Les fleurs du désert | ft. Ynis Allyrion [flashback]

# Mar 14 Nov - 20:30

An 297 | Lune 13 | Semaine 3

Elle n'avait jamais été particulièrement admiratrice de conflit. Ou en tout cas, quand ces conflits étaient tournés vers elle directement. Qu'on se batte pour elle était une chose qu'elle adorait. Qu'on se batte contre elle, elle pouvait faire avec, surtout un combat physique. Un combat avec des mots, elle était habituée aussi, sa langue étant si venimeuse que ses lames. Mais pour des raisons futiles ou pour lesquelles elle ne pouvait rien, là, elle avait plus de mal.

Assumer les erreurs de son père était une chose. Elle pouvait assumer ça, en quelque sortes. Ne pas s'attarder chez les Ferboys, c'était intégré. C'était un fait. Mais que ces conflits lui tombent sur les épaules à la Gracedieu, ça, non. Hors de questions. Elle devait se montrer plus mature, elle le savait, surtout avec le titre qu'on venait de lui donner. Ambassadrice de Dorne. Quelle image cela donnerait si elle avait des conflits avec les dorniens ? Pas très belle. Alors autant se montrer souriante à en frôler l'hypocrisie. Et prétendre faire cela pour Ryon, qui était son ami avant tout. Les raisons seraient plus égoïstes, plus personnelles, mais personne n'avait besoin de le savoir.

Suite à leur entrevue orageuse, elle avait appris la disparition d'un de leur enfant. Une de leur enfant. Nymeria ne connaîtrait jamais la maternité mais cela ne l'empêchait pas d'imaginer comme elle aurait réagi si Ellaria avait perdu une de ses fille. Mal, sans doute. Très mal. Alors elle avait mis de l'eau dans son vin pour l'occasion. Elle s'était montré plus douce et gentille, plus diplomate. Quitte à devoir porter un masque, dans un lieu qu'elle avait toujours considéré comme une deuxième maison, tant pis.

Elle avait demandé à voir lady Allyrion, en privé. Une entrevue qui aurait pour but de mettre les choses à plat, une bonne fois pour toute. Et elle avait attendue où on lui avait indiqué d'attendre, la faisant patienter avec un nouveau thé chaud, tandis que le vent s'agitait dehors, entrevoyant la possibilité qu'Ynis Allyrion, ou plutôt, Ynis Ferboys, refuse de venir. Elle aurait perdue quelque minutes, peut-être quelque heures, mais on ne pourrait lui reprocher l'effort, elle en était convaincue.

Elia était partie à ses occupations, elle ne savait où. Cette enfant était si imprévisible et elle ne souhaitait l'entraver, bien au contraire. Elle préférait la pousser vers la liberté, celle de faire ses propres choix, prendre ses décisions, d'elle-même. Faire sa vie, libre. Tant d'autres n'avaient pas ce luxe, qu'elles se devaient bien de profiter pour ces personnes.

Elle était à nouveau assise sur un coussin qu'elle jugeait trop peu moelleux, mais soit, elle attendrait. Elle buvait une gorgée du thé chaud aux épices. Si droite qu'il était possible de se tenir.

# Mer 15 Nov - 23:51

La née Ferboys n’avait pas bien vécu la venue des deux filles du prince Oberyn Martell. Elle ne s’était d’ailleurs pas gênée pour le leur faire remarquer. Froide, glacial même un peu comme les murs blancs de la forteresse, Ynis Allyrion, née Ferboys avait accueilli très solennellement l’arrivée dans la grande pièce de Nymeria et Elia Sand. Il fallait dire que la cadette avait le mauvais goût d’avoir le même prénom que sa fille mort-née. Mais elle devait reconnaître une chose, visiblement Oberyn Martell et son amante avaient voulu rendre hommage à la reine Elia Martell, épouse du roi dragon tout comme elle, finalement. Mais cela, elle n’était pas prête de le reconnaitre en public. Pourtant elle avait bien vu que les filles Sand faisaient des efforts, surtout la plus âgée. La cadette, sûrement encore trop enfantine pour saisir pleinement la gravité de ses paroles. Ynis lui avait lancé un regard noir lorsqu’elle s’était un peu moquée de son fils. Ynis pouvait passer sur beaucoup de chose lorsqu’elle le désirait mais qu’on se moque de l’un de ses enfants c’était se condamné à la haine la plus féroce et à la mesure de la personne concernée.

Ynis fut cependant très surprise d’apprendre que Nymeria Sand qui semblait bien connaître son époux souhaitait la voir. Une entrevue avec la fille de la vipère, la dornienne des Montagnes rouges n’était pas certaine que cela soit une bonne idée. Elle s’installa un petit moment sur son lit et fixa l’extérieur la recherche d’un conseil dans l’horizon mais rien ne vint. Ynis Allyrion soupira et se releva pour quitter la pièce salvatrice. Entre temps, elle avait abandonnée bijoux et ses vêtements solennels. Elle avait revêtu une simple robe rouge. Le rouge du sang qui ne la quittait jamais vraiment. Le rouge d’un soleil qui s’éveille. Le rouge lui allait si bien. Elle retourna ensuite dans la salle où devait l’attendre l’Aspic d’après ce qu’on lui avait dit un peu plus tôt. Que pouvait bien lui vouloir Nymeria Sand subitement propulsée ambassadrice de Dorne.

« Vous désiriez me voir Lady Nymeria Sand. » fit la jeune femme de 24 ans en entrant à nouveau dans les lieux. Elle retrouvait l’Aspic assise sur un coussin, une tasse de thé à la main. Sans aucun doute une servante devait le lui avoir donné pour lui permettre d’attendre celle qui serait un jour ou l’autre la maîtresse des lieux. « Nous ne nous sommes pas tout dit tout l’heure ? » questionna la née Ferboys en fixant de son regard azur la fille d’Oberyn Martell. Ynis Allyrion s’avança et trouva une place sur un autre coussin. Une jeune femme lui apporta du thé et la Lady accepta bien volontiers la tasse. La discussion risquait d’être longue, sûrement houleuse et complexe.