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[FB] two sides, two proud women - (Myrielle)

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« two sides, two proud women »
An 300, lune 11, semaine 2 

Une semaine s’était écoulée depuis qu’Alana avait pu serrer à nouveau son époux dans ses bras, sain et sauf. Une semaine également depuis que Balon Greyjoy avait déclaré les îles de fer indépendante et que la née-Volmark se voyait désignée sous le titre de princesse.

Les otages, Alana ne les avait aperçu que furtivement et ne leur avait évidemment pas parlé. Ils se trouvaient tous actuellement dans les cachots, hommes comme femmes, et c’était justement une chose que celle que l’on appelait désormais la reine des îles de fer désirait changer. Pour Alannys Greyjoy, les cachots ne convenaient pas aux femmes otages de marques. Il est vrai que plus que les hommes, qui s’étaient battus contre leur flotte, les femmes étaient victimes de la situation.

Les deux épouses Greyjoy étant très proches, Alannys avait parlé à sa belle-fille de son projet de faire sortir les femmes des cachots pour leur accorder des chambres dans le château où elle « séjournerait » à Pyk dans de meilleures conditions. La princesse pouvait comprendre la pensée de sa belle-mère. Elle se disait qu’en effet, pour des raisons diplomatiques, et comme ces femmes seraient sans doute un jour libéré, il valait mieux les traiter correctement. Sur le continent, les fer-nés avaient une réputation de sauvages. Pourtant étaient-ils vraiment plus barbares que les continentaux ? Alana en doutait fortement. Les raids faisaient partie de leur culture et de leur tradition. Mais, les lois tacites également. Il était très mal vu, et répréhensibles par exemple, qu’un fer-né verse le sang d’un autre fer-né, qu’il soit roturier ou noble. Ce n’était pas des principes que suivaient les habitants des différentes régions de Westeros. Leur sentiment d’appartenance à un peuple, à une communauté, semblait bien moins exigu. Leur terre avait perdu leur âme avec l’impérialisme Targaryen. Les fer-nés, s’ils avaient été soumis par les dragons eux aussi, étaient en revanche toujours restés fidèle à eux même et à leur culture. C'était un fier peuple qui avait gardé la tête haute devant les dragons.

Le jour de ce changement d’environnement était arrivé pour les continentales emprisonnées dans les cachots. Alana discutait avec le mestre de la blessure de son époux lorsqu’elle fut appelée par une servante de la reine. Sa présence était réclamée dans le hall d’entrée du château. La Volmark devina de quoi il s’agissait. Elle prit congé du mestre, avec qui elle entendait bien discuter à nouveau prochainement, et rejoins le lieu voulu après avoir laissé sa petite princesse de quelques lunes à une de ses fidèles domestiques.

Alannys se trouvait en compagnie d’une jeune femme aussi blonde qu’Alana l’était. Sans la connaître, la princesse la reconnut. Il s’agissait probablement de Myrielle Lannister, une otage de grande importance dont Alannys lui avait parlé. Les deux femmes ayant plus au moins le même âge, peut-être qu’Alana pourrait accompagner la Lannister à son nouveau lieu de séjour ? Sa présence serait peut-être plus rassurante pour la lionne ? Telle avait été la pensée de la nouvelle reine des îles de fer.

Après avoir exécuté une petite révérence de rigueur en publique pour saluer sa belle-mère, Alana se tourna vers Myrielle Lannister. La reine s’occupa de faire les présentations en commençant par présenter la princesse Alana à Lady Myrielle et puis inversement. Le titre d’Alana étant plus élevé et Myrielle demeurant, quoi qu’on en dise, une otage, il était évident que la princesse des îles de fer n’allait point exécuter de révérences ou de salut exagérément respectueux. Elle se contenta donc d’adresser un léger sourire et une brève inclinaison de tête à la blonde.

Alannys annonça ensuite que la princesse Alana avait gentiment accepté de présenter à Myrielle ses nouveaux appartements. Suite à quoi, d’un air avenant, la princesse invita l’otage de marque à la suivre.
« Vous pouvez me suivre, Lady Myrielle. C’est par ici. », dit-elle. Elle salua d’un signe de tête sa royale belle-mère et indiqua le chemin à l’otage issue de la riche maison des lions. On disait des Lannister qu’ils étaient des gens très fiers, voir têtus dan leur fierté outrancière. Et la princesse le découvrirait bientôt, Myrielle ne faisait pas exception à la règle…

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Two sides, two proud women
Une semaine. Une semaine que je contemplais l'horizon depuis le soupirail de cet affreux cachot. Il donnait vers l'Est et à chaque soleil levant, mes yeux s'embuaient de larmes devant un spectacle pourtant magnifique et saisissant. Un jour de plus. Là-bas tout devait suivre son cours, alors que pour moi, le temps était arrêté et que le monde se résumait à cette fenêtre et aux quatre murs d'une cellule glaciale.

Une semaine que je ne dormais pas, peu ou mal. Que les journées n'étaient rythmées que par les pas de nos geôliers, par le bruit de ce verrou lugubre qui s'ouvrait et se fermait pour laisser passer notre repas, auquel je ne touchais guère. Le noeud qui me serrait la gorge ne laissait passer que ce qui m'était vital, j'étais même devenue avare de paroles. Ma servante Tyerne prenait sur elle de m'imposer une menue toilette tous les jours, de tresser mes cheveux, comme si de rien n'était... Cela lui faisait passer le temps et je la laissais faire.
Le soir de notre arrivée, toute la forteresse avait vrombi de la victoire des Fer-Nés. Nous pouvions mesurer l'ivresse des hommes à l'aune de leurs cris et de leurs chants. Nous n'avions pas fermé l'oeil, et je jurerais qu'aucun des continentaux captifs non plus. Nous ne savions à quoi nous attendre, nous avions vu leur férocité à l'oeuvre à Salvemer, de celle qui n'épargnent ni femme, ni enfants, ni vieillards. Tyerne et moi nous nous étions étreints dans un coin du cachot, nos yeux effrayés et hagards fixés sur ce verrou, s'attendant à le voir forcé d'un instant à l'autre pour venir nous ravir nos vies. Ou pire.

Puis, ce matin du septième jour, on était venu me chercher. Un frisson parcourut mon épine dorsale et mon cœur rata un battement. Tyerne coula un regard vers moi dans lequel je pouvais lire autant d'interrogation que de peur. Mon heure était-elle venue? Avaient-ils décidé de me renvoyer à Salvemer? ... Morceaux par morceaux dans un coffre pour forcer la couronne à plier? Je n'avais nul miroir pour me contempler, mais je sentais sur ma peau la moiteur salée des embruns et la gêne de plusieurs jours de captivité. Je passais une main dans ma toison dorée - qui aurait fait la fierté de n'importe quelle femme, qui faisait la fierté de n'importe quel Lannister- pour en défaire les quelques noeuds dont Tyerne n'avait pu venir à bout. C'était aussi futile que vain, mais si ce devait être la fin au bout du couloir, elle devait se faire avec le peu de dignité qu'il me restait encore.

L'on me mena à travers les entrailles de Pyk, jusqu'au grand hall. Là où je m'attendais à comparaître devant le sanguinaire Balon Greyjoy ou sa terrible fille, je tombais en réalité devant une femme qui trônait en majesté dans un siège, à côté de celui -laissé vide- du seigneur des lieux. Avant qu'on ne me l'eût présentée, je savais qui se tenait ainsi devant moi.

« Longue vie à notre reine, Alannys Greyjoy! »

J'aurais dû être soulagée, vraiment. Et une partie de moi le fut en réalité: la nature humaine peut nous réserver bien des surprises, abriter de biens vils instincts habilement dissimulés, mais je savais que cette femme ne ferait pas de mal. Pourtant, une autre part de mon être se soulevait d'indignation face à ce titre royal dont on la parait et qui me paraissait ainsi dévoyé. Usurpé. Aussi je la gratifiais d'un salut convenable, sans excès de courtoisie:

« Ma dame...»

Nous en étions là de nos présentations, lorsqu'une tierce personne pénétra dans la  grande salle de la forteresse fer-née. Une dame d'aussi haut lignage que celle à qui je devais ma présence ici à en juger par son allure. Plus jeune surtout et d'une beauté indéniable. Élégante et altière, elle avança à notre hauteur dans un chuchotement d'étoffes. Alannys Greyjoy me la présenta comme sa bru, la gratifiant du titre de "princesse". Une nouvelle fois, je dus ravaler ma morgue.
Si je n'avais pas craint davantage pour ma vie, je lui aurais certainement répondu que la seule princesse que je reconnaissais comme telle se trouvait au Donjon Rouge et non ici. Que je fus autrefois de sa maison et que je doutais fort qu'elle ne goûte de voir son titre ainsi galvaudé, revendiqué par tout le monde et n'importe qui. Si je n'avais été sortie d'un cachot humide et moisi quelques instants auparavant, si je n'avais senti les gardes armés de mon escorte dans mon dos, si je n'avais craint que ce ne fussent jamais que les dernières paroles que je prononcerai, sans doute lui aurais-je dit cela oui...
En lieu et place, je laissais mon regard parler pour moi, et je lui retournais le même salut courtois, sans déférence excessive, dont elle me gratifiait.

Malgré tout, la teneur du propos d'Alannys Greyjoy ne m'avait pas échappé. Elle nous offrait, aux femmes du moins, des logements dans le château. Je prenais cette offre comme un gage de leur civilité. Je n'en attendais pas tant. A vrai dire, je n'attendais rien...

« Je vous suis...»

Tandis qu'Alana ouvrait la marche, je prenais un peu plus conscience de tout ce que les Fer-nés m'avaient pris... Elle était fraîche et ravissante là où je n'étais guère plus avenante qu'une fille de ferme après une semaine de cellule. Elle déambulait dans ces couloirs libre, là où j'étais prisonnière, sans pourtant avoir à subir l'humiliation des chaînes. Ce soir, elle se blottirait contre le corps chaud de son époux, tandis que le mien était devenu seigneur d'une forteresse exsangue et  meurtrie. Et la lionne que j'étais avait envie d'hurler.
Non une de ces lamentations plaintives, mais un rugissement.
Un de ceux à faire trembler Pyk jusque dans ses fondations, à raisonner jusque sur les côtes de Westeros, à Salvemer et à Castral Roc. Ce rugissement, je le réprimais de toute la force de ma volonté, tandis que mes ongles, comme des griffes, venaient se planter dans les paumes de ma main.
‹c› Vanka


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« two sides, two proud women »
An 300, lune 11, semaine 2 


Le manque de déférence de Lady Myrielle n’avait pas échappé à la princesse Alana. Elle ne s’en formalisa pas plus que cela, sachant que si elle-même avait été capturée par les impérialistes Targaryen, elle ne se serait sans doute pas laissée aller à de très respectueuses révérences, fière fer-née qu’elle était. Cependant, ce n’était pas du côté des perdants que les îles de fer se trouvaient cette fois et la jeune femme tenait quand même à ce que lui soit témoigné le respect dont on gratifie une princesse.

Alors que la Lannister la suivait, Alana arpenta les couloirs de cette froide et humide forteresse de Pyk, dans laquelle elle vivait depuis près d’un an et demi, jusqu’à arriver à la chambre qui lui avait été attribuée. Pyk devait paraître bien austère à une Lannister du Roc. Lady Myrielle devait être habituée à arpenter des couloirs chargés de dorures et de tapisseries hors de prix. Mais, l’argent ne fait pas la vraie valeur d’une maison. Il était peut-être temps pour elle de l’apprendre... Car si Alana n’avait jamais rencontré de lionne de Castral Roc autrefois, elle était persuadée que dans d’entre circonstances, la Lannister l’aurait sans doute regardé de haut, jugeant sa tenue trop simple pour une princesse et ses bijoux trop sobres. Pourtant en ce moment, c’était bien elle, la plus élégamment vêtue et coiffée des deux femmes.

La princesse des îles de fer s’arrêta enfin devant une porte où déjà attendait le garde qui en surveillerait l’entrée et le passage. Le garde inclina respectueusement la tête devant Alana qui lui répondit par un salut poli.

« Voilà, nous y sommes. »
, déclara-t-elle à Myrielle. Elle entra dans la pièce, invitant l’otage à faire de même. Le lit semblait confortable, tout comme les quelques coussins qui se trouvaient dessus. Il avait été soigneusement fait, aucun pli n’était à déplorer. Un élégant tapis recouvrait également une partie du sol, proche du lit. Au dessus de la commode, se trouvaient quelques livres un peu vieilli. La née-Volmark se dirigea vers la pile de livre et saisit celui qui se trouvait au dessus : « Je vous ai trouvé un exemplaire de l’Etoile à Sept Branches. Les pages ont un peu vieillis mais cela n’entrave pas sa lecture. » Evidemment, les livres vieillissaient aisément s’ils n’étaient pas conservés avec le plus grand soin dans l’humide château de Pyk. Les croyants du Dieu-Noyé n’avaient guère de livre sacré auquel se référait mais Alana savait que dans un tel moment, elle se serait sans doute tournée vers sa foi, tentant de communiquer avec son Dieu autant qu’elle le pouvait. « La robe avec laquelle vous êtes arrivée a été nettoyée. », dit Alana en s’approchant du lit du fauteuil près du lit où l’élégant vêtement se trouvait étendu. Et cela n’avait pas été une tâche aisée car l’un des hommes qui s’était emparé de Myrielle Lannister l’avait attrapée par le bras pour l’amener au bateau alors qu’il avait les mains tâchées du sang de ses ennemis, ce qui avait bien sûr laissé une trace sur la robe. «Si vous souhaitez la porter à nouveau, nous vous enverrons une servante pour vous aider à l'enfiler et à la retirer. Vous trouverez du linge de nuit dans la commode. Si vous désirez occuper votre temps à la couture, nous pouvons vous faire parvenir de quoi s’adonner à ce passe-temps. Je vous ai également laissé deux autres livres, pour votre divertissement. », déclara Alana. Elle s’était exprimée sans froideur ou mépris mais n’avait pas non plus plongé à pied joints dans une chaleur et une sympathie outrancière. Les deux autres livres dont Alana parlait étaient des recueils de contes et de légendes fer-nées, très connues sur les îles de fer. L'un de recueil était le célèbre Chants des Noyés, écrit par Mestre Kirth. Bien sûr, la princesse Alana devinait le mépris que pouvait avoir une Lannister pour la culture fer-née. Au-delà de la Baie du Fer-Né, son peuple était perçu comme un peuple de sauvage, dépourvu de civilité et de culture. Dans ce cas, les sauvages semblaient l’avoir emporté sur la civilisation. Et puis, ce n’était pas comme si la princesse adulait la culture continentale, au contraire. Si Alana se comportait en hôte bienveillante, comme le voulait Alannys, on ne pouvait pas dire qu’elle percevait les continentales issues de grandes familles comme les Lannister et les Targaryen de la meilleure des manières…


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Two sides, two proud women
Alors qu’Alana s’effaçait pour me laisser entrer à mon tour dans la chambrée qui m’était dévolue, il me semblait que je reprenais possession de moi-même. Bien que celle-ci ne rivalisait en rien avec mes propres appartements à Castral-Roc ou encore à Salvemer … Quoique je dois bien être honnête, eusse-t-elle été recouverte d’or et de tentures du sol au plafond que rien n’aurait pu me faire aimer ce nouveau théâtre de ma captivité… Toutefois, je retrouvais là un peu de dignité, loin de l’étroitesse et la crasse de ma cellule.

Je parcourais d’un pas lent, presque cérémonieux, l’endroit, inspectant chaque rideau, chaque meuble, chaque bibelot. J’essayais vainement de trouver quelque chose -un détail, n’importe quoi- pour me le rendre agréable. Je devais malgré tout me rendre à l’évidence, cela restait une cellule. Plus grande, plus confortable, plus digne, mais un garde demeurait à ma porte. Cette délicatesse voulait se donner tous les atours d’une invitation courtoise à demeurer dans la forteresse Greyjoy, mais nous savions tous ce qu’il en était.

« Je vous ai trouvé un exemplaire de l’Etoile à Sept Branches. Les pages ont un peu vieillis mais cela n’entrave pas sa lecture. »

Comme je laissais échapper un soupir, un mince sourire narquois ourlait le coin de ma lèvre. Je pouvais difficilement imaginer mes geôliers faire preuve d’humanité, pas après les horreurs dont j’avais été témoin. Aussi je ne voyais dans ce geste qu’un moyen de me rappeler à quel point mon existence, entre ces murs et pour les heures, les jours ou les semaines à venir, était incertaine et précaire. Ces mécréants m’exhortaient-ils à me préparer à une comparution prochaine devant le Père-d’en-Haut ?

Un instant, je m’arrêtais près d’une fenêtre. Mon cœur se serra dans ma poitrine comme je constatais qu’elle était orientée à l’ouest, très différemment de ma cellule  au sous-sol. D’ici, je tournais le dos au continent et cette pensée m’envahissait de désespoir. Le fil qui me rattachait aux miens se faisait encore un peu plus ténu et me faisait l’impression d’une cruauté pis encore que toutes les autres.
Faisant écho à la noirceur de mon âme, mon regard se porta en contrebas. Vers les lames écumantes qui léchaient le pied de ce titan de roc, inébranlable. Comme un éclair dans la nuit, une pensée fugace me traversa. Il suffirait un frêle esquif pour m’attendre en bas… Je pourrais peut-être nouer mes draps et me laisser couler le long de ces murs humides… Avec un peu de chance, les lambeaux de brume couvriraient ma fuite…

« La robe avec laquelle vous êtes arrivée a été nettoyée. »

La voix de la Fer-Née m’extirpa de ma rêverie naïve et stupide : nulle embarcation pour m’attendre, plus que jamais j’étais seule et, à défaut de tenir mon destin entre mes mains, il ne me fallait compter que sur moi-même…
Tandis que la dame Greyjoy parlait toujours, je m’approchais de cette toilette qui était une de mes favorites et lissait courir mes doigts sur le tissu, ravie d’en retrouver la caresse. D’un bleu émeraude, on la disait flatteuse pour mon teint clair et mes boules blondes. Ses broderies, faites d’or et de perles des Iles d’Eté, faisaient ma fierté. C’était un cadeau de ma sœur, Cerenna, pour mes épousailles. Tout en cette pièce respirait le raffinement de mon aînée et l’affection qu’elle me portait.

Lorsque mes doigts rencontrèrent un endroit plus rugueux à la manche, ils se rétractèrent, comme brûlés. Je pouvais deviner les efforts fournis par les blanchisseuses pour tenter d’en venir à bout. Mais si elles me l’avaient demandé j’aurais pu le leur dire : rien ne vient à bout du sang. Pas sur cette soie-là… A qui était-il d’ailleurs ? Les échos de ces semaines de massacre me revenaient par vague. Du sang, il y en avait tellement eu… Non, cette tâche ne partirait jamais, aussi indélébile que les exactions perpétrées à Salvemer, et les souvenirs hantés qui les accompagnaient.
Alors, dans la bouche de mon hôtesse vint le mot de trop, et je me raidis :

« Mon divertissement… ? Assurément ce mot ne doit pas avoir le même sens sur ces îles que sur le continent… »

Mon for intérieur se remit à bouillir et à fulminer devant cette hypocrisie détestable. Qui pouvait croire que je me laisserai abuser de la sorte ? Voulait-on me voir remercier, des sanglots dans la voix, mes bourreaux de leur grandeur d’âme ? Louer leur civilité ? Bien sûr que la jeune femme qui me faisait face n’était  en rien l’instigatrice de mon sort. A tout le mieux, elle en était un instrument. Mais quoi qu’il en soit, elle incarnait en cet instant tous les Fer-Nés et je ne pouvais me laisser adoucir par ces gestes d’apaisement. Mon instinct de survie me hurlait de ne pas baisser la garde, à aucun moment et sous aucun prétexte entre ces murs.
Le tempérament des Lannister n’était pas lent à s’échauffer une fois attisé. Je sentais bouillir mon sang, aussi rouge que notre bannière. Ma définition du divertissement n’incluait en aucune façon la privation de liberté, les menaces sur ma vie, ni même d’ailleurs les Fer-Nés d’aucune manière.

« Je mesure les efforts de courtoisie auxquels on vous a demandé de vous livrer, madame, mais brisons là la comédie. Je ne suis pas votre invitée, pas plus que les hommes qui croupissent dans les culs de basse fosse. »

S’il y avait bien un enseignement que je retenais aujourd’hui de mon oncle Tywin, c’était son pragmatisme. Il ne craignait pas d’appeler les choses par leur nom. Et si j’étais rompue aux faux-semblants qu’exigeait une vie mondaine, je n’étais pas disposée à en faire usage dans la circonstance. Je me tournais vers la robe que je contemplais encore quelques instants auparavant pour lui adresser un dernier regard, avant de laisser tomber la sentence comme la hache du bourreau :

« Brûlez la robe. Car j’aimerais mieux encore déambuler en haillons plutôt que de m’en revêtir de nouveau. Je n’ai nul désir de conserver quoique ce soit de ce jour funeste. »
‹c› Vanka


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« two sides, two proud women »
An 300, lune 11, semaine 2 

Alana observa la née-Lannister arpenter la pièce d’un air cérémonieux. L’orgueil que l’on prêtait par tout le royaume à la famille des lions transpirait chez cette femme. Sans doute, la désormais princesse des îles de fer se serait-elle comportée avec autant de fierté si elle s’était retrouvée otage des Targaryen, refusant de baisser le regard ou de donner l’impression de s’avouer vaincue. Cependant, elle n’appréciait guère à sa juste valeur cette digne force chez la lionne, la percevant comme un affront. Voilà que la reine Alannys lui octroyait une chambre réservée d’ordinaire à leurs nobles invités fer-nés et pourtant, l’ingrate semblait juger la qualité de l’endroit tout en le méprisant du regard !

Quand la princesse aux cheveux blonds annonça avoir trouvé un exemplaire du livre sacré des croyants des Sept pour Lady Myrielle, celle-ci laissa échapper un soupir qui vint se parfaire d’un sourire provocateur au vu des circonstances. Alana était désormais la princesse d’un royaume vainqueur d’une guerre audacieuse. Elle s’était déplacée elle-même pour « accueillir » leur otage en invités, comme le voulait Lady Alannys. Elle s’était déplacée pour chercher un exemplaire de ce livre sacré, elle, une princesse, un titre plus grand que ce que Myrielle Lannister ne pourrait jamais espérer porter, alors que ces otages les méprisaient depuis toujours, les considérant comme des sauvages pour qui l’oppression Targaryenne était finalement un cadeau dont ils devaient se montrer reconnaissants. Et malgré cela, il n’y avait pas la moindre reconnaissance chez la dame de Salvemer, que du mépris. Sans doute considérerait-elle toujours les insulaires comme des sauvages, pourtant, Alana en était persuadée, le traitement que l’on était en train de lui faire était bien plus poli que l’on avait parfois réservé aux prisonniers dans la capitale des Sept-Royaumes. On entendait beaucoup d’histoires sur ce qui se passait à Port-Réal…Au moins, dans les îles de fer, verser le sang d’un autre fer-né était une chose proscrite et très mal vue. Alors, des deux royaumes, lequel méritait vraiment d’être considéré comme tel ? Lequel formait une unité, une communauté à part entière respectueuse d’elle-même ? Lequel, encore, était le plus « sauvage » ?

Milles répliques vinrent à l’esprit de la princesse des îles de fer lorsqu’elle entendit la réponse que Lady Myrielle lui formula. Quelle définition avait-elle donc du divertissement ? Parader devant le roi Rhaegar ou le suzerain de sa région tout en discutant de choses aussi futiles que de bijoux et de coiffures ?

- Je ne saurais le dire, je n’ai jamais mis les pieds sur le continent. En tout cas, sur les îles de fer, nous apprécions la lecture., répondit-elle, d’un ton humble et poli, en apparence tout à fait innocent. Mais, la pique, presqu’indétectable, était bel et bien présente. Ah oui ? Les si riches et civilisés Lannister de Castral-Roc ne trouvent pas la lecture divertissante ?, pouvait-on trouver comme sous-entendus en ces mots. Alana savait, bien sûr, que les Lannister devaient être des gens cultivés. Mais, elle avait saisi la perche que lui tendait le mépris de l’otage de Salvemer qui ne cachait pas derrière sa réplique, le jugement de valeur négatif qu’elle portait sur les insulaires et leur mode de vie.
-
- « Vous avez raison », répondit la princesse lorsque la dame de Salvemer demanda de laisser l’hypocrisie de côté. Comment Lady Myrielle pouvait être une invitée ? Quand bien même les Greyjoy l’auraient invitée autrefois, elle n’aurait probablement pas daigné venir et faire « l’honneur » de sa noble présence au sein des rustres murs de Pyk. « Disons dans ce cas que vous êtes une otage de marque, car comme vous le voyez, nous tentons de vous rendre ce séjour forcé plus agréable qu’aux hommes qui dorment dans les cachots. », répondit Alana, avec douceur. Mais, elle percevait cette fière rage qui émanait de Lady Myrielle. Si elle en avait eu les moyens, peut-être aurait-elle tenté de résister par les armes pour défendre sa cité, malgré sa condition de femme. Car après tout, qu’est ce qui différenciait leurs otages féminins de leurs otages masculins, si ce n’était le fait de ne pas être de potentielles responsables de morts dans le camp fer-nés ? Mais, les femmes sont parfois sous-estimées. Si Alana n’était pas une guerrière, à l’image de sa belle-sœur, elle savait qu’elle pourrait très bien tuer pour protéger ces îles. Elle ne serait peut-être pas aussi efficace qu’une autre, qui se serait entrainée à la tâche et elle y perdrait peut-être la vie. Mais, ce serait mourir avec honneur, pour rejoindre ensuite les demeures aquatiques éternelles.

A la place de Lady Myrielle, Alana savait qu’elle aurait eu une attitude bien différente. Si on l’avait enfermée dans les cachots à Castral-Roc et qu’on lui avait rendue ses vêtements de fer-née,  tâché peut-être, du sang des ennemis comme des siens, elle l’aurait portée fièrement et aurait d’ailleurs refusé de se vêtir d’autres tissus et de ressembler ensuite à une ouestrienne. Elle acquiesa, cependant.

« Comme vous le souhaitez. Nous la ferons donc brûler et nous vous fournirons une autre robe. », répondit la princesse. Elle avait jugé essentiel d’insister sur le fait qu’elle la ferait brûler et non qu’elle la brûlerait elle-même, n’appréciant guère l’usage de l’impératif dans la bouche d’une otage qui, malgré le désir de la reine des lieux de se montrer courtoise avec leurs otages, n’avait aucun ordre à lui donner. « Cependant, ne soyez pas étonnée. Nous préférons l’utile et le sobre et l’ostentatoire, sur nos îles, y compris en matière de vêtements. »

Et si Alana avait un secret penchant pour les belles choses et qu’elle ne crachait pas sur une jolie perle de boucles d’oreilles ou une belle broche, elle savait pertinemment que le point de vue des îles de fer en la matière était fondamentalement le meilleur et le plus digne. Le Dieu-Noyé avait forgé les femmes de leurs îles pour qu’elles soient fortes et dignes, pas pour qu’elles se pavanent dans des richesses inutiles qui les déconnecteraient de la réalité.


HRP : Pas de soucis, ça arrive ^^
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Two sides, two proud women
Je considérais en silence la dame de Pyk.

J'avais vu la sauvagerie de ce peuple au combat et on disait bien des choses sur le continent à propos de leur manière de considérer les femmes. De leurs razzia sur les terres ils revenaient les cales chargées de butin et les femmes n'en étaient pas absentes. Ils les imposaient comme concubines à leurs épouses, sans que personne ne s'en offusque et ne trouve à défendre l'honneur de ces femmes, sel ou roc, qui se trouvaient toutes écrasées de la même manière, leur dignité foulée aux pieds par ces rustres. M'eût-il traité de la sorte, Patrek aurait eu à en répondre devant une armée de Lions trop prompts à défendre leur nom et leur sang.
J'ignorais tout de la femme qui me faisait face, peut-être avait-elle eu à subir cela, et tant d'autres choses encore. S'était-elle jamais retrouvée dans la situation dans laquelle je me trouvais à présent. Seule, pitoyable, et à la merci de l'ennemi? Comment pouvait-elle me parler de lecture? De couture? De séjour agréable? Alors que tout en moi hurlait la colère et la rage...

Au ton qu'elle employait, je devinais une certaine douceur que je n'imaginais pas trouver chez quiconque de leur peuple. Jusque là la fille de Balon Greyjoy avait été la seule Fer-Née sur laquelle il m'avait été donné de poser mon regard et ce que j'en avais vu ne laissait deviner aucune tendresse. Pourtant la dame de Pyk ne semblait pas s'émouvoir de notre sort. Quelque chose me disait qu'elle ne plaiderait pas ma cause, ni celle des autres otages. Et c'était peut-être ce qui me révoltait le plus. Comment une femme pouvait-elle tolérer de voir une autre traitée ainsi, sous ses yeux, sous son toit? Oui, bien sûr, on nous octroyait une cellule et un lit plus confortables, mais cela suffisait-il à lever la menace au dessus notre tête? A faire de nous autre chose que du bétail prêt à être égorgé.

Peut-être qu'après des semaines, des mois encore de captivité, les Iles de Fer auraient raison de moi -lionne farouche devenue chaton inoffensif- mais pour l'heure, j'étais décidée à ne pas leur céder une once de mon indignation et de ma fureur. C'était tout ce qu'il me restait de celle que j'étais et je comptais bien m'accrocher à chaque lambeaux. Céder à tout cela revenait à me résigner, à accepter mon sort. Pire encore, à le rendre acceptable.
A ses dernières paroles je répondais sèchement:

-Et quel souci pourrais-je avoir de plaire ici, dites-moi? Loin des yeux de mon époux ou de n'importe quel homme assez sensible pour en apprécier l'effort? Je n'ai nul besoin de porter l'or... Chez moi on dit qu'il coule dans nos veines.

C'était bien là un dicton de Lannister, jamais avare de rappeler aux autres combien il était riche... Je l'avais toujours compris dans un sens tout autre cependant, comme un éloge de la noblesse et de la fierté de notre lignage. Je laissais à lady Alana le soin de le comprendre comme bon lui plairait. J'ajoutais, un demi-sourire narquois aux lèvres:

-J'imagine que nous en aurons bien assez tôt la preuve, quand le Roi viendra châtier votre félonie comme il se doit et que l'écume sera rouge de notre sang à tous...

Voici le genre de réponse que mon oncle apporterait en tout cas. Même si j'étais terrifiée à cette idée avec toutes les conséquences qu'elle aurait pour moi, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine forme de satisfaction imaginant la poudre prendre feu s'il devait m'advenir quoique ce soit de déplorable. Cette pensée m'aidait à tenir ma tête haut et à ne pas m'effondrer de désespoir.  Je n'étais pas décidée à rendre à mes geôliers la tâche facile, ils sauraient bien assez ce qu'il en coûte de détenir une Lannister contre son gré.

-Si le cours des événements que votre beau-père a initié doit mener jusque là... A l'heure de voir ma tête séparée de mon corps, vous soucierez vous, ma dame, de savoir si le séjour me fut en effet agréable?

Mue par cette sourde colère, je m'étais rapprochée de lady Greyjoy et nos regards ne se quittaient plus, brûlant de défi. Je voulais qu'elle prenne toute la mesure de l'indécence de cette scène que nous partagions, bien malgré nous. Nos positions respectives faisaient de nous les instruments de cette haine séculaire qui déchiraient nos peuples.

Les Dieux l'avaient voulu ainsi: une mer nous avait toujours séparées et nous séparerait toujours.
‹c› Vanka
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« two sides, two proud women »
An 300, lune 11, semaine 2 

Alana s’était étonnée d’entendre Myrielle Lannister préférer qu’on lui fournisse de nouveaux vêtements plutôt que porter à nouveau cette robe qui était la sienne. Pour sa part, Alana savait que dans une telle situation, elle aurait refusé de se vêtir des vêtements de ses geôliers et aurait gardé sa robe de fer-née, toute tâchée de sang qu’elle fut. Le soucis de plaire ou de ne point plaire ne lui était pas venu à l’esprit dans une telle situation. Et d’ailleurs, les vêtements des fer-nées n’étaient peut être point aussi ostentatoires, cela n’empêchait pas les femmes des îles de fer de plaire à leurs hommes dans leurs tenues.

« Nous ne vous proposions pas de la garder dans un soucis de plaire, Lady Myrielle. Si porter des vêtements de fer-née ne vous pose pas de problème, alors tant mieux. », répondit Alana, ignorant la remarque concernant l’or qui coulerait dans les veines des Lannister. C’était des foutaises. Il était d’ailleurs assez pathétique, aux yeux d’Alana, que les Lannister semblent sans cesse se reposer sur leur incroyable richesse tel un synonyme de leur valeur. Les Volmark et les Greyjoy ne pensaient pas ainsi. Leur valeur leur venait de leur force et de leur courage. Pas d’une chose aussi superficielle que l’argent.

La dame de Salvemer n’était cependant pas prête à laisser tomber au sujet de ce métal précieux qui coulerait dans ses veines. Pour sûr, la princesse fut étonnée par la phrase qu’osa prononcer Lady Myrielle alors qu’elle était leur prisonnière. Mais sans doute en aurait elle fait autant si elle s’était trouvée dans les cachots de Port-Réal, prisonnière des Targaryens.

« Notre félonie ? Mais dites-moi, Lady Myrielle, pourquoi Rhaegar Targaryen et vos autres seigneurs des contrées vertes tiennent ils tant à nous garder auprès d’eux alors qu’ils nous méprisent tellement, voir nous haissent ? Et ne me dites pas que cela est pour nos terres, vous savez très bien ce qu’il en est de la fertilité de nos sols. Quant à la pêche, nous ne sommes points les seuls à avoir des côtes, Salvemer en est témoin. Alors, je ne vois qu’une dernière chose qui expliquerait votre féroce attachement à nous compter dans votre impérialiste royaume ; vous préférez nous avoir avec vous, car vous craignez de nous avoir pour ennemi. », lâcha Alana qui s’était approchée de Lady Myrielle d’un pas lent et impérieux tout le long de son discours. « Si tel est le cas, je souligne votre clairvoyance à tous. Vous faites bien de le craindre. Mais, il va vous falloir désormais vivre avec cette crainte, car le kraken quittera la mer pour les côtes autant de fois qu’il le faudra pour que passe enfin le message que les fer-nés ne reconnaissent point de dragon pour roi. »

Lady Myrielle s’était approchée à son tour, désireuse de mettre en lumière l’étrangeté de la scène qui les réunissaient actuellement. Alana maintint le regard de défi de la lionne et secoua la tête. Elle était la princesse des îles de fer désormais. Et Myrielle Lannister, dans son arrogance, était allée trop loin en mentionnant le sang des fer-nés qui coulerait bientôt lorsque Rhaegar Targaryen prendrait sa vengeance.

« Cela ne se produira pas, Lady Myrielle. Nous n’avons pas pour habitude de décapiter les femmes, sur les îles de fer. Si les choses devaient aller jusque-là, vous deviendrez la femme-sel d’un de nos hommes, sans doute. Et peut lui importera l’or qui coule prétendument dans vos veines. », répondit Alana, se doutant que l’évocation d’un tel sort serait bien pire pour la Lannister que celui de la mort. Pour elle, en tout cas, cela le serait. Elle préférerait mourir en digne fer-né, pour rejoindre ensuite les demeures aquatiques du Dieu-Noyé, que de se revêtir du manteau d’un Lannister ou d’un Targaryen.
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Two sides, two proud women
Notre conversation se dépouillait, parole après parole, des atours de courtoisie et de paix qu’elle avait pu prendre à l’origine. Je n’y étais pas étrangère, je l’admettais bien volontiers. Mais je n’étais pas là, ici, entre ces murs pour échanger des mondanités et  faire le dos rond face à mes geôliers. Toutefois, la dame Alana n’était pas disposée à essuyer mes salves sans riposte. Je lui reconnaissais un bel aplomb et de l’esprit. Même si ses répliques étaient cinglantes, elles me galvanisaient encore davantage. J’avais besoin de cette rage pour me maintenir en vie et ne pas sombrer dans le désespoir. La bête ne lutte jamais aussi vigoureusement que lorsqu’elle se sait acculée.
Ses dernières paroles prononcées, le silence tomba entre nous comme un couperet.  Seuls l’âtre crépitant et les sifflements du vent de cette onzième lune venaient percer la lourde chape qui enveloppait la pièce. Je devinais à son air qu'elle souhaitait me blesser. Elle ne pouvait pas ignorer ce que cette menace pouvait susciter chez sa semblable. Femme, et a fortiori lady. Je sentis ma gorge se nouer comme mon cœur s’effondrait dans ma poitrine. Jamais ! m’entendis-je penser. Il me semblait finalement préférer la hache du bourreau… Quand je sentis mes yeux brûler, c’en fût trop. J’avais déjà versé trop de larmes, je ne la laisserai pas m’atteindre. Un sursaut d'orgueil réussit à balayer l'horreur de sa déclaration et parvient me raidir.

« Et quelle couche partagerais-je alors? Celle de votre époux peut-être? Je gage qu’il sait apprécier les cheveux blonds…»

Un prêté pour un rendu. J’espérais que les images afflueraient dans son esprit, aussi insoutenables que celles qui avaient pu envahir le mien quelques instants auparavant. Cependant, peut-être que les femmes de ces îles n’étaient pas aussi chatouilleuses que nous autres, Lannister, à propos de la déférence qui leur était due. Si de telles coutumes avaient été en vigueur dans le Conflans, je me serais chargée moi-même de laver mon honneur d’épouse. Aucune prière aux Sept n’aurait pu protéger Lord Mallister de mon courroux et de ma vengeance. Sans avoir jusque là baissé le regard, je tranchais finalement, non sans bravade:

« Quoiqu’il en soit, cela n’arrivera pas. Je préférais encore me jeter du haut de cette tour et répandre ma cervelle sur ces rochers plutôt que de laisser n'importe lequel de vos soudards poser une main sur moi. Peut-être même aurais-je le temps, ou la chance, de l’emporter avant moi…»

Les Fer-Nés ne feraient pas d’une lionne un agneau apeuré et docile. Je prenais place dans un fauteuil qui se trouvait près de la cheminée. Chez nous, il aurait été impensable de se comporter de la sorte en présence d’une personne dotée d’un titre royal. Peut-être la prétendue Princesse des Iles de Fer en prendrait-elle ombrage -ou non-, je ne connaissais point les coutumes d’ici, mais ce geste disait beaucoup de mon état d’esprit à l’égard des Greyjoy. Je finis par revenir sur un point de notre échange :

« Je ne suis pas le Roi, je ne saurai parler pour lui. Je peux seulement vous dire ce qu’il en est pour nous autres, dans l’Ouest, et ce que j’ai entendu dans le Conflans… De la peur oui, j’en ai entendu dans la bouche de nos petites gens, vu dans leurs yeux aussi. Depuis que je suis en âge de raisonner et de comprendre. La peur de voir leurs filles et leurs femmes raptées et déshonorées. Leurs fils massacrés. Leurs récoltes dévastées. Leurs toits brûlés et leurs greniers pillés. Oui, je ne connais que trop, pour en avoir été mille fois témoin, cette peur que votre engeance inspire chez ceux qui se brisent les reins à l’ouvrage. Leurs seigneurs, ils les craignent tout autant certes, mais ils les respectent. Vous êtes pour eux la mort et le chaos, qui frappe sans discernement.»

Les propos de mon hôte forcée m’avaient passablement agacée. Elle défendait, pour moi, l’indéfendable, faisant du plus pendable des comportements un fait de gloire et de fierté. Des enfants gâtés… Voilà pour ma part ce que les Fer-Nés et leur mode de vie qu’ils défendaient si âprement m’évoquaient. S’accaparant les biens d’autrui, saccageant, ravageant, car incapables de subvenir à leurs propres besoins autrement. Je priais avec ferveur la Mère d’en haut de leur donner sans tarder leur juste correction. Je croisais les mains sur mon ventre et poursuivais dans l’intention de clarifier mon propos :

« Quant à leurs seigneurs justement… Je ne crois pas avoir jamais décelé de la peur.  Pas chez mon oncle du moins, ni même chez feu mon beau-père, Jason Mallister. Mais du mépris assurément. Semblable à celui que l’on peut ressentir à l’égard… de parasites. Vous voyez ? Peu importe le mal que l’on se donne, il s’en trouve toujours dans le grain, dans le vêtement, dans les lits… Ils vivent aux crochets de leur animal hôte. Se goinfrant dans ses réserves, sur son dos. Grignotant les tissus, faisant son nid dans le foin ramassé pour l’hiver… Et je crois que tous sont désormais bien résolus à l’idée d’éradiquer pour de bon cette nuisance. Quitte à tout brûler. Et, ma foi… Quelle bête possède plus vaste patte que le Dragon pour écraser la vermine? »

Non, je n’étais pas roi. Je n’étais pas prince, ni seigneur. Et c’était sûrement une chance, car si je l’avais été, alors ces îles vivraient leurs dernières heures de quiétude. Et je ne me soucierais pas un seul instant de ramener leurs occupants dans le giron de la Couronne.
‹c› Vanka
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« two sides, two proud women »
An 300, lune 11, semaine 2 

Née sur les îles de fer, Alana en avait vue des femmes partager la couche de leur mari avec une deuxième ou même une troisième épouse. Elle n’était cependant pas de celles qui étaient prêtes à accepter un tel affront. Elle tenait pour cela de sa mère, Gysla Volmark. Gysla était née au sein de la très grande famille Forgefer. Des sœurs, des demi-sœurs, des cousines, elle en avait une ribambelle. Pourtant, elle avait su se démarquer et attirer le regard d’un seigneur. Elle aurait pu s’en contenter et le laisser agir à sa guise lorsqu’un jour, l’idée d’une femme-sel lui avait traversé l’esprit. Mais, Gysla n’était pas de ces femmes là et Alana avait hérité de sa mère.

« Mon époux n’a pas besoin d’une femme-sel, il m’a moi et je lui suffis. Et puis, afin de soigner la maladie transgénérationelle d’arrogance qui est la vôtre, Lady Lannister, je vous verrais plutôt avec un pêcheur ou un des hommes d’équipages de mon époux. », répliqua Alana. Elle imagina un instant Myrielle Lannister au bras d’un homme comme Dagmer, par exemple. Voilà un tableau parfait !

« Bien ! Vous ferez comme bon vous semble, si les choses vont jusque-là. Mais pour l’heure, rien ne dit que vous ne pourrez pas bientôt rentrer à Salvemer auprès de votre époux. Votre sort est entre les mains de Rhaegar Targaryen. Si vous lui faites confiance, vous n’avez pas à vous inquiéter. », répondit Alana après que Myrielle lui eut confié qu’elle préféré se suicider du haut de cette tour plutôt que de devenir la femme-sel d’un fer-né. Elle suggéra même qu’elle pourrait emporter un fer-né dans sa chute mais sans doute avait-elle mal observé la carrure des hommes des îles de fer pour se penser capable d’un tel exploit.

La princesse aux cheveux blonds était certaine d’avoir marqué un point en disant à la Lannister qu’il était étrange que le roi veuille tant les garder dans ce royaume impérialiste si les Sept Couronnes n’avaient du mépris pour eux. La née-Volmark en tirait une conclusion ; c’est parce que le royaume des Targaryen les craignait qu’il les voulait avec eux. L’otage lui répondit, commençant par évoquer la peur qu’elle avait en effet pu observer chez les petites gens. Mais, les seigneurs, disait-elle, ne les craignaient pas. Alana écouta la comparaison peu flatteuse que faisait Myrielle Lannister de son peuple, les reliant à des parasites qui pullulaient sans fin. Et, contrairement à ce que la lionne s’était peut-être imaginée, elle n’en était pas le moins du monde déstabilisée ou même offensée.

« Oh, mais il y a bien longtemps que les rois Targaryen ne possèdent plus de dragons pour servir leurs ambitions mégalomanes, Lady Myrielle. », répondit Alana avec le sourire. Car les îles de fer, en revanche, en possédait un. C’était une chose que la Lannister ne pouvait savoir mais qui, elle en était certaine, aurait eu de quoi la déstabiliser quelque peu. « Par ailleurs, vous vous trompez. Rien ne vient jamais à bout des parasites. Prenez le rat. J’imagine tout le mépris que vous pouvez avoir pour un tel animal ; remarquez pourtant son intelligence et sa faculté d’adaptation. Voyez-vous, j’ai lu les travaux d’un mestre sur quelques grandes épidémies qui ont affectés le continent. L’une d’entre elle, le pensait-on, serait née du rat. En réalité, c’était tout à fait faux. L’épidémie était bien présente, dans la nourriture, dans l’air et dans chaque poignée de main que deux individus pouvaient s’échanger. Or, le rat fut le seul animal qui en dépit de ce chaos, continua de proliférer et de survivre à la maladie. Le rat ne meurt pas car il reste fidèle à lui-même. Il ne se laisse pas abattre par les éléments extérieurs. Il ne les laisse pas le transformer. Voilà qu’on l’a donc accusé à tort d’être à l’origine de tout ce chaos, tout simplement car il demeurait fort en dépit de ce dernier. », expliqua Alana, faisant clairement référence à la forte identité culturelle de son peuple en dépit de l’oppression targaryenne. «  Mon peuple partage sans nulle doute les qualités d’un « parasite » comme le rat et je n’en suis pas peu fière, Lady Myrielle. J’aimerais voir la faculté d’adaptation de votre peuple à l’œuvre si d’aventure les terres du Conflans devenaient aussi peu fertiles que celles dont le Noyé nous a gratifiés afin de rendre dignes de lui. Votre peuple saurait-il prendre la mer, conduire des raids, voguer vers l’inconnu ? J’en doute. Vous l’avez dit vous-mêmes, vous avez vu la peur chez vos gens. Que vos seigneurs ne nous craignent pas, soit. Que quatre seigneurs se battent vaillamment, s’ils sont à la tête d’une armée de pleutres, ils n’ont aucune chances contre nos fer-nés, pour qui mourir au combat est un honneur qui n’est guère à craindre. »  Et les fer-nés étaient sans aucun doutes des hommes courageux qui ne tremblaient guère devant la guerre et la mort qui les attendaient peut-être au bout de celles-ci. « Nous ne portons guère d’aussi belles armures et d’aussi belles robes que dans l’Ouest et nous n’avons pas non plus la prétention de déféquer de l’or, par ici. Peut-être nous trouvez-vous donc bien petits…Mais souvenez-vous que le lion, mordu par le tout petit rat qui ne s’est pas laissé transformé par les dangereux éléments extérieurs, s’éteint dans la journée, tout majestueux, grand et fort qu’il puisse être. », termina Alana. Sur ces bonnes paroles, la princesse estima qu’il était temps de prendre congé.

« Bien. Je vais vous laisser prendre vos marques dans vos nouveaux appartements. », dit-elle. Elle s’avança vers la porte et jeta un dernier regard à la lionne. « Passez une bonne journée, Lady Myrielle. », lui dit-elle avec un sourire poli, qui cependant, n’était que d’usage.
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Two sides, two proud women

Un fin sourire ourla la commissure de mes lèvres, tandis que mon regard se perdait dans les flammes brûlantes. L'ardeur que lady Alana me sembla mettre à balayer l'hypothèse de voir son époux prendre une concubine me donna l'impression que mon trait l'avait touchée, plus qu'elle n'aurait bien voulu l'admettre. Oh, je sais ce que tu dois te dire, lecteur... Voilà qui est bien petitement gagné... Eh bien, je m'en contentais... J'avais appris, depuis une semaine et les récents événements, à me contenter de bien peu de choses...

En revanche, et alors qu'elle avait parfaitement su percer à jour ma comparaison, à peine voilée, de son peuple avec la pire vermine ayant parcouru cette Terre, elle ne sembla pas en prendre ombrage. Et même se l'approprier avec aplomb, et oserais-je le dire, une certaine fierté qui m'échappait...
Qu'aurais-je fait si un Dieu avait exigé de moi que je pille, vandalise, rapte, massacre en son nom, me condamnant à une vie de dénuement sur des île stériles?  Je me mordis les lèvres pour ne pas pouffer et répliquer avec une franchise très honnête. Eh bien j'en aurais changé...! Chez les Lions, le pragmatisme l'emportait sur la piété. Même notre dévotion se méritait.

On nous avait enseignés, depuis que nous étions en âge de tenir debout, que c'était là la posture dans laquelle, Lannister, nous mourrions. J'avais vu ma mère lutter contre la mort pendant de nombreuses lunes, avec une férocité à faire trembler le plus vaillant des chevaliers de notre lignée, pour finalement,  la regarder en face et la défier. Myranda Lefford ne l'avait pas laissé choisir: ni le moment et l'heure, ni les râles d'agonie, ni les pleurs, ni l'étreinte de l'angoisse, ni abattre sa lucidité et sa volonté. J'avais mis longtemps à honnir son geste, mais aujourd'hui il m'apparaissait d'une clarté absolue, limpide. Les Fer-Nés pouvaient préférer la survie à n'importe quel prix, y compris celui de l'honneur, larvés dans la fange, croupissant sur leurs îles maudites et charognant au gré du vent et des vagues, mais nous n'étions pas ainsi.

Et je faisais de l'arrogance des miens, qu'elle me lançait au visage comme une insulte, un motif de fierté au même titre qu'elle le faisait de mon accusation de parasitisme. Il n'y avait pas à discuter plus en avant, nos valeurs étaient irréconciliables et nous éloignaient à chaque minute un peu plus l'une de l'autre.
En guise de conclusion, Alana laissa entrevoir, derrière le miroir de son analogie, la suprématie de son peuple sur le notre et dessinant la fin prévisible de notre maison. Des mots qui réveillèrent quelque chose en moi. Ce grondement, au plus profond de mes entrailles.
Quelque chose de familier. Et de terrible. Mes mains serrèrent le bois du fauteuil sur lequel je siégeais jusqu'à ce que mes jointures blanchirent.

"Ainsi parla, parla ainsi..."

Alors que la dame Alana s'apprêtait à passer le seuil de la porte et à mettre un terme à notre entrevue, je desserrais finalement la mâchoire:

- D'autres que vous nous ont prédit un sort similaire par le passé... Et pourtant, je vous défie d'en trouver un qui soit encore en vie...

"Oui, les pluies pleurent en sa tanière,
Et nulle âme ne l'entend plus.
"

Il y avait toujours eu des Lions. Et il y en aurait toujours. La famille ouestrienne était aussi inexpugnable que sa forteresse.

Le dernier échange que mon hôtesse et moi eûmes fut un regard d'une dureté implacable. Aussi sombre que la promesse d'une tempête. Nous n'étions pas des hommes, nous luttions avec nos propres armes, tout autant féroces et déterminées. J'ignorais si la justice viendrait de mon oncle, de mon frère, de mon père ou de mon mari. De mes fils, peut-être, un jour.

Mais, si j'en sortais vivante, je me réservais la vengeance. Dans un an, dans deux, dans dix ou même alors que je serais une vieille femme fanée, à la beauté depuis longtemps oubliée. Jamais je n'oublierai l'hospitalité des Greyjoy à mon égard.

Et je ne mourrai pas avant d'avoir payé ma dette.
‹c› Vanka


HJ:
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