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With sea and salt - ft. Thracy

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With sea and salt - ft. Thracy - Page 2 28.9


With Sea and Salt ¤ FT Alana Greyjoy


An 300 – Lune 10



« Heh ! Oui y sont impressionnants, leurs chevaux ! » rebondit Thracy, amusé de la comparaison tracée par la Lady encre ces montures Dothrakis et celle des Îles de Fer. Sourire en coin, il ajouta : « Mais pour faire bonne mesure, j'crois bien que ces gens ont la frousse de la mer et qu'y feraient pâle figure à côté d'vos marins ou dans vos bateaux. »

Une petite moue lui vint ensuite, pour seule réponse et approbation quant aux raisons du mépris entre les peuples. Quand le besoin de voir en l'autre un miroir de soi-même devenait un motif de tensions... et une bonne excuse pour faire des ennuis !

Là-dessus s'installa un silence trouble entre le princesse et le serf, après que ce dernier lui eut confié quelques bribes de son enfance. Il surprit le regard de Madame se perdre un instant sur lui, chargé de pensées troubles dès qu'il avait prononcé cet euphémisme de « recueillir » – qui en laissant assez deviner sur l'acte d'abandon. Thracy savait combien Alana était attachée à son enfant et à sa famille. Combien elle les aimait et devait être interpellée par l'évocation du délaissement d'un enfant. Le petit invalide se prit à se demander ce qu'elle, Lady Greyjoy, ferait s'il lui venait un nourrisson dans son état. Le conserverait-elle ? L'élèverait-elle comme les autres ? De si terribles interrogations demeureraient bien sûr nouées en sa gorge. Or l'option de l'abandon lui parut peu concevable à la vue de l'amour dont faisait preuve la Dame pour les siens... Mais l'on ne pouvait jurer de rien quant à une situation qu'on ne vivait pas. Et Messire Harlon, ses parents s'en seraient-ils débarrassés si son infirmité avait été de naissance plutôt que le fâcheux résultat d'un accident ?
Thracy grimaça et choisit de laisser là ces sordides questions – et bien inutiles en vérité, car le présent et l'avenir seuls valaient le coup qu'on s'y arrête véritablement. Le passé devait se voir compris, éclairé, intériorisé pour jalonner la suite du chemin, mais en aucun cas devenir une source de peines, avait fini par se dire le garçon. Peut-être un peu égoïstement... Car ironiquement, les choses s'avéraient plus facile pour lui en devenant serf du fait que lui, lors de sa capture, n'avait eu rien ni personne à perdre... Pour d'autre serfs, ç'avait été plus douloureux... Des familles quittées de force, des proches parmi les morts, et alors ceux qu'on aimait devenaient un poids au cœur. Curieux privilège que le sien !

Le temps s'était écoulé, à mesure que cette enrichissante conversation avait enthousiasmé le garçon. Il lui semblait mieux aborder la spiritualité de ces lieux et appréciait de voir que la conversation s'avérait possible – et même appréciée – par les personnes de haut rang à la tête de ces îles... qui sans aucun doute n'étaient pas toujours que « de Fer ». Dans de tranquilles moments comme celui-ci, Thracy admettait aisément son statut. Il se souvint d'ailleurs de sa troublante rencontre, alors qu'il n'avait que huit ans, avec cette prêtresse de Volantis qui lui avaient prédit un fort long voyage. Une traversée spirituelle aussi bien que physique, disait-elle – à lui qu'elle s'était plu de qualifier de « survivant ». Que dirait-elle de lui aujourd'hui ? Et des Insulaires ? Peut-être s'amuserait-elle à essayer de les convertir... mais le jeune infirme lui souhaiterait pour cela bien du courage !

« Entendu Madame » acquiesça-t-il lorsque Alana lui annonça devoir rejoindre sa fille. Elle prendrait la broche sous peu. Thracy venait justement de rengainer le couteau qui lui avait permis de sculpter – et qu'il serait tenu d'immédiatement aller remettre à qui de droit, maintenant qu'il n'en avait pour l'instant plus usage. « J'vais fixer et lisser tout ça avec un peu d'sève, 'pis je vous la ferai porter. » conclut-il en avisant les yeux de l'animal, qu'il avait dû retravailler.

Il attendra le départ de la Lady pour prendre la direction des cuisines, où il rangeait dans un coin discret son petit matériel, ses cartes, ainsi que les bouts de fils de chanvre et divers bois et cailloux qui n'attendaient que d'être transformés en artefacts.


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