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Death in Her Eyes [SOLO]

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Death in Her Eyes

And there's nothing I can do...



Kylis Omble

Le voyage jusqu’à Atre-les-Confins avait tout simplement épuisé Kylis. Elle n’avait même pas eu l’occasion de saluer toute sa famille, son état ne le permettant pas. On l’avait installée dans sa chambre aussitôt le carrosse passé les larges portes de la demeure familiale. Dans sa fièvre, elle avait cru voir sa mère, lady Cassana, en pleurs, et avait tenté de la rassurer par un faible sourire. Ce n’était pas sa première affliction, Mère le savait, alors pourquoi tant de chagrin ? Elle n’eut pas l’opportunité d’y réfléchir car elle passa une bonne semaine alitée, dormant la majeure partie du temps, hallucinant quand elle était réveillée. Enfin, quand elle eut suffisamment recouvré ses forces pour tenir debout, elle décida qu’il était temps d’aller saluer sa famille en bonne et dûe forme. Evidemment, elle avait vu certains d’entre eux défiler à son chevet, ses parents comme certains de ses frères et soeurs, mais leurs visages s'emmêlaient dans ses souvenirs.

Après un bain brûlant qui lui revigora les membres, elle enfila une chaude robe de velour carmin avec l’aide de Déa, sa servante. La jeune femme, qui avait à peu près l’âge de sa maîtresse, avait protesté quand celle-ci lui avait annoncé son désir de quitter son lit. Kylis avait balayé le sermon d’un geste de la main, peu soucieuse de la hardiesse de sa camériste ; Déa et elle étaient très proches, surtout depuis que, quelques années auparavant, la Géante avait aidé Lilas, la chienne de Déa, à mettre bas. Cette dernière grognait sur tous ceux qui tentait de s’approcher d’elle pendant le travail, même sa maîtresse ; mais Kylis avait réussi à l’amadouer, à grand renfort de caresses et de chuchotements.

Une fois coiffée par les mains expertes de Déa, elle partit en quête d’un quelconque membre de la famille. Elle se dirigea tout naturellement vers le Salon Noir, surnommé ainsi par ses grands frères à cause de la suie qui avait entièrement coloré les murs. Le feu dans l’âtre semblait ne jamais s’éteindre, et c’était encore une fois le cas quand elle pénétra dans la salle à la chaleur étouffante. Son coeur bondit dans sa poitrine quand elle vit son père, le Lard-Jon, en compagnie de ses frères, P’tit Jon et Othor. Leur mine sombre ne présageait rien de bon, et ils semblaient en proie à une conversation houleuse. Elle ne put s’empêcher de se précipiter vers eux, telle une enfant apeurée.

- "Père, frères, qu’y a-t-il donc ? Serait-ce les sauvageons qui…
- Kylis, tu es debout !" s’écria l’aîné de ses frères, ne la laissant terminer sa question. Son ton mêlait le reproche et le soulagement, et il la serra bourrument dans ses bras musculeux. P’tit Jon n’avait, à vrai dire, rien de petit ; il faisait la fierté de la famille Omble, digne héritier et successeur de son père. Une fois dégagée de son étreinte, la jeune Géante se retourna vers son père :

- "Père, je ne suis plus une enfant. J’ai le droit de savoir ce qu’il se passe." Pour appuyer son propos, elle croisa les bras sur sa frêle poitrine.
- "Ma douce… Je crains d’avoir de mauvaises nouvelles à t’annoncer. Oui, il s’agit en effet des sauvageons. Le Mur nous a prévenu qu'ils n'ont pu les retenir, et nous avons donc du les repousser du mieux que l'on pouvait. Un homme du Nord vaut bien dix sauvageons, mais ils sont si nombreux… Arh ! Et cet idiot de Freuxchère qui voulait absolument leur faire leur fête ! Pour Gilliane, qu’il gueulait !
- Oncle Mors…? Ne me dites pas qu’il est…
- Mort. Lui et Brandon.” Le Lard-Jon renifla bruyamment, et ses fils détournèrent le regard.

La nouvelle fit chanceler les genoux de Kylis, et elle n’eut d’autre choix que de s’écrouler dans un des larges fauteuils noircis du Salon. Sa lèvre inférieure tremblait convulsivement, mais elle savait qu’elle ne pleurerait pas. Pas devant les trois hommes de la maison Omble, qui, ignorant le désarrois de leur cadette, avaient repris leur discussion sur la meilleure façon de venger leurs morts.

Oncle Mors, qui avait toujours égayé les soirées de sa petite-nièce, dans ce même Salon Noir, par son bagout et ses histoires épiques, malgré son physique effrayant et cet étrange œil de verredragon qui semblait sonder son âme. Freuxchère, l’un des meilleurs combattants du Nord à son époque, qui avait survécu à tant et plus, aux guerres, aux deuils, tombé sous l’attaque du peuple au delà du Mur… Ces mêmes sauvageons qui lui avait pris Brandon, de seulement deux ans son aîné, un jeune homme dont la force et la jeunesse lui présageait un futur glorieux. Kylis tenta de se rappeler son sourire, mais il se dérobait déjà à ses yeux. Et tout ce qu’elle voyait, désormais, c’était la mort. La mort qu’elle avait déjà pressenti durant son voyage de retour à la maison, et qui l’attendait là, fidèle à elle-même, n’épargnant ni les braves, ni les jeunes.


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Death in Her Eyes

When I realise with fright...



Kylis Omble

Le souper des funérailles fut morose et sans saveur. Personne n’osait parler trop fort dans la Grande Salle, craignant l’humeur massacrante du Lard-Jon et de ses fils. Même Ned, le plus jeune des enfants Omble, geignait qu’il n’avait pas faim, une rareté dans la famille. Kylis elle-même ne toucha pas à son tranchoir ; son estomac était comme noué par le chagrin. Soudain, ne supportant plus l’ambiance pesante du repas, elle se leva et marmonna des excuses avant de prendre congé. Lady Cassana, bouleversée par la mort de Brandon, ne releva même pas l’impolitesse de sa fille, et hocha doucement la tête en signe d’assentiment. Cette vision de dame sa mère plongée dans ce profond désarroi fit monter les larmes aux yeux de la jeune femme, qui tourna prestement les talons pour les masquer au reste de l’assistance.

S’il y avait bien une chose que Kylis abhorrait, c’était l’impuissance. Son deuil, plus proche de celui de son père que de sa mère, s’exprimait non pas par le chagrin, mais par la colère. Elle l’avait senti. La mort, planant sur sa maison, elle l’avait su, mais comment ? C’était beaucoup trop confus dans son esprit, et seuls des délires fiévreux lui revenaient en tête. Et cette impuissance à savoir pourquoi, et comment, cela la démangeait comme ces moustiques du Neck. Premièrement, elle se considérait comme une femme raisonnable, et pourtant, toute son érudition ne parvenait pas à élucider ce phénomène entêtant. Et dans un second temps, elle était aussi une nièce, et une soeur, et la douleur de la perte des siens s’intensifiait à l’idée qu’elle aurait pu l'empêcher.

De retour à sa chambre, elle décida qu’elle devait agir, à défaut de comprendre. Comme une vraie Omble le ferait, mais… à sa façon. Elle s’installa à sa coiffeuse, qui lui servait de support pour ses rédactions, à défaut d’avoir un bureau digne de celui d’un mestre à sa disposition. A qui écrire ? Robb ? S’il y avait bien une chose que pouvait faire le Seigneur de Winterfell pour sa future épouse, c’était venir apporter son soutien à sa famille ! Elle trempa sa plume dans l’encrier mais la suspendit au dessus du parchemin. Quelle idiote elle faisait ! Robb devait sûrement déjà être au courant des attaques des sauvageons, il n’attendait pas qu’une enfant malade lui en donne la nouvelle ! A la Garde de Nuit, alors ? Non, l’idée était tout aussi stupide. Jonothor n’avait pas pu venir pour les funérailles d’oncle Mors et de Brandon, c’est donc que le Mur devait déjà avoir beaucoup à faire avec son propre lot de sauvageons. Ainsi, elle se retrouva au même point : elle était impuissante.

J’aurais aimé avoir un ami au monde…

Ah bah, moi qui croyait être plus qu’votre servante !

Kylis se retourna brusquement, surprise par la voix de sa camériste. Déa se tenait sur le seuil de la porte, la robe de chambre de sa maîtresse sous un bras, un bourdalou dans l’autre.

- “Pas dans ce sens là, Déa. A moins que tu n’aies une armée à me fournir ?
- Ah ça, non, m’dame Kylis, désolée”, grimaça l’intéressée, ce qui eut le mérite de faire rire la Géante.
Déa, se reprit-elle tout à coup, je le savais… Je savais qu’ils allaient mourir.
- Une fois, j’ai entendu m’sire Brandon dire que vous saviez trop d’choses, et qu’c’est pour ça qu’vous étiez tout le temps malade. Qu’c’était pas normal, pour une fille, d’savoir trop d’choses.
- Ce n’est pas parce qu’il est ignare que… qu’il… qu’il était ignare…

Kylis fondit en larmes, ne pouvant plus contenir ce flot de tristesse qui la submergeait. Ne sachant trop que faire, Déa la déshabilla doucement, lui passa son vêtement de nuit et la coucha, comme on l’aurait fait avec un enfant que la fatigue aurait réduit à bout de nerfs. Elle ne cessa de sangloter qu’après de longues minutes de silence, la tête posée sur les genoux potelés de sa servante.

- “Merci, Déa. J’ai au moins une amie au monde.
- C’est normal, ça, m’dame Kylis. Vous devriez vous r’poser, maintenant.

Elle souffla la bougie et s'éclipsa de la chambre, laissant sa maîtresse sombrer dans le sommeil.

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Deep beneath the cover of another perfect wonder



Kylis Omble

La neige tombait paresseusement sur le Bois Sacré. Un silence apaisant régnait sur ce royaume blanc, déserté par les rares bêtes qu’on pouvait y croiser, sûrement toutes désormais plongées dans ce profond sommeil qu’on nomme l’hibernation. Kylis aurait aimé pouvoir en faire de même, s’endormir paisiblement, sans rêves, jusqu’à ce que sa douleur et sa colère se dissipent. Malheureusement, elle avait appris que la vie d’humain était bien plus compliquée. La pureté presque virginale du Bois aiderait cependant à calmer ses tourments, c’est pourquoi elle avait décidé de s’y rendre au lever du jour, malgré les protestations véhémentes de mestre Evlyn. Elle était parfaitement remise désormais, et ce n’était pas le froid qui effraierait une dame du Nord. Elle avait pourtant pris soin de se vêtir le plus chaudement possible, à l’aide d’une imposante cape de peau de mouton retournée et d’un manchon de fourrure.

L’épais manteau de neige crissait sous les pas de la jeune fille, et les flocons lui chatouillaient les joues. Elle erra un moment parmi les bosquets, s’imprégnant de l’ambiance réconfortante de la demeure des Anciens Dieux. Le Bois Sacré d’ Âtre était loin d’être aussi impressionnant que celui de Winterfell, dont Kylis était rapidement tombée amoureuse ; mais son aspect bucolique lui conférait un charme pittoresque. Instinctivement, elle se dirigea vers l’immense barral qui siégeait au centre du jardin. L’étrange visage gravé sur l’écorce sembla la jauger un instant, et elle s’assit sur l’une de ses énormes racines. Elle resta ainsi un moment, bercée par le chant du vent dans les feuilles rousses de l’arbre-cœur.

Sa méditation fut interrompue par un bruit étrange, une espèce de gémissement étouffé. Surprise, la Géante se leva avec difficulté, les membres engourdis par le froid, et se dirigea vers la source de la plainte. Sous l’une des racines du barral, elle tomba nez-à-nez avec un grand chat, qui avait par ailleurs plus l’aspect d’un lynx que d’un matou des greniers. En apercevant l’humaine, la boule de poil feula doucement, puis repris ses miaulements affolés.

Tu es blessé, petit père ? ” s'inquiéta Kylis, en se débarrassant de son manchon.  

Le plus prudemment possible, elle attrapa le chat par la peau du coup, comme elle l’avait vu les mères le faire avec leurs chatons. Celui-ci cracha à nouveau, mais ne bougea point, et se laissa extirper de son refuge. La jeune femme l’inspecta précautionneusement, et trouva l’origine du mal : une épine était planté profondément dans la patte arrière gauche du félin.

Sans plus y réfléchir, elle attrapa solidement la bête, et l’emmena d’un pas décidé en direction du château. Une fois à peu près au chaud et débarrassée de sa panoplie de fourrures, elle se dirigea vers son “boudoir”, où elle gardait les instruments nécessaires aux soins, non sans s’attirer les regards curieux des domestiques. Là, elle installa le chat sur le coussin le plus confortable dont elle disposait, et se munit d’une pince et d’alcool, pour panser la plaie. Durant l'extraction de l’épine, le chat la mordit au sang, mais elle ne broncha pas.

C’est de bonne guerre, minou. On est quittes, maintenant ?

Il la fixa silencieusement, puis lécha la main de Kylis là où il l’avait mordu. Après un échange de caresses et de ronronnement, il fit intégralement sa toilette et s’endormit tranquillement.

On dirait que tu te plaît ici. Mais si tu veux rester, il faut bien que je te trouve un nom.

Le chat ouvrit les yeux et la regarda intelligemment, semblant attendre son baptême.

Que dis-tu de Géant ? C’est le blason de ma famille, et je n’avais jamais vu de chat aussi grand que toi…

Le matou cligna des yeux en guise d’approbation, avant de retourner à sa sieste.

Géant ce sera, alors. Le Géant envoyé des Dieux…

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Words might be the cure



Kylis Omble

Géant consacrait un temps important à sa toilette ; après tout, il était désormais un chat de château, et se devait de faire honneur à sa maîtresse en affichant une fourrure impeccable. Il s’était rapidement attaché à sa sauveuse ; elle était douce et quelque peu sauvage, tout comme lui. Il avait remarqué qu’elle se démarquait du reste des humains qui occupaient ces lieux : il sentait chez elle une grande force, qui, paradoxalement, la fragilisait énormément. Les nuits où il la trouvait agitée, en proie aux affres des cauchemars, il venait se coucher contre son flanc, et ronronnait doucement pour tenter de l’apaiser. Quelquefois, ce contact la tirait de son sommeil, alors il savourait chacune de ses caresses avec l’étrange sentiment qu’un jour, il ne serait plus l’unique mâle à partager son lit.

Cette perspective était loin de ravir l’énorme chat. S’il s’était entichée de la jeune brune et la suivait comme son ombre, il se méfiait de tous les autres bipèdes : toujours trop bruyants ou trop collants à son goût. Mais cette fois, Kylis avait frappé fort, très fort. Il l’avait suivie le long d’interminables escaliers, pour déboucher dans une pièce aux senteurs âpres, encombrée jusqu’au plafond d’ouvrages, de bocaux, et de corbeaux. Des corbeaux ! Le matou n’aimait pas du tout ces oiseaux : ils faisaient un vacarme de tous les diables et leur ruse les rendaient quasiment impossibles à attraper. Un d’entre eux vola trop près de lui à son goût, et il feula pour marquer son mécontement.

Voyons, Géant, tu n’es pas obligé de me suivre partout.

Kylis caressa distraitement son compagnon, puis se retourna vers mestre Evlyn, qui dévisageait la bête avec intérêt.

- “Il me semble qu’il n’est pas prêt de vous lâcher, lady Kylis. Mais reprenons, voulez-vous ? Vous vouliez envoyer un corbeau ?
- Oui, mestre, à Winterfell, à l’attention du seigneur.

Le vieil homme eut un sourire malicieux, et Kylis ne put s’empêcher de rougir. Croyait-il qu’en des temps si troublés, elle envoyait des mots d’amour et autres fadaises adolescentes à son fiancé ? Elle se sentit obligée de se justifier :

- “Je remercie simplement lord Stark et lui signifie mon soutien…
- Votre correspondance ne me regarde en rien, ma dame. Je suis en proie à quelque nostalgie de vieillard, voilà tout… Je vous ai connue au premier jour de votre vie, et vous vous apprêtez désormais à vous marier.
- Je ne vous savais pas si sentimental”, lui lança la Géante, amusée.

Le mestre rit de bon cœur et s’empara de l’un des oiseaux qui croassa de mécontentement, ce qui eut pour effet de faire définitivement fuir le chat de lady Omble. Il confia le message à l’oiseau qui partit accomplir sa mission dans un tourbillon de plume.

- “Il est agréable de vous voir plaisanter à nouveau, ma dame.
- Il est agréable de rire à nouveau, mestre.” Pourtant, elle se rembrunit, ce qui n'échappa pas à l'attention de son interlocuteur.
- “Le deuil est un travail long et douloureux, mais cela ne signifie pas qu’il faut s’arrêter de vivre. Mors et Brandon étaient si… vivants ! Cela serait trahir leur mémoire que de s’interdire de rire, ne croyez-vous pas ?
- Pourtant, le ciel ne se lasse de les pleurer…” répondit Kylis, le regard perdu dans les flocons qui virevoltaient au dehors.


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