Le prince qui fut promis (Aegon et Rhaenys)

Alors que le tumulte des jours précédents retombait enfin, le roi surprit son entourage : il allait entreprendre un voyage. Alors que le siège de la ville était fini et qu’on commençait seulement à bruler la multitude de corps étendus sous les remparts de la cité, Rhaegar Targaryen avait annoncé qu’il la quittait pour quelques temps et qu’il en laissait la gestion courante à sa mère Rhaella en son absence, sa main se chargeant du reste du royaume. Le roi annonça à son conseil restreint, qu’il comptait se montrer à Westeros afin de rassurer tout et un chacun après la terrible bataille. Le souverain était encore vivant et sa dynastie encore en place, il fallait que tous le sache. Le roi n’avait pour ainsi dire plus voyagé depuis son avènement. Le fait qu’il décide de parcourir les routes et de visiter plusieurs localités du royaume fit beaucoup parler. Le roi donna pour seule explication qu’il souhaitait imiter son ancêtre Aegon premier du nom, qui après la conquête, avait parcourut inlassablement tout son nouveau royaume pour que tous puissent le voir. Rhaegar exigea aussi de ses deux enfants qu’ils l’accompagnent. Le roi expliqua qu’il allait s’aventurer sur la route royale et la suivre jusqu’à Winterfell. Ses conseillers semblaient satisfaits de voir leur suzerain honorer le Conflans de sa visite. Une province qui s’était illustré récemment, mais ils se demandaient s’il n’était pas prématuré qu’il se rende au Nord. Les gens dans les milieux autorisés du pouvoir à Port-Réal, savaient tous que le roi et Eddard Stark le seigneur du Nord ne s’aimaient pas personnellement suite à l’affaire qui concernait la défunte sœur de Stark. Mais d’autres plus optimistes estimaient qu’il était bon que le roi rencontre en personne le sire de Winterfell pour apaiser les anciennes tensions, comme il l’avait fait récemment au mariage de sa sœur aux Eryés en rencontrant Jon Arryn. Beaucoup soupçonnaient même que le voyage de visite du roi n’était qu’un prétexte officieux pour se rendre auprès d’Eddard Stark afin de le rencontrer en secret et de régler définitivement la vieille querelle.

Et donc un beau jour, on vit partir le roi, ses enfants et sa suite vers le Nord. La suite royale comprenait au moins 50 chevaliers et autant de pages et de domestiques. Tous les gardes royaux les accompagnaient, sauf 2 restés au Donjon Rouge pour protéger la mère de Rhaegar (et surtout pour espionner son frère Viserys comme disaient des mauvaises langues). C’est ainsi que le voyage commença par un léger détour par Rosby. Le roi souhaitait voir par lui-même la désolation que les Immaculés avaient répandu dans la bourgade peu après avoir débarqué dans la baie de la Néra quelques jours plus tôt. La troupe royale continua jusqu’aux épois comme seconde halte. Le roi n’en avait guère envie, mais il se devait de rencontrer le seigneur de la place qui était un de ses vassaux direct. Ils continuèrent leur route et entrèrent dans le Conflans. C’est à Lord Herpivoie que la halte fut la plus longue, tant les notables se mirent en quatre pour organiser cérémonies et fêtes en l’honneur du roi et ses enfants. Mais la halte fut longue surtout à cause de Rhaegar lui-même qui s’attarda au Trident pour visiter les lieux où il avait guerroyé. Il resta longtemps à méditer sur le gué au rubis, là où Robert Baratheon était tombé face à lui. Le roi questionna ses 2 enfants, souhaitant connaître leur opinion : selon eux, s’il était tombé face à Robert. Que serait-il advenu des 7 couronnes ? Qui serait assis sur le Trône de Fer ? Comment aurait-il régné ? En cette année 298, Westeros serait-elle à nouveau en guerre comme c’était le cas maintenant ? Ou bien vivrait-elle enfin en prospérité ? La suite du voyage à travers le Conflans fut sans histoire. La troupe royale remonta la grande route en longeant la Verfurque. Le roi ne daigna même pas s’arrêter pour rendre visite à lord Walder Frey des Jumeaux lorsqu’il passa à proximité de la forteresse qui enjambait le fameux fleuve. Chose qui mit hors de lui le patriarche de cette nombreuse famille qui espérait jouer les flagorneurs pour gagner en importance auprès de la couronne. Dès qu’ils pénétrèrent dans les marais du Neck en revanche, le roi accepta de rencontrer les maîtres de Fort-Griseaux comme lui proposa un Hérault envoyé par la famille qui régnait sur les marais. Une visite intéressée de la part de Rhaegar. Il comptait être en bon terme avec les paludiers. Afin que si un jour une armée aux ordres des Targaryen doivent entreprendre la traversée des marais, elle soit aidée en tout point. Lorsque Walder Frey apprit que le souverain avait visité les loqueteux des marais et n’avait pas daigné lui faire cet honneur, il fut encore plus hors de lui. Le roi et sa suite finirent par franchir les marais et passèrent la place forte de Moat-Cailin. La route continua jusqu’à Winterfell et le roi refusa de faire un important détour pour rencontrer les Manderly de Blancport, alors qu’ils étaient les plus fortunés du Nord et ceux qui avaient les meilleurs lieux pour recevoir un roi avec faste dans cette région de Westeros. Il était clair que l’objectif du roi était d’aller plus au Nord et qu’il ne s’intéressait guerre à tous les seigneurs qu’il avait rencontrés dans son voyage. Il apparaissait à tous que son objectif était Winterfell, dans le but de rencontrer Ned Stark. Mais là encore Rhaegar surprit tout le monde. En vue de la ville de l’hiver, il ordonna à sa troupe de rester là et d’attendre son retour. Il prit ses deux enfants, ses gardes royaux et juste 10 autres chevaliers pour escorte. Ils partirent en direction du nord avec juste leur chevaux, laissant domestiques et autres derrière eux. Il était clair que le roi se fichait complètement de rencontrer Stark et que ce n’est pas ça qui avait motivé son voyage, un objectif secret bien particulier en était la cause. Si confidentiel, que le roi avait croire au royaume qu’il visitait les villes et châteaux bordant la route royale par courtoisie et que Winterfell était sa destination finale.


Rhaegar et sa suite bien diminuée continuèrent par un terrain accidenté et une route royale en plus mauvais état au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait dans les montagnes. Arrivée en vue d’Atres les Confins, le roi estima que le danger des sauvages des montagnes était derrière eux et il ordonna à ses chevaliers de rester là en attendant son retour. Il ne voulait pas attirer l’attention. Accompagné de ses seuls enfants et ses seuls gardes royaux, il espérait ne pas se faire remarquer des rares populations qu’ils croiseraient. Personne ne devait jamais savoir que le roi s’aventurait dans le Don. Arrivé à la Môle, Rhagear demanda même à ses gardes royaux de rester là en attendant son retour. Ils hésitèrent, inquiet à l’idée de laisser le roi et ses deux héritiers seuls, mais ils obtempérèrent quand même. Les 3 Targaryen arrivèrent en vue du Mur. Jamais un seul roi ne s’y était rendu depuis bien des siècles. Le père et ses enfants contemplèrent l’édifice de glace et Rhaegar se livra enfin à eux :

« Il y a quelques choses que vous devez savoir. Depuis que je suis enfant, j’écris tous les mois à une personne. Cela dure depuis des années et des années. Personne ne l’a jamais su, à part vous désormais. Je ne l’ai jamais rencontré en personne et avant qu’il meurt, je veux le voir enfin de mes yeux, je veux que vous entendiez ce qu’il a à dire. »

Et ils engagèrent leurs chevaux en direction de Châteaunoir. On ouvrit la porte sans problèmes, comme si cette visite top-secrète était attendue depuis quelques temps. Ils descendirent de cheval dans la cour du siège de la Garde de Nuit. Le commandant Jeor Mormont les accueillit en personne. Lui seul ne semblait pas étonné de voir ces 3 visiteurs. Tous les autres hommes vêtus de noir les observaient intrigués. Visiblement aucun ne savait qui ils étaient à part Joer Mormont. Le commandant était le seul à savoir l’identité de ses 3 hôtes.

« Il vous attend sire. »

Lâcha laconiquement le chef de la Garde de Nuit. 2 des intendants de Châteaunoir s’approchèrent en aidant un vieillard à s’avancer. Il semblait frêle et sans âge. Il était vêtu d’une robe de mestre noire. Rhaegar manqua de défaillir. Chose impensable aux yeux de ses enfants, comme du lord commandant qui était bouche bé, Rhaegar ploya le genou et s’agenouilla devant le très vieux mestre, comme s’il était l’un des 7 en personne. Rhaegar baissa la tête en fermant les yeux, il tremblait sous le coup de l’émotion. Il s’était entretenu avec cet homme par corbeaux pendant plus de deux décennies, et il pour la première fois face à lui. Un intendant chuchota quelque chose dans l’oreille du vieillard. Il tendit ses deux mains vers le roi agenouillé et lui toucha le visage. Il le releva. Rhaegar le prit dans ses bras et le serra contre lui. Le vieillard répondit à son étreinte, Rhaegar se mit à pleurer. Le vieux mestre était aveugle. Pourtant il tourna sa tête vers les deux enfants Targaryen comme s’il avait sentit leur présence. Il les fixa sans les voir et les laissa contempler ses yeux morts.

Le prince qui fut promis

Rhaenys chevauchait en fin de cortège depuis leur départ de Port Réal. La jeune femme en voulait toujours à son père et n’était pas spécialement prête à lui pardonner. De plus elle n’avait nullement envie de quitter la capitale, pour aller vers le Nord. Surtout pour une raison inconnu que le Roi ne s’était pas donner la peine de leur donner. La seule certitude c’était qu’il avait absolument tenu à ce que ces enfants l’accompagnent. Forte heureusement Aegon était aussi ravie que sa sœur pour cette expédition. Pour couronné le tout, les manteaux blancs étaient tous parti avec eux sauf deux pour Rhaella. La Targaryen n’ayant que très peu confiance, avait demandé à Aron Santagar de surveiller les deux gardes pour elle. Elle portait le maître d’arme du Donjon Rouge en grande estime, et lui faisait confiance. La brune formait au fil du temps un réseau d’homme d’arme et d’espion au sein du Donjon Rouge. Certes elle n’était pas forcément douée comparer à Varys ou Petyr Baelish, mais elle comptait sur la loyauté et sur son rang pour s’assurer de son réseau.

Les gardes de la princesse chevauchaient à ses côtés et interdisait les manteaux blancs de s’approcher à moins de deux cavaliers du Dragon Ensoleillé. Le voyage fut long, les pauses rares. La plus longue fut celle où son père avait triomphé de Robert Baratheon. Le froid et l’humidité de la région ne plaisait pas à la dornienne, peu habitué à ce genre de climat et surtout son sang n’était pas pour le froid mais pour le soleil brûlant de Dorne et la chaleur étouffante de la capitale. Elle s’emmitouflait un peu plus dans des tenues de monte plus épaisse et des capes en fourrure. Elle craignait le moment où il atteindrait Winterfell.

Ils continuèrent leur route, toujours plus au Nord. Rhaegar décida de snober Lord Frey, la jeune femme n’était pas sûr que cela soit la meilleure idée qu’eu son père, le sire du pont était assez susceptible et franchement rancunier en ce qui concernait les affronts fait à sa famille. Mais l’aîné des enfants du Roi, ne fit aucune remarque, continuant de chevaucher en arrière garde et de temps à autre montant à côté de son frère pour discuter. Même les gardes de la princesse commençaient à râler par rapport aux températures qui chutaient. Beaucoup étaient dorniens et avaient passé leur enfance voir plus dans leur région natale, les voyages dans le Nord n’était pas ce qu’il préférait et leurs coursiers des sables ne semblaient des plus à l’aise. Heureusement pour Rhaenys, son destrier isabelle semblait bien s’acclimater au voyage.

Rhaegar snoba les Manderly en refusant de se rendre à Blancport et le Roi ne s’arrêta pas à Winterfell, ce qui pour le coup surpris encore plus la jeune femme. Une partie du cortège s’y arrêta cependant mais le Roi, ses deux enfants, les manteaux blancs, quatre chevaliers de Rhaenys et six autres hommes d’armes continuèrent encore plus au Nord. Direction le Mur. L’humeur de la princesse s’assombrit encore plus et elle s’installa dans le silence durant tout la chevaucher jusqu’à Atres les Confins où le Roi ordonna aux dix chevaliers qui n’étaient pas des gardes royaux d’attendre là. Cela en fut trop pour la princesse qui protesta mais l’ordre était clair. La jeune femme ne se laissa pas démonter et prit une pique, qu’elle coinça dans sa selle pour le reste du voyage. Aucuns manteaux blancs n’avaient intérêt à s’approcher d’elle, elle n’aurait aucun scrupule à utiliser son arme contre eux. Ils voyagèrent ainsi jusqu’au Don, le froid se renforçant encore un peu plus, faisant greloter la jeune fille. Arrivés à la Môle, le Roi ordonna à ses gardes de rester là. Rhaenys écarquilla les yeux et regarda son frère. Les deux enfants du Roi ne semblaient pas rassurer à cette idée.

Ils arrivèrent en vue du Mur. La princesse devait bien avouer que l’édifice de glace était impressionnant et son père leur annonça enfin la raison de leur voyage. Une correspondance avec quelqu’un de visiblement âgé. Ils arrivèrent à Château Noir, l’endroit était rempli d’homme de la Garde de Nuit, ancien tueur, violeur, voleur. Beaucoup la regardèrent de façon déplacer. Mais elle garda la tête haute et les ignora. Ils mirent pieds à terre et les trois Targaryen entrèrent dans une pièce où un vieil homme les attendait. Là son père fit une chose surprenante, il s’agenouilla devant le vieux mestre. Rhaenys le scruta, il était mince, fragile, des yeux d’aveugle et des cheveux blancs et fin. Quel âge avait ce vieil homme ? Et pourquoi son père avait une telle réaction. Elle jeta un coup d’œil à Aegon qui semblait stoïque. Le vieux mestre toucha le visage du Roi, comme se dessiner son visage dans son esprit puis le vieil homme leva son regard sur les deux jeunes Targaryen comme s’il pouvait les voir. Cela surprit la princesse qui fit un pas en arrière. Son esprit tournait à toute vitesse pour trouver qui était le vieil homme. Un mestre de la Garde de Nuit. Il y avait bien de ses ancêtres qui avaient été mestre auprès des frères jurés de la garde, Aemon Targaryen. Mais il devait être mort…quoique…pourquoi faire le déplacement pour un mestre lambda. Il devait avoir plus de cent ans. Un miracle de la nature. Un Targaryen oubliait au confins de ce monde qui ne pouvait plus voir les années passer.

Le dragon ensoleillé oublia un peu sa mauvaise humeur. Elle dit alors d’un ton doux et solennel.« C’est un honneur de pouvoir vous rencontrez Mestre Aemon. » Que pouvait-elle dire de plus ? Elle préférait laisser son père parler pour cela.

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« Mes enfants, vous n’avez pas idée à quel point votre présence réchauffe le cœur du vieillard que je suis. »

La voix de Mestre Aemon était d’une profonde sagesse. Elle ne semblait pas abimée par le poids des ans, elle était si porteuse de savoir et de raison qu’elle obligeait même le plus sinistre des incultes à tendre l’oreille pour l’écouter. Aemon continua de tâter le visage de Rhaegar avec ses mains pour déterminer les traits du visage de celui avec lequel il correspondait depuis plusieurs décennies. Puis il toucha la chevelure du roi et un sourire radieux s’afficha sur son visage alors qu’il jouait de ses mains avec les abondants cheveux de Rhaegar.

« Vous auriez du me voir dans ma jeunesse, moi aussi j’avais des cheveux comme votre père ! »

Les 4 Targaryen se rendirent à la bibliothèque de Châteaunoir. Ils furent guidés par les 2 intendants qui soutenaient Aemon dans les couloirs. Les 4 individus qui représentaient 3 générations différentes de la dynastie royale, s’installèrent autour d’une table au milieu des étagères de livres. On les laissa seul. Ordre fut donner de ne pas entrer et d’interrompre le Mestre en compagnie de ses prestigieux invités. Pendant tout l’entretien, Aemon tint les 2 mains de Rhaegar sur la table, comme si ces deux là ne voulaient pas rompre le contact physique, car même s’ils se connaissaient depuis plus de 20 ans par correspondance, ils se voyaient pour la première fois. Aemon leur conta son récit. Ses yeux morts allaient de l’un à l’autre des 3 visages assis à ses côtés. Aemon parla d’une voix grisé par l’instant de cette rencontre. Il montra toute son éloquence et son savoir. A cause de son âge il faiblit parfois. Il se reprit à plusieurs reprises après quelques pauses. Mais à aucun moment il ne cessa son récit. Il le continua jusqu’au bout avec la détermination de quelqu’un qui ne voulait pas quitter ce monde s’en l’avoir confié aux enfants Targaryen.


Le Prince qui fut promis

C’est en orient comme souvent qu’est né cette prophétie. Elle a été formulé par les mystiques les plus ardents que compte notre époque : les prêtres rouges de R’hllor. Ce prince là n’est rien d’autre que la réincarnation de leur champion, le guerrier de la lumière. Le Hérault de leur culte. Son retour sera accompagné de deux choses : une étoile sanglante dans les astres, et le retour des dragons. Jamais une telle prophétie n’aurait pu concerner un noble de Westeros. Mais les Targaryen n’étaient pas une famille noble comme les autres. Ils étaient originaires d’Essos. C’est une « sorcière » qui annonça la prophétie à Jaehaerys, l’enfant du roi Aegon V. Elle prédit que le champion serait un Targaryen. De tous les enfants du roi, Jaehaerys était le plus passionné par le passé glorieux des Targaryen. Le plus instable et le plus rêveur aussi. Les autres enfants du roi auraient sans doute tourné en dérision cette prédiction de la sorcière. Mais lui y crut. Il avait envie de revoir la période glorieuse des Targaryen revenir. Feu et sang et la devise de leur maison. Le fait qu’un champion de feu se réincarne en un des leurs. Le fait qu’une étoile de sang apparaisse dans le ciel et par-dessus tout que les dragons reviennent à la vie. Voilà des choses qui étaient douces aux oreilles du prince. L’avènement d’une nouvelle ère de triomphe pour sa maison. Pour engendrer le prince qui fut promis, le prince considéra qu’il fallait la pureté du sang valyrien. Jaehaerys sur les conseils de la sorcière, décida de se marier avec sa propre sœur pour renouer avec la tradition Targaryenne. Celle-ci avait été abandonnée à cause de la folie des unions incestueuses et des héritiers douteux qu’elle engendrait. Le roi Aegon V avait marié ses enfants à d’autres grandes familles pour éviter ça. Il fut courroucé par le choix de Jaehaerys et sa sœur. Mais il fut très vite convaincu par la prophétie lui aussi. Le roi désirait par-dessus tout le retour des dragons. Il obligea ses septons à prier sur les œufs de Peyredragon. Il contraignit les hommes de savoir à les étudier. Ses conseillers lui recommandèrent de laisser tomber cette chimère et cette vulgaire prophétie. Mais le roi ne voulut rien entendre. Il avait adhéré avec force à la prophétie comme son fils. Il finança quantités d’expéditions dans l’ancienne Valyria et jusqu’à Asshaï-les-Ombres. La réponse des prêtres rouges interrogés à propos de cette prophétie qu’ils affectionnaient tant fut prévisible : seul le feu pouvait ramener les dragons à la vie. Pendant ce temps Jaehaerys contraignait son fils Aerys et sa fille Rhaella à se marier entre frère et sœur pour engendrer le prince qui fut promis. Jaehaerys, comme le roi Aegon, comme le jeune prince Aerys étaient sûr et certains que Rhaegar serait le prince qui fut promis. Le roi rassembla toute la famille dans leur palais favoris de Lestival, pour assister à la naissance de Rhaegar et engager de sombre sortilège pour ressusciter les dragons. Ils amenèrent 7 œufs en l’honneur des 7 dieux, amenèrent plusieurs pyromants avec leur feu grégeois. L’expérience tourna court. Les flammes embrasèrent tout le palais. Le roi Aegon V périt dans le brasier. Jaehaerys II monta sur le trône. L’horreur de la tragédie de Lestival l’avait convaincu que ceci n’était que folie. Il abandonna les projets démentiels de résurrection des dragons. Aemon en fut soulagé. Il avait discuté avec son frère et ses neveux par corbeaux pendant toute cette période. Homme de raison il ne croyait pas aux prophéties de l’orient. Aerys en revanche, voulait accomplir la prophétie et voir le rêve s’accomplir. Déçu par la tiédeur de son père, il l’empoisonna. C’est ce qu’en conclut Aemon au vu de la subite maladie de Jaehaerys II et sa mort après seulement 3 ans de règne.

Aerys II se demandait si Rhaegar était le prince qui fut promis. Peut-être que ça serait au prince de la génération suivante de l’être. Aerys II voulait à tout prix engendrer une fille pour la marier à Rhaegar et continuer l’inceste pour une nouvelle génération de plus. Mais l’inceste ne fit que provoquer le malheur. Rhaella eut 3 fausses couches d’affilées avant l’année 267. Puis ses deux bébés, les princes Daeron et Aegon ne survécurent pas longtemps. Encore 2 autres fausses couches d’enfants-mort nés suivirent. Le roi ne voulait pas renoncer. Puis finalement ils eurent Viserys. Le seul à survivre comme Rhaegar. Au point que le roi fou se demanda si ce ne serait pas lui qui engendrerait le prince qui fut promis. Désespérant d’avoir une fille à marier à ses fils, il envoya sa main chercher une femme de sang valyrien en Essos. Mais la main revint bredouille. Le roi fut dégouté lorsque Rhaegar préféra épouser une dornienne et ne pas poursuivre cette chimère plus avant. Il déshérita en secret Rhaegar pour faire de Viserys le futur roi, celui qui avait le plus de chance de donner jour au prince qui fut promis. Aerys fut encore plus obsédé par les dragons que ses prédécesseurs. Il favorisa les pyromants de la guilde des alchimistes, leur donnant même un siège au conseil restreint. Ils retentèrent leurs expériences sur les œufs de dragons fossilisés. Toutes les tentatives pour les faire éclore échouèrent. La plupart des œufs récupérés dans les tréfonds de Peyredragon étaient totalement pétrifiés.

La révolte de Robert Baratheon, la guerre et la mort d’Aerys survinrent. Si l’histoire avait continué son cours normalement, le roi fou aurait mit Viserys sur le Trône et contraint sa dernière née Daenerys à l’épouser pour poursuivre la prophétie. Mais les choses se passèrent autrement. Depuis sa jeunesse Rhaegar correspondait par corbeaux avec Aemon. Celui-ci lui confia ses doutes. Les sauvageons s’agitaient plus que de coutume au fur et à mesure des années. On envoya souvent les patrouilleurs au-delà du mur pour savoir de quoi il retournait. Beaucoup n’en revinrent jamais. Plus le temps passait, plus les rumeurs parlant de « morts qui marchent » s’accrurent au-delà du mur. Aemon avait plus que quiconque lu des récits sur la longue nuit et les autres. Il en détermina les signes avant-coureurs. Il songea que la prophétie du prince qui fut promis pouvait convenir à cette époque trouble. Rhaegar et Aemon furent bientôt tout deux convaincu que Rhaegar pouvait être ce prince qui fut promis, ou bien celui qui l’engendrerait. Mais ils envisagèrent cette prophétie sans l’ambition folle et vaniteuse des 3 précédents rois Targaryen. Ils y songeaient avant tout pour l’avenir de Westeros, pas pour la gloire de leur propre maison. Rhaegar du jour au lendemain décida de s’entrainer durement pour devenir le chevalier parfait. Il se jura que s’il avait des enfants, il leur donnerait les noms du conquérant et de ses sœurs. Pour les prédestiner à vivre le retour des dragons si cela devait survenir, mais aussi pour être prédestinés à affronter des changements qui pouvaient bouleverser Westeros. C’est pour cela qu’il donna les noms de Rhaenys et d’Aegon à sa progéniture. Rhaegar une foi roi, considéra son règne comme désastreux et inabouti à cause des guerres qu’il dut livrer contre les Baratheon et les Greyjoy. Il avait admit la possibilité bien avant la mort du roi fou, qu’Aegon son fils soit le prince qui fut promis. Maintenant il en était certains, Aemon aussi. Ça ne serait pas Rhaegar qui serait le roi qui fut promis, mais Aegon ou son fils à venir. Ou bien le fils à venir de Rhaenys. Rhaegar avait entreprit ce voyage pour rencontrer enfin Aemon, son meilleur ami et confident depuis sa jeunesse. Mais aussi pour que ses deux enfant entendent cette histoire qui avait usé les précédents roi Targaryen et en prennent toute la mesure. C’était à eux d’assurer l’avenir de cette prophétie. Aemon acheva son histoire en expliquant les problèmes et les morts étranges que la Garde de Nuit avait connus ces derniers mois. Les autres étaient bien de retour selon Aemon. Le commandant Mormont allait entreprendre une expédition au-delà du mur pour s’assurer de ça. Leur invasion n’allait peut être pas survenir du vivant de Rhaegar, mais peut-être sous le règne de son fils, et Aegon et Rhaenys devaient y être préparé. Il appartenait à Rhaegar de vaincre les fanatiques de R’hllor et Stannis. Il appartiendrait à Aegon de protéger Westeros d’une toute autre façon.

Le prince qui fut promis

Une fois installée dans la bibliothèque de Château Noir, qui avait l’air plus qu’intéressante même si Rhaenys n’y jeta aucun regard. Le vieux mestre Aemon commença son récit. Un récit sage mais étonnant. Les questions affluaient dans l’esprit de la princesse. Mais elle laissa le vieil homme parfait, n’osant pas l’interrompre pour ne pas qu’il perde le fil de son récit. Le prince qui fut promis. Une histoire qui faisait parler la famille Targaryen depuis plusieurs générations. Juste un rêve pour revoir les Dragons survolé le ciel de Port Réal. Un rêve utopique auquel juste des fous peuvent y croire. Elle pouvait être rêveuse, cela lui arrivait souvent même. Mais ce rêve-là, voir les dragons à nouveau vivant à Westeros, non. Elle n’y croyait tout simplement pas. Elle était pragmatique à cette idée. Des rois avaient essayé, ils avaient échoués et avaient trouvés la mort en détruisant une magnifique cité. Ceux qui y croyait été surement au bord de la folie. Un homme aussi vieux qu’Aemon Targaryen pouvait avoir l’espoir d’y croire de par son âge. Il lui restait combien de temps à vivre ? Deux ans ? Trois ans ? Peut-être dix s’il était chanceux. Ses années étaient compté alors croire en cette légende, ses mensonges racontés par une sorcière pouvait peut-être égailler sa vie de vieillard dans un coin horriblement froid.

Rhaenys était plus que pragmatique. Quand le vieillard eu finit son discours elle put enfin poser ses questions et faire comprendre son point de vue. « Vous y croyez vraiment aux mensonges d’une sorcière fanatique ? Et enfin en quoi cela peut me concerner. D’accord Aegon a les traits valyrien, mais franchement mes enfants n’ont aucune chance d’être ce prince. Je ressemble plus à une dornienne qu’à une Targaryen, et je me sens surement plus dornienne que Targaryen à cause de cela. Vous ne me ferez pas avaler cette histoire, je n’y crois pas et je ne pense pas y croire un jour. » La jeune femme évita de regarder son père qui devait surement la fusiller du regard. Elle préférait fixer le vieil homme dont les yeux ne pouvait reflétait aucune émotion. Juste blanc, aveugle.

Son frère se leva subitement et sortit. Rhaenys écarquilla les yeux, elle ne comprenait pas la réaction de son frère. Pourquoi partir maintenant ? La curiosité la prenant, elle s’excusa auprès des deux hommes et suivit rapidement son frère. Elle eut une bonne intuition car elle le vit tomber de tout son poids par terre. Le cœur de la princesse s’emballa. « Aegon ! » Elle courut et arriva à ses côtés rapidement. Ses doigts allèrent se loger dans son coup pour s’assurer qu’il était toujours vivant. Que lui arrivait-il ? Il n’avait pas de fièvre, il n’était pas plus pâle que d’habitude. Des hommes de la garde de nuit les regardèrent sans bouger. Certains parcouraient son corps avec envie. Deux d’entre eux s’approchèrent se fichant complètement de voir l’héritier du royaume évanouis sur le sol. Le plus costaud attrapa la jeune princesse par le bras « Allons ma jolie, pas d’inquiétude il se réveillera bientôt » tout en disant ses mots, sa main libre glissa vers l’entrejambe du dragon ensoleillé. Rhaenys réagit au quart de tour, dégainant sa dague cachée sous ses vêtements elle tailla ce qui mettait l’homme en rut, laissant un flot de sang s’échapper tandis qu’il tombait à terre. Elle attrapa le deuxième et lui mit son arme prêt à tailler lui aussi l’objet de ses désirs. « Tu vas aller chercher mestre Aemon et le Roi, en leur disant que l’héritier du royaume s’est étrangement évanouis. Sinon je te réserve le même sort qu’à ton dépravé de copain ou alors je laisse t’expliquer au roi pourquoi ils vous manquent un bout. Je suis sure qu’il sera ravi d’apprendre que vous avez voulu abuser de sa fille. » Elle le lâcha et il détala vers la bibliothèque. Ignorant les gémissements du nouvel eunuque, elle retourna s’agenouiller auprès de son frère.

L’homme que Rhaenys venait de menacer entra tremblant comme une feuille dans la bibliothèque. « Votre…votre majesté…mestre Aemon…le…le prince s’est évanouis…la princesse m’a envoyé vous…vous en informer. » Il était quasiment prêt à se faire dessus peu rassurer par la menace de la dornienne et de la présence du Roi.

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Rhaegar fut amplement déçu par la réaction de ses deux enfants. Il avait pensé que c’est avec gravité et sérieux qu’ils accepteraient l’héritage (même s’il était si sulfureux) de la lignée Targaryen. Mais non ils n’étaient pas à la hauteur. Aegon quitta précipitamment la salle comme prit de malaise. Rhaegar soupçonna que c’était parce qu’il se rendait compte de l’étendue de l’inceste familial dont il était le produit. Quand à sa fille, elle dédaigna la prophétie avec un jugement sans appel. Une fois qu’elle eut quitté la pièce à la suite de son frère, Rhaegar resta seul et abattus face à Aemon. Celui-ci posa une main compatissante sur son épaule :

« Tu t’attendais à quoi ? Il est normal que des enfants qui héritent des malédictions et des espoirs de leurs parents ne souhaitent pas poursuivre des chimères. Ils veulent juste tracer leur propre voie et s’affranchir du passé sombre et violent des nôtres. »

Mais bientôt un garde vint les informer que le prince s’était évanoui. Il rejoignit ses enfants dehors au milieu d’autres gardes de nuit médusés et il apprit bientôt que sa fille avait castré un frère juré de la garde qui avait osé porter les mains sur elle. Le roi courroucé leva sa main comme pour la frapper et retint son coup en tremblant. Il lui dit avec froideur :

« Pauvre folle, ce n’était qu’un impudent inconscient des usages civilisés qui ont court dans notre monde à nous. Il t’aurait suffit de le mettre à terre ou de lui laisser une balafre sur la figure pour lui apprendre à vivre. Mais non il fallait que tu le mutiles. Te rends-tu comptes de ce que tu as infligés à cet idiot ? Imagine que je fasse décapiter un criminel de Port-Réal juste parce qu’il a volé un cheval. Tu te sens plus Martell que Targaryen ? Pourtant tu es aussi impitoyable que mon père pour un affront qui n’aurait même pas mérité le fouet. »

Rhaegar porta son regard sur le corps inerte de son fils :

« Relevez le et confiez le aux bon soins de mestre Aemon en attendant qu’il revienne à lui. Ensuite nous partirons. »

Et bien plus tard lorsque la famille royale fut sur le départ, le roi confia à ses enfants alors que leurs chevaux quittaient la cour de Châteaunoir pour reprendre le chemin du sud :

« J’espère pour vous que vous ne faîtes pas peu de cas des dragons. C’est une chimère certes, cela fait des décennies que nous essayons en vain de les ramener à la vie, mais avons-nous un autre espoir ? Regardez le siècle qui vient de s’écouler ? Combien de guerre avons-nous du traverser avec notre famille ? A votre avis pourquoi Jaehaerys I le conciliateur a-t-il eut un règne aussi paisible ? C’est parce qu’il avait une quinzaine de dragons. Quel autre solutions avez-vous à me proposer, pour que nous parvenions à mettre définitivement au pas tous ces seigneurs querelleurs qui veulent tous s’entretuer pour des bouts de terres ou des titres dérisoires ? Après des règnes désastreux comme celui de mon père ou le mien, combien de temps pensez vous que notre lignée va survivre ? »

Le prince qui fut promis

La réaction de son père fit lancer des éclairs dans les yeux de la princesse. Il fallait qu’elle tienne sa langue. Mais l’adrénaline du moment était bien trop présente dans ses veines pour cela. Elle commença par baisser les yeux, elle essuya sa dague, qu’elle rangea dans sa botte de monte et se redressa le regard fier. Oui elle se sentait dornienne. Mais elle se sentait aussi Targaryen. Et son père allait le comprendre. Elle l’attrapa par les cheveux et le tira dans un coin à l’abris des regards indiscrets.
« Et votre folie à vous ? Pensez-vous que le siège de la capitale vous donne tous les droits ? Vous m’avez marié au premier venu sans même pensée aux conséquences que cela allait engendrer. Vous avez vu votre geste ? Vous étiez prête à me frapper. Le père et le Roi que j’ai connu n’aurait jamais eu cette envie. Et vous ne savez même pas ce qu’il s’est passé. Qu’auriez-vous fait si cet homme avait pris mon honneur et ma vertu ? Qu’auriez-vous dit à votre futur beau fils ? Vous n’auriez rien fait car vous devenez conciliant envers ceux qui ne mérite pas votre pitié au d’épis de ce qui vous sont proche. Personne ne vous reconnait. Vous êtes le Roi oui mais cela ne vous donne pas tous les droits. Vous êtes en train de perdre votre pouvoir et vous faites l’inverse de ce qu’il faut pour le conserver. Vous avez laissé la capitale sans personne pour la gouverner. Priez pour que Viserys ne fasse pas de bêtise. Vous vous êtes perdu père, retrouvez-vous vite où les conséquences seront désastreuses. Soyez réaliste et arrêtez de rêver. Ce voyage en est la preuve, cette prophétie également. Le passé est passé. Le futur reste à écrire. Réveillez-vous car personne ne vous reconnait pas même vos propres enfants ! »

La princesse tourna les talons et se dirigea vers sa monture. Elle l’enfourcha et attendit à l’extérieur des portes de Châteaunoir. Il était temps de rentrer chez eux, tant de chose était à faire. La reconstruction de la ville, un mariage à organiser et renforcer tout ce pouvoir qui était en débandade total. Son père et son frère arriva enfin et son père leur posa une question. Rhaenys soupira. Le Roi n’était plus que l’ombre de lui-même. Il était perdu, il avait besoin de soutien. Il n’allait pas s’en sortir.
« Arrêter d’être obnubiler par les dragons. Ils seront notre perte. Ils font partis du passé mais nous ne sommes pas à l’époque de Jaehaerys I. Nous ressassons le passé depuis trop longtemps. Il faut regarder l’avenir et prévoir l’avenir sans les dragons car en dehors d’un miracle il n’y en aura plus jamais. Vous êtes préoccupés par ce passé que vous ne pouvez pas changer père. Ce voyage dans le Nord ne a rien apporté en dehors de rencontrer un de nos ancêtres, mais cela n’a rien changé et ce fut une perte de temps pour construire le futur, pour faire perdurer notre lignée. Notre avenir se trouve à Port Réal dans des alliances, dans la fortification de la ville. Pas au mur et des légendes. Le concret sera notre avenir et non les rêves. Il est temps de conquérir Westeros sans les dragons mais vous n’êtes pas seuls.»

lawina