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Mélancolie n'est pas une amie (pv Clarysse Varnier)

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Je ne comprenais pas la présence de ma sœur chez nous, à Herbeval. Je ne comprenais pas ou plutôt je sentais que quelque chose ne s’était pas déroulé comme prévu. Pourtant, je pensais qu’elle comprendrait que même si au début du mariage tout n’est pas rose, les sentiments apparaissent avec le temps, la preuve en est ma propre union avec Mia, nous n’avons appris à nous aimer que tardivement, nous nous appréciions, mais ce n’est que lors de sa fausse couche que nous nous sommes rapprochés véritablement, les peines ont toujours eu cet effet d’accélérer le rapprochement des âmes. Et pourtant, Clarysse était arrivé hier, sans me prévenir ce qui ne lui ressemblait pas, mais je n’avais pas posé de questions, j’avais très vite vu à ses traits qu’elle était fatiguée de toute cette route depuis Midburg, et j’avais été étonné de la voir seul, sans son époux… Peut-être celui-ci s’était-il arrêté sur la route et arriverait plus tard, je l’ignorais, et je n’avais pas voulu ennuyé ma sœur dès son arrivée, je l’avais simplement accueilli avec toute la chaleur qu’il m’était possible d’avoir, malgré mon manque de démonstration presque maladif, et j’avais demandé qu’on lui prépare sa chambre. Oui, parce que bien qu’elle ne soit plus à Herbeval, je n’avais pu me résoudre à réaménager sa chambre, je savais qu’elle reviendrait ici de temps à autre, et je préférais alors qu’elle soit dans un univers familier, alors tout était resté en l’état, il n’y avait que les draps à changer. Je ne lui avais pas imposé notre présence à Mia et moi-même la veille au soir, nous avions soupé dans la grande salle tandis que j’avais fait porté son repas dans sa chambre. Elle avait besoin de repos et j’étais prêt à lui laisser.

Mais j’étais inquiet. Inquiet de sa présence car j’en ignorais la raison, j’espérais juste que tout allait bien pour elle, et je comptais bien la retrouver aujourd’hui pour prendre de ses nouvelles, savoir comment se passait ce début de mariage, et échanger sur les banalités s’étant passé au château depuis son départ, comme les absences de plus en plus longues de Symeon au septuaire pour se plonger dans la contemplation et la prière, une voie qui était certes honorable, mais j’ignorais si nos parents auraient voulu que leur fils quitte la famille pour rejoindre les ordres. J’avais toujours cette angoisse ancrée en moi, comme de la mélasse ayant séché et restant collé au fond d’un bol, cette peur interne de décevoir mes parents, de ne pas être à la hauteur de leurs espérances. Je faisais de mon mieux pour les rendre fiers, eux qui maintenant étaient aux Sept Paradis. Mais je ne le saurais jamais, alors je ne pouvais qu’espérer et prier. Heureusement, mon épouse était là pour me rassurer, elle était d’une douceur incalculable avec moi, et j’aimais à penser qu’elle était le miel et que j’étais le vin, elle me permettait de ne pas finir en vinaigre là où je pouvais être dur et droit sans penser aux conséquences sur mes relations avec autrui.

Je n’avais pas vu Clarysse ce matin au petit-déjeuner, m’étant levé tôt pour aller prier avant de faire le tour des questions importantes à traiter pour la journée. En fin de matinée, ne l’ayant toujours pas croisé, j’avais demandé à une servante si elle savait où était ma chère sœur. Celle-ci m’avait alors indiqué qu’elle se trouvait dans la tour Nord, le regard perdu dans le vide. Je voyais qu’elle n’osait pas parler mais je l’incitais et elle m’avoua qu’elle trouvait Clarysse mélancolique. Un air que je ne lui connaissais pourtant pas, elle qui était si joyeuse avant son mariage. Je la retrouvais donc quelques instants plus tard et je pus constater moi-même à quel point ma sœur semblait absente, absorbé dans des pensées qu’il m’était impossible de connaître. Mais je n’étais pas ce genre de frère à attaquer de but en blanc, alors je choisis d’y aller en douceur.

Clarysse, est-ce une idée où tu as dormi toute la sainte matinée ? J’ai presque dû te chercher ce matin, tu es bien remise de ton trajet ?

Je m’étais rapproché d’elle pour la prendre dans mes bras, délicatement, sans expansion excessive, posant une main douce, presque plus paternelle que fraternelle, sur ses cheveux, avant de reculer d’un pas, le sourire doux mais franc au visage.
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Mélancolie n'est pas une amieEvitons le sujet, s'il te plaît
Elbois
de la Nouë
Clarysse
Varnier
Excuse-moi, Elbois…
Pardonne-moi.
Je te prie de ne pas me juger trop vite.
Je suis fautive et je vais réparer cela.
Ne t’inquiète pas, je fais appel à ton jugement et à ton indulgence.
J’ai la situation en main, mais…
Je n’ai pas été à la hauteur.


Non, décidément, aucune expression ne venait à Clarysse pour expliquer à son grand-frère la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle-même ne savait pas comment appréhender ce retour temporaire à Herbeval. Il lui procurait un soulagement indéniable puisqu’elle s’y sentait vraiment chez elle. Une impression de retour de voyage ou de réveil après un rêve. Mais il fallait se rendre à l’évidence, le retour ne se passera pas comme cela. Il signifiait également affronter la difficile réalité. Elle ne devait pas se trouver là et allait devoir le justifier intelligemment pour ne pas éveiller les rumeurs. Elle abandonna le parchemin et la plume et demanda au cochet d’atteler les chevaux. Ils allaient repartir sur le champ, elle n’arrivait pas à écrire à son frère. Même si elle n’était pas à sa première tentative, aucun mot ne sut se poser pour annoncer la nouvelle de son retour. Ils se trouvaient désormais à une journée d’Herbeval. Le mal était fait, sa visite sera une surprise pour tous. Une drôle de surprise. Epuisée émotionnellement, elle se saisit de son manteau et quitta l’auberge où ils s’étaient arrêtés pour abreuver hommes et chevaux. Alors qu’elle reconnaissait la route d’Herbeval, les arbres et mêmes certains buissons, elle se plongea dans ses pensées.

Grand frère… Être une femme possède une difficulté que les hommes ne peuvent s’imaginer. Même moi, jeune fille comblée, de belle naissance, d’une famille heureuse, je ne pouvais imaginer la violence d’être une femme et de devenir la femme de… Une chose nous est arrachée, volée. Nous ne sommes plus que des corps vides et nous devons continuer de sourire après cela. Il y a le désir que chaque êtres partagent. Mais, il y a aussi l’obligation, la perte d’innocence et le non-retour en arrière. Une espèce de désillusion et d’impression que, peu importe ce qu’on fera, on ne saurait satisfaire entièrement l’autre et encore moins soi-même. J’imaginais le mariage comme un accomplissement devant les Sept. Je m’imaginais me rapprocher de l’état de la Mère et gagner en sagesse et en épanouissement. Au lieu de cela, même mon propre corps est devenu l’Etranger. Revenir à Herbeval est plus de l’ordre de la réalité que ce cauchemar que j’ai vécu durant des mois à Midburg. Mon impression est sans appel. Je ne veux plus y aller… Mais que faire. Je ne me supporterais plus si par malheur je parjurais. J’appelle à l’aide. Et même si cela est une épreuve que m’envoie le Père ou l’Aïeule, aujourd’hui j’en suis certaine, je ne pourrais la surmonter. Cet homme a cette façon de me regarder qui me déplaît. Je préférais qu’on me regarde comme un objet de désir inaccessible, comme lorsque j’étais jeune. Le regard de l’accouplement me heurte au plus haut point. J’ai rarement pas su quoi faire à ce point…

Le pire dans cette histoire, c’est qu’il était difficile de blâmer un époux qui tentait chaque soir de partager sa couche. Désormais, puisqu’il fit appel à la bonté d’âme et qu’il ne força pas sa nouvelle femme à rester à Midburg ou à partir avec lui pour le Conflans, il fut le plus à plaindre des deux. A vrai dire, personne ne connaissait les retors de l’âme de Clarysse et cette longue correspondance qui la liait à un doux rêve qui dut se briser avec la rapidité d’un coup de glaive. On plaignait le pauvre Ethan Varnier qui, certes avait épousé une dame d’une grande beauté et qui savait bien se conduire en société, mais qui manquait cruellement d’entrain, d’initiative et de cœur à se rapprocher de son époux. De leurs fiançailles à leur mariage, les habitants de Midburg et les autres invités du Bief avaient pu constater la mélancolie de la jeune femme qui se voyait notamment lorsqu’on l’observait se retirer, garder ses distances ou rêver seule en haut des remparts. Auparavant, les dames de Midburg éprouvait de la jalousie envers la femme qui liait leur très charmeur chevalier au mariage. Cependant, à voir la capacité de séduction de Clarysse, il était clair qu’elle n’avait rien à craindre sur ce côté-là. Les maîtresses pourront continuer leur danse bacchanale autour de l’homme à la distinction digne d’un prince.  Si bon prince qu’il autorise son ingrate d’épouse à se ressourcer dans sa famille le temps de son voyage dans le Conflans. Vraiment… Clarysse se sentait plus bas que terre.

Elle arriva à Herbeval, la gorge serrée, l’estomac nouée, avec la mine d’une endeuillée. Très peu de mots furent échanger entre elle et son frère qui, à la nouvelle de l’arrivée de son carrosse et du blason des Varnier, l’attendait déjà dans la cour. Sa belle-sœur lui lança un regard qui lui pinça encore le cœur, un mélange de compassion et de question. Son frère se montra digne et lui offrit un accueil compréhensif et un peu cérémonieux. Il mettait en avant son repos. Ses pensées avaient fatigué la jeune femme et quand elle put enfin se regarder dans un miroir, elle eut la vision d’une femme qui aurait vécu une famine, une guerre, un deuil et dix ans de plus. Clarysse savait que cette fatigue était plus émotionnelle que due au voyage. Mais encore une fois, elle ne dît mot.
Retrouver cette chambre donnait encore plus l’impression que ce passage chez les Varnier n’était qu’un rêve. Elle ne toucha pas au repas que lui avait monté la servante de son enfance. Cette dernière aussi lança un regard à Clarysse qui lui rappela sa condition. La main de la jeune noble caressa l’étoffe de sa literie. Elle s’assit, observa le noir de la nuit d’hiver, puis s’écroula sur le lit qui avait bercé ses rêves d’enfants.
Quand mon chevalier viendra-t-il m’enlever ?

Le lendemain, elle avait l’impression qu’une pierre s’était placée dans sa tête. Où était-elle ? Midburg ? Herbeval ? Ailleurs ? Les lieux avaient une saveur étrangère. Elle désirait encore plus de sommeil, mais les rayons du soleil l’avaient gênée. Rayons de soleil ? Il était déjà très tard. L’hiver était décidemment une drôle de saison. Mais cette pierre l’alourdissait encore. Elle revêtit une fourrure au-dessus de sa chemise de nuit et se sentit le besoin de respirer pour pouvoir se réveiller. Sa longue chevelure blonde rebondissait derrière elle alors qu’elle montait les escaliers froids de la tour Nord. Arrivée en haut, elle ouvrit la fenêtre allongée, telle une grande meurtrière, pour laisser l’air frais de l’hiver frapper son visage. Elle prit une grande inspiration et laissa de nouveau ses pensées filées.

Comment remédier à cela ? Comment agir ou se comporter ? Dois-je me montrer galante et lui écrire ? J’ai mis des années à me confier ainsi à Tavish. Et lui ne portait pas sur moi ce regard indécent. Décidemment, j’aurais aimé que mère me parle du mariage avant de partir. Je me sens comme sur des échasses, capable de tomber à tout moment.

Clarysse sursauta lorsque qu’elle entendit les pas d’Elbois derrière elle. Elle tenta de lui adresser un petit sourire. Le visage de la jeune femme avait vraisemblablement encore besoin de sommeil. C’est souvent ainsi en hiver. Alors qu’elle se leva pour saluer son frère et seigneur, elle se rendit compte qu’elle se trouvait pieds nus sur la pierre glacée. Elle baissa les yeux et en revint à Elbois. « Oui, merci. J’ai beaucoup dormi. Nous avons voyagé sans encombre. Nous avons pris le bateau jusqu’à Cidre, puis, de peur que l’hiver nous bloque, nous avons poursuivi en carrosse (1). Il n’y a eu aucun problème. »

Elle resta muette quelques secondes plus tard. Les mots ne venaient pas plus en face que par lettre. Le voir inchangé, prestant à Herbeval, elle était émue. Ces derniers temps, un rien humidifiait son regard. Elbois faisait un aussi bon seigneur que leur père et cela la touchait particulièrement. L’émotion à vif qui l’habitait depuis Midburg fit encore des siennes. Elle détourna le regard pour essayer de ne pas révéler à son frère les larmes qui ne demandaient qu’à couler le long de ses joues. Elle les retint à temps et se frotta les yeux.
« Merci de m’accueillir, poursuivit-elle d’une petite voix. Je voulais t’écrire… Je… »
Encore une fois aucun mot. Aucune explication. Clarysse se mordit la lèvre inférieure et fuyait le regard de son frère aîné.
« Orys et Syméon vont bien ? Et, j’aimerais voir Garth aussi. Ca grandit tellement vite à cet âge-là. Je suis tellement heureuse de le revoir avant son quatrième anniversaire. Il m’a tellement manqué. Je lui ai apporté un cadeau de Midburg. C’est une étole d’hermine. Elle sera un peu grande pour lui pendant un temps, mais je suis sure qu’il pourra la mettre jusqu’à ses dix ans au moins. Comme ça il pensera un peu à sa tante… »
Parler ainsi d’un sujet anodin lui redonna des couleurs et du courage. De plus en plus, Clarysse retrouva sa prestance de dame du Bief. Elle se tenait droite, son sourire se fit des plus aimables et son regard luisait de bonté. Il s’était plongé dans celui d’Elbois, comme rassuré d’avoir pu échapper au sujet de conversation épineux. Désormais, alors qu’elle se sentait plus sure d’elle, elle lança une phrase emplie de politesse.
« Je te remercie d’être mon hôte, mes hommes ont ramené de quoi se rassasier une semaine, nous te dérangerons pas longtemps et nous troubleront pas le calme d’Herbeval, je t’en fais la promesse. »


(1) Midburg se trouve sur le détroit du Mander.
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J’étais inquiet. On est toujours inquiet pour sa famille, et c’est une inquiétude qui ne m’a jamais quitté quand il s’agissait de ma sœur. Elle me semblait à la fois la plus forte de caractère et pourtant la plus pure de notre fratrie et ainsi la plus fragile. Une fleur forte et puissante quand elle est dans son pot, mais qui est susceptible de si vite dépérir quand elle se trouve sur un territoire qu’elle ne connaît pas. Après tout, certaines plantes ont besoin d’une atmosphère particulière, et il n’est pas à douter que Midburg est bien différent d’Herbeval, bien que je connaisse bien moins ce coin que le mien.

J’étais inquiet car ma sœur quand elle était arrivée semblait épuisée, comme si cela faisait plusieurs journées qu’elle n’avait pas fermé l’œil et à vrai dire elle semblait ailleurs, comme si toute son énergie s’était envolé, comme si sa bonne humeur, son rire clair avait été éclipsé et volé par un brigand sur le chemin pour Herbeval. Alors je n’avais pas voulu insister, j’avais tâché d’être le plus respectueux possible même si je manquais de cette chaleur dont mon épouse était si facilement capable. J’étais devenu lord bien trop jeune, et cette fonction m’avait endurci, j’étais devenu un homme à la moralité sans faille, mais aux codes bien trop droits même pour les membres de ma propre famille. Combien de fois ainsi j’avais eu des divergences avec Symeon et son vœu de rejoindre la Foi comme septon, agissant davantage comme un seigneur sur son sujet que comme un grand frère devant être attentif au bien-être de sa famille ? Ainsi avec Clarysse, je m’étais montré cérémoniel, je le regrettais mais je ne savais faire autrement, je n’avais pas cette facilité qu’ont les femmes à se comprendre entre elles, et même si j’avais perçu l’épuisement de ma sœur, c’est Mia qui s’était montré la plus inquiète de nous deux, me faisant comprendre qu’elle était persuadée sur quelque chose n’allait pas, et que Clarysse n’était pas là par hasard, il y avait sûrement une raison, et pas forcément bonne selon elle. Alors mon inquiétude avait redoublé. Je l’avais laissé tranquille à son arrivée à Herbeval, mais une fois la première nuit passée je devrais lui parler.

Elle semblait désorientée, au point d’en avoir les pieds nus sur le sol pourtant gelé. Je fronçais les sourcils.

Tant mieux alors, l’hiver est toujours doux dans le Bief, mais nous ne sommes jamais à l’abri d’une chute de neige ou d’un givre des rivières. Mais dis moi, tu n’as pas froid avec les pieds nus ? Quelque chose me dit que tu es encore en train d’émerger de ton long sommeil.

Son regard se faisait fuyant, je la sentais timide, renfermée, et je n’aimais pas cela, j’étais son frère et la voir incapable de me parler me faisait mal au cœur, et pourtant j’avais moi-même du mal à lui parler, ou en tout cas à aller directement au fond des choses. Mon éducation en était la responsable, mais je ne pouvais rejeter toute la faute là-dessus, mon caractère y était pour beaucoup.

T’accueillir ? Mais voyons Clarysse, tu es chez toi ici, et tu seras toujours la bienvenue. Ce n’est pas parce que tu es devenue une Varnier que tu n’es plus une de la Nouë dans ton cœur pour moi. Tu n’as même pas besoin de me demander la permission pour venir, cela me fera toujours plaisir de te savoir ici.

Son regard restait fuyant, je fronçais encore un peu plus les sourcils.

Orys et Symeon vont toujours aussi bien. A l’heure qu’il est je ne serai pas étonné qu’Orys soit en train de s’entraîner et que Symeon soit au septuaire, il semble y passer ses journées désormais. Cela m’inquiète, s’il rentre vraiment dans la Foi ce sera comme s’il nous quittait, et je n’aime pas ça … Garth sera content de voir sa tante, il a grandi depuis le mariage. Et il pense toujours à toi, qu’est-ce que tu es en train d’insinuer ?

Elle se redressait, comme si elle semblait enfin sortir de sa torpeur, mais je n’étais pas si naïf, et je ne devais pas l’être. Je pourrais très bien faire comme si tout se passait bien, comme si ma sœur était juste mélancolique, mais je devais m’en assurer. C’était mon rôle, et je ne pouvais le trahir.

Tu ne m’as jamais dérangé mais Clarysse…. Sois franche, tu ne m’as pas l’air si heureuse que cela … Dissipe mes inquiétudes, que se passe-t-il ? Rassure-moi, ton époux te traite bien au moins ? Je le connais mal, mais si j’apprends qu’il ose s’en prendre à toi…

J’avais des valeurs et une morale stricte, et ma famille passait avant tout. Lord Ethan me paraissait être un homme bon bien qu’un peu frustre. Mais je ne connaissais pas sa vie privée et je m’en voudrais si ma sœur était malheureuse de ma faute. Bien entendu, j’étais loin de me douter que c’était sa compagnie plus que son comportement qui la rendait si morose, mais oserait-elle m’en parler ? Il le fallait, même si c’était avec ses mots, même si elle souhaitait garder sa pudeur. Car bien qu’elle soit désormais une épouse, elle restait ma sœur, et mon père m’avait confié sa protection.
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Mélancolie n'est pas une amieHonneur et famille
Elbois
de la Nouë
Clarysse
Varnier
Clarysse devait faire peine à voir. Sa chevelure blonde en broussaille, son petit corps frêle enveloppé dans une chemise de nuit qui avait l'air trop grande pour elle. Son visage angélique qui sortait de l'épaisse fourrure qui reposait sur ses épaules semblait encore plus rétréci. Un air hébété donnait l'impression qu'elle avait atterri par mégarde à Westeros. L'aura étrange et ingénue qu'elle dégageait pouvait mettre mal à l'aise. Retourner dans le château de son enfance, elle ressemblait à une grande enfant de vingt-deux ans. Pourtant, dès qu'elle ouvrait la bouche, on avait cette sensible intuition que son physique actuel ne correspondait pas à la dame de Midburg qu'elle était devenue. Clarysse semblait étrangère à son corps, étrangère à ses lieux et étrangère à elle-même. Surprise dans son état d'errance, elle était vraiment mal à l'aise. C'est pour cela qu'elle déblatérait toutes ses banalités afin d'éviter le véritable cœur du problème. Elle n'était plus l'innocente Clarysse de la Nouë qui pouvait se permettre de flâner dans le château. Elbois les rappela tous deux à la réalité en évoquant le physique de sa petite-sœur.

« Eh bien... Il semblerait que j'ai tellement eu besoin d'air à la sortie du lit que j'en ai oublié l'essentiel. » déclara-t-elle en dédramatisant la situation. C'était Tavish qui lui avait appris ce type d’ironie. Elle en aurait été incapable sans le passage du chevalier orageois dans sa vie. Habituellement, sa timidité et son envie de bien-faire auraient dessiné un air incommodé sur son visage. Elle eut un demi-sourire un peu triste, puis, elle fuit le regard de ce frère bienveillant. Comment avait-elle pu craindre de lui écrire ces mots simples qui annonçaient sa venue. Elle avait si peur de ne pas savoir remplir sa part du contrat : celle pour laquelle une femme naissait. Face à ce frère si parfait, elle se sentait ridicule et ingrate. « Je le sais » murmura-t-elle d’une petite voix quasi inaudible, lorsque son frère la rassura. Ses yeux ne savaient se détacher du sol.

Enfin, quand Elbois évoqua ses frères, Clarysse fut un peu étonné par la mention sur Syméon. Il est vrai que leur petit-frère avait toujours été quelqu’un de très pieu et tourné vers les Sept. Cependant, qu’Elbois aille jusqu’à s’inquiéter de la possibilité que le benjamin puisse renier la vie terrestre pour se consacrer à une vie de spirituelle semblait improbable. « Tu penses qu’il veut devenir septon ? Je vais aller le voir… » lâcha-t-elle, sans préserver une once d’étonnement qui se transforma en profonde réflexion. Si on pouvait dire qu’un de la Nouë était quelqu’un de particulièrement sociable, Syméon était le plus réservé de la famille. Alors, Clarysse se demanda si ce n’était pas là une partie de la solution. Se retirer de tout et se consacrer à un amour qui ne la souillerait plus. Puis, elle se demanda si c’était seulement possible. Tant d’émotions l’avaient bouleversée ces derniers mois, pouvait-elle seulement prétendre se consacrer au Sept pleinement ? Son cœur était ailleurs et elle avait goûté à des choses qui, à jamais, fausseront son jugement. Enfin, il y avait le devoir. Elbois était la personne qu’elle connaissait qui avait le plus saisi le sens de ce mot. Qui était-elle pour renier ce qu’elle devait à sa famille ? Une alliance avec les Varnier était le plus beau cadeau qu’elle pouvait offrir à ses frères et à son neveu. Elle arrêta le fil de ses pensées. « Je n’insinue rien… Je veux juste qu’un bout de moi le voit grandir. » Clarysse vouait une affection sans limite à son neveu… Depuis la perte de Gwen, il est vrai que cet amour avait davantage grandi. Une crainte de le perdre lui aussi.

Puis, arrivèrent les questions fatidiques : la véritable raison de sa présence ici. Clarysse ne souhaitait pas inquiéter ce frère envers lequel elle était si reconnaissante. Elle resta blême quelques instants, ne sachant pas quoi lui répondre. Ces secondes de silence semblèrent une éternité. La jeune bieffoise ouvrait et refermait la bouche, prête à donner une réponse convenable. Mais, elle obtenait le même résultat à l’oral qu’à l’écrit. Entre l’honnêteté et les convenances, entre le respect qu’elle ressent pour son frère et l’affection, entre ce qu’elle veut bien s’avouer et ce qu’elle se cache, aucune réponse ne lui monta aux lèvres. Si seulement, au lieu de rêvasser, penser et déprimer, elle avait préparé un discours à sortir en toutes circonstances. Clarysse s’était rarement sentie aussi ridicule.

« Euh… Je… » Puis, elle se rendit compte que l’absence de réponse pouvait renforcer les inquiétudes d’un frère qui avait déjà été si bon pour elle. « Non. Enfin, non ! Ce n’est pas ça. » Elle secoua la tête, son regard se mit de nouveau à fixer le sol. « Ne t’en fais pas… Personne ne pensera quoique ce soit. Ser Ethan a… » Sa voix qui avait commencé sa sentence d’une voix qui s’apparentait à un murmure se brisa lorsqu’elle prononça le nom de son bourreau intérieur. Evoquer Ethan lui rappelait qu’elle devrait retourner auprès de lui et cela pour une existence entière. Ils allaient devoir repartager la couche et elle allait devoir rester à Midburg. Un silence s’installa où Clarysse, fixant toujours la pierre, semblait perdue dans une autre dimension. Elle releva un visage fermé vers son frère : « Je ne me sentais pas bien. Puisqu’il partait dans le Conflans pour le mariage de Sansa Stark et Hoster Nersboc, il a décidé de ne pas courir le risque de me faire faire un tel voyage. Et pour me revigorer, il a lui-même proposé l’idée que je retourne à Herbeval un temps. Il espère que j’irais mieux à son retour. Enfin, je dois aller mieux à son retour… » Puis, elle ajouta d’une voix paniquée. « Mais je te jure, Elbois, je n’ai rien fait de mal et il n’avait pas l’air si en colère que cela ! Je ne nous ai pas déshonoré ! Même notre suzeraine, Daena Tyrell s’est enquérie de ma santé. Je te promets que je n’ai pas été répudiée et je ne jetterais pas le scandale sur la famille ! » Elle termina d’une voix plus calme et presque inaudible. « Je n’étais juste pas très bien… » Elle soupira et frissonna. « Tu as raison, j’ai froid » dit-elle d’un air boudeur. « Allons boire une boisson chaude ! Je veux profiter un peu de toi, tant que tu es là ! Je demanderais à un serviteur de me ramener des chaussures. »

Clarysse décida de vraiment profiter d’Herbeval. Ce château lui avait tant manqué qu’il était aujourd’hui une source de joie et d’espoir.
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