Captive ♦ avec Geneva Bolton

Son visage était douloureux. Tellement douloureux qu’il ressentait de violents élancement quand il venait à s’exprimer ou à mâcher sa nourriture. La balafre rouge sanguinolente lui donnait un certaine charme, mais Ramsay pestait face à la douleur qu’il ressentait au quotidien. Son mestre faisait face à sa rage quand il lui posait des onguents. Ramsay n’avait pas hésité à le faire fouetter la première fois, si bien que l’homme venait en tremblant à chaque fois qu’il se rendait auprès de son maître.
Il était là, sur son lit, le torse nu sculptait par les cicatrices, dont la dernière en date se trouvait en niveau de son flanc. Ramsay jubilait à chaque fois qu’il repensait à la manière dont il avait châtié l’homme qui lui avait causé cela. Sa cruauté s’était alors déversée sur tout le château de Lonlac et à ce jour elle ne connaissait pas son pareil. Ramsay riait quand il se remémorait les pleurs et les cris de la jolie Briony Lake, nièce de lady Geneva, quand Schlingue l’avait violé et ensuite meurtri chaque parcelle de son corps. Son serviteur puant savait s’occuper des femmes et Ramsay aimait le récompenser pour ses méfaits. Il l’accompagnait depuis très longtemps. Schlingue avait connu ses débuts, il avait aiguisé ses sens, il avait décuplé sa cruauté. Comment ne pas être reconnaissant envers son ami ? Cependant, Ramsay n’aimait pas avoir des dettes, il n’aimait pas savoir que Schlingue pouvait avoir l’orgueil de se dire qu’il avait créé Ramsay. Ainsi, l’écorché remettait régulièrement son homme de main à sa place. Actuellement, il lui avait fait fermer sa chambre, l’envoyant en rase campagne avec une dizaine d’homme dans le but de traquer des sauvageons. Ramsay ne voulait pour le moment pas l’avoir auprès de lui et il comptait le priver d’un évènement important, tout cela pour lui montrer qu’il n’était un subalterne. Son mestre était à ses côtés, retirant une bonne fois pour toute les bandages qui recouvraient son visage. On lui présenta un miroir et Ramsay put contempler la cicatrice rouge sur son visage. Bientôt, elle ne sera plus qu’une trace. Une cicatrice qui le rendrait encore plus menaçant.
“Cette chienne de Mormont, elle me le paiera. Elle a eu l’honneur du premier coup, elle ne sait pas ce qui va désormais l’attendre.” Il fit un sourire menaçant à l’intention de son mestre et lui indiqua qu’il pouvait sortir. “Qu’on me fasse couler un bain, qu’on m’apprête de mes plus beaux atours et vous demanderez à lady Geneva Flint d’en faire de même. Ce soir nous dînerons ensemble.”
Lord Bolton prit grand soin à se laver et à se vêtir. Il était habituellement plutôt du genre à la négligence, mais ce soir il devait plaire à la dame qu’il convoitait, bien qu’il en ait cure de son avis sur sa personne. Il fit préparer un bon repas de quoi donner une ambiance beaucoup plus propice à la cour qu’il comptait faire à sa dame.
Quand Ramsay avait vu le visage de lady Geneva il n’avait pas cru sa chance. Il s’était attendu à une femme obèse, marqué par un mariage avec un homme plus vieux qu’elle, mais non, lady Geneva était une beauté blonde et dont le physique était très agréable aux yeux du Bolton. Ses projets envers la jolie veuve étaient clairs, il voulait l’épouser pour assurer sa mainmise sur les terres des Lake et aussi produire des héritiers. Il recherchait une femme, en voilà une à portée et elle était agréable à regarder.

Assis dans la salle à manger des Bolton, Ramsay regardait les victuailles en attendant l’arrivée de la lady. Myranda se trouvait non loin de là, tout comme ceux qui serviront le dîner. Ramsay avait eu la cruauté de mettre sa maîtresse en présence de sa future femme, pour que celle-ci entende la demande en mariage. Il fit un sourire sadique à l’intention de son amante et se leva pour accueillir lady Geneva.
“Lady Geneva. J’espère que vous me pardonnerez mon absence. J’ai préféré vous éviter la vision de mes bandages et vous accueillir à un moment beaucoup plus propice comme celui-ci.” Il se pencha et fit un baise-main à la blonde et il la conduisit à table, lui tirant sa chaise pour l’aider à s’installer. Dans son coin Myranda était en train de devenir rouge de colère, elle n’avait jamais vu Ramsay être aussi galant avec une lady. “Etes-vous bien installé ? Si vous avez le moindre problème, vous pouvez bien entendu m’en faire part. Je serai fort mécontent que mon invitée soit maltraitée.” Il fit un charmant sourire et fit un signe aux serviteurs pour qu’ils remplissent leurs coupes de vin.

Geneva était totalement épuisée. Par la fatigue, par les larmes versées.. Depuis quand n'avait elle pas passée une bonne nuit complète qui l'avait totalement reposée ? Elle ne comptait plus les jours. Depuis la maladie de Brenton, la jeune femme peinait à s'endormir. Ca n'avait pas été en s'arrangeant, non. Il y avait eu le décès de Brenton, l'attaque sur le château, et c'était actuellement surtout ce dernier point qui ôtait à Geneva toute chance de dormir paisiblement. Elle ne savait pas si elle était plus paniquée, ou épuisée. Depuis qu'elle se trouvait à Fort-Terreur, endroit portant diablement bien son nom, cette désagréable sensation de malaise ne la quittait pas. Elle ne savait pas précisément pourquoi elle était là, bien qu'elle se doutait du fait que ce ne soit pas pour prendre du bon temps, et ça la stressait énormément. Rien ici n'était fait pour la rassurer. Les murs semblant froid et humides, l’atmosphère pesante et peu conviviale, la réputation du lieu.. Et ces fenêtres, plutôt semblables à des barreaux la séparant du monde extérieur. Est-ce qu'on les laisserait partir vite, ses fils et elle ? Quand pourrait-elle d'ailleurs retrouver Brandon et Bëor ? Est ce que Lady Mormont se portait bien ? Est ce que Geneva allait bientôt rencontrer le maître des lieux ? Si la réponse à cette dernière question était non, la veuve ne s'en plaindrait pas. Elle ne savait pas encore trop à quoi s'attendre de sa part, alors plus tard elle le rencontrerait, mieux elle se porterait.

Mais son semblant de répit ne pouvait durer bien longtemps. On était venu la voir, afin de lui demander de se laver et de s'apprêter car ce soir, elle dînait avec Lord Ramsay Bolton. L'annonce de cette nouvelle l'avait faite pâlir, et elle avait étrangement perdu tout l'appétit qui la rongeait jusqu'à maintenant. Mais elle ne devait pas se laisser abattre, pas maintenant. Elle irait dîner avec lui, et se tiendrait bien. Elle ferait en sorte de s'attirer le moins de soucis possible, car le fait de se trouver ici était déjà un bien trop gros problème. Ca irait, c'est ce qu'elle devait se dire pour se rassurer. Mais difficile de se rassurer alors qu'on sait que tout est perdu.

Geneva s'était préparée. Elle était propre, coiffée, aussi bien vêtue qu'elle pouvait l'être sans avoir eu accès à cette quantité impressionnante d'habits qu'elle pouvait posséder à Lonlac. Elle était présentable, malgré son regard triste et fatigué. Pour ça, elle ne pouvait malheureusement absolument rien faire. On était venue la chercher, afin de la mener à la salle à manger. Plus la jeune femme avançait, plus elle sentait son estomac se nouer et son coeur battre un peu plus fort à chaque nouveau pas. La peur n'était pas quelque chose auquel Geneva était habituée. L'appréhension oui, certainement, mais la peur c'était quelque chose de totalement différent, et elle espérait ne pas avoir à s'y habituer. Quoi qu'il en soit, elle se trouvait enfin dans la salle à manger, et il ne lui avait fallu que peu de temps pour trouver parmi les personnes présentes son hôte. Il lui fut difficile de ne pas immédiatement détourner son regard, mais ça n'aurait pas été poli de sa part. Elle ne savait pas si son envie de fixer le sol plutôt qu'autre chose venait de la cicatrice s'étendant sur le visage de Lord Bolton, ou bien tout simplement du fait de finalement se trouver en sa présence. Mais elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas paraître encore plus faible qu'elle ne l'était déjà, ce n'était absolument pas une bonne idée. Ce qu'elle devait faire, c'était déjà commencer par répondre au jeune homme, et continuer de se battre contre son envie de partir en courant. « L-Lord Bol-Bolton.. » C'était presque drôle à constater, mais Geneva était certaine que même si elle n'était pas bègue, elle aurait bégayé ce nom. « Bi-Bien sûr, c'est aim-aimable d-de votre part. » Elle avait osé un léger sourire, et s'était laissée guidée jusqu'à la chaise après l'avoir remercié à voix plutôt basse. Eh bien, la blonde ne s'était absolument pas attendue à autant de calme de la part du Lord. Parce qu'il n'était pas vraiment réputé pour sa galanterie, non. Mais elle n'en restait pas moins impressionnée et anxieuse. « Tou-Tout à fait oui ! J-Je.. Ne m-me le per-p-permettrais p-pas, tou-tout est.. P-Parfait, oui. » Elle ne savait pas vraiment comment réagir face à ce sourire. Après tout, lui et ses hommes avaient attaqué Lonlac, réduisant l'endroit à feu et à sang, pour au final ne laisser qu'elle et ses fils en survivants. Peut-être qu'il s'attendait à une réaction de sa part quant à ce sujet ? Mais sans doutes n'était-ce pas vraiment judicieux d'en parler tout de suite et ainsi. Peut-être faudrait-il déjà que Geneva comprenne pourquoi ça s'était passé. Alors après avoir regardé les coupes se remplir de vin, elle avait difficilement relevé la tête vers Lord Bolton. « T-Toutefois je.. J-Je ne peux cesser de me demander la raison de ma p-présence en ces lieux.. ? S-Sans v-vouloir vous of-offenser b-bien sûr, j-je suis juste.. C-Curieuse. » Geneva parlait avec précaution, et réfléchissait à chaque mot qui pouvait sortir de sa bouche. Elle avait aussi de nouveau tenté un sourire, et espérait qu'elle n'avait pas déjà vexé son hôte d'une quelconque manière.

Sa future épouse n’avait en rien la force des nordiennes. Elle était aussi frêle qu’une plume et d’une constitution délicate. Néanmoins, elle était belle, un teint de porcelaine, les joues roses, les cheveux blonds et un grand regard bleus. Tout cela faisait de Geneva Flint, veuve Lake une beauté peu commune dans le Nord. Ramsay savait apprécier la beauté des femmes, même s’il avait déjà mis des laiderons, il préférait nettement une beauté à exhiber aux yeux de tous. Le vieux Brenton Lake avait eu beaucoup de chance de pouvoir déflorer cette petite, mais Ramsay avait au moins l’avantage de savoir que le ventre de cette femme était fécond et qu’il lui rapporterait de beaux héritiers. Il avait vu les deux fils de la veuve, ils étaient beaux, vigoureux, Ramsay en était presque désolé de devoir les éliminer sur le long terme. Pour le moment, ils étaient sous la bonne garde de Damon, ils étaient actuellement encore utile, mais bientôt ils disparaîtront lentement dans les ténèbres de Fort-Terreur.
La lady était face à lui et Ramsay pouvait la contempler à loisir. Lady Geneva était belle, mais quand elle parla enfin, Bolton se rendit compte que les rumeurs concernant son handicap était véridique. La lady bégayait et si Ramsay n’était pas en quête de la main de la blonde il se serait certainement moqué d’elle. Le seigneur de Fort-Terreur ne pouvait pas compromettre ses projets, sa future femme et la future mère de ses enfants se trouvait face à lui.

“ Vous m’en voyez ravie ma lady. “ Ramsay leva la coupe de vin qu’on venait de lui remplir et il but en l’honneur de son invité. “ A vous lady Geneva. “ Il fit alors signe aux serviteurs pour qu’on leur présente les plats et l’homme se servit regardant bien la blonde qui se questionnait sur sa présence en ces lieux. Un petit rire s’échappa des lèvres de Ramsay. Si seulement elle savait. Son pire cauchemar venait tout juste de commencer et il en tenait qu’à elle de sa survie.
“ Vous avez eu beaucoup de chance lady Geneva. Beaucoup de chance que mes hommes interceptent un corbeau. Le message disait que Lonlac subirait un coup d’état de la part de votre beau-frère, qui vous ferez assassiné, ainsi que vos fils. Alors, pour venir à votre secours, avec mes hommes nous avons marchés jusqu’à Lonlac. Quel ne fut pas ma surprise de voir que les Mormont s’étaient alliés à votre beau-frère pour prendre le pouvoir. Par chance, nous les avons vaincu, vous et vos fils êtes en vie, protégez par mes bons soins. Que seriez-vous aujourd’hui lady Geneva si je n’étais pas intervenue ? Vou auriez été violée, massacrée par des hommes qui avaient toute votre confiance et vos fils seraient pendus aux remparts de Lonlac.” Ramsay prit une cuisse de poulet et commença à la manger avec ses doigts, croquant avec avidité dans la chair bien rosée. Décidément son cuisinier s’était surpassé, il devrait le féliciter à la fin de ce repas.
“ Vous n’avez désormais plus à vous inquiéter lady Geneva, je m’occupe de tout, je serai votre protecteur et je prendrais bien entendu soin de vos fils pour qu’ils puissent un jour hériter du château de leur père.” Il sourit et contempla la jeune femme. “Comment trouvez-vous ce poulet ? N’est-il pas merveilleusement bien cuisiné ? “ Ramsay fit de nouveau signe à un serviteur pour qu’il remplisse sa coupe de vin. L’homme était curieux de voir comment la jeune femme allait réagir face à la fable qu’il venait de lui compter. Allait-elle être raisonnable et le suivre pour survivre ou allait-elle se comporter avec bêtise et ainsi compromettre ses chances de survie.

 Geneva ne pouvait s'empêcher de jeter quelques coups d'oeil autour d'elle. C'était un endroit qu'elle ne connaissait absolument pas, et elle ne savait pas durant combien de temps elle allait devoir ici, mais autant qu'elle se fasse un minimum aux lieux C'était toujours mieux.Mais elle n'osait pas détourner le regard de son hôte trop longtemps. Elle n'osait pas non plus observer trop longtemps sa cicatrice, déjà parce que ça pouvait être vexant, et ensuite parce que ça avait quelque chose d'assez effrayant. Alors elle alternait entre l'entièreté de la salle et les yeux de son interlocuteur. Elle essayait aussi tant bien que mal de garder un léger sourire accroché aux lèvres, ce qu'elle était plutôt habituée à faire. Elle n'était cependant pas habituée à le faire alors qu'elle n'en n'avait aucune envie. Peut-être que le vin qu'elle venait de commencer à boire l'aiderait un peu, bien qu'elle avait de gros doutes. Autant essayer de voir le bon côté des choses, malgré son manque d'appétit les plats qui apparurent devant ses yeux avaient l'air tout à fait corrects, voir mieux. Elle aurait bien voulu les contempler un peu plus longtemps, mais son attention s'était reportée sur Lord Bolton dès qu'elle l'entendit rire. La blonde tenta tant bien que mal de cacher son incompréhension derrière une nouvelle gorgée de vin. Elle avait écouté le Lord s'exprimer, et sa confusion ne fit que grandir un peu plus. Daryn aurait osé faire ça ? Non, elle ne pouvait pas y croire. C'était un homme bon, elle le savait. Il avait jurer de veiller sur ses fils et elle. Quant aux Mormont, c'était encore plus difficile à croire. Il s'agissait de bons amis de Brenton, ils n'auraient pas oser lui manquer de respect à ce point ? C'était tout simplement invraisemblable, et Geneva ne savait plus quoi penser. Et s'il ne s'agissait pas d'un mensonge ? C'était peu probable, mais si ce n'était pas le cas ? Cet homme lui faisant face serait-il vraiment son sauveur ?

Non, impossible. Elle avait beau essayer, la blonde ne parvenait pas à y croire. Quelque chose n'allait pas, et elle ne savait pas encore quoi. Cependant, elle sentait au ton des paroles de l'homme qu'elle avait peut-être bien tout intérêt à le croire et à lui donner raison. Peut-être que ça rendrait les choses plus faciles, qu'elle pourrait partir d'ici plus tôt. « D-Daryn aurait osé.. ? C'est.. D-D-Difficile à c-croire, m-moi qui pensais l-le connaître.. Prévoir c-ceci, j-juste après l-l-la mort de s-s-son propre f-frère C-C'est affr-affreux.. » Si bien qu'elle n'avais jusqu'ici pas encore touché à la nourriture qui lui était présentée. Elle avait fini par le faire en s'en rendant compte, mangeant doucement et lentement malgré la sensation de malaise qu'avaient instauré en elle les paroles de son hôte. « J-Je me dois a-alors de vous re-r-remercier, infiniment... » Même si l'envie n'y était pas particulièrement. Il ne restait plus grand chose du château du père de ses enfants, malheureusement. En se remémorant ce fait, le regard de la blonde se perdit un moment dans le vide. Elle avait senti ses mains trembloter, un moment. Il ne restait plus rien du château, endroit qu'elle avait pourtant adoré, où elle avait passé de si bons moments en compagnie de son défunt époux. Pourrait-elle un jour oublier ces années heureuses vécues avec Brenton ? Non, jamais. Mais la veuve fut tirée de ses pensées par la question qui sortir de la bouche du Lord. Le poulet, elle l'avait presque oublié. Mais un léger sourire orna de nouveau la bouche de Geneva, et elle hocha doucement la tête. « I-Il est e-ex-excellent L-Lord Bolton, t-t-tout à fait.. ! Cel-Cela fait du b-b-bien, de manger un aussi b-bon r-re-repas. » Et elle ne mentait pas. L'appétit avait beau l'avoir quitté quelque peu avant sa rencontre avec Lord Bolton, ça n'avait été que mental et en y ayant goûté, elle n'avait pu résister bien longtemps à la saveur de la nourriture.

La fable de Ramsay allait bientôt être connue dans tout le Nord. L’homme avait veillé pour le moment à ce que les évènements de Lonlac soient ignorés de tous, mais bientôt il allait devoir faire face aux questions. Si seulement lady Maege Mormont avait été absente des lieux, au moins, il aurait pu se passer d’une prisonnière si dérangeante, mais il n’avait pas le choix. Pour le moment, il n’avait pas reçu d’interrogation concernant le sort de l’Ours. Ramsay ne savait même pas si elle avait mis au courant son entourage qu’elle se rendait à Lonlac pour le deuil du seigneur des lieux. En tout cas, pour le moment, le seigneur de Fort-Terreur était dans l’attente du retour des nordiens qui étaient tous en train de festoyer aux noces de lady Sansa.
Maintenant qu’il était soigné, Ramsay pouvait reprendre les choses en main et il devait dès à présent se préparer et préparer lady Geneva pour ses futures noces. La veuve ne savait toujours pas qu’elle allait prendre Ramsay pour mari et ce soir, elle apprendrait l’heureuse nouvelle. Bolton avait hâte de voir son regard à cet instant. Il n’utiliserait aucune censure quant à ses intentions, il ne prendrait aucune pincette auprès de la jeune femme. C’était telle préparé à un tel instant ? Probablement pas. La belle lady aux cheveux blonds semblait jouer le jeu. Elle écouta l’histoire de Ramsay, elle semblait avoir du mal à croire en cette tromperie, pourtant, elle ne l’avoua pas devant le seigneur des lieux où elle fit preuve d’une grande naïveté.

“ On ne connait jamais assez son prochain. Il vous a vu là seule, à pleurer votre mari. Il vous a conté des fables, vous a certainement apporté son soutien, tout comme sa fille, mais dans votre dos il était en train de fomenter le plus terrible des complots. Je suis navré de vous révéler tout cela, mais vous avez été trompé. Si je n’étais pas intervenu, vos fils et vous même seriez morts.” Il prit une mine désolé et une lueur de tristesse apparut dans ses yeux aussi éclatants que des gemmes. “ Heureusement, vous êtes en sécurité à Fort-Terreur. Ce château est puissant, il fut l’un dernier à tomber dans le Nord au moment de la conquête.” Il continua de regarder la lady. Son visage était presque angélique. Quand lady Geneva serait entre ses mains il prendrait garde à ne point lui ôter cette beauté. Il en aurait besoin pour convaincre les Stark, tout comme de l’innocence qu’elle dégageait dans le regard. La blonde devrait être préservée comme elle l’était en ce jour et Ramsay y veillerait. “Votre gratitude ravit mon coeur lady Geneva.” Il inclina le visage et envoya un sourire charmeur à l’intention de la lady.
Ils étaient en train de manger le repas qu’il avait fait demander. Ramsay était même enchanté de la voir manger. Entre quelques compliments à l’intention du cuisinier du château, il révéla enfin son terrible projet.
“ Bien, tant mieux qu’il vous plaise, j’avais l’intention de le faire préparer pour notre mariage.” Il ancra son regard sombre dans celui de la lady, attendant toute réaction de sa part.

Geneva ne savait pas ce qui l'attendait, mais elle sentait qu'il aurait été préférable pour elle que Lonlac ne tombe pas. C'était évident. Elle aurait aimé ne pas avoir à voir les flammes, les corps.. Elle aurait aimé se savoir en sécurité, et aurait aimé voir ses enfants près d'elle. Mais surtout, elle aurait aimé ne pas avoir à entendre ces choses qui, d'après elle, ne pouvaient tout simplement pas être véridiques. C'était totalement absurde, mais il était difficile de faire comme si ça ne l'était pas. Elle n'avait pas vraiment le choix, pourtant. Enfin si, elle l'avait, mais elle sentait qu'elle s'avancerait sur un chemin dangereux si jamais elle n'allait pas dans le sens de son hôte. Elle n'avait jamais été du genre à aimer les chemins dangereux, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait commencer à le faire.

« Vous av-avez tr-tr-très certainement r-raison.. ! C'est v-v-vraiment hon-honteux de sa part.. V-Vous.. Pensez r-réellement que sa fille é-était au courant de c-ce qu'il ma.. Manigançait.. ? Je suis.. V-vraiment soulagée de votre int-int-intervention... Je ne s-saurai jamais suffisamment vous remercier.. »  et ça l'inquiétait un peu. Elle n'avait plus rien à donner à Lord Bolton pour le remercier, si ce n'était sa gratitude. Et s'il l'avait réellement sauvée, c'était un peu peu. « I-Il en a l-l'air, oui.. C-C'est ce que j'ai entend-entendu d-d-dire ! »  Mais Geneva se sentait tout sauf en sécurité, ici. Ce n'était pas un endroit rassurant, loin de là. Et elle se sentait plutôt en danger, mais en danger de quoi précisément ? Elle ne le savait pas, ce qui rendait le tout un peu plus effrayant. Elle avait souri à l'homme lui faisant face, un sourire doux et aimable, pour répondre à celui qu'il lui avait fait.  Elle avait attendu un certain moment avant de recommencer à manger ce fameux poulet. Jusqu'à entendre le reste de ce qu'il avait à lui dire.

Au début, Geneva n'avait pas vraiment compris, et avait continué de manger tranquillement. Mais une fois que l'information monta enfin jusqu'à son cerveau, elle manqua de s'étouffer avec la nourriture. Son regard était remonté jusqu'à celui de Lord Bolton, et elle avait un peu pâlit. « N-N-Notre mariage.. ? » Elle n'avait aucune idée de ce dont il était en train de parler, mais c'était plutôt inquiétant. « No-Nous.. allons n-nous marier.. ? J-Je.. Ne s-savais p-p-pas.. » Ca non, elle ne le savait pas. Ce n'était pas prévu, et elle ne comprenait pas encore pourquoi c'était censé arriver.

“ Ma dame, je suis peiné de vous attrister à ce point. Ce sont des personnes en qui vous pensiez avoir confiance, mais oui, même sa fille. La pourriture prend parfois dès la racines, ne l’oubliez jamais. “ Il se pencha et prit sa main dans un geste tendre, puis il la retira pour retourner auprès de son poulet qu’il était en train de déguster. “ Mais je vous prie de ne plus vous inquiéter, je m’occupe de tout désormais. “ Il sourit à l’intention de la belle lady et continua de manger comme si de rien n’était alors qu’il voulait annoncer quelque chose de très important.
La demande en mariage de Ramsay n’était pas la plus élégante. Il la déclara la plus naturellement possible, comme s’il venait de demander à Geneva de lui tendre le sel. L’homme n’avait eu aucun tact et il put rapidement percevoir la surprise de la lady qui devait se demander si elle avait bien entendu. Il n’y eut aucun jet de céramique de la part de la blonde et encore moins d’insultes. Cela était bon, la lady était docile et Ramsay n’aurait guère besoin de beaucoup la dresser.
“ Oui notre mariage. Vous ne pensiez tout de même pas que j’allais vous sauver sans compensation. Vous êtes veuve et je vais donc administrer les terres des Lake au nom de vos fils. Ainsi, vous ne risquez plus rien.” Il posa ses couverts et son poulet et se leva pour se diriger vers la lady. Il glissa sur le sol comme s’il portait des patins et fut rapidement derrière la jeune femme. Il lui caressa ses beaux cheveux. “ Je saurai prendre soin de vous Geneva, mais vous devez vous montrer gentille avec moi. Sinon…” Il marqua un temps d’arrêt et déposa un baiser à la commissure de ses lèvres. “ Sinon, je pourrais très bien être très méchant.” Il fit glisser sa main droite dans sa poche et un sortie un charmant collier de gemmes qui avait autrefois appartenu à la précédente lady Bolton. Les pierres étaient d’un rouge sombre et correspondaient bien aux couleur de la maison Bolton. “ En gage de mon amour pour vous.” Il montra le collier à la lady et lui mit autour du cou. “ Vous êtes absolument magnifique. Nos enfants seront beaux, j’en suis fort content.” Il déposa de nouveau un baiser rapide sur la joue de la lady et fit le tour de la table. “Damon va chercher mon autre surprise !” Il retourna s’installer à table et se servit lui même une coupe de vin. Il fit signe à Myranda pour qu’elle serve de son côté Geneva. Sa maîtresse lui envoya un regard noir, ce que Ramsay lui renvoya en retour. Il lui avait interdit de faire des vagues et elle savait où elle allait finir si elle lui désobéissait. Myranda avait toutes les armes entre les mains, à elle de se tenir correctement. L’attention de Ramsay se reporta sur sa future Même si son bégaiement était des plus insupportables, il aimait voir sa proie en position de faiblesse, se délectant de son malheur.

Est-ce que l'homme lui faisant face avait réellement l'air peiné ? Une bonne question à laquelle Geneva n'était pas en mesure de répondre. Elle était de toute manière bien trop perturbée pour parvenir à réfléchir convenablement. Elle s'était abstenue de répondre pour le moment, à la fois perdue et de plus en plus anxieuse. Que se passait-il réellement ? Le poulet avait beau être délicieux, ça ne suffirait pas à l'aider à se détendre pour le moment. La blonde était tout de même parvenue à sourire poliment, peinant à ne pas baisser la tête.

Néanmoins, il aurait été difficile de garder le sourire suite à cette annonce des plus inattendues, et tout aussi improbable. Cacher son incompréhension fut, cette fois, impossible. Elle aurait du s'en douter, oui. Elle se sentait stupide, d'un coup. Réellement stupide de ne pas avoir pu songer une seule seconde à cette éventualité. Elle savait que l'avenir de lui réserverait rien de bon après la mort de son époux, mais elle aurait préférée que les choses se déroulent d'une autre manière.  « M-M-Mais.. » Elle s'arrêta en le voyant se lever, et posa rapidement ses couverts. Cette fois elle n'arrivait pas à le quitter des yeux, mais était figée sur la chaise, comme pétrifiée. Elle avait l'impression que tout se passait un peu trop rapidement, et elle sentait la panique monter en elle.  « J-Je vous a-ass-assure que je ne vous p-poserai aucun pr-pr-problème, L-Lord Bolt-B-Bolton.. » Ce n'était effectivement pas dans son intérêt, non. Suite à la menace, Geneva avait senti ses yeux s'emplir de larmes, larmes qu'elle tentait tant bien que mal de s'empêcher de couler le long de ses joues pâles. La vue du collier, pourtant magnifique, lui évoqua plutôt une chaîne dont elle ne pourrait se défaire, et elle déglutit en sentant Ramsay le placer autour de son cou.  « J-Je vous r-r-rem.. »  Cette fois, les larmes finirent par couler quant elle comprit complètement.  « N-Nos en-enfants ?! J-Je.. J-J-J'ai b-bien.. Bien gr-gr-grande difficulté à m-mettre des enf-enfants au m-m-m-monde v-vous s-sa-savez.. ? » C'était vrai, la moindre difficulté durant les grossesses de Geneva était mauvais signe pour la vie de l'enfant. De plus, l'idée d'avoir un enfant avec cet homme qu'elle ne connaissait à peine, et dont elle n'avait aucun doute quant au fait qu'il soit à la haut de sa réputation, la mettait dans un état de panique qu'elle n'avait jusqu'ici jamais connu.

L'annonce de la nouvelle surprise du maître des lieux n'avait rien de rassurant non plus. Geneva s'était un peu tournée en direction de la jeune femme près d'elle, un air de détresse dans le regard, mais avait bien compris que ça ne servait à rien et que cette femme ne lui serait d'aucune aide. Geneva avait peur, et ne savait pas comment elle pourrait se sortir de cette horrible situation, s'il était au monde possible d'en sortir. « P-P-Pourquoi m-m-moi.. ? Les L-L-L..Lake et les F-Fl-Flint ne vous o-ont jamais im-i-importuné.. » Cette fois, Geneva fuyait le regard de celui qui était désormais son futur époux ainsi que le geôlier le plus effrayant qui soit.

On se trouvait très éloigné des récits de preux chevaliers faisant la cour à leur noble dame. Ici, ce n’était pas le noble chevalier qui avait remporté la partie, mais le méchant. L’enlèvement avait été parfait, emprunt d’une profonde cruauté. Si Ramsay devait écrire l’histoire de sa vie, il était certain qu’il consacrerait un long chapitre sur la prise de Lonlac et l’enlèvement de sa future épouse. Pour sûr que dans cette histoire, la belle enlevée serait amoureuse et dévouée à son ravisseur. De même qu’il était certain que dans cette même histoire elle donnerait des fils forts et vigoureux à son mari. Ramsay était sûr de lui, cette histoire ne pouvait pas se dérouler autrement. Il n’y avait aucune preuve l’incriminant, si ce n’est les prisonniers se trouvant dans ses cachots et encore, d’ici le retour des Stark, il aurait certainement conclut un pacte avec la mère des Ours. Cela ne se déroulera pas autrement.
De la plus noble des façon, il avait annoncé à Geneva Lake qu’il allait la prendre pour épouse. Bien entendu, Ramsay ne s’attendait pas à voir sa joie transparaître, non, il préférait nettement voir sa surprise et sa douleur. Il se délectait de la peine de la jeune femme qui lui insufflait sa délectation.

“ Je comptais bien sur votre dévouement ma douce.” Il souriait quand sa future femme lui annonçait qu’elle ne lui causerait aucun problème. Après tout que pouvait-elle faire ? Il avait ses enfants entre les mains et elle était certainement bien trop faible pour se défendre face à lui.
Il lui avait offert un beau présent, un magnifique collier qui avait appartenu autrefois à la précédente lady Bolton. Geneva le remercia, mais Ramsay vit bien sa détresse et également ses larmes qui commençaient à couler.
“ J’espère que vous pleurez de bonheur ma douce. Je serai fort contrarié de vous causer la moindre détresse. Je ne souhaite que votre bonheur et votre sécurité ne l’oubliez pas.” Contrarié il le fut intérieurement quand il évoqua avec elle les futurs enfants qu’elle allait lui donner. Elle lui avoua qu’elle avait beaucoup de mal à avoir des enfants. Ramsay balaya cette idée en repensant aux deux garçons qui étaient prisonniers de l’une des tours du château. Un garçon, ou deux, c’était tout ce qu’il lui fallait pour perpétuer de nouveau la lignée des Bolton.
“ Votre précédent mari devait être guère performant. Ne vous inquiétez pas, je suis tout à fait en mesure de vous rendre à nouveau mère. “ Il sourit en pensant à la perspective d’avoir cette délicieuse beauté dans son lit. Lady Geneva était belle, c’était indéniable et Ramsay serait ravi de cueillir cette ravissante fleur.
Puis vint la question fatidique. Pourquoi les Lake et les Flint. Ces mots bégayés firent rire le seigneur de Fort-Terreur, tellement ils lui paraissaient ridicule.
“ Ma chère, vous étiez juste au mauvais endroit, au mauvais moment, mais soyez heureuse, je vous ais protégé de votre beau-frère. Auriez-vous préféré mourir là-bas ? Ainsi que vos fils ? “ Il la regarda de ses yeux inquisiteurs, cherchant à sonder l’âme de la jeune femme, puis, il entendit la porte s’ouvrir, laissant Damon entrer en compagnie de deux jeunes enfants. Les fils de la lady. Son homme de main tenait les garçons fermement. Ramsay se leva et se dirigea vers eux et il prit le plus petit dans ses bras et l’autre par la main pour les conduire vers leur mère.
“ Voilà de bien beaux garçons ma douce. Il aurait été dommage de laisser leur oncle leur faire du mal. “ Il sourit et déposa un baiser sur la joue du petit. “Mes chers enfants, maman va vous annoncer une très bonne nouvelle. N’est-ce pas ma douce ? “ Il fit son sourire le plus jovial et déposa l’enfant sur les genoux de sa mère et il caressa le sommet du crâne du plus grand.

Geneva avait actuellement l'impression qu'elle ferait mieux de cesser de parler, et de se contenter de hocher la tête en souriant, comme elle le faisait souvent lors d'événement tels que de banquets où elle avait à voir d'autres gens. Elle qui pensait jusqu'ici que les banquets étaient les pires endroits où elle pouvait se trouver, elle s'était bien trompée. Rien n'était pire que d'être là où on n'a pas la possibilité de dire ce qu'on veut, et où on a à pitoyablement mentir pour être certain de ne pas avoir d'ennuis. Ca devenait de plus en plus compliqué, mais elle devait le faire.

« M-Mon dévouement est.. É-Évident, L-Lord B-Bolton.. » La blonde avait tenté un léger sourire, tentant tant bien que mal de faire en sorte qu'il paraisse naturel et non pas crispé, bien qu'elle sentait que c'était peine perdu. Elle avait aussi cligné plusieurs fois des yeux, espérant faire disparaître ces larmes qui avaient suscité cette nouvelle remarque qui lui avait donné des frissons de terreur. « Bien s-s-sûr ! J-Je ne s-saurais jamais su-suffisamment v-vous remercier, v-v-votre b-b-bonté me t-touche réellement.. »

Le dire aidait peut-être un peu Geneva à faussement y croire et se détendre un peu. De cette manière, elle n'avait pratiquement pas physiquement réagi aux paroles de Ramsay qui avaient manqué de la faire se replier un peu sur elle-même. Qu'on puisse émettre des paroles aussi désobligeantes à l'égard de son pauvre défunt mari la rendait vraiment triste. Elle tairait le fait que Brenton avait toujours été doux et patient avec elle, pour aller dans le sens du maître des lieux. « V-Vous avez c-certainement r-r-r-raison, il se faisait â-âgé.. J-Je n'ai.. Ab-absolument aucun d-d-doute quant à c-ce sujet.. » Geneva commençait déjà à abandonner l'idée de s'opposer à quoi que ce soit. Elle avait encore un peu souri en regardant Lord Bolton. Toutefois, son rire ne manqua pas de la faire sursauter. « N-Non, bien s-sûr que non, par-pardonnez ma.. S-Stupide qu-question.. L-La fatigue m-m-me fait bien dire n-n'importe quoi. »

Surtout qu'imaginer qu'on ait pu faire du mal à ses fils l'inquiétait énormément. Alors lorsqu'elle les vit entrer dans la pièce, accompagnés d'un des hommes de Ramsay, heureusement qu'elle était assise car dans le cas contraire, ses jambes auraient certainement défailli. Un soupir de soulagement lui échappa quand elle put constater qu'ils semblaient aller bien, et elle sécha rapidement ce qui lui restait de larme dans les yeux. Elle ne voulait pas les inquiéter non, c'était son rôle de les rassurer et de faire en sorte qu'ils ne se sentent pas menacés, même s'ils l'étaient probablement.

« J-Je suis persuadé qu-que les notres seront t-tout aussi b-b-beaux, L-Lord B-Bo-Bolton.. » Si tant bien est que Geneva réussissait à survivre jusque là. Elle serra Bëor contre elle dès qu'elle le put, et tenta d'offrir un sourire rassurant au plus âgé de ses deux fils. « T-Tout à f-f-fait.. ! M-Mes enfants, j'ai la joie d-d-d-de vous annoncer qu-que n-n-nous allons rester i-ici.. N-Nous so-sommes en sécurité, à l-l-l'abris des g-g-gens t-t-tels que.. Tels que v-votre oncle qu-qui a voulu.. V-Voulu nous faire du mal et s-se dé-débarrasser de nous. » Geneva voulait faire en sorte que ses fils y croient totalement, qu'ils puissent se sentir réellement en sécurité. « D-De p-plus.. L-Lord R-Ramsay m-m'a fait l'h-honneur de me d-demander m-ma main, c-ce qu-que j-j-j'acceptre b-b-bien évidemment ! I-Il n-nous a sauvé de l-l'attaque de D-Daryn, c-c'est la moindre des ch-choses p-p-pour le remercier. J'entend d-d-donc bien s-s-sûr que vous so-soyez sa-sages et respectueux envers l-lui.. S-S'il vous demande de faire qu-quelque chose, vous l-lui obéissez, c'est p-p-promis ? »

Elle avait ponctué sa phrase d'un baiser sur le front de chaque enfant, souriant un peu en les entendant timidement mais poliment remercier Lord Bolton. Au moins, elle était certaine qu'ils ne seront pas un souci pour leur hôte. Du moins, elle l'espérait de tout coeur. Elle ferait absolument tout ce qui était en son possible pour que ses fils soit heureux mais surtout loin de tout danger.

Serait-elle vraiment dévouée ? Oh Ramsay était certain que le coeur de lady Geneva voudrait se rebeller, mais il doutait fortement du courage de la lady aux cheveux blonds. Elle était frêle, fragile et tout cela était renforcé par son bégaiement qui était assez insupportable pour les oreilles de l’écorcheur. Heureusement, Geneva était jolie et ce charmant visage parvenait à effacer cet handicap. Ramsay le savait, sa future épouse ne lui serait jamais dévouée, mais elle lui serait soumise, totalement à sa merci, parce qu’elle savait qu’à tout moment elle pouvait perdre ses fils. Quand il voyait ce beau visage de porcelaine face à lui, Ramsay ressentait un doux sentiment de puissance. Il avait une nouvelle fois réussie à avoir ce qu’il souhaitait. Quand il était en quête d’une épouse les portes du Nord s’étaient refermées sur lui, mais Ramsay avait fini par trouver celle qui deviendrait lady Bolton. Certes, il l’avait enlevé, mais prendre les armes pour conquérir une dame n’était-il pas un acte chevaleresque ? La force était sa joie et voir Geneva contrainte de rester à ses côtés était un réel enchantement pour l’écorcheur. Ce qui était d’ailleurs encore plus amusant, c’était que personne ne pouvait rien faire pour elle, sauf peut-être les Flint, mais Ramsay s’empresserait de demander à son épouse de leur écrire son bonheur pour pouvoir en faire de nouveaux alliés. Cependant, si sa belle-famille ne voulait pas lui donner son bon sentiment, Ramsay les contraindrait comme il le faisait actuellement avec Geneva.

“ Vos paroles me comblent de bonheur douce Geneva. Jamais je n’aurai pensé en portant secours à votre maison que je découvrirais une gemme précieuse telle que vous.” Elle était en effet le genre de femme qu’il lui fallait, une femme qui ne lui tiendrait pas tête et qui saurait où se trouvait sa place, c’est à dire derrière lui. Il s’en lasserait peut-être, cela était certain, mais pour le moment, Ramsay se disait que cette épouse serait très bien à ses côtés. Puis, si Geneva tenait à avoir la vie sauve, elle avait tout intérêt à lui donner des héritiers, comme elle l’avait fait avec lord Lake.
“ Ne vous inquiétez pas, avec moi, vous connaîtrez de nouveau le bonheur conjugal et celui de la maternité. Il me tarde d’avoir des enfants et je suis heureux que vous soyez leur mère.” Il noyait la lady dans des paroles pleines de mièvrerie qui ne lui correspondaient. Ramsay voyait dans son regard que la blonde avait peur, elle n’avait certainement pas été préparé à vivre une telle situation. Qui était préparé à subir la captivité et à devoir tout faire pour préserver sa vie ? Pas cette femme en tout cas, il voyait qu’elle avait vécu dans la douceur d’un cocon et que jamais elle avait été confronté à la tromperie et à la dureté des ambitions des hommes.

La cruauté de Ramsay était toujours présente quand il fit conduire à la mère ses deux enfants. Ils étaient jeunes et eux aussi subissaient la captivité, gardés dans l’une des tours de Fort-Terreur, ils étaient sous la bonne garde de Damon. Ramsay avait déjà été les voir quelques fois pour les familiariser avec sa personne. Il s’était montré gentil, leur donnant des jouets, trompant ainsi ces êtres innocents qu’il désirait plus que tout voir mort. Ils étaient beaux et naïvement, il espérait bien que Geneva serait capable de lui procurer les mêmes héritiers.
Il conduisit les enfants jusqu’à leur mère, prenant le plus jeune dans ses bras, alors qu’il le verrait bien être dévoré par sa meute de chien. Leur innocence ne l’ébranlait pas. Il n’avait pas de coeur, aucun remord. Il joua la parfaite comédie, déposant un baiser sur l’un des enfants, comme un bon père l’aurait fait. Il serait leur père prochainement. Ils n’en avaient pas encore conscience, mais Ramsay demanda à la mère de leur dévoiler la vérité, ainsi que son bonheur mensonger.

“ Bien sûr qu’ils seront sages avec leur nouveau père et nous serons ensemble heureux.” Il fit un sourire hypocrite à l’intention de sa future épouse et des enfants. “ Mon devoir est maintenant de vous protéger et de faire de toi Brandon le future lord Lake. En attendant que tu sois assez grand je vais protéger tes terres.” Il contourna la table et laissa la mère avec ses enfants. “ Cependant ma douce, nous allons devoir protéger notre bonheur de ceux qui vont vouloir nous l’enlever. Bientôt les Stark vont être de retour et ils vont vouloir savoir la vérité. Je compte sur vous pour leur dire ce qui s’est réellement passé. Il en va de votre sécurité et de celle de Brandon et Beör.” Il insista bien sur les prénoms des enfants, montrant qu’il serait une menace pour les deux enfants si la mère venait à faire un faux pas.

Ce qui était amusant, c'est que la blonde n'avait maintenant pratiquement aucun doute quant au fait que le jeune homme lui faisant face voyait clair dans son jeu, et savait que Geneva ne faisait que semblant d'accepter ce qu'il lui disait. Mais pour le moment, il n'avait pas l'air de particulièrement lui en tenir rigueur. Ainsi, tout ceci ne serait qu'un jeu pour lui ? Sans doutes. Sans doutes qu'il s'agissait de quelqu'un de calculateur et manipulateur, et Geneva se sentait stupide pour ne pas s'en être directement rendue compte, pour avoir un tant soi peu espéré que la bonté de cet homme soit réelle, bien qu'inattendue. Probablement aussi qu'il savait bien que Geneva ne lui poserait aucun problème. Elle l'espérait, ce serait plus simple pour elle. Car c'était vrai, elle ne voulait pas lui causer de souci car elle n'avait aucune envie d'avoir elle même des problèmes.

« J-J'en suis r-r-r-ravie ! Vous.. Vous êtes b-bien généreux. J-J-Je vous remercie pour ce compliment.. » Est-ce qu'elle lui plaisait réellement ? Au moins un peu ? Ceci, la bègue n'en n'avait pas la moindre idée. Elle trouverait ça curieux. Qu'un homme comme lui puisse avoir une quelconque attirance envers elle. Enfin bon, elle ne se leurrait pas trop. Comme il le confirmait actuellement, elle comprenait pourquoi il pouvait vouloir un héritier. Bien que cette idée l'inquiétait toujours autant. « O-Oh.. ? J-Je.. Vous en s-s-suis déjà reconnaissante, Lord Bolton. J-J-Je suis certaine que n-n-nos enf-enfants seront p-p-p-parfaits !  » Pour ça, il n'y avait pas de raison que ce ne soit pas le cas, si ces enfants venaient à voir le jour. Le plus tardivement possible, Geneva l'espérait. Bien qu'elle sentait qu'elle aurait du mal à garder ce masque  fragile de femme dévouée. C'était déjà épuisant, combien de temps pourrait-elle tenir ?

Peut-être un peu plus longtemps que prévu, si Geneva avait droit à voir ses fils régulièrement. Elle ne savais pas si elle aurait le droit de les voir souvent, mais rien que le fait de les voir maintenant la faisait un peu espérer. Et l'espoir était tout ce dont la blonde avait besoin pour le moment. Elle parvenait à sourire, ce qu'elle n'aurait pas pensé possible en début de soirée. Même si son sourire était probablement aussi honnête que celui de Lord Bolton. Elle avait vu son fils le plus âgé acquiescer, déjà bien sérieux et intelligent pour son âge. Il était si mignon. Mais l'attention de Geneva se reporta rapidement sur son hôte, faisant remonter en elle une certaine anxiété. « Q-Qui o-o-oserait.. ? Je.. B-Bien sûr. J-Je peux vous assurer qu-qu-que je serai p-p-p-plus qu'honnête a-avec eux.. J-Je s-s-s-sais qu'il c-comprendront bien que v-v-vous avez été généreux d-d-de nous venir en a-aide après c-cette attaque f-f-f-fourbe de m-m.. De D-Daryn, V-V-Vous pouvez me fa-faire confiance.. »   Bien sûr, qu'il le pouvait. Geneva n'avait eu aucun mal à comprendre la menace de Lord Bolton, et bien qu'elle s'était sentie envahie de tremblements, elle savait qu'elle devait lui donner la confirmation de la fausse honnêteté dont elle ferait preuve avec les Stark. Jamais elle ne risquerait la vie de ses fils qu'elle aimait tant.

Il avait une lignée à perpétuer et c’était bien là son plus grand devoir. Son père avait été incapable avec ses épouses d’avoir une progéniture nombreuse, en dehors d’un fils trop faible et d’un autre bâtard. Ramsay ferait les choses différemment, il assurerait le nom des Bolton en ayant de nombreux fils et il les ferait avec une épouse digne de ce nom. Geneva Lake, épouse Flint, avait la beauté des traits, un ventre fertile et c’était bien suffisant pour satisfaire Ramsay. En plus, elle amenait sous le giron des Écorcheurs les terres des Lake que Ramsay allait s’empresser de rendre rentable pour lui. Il reconstruira l’ancien château en améliorant ses défenses et tout cela, sans que personne intervienne pour le contrer. Après son coup d’éclat, il avait bien l’intention de contacter ses amis comme les Locke pour assurer avec ces derniers une alliance perpétuelle. Ramsay avait besoin d’alliés face aux Stark et aux Mormont et il comptait bien prospecter parmi les nombreux ennemis des Loups.

“ Nos enfants seront parfaits en effet et je vous assure de vous rendre heureuse, bien plus que votre précédent mari, mais vous devrez me rendre heureux Geneva. Etes-vous prête pour cela ?” C’était une question, mais qui n’en était pas réellement une. Sa future femme allait devoir tout faire pour le combler et le rendre heureux. Cependant, c’était certain que Geneva ne s’attendait pas à un bonheur tel que Ramsay l’entendait. Ramsay avait quant à lui offert un bijou à la jeune femme, lui mettant autour du cou, telle une chaîne dont elle ne pourrait jamais se défaire. En la regardant mentir de la pire des manières, il souriait. Il avait hâte de pouvoir l’honorer et de répondre au devoir sacré du mariage. Il était ravi, parce que bientôt, après Fort-Terreur, après ses serviteurs, après Lonlac, il aurait cette femme rien que pour lui.
Il lui avait amené ses enfants. Ramsay savait que les mères pouvaient se montrer d’une incroyable faiblesse quand on leur mettait sous le nez leur progéniture. Geneva avait deux fils en pleine forme, ils étaient la preuve de sa fertilité et aussi, ils étaient les clés qui conduiraient leur mère à l’obéissance. Si elle venait à faire le contraire de ce que son mari lui demanderait, il utiliserait ses enfants contre elle. Un sourire hypocrite sur le visage, il acquiesça en voyant les enfants se montrer obéissants. Ainsi, ils avaient un bon instinct de survie. C’était bien. La mère de famille lui assura ensuite qu’elle tiendrait le même discours que lui. Le sourire cruel de Ramsay redoubla.
“ C’est tout ce que j’attends de vous lady Geneva.” Il se leva et fit de nouveau le tour de la table, il caressa les cheveux du petit Beör et se tourna vers Damon. “ Maintenant les enfants, vous allez retourner dans votre chambre, avec votre mère, nous devons parler de choses très importantes.” Les enfants firent un regard implorant envers leur mère, mais ils restèrent raisonnable et finirent par suivre Damon. Une fois qu’ils aient quitté la pièce, Ramsay se tourna vers sa future femme et lui caressa une boucle de ses cheveux.
“ Vous devrez être la plus belle, la plus heureuse et la plus souriante des épouses à notre mariage. Il aura lieu à la tombée de la nuit, sous le grand barral de la maison Bolton et ensuite aura lieu un banquet. Nos voisins seront présents pour assister à la noce et vous devez jouer votre rôle à la perfection.” Sa main quitta la boucle pour dévier vers la visage de porcelaine de la jeune femme. De son pouce il caressa sa joue, puis il lui attrapa son menton pour qu’elle regarde ses deux orbes couleur onyx. “ Vous avez compris Geneva ? “