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Juste la fin du monde.| FB ft.Rhaegar Targaryen

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JUSTE LA FIN DU MONDE.

Rhaegar Targaryen  ⚕ Arren Sand

Les éclats de voix soudains firent sursauter les pur-sangs alignés dans les stalles. Dressant leurs têtes élégantes, leurs fines oreilles plaquées en arrières reprochaient aux agitateurs le trouble qu’ils provoquaient. “Tu ne peux pas gagner à tous les coups! Garde ta mauvaise foi pour les autres.” Les autres. Dans leurs bouches, ce mot prenait tout son sens. Regroupant dans un ensemble à la fois indéfini et sans nuance tous ceux qui n’étaient pas eux. Les hommes au service des Wyl revendiquaient cet marginalisation, héritage de la réputation de leurs maîtres, et renchérie par la mentalité fermée et ostracisante des dorniens rocheux. Quelques rires fusèrent, tandis qu’un des soldats abandonnait sa place à un autre, jetant le gobelet de métal qui lui servait à lancer les dès. Ils ne pariaient que du vent, et ne risquaient que de blesser leur orgueil devant la défaite. Connus partout ailleurs pour leur roublardise, les soldats de la Maison au serpent étaient tenus de ne jamais contracter de dettes de jeux entre eux. Mais un jour comme celui-ci, il leur avaient été ordonné de ne pas faire d’esclandre, et le choix de leur capitaine s’était rapidement porté sur l’isolement de la troupe. Après avoir pris pour prétexte de dégourdir leurs montures restées presque tout le jour durant enfermées, le bâtard et ses hommes étaient demeurés dans l’écurie, assis à même le sol. Leur présence avaient rapidement intimidé le seul palefrenier, qui n’avait pas attendu la nuit pour ne plus se montrer.

“Encore six!” “Si nous n’étions pas frères d’armes, je dirais que tu triches, mon ami.” Leur tournant le dos, Arren Sand se tenait debout. Immobile, il contemplait d’un air absent le va et vient incessant dans la rue séparée de la cour de l’auberge par un muret. La vie grouillait dans les ruelles étroites et chargées de poussière de Lancehélion. La frénésie du mariage princier avait gagné les habitants. La nuit était avancée, et la fête durerait certainement plus longtemps chez le peuple qu’à l’intérieur de l’enceinte du Palais-Vieux. “Si nous n’étions pas frères d’armes, ou bien si ta femme te rendait tes bourses?” Les ricanements moqueurs cédèrent la place à un silence qui ne dura qu’un instant, avant que l’offensé ne se jette à main nues sur l’offenseur. Aussitôt la bagarre commencée, les dès furent oubliés, et l’attention ne se porta plus que sur le résultat de cette empoignade.
Mutique et apparaissant imperturbable, le Sand ne réagit pas. Au milieu de l’agitation ambiante, de la fièvre cathartique de ce jour de noce, son coeur demeurait inanimé. Insensible à la joie pourtant si contagieuse des célébrations, son esprit se renfermait davantage dans sa solitude à chaque éclat de rire, à chaque chant aviné qui parvenaient à ses oreilles. Un frisson glacé lui parcourait le dos, désagréable, presque douloureux, pareil à un symptôme. Les quelques carafes de mauvais vin offertes par l’aubergiste à la générosité teintée de prudence n’avaient pas suffit à réchauffer ses sens, à changer cette humeur qui n’en était pas vraiment une, car il ne ressentait rien. Se retrouver dans cette ville où il n’était jamais venu, et qui lui paraissait immense, rappelait à ses souvenirs la nostalgie maladive qui étreignait son âme à chaque fois qu’il ne se sentait pas à sa place. “Assez.” Le filet de voix qui s’échappa de ses lèvres suffit à gagner l’attention de la plupart de ses hommes, désarçonnés par l’expression vide de son visage rustique et le ton neutre de ses paroles. “ Je vais prendre connaissance des volontés de Lady Whissan pour la journée de demain.” Il parlait le regard perdu dans le vide, ses sourcils broussailleux à peine haussés. Ayant perdu la ferveur de leur maigre public, les bagarreurs avaient cessés de se battre, et s’étaient relevés sans décrotter leurs vêtements ni ôté les brins de paille qui s’étaient pris dans leurs tignasses. “N’attendez pas que je sois revenu pour penser à vous reposer. Le retour sera tout aussi fatiguant que l’aller.”

Il avait parcouru les rues, imperméable aux festivités qui étaient plus dense aux alentours de la demeure princière. Ses habits lui avaient servi de gage de bonne foi auprès des gardes, et ces derniers l’avaient laissé franchir les portes du palais, non sans que leurs regards hostiles ne se collassent à son dos jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’intérieur. L’uniforme des hommes de Wyl n’inspirait que rarement un sentiment autre que la méfiance.
Son pas s’était pressé à mesure qu’il s’était enfoncé dans les entrailles du siège des Martells, car son inconfort grandissait. Il n’aimait pas cet endroit. Whissan. Le Sand martelait ce nom dans sa tête, comme un enfant qui répète avec sa foi naïve la formule qui tient les monstres à distance. “Halte.” La silhouette tranchante d’une lance lui barrait la route. “Où crois-tu aller ainsi?” La voix rauque du garde était étouffée par le tissus ocre couvrant le bas de son visage. Derrière lui résonnait la musique qui animait la salle dont il protégeait l’entrée. “Je dois voir Lady Whissan.” Ses yeux croisèrent ceux, noisettes, du soldat. Ils se jaugèrent longuement en silence, sous le regard attentif du compagnon de garde de l’homme des Martells. Tentant chacun de prendre la mesure de l’autre, les deux dorniens se toisaient avec aversion, plus par tradition que par sentiment personnel. “Et bien il te faudra attendre qu’elle daigne sortir.” De nouveau un long silence occupa le mince espace qui les séparait, leur jugement réciproque paraissait nourri par une force de caractère semblable, et peut-être auraient-ils pu être amis. Dans une autre vie.
Ses yeux noirs se perdaient dans l’infinité de détails décorant la coupole qui le surplombait. Il ne s’était que peu éloigné des gardes et de l’entrée, et avait choisi de patienter à l’intersection de deux larges couloirs non loin de la salle remplie de tout ce que Dorne pouvait compter comme nobles têtes. En l’absence d’autres distractions, il était devenu l’objet d’attention des deux gardes, qui de loin l’avait regardé déambuler sous le dôme. Son regard carressait les dessins compliqués qui s’entrelaçaient et s’épanouissaient en milles facettes et cavités creusées dans la pierre. Il n’avait jamais rien vu de pareil qui puisse être né de la main de l’homme, pas même à Wyl dont le luxe lui paraissait désormais moins éclatant en comparaison. Avec la nuit qui avançait, et le vin qui avait engourdi sa concentration, il avait perdu tout repère dans le temps, et il était incapable de dire depuis combien de temps il avait le visage levé vers le plafond. Cette espèce d’obsession ne se cristallisait autours d’aucune référence poétique, ni artistique, à l’image de ces connaissances qu’il avait toujours estimé innacessibles. Il y avait simplement cette conscience d’une émotion profonde, qui ne dominait pas la tristesse qui l’habitait, mais qui s’accordait avec elle. Incapable de savoir si elle la rendait réellement moins douloureuse, le bâtard pouvait affirmer, en revanche, qu’elle la rendait plus belle.

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Juste la fin du monde ft. Arren Sand


Assis dans un confortable fauteuil sur la terrasse du balcon de ses appartements privés, les prunelles améthystes du Roi-Dragon contemplaient sans relâche le ciel étoilé. Là, une coupe de vin à moitié-vide pour la troisième fois dans la main droite, la tête posée contre l’appui-tête du fauteuil,  il songeait à sa première venue ici à Lancehélion. C’était une autre époque, une époque où il était encore capable de rire de bon cœur, de faire preuve de gaieté et d’insouciance. Il avait même l’impression qu’il avait rêvé avoir été ainsi, tant l’homme qu’il était depuis devenu était différent du jeune et galant chevalier auquel nombre de jeunes filles vouaient secrètement leurs rêves, pour ne pas dire leur cœur. Et pourtant ce n’était pas le cas, il avait bel et bien vécu ce moment où il était arrivé à Lancehélion, ses fiançailles avec la Princesse Elia Martell tout fraîchement annoncées. Il se revoyait encore passer les portes principales de la cité. Les acclamations dont il eut alors droit sonnaient différemment que celles qui accueillirent l’arrivée de la cour pour le mariage de son jeune frère…Il y avait, dans les applaudissements pris dans leur globalité, de l’enthousiasme. Là, Rhaegar n’avait vu que des applaudissements et des acclamations tous formels…Le minimum pour présenter les respects du peuple de Dorne envers leur Souverain, ni plus ni moins. Et pouvait-il leur en vouloir ? Lui qui avait aimé Elia mais qui n’avait pourtant pas un instant su se tenir à l’écart de la dévorante passion que lui offrait la Louve du Nord ? Ce n’est que bien plus tard, après la naissance d’Aegon et alors que sa santé faiblissait de jour en jour, qu’il se rendit compte de l’erreur qu’il avait fait et du mal irréparable dont il avait été l’origine sur sa douce reine. De retour en arrière, il n’y en a point. Il devra vivre à jamais avec cela sur sa conscience… Et se retrouver en ces lieux n’aidait guère à tenir loin de son esprit tous ces souvenirs…

Se levant de son fauteuil, il observa le jardin en contrebas. Comme il pouvait se revoir là, déambulant sous un soleil de plomb aux côtés d’Elia…Elle ne cessait de lui sourire et de lui conter anecdotes et histoires sur sa vie ici et aux Jardins Aquatiques, tout proches. Lui se gardait bien de l’interrompre ! A la place, il l’écoutait avec grande attention, lui rendant ses sourires et s’imaginant que peut-être, au final, son père lui avait trouvé sans s’en douter une épouse qui conviendrait à son propre caractère…Peut-être auront-ils une longue vie heureuse ensemble, partagée entre la cour du Donjon Rouge et le brûlant soleil de Dorne ? Il se plaisait encore à y croire, alors qu’il marchait à ses côtés et qu’il lui avait pris la main, affrontant les regards de ses frères aînés ; Doran, respectueux et silencieux, ne prononçant jamais un mot plus haut que l’autre…Quant à Oberyn, il se contentait d’imiter son frère mais Rhaegar voyait bien qu’une faible lueur de suspicion brillait dans les yeux foncés de la Vipère Rouge…Faisait-il déjà preuve de prescience ? Peut-être bien, vu comment les choses ont tourné…

Finissant ce qu’il lui restait de vin, il posa sa coupe sur la table de la terrasse, prit un léger par-dessus en coton et se dit que peut-être, marcher lui ferait du bien et apaiserait son esprit préoccupé. Il ouvrit donc la porte et se retrouva face à Ser Meryn Trant, vraisemblablement de garde cette nuit devant ses appartements.

Majesté ? demanda celui-ci, surpris de le voir à une heure aussi avancée de la nuit, lui qui avait d’ailleurs prétexté se retirer des festivités pour se reposer.

Le sommeil se tient trop éloigné de moi cette nuit… Je vais marcher un peu.

Le chevalier ne répondit mot, hochant sèchement la tête puis, laissant passer le Roi devant lui, il lui emboîta le pas, se tenant à peine à un pas derrière lui. Les mains jointes devant lui, Rhaegar marchait lentement, observant avec soin chaque recoin des lieux qu’il traversait. Il les redécouvrait et tous, lui rappelait un moment de sa vie passée avec Elia, alors sa fiancée. A force, il commençait à se rapprocher de la grande salle où les invités fêtaient toujours cette nouvelle union entre Targaryen et Martell. Le Roi-Dragon ne désirant être vu, il contourna celle-ci, passa devant deux gardes à la mine sérieuse qui s’inclinèrent devant lui et prit le couloir sur sa droite. A l’extrémité de celui-ci se trouvait un homme, un homme qui regardait dans sa direction. Rhaegar ne le connaissait pas, à moins qu’il ne lui fut présenté ce soir, parmi tant d’autres nouveaux visages ? C’était possible, mais au fur et à mesure qu’il se rapprochait de lui, il lui semblait vraiment ne pas le connaître…sauf à deviner son appartenance à la Principauté de Dorne, vu son physique…



An 299 - Lune 5 - Semaine 3 Lancehélion


©️ Halloween



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JUSTE LA FIN DU MONDE.

Rhaegar Targaryen  ⚕ Arren Sand

  Les couloirs étaient frais, malgré la grande douceur de la nuit dornienne. Et cette fraicheur paraissait propice à la réflexion du bâtard, l'entrainant dans le tourbillon de ces mêmes pensées par lesquelles il craignait toujours de se faire happer. Depuis lontemps sa personnalité s'était construite autour d'une seule certitude: que nul n'avait besoin d'être heureux pour vivre, et que la poursuite de cet idéal était le fruit gâté des tromperies qui nourissaient l'enfance, avec pour seule issue une inévitable déception. Ses traits se crispèrent, il ne put contrôler la moue amère qui vint tordre sa bouche, alors que ses yeux quittaient le ciel de céramique pour plonger vers ses pieds. La désespérance avait jalonné sa vie d'adulte, à la hauteur à laquelle peuvent prétendre les malheurs des gens sans titres et sans terres. L'insignifiance de ses peines dans les rouages du Monde ne l'effleurait pas. Son cheminement de pensée était imperméable, simple, abrupte comme les Montagnes qui l'avaient vu naître.
  Le pas pressé d'un serviteur qui passa à côté de lui, et qui venait ranimer le feu d'une lampe suspendue, rapporta son attention au présent, l'arracha de ses pensées aussi facilement qu'un souffle dispersait le sable. L'homme voûté se déplaçait comme s'il était chaussé de patins, ses pieds glissant sur le sol dans un bruit étouffé aimantèrent le regard du Sand jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière une porte dérobée. Du bout du couloir, le cliqueti en écho de l'équipement des hommes en arme gardant la salle du banquet lui annonça l'arrivée d'un personnage d'un rang digne d'être salué. La lumière des flammes vacillantes semblait aspirée par le blond de la chevelure de l’homme, et la surprise de cette rencontre résonna tel un clairon dans la tête du dornien. Par les Sept, pesta-t-il en pensée, voici donc le Roi. Que ne vient-il faire par ici? Seulement quand il fut assez près, il pu croiser enfin les pupilles dont l’éclat de gemme paraissait porter le poid d’un mythe devenu trop lourd à porter. Seul sur le chemin du monarque, il n’avait d’autre choix que d’affronter le dragon dont la présence avalait tout ce qui l’entourait, et comme il l’avait entendu par la bouche d’autres, le Sand ne pouvait faire autrement que de le regarder. Ses traits s’étaient affaissés sous l’étonnement, l’air austère qui le rendait antipathique avait disparu, tombé pour laisser la place à la spontanéité d’une soudaine vulnérabilité. Il ignorait ce qu’il devait faire. Préserver la fierté de la Maison Wyl, c’était ce que son oncle et sa soeur attendraient de lui, mais il doutait soudain de lui. Comment pouvait-il en être autrement, alors que le Targaryen se trouvait à quelques pas de lui, quand pas un seul lord ou lady de Wyl n’avait pu prétendre ne serait-ce que de s’être tenu si près de l’homme qui tenait Westeros dans la paume de sa main? Ce regard étrangement violet, Arren aurait voulu ne l’avoir jamais croisé, car il venait de le faire, et cela lui parut de la plus grande impudence. Ses yeux s’étaient immédiatement détournés, fuyants. Un instant il aurait voulu disparaître dans les murs qui l’entouraient, s’évanouir comme une ombre dans la nuit. Mais la conscience du moment présent l’emporta sur la timidité qui l’avait envahi à la vision du souverain, et pour cela il se trouva tout à coup ridicule. Une pression vint peser sur ses épaules et contracta sa poitrine. Sans vraiment y penser, il s’inclina.
   Exécutant une révérence profonde, il se surprit à vouloir faire de son mieux, pareil à un enfant, dans ce geste dont il n’avait pas l’habitude. “Votre grâce.” Sa voix trop basse cachait à peine l’inconfort que lui causait cette situation. La salive lui manquait, et les mots qu’il s’était imaginé prononcer se transformaient en sable dans sa bouche. Aussi peu préparé qu'il était, et comme la censure lui était inconnu dès lors que sa franchise brutale  de montagnard surgissait, il déclara:"Avez-vous chanté ce soir?" Son visage était résolument tourné vers le sol, sans s'en apercevoir, il avait terminé sa courbette en se prosternant à genoux devant le monarque. Il devint évident que le vin de l'aubergiste l'avait plus ennivré que ce qu'il pensait. Pourtant le Sand maîtrisait encore le court de ses pensées, ou du moins en était-il persuadé.
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Rhaegar Targaryen ∞ Arren Sand
Juste la fin du monde
Le Roi-Dragon se demanda ce que faisait cet homme ici, seul, mais surtout qui était-il. Un Dornien vraisemblablement. Son habit était simple, rien d'ostentatoire. Une tenue fort sobre pour une soirée où tous les invités avaient rivalisé de beauté, autant les hommes que les femmes. Un Sand peut-être? se dit-il. Ils étaient en grand nombre à Dorne et il était au fait que les Martell eux-mêmes ne faisaient guère d'histoire sur leur propre fréquentation des bâtards. Il n'y avait qu'à observer le couple que formait le Prince Oberyn et sa concubine, Ellaria Sand, sans parler des filles illégitimes du couple et celles qu'il avait bien pu avoir avec d'autres femmes avant elle. Rhaegar s'approcha de lui tout en l'observant ployer le genou en une profonde révérence. Impérieux, Rhaegar fut fort étonné après avoir entendu la question de cet homme.

Avait-il chanté ce soir? Il entr'ouvrit légèrement les lèvres tandis que son regard se troubla. En cet instant, ses prunelles améthystes fixaient un point au-delà de l'homme à genoux devant lui. En cet instant, il se revoyait des années en arrière. Lui, jeune Prince, aimant à quitter le Donjon Rouge pour se rendre dans les rues de Port-Réal, sa lyre pour seule arme. Il choisissait alors une place, à chaque fois différente de la précédente, et là, au beau milieu de la foule, il se mettait à égrainer les notes de son instrument d'argent et à chanter la beauté de quelque douce jeune femme ou les prouesses d'un preux chevalier d'un autre temps. Dans la Langue Commune ou en Haut Valyrien, sa voix et les sons de sa lyre charmait autant le bas peuple que les nobles qui allaient de par les rues et ruelles bondées de monde de Port-Réal. Mais, lorsqu'il était là et se produisait en public, tous s'arrêtaient pour l'écouter. Certains lui donnaient même de l'argent, après chacune de ses représentations. Rhaegar les acceptait humblement pour ensuite, en faire ce que bon lui semblait. La plupart du temps, il redistribuait les pièces gagnées aux enfants et aux mendiants malades ou affamés. Une fois cependant, l'envie lui avait pris d'aller dans la première taverne venue et de boire jusqu'à en oublier son nom. Il l'avait fait, une fois, une seule fois, en compagnie de Ser Barristan Selmy. Dieux qu'il était heureux à cette époque.

Mais lorsqu'il s'en revenait au Donjon Rouge, invariablement, la voix de son père l'accueillait, moqueuse et mauvaise, l'injuriant, le provocant. Rhaegar essayait de rester sourd à ses attaques, marchant vite pour regagner ses appartements, ses pas toujours accompagnés de ceux de son père jusqu'à ce qu'il arrive à le distancer suffisamment, l'entendant alors tousser et le traiter de noms qu'il n'osait répéter mais qui le meurtrissait au plus profond de son âme et de son coeur. Comment un père pouvait-il prononcer pareilles paroles à son propre fils? En ces instants, il était heureux que son jeune frère Viserys ne puisse les entendre. Il n'était qu'un enfant; il préférait que leur père s'attaque à lui plutôt qu'à un tout jeune garçon. Mieux encore se sentait-il lorsqu'il le savait à Peyredragon, avec leur mère.

Il n'avait jamais cessé de chanter. Il avait chanté pour Elia. Il avait chanté pour Lyanna aussi. Il avait chanté pour Rhaenys et pour Aegon, lorsqu'ils étaient très jeunes. Mais jamais plus n'avait-il chanté devant une grande audience et surtout, plus depuis le décès d'Elia. Alors, entendre cet inconnu lui poser pareille question le toucha beaucoup. Il baissa son regard vers l'homme agenouillé devant lui et, de la main, lui fit signe de se relever:

Relevez-vous. dit-il, en accompagnant son geste.

Une fois l'homme debout, Rhaegar scruta son visage: Voilà une question peu commune d'un inconnu envers son Souverain. Puisque vous me le demandez, je n'ai plus chanté depuis quatorze années maintenant. Cela ne fait que me rappeler un passé révolu à jamais...A moins que, comme moi, vous êtes de ceux dont le regard ne cesse de se tourner invariablement vers ce même passé...Me tromperais-je?
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JUSTE LA FIN DU MONDE.

Rhaegar Targaryen  ⚕ Arren Sand

  Les deux gardes avaient échangé un regard. Rigides comme des statues, ils paraissaient tendre le cou vers la fin de ce couloir; car la curiosité les brûlait. La voix du souverain avait trouvé son chemin jusqu’à eux, mais de là où ils se tenaient, ils n’en avaient perçut qu’un filet bas et doux; comme la plainte lointaine d’un instrument. A portée de leurs yeux sombres, la scène leur échappait pourtant totalement. Témoins avides et condamnés à une partielle ignorance de quelque chose dont ils auraient bien voulu se vanter. Peu leur importait l’issue de ce tête-à-tête -ils faisaient peu de cas de leur compatriote- ce serait forcément digne d’être raconté. A l’unisson avec les flammes vacillantes qui illuminaient l’endroit, leurs ombres se mouvaient sur le mur derrière eux ainsi qu’à leurs pieds, agitées de soubresauts réguliers. Que pouvaient-ils bien se dire?Paraissait questionner le silence des gardes. Le Sand de Wyl s’était relevé, et les deux silhouettes maintenant face à face n’auraient pu être plus différentes. Dans ses habits de fêtes, Rhaegar Targaryen envoutait, pareil au ciel d’une nuit d’été, et devant lui le cavalier passait pour les montagnes nues d’où il venait. Le dornien n’avait même pas pris le temps d’essuyer la pellicule de poussière qui recouvrait ses bottes. “Parmi toutes les choses que j’ai pu entendre sur vous, c’était toujours celle qui revenait le plus. Aussi ai-je jugé que cela ne vous incommoderait pas, en particulier ce soir.” Répondit le brun. “Je suis peut-être inconnu de vous, mais vous êtes loin d’être un inconnu pour moi, votre grâce.” Ses pensées glissaient sur sa langue comme une roche dévale une pente; quand il prenait la parole, on ne pouvait jamais savoir si le dénouement serait heureux ou malheureux. Car il était franc et cruel, et l’empathie ou l’hypocrisie ne maquillaient pas ses mots. Le bâtard croisa le regard du roi, et il osa remarquer les mêmes rides semblables aux ramures d’un arbres qui s’étendaient à la fin de ses yeux. Alors seulement, il se souvint qu’ils avaient le même âge. “Le passé ne commence à exister que lorsque l’on consent à s’en séparer. Voici ce que je pense, votre grâce.” Détaché des autres, et d’autant plus des Grands de ce monde, Arren n’avait pas connu la tristesse qui avait percé le coeur des dorniens, et qui les avait même unis, autour du deuil de la douce Elia Martell. Il était impossible pour lui de se figurer la douleur d’un tel chagrin; car il n’avait jamais pris femme, ni connu les vertiges d’un grand amour, que ce fut dans les bras d’un ou d’une. Devant lui, il pouvait constater que le mythe du Prince Rhaegar s’était fatalement terni, pareillement que son apparence. Encore séduisant, son visage avait été marqué par le temps, malgré tout cela suffisait au Sand pour s’imaginer le jeune homme qu’il avait été. Les traits du bâtard restaient renfrognés, présentant un masque farouche. Il ne pouvait cependant s’empêcher d’apprécier presque goulument le privilège que le hasard lui offrait. Droit et crispé, le poids du sabre à sa ceinture lui paraissait soudainement plus lourd; comme il lui avait paru la toute première fois qu’il avait porté une lame à son côté. Si cette rencontre était contre les lois des hommes, elle avait tout l’air d’une plaisanterie mauvaise des Dieux qui les gouvernaient. Qui pouvait dire, si les choses avaient été autrement, s’ils n’auraient pas pu être amis? S’ils n’auraient pas pu être frères? Voilà les questions qui traversaient la tête de l’ancien muletier, de la même façon qu’elles avaient en parti constitué ses rêveries de jeune garçon. Et comme un enfant, il éprouvait une incommodante difficulté à soutenir le regard de son interlocuteur. Pourtant, il y lisait un sentiment qui lui était familier. “De toutes façons, peu nombreux auraient été ceux qui auraient accepté de vous entendre.” Ajouta-t-il en désignant du menton les grandes portes qui enfermaient la fête dans un écrin seulement accessible aux puissants. Ils aimaient tous Elia. Pensa-t-il.
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Rhaegar Targaryen ∞ Arren Sand
Juste la fin du monde
Haussant les sourcils de surprise et d'étonnement face au discours emprunt d'une franchise telle qu'elle se trouvait à la limite de l'insolence du Dornien, le visage de Rhaegar se fendit d'un sourire qui dévoila légèrement ses dents blanches. Si j'en doutais encore, cette rencontre me prouve que je suis bien à Dorne... pensa-t-il ironiquement. Depuis son arrivée, le Prince Doran, le Prince Oberyn et tous les autres nobles de Dorne et leurs amis se montraient polis, courtois, respectueux face à lui; un comportement attendu lorsque l'on se trouve face au Roi des Sept Couronnes. Mais Rhaegar n'était pas dupe. Lorsqu'il était question de Dorne et des Martell, il était presque doté d'un sixième sens qui lui permettait de lire entre les lignes et de déchiffrer telle ou telle expression sur un visage ou dans un regard. Ainsi, ni les attitudes polies et les conversations cordiales avec le Prince Doran Martell, ni le salut et les quelques mots échangés avec la Vipère Rouge ne le trompaient. Il était accueilli ici parce qu'il était le Roi, parce qu'il était le frère de celui qui épousait la Princesse Arianne Martell, l'héritière de Dorne, parce qu'il était le père de la nièce et du neveu des deux Princes Martell et parce que Dorne devait serment d'allégeance à la Couronnet ainsi qu'à la Maison Targaryen. Or, pouvait-il dire qu'il était le bienvenue? Absolument pas. Disons qu'on le tolérait d'une façon obligatoire...Sans plus. Mais voilà que cet homme dont il ignorait encore et toujours le nom se permettait de dire haut et fort ce qu'il n'avait cesser de penser lui-même depuis son arrivée et ce qui était, sans doute, une pensée partagée par nombre de Dorniens. Derrière lui, Ser Meryn Trant se porta à la hauteur de son souverain et déclara, le ton légèrement menaçant:

Vous vous oubliez, Ser.

Ce à quoi Rhaegar répondit, les yeux rivés sur le Dornien: Allons, Ser Meryn. Je suis certain que cet homme ne cherchait pas à manquer de respect à son Roi, n'est-ce pas Ser? le questionna-t-il sans ciller, donnant à son regard atypique quelque chose qui s'en trouvait presque dérangeant. Je pense que cet homme est et reste à ce jour, le plus honnête de tous les Dorniens qu'il m'ait été donné de rencontrer, depuis mon arrivée ici. confessa-t-il.

Joignant ses mains dans son dos, il pencha la tête légèrement sur le côté et plissa les yeux, comme s'il pouvait ainsi être capable de voir à travers les vêtements et la chair de celui qui lui faisait face: Je vais reprendre votre formule, Ser: De toute façon, cet endroit est bien le dernier où l'envie de chanter me prendrait.

Il lui rappelait bien trop Elia et le fait qu'il avait plus chanté pour la beauté de Lyanna que pour celle que portait avec elle sa fille, la Princesse Rhaenys. Il avait chanté pour cette dernière, pour l'aider à s'endormir ou à se rendormir après un cauchemar, tout comme il avait chanté pour Aegon. Mais ses enfants étaient grands, ses amours avaient disparu depuis des années...Pourquoi devrait-il aujourd'hui à nouveau ressentir le besoin de reprendre sa lyre et de chanter pour le peuple, comme il le faisait jadis? Peut-être un jour aurait-il des petits-enfants, ou des neveux et nièces, puisqu'il était au mariage de son frère. Peut-être l'envie reviendrait-elle à ce moment-là. Mais pas ici, ni aujourd'hui. Le commentaire de cet homme sur le passé n'était pas forcément partagé par le Roi-Dragon mais il n'allait certainement pas se lancer dans un débat à ce sujet en compagnie d'un homme dont il ignorait tout, à commencer par son nom.

Vous ne me connaissez pas, Ser. Vous connaissez mon nom et ce qu'on a bien pu vous dire de moi. Que cela soit vrai ou faux m'indiffère. En revanche, il est fort impoli de parler ainsi à son Roi sans avoir eu la présence d'esprit de se présenter au préalable. Votre nom, Ser., ordonna-t-il.

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