De retour à Castral Roc

Voilà plus de trois ans que Kevan se retrouvait presque orphelin de ces fils. Que  ce-fut par l'absence de Lancel ou des jumeux, il ne pouvait plus que se désoler de ne plus entendre leurs cris et leurs chamailleries. Leur départ avait certes ramené sa tendre épouse à s'intéresser à la politique et à redevenir sa conseillère dans l'intime. Mais il ne pouvait nier que ses garçons lui manquaient. La petite dernière était un ange, une véritable dame digne de sa mère ou encore de feu Joana l'épouse de son frère. Pourtant la virilité de ses garçons lui manquaient.

Malgré son âge, Kevan était toujours un chevalier et un seigneur de guerre, né dans les troubles de la Guerre des Rois à Neuf Sous. Il avait suivi les premiers pas de ses fils dans ce domaine, leur avait mis leur première épée mouchetée dans la main et souvent s'était entraîné à leurs côtés quand le temps lui était accordé. Le poids des responsabilités confiées par son frère n'avait jamais été trop lourdes, mais bien souvent il s'était absenté ou avait été appelé dans les quartiers marchands de Port-Lannis pour quelques querelles entre soudards, marchands voir un savant mélange des deux.

Désormais, il ne voyait que rarement ses enfants et c'était toujours un plaisir les voir passer. Si Willem était le plus proche, ses absences se faisaient de plus en plus longues. Ser Addam Marpheux avait en charge de protéger les côtes de l'Ouest et de mettre en place les miroirs ardents mis en place par son frère et le roi. Aussi une année entière s'était écoulée entre la dernière visite de son fils et aujourd'hui. Par chance, le maître de Willem devait s'entretenir avec Kevan et avait décidé d'amener son fils avec lui.

Lorsque l'escorte de l'héritier de Cendremarc apparut, Kevan se trouvait aux portes de Castral-Roc, Dorna à ses côtés ainsi que plusieurs autres personnalités du Roc. A la vue de son fils portant les couleurs des Lannister, Kevan ne put s'empêcher d'avoir un sourire tandis que son épouse lui serrait la main. Il savait que ses enfants étaient tout pour elle. La souffrance et l'attente avaient été terribles au fil des années et l'arrivée de Lancel puis des jumeaux avaient été un soulagement. Sans compter sur la crème de la crème à ses yeux : leur fille. Mais revoir son fils était doux pour la femme et son époux.

Après avoir accueilli de manière très protocolaire, une simple poignée de main venant briser la solennité de la scène, Kevan poussa son invité à se retirer dans un salon privé dans lequel ils s'entretenaient. Une fois l'héritier des Marpheux éloigné, Kevan se tourna vers son fils et le salua sèchement de la tête : Il est bon de revoir un fils Lannister dans les murs du Roc. Willem, rejoins moi dans mon salon ce soir après le souper. Tu peux reprendre la chambre que tu partageais avec ton frère en attendant. Sans autre mot, il tourna les talons et suivit les pas d'Addam.

La bière ne vaut pas mieux que le vin. Ne bois pas si fort. déclara Kevan en passant à côté de son fils. C'était de simples mots, jeté en pâture tout en posant une main paternelle sur l'épaule de l'écuyer. Il ne voulait pas donner une place d'honneur à Willem en l'invitant à sa table aussi ne lui donnait il aucun comportement de faveur. Kevan lui même en tant que Protecteur de l'Ouest sur ordre de son frère ne siégeait pas à la place du Lord de Castral-Roc. Il s'était installé à sa gauche, laissant la droite à Tyrion.

Après un repas composé essentiellement de volailles et de gibier, arrosé de deux coupes de vin, Kevan finit par se retirer dans son salon. Contrairement à son habitude, il n'avait pas envoyé de mots à son neveu, qui honorait quelque fois les appartements du chevalier de sa sa présence. Seule Dorna était occupée à broder une étoile à sept branches dans lequel le visage de ses quatre enfants, plus les deux leur, apparaissaient. La Mère y figurait au-dessus, une lueur bienveillante dans le regard comme à son habitude. Assis dans son fauteuil, Kevan avait posé une main sur le bras de son épouse et à peine fut-il s'il tourna la tête vers la porte lorsque celle-ci s'ouvrit.

Willem y entra à petits pas et son père lui sourit. Son fils lui semblait encore avoir grandi depuis sa dernière visite un an plus tôt. Mais sa carrure se faisait plus large, il avait gagné en épaules et en assurance. Être l'écuyer d'une si bonne lame qu'Addam Marpheux était certainement pour quelque chose dans sa démarche agile et légère. Kevan fit signe à Willem d'approcher et lorsque le garçon fut près de lui il se leva et l'enserra d'une accolade paternelle. Il planta un baiser sur la joue de son fils et lui passa la main dans les cheveux. Autant d'attention qu'il ne voulait pas se permettre public mais qu'on ne saurait lui retirer en public.

Je suis fier de toi fiston. Nous le sommes tous à vrai dire, même Ser Addam ne déments pas de compliments. Comment se passe ta période d'écuyer ? J'ai envie de savoir Willem ! Mais plus que ça, rapporte moi tout ce que tu as pu observer autour de toi, les relations entre les seigneurs, ce qui se dit sur les Lannister et les derniers évènements...

Kevan se rassit et fit signe a son fils de prendre place sur le fauteuil. Il avait hésité a faire demander un tabouret pour continuer son entraînement a la dure mais le chevalier s’était décidé que c’était faire preuve d'une dureté inutile. Ser Addam semblait prendre la discipline a cœur autant pour lui même que pour ses écuyers. Son fils pourrait souffler ce soir. Il écouta alors calmement ce que son fils avait a dire, bien que comme tout adolescent digne de ce nom il se montrât laconique. Le chevalier ne put s'empecher d’agrémenter les paroles de Willem par quelques remarques et commentaires.

Pour le pire ? Qu'est ce dire que cela ? Oublies ces hommes et ces femme qui cherchent a te gagner. Tu es un Lannister certes et ton nom vaut bien plus que le leur, mais tu n'es aussi qu'un écuyer et le neveu du Lord rien de plus. Ne t'attires pas leur ressentiment en leur promettant des choses que ton nom pourrait accomplir mais non ta position.

Lorsque Willem porta la conversation sur la question de la prestige de la lignée, Dorna posa une main preste sur celle de son époux et lui lança un regard éloquent. Pris au piège par ces grands yeux auxquels il ne pouvait refuser grand chose, Kevan soupira et mâchonna dans le vide. Il avait espéré éviter ce sujet avec les jumeaux encore quelques mois, qu'ils découvrent cela sous le cadre de leur maître. Mais si Lancel avait su se déniaiser en tout honneur par le truchement du chevalier qui l'avait forme, il ne semblait pas être le cas de Ser Addam encore.

Bien... Avant de parler de Castral-Roc, je voulais te demander Willem. As-tu déjà goûter au plaisir de la chair auprès d'une femme ?

Kevan leva un sourcil étonné. Il s'était attendu à ce que son fils démente férocement toute relation sexuelle en dehors du mariage, surtout à sa mère pieuse. Ou au contraire de s'en égosiller devant son père. Au contraire, il avoua à demi-mots ne pas avoir - de souvenir - eu de tels comportements. Le chevalier ne savait que trop en penser. Est-ce que son fils lui cachait la vérité ? C'était compréhensible et répréhensible à la fois. Il lui tannerait le cuir jusqu'à qu'il reconnaisse les faits.

Ou alors Willem était-il de ces hommes dénués de tout appétit sexuel ? Cela arrivait parfois et bien que Kevan ne soit pas obsédé par l'appareil féminin comme certains, il avait du mal à comprendre un manque de... désir. Mais que ferait-il si son fils en était un ? Quelle horreur. Mais en même temps il était la chair de sa chair et le sang de son sang. Il avait discuté avec Ser Addam des progrès de Willem et il était advenu que le jeune homme avait souvent la tête plongée dans les parchemins. Peut être que... Kevan s'éclaircit la gorge et se frotta le menton.

A ton âge, j'avais déjà connu plusieurs fois le sexe. J'ai été marié très vite à ta mère et y ai découvert l'amour. Mais je savais déjà contenter une femme dès lors.

Sentant sa femme fulminer à l'idée des putains qui avaient pu réchauffer sa couche et lui apprendre les arts sensuels, Kevan posa une main douce sur la sienne et changea rapidement de sujet :

Ton oncle a horreur de ces femmes depuis le comportement lourd d'opprobres de notre père. Je compte sur toi pour ne pas tomber dans un tel déshonneur s'il t'arrive de toucher à une femme. Mais Willem.... Ser Addam vante aussi bien tes progrès en matière de combattant qu'intellectuellement. Il y'a d'autres moyens pour un homme de servir sa famille autre que par sa lame ou sa semence. Serais-tu intéressé par une carrière de mestre ? Je suis sûr que je puis t'envoyer à la Citadelle sans coup férir. Tes frères sont assez nombreux pour perpétuer la lignée et Tyrion a déjà contenter les Dieux par ses enfants. Qu'en dirai-tu fils ? lui demanda doucement Kevan avec un sourire. Il voulait avant tout le bonheur de Willem tant que celui suivait une voie honorable et en faveur des Lannister.