Farewell of nightingales | ft Bryce Caron

Bryce était complètement absorbé par le contenu des parchemins étalés devant lui, sur son large bureau. Il comparait les différents relevés fournit par son intendant pour surveiller que tout était en ordre. L’hiver prolongeait l’obligeait à se montrer plus rigoureux et vigilant que jamais sur leur gestion des dépenses et des ressources des Caron. Les trois petits coups frappés à la porte firent donc éclater sa bulle et il s’en fallut de peu pour qu’il ne renverse pas l’encrier du coude, par mégarde. Une fois assuré que le petit pot en verre n’avait pas bougé et ne bougerait pas inopinément dans les prochains instants, il releva son regard perçant sur la porte qui était en train de s’ouvrir. Ses traits se détendirent aussitôt qu’il reconnut le visage de sa soeur. “Beth.” la salua-t-il simplement avec un sourire. Progressivement, c’est tout son corps qui commença à se détendre. Il lâcha les parchemins qu’il avait en main, non sans les ordonner un peu avant, puis referma l’encrier pour éviter définitivement toute catastrophe. “Ne t’en fais pas, ça pourra attendre.” la rassura-t-il en désignant les chaises disponibles devant le bureau, bien que Beth s’installait déjà dessus sans attendre son invitation. Bryce était tout le temps occupé et avait tout le temps quelque chose à faire, si bien qu’il fallait l’interrompre et justement le déranger pour qu’il cesse. Et cela, Bethany le savait parfaitement.

“Oh ? Déjà ?” répondit-il aussitôt sa cadette eut expliquer la raison de son arrivée, son sourire s’évanouissant aussi sec. Son regard se retourna vers la fenêtre, mais le soleil de cet hiver n’était plus un bon indicateur pour savoir quel moment de la journée il était. Alors il se retourna vers la chandelle qu’il avait allumée en s’attelant à sa tâche et remarqua qu’elle avait déjà bien fondu. “Mince, je n’ai pas vu le temps passer…” Depuis deux semaines, les journées du Caron étaient divisées méthodiquement entre ses devoirs de seigneur et son intérêt pour ses invités et une toute en particulier. Mais il y avait des jours comme celui ci où il en venait à perdre la notion du temps et passait des heures et des heures dans son bureau, porte close, sans même voir une personne de sa maisonnée. Ce jour là en faisait partie. Peut-être parce qu’il lui avait été plus simple de se plonger dans ses comptes pour éviter de songer au départ des Selmy pour les Éteules. Chaque fois que Beth revenait vivre à Serena, il espérait qu’elle n’en parte plus. Et en même temps, il avait parfaitement conscience des obligations d’Ilyn sur ses terres et il n’avait aucune envie de séparer le couple et de le voir malheureux, donc il ne dit rien. “Alors dis-moi, qui est le plus triste de ton époux ou de moi ?” finit-il par dire avec l’ombre d’un sourire du coin des lèvres, faisant référence à la discussion qu’ils avaient eu ensemble le jour de l’anniversaire d’Erich, où Ilyn avait exprimé la possibilité de ne jamais rentrer aux Éteules.

Alors que Bethany lui répondait, Bryce se leva pour s’avancer jusque dans le couloir afin d’y interpeller un laquais. En quelques mots, il lui demanda de faire le nécessaire pour lui rapporter quelques fruits secs et séchés, du pain, ainsi qu’une petite bouteille de vin et deux coupes. “Ces lunes sont passées si vites… Mais j’espère que ton séjour à Serena t’a plu ?” demanda-t-il finalement à sa sœur en retrouvant le confort de son fauteuil. “Tu te sens prêtes à affronter la route dans l’hiver ? J’espère que tu n’as pas hésité à demander tout ce dont tu avais besoin pour que le voyage jusqu’aux Éteules soit le plus confortable possible ?” Sa cadette s’était fourvoyée si elle pensait qu’il ne se soucierait pas de sa santé et ne se montrerait pas vigilant sur les préparatifs. Il n’oubliait pas non plus la promesse qu’elle lui avait faite et espérait que même hors des murs de Serena, sans l’ombre de Bryce sur elle, elle la tiendrait malgré tout l’amour qu’elle avait pour Ilyn.

Bryce offrit un sourire heureux à sa sœur alors qu’elle lui confiait ne pas voir vu le temps passer. Il prenait un plaisir tout particulier à entendre que Bethany se sentait toujours bien à Serena lorsqu’elle revenait. Il savait qu’il devait surtout la vouloir heureuse aux Éteules, et c’était le cas, mais dans sa possessivité, il y voyait toujours une victoire personnelle. Bethany était devenue une Selmy mais elle ne pouvait pas faire complètement taire la Caron telle qu’elle était née. Il songea avec une pointe d’amusement qu’il espérait cependant qu’Alysanne se sente toujours mieux à Serena et n’éprouve qu’une légère nostalgie en retournant à la Dent d’Or, s’ils venaient à aller au bout de ce qu’ils désiraient. Il était probablement un seigneur un peu trop fier de ses terres, mais il ne s’en cachait guère finalement.

Il osa la taquinerie sur son beau-frère et fut ravi de voir qu’il avait tapé dans le mile. Son sourire disparut cependant dès l’instant où Bethany expliqua qu’il était le perdant du jeu. Il n’aimait jamais perdre. Sa langue claqua contre son palais en signe de désapprobation. “Si vous me laissiez seul, tu aurais probablement raison….” commença-t-il d’un air vaguement morose. “Mais pour une fois, je redoute bien moins la vie à Serena une fois que tu seras partie.” Son sourire réapparut, bien qu’aux reflets tristes. Il n’aimait jamais leurs aux revoir. Cependant, il était conscient que la présence d’Alysanne saurait mettre du baume sur son coeur comme il n’en avait jamais connu. Pour une fois, il n’avait plus trop à se plaindre. “J’espère pouvoir gager de bonnes nouvelles aussi prochainement pour Serena. Disons qu’il y a égalité alors.” annonça-t-il enfin, grand seigneur d’accepter une défaite -ou une victoire s’il n’y avait nul perdant- partagée. Il retrouva néanmoins un air plus sérieux lorsqu’il fut question de son héritier. Il n’aimait pas savoir son fils en proie à de tels sentiments. Le bleu de ses yeux perçants disparus alors qu’il inclina la tête vers son bureau, en pleine réflexion. Bethany semblait en parler avec légèreté, mais ce genre de choses n’avait de cesse de faire remonter des craintes passées au Sire des Marches. Erich avait déjà connu un acte d’abandon, il refusait qu’il puisse imaginer que c’était ce qui se jouait là. Pourtant, plus il passait de temps avec les Selmy, plus il s’y attachait, pour le plus grand plaisir de Bryce. Mais chaque séparation se faisait d’autant plus douloureuse également. “J’essaierais de particulièrement l’occuper les prochains jours, qu’il ne rumine pas trop sur votre départ… Mais je suis certain qu’une date de retrouvailles soulagerait déjà son petit coeur.” Son ton s’était fait à nouveau un peu plus léger sur la fin de sa phrase. Il était toujours plus simple de faire ses adieux lorsqu’on savait les retrouvailles déjà proches. Cela valait pour un enfant de quelques années comme pour un seigneur bien plus âgé.

Ses lèvres s’ourlèrent, laissant apparaître la blancheur de ses dents alors que Bethany prenait un air offusqué à sa question. Il haussa les épaules d’un air faussement détaché, comme si sa question tombait sous le sens et qu’il avait des raisons de douter. “Sait-on jamais…” dit-il simplement, faisant jouer son index le long des fibres du bois de son bureau. “Et puis cela est toujours plaisant à entendre, tout simplement.” avoua-t-il à sa sœur en relevant son regard sur elle, un sourire satisfait sur le visage. Il ne se lasserait jamais de l’entendre dire qu’elle se sentait toujours chez elle ici. “Tant mieux, tant mieux.” reprit-il, toujours sur un air détaché. Il avait entendu ce qu’il voulait entendre, il ne servait à rien d’en dire plus. D’autant plus que ses questions sur les préparatifs tira un soupir à sa sœur. Le Sire des Marches savait parfaitement ce que l'épouse Selmy pensait de son besoin de tout contrôler, mais il savait aussi qu’elle l’aimait ainsi. “Voyons Beth, ne me dis pas que tu ne serais pas inquiétée sur mon état si je ne t’avais pas interrogée sur le sujet ? Je ne te croirais pas si tu me disais que tu étais entrée dans ce bureau sans savoir que tu t’exposais à ces questions de ma part. Ou devrais-je soudainement arrêter de me soucier de ton bien-être et de ton confort ?” Il planta son regard dans ses yeux plus foncés que les siens, la défiant de prétendre le contraire et de lui dire qu’il avait tort. “Mais me voilà rassuré à présent. Je sais qu’Ilyn t’aime profondément et ne te mettrais pas volontairement en danger.” Mais inconsciemment était une autre histoire. “J’espère simplement que son amour pour toi ne te mettra pas à risque sur un autre sujet, voilà tout…” Cette fois-ci ses yeux avaient fui vers la fenêtre où la lueur de la pièce se reflétait dans la vitre, puisqu’il faisait déjà sombre à l’extérieur, il reconnaissait ne pouvoir affronter le regard de Beth pour aborder un tel sujet.

Le sourire du Caron se fit plus prononcé encore à la réponse de sa soeur. Ses doigts dansèrent un instant sur les fibres du bois de son bureau, avant qu’il ne s’arrête pour relever son visage vers Bethany pour lui répondre avec aplomb. “Si ça ne dépendait que de moi, le corbeau serait déjà écrit. Il vous attendrait même déjà aux Éteules. Toutes mes discussions avec elle sonnent si vraies… Mais j’ai appris des erreurs du passé et je ne veux rien précipiter pour Erich. Je saurais rester raisonnable. Toujours.” Mais cela ne l’empêchait pas d’être pressé d’avoir l’avis final de sa belle invitée. Il avait hâte de sortir de cette phase d’attente et d’angoisse quant à la survie de sa maison. Il désirait seulement être déjà au chapitre suivant, Alysanne à son bras, portant le nom des Caron.

Mais le sourire disparut du visage du Sire des Marches dès que Bethany eu évoqué le mal que son fils avait à accepter son prochain départ. Il craignait tout ces moments qui pouvaient lui rappeler la séparation qu’il avait vécu il y a plusieurs lunes de cela à Lestival. Il était jeune, Bethany le lui avait bien dit, il ne garderait probablement aucun souvenir de la Rowan qui l’avait porté. Mais il ne pouvait nier que le garçon portait avec lui ce manque qu’elle avait causé du jour au lendemain. “Je ne t’avais jamais connue aussi froide Beth…” répondit-il lentement, peu satisfait de la réponse qu’elle lui faisait. “Nous sommes extrêmement bien placés pour savoir que nous ne pouvons jamais prévoir ce que les Dieux nous réservent et que nous avons beau faire des plans, rien ne garantit que nous pourrons faire ce que nous voulions. Mais cela ne nous empêche pas d’essayer. Je ne comprends pas ce qu’il t’en coûte de lui dire “bientôt” tout simplement. Comme tu dis, il n’a pas de réelle notion du temps et avec un peu de chance, il aura vite oublié et sera passé à autre chose d’ici là. Je te demande simplement de faire en sorte que ces au revoir ne ressemblent pas à des adieux.” Il laissa finalement échapper un soupir. “Mais si ton choix est fait, qu’il en soit ainsi…” Bethany pouvait de toute manière agir comme elle l’entendait, ça Erich n’était plus sa responsabilité pour une durée indéterminée comme elle venait de le dire. Qu’il soit heureux ou anéanti par la nouvelle, c’était sur Bryce et la nourrice que retombaient ces responsabilités là.

“J’approche des quarante années petite sœur, tu peux continuer d’espérer autant que tu le veux, il y a des choses qu’on ne peut désormais plus changer.” lui répondit-il en haussant les épaules. Et c’est justement parce qu’il était fidèle à lui même qu’il n’avait pas pu s’empêcher d’évoquer la question d’une éventuelle grossesse pour elle. Il savait le sujet compliqué, il craignait de l’agacer complètement et avait préféré regarder ailleurs que soutenir son regard. Mais la réponse qu’elle lui faisait l’obligea à replonger son regard de glace dans les siens. “Je sais ce que valent tes promesses Bethany, je ne remettrais jamais cela en question évidemment. Cependant, c’est une promesse que tu m’as faite encore sous le coup de l’émotion et il y a plusieurs lunes de cela… Je veux simplement m’assurer que ton avis n’a pas changé depuis sur la question… parce que le mien non.” conclut-il avec un peu plus de fermeté dans la voix qu’il l’aurait voulu. Son inquiétude quant à voir sa sœur avoir une grossesse un tant soit peu normale et surtout avec une issue heureuse l’inquiétait au plus haut point. Il redoutait déjà l’arrivée du printemps pour cette seule raison. “Encore une fois je sais bien qu’Ilyn ne te mettrait jamais consciemment en danger. Mais il n’est pas impossible d’oublier cela sur le coup d’un moment de passion ou de tendresse partagé entre deux époux. Je te demande simplement d’être vigilante. Je veux avoir l’occasion de te revoir, que ça soit l’année prochaine comme les suivantes.” expliqua-t-il, faisant écho à la précédente discussion qu’il venait d’avoir.

Puis Bethany se leva et vint l’enlacer et toute la rigidité et la rigueur propre à sa personne s'évaporèrent à son contact. Il releva une main sur ses poignées. “Pardon.” s’excusa-t-il simplement, parfaitement conscient de ne pas être l’homme le plus évident à vivre et à aimer. “Idéalement, je serais une deuxième fois père lorsque tu seras enfin mère.” dit-il doucement en tapotant affectueusement sa main.

Bryce accueilli sans trop de coeur la réponse de sa soeur et la repoussa en agitant le bout des doigts d’un air détaché. “Soit. Mais j’espère que tu auras au moins un mot sympathique pour sa nourrice avant ton départ, puisqu’elle va devoir combler cette absence qui le rend si malheureux d’après tes propres mots.” Après tout, c’était Bethany la première qui avait évoqué d’un ton amusé la tristesse d’Erich. Si Bryce n’avait aucun problème à plaisanter de ses propres sentiments ou ceux d’Ilyn, deux adultes parfaitement conscient, il se trouvait on ne peut plus susceptible lorsqu’il s’agissait des sentiments de cet héritier privé de mère du jour au lendemain. Mais visiblement, les deux enfants de Bryen Caron semblaient camper sur leurs positions, et peu prêts d’en changer, alors il ne servait à rien d’insister. Le Sire des Marches n’avaient nul envie de quitter sa soeur fâché, même si cela avait comme seul point positif ce moins souffrir de son absence.

Leurs rapports se réchauffèrent et les sourires revinrent poindre sur leurs visages lorsqu’il fut état du caractère immuable de Bryce. Ce dernier venait de célébrer ses trente-neuf ans, il y avait bien des choses sur lesquelles il pouvait faire des efforts, mais dans le fond il serait toujours le même : impétueux, inquiet, protecteur et autoritaire. C’est justement pour cette raison que bien que le sujet ne le mette pas des plus à l’aise, il n’hésita pas à remettre sur le tapis la promesse que sa cadette lui avait faite lors de sa visite aux Éteules en début d’année, suite à son accouchement prématuré d’une fille morte-née. Son sourire se fit tendre pour elle alors que celle-ci renouvelait sa promesse, malgré les lunes passées depuis. Il hocha doucement le visage avant de fermer les yeux pour intégrer la nouvelle, rassuré. “Bien. Mais promets-moi de bien discuter de tout cela avec le mestre et de suivre toutes ses recommandations, d’accord ?” Depuis le temps, Bethany était devenu à l’aise avec certaines plantes et ses remèdes, mais cela n’enlevait en rien les connaissances de l’ancien élève de la Citadelle et il tenait à ce qu’elle s’appuie sur lui. Il se demanda un instant si tant de femmes nobles que cela demandaient cette concoction à leur mestre et si ceux-ci n’étaient pas sommé de le rapporter à leur seigneur. C’était un thé dont il ne voulait pas entendre parler à l’avenir à Serena pour des raisons évidentes.

Bethany fit finalement le tour du bureau pour venir enlacer son frère et toutes les préoccupations précédentes disparurent en un clin d’oeil. Bryce ne demandait qu’à ce que Bethany puisse expérimenter la maternité, et aussi pressé qu’il était d’assurer la survie de sa maison en ayant un nouvel enfant, il l’était tout autant de voir sa soeur avec son propre enfant dans ses bras. Idéalement, ces deux naissances pourraient se faire simultanément, c’était une nouvelle qui le rendrait des plus heureux, pour peu que le printemps soit alors bien installé. Il ne put retenir un long soupir d’aise. “Et tu vas nous manquer à tous.” dit-il sur un même ton, sans même un regard pour Beth, toujours derrière lui. C’est à ce moment là que deux timides coups sur la porte se firent entendre. “Entrez !” dit Bryce. Le jeune laquais apparut alors pour déposer sur le guéridon proche du bureau ce que le Sire des Marches lui avait demandé quelques instants plus tôt. “Merci, tu peux disposer.” lui dit-il finalement avec un hochement de tête. Il se releva finalement pour leur servir une coupe chacun, et en tendit une à la Selmy. “A ton bonheur aux Éteules.” commença-t-il par dire, parce que c’était finalement l’essentiel malgré sa fierté de Caron. “Et à un avenir plus clément pour notre famille.” ajouta-t-il enfin en levant sa coupe pour trinquer.

La lèvre du seigneur de Serena s’ourla doucement alors que sa cadette soulignait le nombre de promesses qu’elle avait à présent à son actif, pour le compte de son aîné. Il eut soudainement envie de s’esclaffer tant la situation pouvait semblait ridicule. Mais il se retint, parce que finalement, il n’y avait rien de grotesque aux serments qu’il avait soutiré à Bethany. L’épouse Selmy n’avait pas eu une vie aisée, elle connaissait la douleur et le deuil et il aurait été plus qu’étrange que Bryce ne cherche pas à s’assurer de sa protection après tout cela, alors qu’ils n’étaient que ce qu’ils restaient des Carons d’autrefois. Et l’idée que sa soeur puisse disparaître pour offrir un futur aux Selmy le terrifiait et il ne s’en cachait pas le moins du monde. La prudence était mère de sûreté comme on le lui avait enseigné et c’était son rôle, du moins il en était convaincu, que de s’assurer que sa soeur vivait bien par ces mots là, même s’il n’en doutait pas, il avait besoin qu’elle le rassure, comme toujours. “Ne me tente pas d’en ajouter à la liste, tu sais très bien que j’en suis capable.” répondit-il simplement, d’un air détaché bien que son sourire subsista encore quelques secondes.

Cela ne l’empêchait nullement de voir sa cadette heureuse, rayonner dans ce rôle de mère qu’elle espérait tant connaître un jour. C’est pourquoi dès que le laquais eut déposé ce qu’il lui avait demandé, Bryce s’empressa de porter un toast en son honneur, pour son bonheur à elle, même si cela signifiait être loin de lui. Après tout, ne rêvait-il pas d’enlever sa cadette à Leo Lefford pour la chérir à Serena ? Comment pouvait-il reprocher à Ilyn de vivre pleinement leur idylle ? Tant que chacun était prudent, il continuerait de faire la part des choses. Bethany mentionna justement Alysanne et il ne put s’empêcher de répliquer. “Je serais bien obligé de me débrouiller par moi-même et d’estimer de mon seul regard si cela fonctionne ou non…” Il haussa vaguement les épaules puis lui offrit un clin d’oeil complice. Si Bethany avait permis la rencontre, depuis le début il s’était débrouillé seul avec la belle ouestienne et les choses semblaient aller pour le mieux, alors ça n’était probablement pas une mauvaise chose que cela continue ainsi, l’épouse Selmy n’ayant pas été la meilleure entremetteuse la première fois. Il but une nouvelle gorgée avant de déposer un tendre baiser sur la tempe de sa soeur pour la dernière fois avant une date que seuls les Dieux pouvaient connaître.