To see you smile, is to feel the sun (Jyarys)

To see you smile, is to feel the sun

Arys Manning & @Jyana Manning

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L'agitation des dernières lunes avait laissé place à un calme qu'Arys se surprenait à aimer. Les conséquences de l'hiver, leur voyage à Port-Réal, la venue des Cole et surtout, l'arrivée prématurée d'Addam avait secoué Noirport comme rarement dans son histoire. Cette petite bourgade paisible avait beau être proches de grandes villes comme Sombreval, Rosby ou Port-Réal, on y jouissait du calme de la campagne malgré le marché imposant installé près du port. Aussi, la venue de la maison anciennement exilé avait apporté un vent d'exotisme à la vie du domaine. Arys avait bien vu les regards intrigués de certains métayers sur la peau hâlée de Lady Lanna, la simple mention d'Essos suffisait à faire rêver ceux qui n'avait jamais quitté le domaine autour de Noirport ou, pour les plus aventuriers, les frontières des terres de la Couronne. La venue des dames de la maison Cole n'avait pas bouleversé que le peuple. Jyana aussi avait semblé plus que troublée par leur présence et Arys ne pouvait qu'en comprendre les raisons. Le passif entre les deux femmes, du temps de leurs jeunesses et de leurs erreurs, rendait la cohabitation tendue bien que toujours polie et il avait fallut tout son sang froid à l'héritier pour ne pas céder aux regards interrogateurs de Godric lorsque quelques piques sages et subtiles venaient pimenter le diner. Car Godric ne savait rien, ni du passé de Jyana, ni de ses différents avec celles qui, jusqu'à peu, s'appelait Eleyna. Lorsque la brune s'était confié à lui, avouant une erreur de jeunesse qui avait eut de tragiques conséquences sur sa réputation, Arys n'avait fait qu'écouter: qui était-il pour juger des élans d'une jouvencelle qui ignorait tout des relations entre hommes et femmes ? Après tout, c'était une histoire remontant à des années, et lui même n'était pas blanc comme neige. Mais tous les hommes n'avaient la même réflexion. Combien de demoiselle, dont seule la rumeur entachait la vertu, se voyait envoyées chez les Septa ou peinait à trouver un époux. Godric était bien trop attaché aux règles, à la noblesse et à ses usages pour comprendre. S'il reprochait à son propre frère aîné ses écarts et ses aventures, qu'aurait-il dit de Jyana ? C'était un secret entre eux, la preuve de leur honnêteté totale l'un envers l'autre, la preuve de la confiance de celle qui était désormais sa femme. Et c'était de sa responsabilité de protéger sa réputation désormais. Alors il s'était tut. Et Godric n'en savait rien. Rien de l'erreur de Jyana et donc, rien de ce qui l'opposait à Melara. Combien de chance avaient-ils de voir, dans leur vie, surgir celle qui avait tant blessé l'ancienne Selmy ?

Toutefois, la naissance d'Addam, et le rôle joué par les deux Cole, avait quelque peu apaisé les tensions. La présence de Lanna avait rassuré Jyana et Melara l'avait agréablement surpris à venant en aide au couple, acceptant à sa manière de mettre les différents de côté le temps de la venue au monde du nouvel héritier de Noirport. Et bien qu'elles aient prévu de retourner à Lestival quelques jours après, la naissance d'Addam ne fit que renforcer l'argument de départ des Cole au grand dam de Godric qui n'avait cessé de murmurer des choses à l'oreille de sa promise avant qu'elle ne reprenne la route. Le mariage aurait lieu à la fin de l'année, il fallait que la jeune fille profite de ses dernières lunes en tant que jouvencelle, auprès des siens, avant que sa nouvelle vie ne commence. Un répit qui n'était pas pour déplaire à Arys. Si Lyessa était désormais suffisamment grande pour dormir dans une chambre attenante à la leur, Addam avait reprit le berceau de son ainé auprès de Jyana, ponctuant leurs nuits de larmes et de baisers. La routine reprenait son cours. Chaque journée était ponctuée par les préparatifs du mariage, la lecture des corbeaux, la rédaction de lettre pour Corlys et de temps accordé à sa famille. Il avait délégué à Godric le soin de s'occuper du village, le temps qu'Addam fasse un peu plus ses nuits, que Jyana soit moins épuisée. Il voulait épauler son épouse et Noirport n'avait pas un besoin vital que ce soit lui que se charge de superviser la distribution de grain. Corlys était venu, quelques jours après le départ de Lady Lanna et Lady Melara. Le voyage du Roi dans le Val lui avait permis de rentrer à Noirport quelques jours pour rencontrer son petit fils mais il n'avait pu rester. Donnant ses directives, il avait reprit la route pour Port-Réal, persuadé qu'à son retour, le roi convoquerait son conseil pour avoir les dernières nouvelles et il avait à coeur de lui montrer combien être à son service l'honorait.

La vie reprenait un cour paisible malgré les journées de plus en plus courte et le froid qui s'insinuait partout. Des nouvelles lui venaient de la Capitale, annonçant le retour du Prince Aegon et de son épouse, celui de Jacaerys Velaryon et de son équipage. Et au milieu de toute cette cohue, le calme. Enfin.

La nuit tombait en ce milieu d'après-midi et Arys, non sans une tape dans le dos de son frère, quitta le bureau seigneurial pour retrouver les siens. Il avait à coeur de se libérer pour soulager Jyana, s'enquérir de son état, ou jouer avec leur fille. Lyessa était jeune et ne semblait pas jalouse de l'attention portée à son petit frère, mais il ne voulait pas qu'elle se sente délaissée pour autant, et Jyana avait fort à faire avec Addam. Il les trouva dans le petit salon de l'aile où se trouvait leurs appartements. Face à la cheminée crépitante, Zhoe brodait et s'éclipsa lorsqu'il entra, le laissant seul avec son épouse et ses enfants. « Comment vont mes Manning préféré ?  » demanda-t-il en attrapant Lyessa jouant avec des cubes en bois de couleur sur le tapis, la calant contre sa hanche avant d'aller embrasser son épouse. Addam semblait dormir, mais il s'inquiétait de laisser Jyana gérer deux enfants si jeunes sans pouvoir l'aider en journée. Ses obligations le maintenait aux affaires de Noirport plus qu'il ne l'aurait souhaité. « Ce petit lion de mer ne te fait pas tourner en bourrique j'espère ?  » susurra-t-il contre ses lèvres du même ton taquin qu'à son habitude.

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Arys Manning & @Jyana Manning

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Arys appréciait cette paix: bien qu'il aima l'action, il préférait nettement l'agitation des tournois aux guerres de ménage et la tension qui avait pu exister durant le séjour des dames de la maison Cole avait l'avait moralement épuisé. Lady Lanna était une femme qui, il se plaisait à le croire, ressemblait à la défunt Dame de Noirtport: douce et maternelle, tendre et bienveillante. Lady Melara ... Il ne savait trop qu'en penser. La jeune fille vivait à Westeros depuis bien plus longtemps et elle semblait avoir intériorisé tout ce qui pouvait être nécessaire à une vie de cour, à la survie dans un environnement peuplé de complotistes et d'ambitieux. La grâce des Cole était d'ailleurs la preuve du combat acharné de cette jeune femme pour défendre les intérêts de sa maison, une combativité qui ne pourrait être qu'appréciable si elle était mise au service de la maison Manning. Arys se doutait qu'il n'y avait pas que la position, avantageuse, de Lord Tylan qui avait suscité l'intérêt de Corlys Manning. Il n'aurait jamais choisit une femme sotte, ou effacée par des branches multiples d'une grande famille. Tout comme Jyana l'avait séduit avec l'étincelle de son regard, Melara dégageait quelque chose de fort. Et Arys ne pouvait que comprendre que son frère ait succombé, tout comme il avait une vague idée des espoirs que Corlys pouvait avoir en cette union. Toutefois, leur départ n'était pas une mauvaise chose: Godric, bien trop absorbé par sa promise, avait des devoirs à accomplir et la lettre, récemment reçue, de l'Amiral Velaryon tracassait l'héritier qui n'avait eut, à ce sujet, qu'une lettre pour Corlys et un silence lourd pour le reste de sa famille. Il ne voulait pas propager, trop vite, des bruits qui ne serait peut être que les visions affabulatrices du valyrien. Corlys au courant, il savait que Noirport serait parmi les premiers informés si la nouvelle se confirmait au conseil restreint, si Port-Réal officialisait la chose. D'ici là, faire paniquer les siens étaient la dernière chose qu'il désirait: Jyana se remettait de son accouchement, Zhoe se préparait à recevoir bientôt une nouvelle soeur et Godric, en plus des tâches que lui confiait son aîné, était en pleine répétition de son serment avec le mestre de Noirport. D'ici trois lunes aurait lieu le mariage et le jeune chevalier tenait à faire honneur à son nom ainsi qu'à sa fiancée. Arys, lui, observait cela avec amusement et exaspération: lui qui, avant Jyana, n'avait songé au mariage malgré les multiples sollicitations de son père, n'avait pas senti le besoin impérieux de vivre la moitié de ses journées dans le petit septuaire attenant à la demeure Manning. Mais, désireux de préserver la paix de la famille, il se taisait, préférant accorder son énergie aux tâches d'intendance du domaine et à sa petite famille.  

Il offrit à Zhoe, un sourire complice et une tape sur l'épaule tandis que, rassemblant ses affaires de broderie, elle s'éclipsait pour laisser le couple en paix. Ils formaient une famille dans la famille, Jyana, lui et les enfants, et le spectacle qui s'offrait à lui le ravissait. Lyessa, encore bien jeune, jouait silencieusement aux pieds de sa mère, sur un tapis duveteux lorsqu'il vint la prendre dans ses bras, suscitant chez la fillette, un petit cri de joie et une étreinte forte dont seuls les enfants sont capables. Caressant sa tête brune, il embrassa le front de sa fille, se rapprochant de son épouse pour observer le nouveau-né de trois lunes qui reposait contre le sein maternel. Arys ne put retenir ses sourcils se fronçant aux mots de la jeune femme: Jyana n'était pas femme à s'inquiéter inutilement et il écouta avec sérieux ce qu'elle pouvait avoir à dire. « Tu trouves ? N'est-ce pas la position dans laquelle il se trouve ? Ou les langes que nous aurions trop serré ?  » demanda-t-il alors, quelque peu impuissant face au constat de son épouse. Il passait moins de temps qu'elle avec leur progéniture et bien qu'il tenta de se dégager du temps pour qu'ils puissent être tous les quatre, la santé d'Addam et ses soins au quotidien étaient avant tout histoire de femme. Il avait toute confiance en la sienne: elle n'était pas folle, ou à imaginer des choses, mais il y avait forcément une raison à ce qu'elle avait remarqué ? Peut être la naissance précipitée et inattendue de leur fils l'avait rendue plus sensible au bien-être du petit garçon, peut être n'était-est-ce que la peur d'une mère envers son enfant ? Il était vrai que Lyessa, née à terme, n'avait suscité ce genre de discours, et Arys se demandait s'il fallait réellement s'inquiéter, ou s'il devait juste la rassurer. Après tout, elle avait bien songé à leur mort éventuelle durant l'accouchement ? Peut être son esprit avait-il encore en mémoire la crainte de voir leur fils ne pas survivre à sa venue au monde ? Une part de lui refusait d'y croire: Jyana avait surmonté la mise à mal de sa réputation autant que le deuil suite à la peste rouge sans broncher, la tête haute, digne. Elle n'était pas femme à se laisser aller à la paranoïa. Une cette part d'Arys, qui voyait son épouse comme une héroïne de la vie quotidienne, se décida à poser son regard sur le petit. Addam était calme, tout comme Lyessa l'avait été avant lui. De petite taille, il dormait beaucoup, bon signe, avait précisé le mestre lorsqu'Arys l'avait interroger après la naissance de l'enfant. Après tout, il était né avant terme. Il ne fallait pas s'étonner qu'il réagisse différemment de sa soeur aînée. « Depuis combien de temps as-tu remarqué cela ? Tu en as parlé au mestre ?  » demanda-t-il tout en transvasant le poids de Lyessa de ses bras à un genou pour libérer l'une de ses mains et venir tâter le bras droit de son fils.

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Arys fronça les sourcils, gardant fixé sur son fils, son regard le plus sérieux. Jusque là, il ne s'était jamais inquiété pour ses enfants: Lyessa était une petite fille en bonne santé et, à sa naissance, Addam ne semblait pas présenter de soucis particulier. Il avait donc naturellement plus tendance à se faire du soucis pour son épouse. Jyana était ce qu'il avait de plus précieux au monde et son dernier accouchement avait été difficile à supporter pour l'héritier qui cumulait la crainte de ce moment, et l'inquiétude d'une naissance précoce. Sa peur s'était décuplée en entendant la jeune femme demander à Lady Lanna de sauver, coute que coute, son enfant à naitre, quitte à sacrifier sa propre vie mais la joie de la paternité, il avait pu la partager avec elle, une fois de plus, lorsque mestre, Cole et Manning laissèrent le couple en paix avec leur dernier né et un nouvel héritier de Noirport.  Il tenta de se repasser en mémoire, les premières semaines de vie de leur fille mais, mais ses souvenirs étaient teintés par le noir du deuil que la peste rouge avait amené dans leur famille. Arstan Selmy, son beau-père, et Bowen Manning, son oncle, avaient succombé à l'épidémie et, il devait le reconnaitre, il n'avait que peu prêté attention aux petits maux de sa fille, une fois assurée par Jyana que l'enfant allait bien. « Lyessa n'a jamais eu ce genre de soucis ...  » dit-il toutefois, imaginant que si la petite avait eut de tel problème, Jyana ne serait pas si inquiète aujourd'hui. Non, il y avait quelque chose de pas normal dans tout cela et il redoutait ce que cela pouvait être. Noirport n'était pas un fief important, les Manning n'avaient rien d'une maison majeure, ou même une maison mineure d'importance. On ne parlait d'elle que depuis que son seigneur s'était vu offrir une place de conseiller à la table du Conseil Restreint ... Les faits d'armes étaient ce qui leur permettait d'imposer le respect à leurs voisins frontaliers. Bien qu'avec l'âge, Corlys Manning se soit raidi et que sa blessure l'eut rouillé davantage encore, il n'en demeurait pas moins un chevalier d'excellence qui avait de nombreuses fois fait la fierté de son nom. Bowen avait établit de nombreux lien avec la noblesse de l'Orage, du Val, du Bief et du reste des Terres de la Couronne. Quand à lui, à Godric, à Ryman ... Tous s'étaient montré dans des tournois, dans des châteaux voisins de celui de la famille ou brillaient au sein même de leur fief. Un enfant avec un handicap ... Serait une chose terrible. Un héritier qui plus est ... « Penses tu que cela puisse avoir un lien avec ... Tu sais ? Sa naissance précoce.  » demanda-t-il tout en posant sa main sur la petite tête d'Addam.

Cependant, les mots de Jyana ne le rassuraient pas. Ses propres pensées passaient au travers des lèvres de son épouse: le mal n'était pas passager, cela faisait quelques semaines que le petit garçon avait vu le jour, s'il s'était agit d'un mal du à la naissance uniquement, détail bénin qui reviendrait à la normale avec le temps, la dame de Noirport l'aurait remarqué. Mais au lieu de cela, elle lui en parlait, ce qui trahissait sa réelle angoisse à ce sujet. « Nous devrions peut être en parler au mestre rapidement ? S'il y a quelque chose à faire, sans doute faut-il se hâter avant que cela ne soit définitif ...  » dit Arys en espérant qu'il ne s'agisse d'un mal inconnu de l'homme de science. Ce dernier n'avait eu à soigner que les blessures normale que chevaliers et paysan pouvaient rencontrer dans leur quotidien, les petites fièvres de saison. Même la peste rouge, il n'avait eut à s'en soucier, l'épidémie ne s'étant arrêté bien plus au Sud ... Toutefois, l'homme avait de nombreux maillons à sa chaine et il espérait que tout ceci n'était que paranoïa de parents épuisé par un nouveau né et non un mal sérieux qui handicaperait leur famille. Car si aujourd'hui, il ne s'agissait que d'un bras, les Sept seuls savaient ce qui pouvait se révéler avec l'âge ? Et si l'enfant était idiot ? Muet ou sourd ? S'il était totalement paralysé et ne pouvait jamais marcher ? On pouvait survivre à une faiblesse physique, mais l'on ne pouvait succéder à un seigneur en étant pathologiquement déficient. Son regard se posa immédiatement sur sa femme: et si son fils avait un soucis, qu'en était-il de sa mère ? Se sentait-elle encore faible ? Sa grossesse avait été difficile après tout ... « Et toi, Jyana ? Tu es sure que tout va bien ?  » lui demanda-t-il avec inquiétude, craignant de nouvelles mauvaises nouvelles de sa part.

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Il n'y avait rien qui aurait pu davantage ternir la joie du jeune papa. Alors qu'ils accueillait enfin un petit garçon, apprendre que celui ci pourrait avoir un problème rendait leur bonheur plus terne, voilé par l'inquiétude. Arys se demandait pourquoi il n'avait pas retardé le séjour de Lanna Cole et de sa fille à Noirport. S'il avait su la la présence de Melara perturberait Jyana de la sorte, il aurait fait les choses autrement mais pris dans l'amusement de voir Godric si heureux quand à son mariage à venir, et de la volonté de bien faire en l'absence de Corlys, sans doute n'avait-il pas fait attention au bien être de sa propre épouse. Décidément, les Cole lui apportaient bien des problèmes, songea-t-il avec une pointe d'ironie en songent à la mauvaise humeur que Jyana avait eut à son égard après l'annonce des fiançailles de Godric et Melara. « Nous ferons attention dans les prochaines semaines. Peut être a-t-il besoin d'un peu plus de temps que les autres enfants pour ... Faire tout fonctionner ?  » dit-il maladroit, cherchant à rassurer sa dame autant que lui même. Il ne lui vint nullement la réaction du reste de la famille quand à l'annonce d'un problème chez le nouvel héritier: seul le bien-être de son fils comptait. Car au delà de cette légère paralysie, la question qui taraudait Arys était de savoir si l'enfant souffrait et comment lui épargner cela a l'avenir. Le futur ne serait pas simple pour lui s'il s'avérait accablé d'un handicap ou plus lent que ses comparses du même âge. Il hocha la tête lorsque Jyana annonça préférer laisser dormir le petit pour le moment avant de solliciter le mestre au sujets de leurs inquiétudes. « Je viendrais avec toi ...  » dit-il, peu désireux de laisser les siens seuls maintenant qu'il savait sa femme si inquiète, et son fils si fragile. Ils avaient eut la chance d'avoir une petite fille en pleine santé, aussi le destin lui paraissait cruel que de lui imposer pareille épreuve: avait-il offensé les dieux d'une quelconque manière ?

Les doigts de Jyana se posant sur les siens, il retrouvait le sourire doux et tendre de son épouse, les battements de coeur que son regard de biche faisait naitre en lui. Comment une telle femme pouvait le mettre à terre en quelques battement de cils ? L'attraction que l'ancienne Selmy exerçait sur son mari n'était un secret pour personne et l'inquiétude qui avait taraudé Arys pendant la naissance d'Addam en avait été la preuve. Il redoutait trop de la perdre, elle était devenue un soleil dans le ciel de Noirport et il ne voulait pas la voir subir le même sort que celui de la précédente Dame de Noirport. La naissance de Zhoe avait laissé un vide dans la maison que même les pleurs du nouveau-né n'avait pu apaiser et Corlys n'avait plus jamais été le même. Il ne voulait pas cela. Ni pour eux, ni pour les enfants. Ses doigts s'entrelacèrent avec ceux de la brune tandis que son sourire déclenchait un nouveau acquiescement de la part de l'héritier. « D'accord. Mais si tu te sens faible, promets-moi d'appeler Zhoe ou tante Wylla pour venir prendre le relai des petits. Je ne veux prendre aucun risque ...  » dit-il en caressant sa joue avec douceur. « Addam et Lyessa ont besoin de toi autant que moi.  » ajouta-t-il avec un sourire taquin. Elle l'avait tant changé, le rendant plus adulte, plus sérieux. En lui donnant des enfants, elle lui avait apprit à être responsable bien plus rapidement que les années de leçons de Corlys.

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Arys fronçait les sourcils en lisant la lettre qu'il tenait entre les mains. Celle ci venait de Lamarck et portait le sceau de la maison Velaryon. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas eut de nouvelle de l'Amiral depuis sa visite surprise du début d'année. Pourtant, loin de mettre en joie l'héritier, la missives faisait état d'élément qui perturbait le trentenaire. Ce dernier se demandait s'il devait aborder le sujet avec son père, dont la place au conseil lui assurerait la véracité des informations qu'il avait sous les yeux. Il était en pleine réflexion lorsque le bruit de quelqu'un, frappant à la porte, le tira de sa concentration. « Entrez.  » dit-il d'une voix forte, s'attendant à apercevoir Godric dans l'embrasure de la porte, ou quelques serviteurs venus raviver les flammes de la petite cheminée qui commençait à s'éteindre. Ce fut cependant Jyana qui passa la porte, arrachant un sourire à Arys qui posa la lettre sur le bureau pour signifier qu'il lui accordait toute son attention. Avec leur fils dans les bras, Jyana était une vision angélique de la maternité qui réchauffait son coeur, troublé par les affaires que le courrier avait apporté dans son sillage. Il retint un nouveau forcément de sourcils à l'évocation de la situation d'Addam: cela, il y pensait depuis des jours sans trouver d'explication au pourquoi d'un tel handicap chez son héritier. Il avait espéré que cela soit temporaire, du à son très jeune âge, à sa précocité à venir au monde. Mais plusieurs jours s'étaient écoulés et rien n'avait changé: le bras du petit garçon demeurait plus rigide que celui d'un enfant normal, inquiétant les deux parents. « Bien sur !  » répondit-il en reculant le fauteuil pour s'en extraire.

Suivant le sillage des jupes de Jyana, il regardait le visage calme de leur enfant, espérant que son sommeil, son absence de pleurs témoigne de son bien être malgré tout. Traversant la bâtisse, ils arrivèrent rapidement aux appartements dévolus au mestre de Noirport. Ce dernier aimait à quitter le château pour traverser les champs alentour et transmettre un peu de son savoir, partager son talent lorsqu'il savait que les Manning n'auraient besoin de lui quelque jours. Mais depuis le début de l'hiver, l'homme demeurait à résidence: trop d'accident pouvait survenir dans la bourgade vivant à l'ombre du manoir Manning, trop de maladie pouvaient toucher les membres de la maisonnée. Ce fut Arys qui frappa avant d'entrer dans la pièce principale qui servait de cabinet au mestre. Deux autres pièces attenante à celle ci composaient les appartements de l'homme de science: une chambre de taille respectable qui lui était entièrement privée, et une pièce servant tantôt d'infirmerie, tantôt de cabinet d'aisance lorsque les jours étaient calme. L'homme bénéficiait également d'un accès direct à une partie des jardins dont il pouvait jouir comme il l'entendait, y faisant pousser diverses plantes et fleurs, ainsi qu'à l'abris des quelques corbeaux qu'abritait Noirport. Dans cette salle principale, bureau, étagères emplies de parchemins, de bocaux, et d'objets en tout genre s'entassaient dans un ensemble bordélique étrangement organisé. L'homme apparut, ses cheveux grisonnant dégarnissant peu à peu son crâne tandis que, rasé de près, sa chaine tintait autour de son cou. « Pardonnez notre intrusion, mestre.  » débuta Arys tandis que ce dernier secouait négativement la tête. Il connaissait l'héritier depuis sa naissance, ayant été mis au service des Manning depuis de nombreuses années. « Mon épouse et moi même requerront votre savoir pour une affaire ... Délicate et préoccupante.  » poursuivit le chevalier en posant sa main sur la taille de la jeune femme, formant un duo uni autour du petit garçon. « Jyana, peux-tu expliquer ? Tu seras sans doute plus précise que moi.  » avoua-t-il en la regardant avec douceur, posant sa main libre sur la tête du petit garçon.

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L'inquiétude de Jyana était palpable mais compréhensible. Lui même n'en menait pas large si l'on remarque le large pli qui se dessinait sur son front tandis que la belle orageoise exposait au mestre ce qu'elle avait remarqué. Il avait espéré que cela passe. Il avait ardemment désiré qu'elle lui annonce que ce n'était rien mais ils étaient là, dans cette pièce, avec l'homme de savoir pour seule source d'apaisement. Son bras entoura la taille de la jeune femme, sa main libre rencontrant la sienne tandis que le mestre prenait leur fils dans ses bras pour l'ausculter. Concentré, Arys tentait de comprendre les raisons et les déductions que le mestre tirait de ses observations, espérant qu'ils n'avaient été que trop prudent, trop inquiets sans raison. Lorsqu'elle le reprit dans ses bras, il vint déposer une main affectueuse et protectrice contre sa tête avant de laisser son épouse le bercer, se demandant qui de leur enfant, ou d'elle même, elle cherchait à apaiser de la sorte. L'attente du verdict était insoutenable, Arys voyait bien le regard ennuyé de cet homme qu'il connaissait depuis toujours. Pas ennuyé par l'oisiveté de sa tâche, mais bel et bien parce qu'il s'apprêtait à dire mais avant qu'il n'eut pu ouvrir la bouche pour questionner le mestre, elle le devança. Arys connaissait l'homme depuis toujours: il était assez vieux pour avoir assisté à sa propre naissance, alors qu'il n'était encore qu'un jeune mestre venue apprendre auprès de celui qu'il remplacerait bientôt. Il avait assisté la mère dans la naissance de Godric, puis de Zhoe et avait observé ces trois enfants grandir, guérissant leurs écorchures. C'était un homme empreint de bienveillance, notamment envers les dames, si Arys comparait le traitement qu'il avait réserver à Zhoe et la douceur dont il faisait preuve avec Jyana, avec celui qu'il avait fait subir aux deux garçons Manning lorsqu'au cours d'une course stupide, Godric c'était cassé le bras. Malgré les remontrances, Arys l'affectionnait beaucoup mais à cet instant, il comprit que quelque chose n'allait définitivement pas.  

Le verdict tomba comme la lame d'une épée sur la nuque d'un condamné: glacial, sans fioriture. Si l'héritier était soulagé de savoir que son fils ne souffrait pas, serrant l'épaule de Jyana en signe de bonne nouvelle, il déchanta lorsqu'il comprit de quoi son enfant était affligé. Arys pâlit, voyant tout ces moments qu'Addam ne connaitrait sans doute jamais. Ses premiers entrainement à l'épée, sa première joute, ... Si lui même souffrait de la vilaine blessure faite par Durran Cressey à Lestival, il savait la chose en voie d'amélioration, mais pour Addam, ce serait à vie.  « Concrètement mestre, pensez vous que cela sera réellement handicapant pour lui ? Je veux dire, il pourra utiliser sa main n'est-ce pas ?  »  demanda-t-il. « Pour ce qui est d'ordre pratique, il pourra écrire ? Tenir une arme ? Tenir des rênes ? Jusqu'où doit on s'attendre à l'assister ?  » Jyana était silencieuse, presque aussi pâle que lui. Addam, lui, s'était rendormi contre le sein maternel, ignorant tout du trouble soudain qui avait vu le jour dans le coeur de ses parents. Le mestre haussa les épaules. « Cela est difficile à dire à l'heure actuelle. Il aura sans doute beaucoup de mal à se battre à l'épée, et ce, même si ce n'est pas sa main dominante. Mais, avec de l'habitude et du travail, il pourrait tout à fait monter à cheval ou écrire des lettres. » tenta l'homme, désireux de rassurer le couple qui semblait abattu, comme s'ils venaient de se prendre un coup de massue. « Addam n'est encore qu'un nourrisson. Il faudra lui faire travailler sa mobilité et apprendre à compenser son handicap autrement. Ce n'est pas une fatalité ... » assura-t-il avec un sourire encourageant.  Pas une fatalité. Arys se le répétait en boucle, songeant que Willos Tyrell, malgré son infirmité, parvenait à une réputation d'homme intelligent et semblait être un bon seigneur pour Hautjardin. Et Lord Tyrell n'était pas le seul, bien qu'il fut sans doute le plus connu. Arys tentait de relativiser. Valait-il mieux devenir infirme à un âge avancé et ne jamais s'en remettre, ou l'être de naissance et savoir en faire une force ? Addam ne serait jamais un garçon comme les autres: il serait plus fragile, peut être même moqué, mais il restait son fils, et il était prêt à tout pour l'aider à avoir une vie la plus normale possible.

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Du coin de l'oeil, Arys observait Jyana, ressentant son angoisse autant que sa tristesse. Car si de l'extérieur, il tentait de ne rien laisser paraitre, intérieurement, Arys connaissait un ouragan d'émotions contradictoires et loin d'être simple à supporter. Cette grossesse avait été compliqué dès son commencement: après la naissance de Lyessa, jamais Arys n'aurait pu penser qu'un tel malheur s'abattrait sur eux mais il était forcé de constater que les fiançailles de Godric avec Melara Cole n'avait guère aidé son épouse à prendre le repos dont elle avait besoin. Il n'y avait nul coupable, aux yeux de l'héritier, hormis lui même: il n'avait pas su préserver la paix de Jyana et si elle avait accoucher si précocement, c'était parce qu'il n'avait pas pu la protéger comme il le devait. Addam était infirme par sa faute bien qu'il n'eut, directement, aucune action aux conséquences fâcheuses sur leur fils. Comprenant que le mestre ne pourrait rien leur dire de plus, qu'ils leur fallait juste le temps d'appréhender la nouvelle, Arys le salua avant de suivre son épouse loin des appartements de l'homme de science, dans l'intimité des leurs. Il n'avait de mot capable d'exprimer son sentiment: Addam était son héritier et il ne serait peut être jamais capable de défendre son territoire. Quelle ironie de la part des Sept. Leur avoir donné le bonheur d'élever une fille en bonne santé dans l'attente d'un garçon et que ce dernier, arrivant enfin, soit si jeune frappé d'un tel coup du sort. Tous les espoirs, les idées les désirs d'Arys concernant son fils venaient de voler en éclats. Bien qu'à l'heure actuelle, il était impossible de savoir comment le petit garçon allait grandir, Arys se doutait que cela serait difficile, tant pour lui que pour celle qu'il aimait.

Elle se tourna vers lui, après avoir couché Addam dans son berceau, et il lut sa tristesse dans ses grands yeux de biches. Que pouvait-il lui dire ? Il ignorait de quoi les dieux les punissaient ... Ils n'avaient fait preuve ni d'orgueil à outrance, ni d'ambitions démesurées, demeurant sur leurs terres pour profiter du quotidien paisible de Noirport tandis qu'à la Cour, tout semblait se déchainer autour de la couronne. Noirport était leur havre de paix et depuis le départ de Corlys, Arys prenait la mesure du rôle qui serait, un jour, le sien, tentant de trouver un équilibre entre son devoir et son désir de passer du temps avec sa femme et sa fille. La nouvelle grossesse de Jyana l'avait emplis de joie, les laissant entrapercevoir la possibilité d'un garçon, pour assurer leur descendance et la pérennité de leur nom et lorsqu'Addam était né, tout semblait leur sourire. « Je l'ignore, mon amour ...  » finit-il par lui concéder, impuissant face à la vague qui s'était abattue sur eux. « Je ... Je suis désolé, je ne t'ai pas assez protégé de tout ça ... Le mariage de Godric, la présence de Melara ... Je ... Ne pensais pas que ... » ajouta-t-il après un silence lourd, cette pensée que s'il s'était interposé entre Jyana et le choc de la nouvelle, ils n'en seraient pas là, l'obsédant encore et encore.  

Pourtant, il leur fallait se ressaisir vite afin de ne pas se laisser submerger. S'ils s'accordaient le reste de la journée, il leur faudrait prendre des décisions dès le lendemain. Addam était encore très jeune, mais il aurait besoin de davantage de soin qu'ils n'avaient eut à en donner à Lyessa. Le chevalier se doutait également de la réaction de Corlys, sans doute peu enthousiaste à l'annonce du handicap de son petit fils, une annonce qu'il se devait donc de faire vite, et sans doute seul s'il ne voulait pas ajouter plus de tourments au coeur de sa bienaimée. Il doutait qu'elle apprécierait d'entendre son beau-père lui rappeler qu'ils étaient encore jeunes et avaient le temps de donner d'autre fils à leur maison. S'il lui fallait construire une forteresse entre son épouse, les enfants et le reste du monde, alors il serait implacable. Il ne supporterait de la voir triste plus longtemps. « Addam ne souffre pas, consolons nous à cette pensée. » tenta-t-il alors, la voix enrouée par ses propres émotions, tandis qu'elle faisait les cent pas devant lui. Il demeurait, pour sa part, adosser contre un mur, la laissant se défouler, décharger sa frustration en tournant en rond: si cela lui faisait du bien, autant la laisser faire. « Peut être les Sept éprouvent-ils notre fois, mon aimée, mais je t'assure que cela sera le seul malheur qu'il connaitra dans sa vie. Je m'assurerait qu'il ne lui arrive rien, je te le promets. » ajouta-t-il, songeant que la route serait longue, et leurs coeurs, loin d'être à l'abris d'un nouveau malheur.

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