: qu'au lieu de simplement croire en ces foutaises, il s'apprête même à abandonner famille et foyer pour aller vagabonder au grand Nord, là où l'on raconte que les flocons dansent au son des tempêtes... et ce simple constat même que, dans un avenir proche, il quitterait Bourgfaon pour certainement bien des lunes la blesse bien plus qu'elle ne l'aurait cru. N'est-ce point là une étrange ironie de la vie ? Elle qui, durant les tous premiers jours de leur mariage, aurait certainement été soulagée d'une telle perspective, désormais sens son coeur se serrer à cette même idée. De son faon, peut-être n'est-elle point amoureuse, mais certain est-il qu'elle tient bien assez à lui pour ne point apprécier l'idée de le voir partir.

Ce n'est finalement qu'au bout de quelques minutes, lorsque la chevêchette peut une fois de plus faire confiance à sa voix pour ne point la trahir, que son hululement rompt de nouveau le silence.
« Quand partirez-vous ? »

Elle s'avoue vaincu, la petite chouette. Nullement n'a-t-elle envie de le voir partir, et encore moins de le savoir s'élancer dans une telle folie, et pourtant, a-t-elle compris au moment même où il a évoqué le devoir, qu'elle n'a point d'autre choix que de l'accepter. Après tout, elle pour qui ce mot a tant d'importance, comment pourrait-elle lui demander de le rompre? Mais si elle s'efforce d'accepter cette décision qui lui semble pour le moins ridicule, garde-t-elle le dos tourné au faon, ne souhaitant nullement qu'il puisse voir à quel point cela la peine, l'idée de le voir partir.  
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An 302, lune 10, semaine 2

Le temps qui s’écoula en silence parut long à Ser Tavish avant qu’il n’obtienne de son épouse une réponse qui s’avéra être une simple question. Le jeune homme n’avait pas osé brisé ce silence, tout comme il n’avait pas osé brisé la distance entre eux, préférant lui laisser le temps et l’espace dont elle avait besoin pour assimiler cette annonce de départ et tout ce qu’elle impliquait.

« Quand partirez-vous ? »,
lui demanda-t-elle, toujours dos à lui, observant des flammes qu’elle devait sans doute maudire étant donné qu’elle ne croyait aucunement aux messages qu’elles pouvaient transmettre.
« Dans quelques jours seulement. Une petite semaine tout aux plus… », répondit Tavish. Il savait que ce départ était précipité et n’était pourtant aucunement pressé de s’en aller vers ces contrées hivernales afin d’affronter son destin. Le savait-elle ? Savait-elle que c’était à contre-cœur qu’il s’en allait loin d’elle ? Il se leva et s’approcha lentement, ne voulant pas la brusquer. Il se doutait de l’inquiétude qui devait l’habiter. Shoren n’avait que dix-sept ans et voilà qu’elle se retrouverait esseulée dans ce fief encore si nouveau, loin de la présence la plus familière en ces lieux, celle de son époux, avec qui doucement, des liens semblaient se nouer.

« Shoren. », dit Tavish, arrivé au niveau de son épouse, près du feu, son visage tourné vers elle. Il approcha sa main de la sienne dans une tentative pour l’inciter à s’approcher de lui, afin de l’encourager à le regarder et à ainsi percevoir sa sincérité ; il n’avait aucune envie de partir. Il n’avait aucune envie de la laisser derrière lui. « Je…», commença-t-il cherchant ses mots un instant. « Je suis désolé », lâcha-t-il finalement, abandonnant l’idée de trouver le parfait discours. « Je n’ai aucune envie d’être loin de vous, je veux que vous le sachiez. Notre mariage est si récent et nous avons encore tant à nous dire, tant à apprendre l’un sur l’autre… J’avais d’ailleurs parlé à mon père de ralentir les voyages lié à ma fonction d’émissaire, dans un premier temps, pour favoriser notre mariage et…voilà que la guerre est annoncée et que je suis contraint à m’absenter », déplora-t-il.

Certes, ils se connaissaient encore peu. Certes, il ne l’avait pas choisie. Mais, dès le début, il avait trouvé des qualités à la née-Mertyns. Lors de leurs fiançailles, sa réticence face à sa religion avait été de mauvais augures mais il n’avait pu s’empêcher de sourire mentalement à ce témoignage d’un fort caractère. Tavish avait toujours aimé les femmes qui avaient du répondant. Clarysse, la timide bieffoise, avait été l’exception à cette règle. Il l’avait trouvée jolie, même si elle n’était pas la dornienne fantasmée de son adolescence ou la bieffoise aux cheveux blonds de ses espérances avortées, et il la trouvait plus belle encore plus les jours passaient. Elle l’avait touchée par son empathie envers sa servante et impressionné, parfois, par sa dignité et son sens du devoir. Oh certes, dès le moment où elle était devenue son épouse, il avait été question pour lui de la traiter de la meilleure des manières, de veiller à ne pas la faire souffrir, à la rendre heureuse et à la protéger. Mais, c’était plus qu’une simple question de devoir. Il l’aimait bien, son épouse. Il n’était pas amoureux - pas pour l’instant - mais indéniablement, il s’était attaché à elle.

Un léger sourire se dessina sur son visage alors qu’il replaçait une mèche de ses cheveux. Sa main caressa sa joue en redescendant. « Vous allez me manquer… », dit-il, sincère. Il aurait pu dire qu’il tenait à elle, il aurait pu dire qu’il l’appréciait. Après tout, malgré ses attentions qui pouvaient le prouver, peut-être avait-elle besoin de l’entendre ? Mais, il ne voulait pas donner à cette discussion des airs dramatiques d’adieux. Il reviendrait, n’est-ce pas ? Il ne voulait pas lui donner de quoi penser que cela ne serait pas le cas…Il approcha son visage du sien et l’embrassa tendrement. Que la guerre était cruelle pour arracher ainsi les hommes à la douceur d’une vie tranquille…

« Bon…Je vais avoir beaucoup à faire dans les prochains jours, c’est certain, mais j’en veux suffisamment à R’hllor et à la guerre d’avoir besoin de moi maintenant, alors que je suis un tout fraîchement marié à une ravissante épouse, que pour lui accorder tout mon temps ! », plaisanta Tavish, ne pouvant s’empêcher d’apporter de la joie et de la positivité dans les moments difficiles, pour les rendre moins pénible et plus beau. Il dévoila où il voulait en venir : « Passons l’après-midi ensemble demain. Nous pourrions faire une promenade dans le Bois-Du-Roi ? Ou autre chose, ce que vous préférez. », proposa-t-il. Son départ réclamait son attention, la guerre réclamait son temps. Mais, il serait parti pour des lunes, ne fusse que pour arriver jusqu’au grand Nord. Alors, il pouvait bien  consacrerait pleinement une après-midi à son épouse, avant de partir. Et il le ferait, c’était décidé.
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Bourgfaon, 302, Lune 10, semaine 2
Ils dansent, les reflets des flammes dans les rétines de la jeune femme, alors que se tendent les traits de son visage. Elle aurait aimé hurler devant la stupidité de cette situation, et qui sait, si la folie rouge qui semble avoir envahi les terres orageuses il y a quelques années déjà n'userait point tant son esprit et sa patience, certainement en aurait-elle même rit. Les morts qui marchent, et une région entière s'apprête à entreprendre des semaines et des semaines de marche afin de leur couper la route. Afin de se battre avec eux. Tout cela est si ridicule - et pourtant, n'y a-t-il point l'once d'un sourire de dessiné sur le visage de la chevêchette. Sévères sont ses traits, alors qu'elle se tient là, droite devant les flammes. Ses lèvres sont closes, et pourtant, y a-t-il tant de choses qu'elle voudrait dire, tant d'arguments pour essayer de convaincre le faon de la folie de ses propres paroles - mais reste-t-il fermé, le bec de la chevêchette, clos par un simple argument que, jamais, elle ne pourra réfuter: celui du devoir. Leur suzerain a appelé aux armes - alors y a-t-il vraiment une différence s'il appelle pour combattre flocons de neige et cristaux de glace, ou troupes royalistes tel son frère une vingtaine d'années plus tôt ? Cela reste-t-il un ordre. Un ordre auquel aucun soldat respectable ne peut se débiner. Alors comment pourrait-elle lui demander, au faon, de renoncer à son honneur uniquement pour rester ici, à Bourgfaon ? Elle ne le peut pas - encore moins parce que ce sens de l'honneur et du devoir est justement un des traits qu'elle a au cours des lunes appris à apprécier auprès de son jeune époux. Et pourtant, sont-ce justement ces mots là, cette demande si courte mais si lourde en sens, qui pèse sur le bout de sa langue. Qu'il reste. Qu'il ne s'éloigne point de Bourgfaon uniquement pour prendre part à cette folie. Alors reste-t-elle silencieuse, tentant de contrôler ces émotions tant contradictoire de colère, déception et tristesse entre lesquelles balance son esprit, avant de ne finalement émettre une seule question, bien lourde de sens. Et la réponse à cette dernière vient la frapper de plein fout.

« Si rapidement déjà... » murmure-t-elle, sans savoir si le faon est en mesure d'entendre ces paroles, même si entre-temps, c'est désormais à ses côtés qu'il se tient. Et lorsque les doigts de ce dernier ne viennent effleurer sa main, elle ne peut s'empêcher de la retirer. Non, malgré son calme extérieur, est-elle bien trop en colère face à une telle absurdité, et bien trop déçue par les conséquences qu’entraîne cette dernière, pour être prête à se laisser amadouer de par de tels gestes. Ou même par les mots du faon. Il ne veut point partir, dit-il... pourquoi a-t-elle donc tant de mal à croire en ces paroles? Pourquoi si partir est signe de folie sur tellement de points, ne reste-t-il donc point? Mais, bien qu'à ce moment certainement elle ne veut point l'admettre, la réponse, elle ne la connait que trop bien, tient-elle en un seul mot, si lourd en sens: le devoir. Mais malgré cette déception qui fait rage dans son esprit, lorsque les doigts du faon viennent effleurer sa joue, s'y appuie-t-elle légèrement, les yeux fermés. Juste un court moment. Un court moment durant lequel elle laisse transparaître l'attachement formé pour le faon au cour de ces dernières lunes... enfin, cela du moins a été le plan à ce moment précis, mais face au paroles de ce premier, ne peut-elle s'empêcher de se tourner vers lui, alors que son regard brillant de déception et douleur semblent chuchoter ces mots que ses lèvres refusent encore de formuler: 'Vous aussi. Vous aussi allez me manquer'. Car si point de doute y a-t-il qu'au cours de ces dernières lunes elle a appris à apprécier cet époux imposé, le dire à voix haute donnerait à cette discussion un caractère bien trop final. Peut-être la même pensée a-t-elle traversé l'esprit du faon, et préfère-t-il de voir leur conversation s'aventurer sur de tels chemins, car avant même que la chevêchette ne puisse ouvrir le bec pour répondre, que déjà il lui scelle ses lèvres avec tendresse. Et pendant un moment, s'abandonne-t-elle à ce baiser, passant ses bras autour du faon pour aménuiser d'avantage encore le peu de distance qui les sépare. Loin est le chemin qu'elle a fait en si peu de temps, car un tel geste de sa part encore était impensable il y a quelques lunes à peine : à cette époque encore, lors de leur nuit de noce, devait-elle encore se forcer à supporter un tel contact, alors qu'aujourd'hui même, elle le cherche... et même lorsque le faon met un terme à leur baiser, reste-t-elle blotti contre lui, la tête posée contre son épaule. Plus que de la tendresse, aujourd'hui, ce geste a bien plus caractère rassurant, protecteur même, de se sentir ainsi blottie dans les bras du faon. Et peut-être même d'aveu : aveu qu'elle ne désire nullement le voir partir, mais surtout, qu'elle s'est attachée à lui bien plus qu'elle ne le dirait. Point peut-être au point de l'aimer, mais assez pour point le voir déserter sa vie et sa couche bien des lunes durant.

« Aurez-vous vraiment le temps ? » fnit-elle par souffler en réponse, la chevêchette, alors que doucement, sa tête se décolle de l'épaule du faon pour mieux lui faire face. « Avec tous les préparatifs pour vous et vos hommes... » Oh, elle ne se fait point d'illusions, la chevêchette: durant ces jours si peu nombreux avant le départ du faon, certainement ne le verrait-elle que bien peu, s'agit-il de préparer non seulement son voyage dans le Nord, mais également celui des hommes qui certainement l'accompagneront. Des hommes qui nécessiteront armes, fourrures et vivres, ainsi de quoi transporter tout cela. « Ne me méprenez pas, j'aimerais bien sûr découvrir le Bois du Roi en votre compagne, ou uniquement passer du temps en votre compagnie... » Avec délicatesse, ils se glissent, ses doigts, dans la main du faon. « ...mais je ne voudrais être un fardeau vous empêchant de réaliser vos taches. » Le devoir avant tout. Aussi difficile que cela puisse être. Tel est l'enseignement qu'elle a reçu. Telle est la maxime selon laquelle elle s'efforce de vivre. Avec tendresse, un doigt caresse le dos de la main du faon, un geste si simple, et qui pourtant exprime la tendresse qu'elle éprouve déjà pour ce dernier. « Et puis, vous savez... vous n'avez point besoin de faire cela. De me faire des compliments, je veux dire. Cela fait bien longtemps que j'ai compris que vous ne me trouvez point ravissante - votre hésitation avant de parvenir à faire un compliment lors d'une de notre premières rencontres s'est assuré de cela. Et j'ai fini par me faire à cette idée » ou du moins, j'essaie, ajoute-t-elle dans ses pensées.
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An 302, lune 10, semaine 2

Tavish, lui aussi, peinait encore à réaliser. Dans une semaine déjà, il serait loin de Bourgfaon, loin de Shoren, loin de Shyra, loin de tout. La guerre, il l’avait pour sa part déjà vécue du côté de ceux qui attendent, sans nouvelles, le retour d’être aimés. A l’époque, il allait  sur ses six ans et portait un regard innocent et naïf sur ce qu’était la guerre, n’imaginant d’autres dénouements possibles que le retour des trois Cafferen sain et sauf à Bourgfaon, acclamés pour leur victoire. Il n’avait pas oublié pour autant l’inquiétude de sa mère. Ravella avait toujours été une jeune femme humble et connaissait sa place au sein de la maisonnée, qui n’était pas à l’époque, celle de la conjointe du seigneur des lieux. Néanmoins, trop inquiète pour son aimé, la jeune femme, alors enceinte, n’avait pas pu s’empêcher de guetter les allées et venues du mestre ou de la dame de Bourgfaon de l’époque. Après des salutations polies, elle s’excusait de les déranger et posait régulièrement cette question qui lui brûlait les lèvres : « Des nouvelles ?...»
Cette attente dans l’ignorance, Tavish ne voulait pour rien au monde l’imposer à Shoren. Si le petit garçon qu'il avait été ne l’avait pas si mal vécue, bercé par sa confiance aveugle en la force de son oncle, son cousin et de son père, il était un homme désormais et savait pertinemment qu’aucune guerre n’était gagnée d’avance. Et pourtant, il n’avait pas le choix. Il devait partir, et plus loin encore que son oncle ou son cousin n’étaient probablement jamais allés…

Shoren n’avait pas répondu à ces derniers mots mais elle avait répondu à son baiser et dans celui-ci, Tavish comprenait que son épouse penserait à lui, lorsqu’il serait parti. Après tout, dès la première nuit de leur mariage, l'ancien Storm lui-même avait parfois trouvé plus aisé de s’exprimer par des gestes que par des mots, qu’il avait utilisé trop maladroitement lors de leur première rencontre et  qu’il craignait de ne pas trouver. Alors que Shoren se nichait dans cette étreinte, Tavish comprit que la jeune femme ne voulait pas le voir partir. Les gestes parlaient souvent mieux que les mots finalement si on était assez attentif pour les observer. Cela l’émut autant  que cela l’attrista de comprendre qu'il lui manquerait aussi…Caressant doucement les cheveux de son épouse, il regrettait tant de devoir la laisser derrière lui pour R’hllor-seul-savait combien de longues lunes. Et il le regrettait d’autant plus qu’elle en souffrirait aussi…

Un instant, son regard se posa sur les flammes à leurs côtés et il pria R’hllor en silence, ou plutôt le questionna. Qu’avait-il prévu pour lui, là-haut dans le Nord ? Allait-il revenir auprès de Shoren ? Malheureusement, aucun dessin ne vint à se dévoiler dans les flammes. Et même pour les initiés, capable d’interpréter le feu, Tavish doutait que ce type de questions puisse trouver réponses...

Pendant un moment, aucun des deux Cafferen ne parla. Seul se faisait entendre dans la pièce le doux crépitement des flammes dans le foyer. Tavish profita de cette étreinte et tâcha de s’imprégner du doux parfum des cheveux de son épouse, toujours aussi soyeux. Il aimait ses cheveux. Elle n’était pas blonde, non, et il est vrai qu’il avait toujours eu une petite préférence pour les blondes. Mais, Shoren aussi avait vraiment de jolis cheveux, pensa-t-il.

« Aurez-vous vraiment le temps ? », finit par demande Shoren, en décollant doucement sa tête de cette étreinte protectrice. « Avec tous les préparatifs pour vous et vos hommes... Ne me méprenez pas, j'aimerais bien sûr découvrir le Bois du Roi en votre compagnie, ou uniquement passer du temps en votre compagnie…mais je ne voudrais être un fardeau vous empêchant de réaliser vos taches. »

Des choses à préparer, il y en avait énormément. Tavish ne savait même pas par où commencer, contrairement à son père qui semblait avoir en mémoire ce à quoi il convenait de penser avant un départ en guerre, lui qui en avait déjà vécue une autre, moins mystérieuse. Le jeune homme accorda un sourire à son épouse alors qu’il la regardait tendrement dans les yeux : « Je me lèverais plus tôt. », dit-il simplement, comme si cela n’était pas plus compliqué, se montrant on ne peut plus rassurant. Il était certes fatigué par cette longue journée riche en émotions. Mais, il avait d’autre devoir que celui de chevalier ou d’héritier. Shoren était son épouse, il se devait d’être là pour elle, surtout en de telles circonstances. Et puis, lui-même désirait indéniablement passer ce temps précieux avec elle, avant de partir si longtemps loin de sa douce présence. Alors oui, il se lèverait plus tôt, voir même très tôt et quitterait la chambre sans un bruit afin de se mettre à l’ouvrage, et de rendre leur précieuse après-midi possible.

« Et puis, vous savez... vous n'avez point besoin de faire cela. De me faire des compliments, je veux dire. Cela fait bien longtemps que j'ai compris que vous ne me trouvez point ravissante - votre hésitation avant de parvenir à faire un compliment lors d'une de notre premières rencontres s'est assuré de cela. Et j'ai fini par me faire à cette idée »

A ces mots, Tavish fronça immédiatement les sourcils, tout à fait étonné, et ne put retenir sa surprise de s’exprimer : « Quoi ? », demanda-t-il abasourdi. Jamais il ne s’était douté que Shoren pouvait penser qu’il ne la trouvait point à son goût. Enfin, comment était-ce possible ? Il n’avait pourtant pas été avare de compliments depuis leur mariage et avait même parfois renoncé à en formuler certains de peur qu’elle pense qu’il était de ces hommes superficiels à souhaits pour qui seule la beauté est importante, et qui ne s’intéressent à rien d’autres.  « Pourquoi penseriez-vous cela, Shoren, enfin ? », s’étonna-t-il encore, portant sa main à son front, surpris. « Je vous trouve ravissante, je vous ai toujours  trouvée ravissante ! », dit-il en riant finalement légèrement tant ce qu’elle venait de lui dire lui paraissait absurde. Ses paroles étaient prononcées bien trop naturellement pour que cela ne soit puisse ne pas être sincère. Ayant compris qu'elle était très sérieuse, il prit cependant ensuite le temps de réfléchir à ce qu’elle venait de lui dire, cherchant à comprendre. Il ne voulait pas qu’elle ait l’impression qu’il se moque d’elle, même si son léger rire n’avait rien eu de moqueur, au contraire. Il prit sa main et la fit  asseoir à ses côtés, sur ses fauteuils qu’ils avaient auparavant délaissés pour se rapprocher de l’âtre. « Je ne sais pas pourquoi vous pensiez cela, et j’en suis vraiment navré, mais…Si vous saviez tout ce qui me préoccupait le jour où nous nous sommes rencontrés. », commença-t-il à expliquer. « C’était tellement étrange pour moi. J’imagine que ça l’était aussi pour vous mais…Durant toute une grande partie de ma vie, il n’a pas été question pour moi de me fiancer avec quelqu’un que je n’aurais encore jamais rencontré. J’étais peu sûr de moi quant à ce qu’il convenait que je fasse ou que je dise… » Il fit une légère pause puis se pencha vers Shoren pour prendre sa main dans la sienne.  « Mais dès que je vous aie vue, je vous aie trouvée jolie. J’étais rassuré même car je dois bien dire que je me demandais si votre oncle avait dit la vérité dans sa lettre lorsqu’il vous avait qualifié de ravissante. Après tout, j’imagine que certains nobles doivent bien mentir sur la beauté de leurs filles ou de leurs cousines pour créer des alliances ! », dit-il en riant légèrement. « Je vous aie trouvée un peu jeune aussi, je dois bien vous l’avouer. Pas que cela soit un problème, mais...Je me disais que cela devait être d’autant plus effrayant pour vous de rencontrer un homme inconnu, un peu plus âgé, et qui allait sans doute devenir votre époux. », expliqua-t-il, sincère. Après tout, Clarysse était plus âgée que Shoren et les mots qu’elle avait eu quant à sa nuit de noce, quant à ce mariage avec un inconnu, qui la rendait malheureuse, lui avait fait craindre que cela ne soit encore plus difficile pour une jeune fille de l’âge de la née-Mertyns. « Et puis, on ne peut pas dire que vous avez rendu ma tâche facile, avouez-le. », ajouta finalement Tavish en souriant. « Vous n’aviez aucune envie de discuter avec moi au début. J’avais l’impression que si je ne disais rien, nous serions envahis par un silence des plus gênants ! » Il rit finalement à ce sourire, qui semblait déjà si loin derrière eux, bien heureusement. Portant la main de son épouse à ses lèvres, il y déposa un baiser. « Que je ne vous trouve pas belle…Non mais vraiment, on aura tout entendu. », dit-il ensuite, en roulant des yeux d’un air aussi théâtral que taquin, de la même manière qu’il aurait pu lui dire « petite sotte ». Il avait pensé à le faire mais y avait renoncé, craignant que Shoren le prenne tout de même un peu mal. Après tout, Tavish avait été élevé entre deux milieux. Et dans le moins élitiste des deux, cela se faisait couramment de s’insulter gentiment, juste pour rigoler. Il n’était cependant pas sûr que sa petite chouette, elle, soit habituée à cela…
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Bourgfaon, 302, Lune 10, semaine 2
Pendant un bien trop bref moment, reste-t-elle là, la chevêchette, la tête posée contre l'épaule de ce dernier et ses yeux fermé devant servir de messagers de ce sentiment d'impuissance à cet instant précis. Certes, la colère qu'est là sienne face à l'annonce de de ce départ imminent et surtout du motif des plus ridicules de ce dernier agite son esprit, et pourtant est-elle contre-balancée par ce sentiment d'impuissance, et même de désespoir qui doucement prend le dessus. Un sentiment qui pourtant n'est nullement n'est inspiré par cette sombre annonce parlant d'enfer sur terre là-haut dans le Nord - après tout, qu'elle marche, la mort, est-ce là une notion que seuls les plus paresseux d'esprits peuvent croire, ou ceux ayant trop longtemps inspiré les fumées de certaines herbes jusqu'à ce que celles-ci n'assassinent tout rationnel. Non, d'une nature bien plus narcissique est-il, le poids pesant sur l'esprit de la chevêchette: malgré les lunes passées à Bourgfaon, ses racines en ce lieu ne sont encore trop faiblardes et peu nombreuses - et surtout semblent-elles s'être essentiellement autour du faon. Certes, leur relation est-elle bien loin de cet amour idéal dont chantent les ménestrels, loin de l'amour même, mais au cours des courtes lunes que dure déjà leur mariage, elle a appris à apprécier l'homme doux et compatissant qu'on lui a choisi pour époux. Bien plus qu'elle n'aurait pu se l'imaginer lors de leurs fiançailles. Et certainement est-ce justement pour cela que l'idée de le voir partir nourrit ses inquiétudes: sa présence lui manquera, mais se laisser aller à de telles confidences ne serait que signe de faiblesse - jamais ne deviendrait-elle une de ces femmes pathétiques demandant à leur époux d'ignorer l'appel du devoir pour rester à leur côté. Mais à l'ombre de son absence future, les insécurités de la petite chouettes remontent une fois de plus à la surface : avec tant lunes qu'il passera loin de Bourgfaon, le faon, comment peut-elle ne point s'inquiéter, quand il n'est que trop bien connu que les coeurs des hommes sont vagabonds, ne résidant que bien peu de temps avec une personne avant de passer à la suivante ? Et si les semaines dernières point ne lui ont donné raison de douter du faon, mais qu'en sera-t-il lorsque la tentation viendra tapoter à la porte ? Après tout, ce dernier n'a-t-il point anéanti par son hésitation tout doute sur le fait qu'il la trouve bien peu attirante avant même que leur union ne soit célébrée ? Heureusement pour la chevêchette, n'est-elle point au courant de cette collection ayant succombées aux charmes de ce dernier... Et pourtant, tente-t-elle encore de garder enfuis ses insécurités, affichant à la place cette image de femme forte que tant de fois elle l'a vu auprès de sa grand-mère ou même de l'aînée des chouettes.

« Et ainsi, serais-je responsable de votre fatigue en plus d'un moindre temps pour préparer votre départ pour rejoindre les troupes de notre Suzerain.. » Malgré le sérieux de leur conversation, un léger sourire vient adoucir les traits de la chevêchette, alors qu'avec tendresse, ses doigts viennent se mêler à ceux de son époux. « Mais je crains être une épouse égoïste car je risque bien de vous tenir à cette proposition. » Une part d'elle cherche-t-elle à redonner un caractère plus léger à leur conversation, alors que de légers tremblements dans sa voix pourtant toujours trahissent l'agitation régnant encore dans son esprit. Et malgré les bonnes résolutions pourtant prises uniquement quelques minutes auparavant, c'est pour évoquer un autre sujet qui la tracasse bien plus qu'elle aime l'admettre qu'elle brise le silence peu après, exprimant ces doutes qui la hantent depuis avant même leur mariage - mais après tout, faut-il bien prendre le taureau par ses cornes à un moment, n'est-ce pas ? Et du moins, cela leur évite-t-il de parler fables et départs. Sauf à peine ses doutes sont-elles formulées à voix haute, que déjà regrette-t-elle de les avoir prononcées - et à cela, le rire du faon n'y est bien sur point étranger. Mais surtout, craint-elle ne ressembler de part de telles paroles, qu'à une gamine nécessitant voir confirmation dans le regard d'autrui... et les paroles du faon ne font que d'avantage la faire se sentir telle une petite sotte. Pinçant ses lèvres, et se reprochant de, une fois de plus, point n'avoir réfléchi avant de parler, elle se laisse guider vers les fauteuils, la chevêchette, laissant ses doigts s'aventurer vers le bol empli de sucreries posé sur la petite table devant elle. Après tout, peut-être qu'avec la bouche pleine parviendra-t-elle à ne point laisser échapper d'avantage de ces sottes paroles ? Mais là où dans le passé, les paroles n'ont que trop souvent fait obstacle à tout rapprochement, aujourd'hui, le faon semble trouver les bons mots pour dessiner de nouveau un sourire sur les lèvres de la chevêchette, et avec douceur, les doigts de la chevêchette se referment-ils une fois de plus autour de ceux du faon. Comment lui dire qu'en plus de paroles en elles-même, elle apprécie la peine qu'il prend à chercher à la rassurer ?

« Je pourrais presque être tentée de vous croire. » C'est avec tendresse que son pouce caresse le dos de la main du faon, bien décidé à maintenir le plus longtemps possible ce contact qui, que trop bientôt, lui sera arraché. Et alors qu'un sourire toujours illumine ses traits, elle ne peut s'empêcher d'ajouter avec un léger malice dans sa voix : « Bien que certains diraient que je vous ai rendu la tâche bien trop facile lors de notre première rencontre, figurez-vous. Mary, ma soeur, n'a trouvé mon comportement à votre égard bien trop avenant. Selon elle, la meilleure manière de se défaire d'un prétendant est de se montrer hautain et indifférente. Idiote même si cela est nécessaire pour s'assurer que tout prétendant ne soit que trop heureux de voir toute discussion d'alliance s'étouffer dans l'oeuf. Alors peut-être au lieu de parler de la difficulté de cette première rencontre, devriez-vous vous estimer heureux que ce conseil ne me soit parvenu qu'après votre départ. » Et peut-être en est-elle heureuse, elle aussi. Car malgré cette tache qui toujours prônera sur le nom du faon - et du sien, par association - et même en dépit de la religion de ce dernier, elle doit bien reconnaître, la chevêchette, qu'elle aurait bien pu faire pire union. « Mais peut-être le suis-je aussi. » ajoute-t-elle, un sourire aux lèvres, avant d'ajouter : « En ma défense pourtant faut-il dire que vous avez été des plus maladroit dans vos choix de sujet de conversations - si ma mémoire est bonne, vos louanges de la cervoise de votre domaine a bien été une des premières paroles que vous ne m'avez adressé. Alors laissez-moi vous assurer que ce n'est certainement point là un sujet à aborder au tout début d'une nouvelle rencontre. Ni d'ailleurs la nuit de noce.  » Et si, il y a une demi-année environ, la simple évocation a encore suffit à inscrire rougeur et malaise sur le visage de la chevêchette, c'est désormais un malicieux sourire qui s'y dessine, masquant à perfection ou presque la peine que pourtant elle ressent toujours si elle pense que d'ici quelques jours à peine, elle devra se passer de ces débuts de complicités nouvellement trouvés.




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« Crazy tales rythmed by the drums of war»
An 302, lune 10, semaine 2

Le jeune faon ne put s’empêcher de sourire à la* réponse de son épouse. Du dos de ses doigts, il caressa sa joue avant de déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Alors c’était décidé, ils passeraient l’après-midi ensemble demain. Mais, le sourire de l’héritier de la maison Cafferen cachait néanmoins une certaine tristesse. Il n’avait pas pu ignorer les légers tremblements qu’il avait perçus dans la voix de sa jeune épouse et en comprenait le sens ; Shoren souffrait de ce départ à venir. Il en était désolé et aurait souhaité qu’il y ait une solution pour que cela ne l’affecte guère. Mais, tel était sans doute le revers de la médaille ; à tenter de faire de ce mariage une union heureuse, il n’avait point pensé, évidemment, à ce qu’il se pourrait qu’il ait à si vite quitter les lieux. Et comment aurait-il pu s’en douter après tout ?

Il ne releva pas, cependant, ne souhaitant pas assassiner les plans de son épouse. Car pour être lui-même un adepte régulier de ce genre de technique, il avait bien compris que Shoren essayait de rendre cette conversation plus légère et de masquer sa peine.

Le dernier des Cafferen ne put cependant cacher sa surprise lorsque la née-Mertyns avoua avoir vu dans ses premières hésitations, lors de leurs fiançailles, le messager d’un manque d’attirance envers elle. Le jeune homme ne se montra guère paresseux lorsqu’il s’agit ensuite d’infirmer ses dires ; bien sûr que non, elle se trompait ! Tavish l’avait trouvée ravissante lorsqu’il l’avait aperçue pour la première fois et il la trouvait plus belle encore au fur et à mesure qu’il la cotoyait.

« Je pourrais presque être tentée de vous croire. », lui répondit la chouette. Pourtant, son sourire et sa tendre caresse témoignait bien du fait qu’elle était désormais rassurée à ce sujet.

« Bien que certains diraient que je vous ai rendu la tâche bien trop facile lors de notre première rencontre, figurez-vous. Mary, ma soeur, n'a trouvé mon comportement à votre égard bien trop avenant. Selon elle, la meilleure manière de se défaire d'un prétendant est de se montrer hautain et indifférente. Idiote même si cela est nécessaire pour s'assurer que tout prétendant ne soit que trop heureux de voir toute discussion d'alliance s'étouffer dans l'oeuf. Alors peut-être au lieu de parler de la difficulté de cette première rencontre, devriez-vous vous estimer heureux que ce conseil ne me soit parvenu qu'après votre départ. », expliqua ensuite Shoren. Et bien ! Si cela était nouveau pour Tavish d’apprendre que lors de leurs fiançailles, l’esprit de sa future épouse était occupé à se demander comment parvenir à se défaire de lui, cette aveu fut rendu bien plus agréable par la courte phrase qui le clôtura. « Mais peut-être le suis-je aussi. »
Malgré ce petit « peut-être » qui s’interposait entre deux mots, Tavish cernait toute l’importance de ces paroles. Shoren était une jeune femme fière, à l’image de la réputation des demoiselles de sa famille. Elle n’aurait pu lui dire cela sans laisser flotter une nuance. Comme elle n’avait pas pu lui dire plus tôt qu’elle le croyait tout simplement, sans s’encombrer d’un petit « presque » qu’elle trimbalait probablement comme une sécurité qui lui était essentielle. Un jour, peut-être, n’aurait-elle plus besoin de ces petits mots, minimisant sa confiance grandissante en son époux et lui permettant sans doute de se sentir en sécurité. Après tout, leur union était encore très jeune. Mais de toute façon, avec ou sans ces adverbes, ce qu’elle lui disait là n’était pas dénué de sens ou d’importance et ça, Tavish le comprenait tout à fait.

Décidément, après avoir dressé un portrait très peu flatteur de Tavish à sa petite-sœur, après s’être permise de rire effrontément durant la cérémonie de leur mariage (ce qui n’avait évidemment pas plu au marié, ni au père de ce dernier), voilà que le faon apprenait que Mary Mervault avait également prodigué des conseils à sa benjamine pour se débarrasser de son fiancé. Tavish devrait cependant composer avec cela. Après de tels débuts, il doutait de pouvoir un jour s’entendre avec la sœur de Shoren, qui lui évoquait d’une certaine manière Lady Melara,  mais pour son épouse il ferait l’effort de garder ses remarques pour lui. Il espérait, en revanche, que l’influence de cette dernière sur sa cadette ne serait point trop grande...Le jeune faon eut un léger rire et déclara « Et bien, je suis me réjouis d’avoir échappé à l’enfer qu’auraient visiblement pu être nos discussions ce jour-là si vous aviez discuté avec votre sœur avant notre rencontre ! », déclara-t-il avec le sourire, ne prenant pas la nouvelle comme une vexation. « Mais, n’ayez point de regrets, car dans son raisonnement, votre sœur a oublié deux choses. », commença-t-il. « La première c’est que vous auriez peut-être pu avoir l’air plus hautaine ou plus indifférente, de cela je n’en doute pas, mais que quoi que vous fassiez, je doute que vous puissiez avoir l’air idiote. », dit-il. Il le pensait. Il voyait très mal sa jeune épouse capable de revêtir plus que deux secondes le visage de la stupidité, à moins qu’elle ne lui cache d’immense talent de comédienne. Il l’avait d’ailleurs remarqué très vite en discutant avec elle ; elle était, malgré son jeune âge, une jeune femme à l’esprit vif avec qui il ne serait point ennuyant de converser.  «  La seconde, c’est que vous auriez bien pu être la plus détestable des demoiselles qu’il m’est été donné de rencontrer que cette alliance n’aurait point été annulée. Mon seigneur père y tenait comme votre oncle lui aussi… » Il baissa alors la voix. « Et je pense que nous pouvons nous accorder sur le fait qu’ils sont sans doute aussi têtu l’un comme l’autre », commenta-il sur le ton de l’humour, baissant la voix comme s’il s’agissait d’un secret. « Mais peut-être que je m’estime heureux qu’il en est été ainsi. », conclut-il, avec le sourire d’un air quelque peu taquin, ayant placé ce petit « peut-être » en écho à la propre phrase que lui avait adressée Shoren. Sa sincérité était cependant perceptible derrière cet air complice. Il appréciait son épouse et n’estimait pas du tout être à plaindre dans son mariage. D’ailleurs, en cet instant, si les mots n’avaient pas suffis pour la rassurer, Shoren n’aurait qu’à observer le regard de son époux pour trouver la confirmation de ses dires. En effet, ses iris émeraudes fixaient les lèvres de son épouse, démontrant son envie de l’embrasser…

« En ma défense pourtant faut-il dire que vous avez été des plus maladroit dans vos choix de sujet de conversations - si ma mémoire est bonne, vos louanges de la cervoise de votre domaine a bien été une des premières paroles que vous ne m'avez adressé. Alors laissez-moi vous assurer que ce n'est certainement point là un sujet à aborder au tout début d'une nouvelle rencontre. Ni d'ailleurs la nuit de noce. », lui rappela Shoren. Et ce moment là, bien sûr, comment aurait-il pu l’oublier ! Alors qu’il avait été persuadé que sur ce point, la demoiselle avait besoin d’être rassurée, c’était une véritable douche froide qu’il avait pris lorsqu’il avait constaté à quel point le simple terme de  « cérémonie du coucher » avait mis sa fiancée mal à l’aise. Bien sûr, il s’était senti très idiot ensuite ! Ayant grandi entre deux univers, il avait déjà pu observer, dans les tavernes de Bourgfaon, des femmes qui, à l’âge de Shoren, étaient déjà mariée et mères et se permettait dès lors, en présence de leur époux, et sans franchir les limites, de participer à quelques plaisanteries grivoises bon-enfant. Le contraste fut donc saisissant pour lui entre la gêne de Shoren et la familiarité avec laquelle d’autres femmes abordaient le sujet, même parfois au sein de la noblesse.

« Ma dame, je crains que comme ceux de votre sœur, vos conseils en matière de fiançailles arrivent un peu trop tard car je suis au regret de vous annoncer que je suis déjà un homme marié…», plaisanta-t-il. La tournure légère prise par la conversation lui avait fait oublier l’imminence de son départ vers ce pernicieux affrontement. En ce moment, il n’y avait que Shoren et lui. Et Tavish abandonna bien vite ce rôle d’homme inaccessible qu’il venait de revêtir le temps d’une légère plaisanterie puisque justement, la seule femme qu’il s’autoriser à désirer était devant lui. Posant une main sur sa taille, il ne put résister davantage et l’attira à lui pour l’embrasser. Contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, il n’y avait pas de calcul derrière ce geste. Le jeune homme n’était pas en train de penser aux futures semaines d’abstinences qui l’attendaient. Il y penserait sans doute dans les prochains jours ou les prochaines heures, évidemment, après tout, il était bien un homme…Mais pour l’heure, il n’y pensait pas. Il n’avait d’ailleurs pas encore eu la présence d’esprit de comprendre que sur ce point d’ailleurs sa dame avait peut-être besoin d’être rassurée. Commettre des infidélités ne faisait tellement pas partie de ses projets qu’il en avait oublié la promptitude de bien des hommes à en faire une collection, surtout en temps de guerre. Peut-être penserait-il à rassurer Shoren sur ce point plus tard. Mais pour l’heure en tout cas, la dame de Bourgfaon pouvait être amplement rassurée au sujet de l’attirance que lui portait son mari, car après les mots sincères, ses gestes n’avaient été que spontanés et motivés par un fougueux désir pour son épouse…


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Bourgfaon, 302, Lune 10, semaine 2
Avec tendresse, répond-elle aux lèvres du faon, plongeant dans ce moment de tendresse alors qu'intérieurement, son cœur se sert. Cette douceur, cet affection qui à ce moment précis du moins règne entre le couple Cafferen ne rend que plus douloureuse encore l'idée d'un futur départ du faon. Et pour l'instant pourtant, ne songe-t-elle point encore à cet enfer que va être de vivre seule à Bourgfaon en compagne de l'insolente, les yeux rivés vers l'horizon en attente d'un quelconque messager portant des nouvelles du Nord. Ni croit-elle en en la menace dont parlent les Lords Dondarrion et Baratheon - heureusement peut-être, car certainement que cela aurait assassiné tout espoir. Non, dans son esprit, le faon se rend-il dans le Nord pour, entre flocons de neige et cristaux combattre quelques sauvageons. Et pourtant... pourtant, son cœur se serre-t-il à l'idée de le savoir loin d'elle durant de bien longues lunes certainement. Alors lorsqu'il met fin à ce doux contact, le faon, n'est-elle point encore prête à rompre ce contact. Avec délicatesse, passe-t-elle sa main dans la nuque de ce dernier, le tirant doucement vers elle jusqu'à ce que leurs fronts se touchent. 'Ne partez pas' aurait-elle pu dire. 'Vous allez me manquer'. Ou encore 'Revenez moi rapidement' - mais aucun de ces mots ne vient rompre le silence. Elle ne peut lui demander cela - pas lorsque leur Suzerain en décide autrement. Et surtout, elle ne veut point rajouter un poids de plus sur les épaules du faon. Pourtant, trahissent-ils son envie de parler et ses émotions si contradictoires que son siennes, ces tremblements de ses lèvres. Mais avant que ces traîtres mots ne lui échappent, saisit-elle une fois de plus les lèvres de son époux avec les siennes. Juste un autre baiser. Un baiser pour repousser cette discussion qui inévitablement suivra. Car pour l'instant, a-t-elle l'impression qu'à peine commence-t-elle à trouver ses marques dans cette nouvelle maison, qu'on ne vienne lui couper l'herbe sous les pieds - et elle n'est point prête encore d'affronter cette réalité.

Et lorsque leurs lèvres ne se décollent une fois de plus, la chevêchette se force-t-elle à changer de sujet - après tout, maintenant que la date de ce départ déjà est annoncée, que leur reste-t-il à se dire, si ce n'est tout ces mots qui ne peuvent être prononcés ? Dans un monde idéal, resterait-il ici, le faon, au lieu de se joindre aux troupes - ni ne n'accorderait-il fois aux vagabonds rouges et leurs mensonges. Mais la réalité est bien loin d'être ainsi faite. Et alors qu'en dehors, une branche doucement tapote contre leur fenêtre, cherche-t-elle à mener leur conversation à bien d'autres sujets, et surtout de leur donner une tournure plus légère, tant qu'ils le peuvent encore. Certes, ne pourront-ils point y échapper longtemps, mais ce soir, ils le peuvent. Un chemin qui, que trop rapidement, ne les amène à remémorer leur histoire à deux: et si cette dernière pourtant est bien courte encore, leurs paroles ne soulignent-elles pas moins le chemin qu'ils ont parcouru depuis leur premier et si maladroit échange.

« Des regrets ? Tavish... » Certes, n'apprécie-t-elle point cette tache qui prône sur le nom de son époux, et qui par association désormais également sur le sien. Certes, ne supporte-t-elle que trop difficilement l'attachement au charlatan rouge qui règne en ces lieux. Certes, peut-être que dans son cœur, Bourgfaon n'est point encore sa maison. Mais fait est qu'au cours des dernières lunes, a-t-elle été forcé d'avouer que du moins au point de vue caractère de son époux, a-t-elle eu de la chance. Depuis le tout début, le faon s'est-il montré doux et patient avec elle, et même durant leur nuit de noce, a-t-il cherché à la rassurer tout au long. Mais une fois de plus, les mots semblent-ils faire défaut à ce moment précis, chaque phrase venant à l'esprit de la chevêchette ne semblant qu'une bien pâle réponses aux paroles de la chevêchette. Alors, tente-t-elle de se concentrer sur le restes des paroles du faon, se contentant de serrer d'avantage sa main dans la sienne, dans l'espoir qu'il comprendrait qu'aussi étrange que cela puisse paraître, elle n'a point de regrets. « Uniquement deux choses, en êtes-vous sûr ? » cherche-t-elle à reprendre le ton de la plaisanterie employé par le faon. « Certainement a-t-elle aussi sous-estimé la détermination de votre père et de Michael, et comme vous l'aviez déjà souligné, celle-ci n'est point négligeable. Et en cherchant à ainsi faire, cela n'aurait que compliqué d'avantage encore nos débuts. Mais surtout a-t-elle oublié que votre compagnie est bien plus agréable que celle de certains des hommes qu'elle a repoussé à l'époque. » Un doux sourire se dessine sur les lèvres de la chevêchette. « Je suis consciente que, dis comme ça, cela ne ressemble guère à un compliment. Mais cette première impression, malgré vos maladresses, avait quelque chose de rassurant. Malgré certains récits à votre sujet qui me sont parvenus après. » Bien qu'en partageant ces pensées à Mary, cette dernière a-t-elle, pour l'espace d'un moment du moins, qu'en une seule rencontre, elle était tombée sous le charme du faon, la chevêchette.« Et peut-être vous trompez-vous également en pensant que je n'aurais pu prétendre devant vous d'avoir un esprit des plus paresseux. » continue-t-elle, bien que le sourire malicieux étirant ses lèvres point n'atteint ses yeux. « Peut-être pouvons nous nous mettre d'accord que nous aurions tous deux pu faire pires alliances. » Des deux, aucun n'est prêt encore à avouer que dans cet alliance, chacun commence à apprécier son partenaire, et pourtant, le regard qu'à ce moment même ils échangent en dit bien plus long que les mots ne le pourrait. Mais l'attachement qui s'y reflète, est-il placé à l'ombre de l'imminent départ. Sauf qu'est-ce là un sujet tabou qu'ils se refusent d'aborder, préférant continuer dans la facilité, se laissant emporter par souvenirs et plaisanteries. « Oh ? Et quelle est donc la femme de qui je devrais me méfier dans ce cas ? » continue-t-elle, sourire aux lèvres, alors que lentement, s'approche-t-elle du faon, cherchant à entrer dans ce petit jeu de séduction qu'elle ne connait encore que trop mal. Si doucement, elle gagne en maîtrise, ou si ce soir, le faon a autant besoin de cette proximité qu'elle, elle ne sait le dire - mais fait est que, bien rapidement, ce dernier l'attire vers elle. Un geste qui, finalement, n'est que trop en accord avec les désirs de la petite chevêchette. Loin derrière elle est désormais l'oisillon apeuré qui sursautait au contact du faon. Non, aujourd'hui, ce contact, plus que jamais, elle le cherche. Elle veut lui montrer que des regrets, elle n'en a pas - du moins, ne regrette-t-elle point de ne pas avoir cherché à suivre les conseils de Mary. Elle veut le sentir contre elle. Sentir qu'il est toujours là, avec elle. De s'assurer qu'il sache qu'elle l'apprécie. Et alors que  déjà elle aide le faon à enlever son haut, son inconscient lui, cherche-t-il aussi à s'assurer que ce dernier se souviendrait d'elle, là-haut, dans le Nord. Qu'il ne deviendrait point un de ces hommes possédant une collection de femme, une à chaque château où il résiderait sur son chemin...

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